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Le début de l'histoire

- C'est le moment.

       Après avoir rassemblé les troupes présentes dans les quartiers de la Cent soixante-septième, j'ai fait mon discours et expliqué la mission qui nous incombait. Le lieutenant-colonel Damian Bastos nous avait "refilé le sale boulot", jugeant que notre expertise était légitime pour s'occuper de ce cas. Ce n'est pas pour rien qu'on surnomme notre division le bureau d'enquêtes : depuis mon intégration, et avec le soutien de mes supérieurs, nous ne nous sommes occupés que de travaux liés aux affaires civiles et aux délits non résolus. Si nous sommes des soldats, nous sommes avant tout au service de la population, et j'ai pu le rappeler à certains.
       Concernant la mission, c'est une situation épineuse qui va nécessiter pas mal de moyens. J'ai peur que les habitants de la cité ne s'en inquiètent... Les rumeurs de la mort de plusieurs nobles du Don des Saints commencent à se répandre et la disparition de leurs esclaves n'arrange rien. Le traitement porté sur ces derniers empire d'heure en heure et, si nous n'agissons pas rapidement, cela risque de prendre des proportions dramatiques. Même sans le dire à mes hommes, je sais que la plupart s'en rendent compte. Ceux restés en patrouille sont les premiers à le remarquer de toute manière. Nous devons vite trouver un indice ou une piste menant à la prochaine cible. Mais en attendant :

- Formez plusieurs escouades : je veux un groupe pour surveiller le quartier des Hauteurs en permanence, un autre pour le quartier des Richesses, un pour celui des Textes et un pour la zone industrielle, près du Weatherport. Les autres interrogeront les passants de la rue du commerce. Je vais sur les lieux du dernier meurtre voir de quoi il en retourne. Deux hommes avec moi. Allons-y !

        Pendant que les sous-officiers donnent leurs directives, je fais signe à deux soldats de m'accompagner et nous nous mettons en route vers les Hauteurs, là où un détenteur d'esclave a perdu sa propriété et la vie. Je ne peux m'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment, me rappelant les événements de la veille...
       Vingt minutes plus tard, nous arrivons devant la villa de monsieur Besmer, la victime. Une femme d'âge mûr, les yeux rouges et vêtue de noir se tient à l'entrée, effondrée. Ni ses joues mouillées, ni son maquillage coulant ne cachent la sévérité qu'évoque son visage : en temps normal, ce doit être une femme forte et autoritaire. il n'aura fallu que la perte de l'être aimé pour émousser sa lame et briser son armure. Une fois à portée, je m'incline :

- Madame Besmer, toutes mes condoléances.

       La veuve ne répond pas tout de suite. Elle se redresse, s'essuie le coin des yeux avec son pouce, étalant de la peinture sombre sur ses rides naissantes. Se sentant plus abordable, elle dit :

- Merci... J'imagine que vous êtes là pour voir le... Pour le voir ?
- En effet madame. Nous voulons mettre tout ça au clair et empêcher le criminel de sévir à nouveau.
- Qu'y a-t-il de plus à savoir ? Notre esclave l'a tué ! Il s'est énervé, s'est rebellé contre ceux qui l'ont nourri et s'est enfui ! Quand je pense à tout le temps qu'il aura fallu pour l'éduquer... Quelle ingratitude. Si ça n'avait tenu qu'à moi, nous n'aurions jamais gaspillé notre argent dans pareille chose. Il m'aura coûté plus cher que l'enfer.

    Je comprends qu'elle veuille déverser sa haine et son chagrin sur le premier fautif possible, mais je sens aussi qu'elle est sincère, qu'elle pense chaque mot prononcé...

- Etiez-vous sur les lieux lorsque ça s'est produit ?
- Oui, ça s'est produit dans la nuit, je dormais dans notre chambre.
- Avez-vous vu ce qu'il s'est passé ?
- ... Non. Ce n'est qu'en me réveillant que...
- ... Ce n'était donc pas dans la chambre ?
- Suivez-moi. Je vais vous montrer.

       Elle parle sèchement, mais cela semble habituel. Madame Besmer nous ouvre ses portes et nous invite à la suivre du hall jusqu'à l'étage. En passant, je remarque la taille de l'entrée : elle seule peut accueillir l'entièreté de mon logement de fonction, ce qui me met mal à l'aise. Les deux autres semblent tout autant fascinés.
      Les escaliers montés, nous longeons un couloir sur la gauche jusqu'à atteindre une porte fermée :

- La chambre est dans le couloir de droite, à l'autre bout. Avec les tapis, c'est difficile d'entendre marcher ou courir. Et ça ne résonne pas beaucoup... Voici son bureau, il y était la plupart du temps, même les fois où il n'arrivait pas à dormir. Je vous laisse ouvrir, je ne pense pas en avoir la force...
- Je comprends, merci. Nous nous en occupons. Allez donc boire quelque chose de chaud, ça ne peut que vous faire du bien. Je reviendrai certainement vous poser d'autres questions lorsque j'en aurai fini ici.
- Très bien...

       Je parviens à la détendre avec ma voix la plus douce. C'est dans ces moments-là que je remercie le ciel de m'avoir offert ce genre de talent, même s'il ne fait pas particulièrement viril. On s'en est souvent moqué lorsque je n'étais qu'une recrue. Mais peu importe, il s'agit là de mon meilleur outil pour obtenir la confiance des civils. Une fois madame Besmer suffisamment éloignée, je décide d'ouvrir la porte.
      Ce que j'y vois ne me plaît pas. Difficile de s'habituer à ce genre de scène quand on a pas connu l'horreur de la guerre. Au centre de la pièce, au beau milieu d'une énorme tâche sombre, des papiers éparpillés autour, le corps d'un homme que je reconnais très bien git, l'oeil entrouvert et sans vie. Et ce n'est pas la seule chose qui me dérange...
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- Commandant... Tout va bien ?
- Je...

      Pétrifié, je reste la bouche entrouverte face à la "chose" qui me trouble. Elle est inerte et dégage une sensation de calme qui contraste horriblement avec la situation. Je frissonne lorsque je vois que ses yeux vers moi, fixes, les pupilles dilatées. Je respire plus fort, comme si j'étais à bout de souffle. Les deux soldats qui m'accompagnent me regardent, inquiets, ne sachant trop que faire. Finalement l'un d'eux finit par entrer et tourne son attention sur le cadavre, faisant attention à où poser le pied.

- Ouais... C'est toujours moche de voir ça. Mais c'est pas comme si c'était notre première fois, hein commandant ? Enfin, j'imagine que c'est une bonne chose de ne pas s'y habituer.

    Le deuxième soldat tente de me rassurer à sa manière, mais je continue de Le fixer. La panique commence à me gagner et mes hommes sont mal à l'aise.

- Doit-on s'en occuper sans vous ? Si c'est trop dur, vous pouvez descendre prendre un thé avec la veuve. On va assurer vous en faites pas...
- Sortez-le. Tout de suite.
- Euh... Le... D'accord ? Très bien commandant.

     Ils s'empressent de rejoindre le corps de monsieur Besmer et s'apprête à lui agripper les bras et les jambes lorsque je lance :

- Pas lui ! Le chat ! Sortez-moi ce chat !
- Le chat ?!

     La créature du mal ; l'incarnation du sadisme et de l'hypocrisie ; la bête noire des superstitieux ; le compagnon des sorcières ; le monstre aux allures d'ange qui approche les mourants juste avant leur heure... Une de ces horreurs se trouve là, sur les lieux du crime, ses grands yeux scrutant les miens sans éprouver la moindre gêne. Le fait d'avoir perdu l'un de ses nourriciers ne semble pas le déranger le moins du monde. Et c'est ça le plus flippant. Impossible d'avoir confiance en un chat. Je frémis.
     Mes hommes s'en approchent le plus naturellement qui soit, l'appelant doucement, la main tendue. Le félin s'étire en baillant avant de daigner avancer dans leur direction. L'un d'eux le saisit et l'emmène vers la sortie, le gratifiant de quelques caresses sous le menton, accompagné de ronronnements... Aucune pudeur.

      Je retourne enfin mon attention vers monsieur Besmer. Malheureusement, j'ai eu raison d'écouter mon instinct : il s'agit bel et bien de la personne que j'ai croisée le soir de ma promotion au poste de commandant, avec son esclave. Je me souviens de la façon dont il s'adressait à lui, son manque de compassion, d'humanité. J'ai pourtant réussi à éviter un scandale en public, mais cela n'aura que retarder l'échéance... Peut-être y avait-il une autre façon de faire à ce moment-là ? Peut-être aurais-je pu éviter qu'on en arrive à cet instant ? Seule la fin de l'enquête nous le dira. Je vais devoir continuer avec ce sentiment de culpabilité.

- La cause de la mort ? Sur le papier, il est écrit : "Multiples coups de couteau".
- On dirait bien, mon commandant. Il a plusieurs blessures au niveau de l'abdomen qui le confirment, et le sang s'est répandu autour de ces zones en particulier... Mais il a aussi reçu au moins un coup à la tempe. On voit les contusions sous les cheveux clairs.
-  Pas à l'arme blanche donc ?
- Non. Plutôt du genre objet contondant.

      Je fronce les sourcils. La scène indique qu'il y a eu un semblant de lutte. Je peux concevoir qu'au beau milieu de la nuit, avec la distance, l'épaisseur des murs et les tapis, madame Besmer n'ait pas pu entendre quoi que ce soit. Seulement cette information me dérange : pourquoi deux armes différentes ? Si sa mort a bien été causée par une lame, que vient faire l'objet dans cette histoire ? Pour l'assommer ? On aurait pu l'achever en lui fracassant le crâne dans ce cas-là... Qu'est-ce qui explique cette variété ?
     J'ai beau réfléchir, je ne comprends pas l'intérêt qu'a eu le tueur pour agir ainsi. J'observe la scène avec les deux soldats encore un moment, cherchant le moindre indice susceptible de me faire avancer, mais rien de concret ne me saute aux yeux, hormis l'absence de ou des armes du crime. La seule piste que cela m'inspire serait un moment de panique de la part du meurtrier... Mais le doute subsiste et cela ne me plait pas.

- Doit-on chercher ailleurs ? Une autre pièce ?

    Je me tourne vers mes assistants. Le duo me regarde et copie les mimiques de l'autre, presque à l'unisson, ne sachant s'il faut se mettre au garde à vous ou rester au repos. Même eux sont troublés...
     C'est en les regardant que je comprends quelque chose :

- Combien de personnes ont été tuées ?
- Euh... Sept mon commandant.
- En combien de temps ?
- Six jours. Deux le premier, trois le troisième. Rien le deuxième ni le quatrième.

       Quand on y pense, c'est évident finalement. Même en s'y prenant bien, il faut plus que du temps et de la minutie pour assassiner autant de personnes en un si court intervalle, surtout lorsque certains sont membres de la haute société du Don des Saints. Le tueur n'est pas seul, il a au moins un complice.
Le problème, c'est que cela revient à dire que la piste des esclaves qui se révoltent est la plus plausible.
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Nous sommes sortis de chez madame Besmer sans être véritablement plus avancés. Je m'apprête à sortir mon escargophone portatif pour communiquer de nouvelles directives aux équipes alentours lorsque l'une d'elles me rejoint :

- Commandant ! On vient de nous signaler qu'une autre personne a été attaquée, à quelques rues de là !
- Une nouvelle victime ? Conduisez nous là bas tout de suite !

     Je pose les questions principales au sous-officier en charge : qui a été visé ; quels points communs avec les autres ; combien d'esclaves et s'ils sont toujours présents... J'apprends que la personne est Jerry Jamm, un marchand influent possédant plusieurs esclaves, certains éduqués dans le seul but d'être mis en vente. Un bourgeois très apprécié dans les Hauteurs pour son sens des affaires et la qualité de ses produits. Le genre d'individu avec lequel j'ai le plus de mal en somme.
     Mais je fais fi de mes pensées personnelles : si meurtre il y a eu, c'est à notre Division de faire justice. C'est donc avec professionnalisme que je me rends sur les lieux. Quand j'arrive, nous sommes plus d'une dizaine de marines entourant la civière d'un moustachu à la peau grasse et au ventre rebondi, luisant presque autant que ses multiples bagues. Comme monsieur Besmer, il saigne abondamment. Mais il y a une différence notoire :

- Il est en vie, mais le pouls est faible. Si on ne s'en occupe pas maintenant, il risque d'y rester ! Il peut remercier sa constitution. Heureux soient les bien-en-chair...

     Je le vois respirer en effet, bien que ce soit faible et irrégulier. L'homme a les yeux dans le vague et semble souffrir. J'ose tout de même l'approcher :

- Monsieur Jamm : qui vous a fait ça ?
- Haaa.... Haa... Traîtres... Haaa... Femme... La femme... Haa... Cicatrice...


[...]


       Nous sommes de retour au quartier général, pour la plupart. Nous essayons de regrouper toutes les informations recueillies sur les lieux des drames. En les recoupant avec celles de Damian Bastos et sa Division, nous en revenons tous au même point : les esclaves se sont ligués contre leurs maîtres. Mais deux questions restent : qui a lancé le mouvement et comment se sont-ils fait passer le message ? A cause de ça, je me vois contraint de demander :

- Contactez la sous-amirale Salih. Je dois lui demander l'autorisation pour interroger les esclaves en vente dans les établissements de dame Yonesku.

      Quelques heures plus tard, on m'annonce que la demande a été rejetée, sans grande surprise. Neméroueh Salih est l'une des exceptions, mais d'un point de vue légal, selon Cassandre Yonesku : un esclave n'a pas de statut social et n'est donc pas considéré comme une personne, ce qui signifie que sa parole n'a aucun poids dans une enquête, même s'il est principalement impliqué. Demande-t-on l'avis du bar lorsque celui-ci s'est pris le front d'un soûlard belliqueux ?
      J'aurais apprécié un peu plus d'aide de la part de celle qui contrôle le marché visé. Mais que faire face à la famille régente ? Nous vivons tous selon ses règles, même si elle-même se place au dessus. Nous ne vivons pas dans le même monde et, de ce fait, ne voyons pas les mêmes choses.
      Frustré, je décide de m'enfermer un moment dans mon bureau. Epuisé mentalement, je ferme les yeux et me masse les paupières, la tête penchée en arrière, avachi dans mon siège. Je repense encore à ce qu'a murmuré monsieur Jamm. Femme et Cicatrice... J'assimile naturellement ces deux informations à une même personne, malgré l'absence de phrase. J'aimerai l'interroger davantage, une fois qu'il sera sur pied, mais j'ai bien peur que le temps que cela arrive, tout ait déjà atteint le point de non-retour.
     Je ne dois plus compter que sur moi-même ici. Si seulement j'avais quelque chose qui me permette de savoir où me diriger. Peut-être une cible potentielle ? Un événement...

Pulupulupulupulu. Pulupulupulupulu.
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- Commandant White, je vous écoute.
- Alors p'tite tête, on s'en sort ?

       Je reconnais le ton brusque mais chaleureux du lieutenant-colonel Bastos, l'homme auquel je dois beaucoup de choses, y compris l'obtention de cette enquête. Un père de famille exemplaire doublé d'un militaire intègre que je suis content d'avoir de mon côté. Il est de loin le meilleur soutien que je puisse avoir ici, au Don des Saints...

- Je dois avouer que cette histoire me dérange, Damian. J'ai peu d'informations et la seule personne qui pourrait m'aider à y voir plus clair refuse de me laisser parler aux esclaves qu'elle garde.
- T'as de la chance qu'on soit pas sur écoute, Dame Yonesku pourrait s'énerver... M'enfin ça tombe bien, j'ai peut-être un truc qui pourrait t'intéresser. Vois-tu mes hommes et moi étions sur un autre problème en ville et nous avons appris par ceux de Salih qu'une certaine Eliza Yonesku devait se rendre à la bibliothèque centrale. Je ne sais pas s'il s'agit d'un caprice ou d'un cadeau, mais le fait est qu'elle sera escortée par des membres de la garde prétorienne... Et des esclaves.
- Des esclaves ? Pourquoi des esclaves ?
- D'après les rumeurs, Dame Yonesku souhaite que sa fille s'habitue à être entourée de serviteurs, pour la former. Apparemment la petite n'a pas la même passion que sa mère, mais ça empêche pas cette dernière à vouloir assurer sa succession. Dans tous les cas, il n'y a pas de risque qu'ils se rebellent, ceux-là.
- Pourquoi ?
- Les esclaves choisis par le Dragon Céleste auront tous été triés sur le volet. Des humains à qui l'on a retiré toute envie de s'en sortir. J'préfère pas connaître les méthodes... Et puis ils ont un collier explosif. Comme si ça suffisait pas.

     Frémissant sur ma chaise, je ne réponds pas. Toutes ces pratiques me révulsent, et le fanatisme de certains, au sein même des Divisions de notre île, m'empêche de pouvoir me plaindre ouvertement. J'ai réussi tant bien que mal à réguler la foi de mes hommes en la famille Yonesku, mais son emprise sur la population, et la société qu'elle a mise en place... Tout ça est devenu la norme pour les gens d'ici. Difficile de changer d'état d'esprit quand une idée ne nous concerne pas, ou qu'elle nous favorise, même au détriment d'autres. Je tends un œil vers le blason vert et or sur mon uniforme et soupire. Si je veux mener tout ça à bien, j'ai intérêt à baisser la tête devant les bonnes personnes. C'est frustrant, mais ce n'est que pour un temps :

- Quand doit-elle s'y rendre ?
- Demain matin, à onze heures.
- Je vais m'arranger pour qu'on me laisse l'y rejoindre. Merci Damian.
- Hésite pas à m'appeler ! J'ferai en sorte de t'aider du mieux que je peux. Pour un monde plus juste.
- Pour un monde plus juste.

     Je raccroche.
     En attendant que demain vienne, il ne me reste plus qu'à regrouper toutes les informations que j'ai obtenues, si maigres soient elles. A part confirmer le fait qu'il s'agisse d'une insurrection, elles ne m'apprennent rien d'autre. Je ne sais pas d'où elle a commencé, qui l'a commencé, ni le véritable but de celle-ci... D'ailleurs est-ce vraiment une insurrection ?
     J'ai la sensation désagréable que cela cache quelque chose de plus profond. Une révolte d'esclaves au coeur du royaume des Yonesku ? Sans peur des représailles ? Impossible que ce ne soit que ça.
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- Nous y sommes. Laissez-moi parler avec la garde prétorienne. En attendant profitez-en pour vérifier le périmètre : étudiez le moindre chemin, la moindre entrée ou sortie du bâtiment, le moindre recoin pouvant servir de cachette... Rien ne doit être laissé au hasard pour la sécurité de la jeune Yonesku. Compris ?
- Oui, commandant !
- Dans ce cas, allez-y !

      Aussitôt, les quelques cinquante soldats triés sur le volet la veille s'organisent à toute vitesse. Formant plusieurs équipes, ils se séparent pour quadriller la zone autour de la bibliothèque centrale, en plein milieu de l'esplanade du quartier des Richesses. L'endroit n'est pas excessivement peuplé, puisque composé de bâtiments commerciaux, de guildes ou de bureaux, mais les passants sont nombreux, en majorité des employés en pleine course contre l'argent. Très peu sourient, tant ils ont l'air occupés par leur affaire, marchant vite, le regard fixé sur l'avant sans se préoccuper de ce qu'il y a autour. L'esplanade en elle même est pourtant jolie, faite de marbre blanc et de pierre lisse, le tout sculpté avec soin. Des arbustes parfaitement entretenus sont plantés de manière égale au bord de la route cerclant le lieu de savoir.
      La bibliothèque est énorme. Aussi longue que large, elle possède deux campaniles, à la manière de certaines églises ou autre bâtiment religieux. Montée sur plusieurs étages, de grandes fenêtres colorées et de nombreux motifs gravés dans la roche enjolivent les murs. La double porte massive est en bois sombre. Entrouverte, je repère dans l'entrebâillement l'ombre d'un gardien. Je m'approche et le salue :

- Commandant White, je viens m'entretenir avec le chef d'escorte. C'est important.

    D'abord intrigué, l'homme des Dragons Célestes hausse un sourcil avant de me faire un signe de tête, m'invitant à pénétrer à l'intérieur.
     Une quinzaine de ses compagnons sont là, ainsi qu'une vingtaine d'autres portant un habit plus modeste, mais dont le lourd collier m'indique le rôle. Aucun des esclaves ne se tourne vers moi, trop occupés à observer les moindres faits et gestes de leur maîtresse attitrée ou le sol sous leurs pieds. Je repère d'ailleurs la jeune Eliza Yonesku : une fillette de huit ans au mieux, dans une robe élégante lui arrivant jusqu'aux genoux, des souliers blancs immaculés, avec une peau de porcelaine, des cheveux blond cendrés et deux perles de saphir brillant timidement entre des paupières mi-closes... J'ai l'impression de regarder l'une de ces poupées hors de prix que l'on pourrait trouver sur le lit des princesses. Un autre détail m'intrigue : l'enfant parait gênée et a du mal à le cacher.
     Un homme dont l'uniforme diffère des autres m'approche. Plutôt robuste, son apparition m'oblige à me redresser, par instinct :

- Capitaine Sahadiste, de la garde prétorienne. Vous souhaitiez me voir, commandant ?
- En effet capitaine. C'est au sujet de cette sortie : vous êtes certainement au courant de ce qu'il se passe ces temps-ci, n'est-ce pas ?
- Oui, un semblant d'insurrection... Mais il me semble que vos hommes et vous êtes sur l'affaire. Vous ne devriez pas avoir trop de mal à accomplir votre tâche. A moins qu'une poignée de sous-êtres ne soient des adversaires trop importants pour vous ?
- Bien sûr que non, nous faisons tout pour faire de cette mission un succès... Seulement vous devez comprendre qu'une telle sortie est dangereuse malgré tout.
- Oh ?

      Plus qu'un questionnement, le ton utilisé s'apparente à une moquerie.

- Depuis quand les Dragons Célestes doivent-ils avoir peur de sortir de chez eux ? Pourquoi ne se sentiraient-ils pas en sécurité, avec la Marine qui se décarcasse sur le terrain et nous autres qui assuront leur protection ? Qui oserait lever la main sur eux ? N'êtes-vous pas d'accord, jeune maîtresse ?

      Eliza ne lève même pas les yeux vers lui, se contentant d'un haussement d'épaule. Elle semble plus attirée par les innombrables étagères qui lui font face que par notre compagnie.

- Sur ce point, je suis d'accord avec vous, capitaine. Personne ne serait capable de s'attaquer aux Dragons Célestes. Personne de sain d'esprit, je veux dire.
- Qu'insinuez-vous ?
- Je crains que cette... "insurrection" soit plus que ce qu'elle semble être. Il y a des détails de l'affaire qui me paraissent illogiques. Un des nobles qui a été tué...

     Le capitaine Sahadiste me lance un regard perçant, pointant un doigt discret vers l'innocente jeune fille. Je reprends à voix basse :

- ... Qui a eu des ennuis s'est d'abord fait assommer avant de se faire poignarder à plusieurs reprises. Personne de censé ferait ça. Ou alors ils étaient plusieurs. Mais sa femme nous a confirmé qu'il n'y avait qu'un seul...
- Je vous arrête tout de suite, commandant White. Je me contrefiche de savoir ce que votre enquête vous a appris car, comme vous le savez, mon rôle à moi c'est de protéger la famille Yonesku. Votre rôle, c'est d'empêcher que j'ai à intervenir. Vous imaginez bien que si je dois intervenir, c'est que vous n'avez pas rempli votre rôle. Me suis-je bien fait comprendre ?

     Je reste figé. Dans un sens, il a raison. Même si sa façon de le dire me déplaît, ce sont bien là les directives qui nous sont transmises lors de notre prise de position ici, au Don des Saints. Quand bien même, je sais ce que je dis. Si les propriétaires d'esclave sont visés, alors cela implique les Yonesku, et la petite Eliza est en danger. Seulement voilà, à l'instar de leurs maîtres, les gardes prétoriens sont des prétentieux bornés. J'ai eu tort de croire que je pouvais le raisonner... Il ne me reste qu'une seule chose à faire. Tenter le tout pour le tout :

- Sauf votre respect, ce n'est pas à vous que cette décision incombe.

    Le contournant avant qu'il ne puisse répliquer, je me penche et m'agenouille devant la fille:

- Jeune maîtresse, me permettrez-vous de vous assister ? J'ai peur que vous soyez en danger.

   Eliza tourne enfin la tête dans ma direction.

- ... Je suis en danger ?

    Nouvelle surprise, car je ne perçois aucune peur dans sa voix. Elle reste là, aussi calme que peut être l'un des lecteurs en ces lieux. Sa question n'est qu'une question. Ni impliquée, ni détachée. Je me ressaisis :

- Oui, je le crois jeune maîtresse. Même avec tous ces gens qui vous accompagne, je pense que... Qu'il y a encore des risques qu'on s'en prenne à vous.
- Comment osez-vous ! Ne l'écoutez pas je vous prie, il...
- Qui êtes-vous ?

     C'est à moi qu'elle le demande. Ses yeux bleus sont plantés dans les miens et ne sourcillent pas. Les paupières toujours mi-closes, elle attend que je lui réponde... Mais cette simple demande me perturbe. Rares sont les Dragons Célestes à accorder la moindre importance aux gens qui les servent, surtout parmi les enfants, souvent plus égoïstes. Seuls quelques élus ont "l'honneur" d'être appelés par leur nom. Le fait qu'elle s'intéresse à moi veut dire beaucoup.

- Je suis le commandant Eden White, de la Marine, jeune maîtresse. Je vous protège, vous et les gens qui nous entourent. C'est mon rôle.
- Vous êtes un héros ?
- Plutôt un soldat. Mais qui sait ? Peut-être qu'un jour quelqu'un que j'aurais sauvé pensera que j'en suis un ?
- Et vous voulez me sauver, moi ?
- Je le souhaite de tout coeur. C'est pourquoi j'ai besoin de votre accord jeune maîtresse. Acceptez-vous que je vous protège ?
- Vous outrepassez vos droits, commandant ! Je ne permettr...
- D'accord. Je vais voir les livres. Aidez-moi à en trouver un.
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