J'avais l'impression que ça faisait des millénaires, mais queud. Deux piges seulement que j'avais pas senti l'odeur crasse de ces arcasiens d'Alvel où je m'étais terré y a bien longtemps pour accomplir mon rêve. Pendant notre folle aventure avec Lilou, j'en avais entendu des bonnes sur qu'était devenu mon chantier naval, et je comptais bien faire baigner Florin dans son sang après avoir pris la longue minute de repos qui nous revenait de droit. Tout le monde était exténué, surtout Linus qu'était sur le cul : tout ça pour finir dans un trou à pirates, à quel moment on allait arrêter de jouer avec ses nerfs ? Tout le monde se marrait presque, en vrai peu importe où nous étions tant qu'on dormait sur un bon matelas et pas la couverte d'un Attrape-Rêve qu'en avait vu des vertes et des pas mûres, et qui méritait un bon carénage des familles, des réparations et qu'on l'outille pour les prochaines fois.
Déjà au large, je voyais dans la lunette de la longue vue les gens péter un boulon : ils connaissaient mon catamaran. J'esquissais un large sourire. Ces connards me pensaient crevé, à tous les coups. Les éclaireurs de Florin s'apprêtaient à le trahir. Personne ne le préviendrait. Ils y risquaient beaucoup trop. J'expirais un bon coup puis fichais mon extra-châsse (longue-vue) dans ma poche. Je me tournais vers mes amis.
Putain... C'était quelque chose!
et Lilou...
T'en as souvent entendu parler... Tu vas pas être déçue. Tu vas dé-tes-ter.
Mais d'abord, il nous fallait trouver une sorte de médecin. J'avais le bras droit bousillé, jamais remis depuis le combat contre Poséidon. Mes beignes dans leur gueule n'étaient plus les mêmes. Linus avait réussi, pendant ces deux ans, à éviter la confrontation mais il était dans un état psychologique déplorable. Autant dire que c'est pas ici qu'il trouverait son bonheur. Aimé et Yarost, eux, semblaient aller bien. Aimé, grâce à son métabolisme de super-héros et Yarost parce que tant qu'il y a une présence féminine à bord... Les dangers ne lui en paraissent pas. Quant à Lilou, c'était elle qui était au stade le plus critique de tous d'après moi. Ces derniers jours, elle ne nous parlait pas beaucoup. Elle était dans ses pensées. Peut-être qu'elle se rendait compte que ça y est, nous arrivions à la fin d'un chapitre qu'elle allait désormais devoir mettre derrière elle et composer avec ce qui était : Alvel, la prime, et la cohabitation avec une équipe de gus, pas fins mais avec des gros cœurs d'éléphants.
Moi ? Ca faisait un an que j'étais sobre. Mes pensées n'avaient jamais été aussi claires. Je me projetais loin. J'étais plus rusé, je me servais plus de mes neurones. Surtout depuis la blessure. C'était grâce à Lilou, aussi, que j'avais réussi à déconstruire mon rapport à l'alcool. J'étais amoureux d'elle et j'avais fini par le lui dire. Enfin. J'avais plus besoin de me morfondre dans mon pays des rêves où tout était plus facile. De plus que, quand j'étais pivé, elle voulait pas m'entendre. Et moi je voulais lui parler. Un an !
On larguait les amarres avec Aimé. Il me regardait avec un sourire au coin. Il était fier de moi. Et j'étais heureux qu'il le soit. On avait traversé beaucoup ensemble. Il était mon compagnon à la vie à la mort. Mon frère. Combien de fois m'avait-il sauvé de la mort ? Et de moi-même ? Nous étions parti d'Alvel ensemble, et puis revenu.
K..Ki-..Kiri-...Kiril ! T'es pas mort!
Qu'un clampin bégayait plus que Linus. La face livide, les gambettes tremblottantes, les chaleurs sur les tempes. Je me marrais comme un rupin sang-bleu devant le spectacle de la pauvreté.
C'est moi. Est-ce que les rumeurs sont vraies sur le KGB ? Et réponds sans bégayer. J'en ai déjà un...
Le K- ...! Le KGB ! Florin est un homme mort!
Et pas que lui. Tous ceux qui l'ont aidé dans son entreprise le sont. Tu ferais bien de courir le dire à tes copains. Les rumeurs circulent vite ici. Il me le faut vivant. Tu comprends ?
Il détalait en signe qu'il avait compris. On verra bien ce que ça donnera. Peut-être que cueillir Florin s'avérerait plus facile que prévu. Mais quelque chose me dérangeait dans ma manière d'agir. Tch. Pour l'heure, nous finissions d'attacher l'Attrape-rêve.
Ici, les choses semblaient s'être dégradés. Il y avait de plus en plus de femmes et d'hommes esclaves. J'observais le visage de Lilou se décomposer dans un mélange d'extrême fatigue et d'ébouillante. Je lui prenais la main pour lui dire que maintenant que nous étions là, tout cela allait changer. Mais nous ne pouvions pas foncer sans prendre le temps de la réflexion. Il nous fallait de l'énergie, du temps de préparation, de régénération et elle, je savais qu'elle rêvait depuis longtemps d'un bain chaud.
J'avais l'impression que nous étions seuls en ville. Tout le monde s'effaçait de stupeur. Je les saluais avec insolence, tous. Oui, regardez-moi. Regardez moi bien. Personne n'était prêt pour ce Kiril d'après ellipse. Vraiment personne. Je sentais qu'ils en avaient l'intuition. J'étais satisfait en pénétrant sans m'annoncer la porte de l'auberge où je créchais avant de partir chercher la rousse. Lloyd, le tenancier, était toujours le même, joufflu, trapu et derrière le comptoir à essuyer ses chopes. Je me tournais vers Lilou.
C'est ici même que j'ai pris la décision de partir à ta recherche. Et ça, c'est Lloyd. Il est surpris de me voir.
Surpris, Lloyd l'était, mais machinalement il me servait un verre de forte. J'étais sur le point de refuser mais Linus ne m'avait pas laissé le temps : il engloutit la forte tout sec. Lloyd, et d'ailleurs tout le monde le regardait avec des gros yeux. Avant de finalement finir par l'ignorer. Ca se voyait sur sa tête qu'il avait besoin d'un bon remontant.
Eh ben dis donc. Long voyage ? Oh... Aimé aussi!
Nounours le salua d'un sourire sans geste.
Je leur avais dit qu'on pouvait pas vous crever comme ça! Vous étiez o-
Il s'arrêta tout net. Lilou avait retiré sa capuche.
Putain de merde. Eh ben ça alors. C'était pas des cracks ?
Le pauvre, savait plus où se mettre.
En-enc-encore un autre, s'il vous plait!
Lloyd répondit à la demande du chimiste mais remplissait une deuxième chope pour lui. Il était en face de celle qui avait buté Végapunk.
Déjà au large, je voyais dans la lunette de la longue vue les gens péter un boulon : ils connaissaient mon catamaran. J'esquissais un large sourire. Ces connards me pensaient crevé, à tous les coups. Les éclaireurs de Florin s'apprêtaient à le trahir. Personne ne le préviendrait. Ils y risquaient beaucoup trop. J'expirais un bon coup puis fichais mon extra-châsse (longue-vue) dans ma poche. Je me tournais vers mes amis.
Putain... C'était quelque chose!
et Lilou...
T'en as souvent entendu parler... Tu vas pas être déçue. Tu vas dé-tes-ter.
Mais d'abord, il nous fallait trouver une sorte de médecin. J'avais le bras droit bousillé, jamais remis depuis le combat contre Poséidon. Mes beignes dans leur gueule n'étaient plus les mêmes. Linus avait réussi, pendant ces deux ans, à éviter la confrontation mais il était dans un état psychologique déplorable. Autant dire que c'est pas ici qu'il trouverait son bonheur. Aimé et Yarost, eux, semblaient aller bien. Aimé, grâce à son métabolisme de super-héros et Yarost parce que tant qu'il y a une présence féminine à bord... Les dangers ne lui en paraissent pas. Quant à Lilou, c'était elle qui était au stade le plus critique de tous d'après moi. Ces derniers jours, elle ne nous parlait pas beaucoup. Elle était dans ses pensées. Peut-être qu'elle se rendait compte que ça y est, nous arrivions à la fin d'un chapitre qu'elle allait désormais devoir mettre derrière elle et composer avec ce qui était : Alvel, la prime, et la cohabitation avec une équipe de gus, pas fins mais avec des gros cœurs d'éléphants.
Moi ? Ca faisait un an que j'étais sobre. Mes pensées n'avaient jamais été aussi claires. Je me projetais loin. J'étais plus rusé, je me servais plus de mes neurones. Surtout depuis la blessure. C'était grâce à Lilou, aussi, que j'avais réussi à déconstruire mon rapport à l'alcool. J'étais amoureux d'elle et j'avais fini par le lui dire. Enfin. J'avais plus besoin de me morfondre dans mon pays des rêves où tout était plus facile. De plus que, quand j'étais pivé, elle voulait pas m'entendre. Et moi je voulais lui parler. Un an !
On larguait les amarres avec Aimé. Il me regardait avec un sourire au coin. Il était fier de moi. Et j'étais heureux qu'il le soit. On avait traversé beaucoup ensemble. Il était mon compagnon à la vie à la mort. Mon frère. Combien de fois m'avait-il sauvé de la mort ? Et de moi-même ? Nous étions parti d'Alvel ensemble, et puis revenu.
K..Ki-..Kiri-...Kiril ! T'es pas mort!
Qu'un clampin bégayait plus que Linus. La face livide, les gambettes tremblottantes, les chaleurs sur les tempes. Je me marrais comme un rupin sang-bleu devant le spectacle de la pauvreté.
C'est moi. Est-ce que les rumeurs sont vraies sur le KGB ? Et réponds sans bégayer. J'en ai déjà un...
Le K- ...! Le KGB ! Florin est un homme mort!
Et pas que lui. Tous ceux qui l'ont aidé dans son entreprise le sont. Tu ferais bien de courir le dire à tes copains. Les rumeurs circulent vite ici. Il me le faut vivant. Tu comprends ?
Il détalait en signe qu'il avait compris. On verra bien ce que ça donnera. Peut-être que cueillir Florin s'avérerait plus facile que prévu. Mais quelque chose me dérangeait dans ma manière d'agir. Tch. Pour l'heure, nous finissions d'attacher l'Attrape-rêve.
***
Ici, les choses semblaient s'être dégradés. Il y avait de plus en plus de femmes et d'hommes esclaves. J'observais le visage de Lilou se décomposer dans un mélange d'extrême fatigue et d'ébouillante. Je lui prenais la main pour lui dire que maintenant que nous étions là, tout cela allait changer. Mais nous ne pouvions pas foncer sans prendre le temps de la réflexion. Il nous fallait de l'énergie, du temps de préparation, de régénération et elle, je savais qu'elle rêvait depuis longtemps d'un bain chaud.
J'avais l'impression que nous étions seuls en ville. Tout le monde s'effaçait de stupeur. Je les saluais avec insolence, tous. Oui, regardez-moi. Regardez moi bien. Personne n'était prêt pour ce Kiril d'après ellipse. Vraiment personne. Je sentais qu'ils en avaient l'intuition. J'étais satisfait en pénétrant sans m'annoncer la porte de l'auberge où je créchais avant de partir chercher la rousse. Lloyd, le tenancier, était toujours le même, joufflu, trapu et derrière le comptoir à essuyer ses chopes. Je me tournais vers Lilou.
C'est ici même que j'ai pris la décision de partir à ta recherche. Et ça, c'est Lloyd. Il est surpris de me voir.
Surpris, Lloyd l'était, mais machinalement il me servait un verre de forte. J'étais sur le point de refuser mais Linus ne m'avait pas laissé le temps : il engloutit la forte tout sec. Lloyd, et d'ailleurs tout le monde le regardait avec des gros yeux. Avant de finalement finir par l'ignorer. Ca se voyait sur sa tête qu'il avait besoin d'un bon remontant.
Eh ben dis donc. Long voyage ? Oh... Aimé aussi!
Nounours le salua d'un sourire sans geste.
Je leur avais dit qu'on pouvait pas vous crever comme ça! Vous étiez o-
Il s'arrêta tout net. Lilou avait retiré sa capuche.
Putain de merde. Eh ben ça alors. C'était pas des cracks ?
Le pauvre, savait plus où se mettre.
En-enc-encore un autre, s'il vous plait!
Lloyd répondit à la demande du chimiste mais remplissait une deuxième chope pour lui. Il était en face de celle qui avait buté Végapunk.
Dernière édition par Kiril Jeliev le Jeu 8 Sep 2022 - 1:05, édité 2 fois