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[Flash Back] Petite balade Nocturne

Les Viandards:


Wayne Macallan
James Talisker
Kyara Glendronach



Les couteaux de Koh:


Abel
    LogueTown...

    LogueTown, la ville où tout comme se et se termine, dernière étape avant Grand Line. Voilà plusieurs jours que j’avais accosté avec mes gars officiellement dans le but de préparer notre expédition, la Route de tous les Périls offrirait sans doute tout un tas de bonnes opportunités. Officieusement, j’avais suivi les indications d’Herald concernant l’équipage pirate des "Couteaux de Koh" et j’étais là avec la ferme intention de coffrer tout ce beau monde définitivement. Herald faisait parti de cette petite bande, je l’avais capturé quelques jours en arrière lors de mon enquête sur cette disparition de boulettes de viandes. Encore une superbe affaire bien glorieuse… Sept heures, la journée touche à sa fin et les bleus sont sûrement en train de charger les provisions sur le Couperet. Le Couperet ? C’est le p’tit nom que j’ai donné au croiseur que la Marine a gentiment mit à ma disposition, à tout bon navire son sobriquet hein. Bref, encore une journée de routine, petite patrouille aux abords de la ville, et petits verres dans ce modeste bar pour se détendre un peu. C’est ici qu’Abel, le capitaine pirate que je cherchais avait ses habitudes et jusqu’à présent je ne l’y avais pas vu. Je commençais d’ailleurs à croire que les infos d’Herald étaient bien pourries.

    Ici l’ambiance est bien sympa, y’a du monde mai pas trop, un parfum de cigare et de toutes sortes d’alcool plane. L’endroit est bien tenu, pas trop mal fréquenté d’ailleurs, au fond d’la pièce joue un orchestre, c’est bien plaisant à entendre, d’autant que la chanteuse a une vraie voix de sirène. Je me tiens là, assit au comptoir, à savourer un cigare qui me tire davantage vers ma fin. Devant mon troisième ? Non quatrième verre de scotch. Les effluves de ce doux nectar commencent à monter et me placent comme sur un foutu petit nuage. Le temps de réfléchir à mon objectif, c’est bien beau de vouloir rempiler, mais quelle en est la finalité ? Boarf j’suis pas là pour partir dans un débat plein de philosophie, j’ai des crapules à arrêter et un devoir de garant de la paix à remplir certes, mais on verra ça demain.


    Un autre.


    Attendant la prochaine tournée, toujours accoudé au comptoir, je me penche en arrière sur mon tabouret pour m’étirer et j’observe ce qui m’entoure. C’est devenu un de mes sports favoris, observer la populace dans les différentes tavernes et auberges où je descends, essayer de deviner son quotidien en me fiant à leur apparence. Ouais ok ne pas se fier aux apparences tout ça tout ça… Il n’empêche que ça m’aide à tuer le temps. Alors qu’est ce qu’on a ce soir ? Nous avons un petit groupe de jeunes hystériques complètement imbibés, de braves gaillards aux allures de dockers en train de se faire un petit jeu de cartes, trois hommes qui…

    Quelqu’un vient de me bousculer, j’en ai fait tomber mon cigare. Je le ramasse et me retourne pour découvrir une jeune femme, la mine désolé qui se confond en excuses. Le teint albâtre, un tatouage au visage et les cheveux noirs aux reflets violacés. Mais ce que je remarque ce sont ses yeux, bleus, son regard, profond, a du en faire tomber plus d’un.


    Je suis vraiment désolée…

    Ce n’est rien, j’imagine que vous avez déjà du avoir des gens à vos pieds.



    Mais qu’est ce que c’est que cette vieille disquette ? Putain Wayne qu’est ce qui te prend… Elle me regarde l’air gêné avant de me sourire et de s’éloigner. Je remarque alors qu’elle porte un truc étrange autour du cou, sans trop y prêter plus d’attention, une sorte de collier métallique. Il est déjà tard, une fois mon dernier verre sifflé, mon cigare écrasé dans le cendrier, je plonge la main dans mon manteau pour sortir de quoi payer. Et là je me fige, un sourire amusé peut sans doute se lire sur mon visage.


    *Oh merde. La garce…*


    Plutôt habile, plus aucune trace de mon porte monnaie, elle m’a même soulagé de mon briquet. Je devine enfin le sens de cette bousculade puis je scrute rapidement le bar avant de répéter la belle, attablée un peu plus loin avec un type. Sans attendre, je me dirige dans sa direction pour récupérer mes biens. Arrivé à sa hauteur, je m’assoit à ses côtés, elle me regarde, faisant mine de rien, son acolyte me regarde l’air interrogateur. C’est un mec d’âge mûr, visage tatoué, l’air renfrogné. Il porte un bandeau rouge et arboré une chevelure ébène. Il se décide à briser lui même le silence après avoir poussé un profond soupir.


    Rends lui ses affaires Kyara…

    Quoi ? Mais j’ai… Rah d’accord…


    La jeune femme s’exécute et me tends mon portefeuille.

    TOUTES ses affaires.

    Mais..

    Kyara.



    La jeune femme peste puis me tends mon briquet, que je l’empressé de ranger dans mon manteau. L’homme a l’air d’un vétéran, j’aperçois d’ailleurs un avis de recherche posé sur la table. Sans doute un chasseur de prime en pleine traque, peut être un peu d’action en perspective, je souris alors.


    Chasseur de prime ?

    Sans rire. Ça paraît pourtant évident non ?

    Le concernant ouais, toi t’as plutôt l’allure d’une prise, je me trompe ?

    Disons que je collabore de mon plein grès.

    Je vois. Et le joli collier métallique autour de ton cou ? C’est juste parce que c’est tendance ?

    Simple assurance.

    Je vois le genre. Du gibier dans le coin ?

    Il est entré ici il y a un bon quart d’heure oui.



    Le gars me fait glisser l’avis de recherche. Un certain Abel Loyd, surnommé "Le Couteau". Me vient alors un flash, j’ai effectivement vu ce gus passer un peu plus tôt, difficile de le rater, plutôt imposant et avec un sacré matos. C’est pour ça que je suis là après tout, comment est ce que j’ai pu le laisser passer, putain ça tourne vraiment pas rond chez moi… Ou peut être que c’est l’alcool ? Je jette un coup d’œil discret en direction du fond de la pièce et aperçoit notre homme autour d’une table avec une dizaine d’autres gars. Loin de moi l’idée de pisser sur les plates bandes du chasseur de prime, mais ce gars là est également ma proie, pas question qu’il parvienne à se tirer d’ici.


    Ça me va, tu comptes la jouer comment ?

    En solo.



    Le gars n’en démordra pas, je pense qu’on est en train de partir du mauvais pied, il faut corriger ça. Une fois que ce sera fait je suis certain qu’on sera les meilleurs amis du monde, la priorité étant l’arrestation de ces types bien entendu.


    Je ne suis pas la pour croquer. Mais foutre une branlée à ce genre de type ça reste mon boulot également. Et c’est bien le gars que je cherche en plus.

    Marine ? Dans la reg’ ?

    Ouaip, dans la reg’. Ancien marine ?

    Doscarien. J’étais dans l’armée.

    Vos palmarès respectifs sont passionnants mais on dirait que votre gars se barre.



    Et effectivement, "Le Couteau" était bel et bien en train de filer. Lui et ses hommes quittèrent le bar, pas question qu’ils nous échappent. Le Doscarien se lève alors et prend la direction de la sortie, accompagné de la voleuse. Je leur emboîte alors rapidement le pas, réglant ma note au passage, et nous voilà partis pour une petite filature dans les règles.
      On se faufilait de rue en rue, en silence et même la donzelle qui nous accompagnait arrivait à la boucler. Les "Couteaux de Koh" se dirigeaient doucement mais sûrement vers un vieil entrepôt quelle surprise… Probablement un repaire de voyous, et on allait sans doute arriver en pleine réunion et entendre voire surprendre leur plan machiavélique. Mais n’allons pas trop vite en besogne, trois gars restent devant les grandes portes du bâtiment, si ça surveille c’est sûrement pour une bonne raison.


      Ils sont cuits, allons-y.

      Hé là, tout doux… C’est quoi le plan ? On fonce sur ces trois là et on entre par la grande porte ? Vraiment ?

      Si seulement James était aussi con… Je ne serais sûrement pas là aujourd’hui…

      Moins fort Kyara, tu vas nous faire tuer.



      Alors son petit nom c’est James hein, le bonhomme soupir d’un air exaspéré et finit par pointer du doigt un escalier de service sur les hauteurs. Un seul gaillard posté en surveillance devant l’échelle qui y mène, du gâteau quoi. Ni une ni deux, il se faufile suivi de près par Kyara, je leur emboîte le pas et nous voilà planqués à quelques mètres derrière un kiosque à journaux. La logique aurait voulu que l’on scrute les environs afin de pouvoir échafauder au mieux notre plan d’action, mais c’était sans compter sur là délicieuse prise de James qui se lève pour aller directement voir notre lascars et déjà je peux apercevoir les regrets dans le regard du chasseur de prime.


      Salut mon mignon, qu’est ce qu’un mec de ta carrure fais à traîner tout seul ? Besoin de compagnie ?

      Tire toi ma jolie.



      Bel instant d’amateurisme, je sors rapidement de notre cachette de fortune, puis je profite d’un instant d’inattention de notre cible pour lui mettre un bon coup de pied d’biche derrière la tête. Le gaillard manifestement sonné s’écroule bruyamment. Pourquoi est ce que j’ai agi comme ça sans réfléchir ? Est-ce parce que je suis un véritable gentleman ? Absolument pas, c’était juste idiot et inconscient. Un second gars apparaît alors, sans doute était il en train de pisser, raison pour laquelle on l’avait pas vu. Il me taillade le bras avec une dague mais avant d’avoir le temps de faire plus, James le neutralise, se faufilant dans son dos pour lui trancher la gorge. Radical. Un peu trop radical. Bref, les deux gardiens neutralisés, nous voilà enfin disposés à entrer. Je passe devant, grimpe d’abord a l’échelle, et les deux autres me suivent. Nous montons alors tous trois les escaliers rouillés en prenant soin de faire le moins de bruit possible.

      Du toit de l’entrepôt, il est possible de voir toute la rue, et aucun garde en vue. Grossière erreur les gars, grossière erreur… En parlant de gars, la logique voudrait que j’appelle du renfort mais malheureusement ça risquerait de tout faire capoter. Nous avançons vers la porte à quelques mètres, seul accès vers l’intérieur du bâtiment et sans surprise la porte est verrouillée. C’est alors que Kyara nous montre ses talents, on devine facilement quels sont ses passe-temps. En quelques secondes elle crochète la serrure et nous ouvre la porte.
      Un escalier descend dans un couloir sombre, on se faufile en silence jusqu’à arriver sur une passerelle en hauteur qui nous offre une vue plongeante sur l’entrepôt. Et là en bas, c’est le jackpot. Celui qui se fait appeler "Le Couteau" est assit à une table et je ne compte pas moins de douze gars à ses côtés. Évidemment, tout le monde est armé et probablement prêt à vendre chèrement sa peau.

      C’est bien notre homme. On va essayer de faire ça en finesse… Je compte douze gars.

      Va falloir ruser.


      Mais qu’est ce que vous foutez la ?!



      Un type nous interrompt soudain, à l’autre bout de la passerelle et en un éclair James attrape son couteau pour le lancer. L’arme tournoie et finit sa course droit dans le crâne de sa cible qui s’écroule sur la passerelle. Encore beaucoup trop radical mais avait il le choix ? Mon premier réflexe est donc de baisser les yeux vers la joyeuse assemblée qui se tient plus bas, même s’il est évident qu’ils nous ont repérés, j’ai quand même un infime espoir pour que ..


      BANG


      Comme si on venait de tirer au canon directement sur nous, le projectile fend la passerelle et explose dans un bruit sourd, cette dernière se décroche partiellement, plie et tombe. Évidemment, je tombe avec dans ce foutu nuage de poussière, mais j’essaie de me relever tant bien que mal. J’entends un bruit sourd dans mon oreille gauche, un bruit strident, sans doute dû à l’explosion, pire que ça je suis un peu sonné, carrément pris de vertige putain. C’est la crosse du fusil d’un des pirates qui me ramène à la réalité, entrant en collision avec mon dos et provoquant une douleur extrêmement vive, je fait alors volte-face et décroche un coup de pied de biche dans la mâchoire du malheureux qui bascule en arrière en poussant un juron. C'est la cata, les pirates se mettent alors à tirer, des balles fusent tout autour de moi et j'ai à peine le temps de plonger au sol pour me planquer derrière une sorte de caisse en bois. Je jette un œil et aperçoit non loin "le Couteau" qui prend la poudre d'escampette. Pour l’effet de surprise, on repassera.
        J’empoigne mon couteau de chasse, je tente le tout pour le tout et le lance en direction de notre cible. Ça fait mouche ! Bon ok, je visais le dos pour le neutraliser et c’est la cuisse gauche que je touche mais quand même ! Bref le gars hurle, se retourne et fait cracher les enfers à son canon à main. Tir esquivé de justesse, me revoilà au sol, derrière une petite table renversée à la merci de mes ennemis. Et c’est le Doscarien qui me sort du pétrin ! Pendant qu’Abel est en train de se tirer, le chasseur de prime, lui, ne fait pas dans le détail. Il bondit comme un putain de gorille, avec agilité tout de même, et élimine les pirates à tout va. Couteau, armes à feu qu’il parvient à chopper ici et là, tout ce qui lui passe par la main devient un instrument du chaos. C’est beau, c’est presque se l’art, sanglant, morbide, peut être un peu trop sanglant d’ailleurs… Ne voulant pas lui laisser tout le sale boulot, je retrousse les manches et me joint au combat, renversant la table sur le malheureux qui aura essayé de me surprendre, je saisis son mousquet en vol et tire. La balle va se loger tout droit dans la jambe d’un gaillard qui s’apprêtait à cogner sur Kyara, la belle le sourit alors et nous rejoins dans ce joyeux bordel.

        Faut pas s’éterniser ici, deux coups de pied d’biche et un coup de genoux dans les valseuses plus tard, trois gus neutralisés de plus. Je m’approche alors de James encore occupé à sonder la pièce à la recherche de la prochaine malheureuse victime de sa valse punitive.


        Faut pas qu’il s’échappe !

        Ça n’arrivera pas, Kyara on bouge !



        On se met donc à courir tous les trois, exit l’entrepôt louche, nous revoilà dans la rue et on aperçoit notre gars à quelques dizaines de mètres. Se mouvant avec difficulté, merci tonton Wayne, il se dirige vers le port, plus une seconde à perdre. Je ramasse mon couteau qu’il a jeté au sol et continue à courir comme un dératé pour espérer le chopper. Faut vraiment que je me remette sérieusement au sport, j’en peux déjà plus… On arrive sur une petite place dominait les quais, Abel n’est pas difficile à repérer, il grimpe à présent sur un navire. Ni une ni deux, on dévale les marches de pierre pour continuer notre poursuite, finissant par gagner le navire.

        Sur le pont personne, un silence austère règne, mieux vaut rester prudent. James somme Kyara de rester à quai pour surveiller les allées et venues, pendant qu’il s’avance couteau en main d’un pas léger. Je l’imite, scrutant l’obscurité naissante pour essayer de repérer un signe qui pourrait nous conduire à la cachette d’Abel. Un petit crac sonore se fait alors entendre et le Doscarien a le réflexe de se jeter derrière une caisse, réflexe bien entendu que je n’ai pas… Un puissant tir du canon à main jaillit, arrache la petite porte en bois menant probablement aux cabine et j’en prends plein la tronche. Beaucoup de bouts de bois qui me griffent au visage, mais c’est le choc que j’encaisse pas et me voilà projeté comme si je n’était qu’une vulgaire marionnette.

        La douleur est bel et bien présente, c’est l’arrière de ma tête qui a heurté le bastingage, me donnant le tournis. Je ne parvient pas à me relever, pas tout de suite, mais je distingue James aux prises avec notre homme. Le bougre ne se laisse pas faire et finit par empoigner le chasseur de prime pour le projeter violemment contre une pile de petits tonneaux. Le pirate arme alors son canon à main, il faut que j’intervienne bon sang… J’ai mal, j’ai beau être matinal… J’ai mal. J’arrive à me relever, tout doucement… Pas de bol, le "Couteau de Koh" se tourne alors vers moi avec un sourire malsain.


        J’sais pas ce que vous m’voulez, mais j’en ai maté des plus coriaces…

        Tu m’en diras tant !



        Contre toute attente, Kyara s’est faufilée sur le navire se tient un peu plus loin au niveau de la barre. La belle balance alors une espèce de grosse poulie sur le pirate, qui esquive de justesse. Mais la diversion aura au moins permis à James de se relever et de se jeter sur notre ennemi. Les deux gars en viennent aux mains et j’arrive enfin à reprendre du poil de la bête, et à me diriger vers le match de catch qui se joue sous mes yeux. Sans surprise le chasseur de prime se fait de nouveau étaler par la force brute du pirate, qui cherche du regard son canon à main avant de remarquer la présence non loin. Trop tard pour lui, j’abats mon pied d’biche sur lui avec force.

        Mais c’est insuffisant puisque cet enfoiré le saisit au vol et me l’arrache avant de me frapper avec dans le bas ventre. Et bon sang il cogne dur… Je tombe à genoux, impuissant, prêt à recevoir un nouveau coup, qui peut être m’enverra piquer un somme, mais je ne me démonte pas pour autant.


        Abel Loyd, t’es en état d’arrestation. Rends-toi sans histoire et..

        Outch….
          Ça aurait pu bien se passer. Ça aurait du bien se passer. Pourquoi faut il toujours que j’en fasse qu’à ma tête ? Pourquoi est ce que je n’ai pas appelé de fichus renforts ? L’impression que le temps file au ralentit, jusqu’à l’impact. L’impact de mon visage sur le bois sombre du pont de ce navire. Cet enfoiré m’a frappé dans l’épaule, tellement fort qu’un spasme vient de parcourir tout mon corps. Un spasme ? Non c’est un putain de courant électrique à ce niveau ! Bref je m’écroule, je fais le même bruit qu’un sac de pomme de terre qui tombe c’est dingue. Le temps de me relever tant bien que mal, le pirate a sorti un couteau, et j’ai pas vraiment le temps de réagir que déjà sa lame est plongée dans mon bas ventre. Bon sang que ça fait mal… Physiquement mais aussi moralement, il vient de trouer l’une de mes chemises favorites, la rose avec les motifs tropicaux, les toucans tout ça… Mais qu’est ce que je raconte ? Je suis peut être en train de mourir et c’est à ça que je pense ? J’suis vraiment pitoyable.


          Pitoyable.


          Je baisse doucement les yeux alors que le gaillard retire sa lame, du sang, partout, mon sang. J’arrive à distinguer James qui revient à la charge, brisant une bouteille sur la tête de notre cible, à l’odeur je dirais qu’il s’agit d’un alcool, mais après tout dans mon état rien n’est bien sûr. Le chasseur de prime se fait balayer, vient alors Kyara qui se fait soulever à son tour et projeter au sol. J’essaie de bouger, je donne tout ce que j’ai, mais je ne fais que ramper. Ramper péniblement d’ailleurs, la douleur me paralyse. Est ce que je tente de prendre une petite pilule magique ? Cette drogue anabolisante qui me permet de dépasser mes limites ? Et quel intérêt, avec un trou béant dans le bide j’irai pas bien loin…

          Que faire dans ce cas ? Je continue à ramper, je me sens minable, imprudent, non ce n’est pas de l’imprudence c’est carrément de la bêtise d’avoir attaqué sans avoir de plan. C’est du Macallan à l’état pur ça. Je lève les yeux vers Abel, qui tient désormais Kyara à bout de bras, soulevant son petit corps menu à près d’un mètre au dessus du sol. Il l’a tient par cet espèce de collier métallique, et elle a beau se débattre elle ne peut vraisemblablement rien contre cette brute.


          Qu’est ce que tu crois pouvoir faire ma jolie ?


          Elle n’a aucune chance. James ? Non, il s’est fait étaler, et il n’a pas l’équipement pour abattre ce colosse en herbe. L’équipement ? Oh bon sang mais oui ! Je cherche alors son canon à main du regard, il n’est pas très loin. Il y a un hic, je n’aurai clairement pas la force pour le manier… La force ? Mais oui Wayne, t’es un putain d’idiot de ne pas avoir réfléchit à tout ça plus tôt. Je plonge alors ma main tremblotante dans ma poche pour en récupérer la petite pilule bleue. Ces pilules me viennent d’un contact douteux que j’ai coffré pendant ma "convalescence", un ancien de la brigade scientifique. À utiliser avec parcimonie hein ? Je la croque, le même goût médicamenteux degeu qu’à chaque fois. Va falloir trouver une solution d’ailleurs parce que j’en ai plus beaucoup…

          J’arrive à me hisser péniblement vers le canon, la drogue devrait faire effet rapidement. Je le saisit, mais impossible de le soulever, ce merdier est beaucoup trop lourd. Abel se tourne alors vers moi et me regarde d’un air méprisant avant de rire.


          Vous êtes ridicules… Qui va me mettre en état d’arrestation ici hein ? Qui ? Ce pauvre gars là bas ? Toi gamine ? Ou alors toi le déchet ?

          Nous.. Nous non.. On pourra pas.. Pas comme ça. Mais lui…

          Regarde toi pauvre larve…



          Je puise dans mes dernières réserves pour tenter une nouvelle fois de lever le canon à main mais. Sans succès, la drogue ne fait pas encore effet et je sens que je commence à tourner de l’œil. La tuile, je pensais que ma fin serait un tantinet plus glorieuse, plus épique. Je le vois alors brandir son couteau, tenant toujours Kyara à bout de bras, il va la tuer. Il va tous nous tuer, et le pire dans tout ça c’est que cette raclure va tranquillement continuer ses méfaits après ça. Ça me dégoûte, je me dégoûte, d’être si impuissant, d’avoir foncé tête baissée. Je tente une dernière fois de soulever le canon à main, je donne tout ce que j’ai, je me met même à hurler de rage.

          Stupeur dans le regard de la belle, je parviens à prendre l’arme et à la pointer vers ma cible, non sans mal. Sans attendre j’appuie sur la détente, un bruit sourd s’échappe alors du canon en même temps qu’un énorme projectile. Le recule me projette de nouveau en arrière, ou est-ce le choc ? Je ne saurais le dire, le fait est que le tir frappe Abel de flanc, en plein dans les côtes, lui faisant lâcher sa prise en même temps que ses pieds quittent le sol. Le "Couteau de Koh" est violemment projeté à quelques mètres et s’écroule bruyamment. Juste retour des choses enfoiré, mes yeux se ferment tout seuls, et je perds connaissance.

          ———

          À mon réveil, parce que oui je me suis bel et bien réveillé, pas de fleurs, pas de chocolats, pas même un putain d’ours en peluche. Me voilà seul, alité dans une petite pièce qui ressemble à l’infirmerie de mon croiseur. C’est bien ça, j’aperçois un de mes gars qui garde l’entrée, ce dernier finit par remarquer que j’émerge et il part aussitôt. Il revient alors avec d’autres hommes dont notre médecin de bord.


          Commandant ! On se réjouit de voir que vous vous réveillez enfin.

          Plaisir partagé.. Que s’est il passé ? C’est grave ? J’ai dormi combien de temps bordel…

          Mon commandant, les pirates ont été mis aux fers. Votre état est stable, sans l’intervention de votre amie dieu seul sait ce qu’il serait arrivé… Vous n’avez dormi qu’une semaine.

          UNE semaine ?! Bordel et… Attendez. Mon amie ?



          Derrière mes gars apparaissent alors deux visages familiers, Kyara et James sont saufs. Tout le monde sort excepté ces deux là, ils ont l’air en forme, en bien meilleure forme que moi en tous cas. Je peux pas m’empêcher de sourire bêtement en les voyant, difficile d’expliquer pourquoi d’ailleurs.


          T’as l’air en forme.

          Cache ta joie Doscarien.. Oh non, attends j’y suis ! Abel Loyd est désormais sous la juridiction c’est pour ça que tu tires la tronche avoue !

          C’est toi qui l’a stoppé c’est donc normal que tout te revienne.



          Petite mine déconfite, mais dans les faits c’est bien moi qui ait stoppé cet enfoiré et cerise sur le gâteau, même si c’est Kyara qui semble m’avoir prodigué les premiers soins, je leur ai quand même sauvé les miches. Clairement, ils m’en doivent une, ce serait un minimum que la prime me revienne. Mais j’ai une bien meilleure idée..


          Et si je te disais que la prime te reviendra en intégralité ?

          Je te répondrais que je trouve ça louche.

          J’aime votre style à tous les deux… J’ai une proposition à vous faire.


          Les deux compagnons se regardent l’air interrogateur.

          Y’a un tas d’ordures à choper par delà les mers et j’ai les moyens de traquer et trouver efficacement grand nombre d’entre eux. Bosser pour moi ça vous botte ?