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- Le Comptable -



Le navire fend les vagues à une vitesse incroyable. On peut dire ce que l’on veut de la Marine, mais il possèdent des joyaux maritimes qui leur offre des possibilités remarquables. Farore est à bord d’un de ces navires, elle a par ailleurs oublié son nom, elle est pragmatique et ne retiens que les choses qui auraient un quelconque intérêt à son égard et c’est bel et bien le cas pour sa mission du jour. Rilas, son nouvel employeur, était parvenu à ses fins et conformément à l’accord entre les deux malandrins, il avait dégoté une croisière de dernière minute pour se rendre sur l’îlot flottant.

L’îlot flottant, est une île de North Blue, d’aucun diront qu’il s’agit de la mer Blue la plus dangereuse et qui recèle de trésors et de variations qui forment un véritable kaléidoscope de contrastes formant ainsi sa légendaire beauté. Cette île est totalement dénuée de civilisation rendant son approche complexe et instable.

Dans une cabine au confort spartiate, Farore relit avec insistance le message délivré par Vodran Ksernia, roi de Sanderr.

« Moi Vodran Ksernia ai donné ma parole à des hommes-poissons survivants de l'Îlot Flottant, arrivés par navire au Royaume-Archipel de Sanderr que nous aiderions les hommes, femmes et enfants se trouvant encore sur place.

C'est pourquoi, j'envoie un contingent de Givrelames pour aider les habitants hommes-poissons de l'Îlot Flottant à évacuer, vous devrez les aider en combattant les cannibales se trouvant sur place, aider les civils à évacuer, ainsi que fortifier les positions que prendront les troupes pour prendre pied sur la mangrove. »


Les habitants de North Blue savent que le roi de Sanderr est un homme énigmatique.
N'apparaissant qu'à de très rare occasions, le roi de Sanderr est assez mystérieux, y compris auprès de sa famille. D'un tempérament assez froid et méfiant, il essaye de tout faire pour préserver son royaume du monde extérieur. Il voit le Gouvernement Mondial d'un mauvais œil.
Il était donc on ne peut plus étrange que le Royal être décerne une telle mission.

Après avoir enfilée son costume, Farore n’était plus la simple civile résidente de Manshon mais bel et bien « Fenice », la super héroïne ! Elle avait à la demande de Rilas embarquée sous sa fausse identités afin de réaliser sa première mission officielle . Elle sort donc sur le pont du navire, profitant des embruns parfumés à la fleur de sel et d’un soleil de plomb atténué par un délicat zéphyr faisant virevolter ses cheveux d’un blanc immaculé.
Les marins sont d’une discipline de fer et exercent leurs manœuvres de navigation avec une synchronisation parfaite, on peut sentir la l’expérience d’une Marine forte et entraînée qui a cœur à l’ouvrage. Farore n’avait pas réellement connu de soldats de la Marine, à part lors du blocus de Manshon mais l’ambiance était nettement différente.

L’un des soldats hurle à s’en déchirer les poumons.

« Monsieur Watts! Merci de lancer le ton pour la chanson des marins! »

L’homme se redresse immédiatement au garde à vous avant d’entonner une première phrase que tous les hommes reprennent en cœur. Un spectacle tout à fait fascinant pour les non initiés.



♬♪Oooooooh, pour explorer les terres
Situées au-delà de nos mers
On s'est mis à construire un grand bateau de bois!

Comme on n'veut pas couler
On est là tous un peu embêtés
Le bateau est si grand qu'on n'a pas assez de d'bois

Ha i la i li, ha i la i li

Impossible de construire tant qu'il n'y aura plus d'bois

Ooooooh
Comme on n'veut pas couler
On est là tous un peu embêtés
Impossible de construire tant qu'il n'y aura plus d'bois

Leeeee bateau est fini
Mais y'a encore un p'tit souci
Pour tenir le coup dans le vent ou sous la pluie
Il nous faudrait du grain
Sinon on va tous crever d'faim
Et nous comptons sur vous pour nous tirer d'ennui

Ha i la i li, ha i la i li

Pour tenir le coup dans le vent et sous la pluie

Ooooooh
Il nous faudrait du grain
Sinon on va tous crever d'faim
Nous comptons sur vous pour nous tirer d'ennui

Saaaaaans vouloir abuser
De votre générosité
On n'ira pas loin si y'a qu'du pain au menu
Pour être en bonne santé

Il faut un repas équilibrés
Un peu de viande fraîche ne serait pas de refus

Ha i la i li, ha i la i li

De la bonne viande fraiche ne serait pas de refus

Ooooooh
Pour etre en bonne santé
Il faut des repas équilibrés
Un peu de viande fraiche ne serait pas de superflue!  ♬♪


Après cette démonstration qui renifle la testostérone et les hormones de mâles alpha à plein nez, Farore peut allègrement se promener sur le point observant les autres personnes autour d’elle. Bien sûr, Rilas est présent, il faut dire qu’ils ont un but commun sur cette île. Venir la libérer du joug cannibale et apporter la civilisation en y construisant un vaste parc immobilier avant de demander à ce que le territoire soit reconnu par le gouvernement mondial.
Non seulement Farore et Rilas engendrerait des bénéfices, mais ils permettraient à la Marine et au gouvernement d’annexer une nouvelle île qui pourrait leur servir. Les fonds engendrés permettraient ainsi de financer d’autres projets légaux sur Manshon ainsi que le « Récif Noir ».

Elle a beau regarder les autres personnes, elle me reconnaît ici aucun visage familles et pour dire vrai, elle avoue une certaine ignorance quant à la raison de la Marine de faire voile sur l’îlot flottant. Rilas s’était débrouillé pour négocier la place mais s’était bien garder d’expliquer le pourquoi du comment, confrontant donc Farore à une situation épineuse car inconnue.
Mais elle compte bien faire la lumière sur sa présence et peut-être arriver à en tirer profit.

"Terre!"

La vigie s'affole à la vue de l'île. Les lieux ont l'air lugubre et triste, une sorte d'aura semble émanée. Dieu seul sait ce qu'il se cache sur l'île. Tributaire de la Marine et de son commandement, Fenice ne peut prendre aucune initiative.

    Adossé au bastingage, Edd observait la mer qui défilait devant lui. Le patrouilleur qui lui avait été assigné pour cette mission filait droit. Il esquissa un sourire en repensant ce que le lieutenant-colonel lui avait dit, tapant sur son bureau, et l’air visiblement furieux d’avance : “Je ne veux rien, pas la moindre éraflure sur ce bâtiment ou je vous réduit en miettes ! “. Du coup, le jeune lieutenant restait là. Sa malchance lui avait déjà joué quelques petits tours, notamment en lui faisant rater une marche tandis qu’il descendait de la passerelle pour aller sur le pont. Puis cela avait été quand il voulait rentrer dans sa cabine, un boulet avait roulé devant lui, il avait essayé de l’éviter et s’était pris la porte en pleine poire. D’aucuns y aurait vu de la maladresse mais Edd le savait, c’était juste une mauvaise poisse.



    Il repensa brièvement à la raison de sa présence ici. Un soir comme un autre, il avait joué aux cartes avec une jeune camarade de promotion. La partie avait été longue, et tous les autres joueurs avaient été les dommages collatéraux de leur partie, perdant plusieurs jours de solde dans leur folie. Lui avait une chance folle, elle aussi, puis le vent se mit à tourner, et les défaites s’enchaînaient. Très vite, Edd se trouva sans un Berry devant lui. Puis vint LE pari.

    -Si je gagne, je récupère tout, sinon je ferai ta prochaine mission à ta place !

    -Vendu Artagnan !

    On pouvait s’y attendre, il perdit, elle fut mutée sur North Blue, et Edd reçut l’ordre de mission comme on reçoit un faire-part de naissance d’une ex. Il expliqua la situation à son chef, hilare, et partit pour le QG avec son peloton.



    La malchance avait déjà bien assez joué son rôle. Il avait donc décidé de travailler adossé au bastingage, regardant ses hommes s’occuper, quelques-uns s’entraînaient sur le pont, d’autres nettoyaient. Une fine équipe préparait le repas de midi. Très vite, son regard fut attiré par les différents “extras” de la mission. Il ne comprenait pas pourquoi il n’était pas parti seul. Son peloton avait déjà montré qu’il était pleinement efficace.
    La première était De Ruyter. Elle était de la Marine d'Élite, et en imposait pas mal. Il ne lui avait parlé qu’une fois, quand elle s’était présenté, son ordre de mission. Quoique respectueuse, grade oblige, lui avait senti comme un dénigrement habituel des officiers envoyés sur leurs premières missions. Il espérait juste que cela n’allait pas remettre en cause la moindre de ses décisions.
    La présence des l’autre femme avait été un grand mystère. Elle s’était présentée avec une autorisation à se joindre à l’expédition, et malgré toutes les demandes que le lieutenant avait faites, elle avait pu embarquer avec lui et sa troupe. Elle était vêtue d’une robe fendue, qui avait déjà attiré trop de regards de ses soldats. Son teint pâle et ses cheveux cendrés faisaient ressortir le rouge de ses lèvres. Oui, elle était belle, mais elle paraissait surtout redoutable.
    En tout cas, se dit-il, ce n’est pas une militaire…
    Pour autant, c’est avec elle qu’il allait devoir accomplir cette mission d’évacuation et de sauvetage.
    La vigie cria "Terre !". Edd se leva, et rassembla les différents responsables de la troupe, supplétifs compris, afin de donner les premiers ordres.

    -Bien ! Tous les sergents et les sergents-chefs, ainsi que les éléments extérieurs, passez en salle de mission, que je vous explique comment va se dérouler cette mission !

    Il entra le premier, sans mauvais coup du destin qui aurait abîmé davantage sa crédibilité que son front.


    Dernière édition par Edd D. Artagnan le Mer 13 Juil 2022 - 14:42, édité 1 fois
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    L’Îlot Flottant était placé très bas sur la liste des coins à visiter de North Blue. Il n’y avait quasiment rien d’intéressant dans le coin, et c’était en étant généreux. La seule chose vraiment digne d’intérêt était le petit village d’Hommes-Poissons qui vivait sous la mangrove;  pour le reste, ce n’était que bêtes sauvages et cannibales qu’on trouvait dans le coin. Et bientôt, il n’y aurait peut-être plus d‘Hommes-Poissons non plus.Pare pure (mal)chance, un gros bonnet du Royaume de Sanderr s’était échouée sur l’île et, après avoir réussi à en partir, avait obtenu de la part du roi de l’archipel glacé que l’île soit mise sous sa protection. Entre-temps, les cannibales peuplant l’île, faute d’arrivage fréquent de voyageurs échoués et/ou tannés de se grignoter entre eux, avaient décidé d’ajouter du poisson anthropomorphe à leur menu; aussi il était temps pour Vodran Ksernia de respecter ses engagements.

    C’était une troupe assez hétéroclite qui se dirigeait vers l’îlot. Non seulement il y avait des civils qui faisaient partie du voyage, mais en plus, la majorité des troupes qui participaient à cette opération étaient des Givrelames. Et si les soldats de Sanderr étaient plus calmes que les matelots du gouvernement mondial, qui chantaient à tue-tête, il y avait une personne encore plus calme qu’eux. Impassible, une petite femme blonde vêtue de noir, située à la proue du navire, balayait du regard l’horizon. Même s’ils ne pouvaient pas voir son visage, les quelques Givrelames qui lui avaient parlé avaient immédiatement reconnu l’accent et se posaient la question.

    « Pourquoi diable est-ce qu’une Boréaline est notre fer de lance ? »

    Une excellente question, ça. Les soldats du Givre de North Blue qui devait se faire ouvrir la route par les soldats de la Belle du Nord? Pour les gens non-natifs de ces deux lieux, sans doute que la question de quel tas de glace et de toundra passait avant tel tas de neige et de permafrost était secondaire voire tertiaire; mais pour Boréa et Sanderr, c’était une question d’honneur avec un grand H, de fierté mal placée et autres. Ksernia laisser un sujet de Nordin pointer ses troupes dans la bonne direction devait faire jaser un peu partout sur l’archipel… Au moins, la question de qui était le vrai joyau du froid de North Blue ne se posait plus. Peu soucieuse de ce que pensaient les Givrelames de son statut, son rôle ou la marque de ses cigarillos, Helena tendit l’oreille. Le lieutenant D. Artagnan, leader officiel de cette mission,  convoquait les troupes pour le briefing.

    Techniquement, rien ne la forçait à obéir ou même écouter les ordres de D. Artagnan; la Marine d’Élite n’obéit qu’à elle même sur le papier. Mais dans les faits et surtout vu la composition inhabituelle de la troupe qui participait, faire la tête de bois risquait au mieux de causer des tensions, au pire d’être contre-productif. À moins que ce lieutenant n’aie eu son grade dans une pochette surprise, écouter son plan et s’y tenir s’il n’était pas trop bancal ne ferait de mal à personne. Et surtout, cela enlèverait une occasion aux Givrelames de critiquer Boréa et à la régulière de se plaindre que l’Élite les traitait comme des gamins ou des crevettes. Helena fut la première à entrer dans la salle de mission derrière le lieutenant.



    - Je confesse avoir hâte de voir ce qui nous attend au sol, lieutenant. Je ne m’attendais pas à ce qu’on réquisitionne la Marine d’Élite pour une « simple » évacuation.


    C’était pourtant très simple. Vodran Ksernia était le berger et les Hommes-Poissons les brebis à venir protéger des cannibales qui jouaient les loups. Helena et les Givrelames, eux, étaient le bâton pour tabasser lesdits loups.
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    Vous reprendrez bien un bout de pied ?
    « Dame Corsandre, ou devrai-je dire Fenice, je vois que vous adoptez une tenue des plus héroïque. Elle vous va à ravir, vous en ferez tomber plus d’un avec ça. Au combat et en amour. Krikrikri. »

    Tels avaient été les premiers mots prononcés lors des retrouvailles entre les deux nouveaux associés. Le pacte les liant était encore tout frais et ils embarquaient déjà en duo, accompagnés d’une pléiade de soldats, pour une mission d’importance capitale, autant par la dangerosité que par l’enjeu.

    D’une main ferme, Rilas attrapait l’épaule de sa comparse avant qu’elle ne gravisse le ponton pour rejoindre leur croisière de fortune. L’incommodité se lit sur son visage que l’homme approche de l’oreille de Farore pour lui susurrer quelques mots.

    « Il… se peut que… je sois encore recherché, krikrikri. Rien de grave, soyez rassurée, juste une erreur de la Marine. Mais je vais me cacher à l’arrière du navire, au cas où, plutôt que de me trouver une cabine. On se retrouve une fois débarqués. Et faites bonne impression ! »


    Après un premier contrôle passé sans encombre, l’auto-proclamé recherché s’était faufilé jusqu’à la poupe du navire pour y trouver un confort austère, coincé entre des caissons en bois, installé sur des sacs en toile de jute suffisamment mous pour ne pas s’y briser le dos. Ses quelques mois d’incarcération sur l’île aux esclaves l’avaient rendu plus endurant aux conditions extrêmes, s’accommodant bien vite à son abri de fortune. Si bien qu’il s’assoupit longuement pour une traversée toute aussi longue.

    La farniente, le bruit des vagues, le chant des mouettes, la musique des matelots et la force d’un plaquage. Le réveil fût brutal pour le passager en règle. D’abord un seau d’eau de mer qui pique les yeux puis, à peine redressé, la douceur d’une étreinte chaleureuse pour le maîtriser au sol.

    « Beuargh ! Qu’est-ce que vous fichez ?! »

    Les yeux mi-clos, encore collés par la patte immonde sécrétée pendant le sommeil, l’ancien agent gouvernemental aurait pu croire à un bizutage de soldat ou à une fan éperdument amoureuse si la prise ne s’était pas intensifiée autour de ses poignets, accompagnée de remontrances prodiguées à très hauts décibels.

    - Vous êtes pas un soldat, vous ! Qui vous a fait monter sur le bateau ? Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous avez des complices ? Est-ce qu’ils sont n-

    - Aïe ! Mais c’est douloureux, lâchez moi bon sang ! J’ai une autorisation pour être ici ! Fou-fouillez ma poche ! Oou-ouh, pas celle-ci gredin !


    Pourtant il avait pu embarqué sans souci, montrant patte blanche grâce à un laisser-passer octroyé par le service administratif de la Marine. Pas réputé pour sa rapidité d’exécution, et encore moins sur l’île de Manshon où toute requête devait être accompagnée d’un pourboire pour se placer en tête de file, au bon vouloir de l’employé et de la taille de la liasse, le jeune entrepreneur avait dû ruser et user de subterfuges pour assurer leurs places dans la navette vers l’Îlot Flottant.

    « Tu me la fais pas à moi le pue-la-pisse, ton papier je me torche avec. Juste, Drède, vous l’embarquez et vous l’amenez voir le Lieutenant. Tu vas finir ton voyage avec les poissons, le clown. »

    La dépouille toujours chaude – et encore vivante - traverse le pont, escortée par deux gardes et accompagnée par autant de regards que de militaires aux tenues nacrées similaires à celle du clandestin. Le récépissé n’y changerait rien, désormais considéré comme un intrus à la vue de tous, solidaires des deux gardes-du-corps personnels jusqu’à ce qu’un ordre contraire soit apporté. Face à cette oppressante insistance, Rilas n’en menait pas large, traîné par les aisselles tout en laissant glisser la pointe de ses bottes contre le bois salé. Dénudés de leur couvre-chef, sa crinière bringuebalait au gré du transport mouvementé et de la brise marine, cachant un visage apeuré devant une telle pression : pas celle d’un contingent de bidasses véhémentes, non. Celle de devoir retourner derrière les barreaux alors que le premier contrat de super héros venait tout juste d’être signé. Où était-elle encore fourrée d’ailleurs ?

    Depuis la signature des deux contrats, les associés – pour ne pas dire employeur/employée – s’étaient quittés en bons termes pour se retrouver, seulement, le jour de l’embarcation. Bien informé, propre à son tempérament, sa volonté de contrôle absolu et surtout parce que l’évènement faisait grand bruit sur l’île au vue de son ampleur, l’agent des (futurs) héros avait comme un pressentiment à propos des activités de sa protégée lors de ce court laps de temps. Comme par hasard, après la confection d’un costume intégral et sur-mesure pour parader sous une identité secrète, on apprenait la mort tragique du numéro trois de la famille Tempiesta dans les décombres carbonisés d’une aile du Casino MontePiccoBello, attractivité des plus lucratives de la principale famille de l’île. Il faut dire que la coïncidence était aussi grosse qu’un de ces monstres marins. Peu de chance donc que l’héritière Corsandre soit restée sagement cloîtrée dans son Manoir délabré. Mais faute de preuves, le néo-directeur ne pouvait l’accuser à tort et ne le ferait probablement pas en cas d’aveu. L’acte était un coup de pied dans la fourmilière. Les civils regretteraient possiblement de nouveaux règlement de comptes mais la Marine, elle, pouvait potentiellement se ranger du côté de l’héroïne qui leur avait arraché une épine du pied. Avec les dents. Sèchement. En faisant gicler du sang un peu partout. C’est dingue à quel point on peut saigner aussi abondamment du peton.

    Ramené à sa réalité, extirpé de sa réflexion par un lancé de tomate qui ne manqua pas de tâcher son beau costume, l’ancien bureaucrate était de toute façon bien trop occupé à gérer son propre procès qui ne tarderait pas à commencer.

    « Terre ! » s’écriait-on depuis les hauteurs. Le signal d’alarme lancé, les plus haut-gradés du contingent se rendirent derechef dans la salle d’opération, guidés par les sommations d’un jeune homme à la voix mélodieuse, presque cristalline, et au chapeau à plumes élégant. Une personne de goût, assurément.

    Malmené tout le long du trajet, le trio de bons copains s’immiscèrent dans la file pour rejoindre le Lieutenant et les quelques sous-officiers concernés. Pourtant initialement convié à la petite sauterie, mentionné comme un « élément extérieur »,  le lésé fût jeter au sol comme un malpropre avant qu’on ne vienne le redresser sans délai pour présenter, aux supérieurs, un homme sali et encore hébété par l’arrivée mouvementée.

    - Lieutenant, on a trouvé ce guignol entre deux caisses à l’arrière du navire.

    - Mais puisque je vous dis que j’ai le droit d’être là ! Regardez, c’est écrit noir sur blanc sur ce papier !


    Vêtu de son plus beau costume tâché, Rilas venait de faire une entrée en scène fracassante comme il savait si bien le faire. D’un geste ondulant pour se défaire des prises qui l’accablaient, celui qui venait d’interrompre le début du briefing malgré lui, s’époussetait calmement face à l’assemblée et plongea sa dextre sous son veston marqué. Preuve insuffisante aux yeux des deux soldats, la feuille s’agitait sous le nez des personnes présentes pour qui voulait bien s’en saisir et mettre un terme à cette mascarade. D’un bref mouvement, il chipe son chapeau d’entre les mains d’un de ses bourreaux pour le fixer dignement sur sa tignasse noire. Conjointement, ses doigts ajustent adroitement le châle parfumé autour de son cou et octroient un peu d’air pour se prononcer en faisant preuve d’un degré de charisme supérieur.

    « Je me présente : je suis Rilas, agent et directeur de super-héros. J’accompagne la future héroïne qui compte bien délivrer les mers des Blues, et plus loin encore, de tous les problèmes qu’elles regorgent. Vous ne connaissez pas encore son nom, et bien que je doute que vous ayez pu passer à côté d’elle depuis son embarcation, vous entendrez bientôt parler d’elle aux quatre coins du globe. Combattante du crime et défenseuse des opprimés, dans une quête de rédemption face à un passé tumultueux, je vous prie d’accueillir.. Fenice ! »

    Pas programmé à l’avance, l’introduction découlait d’une improvisation la plus totale et ne marcherait que si, et seulement si, la femme qu’il venait de vanter allègrement ne se trouvait pas DÉJÀ dans la pièce. Balayant la salle d’un regard tardif, qui aurait dû être fait avant le monologue, le présentateur soupira discrètement de soulagement en n’apercevant que la blancheur des uniformes de la Marine. Les bras du comédien se balancent aussitôt sur le côté pour désigner l’entée pour accueillir la célébrité. Si l’accueil est mesuré, c’est sans doute parce que la silhouette aux courbes ravageuses peine à se dessiner dans l’entrebâillement de la porte. Le silence gênant qui découle du feu de paille est entrecoupé d’un rire gêné et d’un nouveau geste de mains, paumes ouvertes.

    « J’ai dit.. Accueillez Fenice ! »

    KoalaVolant
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    - La quête -



    L'ordre est clair et sec. Il impose le respect et demande clairement à ce que tout soit fait proprement et en ordre dans des délais bref. Tout ce que détestait au plus haut point Farore. Elle avait déjà eu de nombreux contacts avec la Marine; des bons, des mauvais, mais surtout des relations commerciales solides et elle savait d'expérience que certains de ces soldats étaient loin d'être les défenseurs de la veuve et de l'orphelin.
    Fenice s'aventure donc conformément aux ordres dans la salle de briefing. C'est un endroit fascinant qui permet à Farore de comprendre certaines méthodologies et techniques de travail. Elle était impatiente de comprendre et conceptualiser les détails de la mission mais surtout de rencontrer la population. Dans son superbe uniforme flambant neuf et son masque, elle arbore une posture déterminée et rassurante, c'est exactement ce que voulais Rilas.
    En parlant de ce dernier; il venait tout juste d'entrer en grande pompe dans la dite salle, dans un premier temps Farore observe les deux personnes qui sortent du lot. Un soldat d'élite de la Marine visiblement et l'officier en charge, s'il fallait convaincre de l'innocence de Rilas ce serait auprès de ces personnes et personne d'autres.
    Rilas tente de se défendre tant bien que mal, mais le chétif combattant ne semble pas vouloir défendre correctement sa vie, que ce soit par la violence ou les mots.

    Un choix s'offre donc à Farore, offrir la véritable identité de Rilas à la Marine et s'assurer une mission sans encombres et ainsi se détacher d'un contrat qui semble de plus en plus être un fardeau ou... S'assurer de sa libération et tenter de garder un partenaire commercial sur le long terme. Un choix cornélien, les deux options étant extrêmement tentante. Mais Rilas réalise une nouvelle tirade qui fait grandement pencher la balance. Il espère que le publique présent, des marines agguéris aux combats et aux batailles, d'acclamer l’héroïne inconnue.  Une gêne immense envahie peu à peu Farore et son teint d'ordinaire si clair, vire au cramoisi. Profondément déçue de l'attitude de Rilas, elle décide de faire le pire choix qu'il soit pour lui. La dame cendrée a toujours voulu le contrôle, le parfait contrôle de l'image, de la parole, et de ce qu'elle peut reflétée. Il est désormais temps pour Farore de laisser entrer sa stratégie dans la salle de briefing.

    "Je suis Fenice ! L’héroïne de Manshon. Défenseur de la veuve et de l'orphelin. Je suis ici en mission de soutien pour la Marine. Rilas ici présent dit la vérité, il est le directeur de... De... Des... Des "Oiseaux de proie" ! Et je suis le... Le Phénix, et je suis donc à la tête de cette escouade composée de... Moi même et de... D'autres héros qui sont... Qui sont sur d'autres missions! Les papiers de ce monsieur sont on peut plus en règle. Je vous en conjure, il est tout ce qu'il y a de plus innocent. Sa présence est essentielle pour la mission, il a des compétences intellectuelles... Indéniables."

    Rilas venait tout juste de commettre la pire erreur de sa vie, il avait sceller son destin aujourd'hui. Au lieu de pouvoir vivre une vie tranquille loin de Manshon et des ennuis, ce dernier devrait assumer le prix de son lien et des problèmes qui en découleront. Non, la meilleure chose qui aurait pu arriver à Rilas c'est d'être démasqué et de finir tranquillement quelques temps en prison. Au lieu de ça, Farore venait tout simplement de le condamner à moyen terme.

    "Maintenant que tout ceci est réglé, peut-être pourrions nous laisser l'officier en charge de la mission nous expliquer son plan. Et nous, nous nous posterons là ou notre concours sera le plus utile. N'est ce pas Directeur Rilas des Oiseaux de proie?"

    Tentant de sauvé les meubles, Farore voue une rage interne à Rilas. L’îlot flottant, au-delà d'une simple mission, représente une source financière imposante pour Farore sans compter qu'il s'agirait là de son ticket d'entrée pour la bureaucratie du gouvernement mondial. Personne dans cette pièce ne lui empercherait d'atteindre son but.

      La salle de briefing constituait le domaine d’Edd. C’était une pièce assez grande qui occupait toute la place du château du navire. Deux portes symétriques donnaient sur le pont principal, et une trappe permettait d’accéder à la cale. Les cartes s'étalaient sur les tables autour de la pièce, parmi les objets de navigation et les schémas, et le mur central affichait les côtes peu connues de l'îlot flottant. Edd se frotta les mains en regardant l’ensemble de ses auditeurs. En plus de ses subordonnés habituels, la caporal-chef d’élite, la femme étange et le chef des Givrelames.

      -Bien ! Bonjour à tous, voici notre destination, l'Îlot Flottant. Notre mission consistera à évacuer le village à l'ouest de l’île. Celui-ci est défendu par des récifs empêchant d'accoster de ce côté et de simplement les embarquer. Avant de commencer, avez vous des ques…

      Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, que faisait irruption dans la pièce Rilas. Après quelques explications, Edd prit la feuille tendue par le nouveau venu. D’un côté, il voulait bien croire que l’administration avait une fois de plus pas usurpé sa réputation de ne rien faire à l’heure. D’un autre côté, c’était aussi l’endroit où une bourse de berries permettait de quasiment tout obtenir. Sans compter les faux-papiers, Edd n’avait absolument pas confiance. Pour autant, il ne pouvait pas le laisser à fond de cale.

      -Cela me semble correct… cependant il est expressément fait mention de votre statut de non-combattant. Alors restez ici et écoutez le plan d’action.

      Le Lieutenant se racla la gorge avant de reprendre, montrant le tableau où s’étalait

      Nous débarquerons à cinq sections. La 6e sera chargée de défendre le navire et de valoriser la position de notre lieu de débarquement. Ensuite nous progresserons en direction du Nord-Ouest en formation diamant en base avant.

      Le schéma montrait une section de tête, puis deux sections derrière espacées, suivie de deux autres sections plus proches l’une de l’autre.

      -Comme d’habitude, la 1e ouvrira la voie, je serai avec eux. Puis viendra la 2e avec la caporal-chef de Ruyter. A leur niveau avec un grand espacement, la 3e avec Fenice, puis à l’arrière la 4e et la 5e avec moins d’espacements. Les Givrelames resteront au milieu du dispositif en élément de choc en cas d’attaque. Concernant le dernier civil, vous resterez au niveau du navire, avec conseil appuyé de rester proche de la troupe, éviter de l’énerver et surtout ne pas mettre le brin là dedans, ai-je été clair ?

      Il appuya ses ordres d’un froncement de sourcils vers l’importun.
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      Helena leva un sourcil devant le fracas causé par l’irruption des hommes d’Artagnan, qui brandissaient un passager clandestin comme s’ils venaient de faire la prise de la journée. Ledit passager, répondant au nom de Rilas, se présenta comme un directeur de super héros (?) et mettait tous ses efforts à offrir une entrée en scène des plus épiques à une dénommée Fenice (???). Et la dénommée Fenice, dans tout ça, semblait quelque peu gênée devant un tel barouf, mais ajouta sa touche personnelle à la folie ambiante (?????); bafouillant quelque peu, elle s’identifia bien comme étant effectivement une version réelle d’un héros de bande dessinée.


      - *Dans quoi me suis-je embarquée, au juste…?*


      Tout ça faisait beaucoup pour une personne guindée et sérieuse comme Helena. Mais après quelques secondes de réflexion et en voyant qu’Artagnan avait décidé de passer outre toute cette déferlante d’originalité, non sans avoir ordonné au fameux Rilas de rester en arrière vu son statut de non-combattant,  De Ruyter décida de faire pareil.  Quelques excentriques de plus ou de moins dans ce monde ne ferait pas plus de différence; et s’ils étaient prêts à mettre la main à la pâte pour apporter leur aide aux Hommes-Poissons, ils pouvaient se qualifier de super-héros ou autre autant que ça leur chantait. Et puis, Sengoku n’était-il pas connu pour trimbaler une chèvre et une décoration grandeur nature en forme de mouette sur sa casquette de son vivant ? Si lui pouvait se permettre un comportement qui laissait supposer qu’il avait des fils qui se croisent, on pouvait bien laisser des civils se prendre pour des super-héros, non ?

      Le plan de bataille fut vite établi, et force était de reconnaître qu’il était solide. En bon officier, Edd  menait la formation, mais gardait son muscle à portée de main. Vu le coté diplomatique potentiel, c’était une bonne idée de ne pas ouvrir la marche avec les bourrins. « Fenice » accompagnerait les musclors et Rilas resterait en dernière ligne à surveiller le bateau, Tout était on ne peut plus clair.



      - Je présume que notre but sera de privilégier l’arrivée au village des Hommes-Poissons et leur évacuation le plus rapidement possible, et pas de chercher à éliminer le plus de sauvages, lieutenant ?


      La question avait une réponse évidente; vouloir écraser les sauvages jusqu’au dernier était une perte de temps et surtout un coup de poker; qui sait combien de cannibales il y avait vraiment qui voulaient en découdre ? Helena, dans un petit moment de suffisance, avait plus posé la question pour le reste de l’assemblée que pour elle; si elle n’avait aucun doute sur le fait qu’Edd voyait les choses sous le même angle qu’elle, les Givrelames et les civils, pas sûr. De plus, ce genre de question, c’était celle qu’on attendait de la part de la Marine d’élite, dont les fiches de poste contenaient toutes une dizaine de variantes de l’expression « Péter des gueules »; passer pour le destructeur de service, c’était la raison pourquoi on embauchait des gens dans la 101ème. Helena rappelait au monde qu’elle n’était pas ici pour faire du macramé, Artagnan remettait les pendules à l’heure et l’assemblée avait sa piqûre de rappel quand à l’objectif exact. Tout le monde y trouvait son compte !
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      Vous reprendrez bien un bout de.. pied ?
      « Sur le navire ? » rétorqua-t-il, une pointe aiguë de stupéfaction dans sa voix. Sa présentation en gage de directeur des Oiseaux de Proie et accompagnateur venait de créer un quiproquo inopportun, le condamnant à moisir sur le pont pendant que son investissement associée se tirerait la bourre avec les autres sauveurs présumés des locaux de l’île. Une potentialité inconcevable face à la nature inédite et encore trop fraîche du rôle dans lequel s’était embarquée Farore S. Corsandre, sans parler de son instabilité chronique qui menaçait de mettre en péril sa côte de popularité naissante, à l’instar d’un déni de grossesse, étudiée pour grimper en flèche au moment opportun.

      « Très clair, je reste sur le navire. Je vous remercie déjà d’accepter d’intégrer Fenice au sein de vos forces armées, même si nous devions initialement partager uniquement le moyen de transport. C’est un honneur pour elle de combattre à vos côtés. Cette femme a beaucoup de respect pour la Marine, vous savez ? Nous louons tous votre force d’abnégation et vos qualités combatives. Je suis persuadé que le Phénix sera un atout insoupçonné que vous finirez par adorer ! »

      Sourire charmeur étendu pour dévoiler ses dents aussi blanches que sa tunique, énième artifice physique pour inspirer la confiance, le chef des – du - piaf(s) de malheur se donnait à nouveau en spectacle devant le parterre de sous et dessus-officiers, certains médusés, d’autres plus circonspects face à pareil énergumène.

      Pas équipé pour une assistance en distanciel comme il le faisait lors de sa précédente vie au sein de la bureaucratie gouvernementale, où il guidait parfois les agents via escargoreillettes lors de missions, ce statut de non-combattant contraignait terriblement son champ d’action, rendu quasi nul.

      Après quelques minutes, rallongé par le show intempestif et inopiné, le briefing touchait à sa fin. Quelques questions vinrent ajouter de la consistance à un plan simple, sans fioriture, mais qui manquait de détails dans sa finalité, contrairement à l’organisation des troupes qui, elle, était finement élaborée. Des réponses que le chef des opérations apporterait en temps voulu, lui qui n’avait pas l’air d’être de l’école de l’Improvisation.

      Petit à petit, l’immense salle à cartes évacuait le haut commandement de la mission par ses deux ouvertures à équidistance. Profitant du mouvement général, loin des cohues publiques qui se seraient déjà engorgées dans une sortie pour y bloquer le passage, Rilas attrapa le poignet de celle qui couinait de son corps, au gré de ses pas chaloupés, victime d’un cuir moulant à outrance. A sa hauteur, la perche murmure quelques mots à l’orifice caché derrière la crinière nacrée.

      « Je ne raterai pour rien au monde votre entrée en scène lors de votre première mission. Dès que les soldats de la Sixième auront le dos tourné, je me faufilerai hors du navire pour vous rejoindre au plus vite. Vu que vous êtes sur un flanc ça sera plus simple pour vous retrouver. De votre côté, tenez-vous en à ce qu’ordonnera le coiffé en y ajoutant une note de super-héroïsme. Mais n’en faites pas trop, votre force et vos formes.. -idables talents feront le reste. Votre légende est en marche, demoiselle Corsandre. Elle est même en train de courir, krikrikri ! A nous ce complexe touristique monumental sur cet îlot somptueux ! »

      A l’orée de l’encadrement de la porte, l’air s’alourdissait affreusement. Humide, chaud, les peaux péguaient à vue d’œil. La chair poisseuse risquait d’attirer les autochtones véhéments qui prendraient les troupes engagées pour de nouveaux hommes poissons. L’astre tapait fort, si fort qu’il éblouissait quiconque sortait de l’intérieur, ajoutant un peu plus de suspens pour révéler la beauté des lieux. A peine sorti, toujours partiellement aveuglé, le civil affichait une excitation enfantine quant à la découverte de son futur pied-à-terre, lieu de futurs immenses projets commerciaux. Un endroit jugé prospère par son associée et qui serait le commencement de sa véritable vie. Une île idyllique qui accueillerait petits et grands pour un cocktail de farniente et d’attractions à l’effigie de ses futurs supers. Une île aux eaux turquoises, au sable doré et chaud, aux cocotiers juteux. Une île..

      « Attends, c’est ça l’îlot flottant ? Mais c’est dégueulasse !Et c’est comme ça sur TOUTE L’ÉTENDUE de l’endroit ?! Bon sang mais le béton ne tiendra jamais sur la boue, comment est-ce que je vais faire construire mes manèges ?  Ah mais quelle idée de mer- ! »

      La bottine frappait contre le pont d’un agacement prononcé, pestant contre cette contrée odorante et la femme qui l’avait jugé comme économiquement viable. Voilà que le château de cartes s’écroulait presque complètement.

      Malgré le désarroi total, l’entrepreneur s’efforçait de garder le sourire après s’être fait de nouveau remarqué, tâchant de ne pas dévoiler de trop ses intérêts pécuniaires, balayés par une branche de mangrove puante et moisie. Quoiqu’en disaient ses discours politico-marketing à base d’héroïsme et de bienfaisance, l’argent restait et restera le nerf de la guerre. Sans berries, la société des Sauveurs ne pourrait prospérer pleinement dans ses activités non lucratives aux yeux de la populace. Et même si la célébrité n’avait pas encore toqué à la porte des deux comparses, vierges de tout triomphe, le fondateur ne désirait aucunement dégager une image de gérant cupide, lui qui ne jurait que par son rêve de grandeur, pas celle d’une montagne de pièces sonnantes et trébuchantes, mais bien celle des strass et des paillettes.  

      Plus tard...

      Niché contre le bastingage, Rilas observait les troupes qui descendaient du navire pour rejoindre la vase du marais. Chassant un moustique très insistant, comme un loubard de chantier naval qui tenterait désespérément de conquérir le cœur d’une jolie femme en la sifflant sensuellement, ses prunelles se concentraient principalement sur son œuvre, à la fois anxieux de la voir partir sans son créateur et excité de la voir enfin à l’œuvre.

      Son poulain se trouverait au milieu des troupes, excentré. Seul lot de consolation et porte de sortie envisageable pour la rejoindre en temps voulu. La méfiance du Lieutenant le poussa sans doute à encadrer l’extravagante entre ses subordonnés, non loin des Givrelames, tout en lui assignant toutefois une unité sans réel commandement interne : une aubaine pour la célébrité en devenir.

      Les silhouettes s’enfoncèrent plus profondément dans la mangrove pour disparaître définitivement, entre racines et végétations denses. Il s’agissait désormais de trouver le moment idéal pour se soustraire à ses obligations. Flânant sur le pont du navire, Rilas observait attentivement les activités de la Sixième, entre entretien du matériel et occupations plus enfantines, possiblement lassés d’une telle affectation ennuyeuse pendant que le reste des troupes s’amuserait les bottes dans la boue. A l’inverse, les soldats ne semblaient lui porter que trop peu d’intérêt, plus attirés par le costume trop taillé de Fenice que l’autre partie du duo.

      « Il va falloir me dépêcher si je veux pouvoir les rattraper. Un plan, vite. Un plan.. Implant ?.. Je suis un génie ! » murmurait-t-il à demi-mots entre ses lèvres, poing fermé que l’homme secouait allègrement pour exprimer sa victoire cérébrale. Une longue inspiration, un raclement de gorge et puis :

      « Par tous les saints d’Uréa ! La Caporal-Chef Ruiteur et la femme en cuir qui colle se roulent dans la boue ! Combat de chats ! Oh-la-la, c’est indécent ! »

      Utiliser la libido de bleusailles pouvait sembler vache mais représentait l’un des meilleurs moyens de déconcentration à sa portée. Le choix des fausses combattantes n’avait rien d’anodin non plus, misant sur la sensualité de l’héroïne et sur une sous-officier de la Marine dont Rilas avait pu notifier l’avantage physique conséquent, rarissime au sein d’une armée aux traits majoritairement masculins. Deux concurrentes de concours de beauté associées pour duper ses ravisseurs qui accouraient vers le flanc du bateau pour ratisser la zone d’accostage de leurs yeux lubriques.

      - Je les vois là bas, regardez !
      - Où ça ?! OU CA !
      - Ah non, c’étaient des feuilles ! Que quelqu’un me dise où est-ce qu’elles sont !


      Tous ne mordaient pas à l’hameçon du désir mais cela suffisait au civil pour se faufiler hors de sa prison flottante, accroché à un cordage jusqu’à atterrir dans l’eau. La berge se trouvait à quelques longueurs de la coque mais Rilas ne pouvait se risquer à voler une barque pour la rejoindre, suffisamment coupable après cette évasion.

      Seul son chapeau dépassait de l’eau tandis que sa chevelure s’effilait à la surface, ressemblant à une méduse bicolore, couverture parfaite après la frustration du personnel navigant.

      « Uuuuh ! C’est encore pire que ce que j’imaginais. Quelle chaleur étouffante. Pouah ! Et puis cette odeur répugnante ! Ça va coûter cher en bâtonnet désodorisants, pas étonnant qu’on y ait parqué des hommes poissons, je ne vois qu’eux pour supporter un pareil endroit ! »


      L’eau dans ses bottes faisait couiner chacun de ses pas sur le rivage nouvellement rejoint. Il lui fallu quelques crachats pour se défaire d’une odieuse sensation vaseuse dans sa bouche et de ses pensées négatives. Sa poigne ferme serrait sur les pans de tissu imbibés et verdis, s’accordant un bref répit pour reprendre son souffle frénétique.

      « Le chapeauté a dit Nord-Ouest. Si je me fie au soleil, je dirai qu’ils sont partis.. Mh.. Par là. Impossible de se perdre dans ce marécage et je suis tout seul, j’irai bien plus vite que tout un troupeau. »

      Comment pouvait-on être aussi naïf ? Ou peut-être était-ce l’égo de l’aventurier épris de son odyssée solitaire. L’ancien col blanc avait pourtant raison sur au moins un des points : la formation en diamant peinerait davantage dans sa progression qu’un soliste. Faudrait-il encore savoir dans quelle direction se diriger, loin des panneaux indicateurs citadins qui vous indiquaient les meilleurs thé à bulles de Shabondy.

      « Pourquoi l’îlot flottant d’ailleurs ? Ça aurait dû s’appeler l’îlot coulant plutôt, krikrikri. Elle est bonne celle-là, dommage que monsieur Dienage ne soit pas là pour l’entendre. Il me manque ce bon vieux Edgar… Tiens, c’était quoi ça ? »

      Le bruit cueillait ses oreilles encore humides, frétillantes au son reconnaissable des marches militaires et des coups de sabre déforesteurs. Il ne fallu que quelques minutes à la perche blanche pour retrouver le contingent, assisté par les traces des innombrables semelles qui aplanissaient la terre. Redoublant d’efforts pour rejoindre l’arrière du peloton, Rilas s’arrêta sur une butte pour scruter le numéro du régiment que le coureur venait de rattraper.

      « La cinquième, parfait ! Ca signifie que je n’ai plus qu’à la contourner par la droite et je retrouverai mon oisillon. Ah ! » Sa senestre venait de recouvrir ses lèvres, trop tardive pour retenir ce petit gloussement de désagrément, chassant de son autre main une arachnide aussi grosse que son pouce. Ici, dans cette zone délabrée, tellement pourrie qu’il n’était pas dur de déterminer pourquoi personne ne l’avait encore achetée et bâtie, et faunes et flores pouvaient attenter à votre vie.

      De ce sentiment d’insécurité s’était créé une forme d’admiration chez le baroudeur insouciant. Les pupilles écarquillées épiaient l’environnement, à la recherche de nouvelles espèces qui lui étaient méconnues et qui finiraient par le rester une fois le déboisement effectué. Autant profiter de ce que les machines arracheraient à mère nature. Une maman ayant abusé de la boisson pendant la grossesse et peu soucieuse avec son hideuse progéniture, hautement dangereuse à cause d’un mauvais entourage.

      Après une brève analyse du terrain, la direction de tout ce beau monde en tête, le jeune homme venait de bifurquer hors du sentier pour rejoindre le flanc de la gemme. Rassuré d’avoir retrouvé le cortège, un peu miraculeusement, Rilas flânait étonnamment en territoire hostile, considérablement moins concentré que pendant la première phase de ses recherches. Le calme des mangroves rendait la ballade des plus plaisantes, si l’on omettait les désagréments potentiels. Comme les insectes par exemple.

      « Aïe ! » s’exclama-t-il en frottant furieusement son arrière train. « Ils ont le nez super pointu les moustiques par ici. Oust suceurs de sang, vous n’aurez pas une seule goutte ! Bon sang, cette maudite bestiole a réussi à trouer mon pantalon. Uh ?[ »

      Toujours importuné par sa douleur, le blessé relevait le nez pour constater avec effroi la présence d’une nouvelle espèce inamicale : les indigènes cannibales.

      « Aaaaaaaaaaaaaaah ! » Bonk.

      Le cri avait affolé les oiseaux autrefois perchés sur la canopée avant de s’éteindre entièrement sous les racines, redonnant au marécage son bruissement habituel.

      Snif. Sniiiif. La douce odeur de cochon grillé venait réveiller l’assoupi en titillant ses narines. Ou était-ce la chaleur d’une flamme caressant son fessier noirci par la cuisson. La rôtisserie gesticule erratiquement sur son bout de bois. Solidement attaché par les pieds et les mains dans une position communément appelée "chien tête en bas", le repas du jour prenait soudainement conscience de ce qui l’entourait. Les corps chétifs et tatoués des autochtones s’étaient amassés autour du feu de cuisine, babines pourléchées joyeusement face à la prise paniquée et toujours aussi déchaîné.

      « Qu’est-ce que vous faites ! Vous n’allez pas me manger quand même ? Je n’ai que la peau sur les os ! Pitié, j’ai une famille et des enfants ! Si vous voulez je vous les donne ! Il paraît que la viande de bambin est plus tendre ! S’il – vous – plaît-hé-hé-hé...»

      Une manière de négocier comme une autre. Nous rassurerons le lecteur en lui disant que, fort heureusement vu l’énergumène, le plaintif n’était ni maqué, ni parent. Les cannibales, eux, n’avaient que faire des gémissements et des propositions indécentes de la collation, préférant danser en rond pour célébrer selon leurs coutumes tribales, lances dressées dans les airs pour l’occasion.

      Les yeux clos d’où s’écoulaient les larmes de l’abandon, acceptant son tragique destin d’être la pièce principale du menu. Lui qui désirait attirer l’attention sur ses desseins, Rilas aurait au moins eu le mérite d’agiter les langues, une métaphore comme une autre pour penser qu’on parlerait de lui. Le porcelet ne s’agitait plus que par le balancement régulier découlant de son mouvement antérieur. Le dernier survivant de la Sucette Squad s’éteindrait dans les flammes.

      « Ooooooh ! »

      Le bêlement de stupéfaction fit ouvrir les paupières au condamné pour constater que la chorégraphie venait de cesser subitement, toute l’attention rivée vers le sol à l’orée des bûches enflammées.

      - Ça poupée maudite ! Bâton blanc être vaudou ! 
      - Qu- Hein ?
      - Éteignez elle !


      Tête basculée vers l’arrière, le Vaudou s’apercevait qu’une de ses figurines en laine venait de glisser de son long manteau pour choir sur le brasero dont quelques tatoués s’empressèrent de réduire l’intensité pour la sauver. Ébahis de voir un étranger maîtriser la sombre magie, les bouches baveuses se turent pour reprendre de plus bel dans un dialecte inconnu, laissant toutefois penser à un débat.

      Dans l’incompréhension, toujours chaudement installé, Rilas s’attardait enfin sur les détails du modeste village dans lequel il finirait ses jours. Bicoques sur pilotis pour éviter les crocodiles, abats de poissons bipèdes, têtes réduites plantées sur des pics et poupées pendues à des cordelettes. Le comble du bon goût.

      « Vous aussi vous avez des figurines ? Re..-regardez, j’en ai encore plein dans mes poches ! Libérez-moi et je vous les donne toutes. Je vous en ferai même des personnalisées si vous voulez ! »

      A ces mots, le brasier s’éteignit sur-le-champ et on coupa les liens du chapeauté, sauvé par la passion du tricot. Ce dernier ne se fit pas prier pour extirper tout son attirail de poupées tressées à l’assemblée, conquise. Plus imposant que ses congénères, du haut de son mètre cinquante, ce qui semblait être le chef de la société annexe s’empara des jouets en laine.

      - Toi puissant sorcier avec grande coiffe !
      - Krikrikri, merci du compliment, on ne m’avait jamais dit que j’avais un grand chapeau. Mais vous voulez voir quelque chose de plus impressionnant encore ? En tant que grand maître des poupées, j’ai choisi un champion pour me représenter. Vous voulez la voir ?


      Clou du spectacle, judicieusement gardée sous son veston pour asséner le coup fatal, l’ensorceleur improvisé dévoile, aux yeux de son public conquis, la Fenice miniature, aussi avantageusement rembourrée que le modèle en chair et en os.

      - Ooooh ! Toi aider nous, en échange, nous pas manger Dures-Fesses.
      - C’est moi Dures-Fesses ?
      - Toi créer poupée de grand chef ennemi pour maudire. Ainsi, aidé par tes pouvoirs damnés et de ta gardienne, nous nous assurerons une victoire tonitruante sur nos belligérants qui empiètent sur notre territoire et nous détroussent de nos victuailles !
      - Vous venez de parler correctement là ?..
      - Ouga Ouga ! Taisez-vous, vous allez me faire griller…


      Deux onomatopées symboles d’un succès futur, enhardi par la providence qui venait de mettre un être si puissant sur la route d’indigènes aux problèmes sociétaux étonnamment importants...
      KoalaVolant
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      - Le Comptable -



      Et c'est tout ?!

      C'est donc là le beau fleuron de la Marine en action ? Un plan d'attaque à peine sorti du chapeau de Rilas par le biais d'un tour de passe-passe maladroit ?
      Farore écoute avec attention le briefing sommaire et d'une simplicité affolante. Est-ce là tout ce que peut dégager un officier de la Marine en termes de tactique et de stratégie ? Abasourdie et frustrée par le plan défini par le Lieutenant, Farore se met à se poser un millier de questions. Est-ce là, la même Marine qui sur Manshon, tente de régner d'une main de fer ? Est-ce que les officiers supérieurs ont tous ce niveau ? Est-ce que la Marine opère toujours ainsi ? La plupart des plans se bousculent dans sa tête, si le niveau tactique est si faible et peu prometteur, elle pourrait en tirer parti sur Manshon et mettre la Marine dehors une bonne fois pour toutes !

      Mais la question actuel n'est pas de savoir si oui ou non elle pouvait s'occuper de Manshon, mais de bel et bien connaître la puissance de combat de la Marine. Après ce bref exposé, elle était d'autant plus surprise de ne pas voir une enquête approfondie sur Rilas le bien nommé. Est-ce là une confiance aveugle en la justice d'une prétendue héroïne, ou un manque flagrant de volonté de faire correctement le travail ? Toujours est-il que ce dernier est consigné à bord avec l'absolue interdiction de prendre part à la mission. Un soulagement pour Farore qui n'a absolument aucune confiance dans le potentiel belliqueux de l'homme au haut-de-forme.

      Cependant, elle avait observé pendant un certain temps le soldat de la Marine plus en retrait. Elle semblait plus posée et dégage une certaine aura, non pas que Fenice ne la juge sur sa plastique, mais plutôt sur une certaine forme de confiance et de sûreté qui s'émane de sa personne. Un individu à surveiller de près selon elle. Bien que le but premier de Farore soit l'accomplissement total de la mission, elle ne peut s'empêcher d'avoir une certaine méfiance envers la Marine, qui devait sûrement être réciproque.

      Une fois, le pied-à-terre, l’héroïne s'en tient au plan. En obéissant aveuglement, c'est un bon moyen de tester l’efficacité de la stratégie de l'officier et de comprendre les rudiments des formations des soldats dans un milieu hostile. Il est tout aussi intéressant de comprendre le fonctionnement du commandement élémentaire habille ou non, distillé par l'officier supérieur. Ses pieds s'enfoncent peu à peu dans les marécages puants et nauséabonds, elle croit même entendre et voir une plante se soulager de manière bruyante. Surprise, elle ne s'attendait pas vraiment à ce que l'île soit pire que ce qu'on lui avait décrit.

      Car oui, Farore savait pertinemment où elle mettait les pieds. Elle avait délibérément menti à Rilas. L'unique raison de sa venue dans ces terres hostiles n'était ni plus ni moins que l'appât du gain. Dans un premier temps, elle empocherait la récompense, puis dans un deuxième temps, elle se ferait oublier de Manshon quelque temps pour des raisons... Diverses et variées. L'ultime raison est de forcé Rilas à renégocier, car à leur retour sur Manshon, beaucoup de choses auront changé et Farore serait dans une situation bien plus avantageuse que celle qu'elle avait présenté en surface à l'investisseur un peu naïf.

      La marche se fait plus dure, et l'odeur semble envahir le moindre tissu et les moindres pores de peau. Mais soudainement, un cri déchira les bruits ambiants, entremêlé ainsi à celui des crapauds, des insectes volants et des rongeurs en tout genre. Fenice prit le temps d'observer pour voir une nuée d'oiseaux s'enfuir au loin. Elle aurait pu prévenir son groupe de soldats, mais préfère ralentir le pas jusqu'au moment où elle parvient à échapper à la surveillance des soldats. Satisfaite de son échappée, elle se dirige vers le cri avec la plus grande prudence, préférant de cette manière avoir une vision plus efficace sur l'adversité si elle existe.

      Cachée dans un fourré, elle peut observer toute la scène avec Rilas et le peuple cannibale, surprise que ce dernier s'en sorte aussi bien, elle décide de faire demi-tour. Son sort lui importe peu au final, elle peut trouver d'autres investisseurs aussi ridicules et naïfs que lui. Tandis qu'elle retourne en direction de son contingent, elle se ravise et retourne en direction du peuple cannibale pour finalement prêter main-forte à Rilas. Après tout, elle n'avait pas risqué sa crédibilité sur le navire pour rien. Il ne fallait pas attirer le moindre soupçon. Elle prépare ses jambes et ses attaques quand une autre idée lui vient à l'esprit.

      Elle déboule du fourré en distribuant quelques bousculades avant de venir s'agenouiller devant Rilas, le souffle court.


      "Oh merci... Mon Dieu vous êtes en vie ! À GENOUX DEVANT NOTRE DIEU BANDE INFIDÈLES PERFIDES !"


      L'ensemble de la tribu a les yeux grands écarquillés avant de mettre en joue Farore avec pieux, lances, frondes. Cette dernière sent qu'elle doit en rajouter davantage si la mayonnaise veut bien prendre.

      "Dieu ! Accorde donc ton pouvoir à cette tribu élue ! Je suis la grande prêtresse Kaloula ! Et je sens le potentiel belliqueux de ce peuple ! Toi, Dieu de la guerre ! Accorde tes pouvoirs aux saintes effigies et menons le peuple à la victoire !"

      Farore était dans l'impossibilité de savoir si son plan fonctionnerait, Rilas devrait de son côté, jouer ses ultimes cartes faute de quoi le combat serait inévitable.

        La journée avançait tranquillement, de même que la troupe à travers l’épaisse jungle. Les éléments de tête avaient fort à faire pour dégager la voie à coup de machettes dans la végétation dense. Le lieutenant était aux abois. L’un de ses hommes sembla le remarquer, à son air soucieux.

        -Et pourquoi on n’ratisse pas la jungle pour défoncer ces foutus cannibales ?

        -Parce que ce n'est pas la mission. On se magne pour aller au village, on récupère les poiscailles et on se casse. Ils peuvent garder leur marais, ça ira bien. Moins on va au contact et moins on s’éternise… C’est curieux d’ailleurs, mais on n’a repéré personne.

        -Lieutenant ! Le village est pas loin !

        Edd releva la tête. Il regarda la carte pour repérer les entrées souterraines vers les racines de la mangrove.
        -Hé ! Regardez !

        Les yeux de la troupe se fixèrent vers un homme poisson Carpe malhabilement caché dans le décor. Il fallait dire que ses motifs rouge vif tranchaient avec le vert terne du lieu. Edd s’approcha.

        -Nous sommes de la Marine, envoyés par le Roi de Sanderr pour vous aider à évacuer. Menez nous dans votre village, nous assurerons votre sécurité jusqu’au navire.

        -Ploop, ho c’est vous ploop ! Ploop venez je vais vous emmener voir Zigg ploop !

        Sans laisser de temps après sa réponse, il entra dans un mélange de lianes et de racines. Edd le suivit. Derrière se trouvait un grand escalier autour des racines massives de la mangrove. L’air y était lourd et humide, plus encore qu’à l’extérieur.

        -Ploop attention, ça glisse ploop !

        Edd avança plus prudemment encore, descendant vers le village, visible en contrebas, des hommes-poissons commençant à se regrouper sur la place, au milieu d’eux se trouvait le fameux Zigg. Dans son ordre de mission, Edd avait vu qu’il était la figure d’autorité pour les autres villageois. Le lieutenant n’avait pas l’intention d’attendre jusqu’à pas d’heure. Une fois arrivé en bas, il se dirigea vers Zigg.

        -Rassemblez tout le monde, prenez vos affaires, nous ne nous éterniserons pas ici.

        -Co… comment ? Et ceux qui ne veulent pas ?

        -Dites leur qu’on ne risquera pas la vie des autres villageois pour eux. Ou bien ils partent avec nous ou bien ils restent ici. Avec un peu de chance, les cannibales penseront qu’il ne restera personne après notre départ.

        Le médecin partit, particulièrement perturbé, diffusant la nouvelle parmi les villageois.
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        L’Îlot Flottant était tout sauf accueillant pour les visiteurs. Impossible de savoir à quel point la mangrove des Hommes-Poissons était vivable pour les humains, mais le marécage géant qu’était le reste de l’île… Une vraie foire à la gadoue et sans doute aux sables mouvants, avec l’odeur qui allait avec. Les matelots parlaient déjà de dégager le passage en brûlant tout sur le coup de l’agacement… Mais sinon, les choses se passaient bien. Les choses se passaient très bien. Trop bien, même. Helena s’attendait à au moins une ou deux embuscades, voire devoir repousser un assaut aussitôt arrivée au village, mais rien de tout cela n’arriva. La chose la plus dangereuse que les sauveteurs croisèrent fut un Homme-poisson-carpe caché plus ou moins bien dans la végétation, qui faisait le guetteur. Peut-être que c’était le jour de chance de la Marine et que cette mission se passerait sans catastrophe, mais il y avait de quoi en douter; de l’expérience d’Helena, ça tournait toujours au vinaigre quand on s’y attendait le moins !

        Une fois descendus au village, tandis qu’Artagnan remplissant son rôle de chef et expliquait les choses aux locaux, Helena remarqua que le groupe avait rétréci depuis leur départ du navire. Tout le monde était là sauf « Dame Fenice ». Et le fait qu’elle avait disparu sans faire un bruit signifiait à quasi-coup sûr que son départ était volontaire, ou pire, contre sa volonté mais en toute discrétion. Avisant les Givrelames de prendre le relais, De Ruyter revint sur ses pas dans la jungle. A mi-chemin, l’écho de cris attirèrent son attention… Et après quelques minutes de marche dans la jungle, un village appartenant aux cannibales se révéla à elle.

        Avec le passager clandestin ficelé au-dessus d’un feu et « Dame Fenice » qui criait à qui voulait l’entendre qu’elle était une grande prêtresse envoyée par un dieu pour les mener à la victoire. Seule explication logique, la petite blonde était sur une autre planète en ce moment et en train de voir l’équivalent verbal d’un éléphant rose. Un examen s’imposait. Et ce n’était pas la roupie de sansonnet sauvage qui sortait du village, alertée par le fait que les petites blondes habillées en noir avec accents or 18 carats ne sont pas douées pour le camouflage et/ou désireuse d’ajouter une viande plus grasse que Rilas au menu, qui allait l’en empêcher.



        - Je parie que je me suis fait toucher par une de ces grenouilles toxiques dont les livres scientifiques parlent !

        Armés de lances, de frondes et de casse-tête, les cannibales passèrent à l’attaque et le regrettèrent vite. Les gants blancs d’Helena les giflèrent au visage tandis qu’elle cherchait une éventuelle coupure. Ses talons leur pulvérisait la mâchoire tandis que De Ruyter regardait de plus près une éventuelle marque bizarre sur sa cuisse. Ses coudes fracassaient des nez quand, pudiquement retournée, la caporale regardait l’intérieur de sa veste pour chercher une éventuelle piqûre d’insecte... Quelques minutes et plusieurs cannibales qui ramassaient leurs dents au sol, l’inspection ne donnait rien.


        - Rien de rien… Donc je ne rêve pas.


        Sortant son étui à cigarettes, De Ruyter se retourna vers le village. Un silence de mort régnait alors que la petite blonde, cigarillo entre les dents et briquet en mains, se préparait à s’en allumer une.


        - Ah mais vous pouvez continuer, faites comme si je n’étais pas là, ça ne serait pas respectueux pour, euh… Kwalala ? C’est bien son nom ?
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        Vous reprendre bien un bout de pied ?
         La scène semblait si irréelle que la nouvelle intervenante divine aurait tout aussi bien pu dégainer ses excroissances avantageusement rebondis pour les agiter tout en imitant la faune simiesque. Les yeux ronds, un sourire crispé aux lèvres qui trahissait son extrême perplexité devant l’escalade incontrôlable de la honte. Miraculeusement sauvé par son passe-temps inavouable, le tricoteur venait de se dégoter un permis de vivre en échange de quelques promesses en l’air. Summum de la providence, la proclamée Championne du maître vaudou – autoproclamée Prêtresse Kaloula, visiblement arrivée trop tardivement pour connaître le rôle qu’on lui avait octroyé – rajoutait une couche de selle sur un gâteau à la boue. Rilas, depuis détaché de son bâton rôtisseur, contemplait avec sidération tous les efforts mis en œuvre pour survivre, lui qui avait les cartes (ou poupées) en main. Des cartes que Fenice lui ôtait violemment pour les lancer au loin dans une partie de Pieds-Plantés  assez inattendue et tout aussi risquée. On lui avait toujours dit que le plus  important au Poker menteur, ce n’était pas les cartes, c’était les vêtements que vous étiez prêt à enlever. Ou un truc dans le genre. La mafieuse de Manshon semblait condamné à se dévêtir pour sauver les miches d’un investisseur devenu muet, sans doute par réminiscence d’un évènement dramatique aux saveurs identiques.

        « Grand sorcier Dures-Fesses et prêtresse-championne Kaloula, aller dans hutte du Chef »


        La pointe de la lance dressée en direction de la cabane la plus spacieuse du village, le duo de charlatans se voyait offrir une nouvelle opportunité de s’en tirer sans se mettre à nu, ainsi que de la fermer pour ne pas empirer la situation. Sans demander son reste, le chapeauté pris la direction indiquée en silence, encore déboussolé par cette succession d’évènements. Du coin de l’œil, il observait sa « protégée », épris de sentiments variés. Certes, son charabia compromettait leur évasion, mais le Phénix avait accouru jusqu’à lui pour déployer ses ailes maladroitement, encore trop bridée par son costume incomplètement apprivoisé. Étourdie, encore inélégante, son imprudence la rendait presque mignonne, elle qui suintait toujours autant la perfidie mafieuse malgré l’accoutrement.

        Gravissant les marches en bois craquantes, moisies par le climat environnant, l’homme balayait un rideau de pailles tressées faisant office de porte. Bâtiment de fortune, l’intérieur de la masure était curieusement bien aménagé, décoré de façon citadine, le confort en moins. Seuls dans la modeste demeure, à l’abri des regards indiscrets et des oreilles trouées par des osselets, la tête du couple rompait finalement le silence avec une pointe d’agacement, se souvenant de la raison de leur venue sur ce maudit tas de boue flottant.

        « Qu’est-ce qu’on fiche dans ce marécage madame Corsandre ? Je croyais que vous vouliez construire un complexe hôtelier. Pour les bains de gadoue, c’est du génie, mais pour attirer de la clientèle au milieu des moustiques j’ai connu meilleur investissement ! J’imagine que comme réseau de transport, vous avez pensé aux lianes, mh ? C’est du grand n’importe quoi, je ne reste pas un instant de plus ici. ON ne reste pas ici. D’ailleurs, à propos des dix millions... »


        Remonté comme un coucou de Clock Work Island, Rilas ne pouvait contenir son enragement à l’encontre de sa partenaire qui s’était bien gardée de lui avouer dans quel bourbier il mettrait les pieds. Pire, la brillante criminelle s’était peut-être mal renseignée sur l’îlot flottant et n’était pas plus au courant que l’agacé.

        « Vous aussi vous cherchez à vous tirer de ce trou paumé puant ? »


        Déboulant à pas de loup au travers de la chaume d’entrée, le propriétaire de la hutte apparaissait aux yeux des deux comparses sous un nouveau jour. D’un bond, surpris, le grand blanc se réfugia derrière la femme aux cheveux nacrés. Il ne fallu qu’un bref instant pour que tout deux abaissent leur méfiances à l’égard du chef de tribu alphabète quoique odorant.

        - Hé, pas de panique, on est dans le même camp. dit-il en tournant un loquet accroché la tige jaune de l’entrée (?), comme pour s’assurer que le trio aux envies d’ailleurs ne serait pas dérangé.
        - Comment ça ? Vous êtes barbu et n’avez même pas de slip. Même s’il m’arrive parfois de ne pas en mettre, c’est par confort, pas parce qu’ils sont tous sales et que je n’ai pas envie de les laver !
        - Pili-pili-pili. Ça m’arrivait aussi de ne pas en mettre sur Luvneel. Enfin je crois, ça commence à remonter loin tout ça.


        Les paupières de l’ex-bureaucrate se plissaient tout en adressant un regard suspicieux en direction de Fenice, incertain de pouvoir accorder sa confiance à un chef autochtone à la grammaire correcte. Ce dernier tournait le dos à ses invités pour fouiner dans une malle, cachée grossièrement sous la peau d’un animal dont il valait mieux ne pas connaître l’existence. Coincée entre le pouce et l’index, l’hôte tendait, à qui voulait bien la prendre, une petite carte de visite où étaient écrit les mots suivants, légèrement effacés par le temps : Du mal à communiquer ? Alain Kazam fait disparaître vos soucis de transmission.

        « J’en ai une autre qui dit "Vous voulez lui rendre visite mais vous ne savez pas si son mari est rentré ?" mais je ne la trouve plus. Voyez-vous, avant d’atterrir ici, j’étais vendeur d’escargophone.  Les affaires étaient florissantes sur Luvneel jusqu’au jour où ma merveilleuse moitié m’a judicieusement parlé d’une île où je pourrai devenir l’unique fournisseur. Tu m’étonnes que j’y serai l’unique. Ils utilisent pas de Den Den Mushi dans le coin ! Mais ça, je l’ai capté que trop tardivement, le navire qui m’avait emmené jusqu’ici s’était déjà tiré après une salve de lances, et avec mon pognon en plus. Je me suis juré de ne plus jamais payer l’intégralité du billet d’un coup. Enfin du coup je me suis retrouvé là et... »

        Le large panel des émotions non feints de Rilas donnait vie à son visage au gré de l’histoire du pauvre commerçant, coincé depuis des années sur ce petit lopin de bourbe au milieu de nul part. Doué en étude de marché et en charlatanisme, Alain pu se fondre dans la masse d’un des nombreux clans de l’île avec l’espoir d’un jour pouvoir s’échapper du marécage et se venger de sa garce. L’opérateur escargophonique parvint à se hisser parmi les hautes sphères de la peuplade indigène jusqu’à en devenir le souverain à la suite du premier référendum démocratique proposé et instauré par l’étranger bien intégré. Des idées novatrices qui avaient plu à la majorité, bien aidées par la crédulité des faibles d’esprit.

        « J’ai fait croire que j’étais, moi aussi, un envoyé divin en plaçant des escargophones dans les arbres pour donner de la résonance à ma voix. Et ça à marché. Pili-pili-pili. Ils sont encore plus bêtes que les mollusques que je vendais. »


        Mais le bond dogmatique n’eut pas un succès incontesté, trop avant-gardiste et amical aux yeux du dénommé Cuit Jamb-on, fin amateur de despotisme qui parvint à récupérer quelques aliénés sous son joug. Tandis que l’un attirait pour sa paisibilité et ses droits de l’homme, l’autre ralliait par son goût pour la belligérance et l’expansion territoriale. D’abord idéologique, le conflit prit une tournure plus sanglante lorsque, fort d’un recrutement conséquent, la tribu antagoniste s’attaqua à la plus pacifiste des deux. Railleries, menaces et rackettes se succédèrent sans qu’Alain ne puisse se défendre, lui et les « siens ». Au royaume des faibles, le manipulateur est roi mais n’est pas forcément en mesure de les rendre plus forts.

        Pourtant, toutes ces altercations n’étaient que le cadet des soucis du président, préoccupé par un but autrement plus égoïste que la survie ou le bien-être de son peuple : déguerpir. Et si son ingéniosité lui permit de se faire une place parmi les indigènes, le perdu se planta une lance dans le pied en se mettant l’un des rares charpentiers de l’île. Oppresseur hors pair, Jamb-on était aussi un excellent – toute proportion gardée avec les moyens du bord – constructeur, lui qui possédait une flottille de radeaux avec, en figure de proue, le navire présidentiel : Le Propaganda.

        Libérer l’opprimé n’était donc qu’un prétexte pour embarquer à bord de l’assemblage de poutres détériorées. Un plan autrefois impossible par manque de moyen physique mais qui, en raison de nouveaux bienfaiteurs, devenait un rêve réalisable.

        « Voilà ce que je vous propose : vous m’aidez à botter les fesses de Cuit Jamb-on et on embarque tous les trois. Eh ? Vous avez entendu ? »

        Les plaintes vocales résonnaient au travers des murs perméables, incitant le trio curieux à passer leurs têtes par-delà le rideau de fortune pour découvrir l’instigatrice du vacarme geignard.

        - Ah mais vous pouvez continuer, faites comme si je n’étais pas là, ça ne serait pas respectueux pour, euh… Kwalala ? C’est bien son nom ?
        - C’est une amie à vous ?
        - Eh.. une alliée, disons. Je crois ? Krikri…


        Dévalant les escaliers à la hâte pour rejoindre la terre molle, Rilas reconnaissait le visage familier de la caporale présente lors de son procès improvisé durant le briefing. Se pourrait-il que la sous-officière avait été alertée par la Sixième suite à la disparition du civil et qu’on l’avait sommé de le retrouver pour le punir. Un châtiment qui s’annonçait salé, ses iris verts découvrant les corps maltraités des locaux, aussi bien par la malnutrition que par les coups sévères portés par Helena qui s’en était débarrassé avec une facilité déconcertante. La partie de poker reprenait.

        « Caporal-Chef Routeur, c’est ça ? Désolé de vous avoir caché tout ça, mais le Phénix et moi avons été mandés pour venir en aide à cette tribu. On ne voulait pas embêter la Marine avec notre mission, et on a pas vraiment eu le temps de vous en parler, alors on a fait bande à part. Les édentés autour de vous sont nos amis, inutile d’y aller trop fort... »


        Un petit sourire gêné venait de se diriger vers le chef imposteur pour présenter ses excuses en son nom après une petite raclée qui n’avantagerait pas le futur assaut sur le clan ennemi.

        « On va s’attaquer à un autre village de cannibales moins chaleureux, et votre aide sera la bienvenue. Si jamais l’envie d’éliminer quelques sauvages vous tente... »

        Sa phrase n’était nullement anodine, cherchant à titiller de potentielles envies meurtrières réservées à l’élite de la Marine par une habile citation du soldat qui pourrait, l’espérait-il, faire un petit écart aux ordres pour prêter mains très fortes aux deux excentriques. Une réponse positive ne ferait qu’accélérer le processus tandis qu’un refus ne modifierait pas les desseins de la coiffe blanche face à son seul moyen d’en finir avec des vacances désastreuses. A compter qu’Helena ne se mette toutefois pas en tête de ramener le zigoto sur le navire et la volaille dans les rangs.

        « Ouga Ouga ! Puissant sorcier et grande prêtresse Kaloula aider nous à tuer Cuit Jamb-on ! Prendre lance, ramasser dents et.. BAGARRE ! »

        Un discours clair, net et concis qui suffit à enhardir la maigre troupe nouvellement armée de bâtons de bois qui piquent, amplement acceptables pour transpercer des pagnes en feuilles séchées. La guerre était déclarée. Nul besoin d’une stratégie plus étoffée pour un conflit qui ne durerait pas plus d’une heure dans ce microcosme géopolitique au rabais qu’offrait ces sociétés primitives. Taper, et surtout taper fort.

        Le petit attroupement venait de quitter le village avec la ferme conviction de revenir victorieux, parcourant une jungle dont ils connaissaient les moindres recoins et dangers. Une aubaine pour deux - trois ? - aventuriers qui s’épargnaient au maximum les affres de la grenouillère (l’endroit, pas le pyjama intégral et si mignon). Rilas enjambait les racines envahissantes des palétuviers desquels transparaissait la lumière orangée synonyme d’un crépuscule imminent. L’homme ne trahit son silence que pour se plaindre dans son bouc, pestant envers des culicidés importuns ou contre la boue projetée sur ses habits maculés par ceux qui le précèdent dans le groupe de marche. Un sacrifice nécessaire mais grandement désagréable dont l’entrepreneur se souviendrait à l’avenir.

        A l’avant du cortège, une dextre armée se dresse au dessus des têtes pour sommer ces dernières d’arrêter net le mouvement général. Cachée derrière des abris naturels, la tribu faisait halte à une bonne cinquantaine de mètres de l’objectif. A cette distance, le grand sorcier pouvait apercevoir les huttes du village, plus nombreuses que celles qu’il venait de quitter plus tôt. Son désir irrépressible d’action l’avait quitté depuis son arrivée sur Manshon, persuadé que son rôle de gérant lui siérait à merveille. En ce sens, l’ancien col blanc du Cipher Pol ne prit la peine de s’entraîner au combat, pas même de s’équiper d’une arme à feu pour parer à l’éventualité où le directeur devrait affronter une horde de cannibales totalitaires. Un comble n’est-ce pas ?

        « Dès que tout être noir, nous attaquer. »

        Nul racisme en ses termes, simplement une tactique datant de la nuit des temps qui offrait au civil le temps de discuter avec sa protectrice et de se préparer psychologiquement. D’un petit signe de main, il attirait Farore hors du groupement, à peine à l’écart pour éviter les mauvaises surprises, si tant est qu’on puisse faire plus mauvaise que toute cette vaste blague depuis son arrivée.

        « Faites-nous sortir vivants de cette querelle et j’oublie que c’est à cause de vous qu’on est ici. Et tant qu’à faire, profitez-en pour montrer vos talents auprès des abrutis en pagne, je suis sûr qu’ils sauront être reconnaissants si d’avenir on revenait se fournir en gadoue pour commercialiser des masques hydratants. N’oubliez pas : toujours héroïque, jamais vulgaire. »

        Comme un symbole, les héros devaient prendre part à la guerre pour défendre la liberté. Celle d’un peuple persécuté. Et surtout celle de voyageurs mécontents de cette destination.

        RP:

        HRP pour Helena et Edd:

        KoalaVolant
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        - La quête -



        Les effluves et les relents de puanteurs nauséabondes n’ont de cesse que d’assaillir les naseaux timides de la jeune dame. Chaque respiration est un supplice, une torture qui anime l’ensemble de l’île. Tout est fait ici pour vous repousser, pour vous faire périr. Mais dans cette violence perpétuelle, un semblant de raison semble l’emporter quand l’un des cannibales affirme que la « prêtresse » et son ami d’infortune doivent voir le chef du village. C’est ainsi que dans ce malheureux concours de circonstances, que Farore gravit des marches moisies et recouvertes d’une mousse brune, chaque pas qui s’appose sur le bois semble créer un équilibre précaire entre le bois qui se fissure, mais qui se maintient aussi par le biais de la crasse et des couches de boues sédimentées. Elle emboîte le pas de Rilas, il était hors de question de le perdre de vue après le mal qu’elle s’est donnée pour arriver à maintenir Rilas en vie. Elle entre à son tour dans la hutte, elle retient un haut-le-cœur, manquant dégobiller sur le plancher suintant d’un liquide inconnu. Tentant de garder son estomac bien accroché, elle laisse son regard vermillon se promener tant ses yeux lui piquent. La masure est sinistre, on peut voir çà et là des quartiers d’une viande inconnus qui est littéralement infestée par des asticots et des mouches d’une taille irrationnelle. Tandis qu’un contingent poursuit leur escorte, l’un d’eux saisi le morceau de viande cru et pourrie avant de s’en délecter à pleine dent. Farore laisse échapper un bruit désapprobateur l’obligeant à mobiliser des trésors de volonté pour garder son estomac bien accroché. Voyant que la dame n’est pas le meilleur des états, Rilas s’adresse à elle. Il est parfaitement légitime que ce dernier ait des interrogations. D’abord hésitante, Farore chuchote à son « patron » les raisons véritables de sa venue sur l’îlot flottant à ses côtés.

        « Pour être on ne peut plus honnête, bien que cette qualité ne soit pas mon point fort. Je nous ai fait venir ici pour gagner une somme d’argent substantielle, mais surtout pour… Vous testez. Je ne pouvais décemment pas confier mon destin et mes richesses à une personne en qui je n’ai pas confiance. Et puisque nous en sommes aux confessions, je dois vous dire que j’ai aussi menti sur ma situation sur Manshon. Elle n’est pas si désastreuse que je l’ai laissé sous-entendre. Comprenez bien que ma supercherie n’est pas une attaque directe contre vous, mais bien qu’il faille que je sois sûre de mon investissement. Et pour pousser l’éclat de la vérité un peu plus loin et faire percer à jour mes ambitions, j’ai pensé vous laissez en plan et partir sans vous. Mais… »

        Elle marque une pause, tout en lorgnant d’un œil avisé les cannibales qui ne cessent de les conduire inexorablement vers leur chef. Une fois que l’attention des soldats en pagne diminue, la mafieuse reprend de plus belle.

        « Mais je crois désormais que nous sommes parfaitement sur la même longueur d’onde et qu’une collaboration ne peut être que fructueuse. Qui plus est, nous allons sûrement devoir user de la violence pour quitter ses lieux, ce sera mon test à votre égard pour démontrer que je ne suis plus que compétente pour la réalisation de vos missions de… Héros. N’est-ce-pas ? »

        Elle aurait souhaité poursuivre la conversation, mais les soldats mangeurs de chairs les forcent à entrer seuls dans la hutte du chef de tribu. Un geste que Farore juge étrange, leur chef est-il si puissant pour ne pas avoir besoin de protection ? C’est dès lors que l’inattendu se produisit, le chef de la tribu se dévoile être un homme tout ce qu’il y a de plus normal et son histoire captivante et un brin émouvante capte son maigre auditoire. Peu à peu, il dévoile l’ensemble de son plan, un mouvement que Farore juge dangereux, accepter cette offre si facilement lui paraît risqué. Mais la Marine ne volerait pas à leurs secours et quand bien même elle viendrait, elle craignait fortement que le niveau de cette dernière ne soit pas suffisant pour mener un assaut. Il suffisait de voir le briefing du Lieutenant plus tôt pour le comprendre, la supériorité stratégique et numérique ne sont pas au rendez-vous.
        Il faudrait donc composer sans la Marine et prendre les devants si le nouveau trio voulait s’en sortir. Ce serait non sans mal que la belle devrait s’occuper de la partie technique du plan, car elle n’avait aucune confiance dans les capacités physiques et combattives du manager. Mais le Caporal-chef de la Marine d’élite s’était à son tour présenté à la troupe. Un avantage tactique majeur ou une encouble de plus ? Elle ne lui adresse pas la parole, préférant laisser Rilas prendre les devants sur son territoire, la parole et la conviction.
        Le groupe prend la direction des villages tribaux, il faut plusieurs heures de marche pour parcourir la maigre distance de cinq kilomètres, mais la boue, les marais, la jungle empêchent une progression rapide et nette.
        Une fois en position aux abords du village adverse, le grand chef aux attributs bien particuliers dresse un dessin simpliste du plan d’attaque : attendre la nuit. L’adversité ne serait pas déçue de voir les talents de Farore et elle risquait bien de devenir une imposante source de lumière.

        « Vous deux, partez en direction du quai et tenter de créer une diversion, je mènerai au combat l’armée de manière frontale. J’ai un plan. »

        Écarter les éléments les plus faibles pour vaincre. Perchée sur la petite colline face à une armée morose, Farore entame son discours de motivation.

        « Ce soir, nous mangerons le cœur de nos ennemis ! Nous gagnerons leurs forces et leurs savoirs ! Nous détruirons jusqu’à la moindre trace de leur culture et de leurs rites ! Nous sommes les élus de Kaloula ! Nous sommes la terrible génération divine ! Nous sommes le feu ardent qui dort ! »

        L’ambiance dans la foule est au point mort, le discours censé galvaniser les troupes ne mène nulle part. Farore prend une mine désemparée avant de reprendre.

        « Là, en bas du colline, beaucoup beaucoup viande ! Miam miam nous quand étoiles jaunes ! bougaga ! »

        Aussitôt l’euphorie s’empare de la foule qui lève les lances et les frondes en l’air en poussant des cris gutturaux répugnants. Farore prend ensuite quelques minutes pour expliquer le plan de la Déesse Kaloula avant de lancer l’ordre aux fantassins armés de lance de la suivre. La charge est lancée, Farore profite de l’effet de surprise pour enfoncer la moitié des troupes dans la première partie du village, au grès des allées ennemies, elle enflamme ses jambes pour venir frapper avec force, mais pas toujours précision les vagues ennemies. Visiblement, les entraînements sur Manshon durant tout ce temps semblent avoir porté leurs fruits.

        Au centre du village, Farore jette une torche sur l’effigie du dieu local, c’est le signal pour les frondeurs qui arrivent de l’est. Des jets de pierres enflammés à la poix se répandent partout, parfois même sur des alliés. Satisfaite de la cacophonie générale et de ce chahutage ne règle, Farore se positionne en retrait et se dirige d’ores et déjà en direction du quai. Mais un colosse aux allures négligées et aux cheveux hirsutes se positionne devant elle. Bien sûr, Farore pourrait entrer en combat avec cet étrange protagoniste et en tirer une quelconque gloire, mais elle n'a que faire des combats superflus. Elle lui tourne le dos et se dirige d'un pas tranquille vers le quai avant de s'arrêter net. Non. Il est hors de question de fuir, il faut désormais agir en superhéros et sentir cette fibre vibrer en elle. Non pas pour faire plaisir à Rilas, ni pour la population locale. Mais bien pour elle même. Cette histoire de héros est sa meilleure couverture, il faut désormais agir en tant que tel ! Elle se retourne à nouveau, plongeant ainsi son regard masqué dans celui de l'énorme adversaire.

        "Je suis Fenice et je vais te bo-"

        Le géant assène un coup de pied magistral qui envoi Farore dans la hutte la plus proche, les planches moisies et la chaume malodorante lui tombent dessus, la laissant groggy quelques instants. Ce n'est désormais plus une question de superhéros, c'est une affaire personelle désormais.

        "Moi Cuit Jamb-on ! Moi tuer toi puis manger tes deux gros sacs de graisses pectorales !"

        Farore dans un mouvement habile, s'extirpe des décombres, l'air colérique qui déforme son visage charge l'air d’électricité. Elle n'avait pas pu faire sa présentation héroïque en ordre, elle se devait donc de reprendre correctement. Sa jambe s'enflamme subitement et elle se propulse avec force pour venir porter un coup de pied circulaire au visage de son ennemi qui se met à vaciller.

        "Mes amis m'appellent Fenice. Mes ennemis appellent à l'aide !"


        Cuit Jamb-on se ressaisit et s'empare d'une épaisse planche qu'il l'utilise comme une massue, la faisant tournoyer ça et là pour rendre ses mouvements imprévisibles, la tactique fonctionne et Farore ne parvient pas à éviter le premier coup qui la fait voler une dizaine de mètres plus loin dans une nouvelle hutte, bien plus grande. Sûrement un local d'entreposage de nourriture avariée. Le berserker entre à son tour dans l'édifice.

        "Toi enfermer ici moi gagner !"

        Il laisse son regard se promener pour tenter d'apercevoir le phénix, mais il est dans l'incapacité d'entrevoir le moindre mouvement. Suspendue à une poutre plus haut, Farore enflamme à nouveau son pied avant de tomber en piqué sur son adversaire en distribuant une série de coups de pieds.

        "Je ne suis pas enfermer avec toi. C'est toi qui est enfermer avec moi !"

        La taille imposante de son adversaire lui permet de le faire se cogner dans plusieurs éléments du bâtiment, sa tête vacille ça et là, se percutant au grès des coups portés. Mais le géant se reprends, laissant ses puissants poings s'battre comme des marteaux sur le sol, détruisant le plancher et faisant voler des milliers d'éclats de bois, plusieurs morceaux se plantent dans la cuisse et les bras de Farore, sous l'effet de la douleur une idée lui vient en tête.

        "Merci tu as donné l'idée qu'il me fallait !"


        Elle n'avait pas la force nécessaire pour un combat frontal avec lui, il lui faut désormais utiliser sa propre puissance contre lui, elle se dirige vers la poutre centrale du bâtiment avant de se positionner devant, le géant sans prendre le temps de réfléchir envoi un coup de pied circulaire qui scinde le pilonne en deux. Encore en l'air, Farore s'élance et prépare son plus beau et précis coup de pied pour frapper de toutes ses forces le bois en apesanteur, ce dernier part à une vitesse folle en direction du cannibale qui le reçoit en pleine gorge. Empaler de part en part, il s'écroule au sol dans un râle guttural abominable.

        "Fenice un. Et toi le score ? Zéro. T'es Cuit Jamb-off maintenant !"

        Couverte de suie, de moisissures et de sang, Farore s'extirpe du bâtiment, dehors la bataille n'est plus ordonnée, c'est un véritable combat à mort qui s'oppose à tous les belligérants. Ne pouvant faire davantage, elle décide de rejoindre le quai pour tenter de rejoindre Alain et Rilas. La fuite n'est pas terminée.



          Vous reprendrez bien un bout de pied ?
          Pour les deux chefs le plan était simple : se faufiler jusqu’aux quais en profitant de la cohue générale et du sillon laissé par le phénix. Accompagné de près par le démarcheur escargophonique, Rilas esquivait toute forme de conflit avec une habileté surprenante, bien aidé par des démocrates en quête de revanche. A quatre pattes sous une hutte, le chapeauté se fait interpeler par une main qui tapote vivement son épaule, lui sommant de s’arrêter aussi net. Non loin, le combat dantesque contre le chef de tribu battait son plein. Étonnamment loin de ses congénères rachitiques, nourri aux protéines d’humain bourrés eux-mêmes de stéroïdes, Cuit Jamb-on sortait du lot. Rien de très naturel pour un autochtone naturiste.

          - Il nous faut ses clés pour entrer dans le Propaganda. J’espère que votre prêtresse sait ce qu’elle fait…
          - C’est le moment de le découvrir.

          Il se doutait que l’incendie du casino sur Manshon était l’œuvre de la mafieuse, mais faute de preuves, et de par son absence, il n’avait pas pu juger des compétences martiales de sa protégée. La probabilité que, à l’instar de son menteur de patron, l’oiseau ne fût qu’une usurpatrice était loin d’être nulle, surtout après les récents aveux de pré-bataille, comme un soldat qui se confierait dans une lettre poignante avant d’être envoyé à la mort. Mh, non. Plutôt comme un méchant d’escargosérie B qui ferait pivoter lentement son siège en cuir bruyant et inconfortable, caressant un animal piqué pour le rendre plus docile, et qui dévoilerait son plan maléfique au héros mal attaché par une flopée de gorilles incapables de se battre ensemble. Pardonnez l’égarement.

          L’oiseau se heurta a une concurrence plus rude qu’imaginé préalablement mais parvint tout de même à se débarrasser de son opposant sous les regard critique de l’employeur. Dépourvue d’une audience adéquate pour gravir l’échelle de la célébrité, l’alter-égo attirait toute l’attention de son examinateur. Entre soupe de grimaces, torsions de lèvres en moues approximatives, prunelles émerveillées et poing agité au moindre coup réussi, Rilas ne contenait aucune émotion en qualité de fervent spectateur transcendé.

          La réalité frappa à sa porte lorsque l’héroïne sorti hors du bâtiment, accourant aussitôt vers l’amochée pour lui proposer un cocktail de soutien physique et moral à base de compliment sur des enchaînements qu’il ne pu entrevoir que par les fenêtres et entrebâillements du bois.

          « C’était incroyable ! Les coups de pieds dévastateurs, tcha-tcha ! La prochaine fois, ça sera devant un public et ils vous adoreront à coup sûr. Bon, pour les phrases, on retravaillera ça avec l’équipe communication. Krikrikri. »


          Déjà erratique, incontrôlable, la rivalité opposant deux partis politiques contraires simplifiait la traversée du village, les pagnes préférant s’en prendre à d’autres pagnes, quitte à tuer – par inadvertance évidemment, ce ne sont pas des sauvages – des membres de leurs propres tribus.

          Munis du trousseau pour libérer le saint Graal, usé auparavant pour contraindre les personnes qui y montaient et non pas les libérer, le trio de touristes se ruèrent en direction du port de déplaisir et montèrent à bord du navire.

          « C’est CA le Propaganda ? Vous êtes sûr que ce rafiot ne coulera pas à la première vague ? »


          Dubitatif, la perche glissait son index le long du bastingage recouvert de mousse visqueuse et poussa une tripotée de micro-organismes à trouver un nouveau logement. Une dernière épreuve avant de retrouver une auberge miteuse, certes, infectée de bestioles, d’accord, mais avec un potentiel d’exploitation développable. Comment ne pas faire confiance à ce vendeur extatique, la barre déjà en mains, prêt à abandonner son peuple en un claquement de doigt au profit de sa délivrance.

          « Pardonnez-moi mes offenses, mais délivrez-moi du Marais. » s’exclamait-il depuis le poste de commandes. Le bruit des palmes se mêla aux bourdonnements du tumulte qui ne devint plus qu’un sifflement progressivement effacé, trop lointain.

          *** Une traversée plus tard, sur une île désertique ***

          - C’est incroyable que cette embarcation ait tenu jusqu’ici ! Encore plus en sachant que c’est la première fois que je met la main sur un gouvernail ! Pili-pili-pili !
          - QuOi ?! On a fait tout ce chemin en comptant sur notre bonne étoile ? Je.. je vais faire un malaise.
          - J’ai dit que j’étais vendeur d’escargophones, pas capitaine ! Et puis on est encore en vie. Mh, à en juger par tout ces chapeaux à quai et le climat aride, je dirai qu’on a atterri à…
          - Howdy part’naires ! Bienvenue sur Hat Island vous trois ! Vous avez l’air en sale état, venez à la taverne vous désaltérer, on s’occupera de vous. Il est super ton chapeau l’ami, on en fait pas des comme ça par chez nous.


          Une terre au climat déplaisant mais à l’accueil plus agréable qui ne serait que de courte durée pour un duo, épris d’un mal du pays chronique. Il fallait toutefois panser les plaies, prendre une bonne douche et se renseigner sur les prochains départs pour Manshon.

          Sur les docks, l’ancienne fourmi du Gouvernement Mondial serrait son chapeau soigneusement nettoyé, retrouvant un éclat qui aveuglait ceux qui avaient le malheur de le regarder. Une tape sur l’épaule le sorti de sa torpeur, comme à l’accoutumé.

          - Hé, Rilas c’est ça ? Encore merci pour ton aide, sans toi et ta copine je serai encore les fesses à l’air à grignoter des insectes. Pour vous remercier, j’aimerai vous donner ces escargophones. Je leur ai mis des petits chapeaux.
          - Woah ! Il a la classe, merci beaucoup ! Qu’est-ce que vous allez faire maintenant, monsieur Kazam ?
          - Si ça ne t’ennuie pas, je vais reprendre le bateau et voguer jusqu’à Luvneel pour retrouver ma femme a-do-rée. Et quand tu passeras par Luvneel, je te donnerai les clés du Propaganda, j’ai cru comprendre que vous alliez voyager sur les Blues alors il te sera plus utile. Les ballades, c’est terminé pour moi !
          - Cette barque puante ?! Krikrikir, je voulais dire « Merci beaucoup ! ». Je n’y manquerai pas, on se retrouvera à l’occasion. Bon voyage, monsieur Kazam.


          Les dextres se serraient d’une poigne franche et amicale, bien heureux de s’être exfiltrés de cette aventure rocambolesque. Intérieurement, le chef des supers espérait ne plus jamais remettre les pieds sur l’ilot flottant. Pas sans bottes, du moins.
          KoalaVolant
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          Peut-être que le « élite » dans « Marine d’élite » commençait à monter à la tête d’Helena, mais la scène qui se dessinait devant elle lui faisait se dire que chaque jour qui passait amenuisait peu à peu sa tolérance envers les civils. Ces deux-là en particulier semblaient bien décidés à faire leur tambouille dans leur coin ; la tentation d’aller les balancer à Artagnan pour flanquer ce petit monde au cachot pour obstruction des tâches de la Marine était tentante, mais…


          - Il me serait inutile de vous retenir, je suppose. Je ferai savoir au lieutenant que vous nous avez faussé compagnie et avez disparu sur l’île. Faites ce que vous avez à faire et ne dérangez pas l’évacuation, c’est la seule chose que je vous demande.


          Si ce duo de joyeux drilles était prêt à mener au combat les tribus cannibales les unes contre les autres,  l’effort d’évacuation ne s’en trouverait qu’accéléré, ou du moins facilité ; par contre, ce n’était pas sûr que les Givrelames allaient apprécier de s’être déplacés et d’avoir du être à la botte d’une Boréaline pour rien. Surtout le second point, quand on y réfléchit.

          Le retour au village des Hommes-Poissons fut rapide  (autant que possible en marchant dans la gadoue avec des semelles compensées, au moins), mais la journée avait déjà bien avancé. Les Givrelames et les matelots indiquèrent à Helena que l’évacuation était presque fin prête : la majorité des habitants du village étaient prêts à partir et finissaient de ramasser leur nécessaire de voyage, exception faite de quelques vieux grincheux qui s’imaginaient pouvoir repousser les cannibales à coups de canne, de plateau de go ou de « De mon temps on- ». Ceux-là, Artagnan en faisait son affaire et déployait le grand jeu diplomatique pour aller les convaincre. Quand aux cannibales agressifs, seuls quelques éclaireurs s’étaient risqués à approcher le village, mais voir le contingent lourdement armé de troupes de Marine et de Sanderr les dissuada aussitôt, se bornant à jeter quelques pierres et sagaies vers leurs opposants en battant en retraite. Helena prit le commandement pendant que le lieutenant était occupé.



          - Faire un long convoi exposerait trop les civils. Nous allons évacuer petits groupes par petits groupes, tous escortés. Si nous nous dépêchons et nous relayons assez vite, tout le monde devrait être à bord peu après la tombée de la nuit.


          Les Hommes-Poissons connaissaient le terrain et n’avaient aucun mal à avancer, guidant même leurs escortes sur des terrains un peu plus faciles à pratiquer pour eux. Entre temps, les derniers vieux poiscailles têtus avaient fini par se laisser persuader que finir en bouillabaisse ou en papillotes était une fin fort peu honorable ; marmottant dans leur barbe contre les jeunes blancs-becs humains qui venaient les exproprier, ils fermèrent la marche. Le roi Ksernia serait sans doute ravi d’apprendre qu’aucun des civils qu’il avait déclaré sous la protection de son royaume n’avait été forcé de fuir l’Îlot Flottant et que ses troupes n’étaient au mieux que frustrées d’avoir du obéir aux ordres d’un officier de la mille fois honnie Boréa. Alors que la Marine finissait de charger leur navire, les bruits distordus mais ô combien reconnaissables d’une bagarre se firent entendre de très loin. Une bagarre ?


          - Hé, ils sont passés où les deux civils un peu fantasques ?
          - À tous les coups, ils ont pas écouté le lieutenant et ils sont partis jouer les touristes !
          - OK mais c’est quoi ces sons de bagarre ?
          - Qu’est-ce qu’on s’en fiche ? Les cannibales ont vu qu’il y avait plus de poisson au menu et se boulottent mutuellement si ça se trouve !
          - Ça craint.



          Tandis que le navire se mettait lentement en route vers l’archipel de Sanderr, le regard de De Ruyter était fixé vers la bagarre au loin. Ainsi, ces deux excentriques avaient réussi leur coup de causer une guerre entre tribus ? Comme quoi, juger le livre à sa couverture était toujours une mauvaise idée… Une qu’Helena répéterait sans doute dans le futur, mais bon.
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