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Retour Fra-K-SANG!

J'avais l'impression que ça faisait des millénaires, mais queud. Deux piges seulement que j'avais pas senti l'odeur crasse de ces arcasiens d'Alvel où je m'étais terré y a bien longtemps pour accomplir mon rêve. Pendant notre folle aventure avec Lilou, j'en avais entendu des bonnes sur qu'était devenu mon chantier naval, et je comptais bien faire baigner Florin dans son sang après avoir pris la longue minute de repos qui nous revenait de droit. Tout le monde était exténué, surtout Linus qu'était sur le cul : tout ça pour finir dans un trou à pirates, à quel moment on allait arrêter de jouer avec ses nerfs ? Tout le monde se marrait presque, en vrai peu importe où nous étions tant qu'on dormait sur un bon matelas et pas la couverte d'un Attrape-Rêve qu'en avait vu des vertes et des pas mûres, et qui méritait un bon carénage des familles, des réparations et qu'on l'outille pour les prochaines fois.

Déjà au large, je voyais dans la lunette de la longue vue les gens péter un boulon : ils connaissaient mon catamaran. J'esquissais un large sourire. Ces connards me pensaient crevé, à tous les coups. Les éclaireurs de Florin s'apprêtaient à le trahir. Personne ne le préviendrait. Ils y risquaient beaucoup trop. J'expirais un bon coup puis fichais mon extra-châsse (longue-vue) dans ma poche. Je me tournais vers mes amis.

Putain... C'était quelque chose!

et Lilou...

T'en as souvent entendu parler... Tu vas pas être déçue. Tu vas dé-tes-ter.

Mais d'abord, il nous fallait trouver une sorte de médecin. J'avais le bras droit bousillé, jamais remis depuis le combat contre Poséidon. Mes beignes dans leur gueule n'étaient plus les mêmes. Linus avait réussi, pendant ces deux ans, à éviter la confrontation mais il était dans un état psychologique déplorable. Autant dire que c'est pas ici qu'il trouverait son bonheur. Aimé et Yarost, eux, semblaient aller bien. Aimé, grâce à son métabolisme de super-héros et Yarost parce que tant qu'il y a une présence féminine à bord... Les dangers ne lui en paraissent pas. Quant à Lilou, c'était elle qui était au stade le plus critique de tous d'après moi. Ces derniers jours, elle ne nous parlait pas beaucoup. Elle était dans ses pensées. Peut-être qu'elle se rendait compte que ça y est, nous arrivions à la fin d'un chapitre qu'elle allait désormais devoir mettre derrière elle et composer avec ce qui était : Alvel, la prime, et la cohabitation avec une équipe de gus, pas fins mais avec des gros cœurs d'éléphants.

Moi ? Ca faisait un an que j'étais sobre. Mes pensées n'avaient jamais été aussi claires. Je me projetais loin. J'étais plus rusé, je me servais plus de mes neurones. Surtout depuis la blessure. C'était grâce à Lilou, aussi, que j'avais réussi à déconstruire mon rapport à l'alcool. J'étais amoureux d'elle et j'avais fini par le lui dire. Enfin. J'avais plus besoin de me morfondre dans mon pays des rêves où tout était plus facile. De plus que, quand j'étais pivé, elle voulait pas m'entendre. Et moi je voulais lui parler. Un an !

On larguait les amarres avec Aimé. Il me regardait avec un sourire au coin. Il était fier de moi. Et j'étais heureux qu'il le soit. On avait traversé beaucoup ensemble. Il était mon compagnon à la vie à la mort. Mon frère. Combien de fois m'avait-il sauvé de la mort ? Et de moi-même ? Nous étions parti d'Alvel ensemble, et puis revenu.

K..Ki-..Kiri-...Kiril ! T'es pas mort!

Qu'un clampin bégayait plus que Linus. La face livide, les gambettes tremblottantes, les chaleurs sur les tempes. Je me marrais comme un rupin sang-bleu devant le spectacle de la pauvreté.

C'est moi. Est-ce que les rumeurs sont vraies sur le KGB ? Et réponds sans bégayer. J'en ai déjà un...


Le K- ...! Le KGB ! Florin est un homme mort!

Et pas que lui. Tous ceux qui l'ont aidé dans son entreprise le sont. Tu ferais bien de courir le dire à tes copains. Les rumeurs circulent vite ici. Il me le faut vivant. Tu comprends ?

Il détalait en signe qu'il avait compris. On verra bien ce que ça donnera. Peut-être que cueillir Florin s'avérerait plus facile que prévu. Mais quelque chose me dérangeait dans ma manière d'agir. Tch. Pour l'heure, nous finissions d'attacher l'Attrape-rêve.

***

Ici, les choses semblaient s'être dégradés. Il y avait de plus en plus de femmes et d'hommes esclaves. J'observais le visage de Lilou se décomposer dans un mélange d'extrême fatigue et d'ébouillante. Je lui prenais la main pour lui dire que maintenant que nous étions là, tout cela allait changer. Mais nous ne pouvions pas foncer sans prendre le temps de la réflexion. Il nous fallait de l'énergie, du temps de préparation, de régénération et elle, je savais qu'elle rêvait depuis longtemps d'un bain chaud.

J'avais l'impression que nous étions seuls en ville. Tout le monde s'effaçait de stupeur. Je les saluais avec insolence, tous. Oui, regardez-moi. Regardez moi bien. Personne n'était prêt pour ce Kiril d'après ellipse. Vraiment personne. Je sentais qu'ils en avaient l'intuition. J'étais satisfait en pénétrant sans m'annoncer la porte de l'auberge où je créchais avant de partir chercher la rousse. Lloyd, le tenancier, était toujours le même, joufflu, trapu et derrière le comptoir à essuyer ses chopes. Je me tournais vers Lilou.

C'est ici même que j'ai pris la décision de partir à ta recherche. Et ça, c'est Lloyd. Il est surpris de me voir.

Surpris, Lloyd l'était, mais machinalement il me servait un verre de forte. J'étais sur le point de refuser mais Linus ne m'avait pas laissé le temps : il engloutit la forte tout sec. Lloyd, et d'ailleurs tout le monde le regardait avec des gros yeux. Avant de finalement finir par l'ignorer. Ca se voyait sur sa tête qu'il avait besoin d'un bon remontant.

Eh ben dis donc. Long voyage ? Oh... Aimé aussi!

Nounours le salua d'un sourire sans geste.

Je leur avais dit qu'on pouvait pas vous crever comme ça! Vous étiez o-

Il s'arrêta tout net. Lilou avait retiré sa capuche.

Putain de merde. Eh ben ça alors. C'était pas des cracks ?

Le pauvre, savait plus où se mettre.

En-enc-encore un autre, s'il vous plait!

Lloyd répondit à la demande du chimiste mais remplissait une deuxième chope pour lui. Il était en face de celle qui avait buté Végapunk.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Jeu 8 Sep 2022 - 1:05, édité 2 fois
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Est-ce que ça va ?

Le regard rivé dans le vide, Lilou relève les yeux vers Aimé dont la voix résonne d'une drôle de manière. Elle ne peut pas vraiment dire qu'elle va mal, mais, elle ne peut pas non plus dire qu'elle va bien. Le doute n'est pas permis sur sa situation, cependant elle peine à savoir ce qu'elle en pense concrètement. Ne t'inquiète pas, lui demande-t-elle d'un ton égal, qu'elle tente de faire plus doux, sans y parvenir. Difficile de ne pas discerner le souci dans le regard de son ami, qui n'insiste pas pour autant. Elle aimerait juste trouver les bons mots pour en parler à Kiril.

Je crois que nous sommes à l'aube d'une drôle d'aventure.

Voilà ce qu'elle voudrait lui dire. Mais qu'elle n'arrive pas à articuler.

...

C'est donc ça, Alvel. Ses yeux scrutent l'horizon longuement à la recherche de toutes ces choses dont Kiril lui a parlé dans ses lettres passées. L'ambiance y est retranscrite en effet, avec une exactitude presque troublante quand on y pense. Elle se remémore les mots choisis, et esquisse un sourire avant de poser les yeux sur son compagnon. Il n'y a bien que lui qu'elle suivra jusqu'ici, pour Dieu sait quelle raison. A cœur de ne pas le perdre après l'avoir finalement trouvé. Il y a des jours où elle songe au fait qu'il y a des rencontres qu'on ne fait qu'une fois dans sa vie, et qu'elle assume d'avoir eu sa chance et le bon sens de la saisir au bon moment. Un sourire perce sur l'ourlet de ses lèvres alors que ses yeux d'ambres reviennent sonder le ponton où ils s'amarrent.

D'un pas entreprenant, la rouquine donne l'impression de conquérir la zone, ou de ne pas craindre l'adversité et l'hostilité qui peuvent les attendre. Tout est désormais une question de business, c'est ce qu'elle comprend et ce qu'ils doivent présumer. Kiril est revenu prendre ce qui lui appartient, elle est là pour faire le poids dans la balance, s'il faut laisser entendre que les négociations peuvent être corsé. En bonne révolté dans l'âme, en venir aux poings ne lui fait plus vraiment peur, peut-être parce que la crainte de se blesser n'existe plus avec autant de ferveur qu'avant. Et qu'il y a des jours où faire cogner les phalanges peut résoudre bien des conflits.

...

Dans le bar, elle souffle un rire en voyant Linus descendre son verre avec un enthousiasme fébrile. Fais doucement, c'est un tord-boyau comme on en connait peu, lui souffle-t-elle avec douceur en dégageant sa capuche et ses cheveux, qui tombent en cascade sur ses épaules. Et je ne te tiendrais pas la bassine ce soir, tu peux en être sûr... Pas qu'elle n'en a pas envie, mais Lilou a clairement mieux à faire pour la suite du programme. Ses yeux glissent vers Lloyd donc, à qui elle offre pour l'instant un sourire courtois pour ne pas introduire immédiatement un climat anxiogène. Mais ça viendra suffisamment vite si elle n'obtient pas ce qu'elle veut.

Je présume que c'est à toi qu'on doit s'adresser si nous voulons des réponses. Nous avons des comptes à régler, rapidement : à qui on pose les questions, et avec quel degré de politesse ? Lloyd soupire, secoue la tête. L'envie n'y est pas de se mêler de tout ça, mais le regard perçant de la rouquine ne lui laisse pas le temps de se défaire de ça. Alma travaille pour l'impératrice, précise-t-il rapidement. Hm... Où est-ce qu'on peut lui tomber dessus ? La réponse ne tarde pas : Au chantier naval normalement, probablement en soirée pour récupérer la mise, vous ne tarderez pas à le trouver pour pouvoir lui parler. Mais restez polis, ok ? Nouveau sourire : C'est dans nos cordes, n'est-ce pas ?

Ses yeux glissent vers son coéquipier, l'avisant longuement. Kiril se fait plus bête qu'il ne l'est la majorité du temps, mais il y a bien une part de lui qu'elle connait assez peu, c'est au sujet de l'homme d'affaire qu'il peut être. Elle sait qu'il a tenu le chantier naval un bon moment avant de décider de venir la chercher, elle sait aussi qu'il ne fait bien que ce qu'il veut quand ça lui chante. Elle est curieuse. De voir les décisions prises. Et de savoir si d'une manière ou d'une autre, ça peut influencer son choix. Son sourire se fait plus discret quand elle croise ses yeux. Une drôle d'aventure, alors ?

Ce n'est pas encore le bon moment pour lui en parler. Reste à savoir quand ça le sera, en revanche.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 9 Sep 2022 - 13:19, édité 1 fois
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D'abord, on soufflait. Aimé avait convaincu Linus, je ne sais comment, de se reposer à l'étage. Le pauvre bougre avait ingéré une telle quantité d'alcool qu'au bout d'un moment, il ne bégayait même plus! C'est là à ce moment qu'on a su qu'il était temps pour lui de faire un somme. Quant à Lilou, elle avait discrètement disparu dès lors que Lloyd nous avait notifié de la présence d'une baignoire dans sa maisonnette, collée à l'auberge. Cela faisait plus de deux ans que nous n'avions plus du tout accès à ce genre de confort. Des fois, nous trouvions une rivière et nous nous y baignions tous. Peu importe la fatigue provoquée, j'y sautais tant que j'y avais pied.

C'était tout de même étrange pour moi d'être ici sans me poster au comptoir. J'avais l'habitude de voir le piollier de si près! Lloyd me semblait, de là où j'étais, être une autre personne. De la banquette où nous lisions attentivement les torchons avec Aimé, le tenancier était moins épais, moins joufflu, plus anonyme. J'attendais comme Aimé qu'il me serve un café. Avant, il me paraissait que je ne vivais simplement que dans ma tête. J'oubliais que je m'inscrivais dans un tout. J'ai pris le temps de réfléchir pendant un an sans gnôle. J'en étais arrivé à la conclusion que Lynbrook faisait partie du problème. Cette grognasse d'île qui te fait croire qu'il n'y a personne d'autre qu'elle de possible. Aucune autre issue. Et puis j'ai fini à Dead End. Si, il y avait bien autre chose. Mais c'était une impasse. Rictus. Ca me rappelait nos premières lettres.

J'avais du mal à réaliser que nous étions là. Qu'elle était là. J'en venais à être anxieux de ne pas la voir. Je craignais de subitement me réveiller d'un rêve. Après tout, Lloyd était si petit! ...Notre "voyage" n'avait pas été de tout repos. J'en avais besoin, comme Linus. Nous en avions vu beaucoup, peut-être même trop ? Mais cela nous avait permis d'apprendre à être honnête avec nos sentiments, les uns envers les autres. Je crois que nous formions désormais un véritable équipage.

Ce que disait les torchons me rassuraient. C'est le retour du Capitaine Red sur Grand Line qui avait créé un appel d'air qui nous a permis de prendre la décision spontanée de prendre la direction d'Alvel. Nous savions que cette nouvelle chamboulerait le cour des choses pour les forces bleues. C'était le bon moment pour revenir et s'occuper des affaires. Un destin de fuite ? Je n'avais pas fait cette promesse là à Lilou. Je voulais lui montrer que j'étais capable de la mettre en sécurité, et qu'elle pouvait se reposer sur moi et me faire pleinement confiance.

Lloyd m'amenait le café. Je le sirotais avec dégoût mais je faisais semblant de ne pas réagir. Aimé avait l'air d'être tellement soulagé après l'avoir avalé d'un trait. C'était censé provoquer cet effet ?

Alors, quoi d'autre ?

Ils ont pris d'assaut une île céleste, rien que ça... Je pense que Lilou pourra souffler un peu.

Moi, j'ai : des hommes morts qui ne le sont pas sur l'île en fête. Au cas où tu prévoyais d'aller t'y éclater... Non merci.

Je repliais le torchon puis avalais à mon tour le café d'une traite. Je grimaçais en tirant la langue. Yarost se gaussait. Aimé compatissait.

J'avais d'autres choses en tête. La situation ici avait  beaucoup changé.  Je ne savais pas comment appréhender le fait qu'une Impératrice ait jeté son dévolu sur ma propriété. L'aurait-elle fait si j'étais resté ? Si j'avais été là pendant ces deux années ? ...Probablement. Mais je devais avouer que ça m'était tout de même flattant. Kiyori. Elle était considérée  comme une déesse par le quart de la population de Grand Line et du Nouveau Monde, et certainement par l'île entière d'Alvel. C'était un grand honneur pour moi que d'être reconnu par elle. Et puis, elle était d'une beauté insaisissable. J'aurais signé le deal sans aucun doute, aussi vite vite que je ne sortais ma topette, à l'époque, excité comme tout, comme sous l'emprise d'un fruit du démon.

A quoi tu divagues, punk ?

Par contre.

Je me demande qui peut bien être cet Alma.

Lloyd nous avait raconté toute l'histoire. Lui, Elizabeth Marsh et Margareth Orléando avaient débarqué sur Alvel afin de reprendre le KGB. Florin avait récupéré l'entièreté du bâtiment, récupérait les gains sans jamais y réinvestir le moindre cailloux. Les charpentiers se tuaient à la tâche avec des équipements jamais renouvelés. Lorsque les Rosas Negras sont venus sur l'Île avec Alma, elles avaient clairement l'intention de mettre fin à sa vie. Or,  Florin était pas le dernier des cons. Dieu seul sait comment, mais il avait réussi à tromper Elizabeth. Et il était réapparu dans les parages dès lors que l'équipage avait levé les voiles. Cependant, son statut de roi sur Alvel avait fondu sous l'influence l'influence de la nouvelle propriétaire des lieux. Il n'était plus que l'ombre de lui-même.

Tss, il n'a eu que ce qu'il méritait, au bout du compte.


Nounours n'avait jamais beaucoup apprécié Florin. Pourtant, c'était moi qui avais fait l'erreur de le laisser aux commandes KGB pendant mon absence. A l'époque, il était la seule forme d'autorité stable sur ce bout de terre, et selon moi il s'agissait de la seule personne qui garantirait au chantier de ne pas se faire attaquer  par le premier dégénéré venu. De plus, il était à l'origine de la particularité du chantier naval. C'était lui qui avait  convaincu Memson des Industries Faypher qu'il avait plus d'intérêt à fusionner qu'à faire ses affaires tout seul avec des équipages de pirates peu fiables sans le sens des affaires. Florin, il n'y avait pas à dire, avait du flair. Evidemment, c'était un salaud sans nom. Dès qu'il a pu, il n'a pas hésité à me planter un couteau dans le dos. Mais je m'interrogeais. Certainement qu'il y a deux ans, je lui aurais rendu la monnaie de sa pièce en lui lattant la tronche, voir pire... Mais aujourd'hui je comprenais surtout que pour la suite il me fallait quelqu'un du même acabit. Je le partageais avec Nounours.

Mais rassure-toi, on va quand même lui latter la tronche.

***
Je lançais un regard à Lloyd, j'étais prêt. Des fois, un simple coup de fil avait le pouvoir de faire basculer le cours de l'histoire, et toute une île d'un camp à l'autre. Où était l'intérêt des grooms de Florin ? Le chantier naval ne lui appartenait plus. Ah, s'il avait foutu les voiles avant! Mais le souvenir du contrôle qu'il avait sur Alvel l'immobilisait, halluciné et bloqué dans la nostalgie d'un pouvoir perdu. Autre part, il ne serait jamais ce qu'il avait été ici.

Lloyd décrochait le téléphone.

Ils sont là. Ils savent que tu es en vie, comme tu te doutes. Ils veulent te rencontrer pour discuter réparations. Comme tu te doutes aussi.

Florin était pris à son propre piège. Il ne pouvait ni s'échapper ni se cacher. Il devait forcément me rencontrer. Cependant, le connaissant, je ne crois pas que cela lui faisait particulièrement peur. Il pensait avoir une chance en misant sur ses dernières forces vives. C'est pourquoi...

C'est compris. Je lui transmets. Ah, et Florin. Lilou Jacob est avec eux.

Il y eut un long silence.

Et puis...

Florin propose d'organiser une rencontre avec Alma au chantier. Dans une heure. Il a raccroché.

Forcément, Florin était loin d'être stupide. Il craignait pour sa vie. Il savait que je ne lui pardonnerai pas de sa mauvaise gestion. Et surtout, de la perte de ma propriété. C'est pourquoi il nous avait donné rendez-vous à KGB directement. Comme s'il voulait détourner notre attention ?

Qu'est-ce que tu en penses, Nounours ?

Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui cloche, non ?

Je crois aussi.

Il y a deux possibilités : il y sera ou il n'y sera pas. A toi de savoir ce que tu veux.

Nounours avait raison. Je sentais que ce choix, d'apparence anodin, en dirait énormément. Que m'était-il arrivé au cours de ces dernières années ? Qu'étais-je devenu ?

Au même moment, Lilou sortait de sa toilette. Elle avait encore la pointe de ses cheveux soleil mouillé. Elle me semblait un peu plus reposée. Je lui souriais. Et je comprenais. Désormais, la vengeance m'importait peu. Je voulais qu'elle voit ce que j'avais accompli pendant tout ce temps à s'écrire. Tout ça, c'était grâce à toi. Si je ne t'avais pas eu... , je serais certainement encore avec le Scott, en train de jeter des cadavres à la fosse commune.

Si j'avais eu la volonté de suivre mon propre chemin, de formuler mon propre vœu, c'est parce qu'un jour Lilou avait décidé de me tendre la main en m'écrivant une lettre. Pour les uns, il peut s'agir d'un coup de fil. Pour d'autres, il s'agit d'encre sur du papier. Chez les Saigneurs, il me semblait qu'il n'y avait qu'une seule personne qui me ressemblait un peu dans le fond. Et ce n'était pas Crack comme je l'ai longtemps pensé. Plutôt, il s'agissait de Micha. Elle aussi tendait vers autre chose que le chaos. Il y avait quelqu'un, une personne, là-bas, qui ne lui faisait pas oublier sa pleine humanité, sa pleine sensibilité. La mienne, de personne, c'était Lilou. Ca l'était encore aujourd'hui.

Je lui souriais encore quelques instants. Mon cœur battait la chamade de la voir ici. Si j'avais été au comptoir, je n'aurais pas pu la voir entièrement. Je ne regrettais pourtant pas mes années d'ivresse. Peut-être qu'il y a deux j'étais dingue, mais cette folie m'avait permis de la ramener.

Je vais te montrer mon chantier, Lilou.

C'est ce que j'avais décidé. Je remerciais Lloyd. Aimé me faisait signe qu'il restait ici pour s'occuper de Linus. Nous avions toujours nos Vital Den Den pour nous contacter en cas d'urgence. Yarost, quant à lui, s'engouffrait discrètement dans la capuche de ma redingue.

J'étais impatient.

De rencontrer le nouveau propriétaire, Ora. Si j'ai bien compris, il avait offert à mes hommes de meilleurs conditions de travail. Il fallait que je l'en remercie. Je voulais aussi en apprendre plus sur les intentions de Kiyori. J'attrapais le poignet de la rousse.

J'avais l'impression d'avoir fait le bon choix.

Pour Lilou:
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L-Lilou ? Contre le bois qui la coupe du monde, la voix de Linus est incertaine. Qu'a-t-il entendu ? D'un geste rageur, elle essuie le coin de sa bouche et essaie de faire passer l'affreux goût de bile qui lui reste. Un verre d'eau, elle se rince un temps avant de recracher son contenu, poussant la bassine qui devient sa plus grande amie depuis quelques instants. La tête qui tourne et le visage chaud, la rouquine ne sait pas totalement comment réagir. Linus insiste, elle se relève, s'enroule dans un linge et passe timidement la tête à la porte : J'ai l'estomac à l'envers, tu peux te charger de nous trouver un docteur ?

L'expression soucieuse de Linus se décompose soudainement quand il comprend ce qu'elle lui demande. I-Ici ? M-m-m-mais... Il n'en a pas envie. Au moins, ça a le mérite de le détourner un temps de la situation, et de ne pas l'amener à lui poser des questions sur ce qu'il a cru comprendre et surprendre. L'air sérieux qu'elle prend est teinté de la même fatigue que depuis quelques temps : Quand on sera revenus du rendez-vous avec Florin, Aimé pourra t'accompagner, lui assure-t-elle.

C'est suffisant pour que Linas accepte et prenne la fuite, dépité. Elle souffle en refermant la porte, se replonge dans sa baignoire en se demandant si elle parviendra à cacher ce secret encore longtemps. Tant que sa décision n'est pas prise de toute façon, elle va devoir faire cet effort. S'éloigner de toutes ces odeurs qui lui retournent le cœur, déjà si nombreuses. Elle a un soupir en se laissant glisser dans l'eau, relevant ses trop longs cheveux roux pour les balancer par-dessus le rebord, elle s'adosse et fixe le plafond un temps qu'elle ne contemple même pas.

...

Il a intérêt à être du rendez-vous, je suis fatiguée, grogne-t-elle sans cacher son mécontentement. Et puis de toute façon, ça se voit. Elle relève les yeux vers Kiril, et alors qu'ils s'approchent tous deux du lieu-dit, la rouquine avise en direction d'une silhouette, unique, devant eux. C'est lui ? Questionne-t-elle, aussi surprise que lui de voir le bonhomme en place. L'approbation de Kiril ne laisse aucun doute sur la situation, elle réajuste le col de son vêtement en se plantant à quelques pas de lui.

Florin, donc. Ses yeux le fixent de haut en bas, en essayant de comprendre le genre d'homme à qui elle a à faire. Kiril a visiblement besoin de lui pour récupérer son dû, possiblement. De fait, l'éventrer n'est pas au programme, mais ils n'ont pas dit que le malmener non plus. Vous pouvez attendre avant d'vous fâcher ? Je peux tout vous expliquer, suggère Florin d'un timbre qu'il veut maitriser mais qui transpire tout de même l'angoisse de ces retrouvailles. A sa place, elle non plus n'en mènerait pas large. C'est ça, quand on enfle les mauvaises personnes.

Elle n'esquisse aucun geste dans sa direction, se contente de river sur lui un regard dur. Et l'air semble crépiter soudainement. Kiril a un instant de flottement en titubant en arrière, Florin, lui, s'effondre soudainement, le genou au sol. Désolée, c'était mesquin ? Fait-elle en relâchant la pression, qu'elle a chargé elle-même dans l'air, pour augurer déjà le pire. Je ne voulais pas qu'il puisse filer... S'excuse-t-elle d'un maigre sourire, en laissant a l'homme l'opportunité de faire ce qu'ils veulent de lui.

...

La cale de l'attrape-rêve revêt désormais des allures de salle de torture. Mais au réveil de Florin, celui-ci leur a assuré qu'ils n'ont pas besoin d'en venir à ces extrémités. Tant mieux, Lilou n'a aucune passion pour la douleur, les bras croisés sur sa poitrine, elle le fixe. Elle s'est adossée à l'une des poutres de soutien, en glissant un regard vers Kiril. Lui s'occupe de poser les questions, voir si libérer l'homme se vaut ou s'il restera là, avec eux, encore un moment. Quoi qu'il en soit, la rouquine ne le quitte pas des yeux.

Elle n'est probablement là que pour témoigner et découvrir, elle préfère aussi rester à cette place. Ce n'est pas pour prendre d'une quelconque manière le devant de la scène. De toute façon, Florin passe désormais à table, et ne les prive d'aucun détail. De ses mots, il a changé : J'ai réalisé mon erreur, c'est pas seulement la peur qui m'a fait changer d'opinion, mais avec l'temps, j'ai commencé à voir la souffrance que j'infligeais par le biais de mon activité, j'essaie de racheter mes erreurs, explique-t-il d'un timbre désolé.

Elle ne sait pas quoi en penser, qu'en est-il de sa pénitence ? La question pourrait sans doute se poser mais pour l'instant, la rouquine estime que ça n'est pas à elle de s'en inquiéter. La noirceur de son âme sera jugée ailleurs, par des êtres plus compétents qu'elle. Après ma descente aux enfers, j'ai réalisé mes actions... Et quand j'ai voulu libérer les esclaves, on m'en a clairement empêché, je ne sais pas qui en est responsable mais ça tient pas que de m'décision, poursuit-il. Je ferais ce qu'il faut pour me racheter, et pour t'aider, Kiril, les yeux de l'homme se fixent sur son compagnon d'infortune.

Loin d'appeler à la pitié, sa voix a des emprunts de sincérité qu'elle ne saurait définir. Son intuition a envie d'y croire, mais Lilou estime qu'elle n'est pas la mieux placée pour la question. Elle est trop sensible dernièrement, et si elle n'a jamais été du genre à pleurer, pourrait bien enchainer quelques semaines trop éprouvantes pour ses nerfs. Mes informations sont les tiennes, je peux t'dire tout ce que je sais, mais je ne ferais pas le poids face à Kiyori, conclut-il alors en tirant un peu sur ses liens. Quand Kiril l'interroge du regard, Lilou hausse les épaules. Il gère. C'est son affaire.
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Quel activité ?

Florin, repenti ? Dans quel monde vivait-on ? Une dimension parallèle ? J'entendais Sereine dans ma tête me dire mon culot. Et toi le punk, t'as pas l'impression, depuis que t'es revenu, de vivre dans un autre espace-temps ? D'être devenu presque quelqu'un d'autre ? Non Sereine. Je me suis juste soigné. Et j'ai découvert qui j'étais vraiment. Ni un alcoolique, ni un haineux. Juste un humain avec des émotions, et qui essaie d'être bien pour lui et bien pour ceux qu'il aime. Et ça, c'est grâce à L en partie. Mais aussi grâce à ton frère. J'ai envie de leur rendre l'amour qu'ils me donnent.
J'accordais donc à Florin le bénéfice du doute. Mais il allait falloir me convaincre.  Me convaincre totalement.

Que s'est-il passé ?
La Déesse-Enfant a exigé... et elle a eu. C'est assez simple en fait. Tu n'étais pas là, et certes, le chantier était en train de décrépir-
Sous ton commandement
En partie
En partie ? Sérieusement ? Lilou, haki !
Att- ..!

Son front s'éclatait sur le sol. Elle y était allé fort. Elle avait eu raison. Il haletait et suffoquait.

Alors ?

Je l'ai laissé à l'abandon. Je ne savais pas à cette époque qui j'étais, alors je jouais un terrible personnage parce que
Stop. Je t'arrête tout de suite. Je m'en fous. Tu ne comptes pas assez pour moi pour penser pouvoir me partager tes états d'âme. Dis ça aux hommes et femmes de qui tu as nié l'humanité. Dis toi ça à toi même. Comment oses-tu croire possible de te racheter ?
Je... depuis que les femmes de Kiyori ont voulu me faire assassiner, j'ai vécu, hum... J'ai libéré les esclaves.
Ah ? Tu les as "libéré", tu dis ?
Oui...

Lilou !

Un filet de bave coulait sur le plancher. Et alors que sa respiration se faisait de plus en plus courte et fuyante, je me rendais compte que je ne ressentais que de la pitié pour lui. Je le plaignais parce qu'il souffrait plus que les esclaves qu'il croyait être de son devoir de libérer.

Ils ne comprenaient rien. Ils ne comprennent toujours rien. Et même ces révolutionnaires qui se targuent d'être des libérateurs ? Pour qui exactement se prenaient-ils sinon des Dieux, sinon des maîtres? Ils se condamnaient à devenir les tyrans qu'ils combattent. Ils croyaient qu'il suffisait d'enlever les chaînes à l'esclave pour le libérer.

Florin, tu n'as rien compris. Rien du tout. Tu ne te rachèteras auprès de personne sinon de toi-même. Ce n'est pas à toi de libérer un esclave, ce n'est à personne d'autre que lui que de briser ses chaînes. Tu crois, en niant l'humanité d'un autre, que ce n'est pas la tienne que tu désintègres ? La seule personne que tu dois libérer, c'est toi. C'est toi l'esclave Florin.

J'ai toujours détesté la Révolution. Toujours. Elle ne se rendait pas compte de la violence de sa prétention. Elle croyait que l'esclavage pouvait être aboli dans le droit, et en le croyant, elle ne faisait que s'enchaîner elle-même. Elle croyait que les humains réduits en esclavage n'étaient plus rien d'autre qu'esclaves, que non-humains. Elle ne les croyait pas capable de lutter, de se révolter, d'être humain! parce que l'esclavage est tellement abominable, que les hommes et les femmes qui ont sont les héritiers et les héritières oublient que leurs ancêtres sont à la fois le maître et l'esclave. Ils se sentent tellement coupable de l'histoire qu'ils nient le possible que l'esclave soit également un de leur ancêtre.

Le jour où tu comprendras ça, peut-être que je serai disposé à t'accorder plus de temps. Pour l'heure, tu n'es pardonné de personne.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Ven 23 Sep 2022 - 2:23, édité 2 fois
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Est-ce que tu m'as pris pour ton jouet, Kiril ? Grince-t-elle en portant un regard courroucé vers lui, comme elle en a l'habitude depuis, et lui aussi. A chaque fois qu'il fait quelque chose qui la contrarie sans doute. A force, ils ont fini par s'accorder, il y a des rituels qui s'ancrent et qui ne se défont plus. Elle a un soupir néanmoins, sans cacher son air morose, ou l'expression un peu lassée qu'elle a avec tout ça. Elle aimerait trouver le repos, ou à défaut, une solution pour soulager sa conscience. Je ne vais pas faire ça toute la journée, ni toute la nuit, lui annonce-t-elle simplement en haussant les épaules.

Il en fait ce qu'il veut, elle également. Trouve tes réponses, lui demande-t-elle comme une faveur d'ailleurs en fermant un temps les yeux, se passant une main fatiguée sur le visage. Florin n'émerge pas. Pour l'instant. Elle y est allée fort cette fois pour le faire taire. Peut-être aussi pour glisser un mot à son complice, et lui laisser l'occasion de... Elle ne sait pas vraiment. Réfléchir à la suite du programme peut-être ?

...

Tu veux poser tes questions ? Kiril est parti, elle a les bras croisés contre la même poutre, adossée à celle-ci, elle porte une oeillade blasée sur lui pendant qu'il relève les pupilles dans sa direction. Il hoche la tête, effectivement, la curiosité au bord des lèvres, à la recherche aussi de la réponse à l'énigme qui se pose devant lui. Son cheminement de pensées n'est pas aussi poussé que celui de Kiril. Sur l'esclavagisme notamment. Il se demande ce qui l'a amené à évoluer, à ce point tout du moins. Depuis quand a-t-il changé ? Je le reconnais presque pas... Soupire-t-il, Dieu sait si c'est à regret ou non.

Elle hausse les épaules pour sa part, d'un air lointain, presque indifférent. Je ne peux pas te dire précisément, il a commencé sa mue il y a un moment maintenant, il avait besoin d'évoluer pour grandir, à l'étroit dans sa propre tête, encore coincé dans une époque révolue, à stagner au lieu de s'adapter. Kiril a appris de ses erreurs, il apprend encore, c'est ce qu'elle se dit. Elle en fait autant, avec toute la maladresse que ça implique. Se tromper n'est pas un problème, tant qu'on ne s'obstine pas sur la même route. Florin a un rire de circonstances, soupirant de plus belle après ça.

C'est dans le journal que j'ai appris que vous étiez un équipage, un équipage, certes. Et plus encore, mais ça, les lignes du journal ne le diront pas. Qui est capable, concrètement, d'en saisir l'essence même ? Pas eux. Alors les autres ? Sans le voir de mes yeux, j'y aurais pas cru, admet-il simplement. A croire qu'il a besoin d'en parler, de se confier sur la question. Elle n'intervient pas, elle n'est pas persuadée que ça le concerne vraiment, que ça concerne quiconque à part eux deux. J'imaginais pas que qui que ce soit pouvait vraiment le supporter, cette fois, c'est à elle de souffler un rire. Moi non plus, Florin, fait-elle en se retournant, avisant d'un oeil que ses liens sont toujours en place. Repose-toi, tu vas en avoir besoin.

...

Et la prochaine étape, c'est quoi ? La moue boudeuse est toujours en place alors qu'elle fixe Kiril. Lui a le rôle du stratège, il réfléchit désormais. Pourquoi ne pas rendre visite officiellement à ce fameux chantier naval ? Après tout, ça pourrait être le bon moment, non ? Tu auras besoin que je sois là ? L'interroge-t-elle. Si l'occasion se présente, elle aimerait s'esquiver. Trouver le médecin qu'elle a réclamé à Linus, dans son dos pour l'instant. Un temps de silence. Elle le fixe, avant de fuir ses yeux. Quand ça sera fini, j'aimerais te parler de quelque chose, poursuit-elle alors. Mais qu'à ce moment-là. Avant, elle ne sait pas comment composer avec tout ça.
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Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as l'air ailleurs depuis quelques jours. Je t'ai dit que je voulais te le montrer. C'est plus important que tout pour moi, et finalement tu veux t'échapper ?

Mais je ne disais rien.

Je savais que depuis quelques jours quelque chose n'allait pas. Lilou était soit silencieuse, soit irritée. Elle ne me parlait pas vraiment. Elle ne me parlait plus jamais. Seulement, j'étais persuadé ne pas être la source de son tourment. Avant, je l'aurais épuisé pour qu'elle me le dise, pressé sa confiance.  Mais ce n'était pas penser à elle que de faire ça. C'était penser à moi. J'avais besoin de me rassurer et non pas l'inverse. Alors maintenant je la laissais venir à moi. J'étais triste car cela faisait plusieurs jours et elle ne me disait rien. Elle ne venait pas.

Le chantier naval KGB ? Il tombait à pic. Il me permettait au moins de penser à autre chose, et de ne pas transformer ma tristesse en vexation. Ce n'était pas la faute de Lilou si je n'étais pas patient. Elle me l'avait toujours dit, ça, d'ailleurs. Tu es impatient. Aujourd'hui je comprenais et ça me posait question. L'impatience, pour celui qui la subit, ne peut qu'être une agression. Ce n'est pas qui je voulais être.

C'est d'accord. Quand ce sera fini, tu m'en parleras. Tu pars ?

Oui, elle partait, sans demander son reste même. Je regardais sa silhouette de dos s'éloigner de plus en plus. Elle ne se retournera pas. Je le savais maintenant. Pourquoi le ferait-elle ? Il fallait que j'apprenne à ne pas faire une histoire personnelle de tout. J'étais un sensible, certes, mais seulement avec moi-même. Cela s'appelle de l'égoïsme.

***

Aimé et moi nous dirigions vers le chantier et plus nous nous en rapprochions, plus je repensais à Florin. Ce que je lui avais dit. C'était une chose d'apprendre de Lilou. C'en était une autre d'apprendre de Florin. J'en parlais à Aimé avec émotion. Il n'y avait que lui puisse comprendre mon tourbillon, ma continuelle submersion.

Que fait-on, sérieusement ? Où allons-nous ? Où vas-tu avec moi ? Reconquérir quelque chose qui m'appartiendrait ? Et à quel titre ? Quand j'y pense, je n'étais pas bien mieux que Florin.

Aimé marquait le silence. Et puis s'arrêtait soudainement de marcher.

Tu as raison. Arrêtons-nous. Qu'est-ce que tu veux faire, vraiment ? Que faisons-nous vraiment à Alvel ?

Peut-être bien que nous étions ici pour qu'il y ait cette rencontre avec Florin. Pour que je me rende compte que je ne voulais pas m'inscrire de cette manière dans le monde. Je ne voulais pas être un libérateur.

Je partais pour reprendre le contrôle du chantier. Maintenant je n'en veux plus.

Alors, change le terme de la négociation Kiril. Libère-toi de "tes" bateaux. Une fois que tu les as construits, ils ne t'appartiennent plus. Libère-toi de la mémoire du Kultuur...

Aimé touchait un point sensible. C'est vrai qu'avant de tomber sur la prime de Lilou, mon rêve était de récupérer le Kultuur, le bateau qui m'a fait trouver un sens dans ce non-sens de baston et de liqueur. C'est en apprenant la charpenterie en construisant ce bateau que je m'étais libéré de mes chaînes. Je n'avais pas eu besoin d'attendre de voguer en mer avec pour ça. Il ne s'agissait pas que du bateau, il s'agissait de l'expérience de la communauté, l'ambiance sur le chantier, les engueulades, les amitiés, l'apprentissage. Tout ça.

Aimé. Je sais. Tu es un génie! Tu es un vrai génie!

***

Nous arrivions maintenant au chantier naval d'Alvel. Karvel, Guindal et Bonbonnière. Autrement dit, la coque, ce qui  hisse le fardeau et les bonbons. Beau nom. Bien trouvé. Il sentait toujours la même odeur de sciure de bois malgré les coups qu'il avait reçu. Je sentais que l'esprit du chantier n'avait pas été perdu, sinon restauré depuis le changement de propriétaire. J'en étais reconnaissant pour eux.

K! Aimé! Les aminches!

Les hommes m'y attendaient depuis que j'avais posé le pied sur Alvel. Ils me recevaient avec une sincérité qui me remplit d'émotions. Je souriais et serrais même quelques uns d'entre eux dans mes bras. Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu parler par un autre que moi l'argot de la cinquième voie de Grand Line. J'étais au KGB comme chez moi. Deflandre ne tarda pas à finalement se montrer. Le connaissant, il devait être en train de terminer sa masse. Il n'y avait rien de plus important pour lui que le travail bien fait. Je le respectais pour ça.

Alors!
Alors quoi ? Tu t'es fait racket le chantier, l'arcaz!
Bahaha! Il n'y avait pas grand chose à faire contre Florin sans toi dans le coin. C'était redevenu la tyrannie de l'empereur local. Le chantier lui donnait encore plus de moyens.
Et puis, boum, une véritable impératrice te tombe dessus. Qu'est-ce qui faut pas comme vie...
Qu'est-ce qui faut pas! Je suis content de te voir Kiril. Tu sembles... changé.

Je te le fais pas dire mon cher Deflandre.

Tu vises juste comme d'habitude et d'ailleurs, je devrais t'en parler.
De quoi donc?
Plus tard, quand nous ferons la fête.

Plus loin, un homme dont les bords du chapeau couvraient son regard nous regardait, silencieux, emballé d'une sorte de kimono.

C'est lui ? Alma Ora ?
Ouep, c'est lui le boss maintenant. Il est chic, et c'est un gars du métier.
Très bien.

Je les laissais en compagnie d'Aimé à qui ils posaient tout un tas de questions, notamment sur la véracité de tout ce qui a pu se dire sur le journal, et bien sûr, sur Lilou. A mesure que je me rapprochais, je distinguais de plus en plus son visage et je percevais un léger sourire. Comme s'il avait pris lui aussi part à ma retrouvaille avec le chantier.

Comme j'arrivais devant lui, je lui tendais la main.
Kiril Jeliev, ex-"proprio". Je n'en veux plus, rassure-toi. Tu es très bien. Mais j'ai quelque chose à te proposer.
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      À l’aube d’une nouvelle journée, des murmures, des rumeurs, puis des agitations me parvenaient, progressivement, jusqu’à confirmer mes soupçons. Je les savais présents. Tout le monde en parlait. Kiril et Lilou étaient de retour sur Alvel. Une petite voix me disait qu’ils viendraient me rendre une petite visite. À la fois excité et perplexe, je ne savais pas encore la manière dont je réagirai. Après tout, on parlait d’une légende de la charpenterie que l’on croyait mort, dont j’avais plus ou moins tenté de redresser le chantier, avant d’apprendre finalement qu’il était toujours envie. Et tant mieux. Le milieu avait besoin d’hommes comme lui. Alors quand il débarqua aussitôt, je fus comme tétanisé. Non par la peur, mais par la vision de ces charpentiers qui lui étaient encore dévoués. Cela n’était en rien de la jalousie, car mes compagnons de Bliss feraient certainement la chose. Je savais que les charpentiers d’Alvel m’appréciaient et me respectaient, mais je ne remplacerai jamais Kiril et c’était mieux ainsi. Il était ici chez lui et je n’avais que poursuivre son travail en y ajoutant ma petite touche personnelle.

      Tout se passera bien.

      Nos regards se croisèrent. Je les vis discuter, Deflandre et lui, probablement de mon avenir ou d’autres choses. Finalement, il se dirigea vers moi. Je restai stoïque à l’observer d’un regard assez neutre. J’avais rencontré des personnes bien plus terrifiantes, alors je ne craignais pas grand-chose. Non. C’était plus de l’excitation à l’idée de rencontrer un semblable. Je pus clairement l’analyser quand il se trouva si proche de moi. J’étais un peu plus grand mais bien moins dangereux d’apparence. Dans son regard, on pouvait lire une vie tourmentée, riche en aventures et mésaventures, un homme qui avait véritablement rencontré des hauts et des bas. Mais beaucoup de bas. Des événements qui vous marquaient à vie. Finalement, pas si semblables que cela. Ma vie était bien plus paisible. Un peu tourmentée, justement à cause de la prétendue disparition de Kiril et ma popularité grandissante.

      « Enchanté », répondis-je simplement à sa présentation. « Je dois t’avouer que ça m’enlève un poids, camarade. Je n’avais pas vraiment envie de gérer une telle situation et voir l’Impératrice débarquer. Tu sais, moins je la vois et mieux je me porte. »

      Il s’en foutait certainement. Je sentais bien qu’il venait avec un objectif précis en tête. Il ne venait pas pour récupérer le chantier mais la suite ne m’encourageait pas davantage.

      « Je t’écoute. Que viens-tu me proposer ? »
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C'est bien simple. Nous allons faire d'Alvel la capitale Grand-Linoise de la construction navale.

Tout ça, c'était encore une fois grâce à Aimé. Et aussi, parce que j'avais arrêté la gnôle et que depuis, j'arrivais à mieux aligner mes neurones, et voir plus loin à l'horizon. Donc peut-être un peu grâce à Lilou. Alvel était un taudis sans nom. Si je trouvais les révolutionnaires en mission civilisatrice très prétentieux, que dire des pirates esclavagistes ? Ils étaient les pires de tous, complètement hallucinés par leur incapacité à faire sens. Les premiers pirates rêvaient de liberté, les pirates d'Alvel se sont enferrer d'un fouet.

Ce que j'avais vu en si peu de temps ne m'avait même pas glacé, je ne le supportais pas. Je ne le supporterais pas. Et il me fallait agir car j'avais décidé de ne plus rien subir comme violence extérieure, liée aux droits ou aux infrastructures. Je créerai les situations dans lesquelles je souhaite m'inscrire. Le contexte ne m'écrirait pas. Il n'y avait pas de contexte autre que ma propre action.

J'ai besoin de mes hommes et d'autres d'ailleurs. Je veux créer une école gigantesque affiliée au KGBis, j'en profitais pour lui suggérer de changer au moins le nom du chantier car ce n'était plus le mien mais qu'il y avait tout de même quelque chose de mon esprit là-dedans. Cette école formera le gratin des charpentiers, la crème des menuisiers et cerise sur le gâteau, même des ingénieurs grâce à l'expertise de Lilou.

Je suppose qu'Alma, étant lui-même du métier, comprenait tout l'enjeu de ce que je venais de lui annoncer, littéralement le petit doigt dans le museau. L'infini possible liée à une telle construction profiterait à tout le monde ici sauf aux esclavagistes bien sûr. Mais à ceux-là, j'avais prévu de les faire baigner dans leur sang. Ce n'était pas vraiment le sujet. Un charpentier partageait son savoir parce qu'il aimait son métier et parce qu'ensuite tout allait beaucoup plus vite.

Seulement, ce n'était pas tout.

J'ai besoin qu'une quarantaine d'entre eux partent avec moi lorsque nous aurons terminé le chantier. J'ai besoin également que l'activité ralentisse un peu ici, pour qu'on puisse se concentrer sur la construction de l'école. Donnes y un peu de temps, et tu verras que tu ne perds rien.
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      La capitale de la construction navale de Grand-Line ? Pourquoi pas. Kiril sera content. Kiyori sera content. Nos ouvriers, à Kiril et moi, seront aussi content. Je serai content. Quelle merveilleuse nouvelle ! Un projet démentielle mais qui donnera une dynamique à cette île qui se ressemblait davantage à un dépotoir qu’à autre chose. J’ai tenté de remettre en marche le chantier naval, mais pour ce qui était de la ville, seul un Kiril pouvait y faire quelque chose. Je ne connaissais pas grand monde et je n’avais aucune légitimité. Uniquement un directeur qui fait des va-et-vient de Bliss à Alvel. Mais je sentais qu’il gardait quelque chose sous le coude. Il n’avait pas l’intention de s’arrêter.

      Le KGBis, hein.

      Je ne savais pas trop quoi penser de ce type, que je respectais pour son travail, mais je savais maintenant à quoi m’en tenir. Il avait également l’intention de créer une école, la plus grande du coin, où seront formés les meilleurs charpentiers, menuisiers et ingénieurs. L’idée me plaisait et me parlait puisque je touchais de près ou de loin à ces trois domaines. Là encore, j’aimerais dire que ce projet ne poserait pas de soucis, mais pas sûr que l’Impératrice veuille docilement courber l’échine. De mon côté, je ne pouvais pas vraiment l’en empêcher, Kiril pourrait sauvagement me fracasser la tronche. Et la tueuse de Vegapunk. De toutes façons, elle en sera évidemment informée. Elle avait laissé des sbires qui lui faisaient régulièrement des rapports.

      Au début, pour des raisons évidentes, il souhaitait avoir des anciens ouvriers avec qui il bossait, puis éventuellement d’autres le temps du chantier. Le souci, c’était son désir de repartir d’Alvel cette quarantaine d’hommes. J’en connaissais quelques-uns qui ne voudront certainement pas partir, mais la plupart des types seront honorés de reprendre la route avec leur ancien chef. Et je les comprenais naturellement. Le chantier me laissait le temps de contacter quelques types sur Bliss, à la recherche d’un emploi. Par contre, certaines modalités devront être revues.

      « Ça roule. Mais comme je te l’ai dit, je ne tiens pas à voir Kiyori ou une de ses lieutenantes débarquer ici. Vous non plus, d’ailleurs. Ralentir l’activité n’est pas une option que je peux envisager pour mon intégrité physique. Cependant, laisse-moi quelques jours, le temps de contacter quelques types au chômage et prêts à reprendre l’activité. »

      Sans que je le veuille, l’activité s’était de toute manière arrêtée. Les hommes nous scrutaient de loin, tentant de savoir ce qu’il se tramait. Si seulement Eärendil était ici. Elle aurait géré cette situation bien que moi.

      « Tes anciens collègues pourront donc s’atteler entièrement à la construction de l’école, pendant que mes nouveaux gars reprendront le travail au chantier. Si Lilou et toi participez aux constructions, je serais honoré d’y participer avec vous. Quoi de mieux qu’apprendre aux côtés des meilleurs, hein ? »

      Mais quelque chose me disait que ce n’était pas tout. J’avais eu la même sensation face à Red, Kiyori, Minos, Anderswag, l’agente du cipher pol…
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Comme Deflandre me l'avait dit : chic. Alma était chic. Ca rendait le tout moins contraignant. J'avais, dans ma vie, trop pris l'habitude de négocier avec des arcasiens de malheur, ce qui m'avait rendu moi-même un arcasien dans les affaires, autrement dit un escroc. Bien sûr, tout cela avait changé depuis que j'avais quitté la bouteille. Maintenant, j'observais un peu plus les gens, et arrivais à capter quelque peu de leur fond. Alma me semblait être honnête, et surtout étranger à ce qu'il se passait sur Alvel depuis qu'elle avait été découverte par un groupe de couillons, alors je décidais de lui dire tout de l'affaire.

Ce projet va déstructurer l'économie locale. A dessein. Nous allons ouvrir des places d'étudiants, mais également des postes vitales qui permettront à l'école de fonctionner. Tout Alvel en profitera. Sauf ceux et celles qui se font leur beurre sur l'esclavage. Eux ne seront pas contents du tout.

Depuis que j'étais revenu à Alvel, il me fallait absolument tout censurer de ce que je percevais par ma vision périphérique. J'étais dans une lutte interne face à ce que je voyais. Dans la rue, les pirates de vermine marchaient avec des hommes ou des femmes qu'ils tenaient en laisse, chargés de tâches absurdes comme balayer le pavé sur lequel le "maître" allait poser les pattes, et malheur à eux si un seul grain de poussière se trouvait sur leur semelle! malheur si les poignées de porte qu'il leur fallait ouvrir n'avaient pas été astiqués au préalable, mille malheur et coup de fouets. Tout était un prétexte.

Avant que je ne parte, ce n'était certainement pas beaucoup mieux. Peut-être même que tout était exactement pareil, mais que je ne le percevais pas. Notamment parce que rien n'était plus important que ma topette et que mes lettres à Lilou. Mais dès lors que nous avions accosté et puis rejoins l'auberge, je m'étais rendu compte que c'était moi qui avais changé. J'en avais connu des pirates, j'avais même été l'un d'entre eux et j'appertnais à l'un des équipages les plus célèbres de son époque ce qui me permettait d'être catégorique : ces prétendus pirates "alveliens" ne se rêvaient ni libres, ni libérés. La vérité c'est qu'ils voulaient être des Dragons Célestes.

Nous allions les arrêter.

Tu veux nous aider ? Pas de problème. Mais il faut que tu comprennes dans quoi tu t'embarques. Ne t'attends pas simplement à être en charge d'une partie du chantier. Tous les coups seront permis tant que nous n'aurons pas éradiqué le mal que ronge cette terre. Ils tenteront tout : le saccage, l'assassinat, le saccage. Si la politique de cette île t'importe peu, tu n'as véritablement pas à en être. Je ne t'en tiendrai pas rigueur. Tu as déjà joué ta part.

Je repensais à Florin enfermé dans la cale de l'Attrape-Rêve. S'il était véritablement sincère, il nous serait peut-être utile. Je demandais à Alma d'attendre une seconde. Je contactais Aimé par escargophone. Il faudrait que tu libères Florin. Mais qu'il vienne me trouver au chantier. Oui, j'ai rencontré Alma. Mon regard croisait un instant celui du charpentier avant de se conclure en un léger sourire. Comme nouveau patron, il est bien.

Sans attendre sa réponse, je lui demandais un dernier service. Tu me parles de Kiyori l'Impératrice, serait-il possible que je puisse, moi, lui parler ?

Après tout, quoi de plus normal ? Je voulais la remercier d'avoir sauvé l'honneur de mes compagnons. Je me doutais qu'il ne s'agissait certainement pas de son objectif, mais peu m'importait. Elle était de la mer une Impératrice, et moi de la charpenterie l'Empereur. Sans doute serait-elle disposée à m'accorder quelques minutes.
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      Déstructurer l’économie, certainement, mais ce sera sans doute mieux qu’aujourd’hui. Alvel, c’était un repère à merdes, pirates et esclavagistes, qui œuvraient sans être inquiétés par le Gouvernement Mondial. Leur seule inquiétude, finalement, résidait en Kiril, peut-être. Et Kiyori depuis peu. En fait, l’île prenait déjà une autre direction depuis la marque déposée de la déesse, que son pavillon se retrouvait bien visible. Pour être tout à fait franc, l’arrivée de Kiril, accompagnée de ses doléances, ne m’arrangeait en rien étant donnée la situation. Une guerre ne m’arrangeait pas. Surtout si je me trouvais en plein milieu de celle-ci. Dans l’idée, je ne pensais que cela dérangerait Kiyori. Elle n’était manifestement pas grande fervente de l’esclavagisme et préférait maltraiter ceux qui conspiraient contre elle.

      Mais pour moi, des choses demeuraient encore sur Alvel, des choses qui m’insupportaient. Et si, comme il le disait, mes passages sur Alvel se résumeraient à des coups bas, des tentatives d’assassinat, l’impératrice en personne viendra s’assurer du nettoyage. Et ça aussi, personne n’en avait envie. Il me mettait en garde et c’était tout à son honneur. Avais-je réellement le choix. Il mettrait en place son projet avec ou sans mon assentiment. Autant en être pour dissimuler le plus de choses possible à Kiyori. Ou qu’elle ne soit au courant que de qui arrangeant pour tous les partis. Cependant, demander à s’adresser directement à elle était une profonde erreur. Ou le timing très mal choisi.

      « Tu m’en demandes beaucoup, Kiril. » répondis-je sérieusement. « Au moindre problème, les retombées sont pour bibi. Elle enverra aussitôt son armée t’expulser de ce lieu. Et moi avec. »

      Des questions demeuraient tout de même.

      « Après la fondation de cette école, que se passera-t-il ensuite ? Les élèves deviendront de brillants charpentiers, menuisiers et ingénieurs au service de Kiyori ? », demandai-je innocemment. Pour ceux qui souhaiteront rester sur Alvel et je savais déjà qu’il y en aura. « Quels sont vos projets, à Lilou et toi ? »

      Car oui, j’en étais à peu près certain, cette école ne sera que la face visible de l’iceberg. Je voulais évidemment savoir ce qu’il y aura dans la partie immergée. Je devais avoir tous les éléments en main pour décider pour prendre une décision. Le pirate sentait probablement ma réticence. Avec des gens pareils, je ne pouvais pas me permettre d’avancer à l’aveuglette.
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C'était comme je le pensais. Lorsque j'avais évoqué l'Impératrice, le visage d'Alma avait presque changé de couleur, d'expression. Je lui en découvrais une nouvelle, plus grave. Pendant quelques secondes, je n'avais pas l'impression d'avoir à faire au même homme. Intéressant. A croire qu'elle faisait cet effet à tout le monde. A moi-même également, même si j'avais tenté tant bien que mal de garder la face quand je l'avais invoqué. Mais je savais quel avantage son nom nous donnerait dans les prochains jours. Elle protégeait, sans le vouloir, tous les copains du chantier. S'il y avait une chose à laquelle les pirates d'Alvel ne toucheraient pas, c'était la loi du plus fort. Le KGBis serait donc épargné de tout conflit. Son activité et Alma protégés. Il devait certainement le savoir.

J'avais besoin de vérifier à quel point l'homme en face de moi était proche de l'Impératrice. J'avais appris, avec le temps, à me méfier des personnes avec qui je partageais des intérêts communs. Surtout lorsque celles-ci étaient potentiellement affiliées à l'une des personnes les plus dangereuses du monde.

Tu m'en demandes beaucoup, Kiril

Qu'il m'avait répondu, me donnant la seule information, pour l'heure, à laquelle j'avais besoin d'accéder : il semblait pouvoir rentrer directement avec elle. Sans intermédiaire.

Et moi avec.

Et moi avec ? Il ne faisait donc pas réellement partie de son équipage ? Si Lloyd ne l'avait pas mentionné tout à l'heure, c'était que ce n'était pas clair pour lui. Ce qui faisait que les pirates de l'île n'étaient certainement pas au courant de ce détail. Tant mieux. Je n'avais pas d'intérêt à ce que d'autre personne que moi le sache.

Les élèves deviendront de brillants charpentiers, menuisiers et ingénieurs au service de Kiyori ?

Je te propose que certains d'entre eux viennent travailler pour elle au KGBis, oui. Ce sera ma manière de la remercier, sans passer par l'escargophone. J'appuyais sur le mot comme pour lui signifier un clin d'oeil. Je n'ai, de toute manière, pas le choix dis-je sans explication, presque mystiquement en perdant mon regard dans le brouillard de la ville basse. J'avais le pressentiment que tout pouvait dégénérer d'un instant à l'autre.

Quels sont vos projets, à Lilou et toi ?

Mon cœur frissonnait rien qu'en entendant son prénom. J'avais envie de vite la retrouver et qu'elle me dise ce qui l'a perturbait, la faisait agir ainsi. Mes yeux fixaient le vide quand je répondais machinalement à Alma. A toi maintenant de trop m'en demander sans répondre à sa question évidemment. Honnêtement, je n'en savais encore rien. Ce dont j'étais sûr, c'est qu'Alvel finirait par répondre à ma place.

Au loin, j'entendais les rires gras des aminches et je me rappelais que je leur avais promis une fête. Aimé, que j'avais chargé de revenir avec Florin s'approchait de nous, sa grosse paluche lui tirait fermement le colleton. Il lui avait enlevé ses fers. Ca ne m'étonnait pas d'Aimé. Mais il avait dû être suffisamment convaincant pour qu'il ne s'enfuit pas, car, ce devait être le dernier endroit duquel Florin voulait s'approcher. Je reprenais un peu des couleurs quand je déclarais d'une tape à l'épaule au nouveau patron que notre conversation, pour l'heure, s'arrêtait là.

Je sais que ça ne sert à rien de te dire de ne pas t'inquiéter, mais crois-moi, je n'ai aucune raison de te foutre dans la panade. Ta situation est compliquée. Je connais ça. Comme tu le dois savoir, j'ai du fuir un certain Calhugan. Pendant des années... Sourcils froncés, je marquais une pause d'un pincement de lèvre. Nous reprendrons notre conversation et je serai disposé à répondre à tes questionssi elles ne sont pas trop personnelles. Arrêtons nous là pour le moment. Après tout, j'ai un retour à fêter!


***

Chantier KGBis, fête de retour de Kiril

On avait installé des tables et des bancs un peu partout. Les gars étaient revenus avec des tonneaux et des caisses de nectar. Ils étaient bien entamés.

Depuis que j'avais arrêté la bouteille, je n'avais plus jamais été au contact de camarades de beuverie. J'étais heureux d'avoir conservé Rosita, ma topette. Lorsqu'on me proposait à boire, je la présentais, feignant y avoir déjà quelque chose en mimant non de la tête. Bruyamment. Je ne pouvais pas leur dire que je n'y touchais plus. Je ne savais pas pourquoi. Etrangement, ici, j'en avais honte.

Pourtant, je ne ressentais pas véritablement la tentation. S'il n'y avait pas Lilou...

Je  pensais à Lilou. Elle et Linus ne devaient pas tarder à nous rejoindre. Je me demandais ce qu'elle voulait me dire. Je commençais à me demander si c'était grave quand je croisais le regard de Florin devant lequel j'étais assis. Il avait le visage boursouflé, rouge, il s'était fait latter la tronche assez violemment. Il la ramenait pas. Il savait pourquoi il était là. S'il voulait me prouver sa sincérité, il fallait qu'il se la ferme. Il avait été trop arrogant avec moi. Suffisant toute sa vie. Méprisant envers tous ces hommes qui lui avaient foutu une correction. Certains des gars bien éméchés lui crachaient dessus lorsqu'il passait me voir (pour me proposer un verre.)

Ce qui me fascinait, c'est qu'il ne bronchait pas. Je l'observais avec une rare passion. J'avais l'impression que peut-être, peut-être j'avais quelque chose à apprendre de cet homme ? Je me demandais par quoi il était passé pour en arriver à là. Ce qui l'avait cha-

Tu as changé, Kiril.

Parle pour toi, Florin.

Tu n'as pas touché Rosita une seule fois. Je doute qu'il y ait quelque chose dedans. Tu aurais arrêté la bibine ? Impressionnant.

Et toi alors, qu'est-ce qu'il se passe avec ta tronche ? Comment ça se fait que tu acceptes qu'on te marche dessus comme ça ? Qu'on te traite comme moins qu'un crève-la-faim ?

C'est pourtant toi qui me l'as dit, Kiril. Je ne suis pas libre. Toute ma vie, pourtant, j'étais persuadé du contraire. Ses yeux se perdaient dans une fissure insignifiante du plan de travail qui nous séparait comme s'il se trouvait nez à nez avec son véritable reflet. Il répétait indistinctement, sans s'adresser à moi : Persuadé du contraire.

Le dégoût et la colère que j'éprouvais pour Florin s'étaient dilués à ce moment-là sans que je ne puisse ni me l'avouer ni le contrôler. Tout cela mijotait pour se transformer en autre chose. Je répondais d'un silence. Nous nous étions dits tout ce que nous avions besoin d'entendre, l'un et l'autre, pour le moment.

Nul doute que cette conversation allait être importante pour la suite.
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O-Oh bon s-sang, L-Lilou ! La voix de Linus résonne à nouveau, et Lilou n'a qu'un soupir de circonstances. Elle sait. Elle n'a pas besoin qu'il le dise à haute voix et pourtant, l'homme semble perdre totalement ses moyens maintenant qu'il comprend ce qu'il se passe. Voir son amie nauséeuse à la moindre odeur, changer d'humeur, ou encore s'épuiser soudainement pour rien du tout, ça n'est pas anodin. S'il a craint un moment quelque chose de plus grave, la révélation en elle-même termine de l'achever. T-t-t-tu es, t-t-t-t-t-tu es en- Elle lui fait un signe de la main, ferme et apaisant, alors qu'elle saisit son bras : Respire, ordonne-t-elle.

Linus s'exécute. Il inspire profondément avant de souffler dans la foulée, et il recommence. Deux fois. Trois fois. Au bout de la dixième, il semble retrouver un peu de son calme. Au moins a-t-il arrêté d'essayer de parler. C'est pour le mieux, pour tous les deux. Elle attend qu'il s'apaise vraiment avant de lui souffler : Je dois en parler à Kiril d'abord, puisqu'il est le premier concerné par la situation, n'est-ce pas ? Elle n'a aucun doute à ce sujet, ils sont ensemble depuis, quoi ? Plus d'un an. Elle ne compte pas les jours, les dates lui sont obscures aussi mais c'est tellement une évidence pour eux qu'elle n'est pas persuadée que ça importe vraiment.

...

La nervosité lui tient le ventre, comme une corde autour de sa taille qui se resserre. Ou comme si elle devait digérer du plomb. Elle n'a aucune idée de comment le dire à Kiril et encore plus, comment il va réagir. Elle ne craint pas de violence, peut-être qu'il retombe dans des travers de lâcheté qu'elle peut lui connaitre. Non. Elle ne doit pas y penser. Elle ne doit pas envisager le pire immédiatement. Un regard vers Linus, il part s'attarder sur autre chose pendant qu'elle se rapproche officiellement de lui pour... Parler des affaires. Voilà. Elle aimerait se dire que la conversation va se restreindre à ça, mais elle a bien conscience que ça ne sera pas aussi simple.

Elle n'a pas eu l'occasion de croiser cet Alma de toute façon. Ni de lui parler. Elle ne saisit pas totalement toutes les ambitions de Kiril, mais elle n'en a pas besoin : elle doit seulement lui faire confiance et l'assister là où lui dira de le faire. En l'occurrence aujourd'hui, c'est sa force dont il peut faire usage comme bon lui semble. Tu en as fini ici ? L'entretien s'est bien passé ? Questionne-t-elle. Tout ça invite à un développement, des explications, elle le laisse faire le dérouler de tout, curieuse évidemment, mais pas aussi attentive qu'elle le devrait.

Sa tête peine à accrocher tous les mots, ses pensées sont accaparées par tout autre chose étrangement, elle l'écoute sans l'entendre. Et puis dans un moment de silence entre eux, la rousse relève les yeux dans sa direction : Je suis enceinte, lâche-t-elle comme un aveu qui a besoin de se faire. Ce n'est pas la révélation idéale, mais elle ne se figure pas comment celle-ci pourrait exister. Alors, elle fait simplement comme elle peut, et l'aspect brut de ses propos aidera peut-être à... Digérer ? Elle n'en sait rien. Pour sa part, elle a déjà l'impression qu'un poids a quitté ses épaules.
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Qu'est-ce qui ne va pas, petite ?

Nous marchions maintenant tous les deux, nous éloignant un pas après l'autre du reste du monde. Leurs rires d'ivresse et fête au loin me semblaient déjà être des souvenirs. Je regardais, inquiet, le visage préoccupé de mon amie. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Je me rendais compte qu'elle ne me l'avait tout simplement jamais permis. Lilou évoluait ainsi, dans le secret de ce qui avait pu être. Dès lors, on ne pouvait définir et construire la relation que sur la base du temps passé ensemble. Selon moi, c'est ce qui nous rendait plus.

Je lui prenais un doigt avec le mien et relevais finalement le museau. Je redécouvrais l'immensité d'un chantier naval éteint, teinté d'une épaisse brume bleuâtre provoquée par la lumière intense de lune de ce soir qui était pleine. Je sentais l'emballement de son pouls en un point, et puis le tremblement de sa voix quand elle me demande, l'air de tout, comment s'était passé ma rencontre avec Alma.

Très bien. Aimé m'a aidé. Et étrangement ... , Florin aussi que je déglutissais moi-même troublé par cet aveu. Mes yeux balayaient le KBGbis, le hangar duquel j'étais projeté à distance, les œuvres monumentales en cours pour l'Impératrice, la coque d'un bateau retourné pour son carénage. Je vais construire une école ici, Lilou. Où l'on apprendrait le métier. Alma est d'accord et c'était tant mieux pour lui d'ailleurs parce que je l'aurais construite avec ou sans.

Aucune réaction de sa part. Je m'en doutais. Je savais qu'il s'agissait d'une question posée par automatisme mais comme j'avais du mal à feindre ma joie, j'espérais au moins la lui partager et la tirer pour quelques secondes de ses tourments.

Je me souviens encore de son regard obligé. Avant, il y avait eu cet élan provoqué par ce qui était devenu absolument nécessaire, impossible à garder pour soi ne serait-ce qu'une seconde plus. Elle ne pouvait plus s'infliger la souffrance d'être seule responsable, d'avoir la charge entière d'un lourd bagage que nous étions censés porter à deux. Comme j'avais vu ce regard, comme je l'avais vu prendre cet élan, j'avais compris juste avant qu'elle ne le dise. Elle portait notre enfant.

En silence, je la regardais dans les châsses de longues secondes comme pour chercher une fractale dans ce miroir de l'âme et y trouver notre enfant. Nous avions une conversation, elle et moi. Elle me regardait avec intensité, presque sans cligner des yeux. Je pris une grande inspiration et puis lentement faisais tomber le genou à ses pieds, portais une oreille à son ventre avant de la prendre par la taille dans mes bras. Pour moi, il n'y avait plus que le gargouillement provenant de l'intérieur du ventre de Lilou. Pour les mois à venir, ce serait mon monde entier. Et je me préparerais à ce que ce soit désormais ma vie entière. Assurément. J'y posais maintenant mes deux mains pour y faire face. Le ventre n'était pas encore rond mais si le Ciel nous le permet, il le serait dans quelques mois. J'approchais la bouche couronné d'une barbe que je ne rasais plus et lui disais bonjour ma ptite marmaille. Si tu savais la chance qu'on a que ce soit elle. Je relevais le nez vers elle et sur mon front ses larmes. Lâcher de nerf ? Joie ? Tristesse ? Hormones ? Je n'imaginais pas ce qu'elle avait du traverser ces dernières semaines. Je ne savais pas ce qu'il était d'usage de faire et de penser.

A ce moment-là, je ne savais qu'être heureux que ce soit elle.
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Pour a-t-elle craint sa réaction ?

Pourquoi a-t-elle craint d'être abandonné ? Dans le fracas de ses pensées depuis qu'elle le sait, Lilou constate qu'elle n'a pas assez cru en lui. En sa capacité à la surprendre et à l'aimer, au-delà de toute logique, de toute mesquinerie, de tout. Elle a oublié qui il est, et de pourquoi ils sont. Lèvres pincées, elle essaie de refluer cette émotion si vive au fond d'elle, sans y parvenir. Dépassée, les yeux bordés de larmes, la rouquine inspire profondément, les bras ballants, aussi terrifiée que soulagée de ne pas être seule dans ce navire. Parce qu'il y a quelque chose qui la transcende à l'idée d'être mère, mais plus encore, qui la renvoie à cette image d'enfant abandonnée au monde. Elle n'a pas les mots pour l'expliquer, aucun qui aurait du sens dans ces tourments, aucun que Kiril pourrait vraiment comprendre quand elle se sent inapte à se comprendre elle-même.

De son poing serré, elle écrase une des larmes qui s'échappent de son regard, et détourne les yeux pour se dérober à lui. Qu'il puisse la voir dans un moment de doute et de faiblesse la travaille davantage. Il n'y a pourtant qu'avec lui qu'elle peut vraiment être vulnérable. Elle aurait mille questions à lui poser, sur ce qu'ils ont à offrir à un enfant tous les deux, sur la vie qu'ils lui prévoient, sur le fait qu'ils auront toutes les peines du monde à l'élever. Et que finalement, elle est plus terrifiée de lui confier ses travers, ses maladies, ce qui ne va pas dans ses gênes. Pour autant, Lilou reste silencieuse, muette, le souffle coupé dans un sanglot de relâchement, les épaules basses d'avoir été trop tendues ces derniers temps, pour encaisser les réactions potentielles. Sur la liste, elle n'a pas cru que ça pourrait être la bonne. Et Kiril a encore été capable de la prendre à revers.

Elle déglutit, en relevant le nez comme elle le peut. En soutenant son regard d'autant plus, avec tout le cran qu'elle essaie d'avoir sur ces questions. Mais c'est difficile de ne pas se sentir comme une petite fille face à une aventure trop grande pour elle. De ne pas voir à quel point tout ça la dépasse d'un bout à l'autre. Elle n'a aucune certitude sur le fait d'être prête, et son cerveau engrange déjà tous les pires scénarios dans cette configuration. Il y aura-t-il un jour où ils seront dépassés ? Et si oui, que feront-ils ? Si non, qu'arrivera-t-il ? Les lèvres pincées, elle ravale le chagrin qui la cerne, ce trouble chargé de doute, de curiosité, de vulnérabilité, qu'elle se refuse d'avoir.

Ne doit-elle pas être seulement courage, volonté, obstination ?

N'est-ce pas tout ce qu'on attend d'elle ? De maintenir le cap, droit devant, et on verra plus tard pour les éclats dans la coque, plus tard pour les blessures, qu'on pansera avec du linge propre et des sourires confiants. C'est à elle d'être fébrile aujourd'hui, et dépassée. Elle aimerait mettre ça sur le cocktail d'hormones que son corps produit, mais ça va plus loin. Plus loin que tout ce qu'elle est, tout ce qu'elle doit être.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai vraiment peur, admet-elle d'une petite voix.

Elle n'est pas malheureuse. Elle n'est pas triste. Elle n'est pas en colère.

Elle a peur de ne pas être assez forte pour ce monde qui grandit en elle.
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