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Investissements

Je déambule comme un zombie dans les couloirs des Bureaux. Je suis crevé, t’imagines même pas. Pourtant, il s’est absolument rien passé. J’ai passé ma matinée à pondre un vieux rapport pourrave sur la dernière affectation en date. Rien à signaler. Parce qu’il s’est rien passé, nos tuyaux était bidon, l’officier à qui j’ai collé au train avait rien à se reprocher. Mais quand je te dis rien, c’est rien. Après, je suis parti me poser dans un resto’ un peu pourrave, je m’étais fait une petite liste d’endroit à tester, ben celui-là, il figurait pas dessus, et j’ai compris pourquoi. Et me revoilà, en ce bel après-midi pluvieux, à retourner à mon poste, sans avoir ni envie, ni quoi que ce soit à foutre. Je vais encore me retrouver à éplucher des vieux papelards, histoire qu’on se dise qu’on me paye pas à rien foutre.

« Ma, ma, ma!! »

C’est dirigé vers moi, je crois bien. Je me retourne vers la voix suave et insupportable qui vient de derrière-moi. Oh putain.

« Mais c’est Saman- enfin je veux dire, l’agent Spade !
- Ben tiens, ça faisait une paye. »

Je te représente Tiger Rhod, au cas où tu te souviendrais pas de sa tronche. Un type rencontré sur Kamabaka, au cours d’une mission qui… bah. Ça sert à rien de ressasser le passé, tu crois pas? Il nous a suivi jusque sur les mers, moi et ma partenaire du moment. Je saurai pas te dire pourquoi. Il avait les yeux pleins d’étoiles, un peu comme maintenant d’ailleurs. Sois-disant il se faisait chier, comme moi en fait. Et il s’est retrouvé à débarquer au pied de Marie-Joie, frais comme un gardon, prêt à relever tout les défis.

« Ohlala, il faut que je te raconte ! Je sais pas si tu as eu mes lettres, mais… »

Ah oui, je t’ai pas parlé de ses lettres. On a un échange épistolaire entre nous. Enfin, lui m’envoie des lettres, et moi j’y réponds pas. J’ai du lire la première, puis les suivantes je les ai foutu au feu directement.

« Je suis un agent maintenant, comme toi ! Ohlala, c’est si rocambolesque !
- Bien joué.
- A moi les missions ! Le frisson du danger, les découvertes, les twists ! Ooooh c’est si… si…
- Ouais, ouais, je vois. Je suis content pour toi.
- Hélas ! J’ai un petit problème…
- Quoi donc?
- Et ben, voilà… Le pays me manque.
- Ben merde. T’as pas tout plaqué pour nous filer au train tout ça pour regretter même pas un an après?
- Aaah non non non ! Ohlala non ! Pour rien au monde ! J’ai pas subis tout ces interrogatoires et ces cours pour rien ! »

Ah, ça, la procédure, elle doit pas être tendre pour les nouvelles têtes qui viennent d’un bastion aussi gris que Kamabaka, c’est sûr.

- Et ben alors, c’est quoi le problème?
- Ouhla, en fait j’aurai pas dû dire problème ! Enfin, j’ai plutôt une solution, mais…
- Accouche.
- Et ben voilà. J’ai beaucoup réfléchit, pendant mes séances d’isolement forcée ( tu savais qu’ils faisaient ça, ici? Pour voir si je suis vraiment, vraiment, vraiment motivé à rester ). Et puis j’ai eu une idée, oooh une idée si lumineuse, si green !
- Quoi donc?
- Un fier avant-poste ! Magnifique ! En plein cœur de l’ennemi, mon pays du cœur ! Bien sûr, dissimulé sous une douce couche d’illusion.
- J’ai rien compris.
- Un café, je veux ouvrir un café ! ON veut ouvrir un café !
- Je veux ouvrir un café, moi?
- Mais oui ! Imagine ! Un endroit si chaleureux que TOUT le monde voudra s’y installer ! Et tout le monde parlera, tout le monde aura les yeux rivés sur moi, et moi… j’écoute ! Ohlala c’est du génie ! Un endroit où me poser, y récolter tout un tas de rumeurs ! C’est parfait, pour mon pôle !
- Ben, je suis content pour toi, mais je vois pas bien ce que j’en ai foutre, en fait.
- Voilà où tu interviens ! Moi, je suis un showman, j’anime, je parle, je chante ! Je tiens pas une entreprise. Alors que toi ! Les yeux toujours rivés dans tes dossiers et les chiffres ! Oh, et puis tu as une tête… Ça carbure là-dedans, je le SENS !
- Euh… Je suis pas sûr que…
- Et puis bien sûr, il faut un investissement de départ, et…
- Ah ! Voilà ! C’est ça que tu veux me demander. De filer du pognon.
- Pas de filer, non ! D’investir ! Dans un projet à l’avenir radieux ! Voilà le deal, mon beau. Les Cafés Tiger, c’est mon bébé, mais derrière, y’a un fier papa qui s’en occupe.
- Je sais pas si j’ai envie de m’occuper de ton bébé.
- Bon ! Alors imagine plutôt un papa un peu absent, qui donnera une pension au début, puis qui fait le mort ! Tu n’auras pas besoin de trop t’embêter, je m’occupe de tout ! Et toi, tu reçois ton juste dû !
- Bon, bon. Mettons, imaginons que ça peut m’intéresser ton truc, mais attention hein, pas de traquenard, c’est toi qui gère. Faudrait investir combien?
- Et bien voilà… »

COMBIEN?!

Oups, désolé. J’ai peut-être crier un peu trop fort. Je vois deux ou trois têtes de passage qui se retournent vers nous, dans le couloir. Je revisse mon chapeau, je leur adresse un petit sourire genre, tout va bien haha, puis je reprends ma petite discussion avec l’autre énergumène.

« Faut que je file plus d’un an de salaire pour ta petite lubie ?!
- Une minuscule somme pour la création d’un PA-RA-DIS ! Allez Samantha !
- Agent Spade pour toi.
- Allez ! Un beau geste ! »

J’arrive pas à savoir si je suis trop con, trop bon, ou si je sais juste vraiment pas quoi foutre de mon argent.
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