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Le garde du corps de l'ambassadrice

Robina était emmitouflé dans son manteau épais en cuir de yack, produit local du Royaume-Archipel de Sanderr, fabriqué à la main par les artisans d’Ykhion, des hommes et des femmes chaleureux qui aimaient le travail bien fait, il n’y avait pas mieux pour se protéger du froid de l’archipel hivernal que ces derniers. Elle se baladait, sur l’île principale, Asnia était magnifique, recouverte de neige et elle aurait voulu y passer plus de temps, mais elle avait des obligations, d’après les dires de son père, un nouvel ambassadeur de l’archipel allait bientôt être choisi pour les représenter à travers le monde entier, elle devait donc se rendre à la caserne de la marine.

Pourquoi cela ? Parce qu’il fallait un marine pour escorter et assurer la protection de la personne, au minimum, si ça n’était pas un gradé avec son propre navire qui pourrait l’escorter dignement avec son croiseur personnel, ce dont doutait très clairement la cuisinière. Après tout, les moyens de la marine sur l’île n’avaient jamais été très expansifs, un lieutenant, Gintoreno « Gin » Azrald Kobold qui était on ne peut plus incompétent, il n’avait jamais réussi à faire son travail correctement, les habitants de l’île ne l’aimaient pas et il était le plus gradé de la base qui se trouvait sur Ykhion, c’était le plus navrant.

Les mains dans les poches pour ne pas avoir froid, ne portant pas de gants ni de moufles, la chasseuse de primes se baladait dans la ville autour du pic, saluant ceux qu’elle croisait d’un hochement de tête ou en sortant ses mains quelques instants pour serrer une main ou faire un signe. Voilà ainsi la future capitaine de l’Iceberg sur le chemin menant à la caserne, des givrelames maintenaient la sécurité, plusieurs hommes en armures, renforcés d’un cuir chaud pour éviter les engelures, faisaient leur ronde sur toute l’île.

Elle retira sa capuche de ses oreilles, plaçant un cache-oreilles sur sa tête, elle devait bien montrer son visage pour qu’on la reconnaisse, elle n’était pas particulièrement connue sur l’île, pourtant, si elle disait venir de la part du conseiller royal Erwolf, avec son nom de famille, ils sauraient qui elle était. Les portes de la caserne étaient fermées, comme d’habitude avec le climat de l’archipel, elle poussa ainsi le lourd battant du bâtiment, un comptoir, comme elle en avait vu des centaines, s’offrit à elle, derrière lui, un marine qui grattait du papier avec sa plume, s’occupant de l’administratif pendant qu’il n’y avait pas de visiteurs.

L’homme leva les yeux de son pupitre et se leva de sa chaise, il s’étira, faisant craquer certaines parties de son corps avant de se tourner vers la jeune femme qui venait d’arriver.

Que puis-j faire pour vous, mademoiselle ?

Je voudrais voir le lieutenant Kobold.

Le lieutenant Kobold ? Et pourquoi cela, je vous prie ?

Je dois le voir pour lui demander une escorte de la part de la marine pour un futur ambassadeur de Sanderr qui partirait autour du monde pour montrer la puissance de notre Royaume-Archipel.

Avez-vous rendez-vous ?

Absolument, je suis sûr qu’il n’est pas trop occupé.

Un peu de respect pour le lieutenant, jeune femme, ainsi que pour le Gouvernement Mondial.

Tous les habitants de Sanderr savent que le lieutenant passe le plus clair de son temps à la caserne, ou bien à la taverne, et il n’est pas au « Mammouth blagueur » donc, il est dans son bureau.

En effet, mais il est très occupé.

C’est le roi Vodran Ksernia ainsi que le conseiller royal Baltazar Erwolf, je suis sa fille Robina.

Elle retira son cache-oreilles et fit tomber ses cheveux en cascades, elle n’en avait pas particulièrement envie, mais elle avait rendu, elle en était certaine, son père lui avait bien dit dix heures, et il était l’heure dite.

Oh ! Je… Je vais regarder son agenda immédiatement, je suis sûr que votre rendez-vous a bien été noté.

Mais j’ai rendez-vous, de la part de mon père, il vous a fait envoyer un messager il y a de cela quelques jours, vous devez l’avoir de noter quelque part, comme je vous le disais il y a quelques instants.

L’homme derrière son bureau compulsait frénétiquement un livre, à l’intérieur, des chiffres, des dates, des heures, des noms, tout l’agenda du lieutenant retranscrit pour que le réceptionniste soit au courant de son emploi du temps.

Erwolf… Erwolf… Erwolf… Ah oui, Archibald Erwolf, rendez-vous à dix heures, je vous ai là.

C’est bien ce que je vous disais.

Je suis désolé de ce léger souci, je ne pensais pas que vous étiez la fille d’un des conseillers royaux du roi Ksernia. Essayez de ne pas m’en tenir rigueur.

Oh, ça n’est pas grave, je pensais juste que vous étiez au courant.

Je vous remercie. Je fais appeler un matelot tout de suite pour vous escorter jusqu’à son bureau.

Il sortit un escargoradio d’un tiroir, et appuya sur un bouton, le signal serait émis au soldat le plus proche pour qu’il se mette en marche le plus vite possible pour guider la Sanderrienne. Il ne fallut pas plus de trente secondes pour qu’un groupe de jeunes aspirants qui faisaient leur corvée de nettoyage arrive au pas de course. Chacun jouait des coudes pour ne pas se retrouver, à devoir faire en plus celle du collègue qui serait libéré s’il arrivait en premier, c’est dans un chaos qui prenait de plus en plus de place, à première vue, que ce cortège arriva.

Matelots, cela suffit ! Vous êtes en présence d’une personne importante de l’île de Sanderr, un peu de retenu et de discipline !

Adjudant ! Oui, mon Adjudant ! Pardon, mon Adjudant !

Repos, soldats ! Vous ! Montra-t-il du doigt, une des nombreuses recrues qui venaient de faire irruption dans le hall d’entrée. Merci d’escorter mademoiselle Erwolf jusqu’au bureau du lieutenant Kobold. Quant aux autres, reprenez le travail.

Telle une nuée de mouches, les hommes du rang se dispersèrent dans toutes les directions, ne restaient que la jeune recrue, qui l’invita en tendant le bras vers le couloir qui s’ouvrait derrière.

Je vous remercie, je vous dis bonne journée et bon courage pour votre travail.

Merci à vous aussi pour votre patience, mademoiselle. Et bonne journée à vous.

Robina partit alors dans le couloir de pierre qui s’ouvrait derrière le matelot pour s’engouffrer dans la fourmilière qu’était la caserne du Royaume-Archipel de Sanderr.
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