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Rien d’neuf, la routine

Parfum de cigare onéreux mélangé à cette odeur de rhum de qualité, nous y sommes, midi pile. C’est en effet ce que vient d’indiquer cette épaisse horloge de bois vermoulu, trônant au milieu des bouteilles de spiritueux sur l’étagère derrière le bar. Léger soupire, qui image assez bien l’ennui profond que m’inspire cette énième mission de contrôle fiscal. Accoudé au comptoir, devant mon verre de téquila vide, j’hésite brièvement à demander sa petite sœur avant qu’une petite voix dans ma caboche me ramène à la raison. Reprends-toi Jimbo, la picole en service c’est pas le genre de truc qui te réussira ! Je relève la tête, mon regard croise vite fait celui de la petite serveuse (mignonne au demeurant), avant de se poser sur l’horloge. L’horloge qui m’indique que le tenancier de cet établissement est désormais à considérer comme hors la loi. Les impayés ne vont pas se récupérer tout seul et évidemment, c’est moi qu’on envoie sur des petites missions du genre. Parfois, j’ai même l’impression de bosser pour une mafia à me trimbaler dans des établissements souvent mal famés, avec ma petite valisette en bon percepteur que je suis.


Je te ressers quelque chose mon mignon ? me dit alors la serveuse.

Non merci, j’ai du boulot.


Je règle ma note, glissant un pourboire mérité avec un clin d’œil avant de tourner les talons direction la porte. Les ruelles de Logue Town sont lumineuses, bien plus que le bar, à tel point que j’en suis éblouis. Le type que je dois aller voir, un certain Billy Bow est également le proprio de cinq autres débits de boissons en ville. On pourrait dire que c’est un gros poisson, que c’est une mission importante. La réalité est ailleurs, c’est juste un énième idiot de petite envergure qui a cru pouvoir gruger le système en oubliant de payer ses taxes. Mais le Gouvernement Mondial veille au grain, il est omniprésent.. non je dirais même qu’il est omnipotent. Bref pour ce que j’en pense, après tout j’suis là pour faire mon boulot et pour le faire bien.

Petite marche d’un bon quart d’heure, j’arrive devant un petit cabaret, Le Felin’Good, un endroit où on peut voir de magnifiques gonzesses danser. Parait que le clou du spectacle c’est une jeune diva de la race des Minks. Ce qui me permet soudain de comprendre le jeu de mot douteux employé pour nommer cet établissement. Nous autres, on est vraiment pris pour de la merde en ce bas monde, de vrais produits marketing ambulants. Personne dans la ruelle, personne devant le bâtiment, j’attrape mon revolver pour vérifier que ses chambres soient bien garnies, on est jamais trop prudent. Je le remet dans son holster sous mon bras gauche puis je pousse la porte tranquillement.

L’endroit est spacieux et très lumineux. Une multitude de petites tables, posées ici et la, tout autour d’une imposante scène de bois. Bon y’a pas grand monde, faut dire qu’on est pas vraiment dans les horaires où on peut croiser les habitués. Un gorille vient me voir, me propose de prendre mon trench-coat pour le déposer au vestiaire. Bien aimable. Je lui donne mais je garde ma petite valisette, me dirigeant vers le bar. Le barman, un homme moins gracieux que la jeune femme précédemment rencontrée, s’approche de moi.


Qu’est ce que ce s’ra ? qu’il me dit en essuyant une choppe d’un demi litre.

Bonjour, je suis Jim Horrison, je viens voir Billy Bow.


Le mec grimace, me toise comme si j’étais une vulgaire bête de foire. Je sens que mes poils se hérissent au moment où je décèle un peu d’animosité dans son regard, mais je reste tout à fait calme.


L’patron n’est pas là aujourd’hui. Navré.. monsieur Horrison.

Je vois. Et où puis-je le trouver ? Il faudrait que je..

Pas moyen d’le trouver désolé. me coupe l’homme.

Bien. Je vais donc prendre congés, je vous remercie.


Je me lève doucement avant de me diriger vers le vestiaire. J’ai pas fait six pas que j’entends le barman qui compose un numéro sur son DenDen. Je fais mine de rien, me pointe devant l’homme qui a précédemment prit mon manteau, et j’attends qu’il me le rende. Le barman parle à quelqu’un, tout doucement, mais malheureusement pour lui j’ai l’ouïe fine. J’entends même la personne au bout du fil, si c’est pas génial ça… Batman suspicieux, son interlocuteur lui demande carrément de me chopper. Le type du vestiaire arrive, me tends mon trench-coat, les yeux rivés sur le barman qui se trouve derrière moi. Je le vois alors hocher la tête puis me regarder dans les yeux et au moment où je tends la patte pour attraper ma veste, il attrape un objet contondant puis m’envoie un coup puissant, mais lent.

J’esquive avec une certaine grâce féline, et le gratifie d’un uppercut. Le gaillard s’effondre, le temps de faire volte-face, j’aperçois le barman qui se rue en direction d’une armoire à côté du comptoir. Je décoche un petit arc électrique pour l’empêcher de toucher la poignée, et en moins de temps qu’il ne faut pour dire Marie Joa, me voilà debout sur son comptoir à lui balancer un coup de  genou à la gueule. Le barman se cogne et en tombe par terre, j’ouvre l’armoire et j’attrape le fusil qui s’y trouve avant d’en coller le canon entre les deux yeux du type que je viens de sonner.


Je voudrais voir Billy Bow et je n’ai pas toute la journée.
    L’homme soupire, le nez ensanglanté et me regarde de travers. Boah je le mérite, mais après tout, il avait qu’à ne pas tenter de me jouer un sale tour. Je l’aide à se relever, après tout je reste plutôt serviable comme type, puis je balance le fusil un peu plus loin.


    Humpf.. Bordel mais t’es qui toi… soupir le barman.

    Je suis Jim Horrison, c’est le département des finances qui m’envoie. Je dois m’entretenir avec Billy Bow.

    Mmh… Suis moi..


    Le barman me mène à l’étage, on passe devant quelques gros bras puis j’arrive dans un bureau spacieux. Une pièce lumineuse, dans un coin un divan pourpre à l’aspect de velours, quelques étagères garnies de livres et non loin de la fenêtre, un imposant bureau de bois sombre. L’homme qui y est assit correspond à la description qu’on m’a fait de Billy Bow, pas de doute là dessus, c’est bien mon gars. Il fait signe à son employé de nous laisser, porte fermée, nous voilà en tête à tête. J’ai pas à attendre bien longtemps avant qu’il ne m’invite à m’asseoir sur l’un des deux fauteuils placés devant son bureau, plutôt confortable du reste. L'homme me propose un verre, je décline, après tout, je ne suis pas là pour ça. Je pose ma mallette sur le bureau, la déverrouille et l'ouvre sans attendre pour entrer dans le vif du sujet. J'en sors le document précédemment confié par mes supérieurs, me donnant l'autorisation de percevoir les impayés de ce Billy Bow, qui reste muet en me regardant faire mon petit manège. Devant ce silence persistant, je décide d'ouvrir le bal.


    Billy Bow je présume.. J'ai en ma possession ce rapport qui fait état d'un oubli de plusieurs cotisations au titre de l'impôt gouvernemental. Ce document me donne également les accréditations nécessaire pour percevoir en place et lieux la somme de sept cent mille berrys.


    On m'a vraiment envoyé ici pour sept cent mille berrys... Le type reste muet, je lui donne donc une copie du mandat afin qu'il puisse l'examiner de plus près. Brève analyse du bureau pendant que mon interlocuteur prend connaissance du papelard que je viens de glisser. Un pièce plutôt spacieuse, avec des meubles de qualité, sur le bureau je remarque une jolie carafe, probablement du cristal, remplie d'un liquide couleur caramel, probablement du whisky et mon flair me dit qu'c'est du bon. Un joli coupe papier est posé là, à côté d'une boite de cigare finement ouvragé. Ce Billy Bow à de très bons gouts, et il rechigne à payer ses impôts. La justification à intérêt à être solide, je ne pense pas pouvoir accepter de "je n'ai pas les moyens" hélas. Le type pousse un profond soupir, me rend mes documents et daigne enfin ouvrir la bouche.


    Je regrette.. suis malheureusement dans l'incapacité de payer monsieur Horrison.


    Prévisible. Et quel motif va-t-il bien pouvoir me sortir ? S'il te plait, fais dans l'originalité, je commence à saturer des grands classiques tel que "ma femme est partie avec les enfants et tout notre argent" ou encore "j'ai été cambriolé cette nuit juste avant votre venue". Quand on y pense, ce genre de mission n'est pour ainsi dire jamais intéressante. C'est toujours la même rengaine, on se pointe en bons percepteurs, on demande à de pauvres diables de payer leur du, quand ça se passe bien, ils pleurent, ils implorent et finissent par payer devant l'inflexibilité de nos agents de terrain. Quand ça se passe mal, faut en venir aux mains et c'est pas toujours évident. J'espère qu'ici on sera dans le premier cas de figure.


    Je vois. Je suis cependant dans l'obligation de faire mon travail Monsieur Bow.

    Je n'ai pas cet argent...

    J'ai ici, le détail de votre comptabilité, qui m'indique pourtant le contraire...

    C'est exact... Mais le racket ne figure que rarement dans la comptabilité.

    Vous êtes victimes de racket ?

    Oui.. Depuis maintenant trois ans.

    Dans ce cas, je vous demanderai de me donner plus de détails sur vos ravisseurs.



    Je sors un petit calepin de la poche intérieure de ma veste, mais Billy Bow se lève, m'indiquant qu'il pouvait faire mieux que ça, en me menant directement à son ravisseur. Voilà qui promet d'être intéressant, je m'empresse donc de ranger mes documents, mon calepin et toutes mes affaires, ramassant ma mallette, pour suivre mon hôte. Faut que je l'admette, c'est la première fois que j'ai droit à ce scenario là, ce qui ne manque pas de m'intriguer. Il sort en premier de son bureau et je lui emboite le pas. Malheureusement, peut être est-ce de la naïveté, peut être de l'inconscience, mais je ne prends pas gare et à l'instant même ou je passe le pas de la porte du bureau, un violent coup vient me heurter derrière le crane. Je m'écroule donc tout doucement, tandis que ma vision se trouble, puis plus rien, le néant.
      Quand je me réveille, tant bien que mal, la douleur derrière mon crane est abominable. Je suis encore un peu dans les vapes mais je me rends bien compte de la situation foireuse dans laquelle je me trouve. Suspendu par les pattes avant, solidement ligotées par un cordage tendue sous une poutre, me voilà dans de beaux draps. Brève analyse de la pièce dans laquelle je me trouve, un entrepôt ou du moins un genre d’entrepôt. Curiosité, ils ont prit le soin de m’ôter mes chaussures... C'est sombre, ça à l'air à l’abandon, j'arrive à renifler l'odeur fétide d'une petite famille de rats, d'ailleurs ce n'est pas la seule odeur désagréable qui me chatouille le pif. Tout me porte à croire que je me trouve dans le genre de pièce ou les malfrats font disparaitre les témoins gênants après leur avoir tiré les vers du nez. Serait-ce mon heure ? Mourir dans un endroit miteux, sans que personne n'en sache jamais rien, à cause d'une stupide mission de perception, pour sept cent mille berrys... C'est vraiment une blague. Je remarque alors, dans un coin de la pièce, un type qui me fixe en silence, allure de boucher avec son tablier foncé, mon instinct me dit qu'il n'est pas là pour tailler une bavette. Enfin, si, mais pas dans le sens ou j'aimerais l’interpréter malheureusement. Une porte métallique grince derrière moi, et j'entends des bruits de pas. C'est Billy Bow qui s'amène avec un de ses gars.


      Une valise... Sauvé par une valise, est ce que tu te rends compte ?

      C'est une mallette. Une valise, c'est un peu plus..

      La ferme ! Est-ce que tu penses être en position de faire le malin ?


      Il n'a pas tort. C'est vrai que dans la position actuelle, je ne suis pas vraiment en position de quoique ce soit. Je remarque alors que le gars qui accompagnait Billy Bow tient ma mallette. Et je devine assez rapidement que si ces types ne m'ont pas juste abattu et fait disparaître, c'est parce qu'ils sont intéressés par ce que contient ma mallette et qu'ils ne savent pas comment l'ouvrir. Quelle merveille de sécurité ces petites mallettes du Cipher Pol quand on y pense, quasi impossible à forcer, la seule façon de les ouvrir reste d'en connaître la combinaison à six chiffres. Et au vu du nombre incroyable de combinaison possible... C'est certainement plus facile de torturer son détenteur pour qu'il crache le morceau et donne le code. D’où ma présence dans ce lieux sinistre et d’où mon sursis. Je tente de me dégager tout doucement, mais mes liens sont bien trop serrés.


      Sans ta valise, tu nourrirais surement déjà les poissons... Mais j'ai besoin de savoir ce que les chiens du gouvernement ont sur moi.

      Et c'est le moment ou tu vas me proposer un deal dans le genre.. "donne moi la combinaison et ta mort sera rapide", je me trompe ?

      T'as tout pigé.

      Et si je refuse.. ?

      Si tu refuses, Manello ici présent va te découper. Morceau par morceau, jusqu'à ce que tu craques.


      Ça ne me laisse pas beaucoup d'option. Je tâche de rester impassible, mais même si on nous enseigne à résister à la pression au Cipher Pol, je ne suis pas du tout serein concernant ce qu'il risque de m'arriver et je commence à me dire que j'aurais mieux fait de rester couché aujourd'hui. Devant mon silence, les types se marrent, et Billy Bow se met à l'écart avec son homme de main, tandis que notre ami boucher (sûrement Manello) s'approche de moi. J'enrage intérieurement, rien qu'à l'idée de le voir abimer mon costume, mais il commence en "douceur" se contentant de m'envoyer des coups dans le bide, tel un champion de boxe qui s'entrainerait dans la resserve d'une boucherie. Et il cogne dur, je me fais clairement défoncer, si je m'en sors, surement que mes côtes seront endolories pour plusieurs jours... Au terme d'un enchainement d'une dizaine de coups, Manello s'interrompt, se tourne vers son boss en attendant ses instructions. Je garde la gueule fermée malgré tout, réfléchissant à une échappatoire sans quoi je ne donne pas cher de ma peau. Billy Bow Ricane et hoche la tête en direction de mon tortionnaire. Ce dernier dégaine alors deux couteaux de boucher et me regarde d'un air sadique. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que je vais passer un sale quart d'heure. Mais en y pensant, je crois que c'est ce Manello qui va m'offrir mon ticket de sortie en fin de compte. Je le laisse approcher, j'aurai pas le droit à l'erreur sur ce coup sinon je suis cuit, et au moment ou il s'apprête à commencer à me tailler en pièce, je lève l'une de mes pattes arrières pour lui décrocher un arc électrique. Le pauvre gars est foudroyé sur place, ses couteaux lui échappent, c'est le moment ! Je me balance et tente d’attraper le premier couteau avec l'une de mes pattes arrières déchaussées. Mais il m'échappe... Dans un dernier élan plein d'espoir, j'arrive cependant à chopper l'autre, me courbe vers le haut pour couper la corde qui me maintient en l'air. Bingo. Voilà que je tombe avec fracas, endolori mais désormais libre.
        Tout se passe très trop vite. Je lance le couteau de boucher en direction de Billy Bow, qui voit son bras tailladé avant de s'emparer de ma mallette et de me balancer son homme de main dessus. Ce dernier parvient même à me mettre un coup de surin à la réception, je le remercie donc d'un rapide coup de genoux dans les valseuses. Je profite qu'il soit momentanément désorienté pour l’assommer d'un rapide coup de tête. Pendant que je m'occupais de son sbire, Billy Bow a pris la fuite, avec ma précieuse mallette. Je prends quelques secondes pour chercher mes chaussures du regard, mais le temps presse. La blessure laissée par le surin me rappelle rapidement à l'ordre, mon sang est en train d'imbiber ma chemise blanche. J'enrage d'avantage, d'une part parce que la souffrance me gagne, d'autre part parce que ma chemise est foutue, je ramasse rapidement mon revolver posé sur la petite table non loin, puis je me lance à la poursuite de mon ravisseur. Pas de bol pour lui, je ne suis certainement pas le plus aguerri des combattants, loin de là.. mais je me défends pas mal en pistage. Suffit de suivre l'odeur ou les gouttes de sang, par chance, ma proie est blessée et dans sa hâte, ne cherche pas vraiment à s'occuper de sa blessure. Car bien qu'il ne s'agisse pas d'une blessure mortelle, elle me permettra de le suivre à la trace. Billy Bow parvient à sortir de l’entrepôt par un escalier menant sur les toits, je ne le lâche pas d'une semelle, me voilà sur les appentis, engagé dans une course folle.

        Billy Bow dégaine alors un flingue et fait volte-face. J'ai à peine le temps de plonger derrière une pile de caisses que j'entends trois détonations. Je passe doucement ma tête pour regarder au dessus des caisses et j’aperçois le fuyard qui s'est remit à courir. Je reprends la chasse, passant de toit en toit. C'est dingue, j'ai toujours espoir qu'il s'arrête, qu'il se rende et qu'il paie son du... Encore une fois trop naïf, ou peut être trop optimiste pour ce monde bousillé. Une nouvelle salve de tirs interrompt mes songes, mais par chance, il ne vise pas vraiment et voila qu'il s'arrête, comme prit au piège, sur le rebord d'un toit escarpé. J'arrive à sa hauteur, au moins autant essoufflé que lui.


        Je.. suis.. contraint de t'arrêter là...

        Tu peux.. courir.. enfoiré ! dit il en pointant son arme dans ma direction.

        Click - Click - Click


        Pas.. d'bol.. Plus d'balle...


        Comme pour enfoncer le clou, je dégaine alors mon revolver et le pointe dans sa direction. Même si je n'ai pas l'intention de m'en servir, je sais que je n’hésiterai pas. Le type jette alors un dernier regard en arrière et je l'implore intérieurement de ne pas sauter. Puis revenant manifestement à la raison, voila qu'il lâche son arme, pose la mallette à terre et lève ses deux mains. La course poursuite est donc terminée.


        -------


        Attaché avec les moyens du bord, je ramène Billy Bow à son bureau afin qu'il coopère. Il saisit alors la carafe de whisky et nous sert un verre. Par pure précaution, je ne touche pas au mien, me contentant d'attendre qu'il ait terminé le siens, puis il se dirige vers la bibliothèque. Revolver sorti, je suis prêt à répliquer s'il tente quoique ce soit, mais il n'en fait rien. Tirant sur un livre à la couverture brunie et abimée par les ages, une succession de cliquetis se fait entendre et l'étagère se décale, dévoilant un coffre fort. Là encore, je me tiens prêt à tirer si jamais le type sort la moindre arme de son coffre, mais une fois ouvert, Billy Bow en extrait une liasse de billets qu'il compte délicatement.


        Sept cent mille berrys. Le compte est là... dit il d'un air déconfit en posant une liasse sur son bureau.


        Je passe à côté de lui, pose ma mallette sur le bureau pour la déverrouiller. Je fais le compte et les sept cent mille berrys sont bel et bien là. Saisissant une petite enveloppe, j'engouffre alors la liasse à l'intérieur avant de la sceller. Replaçant le tout dans la mallette que je ferme en silence, je jette un dernier regard à Billy Bow. Il serait aisé de l'éliminer ici et maintenant, de maquiller ça en légitime défense et de récupérer tout ce qu'il reste dans le coffre pour moi et moi seul. Je m'approche alors du coffre, revolver en main et m'arrête à sa hauteur un bref instant. Le gars me regarde droit dans les yeux, sans doute qu'il est en train de s'imaginer le pire scénario pour lui, le scénario auquel je viens de songer moi aussi. Mais je n'en fais rien, je range simplement mon revolver dans son holster avant de réajuster ma veste de costume.


        Nous en avons terminé Billy Bow.

        Vous.. ne m'arrêtez pas ? dit il alors, sa face pleine de surprise.

        J'ai ce pourquoi je suis venu non ? Les impayés ainsi que les pénalités : sept cent mille Berrys.

        Je.. vous ai tiré dessus...

        Et par chance, vous m'avez manqué monsieur Bow. Mais si j'entends encore une fois parler de vous...


        Tournant les talons, je prends le risque de montrer mon dos à cet homme, mais j'ai peine à croire qu'il tente quoique ce soit. Après tout, je viens clairement de lui faire une fleur, car même s'il ne m'a pas personnellement blessé d'une manière ou d'une autre, l'entrave à agent reste un délit sérieux. Je ne vois cependant pas d'intérêt à coffre cet homme qui en définitive est comme tout le monde, un gaillard qui cherche à s'en sortir dans ce monde cruel et difficile. Ramassant ma mallette, je tourne le regard une dernière fois sur mon hôte, hoche poliment la tête et quitte le bureau avec le dû du Gouvernement. Mission accomplie, il ne me reste qu'à regagner mon hôtel, à prévenir mon supérieur et à prendre la première navette pour le point de ralliement.