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La quête de Blackburn : La piraterie pour les nuls Volume 2



Le Royaume de Driss était enfin en vue ! Rarement James ne fut aussi heureux de voir le rivage se profiler à l’horizon ! La traversée fut un véritable calvaire à bord de ce rafiot de malheur, cela relevait du miracle qu’ils arrivent jusqu’ici saints et saufs. Le pirate se remémora ce que lui avait dit le timonier en voyant sa mine déconfite face à l’état du navire :
« Ce n’est pas vraiment le grand luxe, mais ce navire à tout ce qu’il faut pour nous mener à bon port ! »

Blackburn était lessivé par le voyage. Il avait passé la majeure partie de son temps entassé avec le reste de l’équipage comme du vulgaire bétail dans la soute du rafiot. Et ce ne sont pas les rares moments passés sur le pont qui lui feront penser différemment. Cette traversée était la pire expérience maritime de sa courte vie ! Le seul point positif, c’était de voir ses hommes à l’œuvre, enfin ses futurs hommes. D’ailleurs, pour le moment, personne ne le considérait comme la moitié d’un capitaine. Voyant en lui, plus un boulet, incapable de se rendre utile sur un navire, qu’un futur capitaine parcourant le Grand Line.
La principale difficulté rencontrée par l’équipage, ce n’était pas la mer houleuse ou bien le vent capricieux, mais le manque cruel d’alcool. Voilà maintenant trois années qu’ils avaient prises pour habitude, de se biturer la tronche du matin jusqu’au soir. Effectuant de rares sorties avec leur rafiot de malheur uniquement pour les affaires de la plus haute importance. Blackburn comprit rapidement que rien n’est plus susceptible dans ce bas monde qu’un homme en pleine cure de sevrage. Ne voulant pas mettre en péril son expédition, il préféra donc faire de son mieux pour éviter chauffer les esprits à bord. Il n’était décidément pas un fils des mers.

Le pirate espérant sincèrement pouvoir remonter sa côte de popularité une fois le pied à terre. Après tout, il était malgré tout James W. Blackburn.

Ils débarquèrent dans le plus grand des silences sous une pleine lune étincelante. Comme seul comité d’accueil, un veilleur de nuit et sa lanterne qui les guida à bon port. Le pauvre bougre ne ressemblait plus à rien, s’affichait sur lui, les stigmates d’une vie d’alcoolique à trimer pour quelques pièces. James ne s’attarda pas sur lui, laissant à Edmond le soin de déchiffrer les mots qui sortaient de sa bouche édentée. Bouffant un mot sur deux, cela devait être une véritable prouesse que de le comprendre. Quelques pièces plus tard, et une poignée de main, voilà la petite troupe livrée à elle-même dans ce monde qui ne semblait pas bien voir d’un bon œil leur venue.

L’endroit tenait solidement sa réputation de trou à rat sombre et puant. Les rares lampadaires disséminés ici et là n’arrangeaient rien. Pourtant à son étonnement, ce lieu regorgeait de vie, partout autour d’eux des hommes et des femmes allaient et venaient, ne portant à première vue qu’un faible intérêt aux nouveaux arrivants.

Mais rapidement une fois l’embarcadère derrière eux, James remarqua qu’ils étaient filochés par une petite bande de gamins qui ne prenait pas la moindre précaution. Malgré la pénombre ambiante, il surprit l’un des mômes comptait sur ses doigts. Soucieux de ce qu’il voyait, le pirate se rapprocha de son timonier : :

« Edmond, le groupe de morveux qui nous colle depuis notre arrivée semble porter la plus grande attention à notre égard, ils sont entrain de faire un compactage avec la plus grande des minuties. »

« Car tu pensais vraiment que notre petite excursion passerait inaperçue ? Je ne serais pas étonné que Boris soit déjà au courant. Trente gaillards armés jusqu’aux dents qui se baladent en pleine nuit dans les Everglades… Cela attire légèrement l’attention. Parfois je me demande si tu ne fais pas exprès d’être aussi naïf ! Reste à savoir qui est leur boss. »

Cette situation le rendait particulièrement mal à l’aise, il jeta un coup d’œil derrière lui en direction de Ben, depuis leur arrivée, il n’avait pas retiré sa main de la crosse de son arme. Une atmosphère électrique était palpable. Le moindre couac pouvait clairement rendre la situation incontrôlable.


La petite compagnie avancée de façon anarchique derrière son chef de file, Edmond. Blackburn réalisa qu’il allait devoir sortir le grand jeu pour pouvoir se faire accepter comme leur capitaine. La plupart de ces types avaient bien plus d’années que James, sans parler de cet esprit de fraternité qui mettait immédiatement James sur la touche. Ils avaient vécu tellement de choses ensemble, ce n’était pas un arriviste qui arriverait à chambouler la hiérarchie naturelle. D’autant plus, que jusqu’à présent, il n’avait absolument rien montré de convaincant.

Le timonier suivait à la lettre les instructions recueillies par ses éclaireurs. Ce dernier ne s’était pas fait presser pour balancer le lieu de la planque des hommes du capitaine Boris en échange d’une petite somme bien rondelette. De l’argent facilement gagné pour lui, surtout qu’il devait être persuadé que cette bande de guignols crèverait avant le lever du jour.

Au fur et à mesure de leur progression, les rencontres se faisaient de plus en plus rares. Ce n’était plus que de rares ombres qui se faufilaient dans l’obscurité la plus totale. D’ailleurs James remarqua que la bande de gamins avait elle aussi disparu. Surement pour faire leur rapport à leurs maitres. Pas de quoi rassurer le jeune pirate. Cet endroit avait décidément quelque chose de malsain.

« Attention à toi fils, nous nous enfonçons au plus profond des Everglades. D’après la Marine, il existe 10 secteurs, classés par ordre dangerosités comme je te l’avais expliqué… Nous allons au septième ce qui te donne une vague idée ce qu’il nous attend. »

« Merveilleux.. »

« Le seul truc qui me tracasse, c’est que personne ne nous soit encore tombé dessus. Étrange, ce n’est le genre de la maison. Qu’importe le nombre, ici tu trouveras toujours plus fort que toi. »

Voilà maintenant plusieurs heures que la bande de revanchards traversait les différents secteurs à la recherche de leur cible. La nuit était déjà bien avancée, James doutait fortement que tout se déroule avant que le jour se lève. Comment réussir à sortir de ce coupe-gorge en plein jour ? Ils étaient parvenus jusqu’ici avec une facilité déconcertante, pas le moindre signe de résistance. Comme l’avait souligné Edmond, ce n’était absolument pas le fruit du hasard. Et ce fameux Boris, quel type saint d’esprit pouvait sincèrement établir son QG dans un endroit pareil. Il c commençait à se demander s’il n’avait pas eu les yeux plus gros que le ventre.

« Nous y voilà ! »

Au détour d’une ruelle, Edmond stoppa l’avancer à quelques encablures d’une bâtisse à la mine dégarnie. Il s’agissait, vue d’ici à une auberge comme il en existe des milliers sur les Blues. James tenta d’observer le moindre signe d’un potentiel piège, mais rien. Quelques soulards qui zonaient autour de la porte d’entrée tenue par une montagne de muscle. Attiraient par la lumière de l’établissement comme de vulgaires moustiques. À l’intérieur de celui-ci se trouvait une foule nombreuse et bruyante.

Le timonier siffla l’un de ses hommes, pour confirmer qu’ils étaient bien au bon endroit. 

Le cerveau du pirate se faisait des nœuds sans précédent. Et maintenant que faire ? Il fallait la jouer fine au risque de voir débarquer sur leur tronche l’ensemble du secteur. Peut-être, se faufiler par-derrière et attendre le bon moment pour une action rapide et brutale.

Mais pendant qu’il restait plongeait dans ses pensées, Edmond avait déjà réfléchis à un tout autre plan. Longuement murie par des années et des années à ronger son frein dans son rade.

« Allez les gars ! C’est le moment de réclamer la monnaie de notre pièce ! »

Le groupe se rua vers l’entrée de l’établissement sans prendre la moindre précaution, envoyant voler les malheureux poivrots à plusieurs mètres. L’enclume fut le premier à franchir la porte d’entrée après avoir explosé le crâne du portier avec sa masse.

« JAROD !!! Enfant de putain !! C’est l’heure de passer à la caisse ! »

James d’abord incrédule décida d’emboiter le pas. C’était donc ça leur plan ? De toute façon, il était trop tard pour faire machine arrière.
L’établissement était comme prévu totalement bondés, la clientèle était composée en grande partie de malfrats, petites frappes qui gravitaient autour de l’équipage de Boris. Cherchant à se faire bien voir par l’un des plus gros caïds du septième secteur, et pourquoi pas un jour avoir la chance d’intégrer son équipage. Surement l’un des rares moyens pour pouvoir s’extirper de sa situation de misérable des Everglades.

La trentaine d’hommes s’engouffra donc dans l’auberge. Celle-ci était conçue sur deux niveaux. Le rez-de-chaussée se composait d’une immense pièce regroupant l’activité principale du lieu, un débit de boisson. Impossible de compter précisément, mais à la louche Blackburn estima que ce lieu pouvait accueillir sans broncher une centaine de consommateurs.

Leurs irruptions se firent pour le moins remarquer, les occupants se levèrent en envoyant valser tables et chaises pour pouvoir sortir leurs armes. Ils avaient foutu le pied dans une véritable fourmilière, même la serveuse avait de quoi se défendre sur elle. La situation se figea quelques instants avant qu’un groupe d’hommes fasse son apparition sur le corridor à l’étage.

« Ainsi donc ce n’était pas une connerie. Edmond Laffite se pointe, ici dans le secteur 7 des Everglades pour réclamer vengeance. »

« JAROD ! Descends petite merde ! Viens tâter de ma masse. »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec un cadavre ambulant. Celui qui me ramènera sa tête aura une place dans l’équipage du Capitaine Bogdanov. »

Avant qu’une marée humaine les recouvre, Blackburn remarqua la présence d’un individu singulier, portant la moustache et une queue de cheval. Se tenant en retrait il semblait portait que peu d’intérêt à ce qu’il se passait en bas.

Ce fut sans aucun doute le combat le plus bordélique auquel il prit part depuis qu’il rentra dans la piraterie.


Trente assaillants contre pas moins de cent défenseurs dans un endroit clos. Impossible de faire le moindre mouvement sans buter dans un corps inerte, une table, une chaise ou un camarade. Heureusement pour eux, ils n’avaient pas à faire à de redoutables vétérans, mais la vermine locale. Edmond en fer de lance lança l’assaut brisant aussi bien des crânes que des jambes sur son passage. Provoquant la terreur autour de lui, il manqua de peu d’exploser la tête de l’un de ses hommes plus d’une fois.

James décida de mettre un peu d’écart entre lui et le reste du groupe. Qui semblait bien plus dangereux que leurs adversaires. Accompagné de son fidèle bras droit, Ben, il se rua dans la bataille sans la moindre hésitation. C’était son moment ! Il n’avait pas le droit à l’erreur, il devait montrer de quoi il était réellement capable aux yeux du Timonier et de ses hommes pour enfin assoir son statut de capitaine.

Il ne fit aucun quartier, tant pis pour ces pauvres bougres présents au mauvais endroit. Mais il jouait gros aujourd’hui. Sabre à la main il s’en donna à cœur joie dans ce menu fretin. Aucun adversaire présent dans cette pièce n’était en mesure de rivaliser avec lui. Et ceux qui s’aventurer à vouloir le contourner se heurter à un autre mur tout aussi mortel, Ben, qui délaissa ses traditionnels pistolets inutilisables dans ce type d’affrontement pour des armes aux corps à corps.

Malgré leur infériorité numérique flagrante, il ne fallut pas plus qu’une petite dizaine de minutes pour venir à bout de la vermine. Les rats quittaient le navire de toute part, embarquant avec eux ceux qui pouvaient être encore sauvés. Du côté des gars d’Edmond seulement trois avaient passé à l’arme à gauche, et cinq autres étaient dorénavant inaptes au combat. Le timonier se tenait fièrement debout, serrant fermement sa masse. Malgré les apparences, il semblait en avoir bavé, preuve que la bataille fût d’une rare intensité pour ce vétéran.

Le sol autour d’eux était recouvert de corps sanglant. Combien de morts ? Combien de blessés ? Ce n’était pas le souci du blondinet, mais ce fut une sacrée boucherie. Il leva les yeux de nouveau vers le corridor, la récente agitation avait rameuté pas mal de nouvelles têtes. Mais ces gus-là n’avait strictement rien à voir avec ceux d’en bas, pour le coup ils ressemblaient à de véritables pirates.

« Quel ramassis de bons à rien ! Pas un seul pour faire correctement le taff… Tu viens de foutre un sacré bordel comme à ton habitude ! Mais.. »

Jarod n’eut pas le loisir de finir sa phrase que l’homme à la queue de cheval le dégagea sans ménagement pour se mettre au premier plan.

« Vous avez fait tout ce chemin pour foutre la merde dans mon établissement ?! Vous allez savoir pourquoi on me surnomme le hachoir ! Et toi là-bas, avec ta tronche de premier de la classe, tu ne sembles pas commun comme adversaire, on se connait ?! »

Il pointa sa lame dans la direction de James à la surprise générale.

« Je suis James W. Blackburn, je viens ici récupérer le Royal Fortune et prendre au passage la tête d’un certain Jarod. »

« Quoi ma tête ?! Mais tu sais qui je suis ! »

« Ta gueule l’anguille, Blackburn hum.. Ainsi c’est toi le petit rookie qui tente de se faire un nom par chez nous ?! Je t’imaginais… Différent. Mais cela tombe bien que tu sois là. Tu étais sur ma liste depuis quelque temps. Ta prime me sera fort utile pour rembourser quelques dettes… Allez les gars pas de quartier! »

Boris sauta le premier par-dessus la balustrade et retomba lourdement à quelques encablures de James. Visiblement il était très impatient de récupérer la prime qui trônait sur la tête du jeune rookie. Armée de deux feuilles de boucher il se rua la tête la première bien décider à en finir dans la minute.

Derrière lui son équipage lui emboita le pas sans une once d’hésitation en fonçant sur le Timonier et ses hommes. Certes, l’endroit était dorénavant à trois quarts vides de ses occupants, mais le sol était jonché de corps et de mobiliers détruits, ce qui rendait tout mouvement périlleux, sans compter des litres d’hémoglobine qui collait les pieds au sol.

Un seul homme décida de rester en retrait, c’était Jarod l’anguille peu enclin comme à sa grande habitude à se salir les mains.

Le boucher sauta sur sa proie tel un prédateur assoiffé de sang ! Il croisa ses bras pour décapiter son adversaire d’un seul et unique coup. Blackburn eu juste assez de temps pour se laisser tomber en arrière et envoyer boulet son adversaire avec son pied dans le bar.

* Rapide l’enfoiré *

À peine le temps de se relever que Boris était de nouveau sur lui, couvert d’alcool des pieds à la tête, plus déterminé que jamais. Son regard transpirait la folie pure. Débuta alors un redoutable combat opposant le sabre de James aux deux hachoirs de Boris. Jamais il n’avait eu l’occasion d’affronter un adversaire utilisant ce type d’armes. Dépourvu de la moindre technique ni de la moindre stratégie de combat. Le style de Bogdanov pouvait se résumer en quelques mots, trouver le moyen le plus rapide de décoller la tête du corps de son opposant.
Mais Blackburn n’était pas d’humeur à se voir raccourcir son joli minot. Alors il para tant bien que mal les attaques qui se succédaient à un rythme effréné. Cherchant en vain une faille, mais Boris ne semblait pas enclin à lui donner la chance de reprendre le dessus.

De son côté Ben s’en donnait à cœur joie, il dégaina ses pistolets pour tirer en pleins vols sur deux assaillants, qui se fracassèrent sur le sol. Sa troisième et dernière munition était destinée à Jarod, mais le pleutre évita celle-ci par le plus grand des miracles. La balle se logea dans un lustre qui s’écroula sur une table provoquant un début d’incendie. À court de munitions, il s’équipa de ses deux lames pour rejoindre le gros de troupes et en découdre au corps à corps aux côtés d’Edmond et de ses gars.

James jeta un coup d’oeil furtif en direction de l’incendie qui gagnait rapidement du terrain, bientôt l’endroit se transformera en un gigantesque brasier. Mais il se concentra immédiatement sur le combat qui était loin d’être plié. Boris ne proposait toujours aucune ouverture flagrante, mais la fatigue le gagnait. Il respirait à présent comme un buffle. La somme de tous ses efforts n’ayant permis que de provoquer que des entailles superficielles à son adversaire. Celui-ci subissait depuis le début ses attaques, mais ne montrait pourtant aucun signe de faiblesses. Pire encore, il semblait n’avoir pour l’instant strictement rien montré de son véritable potentiel. La graine du doute germa en lui à cet instant.

Boris avait une règle d’or qu’il avait pris soin d’appliquer depuis toujours, ne jamais s’attaquer a plus gros que soit. Il en avait vu plus d’un vouloir s’attaquer à un gros poisson, pour au final finir dans le meilleur des cas six pieds sous terre. Après autant de décennies à suivre son code à la lettre avait-il failli ?

« NON ! IMPOSSIBLE ! »

Il redoubla d’efforts, mais le jeune homme semblait parfaitement être à l’aise dans ce rôle défensif. Sa technique était bien supérieure à celle du boucher. Dans cette situation, inutile pour lui de prendre le moindre risque à vouloir contrattaquer pour avoir le dessus. Sa seule crainte d’être pris de vitesse par le feu. La fumée commençait à se propager dans l’édifice.

De son côté, Bogdanov, lasse de ne pas trouver d’ouverture, décida un coup de poker ! Il projeta projetant l’une de ses feuilles de boucher droit sur sur la tête de son opposant. À défaut de pouvoir lui couper la tête, la faire éclater n’était finalement pas si mal que cela. Obligeant James à devoir improviser pour dévier au tout dernier moment le projectile et ainsi devoir casser sa défense pour le moment totalement hermétique. L’occasion était trop belle pour Boris qui n’en demandait pas tant ! Il s’engouffra dans la brèche en confondant vitesse et précipitation pensant pouvoir porter le coup décisif.

Voyant qu’il n’avait pas le temps d’effectuer une nouvelle parade avec son sabre, le pirate se jeta au sol alors que la lame de son adversaire lui effleurait une nouvelle fois le visage pour venir s’encastrer avec violence dans le mur.

L’incendie avait gagné du terrain, la charpente commençait à être attaquée par les flammes. Les hommes de James avaient réussi à prendre le dessus non sans difficulté sur l’équipage de Bogdanov. L’heure était à la fuite avant que tout s’embrase.

James était dans une posture pour le moins critique. Complètement affalé au sol, désarmé, il était à la merci de son adversaire. Heureusement pour lui, ce dernier avait mis tellement d’énergie dans son attaque qu’il n’avait même plus la force de retirer son hachoir du mur. Il se résigna et se dirigea vers sa victime en se saisissant d’un poignard qu’il portait à la ceinture.

Une épaisse fumée noire et opaque se propageait maintenant à leur niveau. Les hommes devenaient petit à petit que des silhouettes méconnaissables et l’air devenait difficilement respirable. Le pirate manqua de peu de finir brulé vivant par un morceau de charpente enflammé qui tomba à quelques mètres de lui. C’est à lors qu’il idée lui traversa l’esprit, il se saisit à la hâte d’une torche enflammée et l’agita devant lui comme pour faire fuir une bête sauvage. Boris afficha un sourire carnassier voyant enfin l’issue du combat se dessiner en sa faveur. Ce n’était une vulgaire torche qui lui sauverait la mise cette fois-ci.

Malheureusement pour lui, il avait la mémoire courte, il ne se rappelait plus que ses habits étaient imbibés d’alcool. Blackburn lança flambeau dans sa direction, Boris ne tenta même pas de l’esquiver persuader que ce n’était pas un vulgaire bout de bois qui viendrait à bout de sa personne.
Au contact du projectile il s’enflamma d’un seul coup, son corps devenant immédiatement une immense boule de feu. Hurlant de rage et de douleur il se mit à courir comme un poulet sans tête ! Bousculant et brulant tout sur son passage pour finalement trouver par miracle le chemin de la sortie.
James regardait la scène totalement incrédule, c’est alors qu’une puissante main l’agrippa et le traina sans ménagement la même direction. C’était Ben qui venait une nouvelle fois de sauver son cul.

Dehors le spectacle du bâtiment en flamme rajouté aux badauds venu voir l’altercation avait attiré une foule sans précédent dans le secteur 7. Les flammes montaient à plusieurs mètres et se propageaient déjà aux constructions voisines. Le jour commençait seulement à pointer le bout de son nez.

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Hé bien ! En voilà un sacré bordel, de mémoire de pirate je n’avais jamais assisté à pareil spectacle. Ta réputation n’est pas usurpée James. Cependant, il manque un point important de notre contrat… l’anguille ! Elle a filée dès le début de combat.  Maintenant pour la retrouver cela va être mission impossible. »

Pour James la priorité était avant tout de pouvoir mettre les voiles loin d’ici. Après un grabuge pareil, la Marine se pointera surement en nombre. Il n’avait aucune envie de terminer la nuit sur la potence. Le navire se trouvait qu’à quelques rues d’ici au niveau des quais. Le timonier avait déjà tout prévu, en envoyant une partie de ses hommes ainsi que les blessés directement vers le navire.

La population devant eux ne semblait pas hostile à première vue. La plus part stafferait à tenter d’éteindre l’incendie en cours passer les premiers instants de stupeur. De toute façon personne n’avait envie ici de se frotter à ceux qui venaient d’éradiquer l’équipage du boucher. C’est a lors qu’une soudaine agitation s’empara de la foule, comme si quelque chose d’encore plus menaçant arrivait. La première pensée de Blackburn fût pour la Marine. Mais il se trompait lourdement, c’était quelque chose d’encore plus dangereux.

La foule se dispersa dans un temps record, personne ne voulait être sur le passage du nouveau protagoniste. C’était un homme ou plutôt une masse de muscle d’environ trois mètres de haut. Le crâne chauve, une cicatrice courait sur l’ensemble de son front. Hormis James tout le monde reconnu immédiatement le tristement célèbre Hannibal dit « le Rouge », capitaine des fils des Everglades. Considéré comme l’un des pirates les plus dangereux, si ce n’est le plus dangereux sillonnant actuellement les mers de South Blue. Le timonier fut le premier à prendre la parole :

« Bordel de merde… Hannibal ! Qu’est-ce qu’il fout ici lui ? Ce ne faisait pas partie du plan .. »

Le blondinet sursauta à l’énonciation du ce nom ! C’était donc lui le redoutable Hannibal ? Vétéran du Grand Line. Qu’est-ce qu’un type avec autant de renommé faisait-il donc dans un endroit aussi miteux que les Everglades ? Il s’agissait d’un poisson bien trop gros pour James, il ne jouait absolument pas dans la même cour. À ses côtes se tenaient une centaine d’hommes à la mine peu commode.

* Voici donc les fils des Everglades ?.. *

C’était à ce moment précis que Jarod décida de sortir de son trou. Il s’était planqué dans une rue adjacente attendant patiemment que la situation se calme. Couvert de suie et haletant il s’adressa à Hannibal.

« Ho mon capitaine, j’ai tout vu ! C’est lui qui a tué le capitaine Bogdanov !  C’est James W. Blackburn ! J’étais à deux doigts d’y passer moi aussi, mais.. »

Il continuait à implorer la pitié de son maitre tout en se dirigeant vers lui. Et ainsi pouvoir prolonger sa misérable existence. Mais c’était sans compter l’intervention du second du Rouge, Viktor dit le serpent du fait de son physique évoquant le reptile. Lasse d’entendre Jarod se lamenter, mais surtout ayant une haine profonde pour les lâches il trancha d’un coup sec la tête de Jarod. Laissant le corps de l’anguille s’effondrer au sol dans une gerbe de sang.

« Il faut qu’on se casse rapidement d’ici… » lâcha prestement Edmond.

Une petite centaine de mètres séparés seulement les deux équipages. Derrière eux l’incendie gagnait du terrain, c’était le moment où jamais pour déguerpir.

Hannibal se rapprocha le premier du cadavre de Boris, l’ensemble de la place se figea. Même les gars du timonier n’osaient pas prendre leurs jambes à leur cou. Il s’arrêta devant le corps encore fumant et lui donna un coup de botte sans aucune considération.

« Hum.. Dommage il me devait encore un paquet d’argent ? » Il lança un regard inexpressif en direction de James.

« Blackburn ?… Je n’ai que faire des histoires de Boris, sa mort m’importe peu, il n’avait qu’un potentiel très limité. Toutefois il travaillait pour moi et arborait le pavillon des fils des Everglades. c’est à ma réputation que tu viens de toucher en faisant tout ce.. Grabuge. Je ne sais pas qui tu es, mais toi tu me connais. Comme tout le monde sur South Blue. Je ne peux pas laisser passer cet affront. Ta tête sera le minimum. »

James se tenait droit comme tétanisé par le regard glacial de son interlocuteur. Ainsi Boris était l’un des capitaines à la solde d’Hannibal. Si jamais il parvenait à se sortir d’une façon ou d’une autre de ce bourbier, il comptait bien se rappeler au bon souvenir d’Edmond… Bordel il venait de déclarer la guerre à Hannibal.

« Edmond… Barre-toi avec les hommes en direction du navire. N’attends pas je vais essayer de le ralentir.. »

« Tu es fou, même tous ensemble sur lui nous n’aurions pas la moindre chance. »

« Je ne suis pas suicidaire, je souhaite simplement le ralentir.. j’ai un plan. »

« J'espère que ton plan est plus solide que le cou de l'anguille.. Mais doute que nous nous revoyions dans ce monde.. alors adieu Capitaine Blackburn. »

Le timonier fit signe à ses hommes de prendre la tangente. 

Ben se rapprocha de James.

« Quel est ton plan ? »

« Je n’en ai strictement aucune idée. Juste survivre. »

« Il semblerait que la fidélité de ton équipage laisse à désirer, c’est une preuve de faiblesse. Ne t’inquiète pas, aucun d’entre vous ne sortira vivant d’ici. »

Hannibal sauta avec une puissance hors du commun, comblant en quelques secondes l’écart le séparant de ses deux opposants. Il atterrit avec fracas juste devant eux, et débuta l’affrontement. James et Ben ripostèrent simultanément en se ruant sur lui, toutefois la différence de niveau était tel qu’ils ne furent incapables d’effleurer. Il les projeta avec une facilité déconcertante à plusieurs mètres de lui avec un simple revers de son épée.

« C’est tout ce dont vous êtes capables ? Et cela veut aller conquérir le Grand Line ? »

Ben agrippa James et désigna un des rares bâtiments en partie épargnés par les flammes. Ils se précipitèrent en direction de celui-ci talonner par Le Rouge bien décidé à ne pas laisser échapper son plat du jour. Les deux hommes s’engouffrèrent dans la bâtisse composée de plusieurs niveaux. Ben en tête gravit le premier les escaliers qui se trouvaient justes devant eux. Une fois en haut il fit volteface et dégaina ses deux pistolets pour les pointer sur Hannibal qui à son tour empruntait les escaliers. Blackburn se jeta sur le côté pour sortir de la ligne de tir et deux détonations éclatèrent coup sur coup. Pour un tireur du niveau de Ben, impossible pour lui de louper une cible à cette distance, aussi mobile qu’elle fût.

Les deux projectiles se dirigèrent droit sur la terreur de South Blue, mais celui-ci démontra une nouvelle fois l’écart abyssal de niveau entre les différents protagonistes. D’un simple revers de sa lame, il dévia sans aucune difficulté les balles qui allèrent s’encastrer dans le mur.

James n’en revenait pas, comment avait-il fait pour être aussi rapide à esquiver, surtout à cette distance ?! Mais pas le temps de cogiter la bête était déjà sur eux, Blackburn se lança dans une riposte hasardeuse avec son sabre, mais il se heurta à la puissance brute de son adversaire, qui non seulement bloqua son attaque, mais contrattaqua avec tant de violence qui projeta le pauvre jeune homme à plusieurs mètres dans une des poutres. À moitié sonner le pirate tenta de se relever, mais la poutre qu’il venait de percuter céda et c’est tout un pan de l’étage supérieur qui s’écroula sur lui.
Laissant ainsi seul Ben face au redoutable Capitaine. Ce dernier jouer avec sa proie pour faire durée le plaisir. L’issue de l’affrontement ne faisait pas le moindre doute. Puisant dans ses forces Blackburn se releva en essayant de se dégager de cette fichue poutre. Il réussit finalement à la faire rouler sur le côté et se releva en s’adossant à la fenêtre.

Grièvement blessé, mais encore debout, Ben jeta un dernier coup d’œil en direction de son frère d’armes avec un sourire triste. Il se savait condamné à cet instant, maintenant son seul but était de pouvoir sauver une ultime fois la vie de son compagnon. Il se dirigea dans un ultime souffle en direction de la seconde poutre, faisant une cible de choix pour son bourreau. Ce dernier abatis avec une rare violence son épée qui trancha tout sur son passage, aussi bien le corps du pauvre Ben que l’ultime poutre. Toute la structure s’effondra dans un énorme fracas. James fut expulsé de l’habitation tandis que cette dernière engloutissait le corps de son fidèle compagnon et le redoutable Capitaine des Everglades.

Quelques secondes plus tard, il se retrouva totalement désorienté dans une ruelle en partie obstruée par l’éboulement. L’incendie toujours en cours gagna les décombres et donna une formidable muraille de flammes infranchissable.


« Il est encore vivant ! Venez par là les gars ! »

Edmond et quelques gars avaient décidé de revenir sur leur pas pour une raison inconnue, c’était tout sauf des couards ces types-là. Ils l’empoignèrent et le transportèrent comme un vulgaire sac à patates en direction du navire. Ils comprirent instantanément pour Hackman.

Blackburn n’essaya même pas de revenir en arrière, pour chercher Hackman. Il avait vu sa fin, coupé en deux comme un vulgaires morceaux de bois. Bien évidemment il aurait aimé lui promettre de venger sa mort, car il lui devait au moins ça. Après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble. Mais à l’heure actuelle il était incapable de tenir une pareille promesse.
Le serait-il un jour ?

Profitant de l’agitation générale qui régnait dans les environs, quitter l’embarcadère fut la chose la plus facile de leur expédition punitive.

James était toujours sous le choc de son affrontement avec le Rouge, il scrutait sans cesse depuis le pont en direction des quais en craignant voir le démon ressurgir. Et il croisa de nouveau son terrible regard qui lui glaça les entrailles.

Hannibal se tenait là sur les quais, sans aucune blessure apparente, imperturbable. Exhibant à l’attention de James la tête de son défunt compagnon. Même une foutue baraque sur son dos n’était pas venue à bout de lui.
Le timonier posa une main amicale sur l’épaule de James qui dégluti devant ce spectacle d'horreur.

« C’est un miracle d’avoir échappé à un monstre pareil.  Peu d'hommes peuvent en dire autant. »

« Ce miracle s’appelait Ben... Je n'aurais jamais eu l'occasion de lui rendre l'appareil.. Je... »

« Nous boirons à sa santé, comme à tous ceux qui ont perdu la vie aujourd’hui. En espérant que leurs morts ne soient pas vaine capitaine… C’est à vous que revient le devoir d’honorer leurs morts. »

Blackburn s’effondra en larme, offrant le spectacle d’un Capitaine meurtri par la perte d’un être cher. Tous aujourd’hui avaient perdu quelqu’un de cher, l’équipage ne pouvait que comprendre la situation.

Le navire s’éloigna à la hâte en direction du cimetière d’épaves, dernière escale avant de rejoindre le Grand Line.

« J’aurais aimé que tu sois du voyage Ben, adieu, mon ami. »

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