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Bonne année !

      Une fraiche et douce nuit d’un mois de novembre. Calme et paisible comme on pouvait les apprécier. C’était aussi un temps aux affaires discrètes. Oui, les malfaiteurs ne prenaient pas de repos. Ils conspiraient à tout temps, surtout les temps calmes, dans le but de parvenir à leurs fins. C’était précisément ce qu’il se déroulait dans les bas-fonds des Everglades. Un homme dont on soupçonnait une certaine grandeur sociale, se déplaçait timidement, encapuchonné, dans les quartiers les dangereux de Bliss. Le risque, quand on se déplaçait seul dans ces quartiers, était tout simplement d’être tué et dépouillé. Étonnamment, personne ne se jetait sur cet homme dont on estimait pourtant la richesse. Dans l’ombre, on l’observait simplement. Comme s’il était attendu.
       
      Il fut dirigé vers un bâtiment désaffecté, comme plein d’autres, dans lequel il attendit un petit moment. Suffisamment pour cogiter, se demander s’il faisait le bon choix. C’était ce que recherchait celui qui le faisait attendre, un individu redoutable, dangereux, qui échappait aux yeux des autorités depuis longtemps. Mustapha Al-Masrî. Par des biais très discrets, en prenant bien le temps de se trouver, les deux communiquaient via des canaux. Ils se rencontraient pour la première fois. Ils s’échangèrent des regards, s’identifiant de la tête aux pieds, presque à se renifler l’arrière-train comme des chiens.
       
      « Bienvenue chez moi, Joy Grantz.
      - Comment peux-tu vivre dans un taudis pareil.
      - Peut-être parce que je n’ai pas le choix.
      - Tu l’auras bientôt. Es-tu parvenu à réaliser ce que nous avions convenu avec l’argent versé ?
      - Il ne me manque plus que la date.
      - Que dirais-tu du trente-et-un décembre ? »
       
      Mustapha esquissa un sourire machiavélique.
       
      « Entendu. La nouvelle s’annonce des plus amusantes. De ton côté, tu as trouvé un moyen de les rassembler ? »
       
      A son tour, le frère du roi sourit.
       
      « Las Atlantik sera plein à craquer des plus grosses têtes du royaume. »
       
      ***
       
      Personne ne se doutait de rien. Tout le monde vivait paisiblement. Fraîchement devenu épéiste, Alma s’entraînait dans son coin, avec Celeborn, à jouer au chevalier. Eärendil se demandait comment un si grand gaillard et un si grand cerveau pouvaient se comporter de manière aussi immature en-dehors de leur travail. Parce qu’à côté de ça, le chantier vivait ses meilleurs jours depuis bien longtemps, et ce grâce au travail de ces deux bonhommes. Et de tous les ouvriers. Ce chantier refait à neuf a permis un meilleur rendement, une meilleure sécurité, puis des charpentiers heureux. La sécurité avait été revue et le chantier naval de Bliss était de loin l’un des lieux les plus sûrs de tout le royaume.
       
      Malheureusement, cette paix qui régnait actuellement sur Bliss, méritée de par la gestion de cette île par son souverain, allait être menacée. Les fêtes de fin d’année approchant à grands pas, le peuple attendait ces moments festifs avec impatience, tandis qu’un cauchemar se préparait.

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      31 décembre 1628
       
      Bliss avait le cœur à la fête. Chaque ménage se préparait pour le grand événement, en famille ou entre amis, dans la joie et la bonne humeur. Alma et Eärendil se préparaient tous les deux à participer à une grosse soirée mondaine, dans le plus grand Casino de Las Atlantik, mais contre toute attente, la blonde préféra décliner au dernier moment. Aucune contestation du côté d’Alma qui approuva directement. En effet, Celeborn, cousin d’Eärendil et très grand ami d’Alma, se retrouvait seul pour cette soirée. Cela arrangeait bien le directeur du chantier naval de Bliss qui n’avait aucune envie de passer la soirée à lécher les bottes des plus grandes fortunes et à boire du champagne.
       
      « A mon avis, d’autres loustics du chantier nous rejoindront, c’est sûr. », dit Alma d’un air enjoué. Celeborn habitait dans le chantier même, avec d’autres types et leur famille.
      - Ce n’est plus dans mes habitudes, mais je ne suis pas contre une bonne beuverie avec des beaufs. Ça nous rappellera nos moments en compagnie de Rik.
      - Des beaufs ? Les charpentiers ne sont pas tous des beaufs, Eä’.
      - Arrête donc. T’en es devenu un à force de les côtoyer. Sale beauf ! »
       
      Ils rigolèrent. Alma partit ensuite finir sa journée au chantier, s’assurer que les derniers chantiers étaient bien terminés, les commandes réalisées et tout boucler avant ce soir. Tout le monde travaillait dans la joie et la bonne humeur. Alma était heureux d’être ici aux côtés de ses hommes. Par ailleurs, il ne pouvait plus vraiment employer cette expression, puisque de plus en plus de femmes postulaient avec des CV intéressants. Monsieur Ora était un homme ouvert aux modernités et celle-ci en était une. Au début, cela fit taire les hommes du chantier, machos et peu habitués à voir faire des « boulots d’homme », mais comme partout, après avoir fait leurs preuves, elles furent acceptées au même titre que les autres.
       
      En bref, le charpentier ne regrettait pas son installation au royaume de Bliss et semblait même s’en satisfaire.
       
      ***
       
      La nuit tombante, le royaume en fête, des événements étranges se déroulèrent dans la prison. Pensant passer une soirée tranquille, des gardes étaient sauvagement tués. Si cela était fait discrètement au départ, quand certains d’entre eux ne répondirent pas à l’appel, le tout se transforma en un véritable carnage. Paul, du centre de contrôle de la prison, reçut de nombreuses demandes de renfort. Il avait envoyé tout l’effectif possible de la prison. Tous les prisonniers libérés, ce cas de figure n’était encore jamais arrivé. Paul allait maintenant alerter la cinquante-quatrième garnison. Hélas pour lui, Philibert, un homme de corpulence d’un certain âge, abattit son fusil sur la crâne du jeune homme qui s’écroula au sol.
       
      « Ph-Philibert… N-Nos camarades…
      - Héhé. Pardonne-moi, mon p’tit Paul. Mon second employeur m’a grassement payé pour ça. Repose-toi bien. »
       
      Paul perdit connaissance. Philibert coupa le courant. Sans lumière, c’était peine perdu pour les soldats de la marine déjà en difficulté. De plus, toutes les sécurités étaient désactivées. Les prisonniers pourront sortir une fois le ménage fait dans la prison. Des hurlements, oui, il y en avait. Mais qui pourrait les entendre ? Le Creuset était éloigné de tout. Mise à sac, les prisonniers parvinrent même à s’armer, guider par ce bon vieux Philibert, vers les réserves de la marine de la prison. Pour l’heure, absolument personne ne se doutait de ce qu’il se tramait.
       
      Les premiers incendies, les premiers assassinats arrivèrent rapidement. Ces prisonniers étaient armés, enragés, rempli de haine et en quête de se venger auprès de ceux qui avait profité de leur vie pendant qu’ils croupissaient dans leurs cellules. C’était leur moment. Ils n’allaient pas se faire prier. Une véritable armée qui s’emparait petit à petit de Portgentil, laissant libre court à leur imagination auprès de leurs victimes. Certains n’avaient pas profité des joies du contact avec un corps chaud depuis bien longtemps, alors ils ne se privèrent pas de l’occasion pour assouvir leurs besoins.
       
      Malheureusement, bien trop tard, la cinquante-quatrième garnison de Bliss fut alertée. En effectif restreint à cause des fêtes, tous les hommes de services, le colonel Godric comprit, partirent à l’assaut de ces criminels. Mais bien rapidement, en arrivant sur les lieux, le colonel constata avec regret que les effectifs présents ne suffiraient pas. Avant de partir, il a lancé un appel à tous ceux qui avaient été libérés pour les fêtes, mais ils n’allaient pas arriver aussitôt. La situation était donc dramatique. Une partie de la ville en feu, les soldats de la marine débordés, rien ne présageait un retour à la normale en 1629.

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      « Vous sentez ? demanda Eärendil.
      - De quoi ? Ton haleine ? rétorqua immédiatement Alma.
      - Non, vieux con !
      - Elle a raison. Fais un effort, Alma, fit Celeborn d’un air maussade. »
       
      Les demi-géants semblaient avoir un meilleur odorat que des humains lambdas. Une odeur de feu commençait à s’installer dans la ville. Bonne année hurlaient certains. L’année ne s’annonçait pas très glorieuse. Un incendie ? Que se passait-il ? Le chantier n’était tenu que par des charpentiers, probablement ivres. Alma et sa « famille » finissait tout juste leur repas et ne les avaient pas encore rejoint. La demeure du directeur du chantier était assez haute. Un seul bond de ventilo-dials, il atteignit aisément le toit afin d’observer la situation. Il demanda à Celeborn de lui envoyer la longue-vue posée sur la table extérieure. Il lui envoya et le charpentier l’attrapa.
       
      « Mon dieu. », murmura-t-il en observant la situation.
       
      Il voyait les barbares, ces anciens prisonniers brûler les demeures, tuer tout ce qui trouvait devant, combattre les forces de la marine, déjà débordées, malgré les renforts qui arrivaient de manière désorganisés. Alma sortit son escargophone et composa le numéro de la maire. Sans réponse. Il n’avait aucun moyen de contacter le roi. Pas assez important encore. Les criminels gagnaient du terrain. En observant derrière, au-delà du chantier, dans la mer, il aperçut des navires s’approcher. Il vérifia le pavillon et sourit. « Ils ont enfin décider d’enterrer la hache de guerre. » En effet, la dix-neuvième approchait pour soutenir la cinquante-quatrième. Le colonel Gudric avait dû passer un appel en constatant le danger. Bravo, pensa l’ingénieur.
       
      « Celeborn, Eärendil, restez ici, vous serez en sécurité. La dix-neuvième arrive au sud, en passant le chantier, ils dépasseront la maison d’ici peu. En attendant, je file les gars de cinquante-quatrième. La situation est délicate pour eux. Et tenter d’éteindre ce foutu feu. »
       
      De ses doigts, postiché sur son toit, à l’instar d’un sorcier, il fit apparaître les nuages qui dissimulèrent la lune pourtant bien visible. Peu de temps après, le ciel gronda et la pluie se mit à tomber. Timidement au début, puis elle s’intensifia au fur et à mesure. Quand Alma estima les tombées suffisantes pour stopper la propagation des flammes, il s’arrêta. Un dernier regard du côté de sa blonde, cette fois-ci sincère et attendrissant, puis il s’envola vers la bataille. Lorsqu’il se retourna pour observer sa demeure, il crut apercevoir Celeborn avec ses deux haches et Eärendil avec ses deux dagues. « Misère. On ne les changera jamais. Ils me font chier. »
       
      En atterrissant, c’était un véritable champ de bataille, avec des dépouilles partout autour de lui. Il fut rapidement accueilli par le colonel Godric qui le frappa avec sa masse. Activant ses patins ventilo-dials, Alma frappa la masse avec son pied en dégageant une puissante impulsion pour stopper la frappe. « Qui es-tu ? », demanda l’officier. Un soldat vint alors lui souffler à l’oreille qu’il s’agissait du directeur du chantier naval. Il baissa son arme. Autour d’eux, des soldats étaient placés en protection, tirant des salves pour repousser l’ennemi.
       
      « Les renforts arrivent, colonel Orbea, dit Alma en dégainant sa lame de sa canne.
      - Je ne sais pas si nous serons encore là quand ces fainéants arriveront.
      - C’est la question que je me pose également.
      - Pourquoi êtes-vous venus ?
      - Pour vous aider à tenir jusqu’à leur arrivée. Mais c’est assez mal embarqué. »
       
      L’officier sourit au charpentier et retourna au front. Alma observa attentivement le bouclier de Godric. Il comprit après quelques coups que ce dernier était équipé d’un impact dial. Très intelligent, pensa-t-il. Tentant de rattraper l’officier, Alma usa des conseils du vieux Ludberg, utilisant l’attaque comme défense. Esquives, contre-attaques, tout y passait. Boosté par ses patins, les déplacements du directeur semblaient assez fluides et rapides. Acculé, Godric allait se faire prendre sur son flanc droit. Alma allia la puissance de ses patins à celle du vent qu’il dirigea autour de lui pour se mouvoir à toute vitesse et protéger les arrières de l’officier.
       
      « Merci.
      - Vous me remercierez si l’on sort vivants de cette nuit. L’aube est encore loin. Avez-vous réussi à contacter la maire ou le roi ?
      - Non. Ils ne répondent pas. La fête doit être bonne.
      - Probablement. Je ne le sens pas. Une fois le colonel Aok à vos côtés, je m’en irai du côté de Las Atlantik pour voir ce qu’il s’y trame.
      - Vous ne savez donc pas rester à votre place, Monsieur Ora ?
      - Si je ne fais rien, je perds tout. Donc oui, je préfère éviter qu’on arrive là, hein. »
       
      D’un seul coup, le colonel abattit sa lame à quelques millimètres de l’épaule droit d’Alma, écrasant complètement un prisonnier. Le charpentier sourit.
       
      « Eh bien, maintenant, colonel, je crois que nous sommes quittes. »

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      « Colonel ! Aok est là. », balança le lieutenant de Godric. On sentait bien le malaise entre les deux garnisons. Ce lieutenant était sans pression, assez nonchalant, mais semblait bien se débrouiller. Tous les regards se tournèrent donc vers l’arrivée de la dix-neuvième qui ne fit pas dans la dentelle. Pas un bonjour. Rien. La collision fut sans appel. Être dérangé et appelé sur les terres, quittant leur mer et sa surveillance, les avaient probablement agacés, mais s’allier à la cinquante-quatrième encore plus. Mais l’intérêt commun, à savoir la protection de Bliss, était la priorité des deux garnisons. On croirait voir deux groupes de lions, prêts à s’entretuer, mais qui fit preuve d’une grande patience pour une cause plus importante encore.
       
      « Vous pouvez y aller, Alma, reprit Godric. On gère la suite.
      - V-Vous êtes sûr que ça va aller ?
      - Tu parles d’Aok ? Il est toujours comme ça. T’en occupes pas. Dans le fond, c’est un chic type. La preuve, il a aussitôt quitté son poste pour nous aider. »
       
      Alma acquiesça. Rassuré, il chargea et ses patins et s’envola d’une impulsion. Etant maintenant suffisamment haut en altitude, il put aisément repérer Las Atlantik et le casino dans lequel se trouvaient les fortunes du royaume. Le charpentier se laissa tout simplement tomber, guidé par le vent qu’il maniait pour le diriger dans la bonne direction. En regardant derrière lui, l’avancée des criminels fut ralentie mais pas encore neutralisée. Un véritable champ de bataille au cœur d’une ville, dans laquelle les ruelles étaient nombreuses et où la charogne circulait avec aisance. Mais il savait les officiers Aok et Orbea déterminés et expérimentés. Ils ne lâcheraient rien. Peut-être qu’une rivalité existait entre les deux, mais l’amour qu’ils avaient pour Bliss était identique. Protéger est une réelle vocation et c’était probablement la première fois qu’Alma ressentait de l’admiration pour des soldats de la marine.
       
      Inutile de douter. Portgentil était entre de bonnes mains. Alma se focalisa donc de nouveau vers son objectif. L’odeur du feu et du sang s’atténuait au fur et à mesure qu’il progressait vers la ville des jeux et du luxe, épargnée par l’attaque des malfrats. Plus il se rapprochait et plus la peur s’installait. Qu’allait-il trouver sur place ? Le Casino en question était bruyant de l’extérieur. Grosse soirée en perspective, grosse musique mondaine. Mais le directeur tiqua sur un détail. Le portail était fermé et il n’y avait aucun soldat de l’armée royale à l’entrée. Les invités ne pouvaient pas sortir ? Les curieux ne pouvaient pas entrer mais il était curieux de voir ce portail fermé.
       
      Plaçant ses pieds, les ventilo-dials ralentirent sa descente et permirent un atterrissage en douceur. Alma ne le dira jamais assez, mais les avoir gagnés fut une excellente chose. Il ouvrit rapidement la porte et s’aperçut avec effroi que les réceptionnistes et gardes royaux étaient allongés au sol, inertes. Rapidement, il prit le pouls de quelques-uns pour s’assurer de leur situation. Certains étaient simplement inconscients, des hématomes étaient visibles. D’autres semblaient réveillés mais incapables de bouger : du poison. La personne qui avait orchestré cela devait être présente et appréciait le résultat.
       
      Plus une seconde à perdre. Alma courut en direction de la musique, probablement dans la grande salle du casino. En entrant dans celle-ci, malgré un bruit de fond, tout était calme. Comme à l’accueil, des corps étaient immobiles au sol. Il reconnut de riches hommes et femmes. Mais derrière les machines, un grand espace aménagé pour l’occasion où se trouvait notamment un buffet, le charpentier vit un homme debout. Chouette, pensa-t-il. Sauf qu’il déchanta rapidement. L’homme tenait une épée et avait armé son bras vers le haut. En-dessous, il la reconnut, une des sœurs du roi. Un dixième de seconde s’écoula. La décision fut presque aussitôt les pièces du puzzle emboitées dans ce cerveau hyperactif.
       
      Il chargea ses patins à la puissance maximale et laissa exploser la pleine puissance de ces derniers. Il ne pourra pas les réutiliser avant un temps de rechargement, mais c’était nécessaire pour avaler la distance qui le séparait du criminel à temps. Sa vision se déforma tant il allait vite. La lame de Mustapha Al-Masri commença la descente. Tout était déjà arrêté pour les personnes au sol, mais le temps se ralentit considérablement pour Alma. Seuls les yeux du roi se mouvèrent. Il y avait dans son regard un véritable désarroi. De la haine, de la rage, une volonté inimaginable de pouvoir bouger le petit doigt. D’ailleurs, usant d’une force herculéenne, le charpentier aperçut son doigt bouger faiblement.
       
      Lorsque le renégat abattit sa lame, plutôt que de sentir la chaire fraiche se fendre, il sentit un gros choc qui repoussa son bras. Il ne put voir qu’un filet blond apparaître, les cheveux d’Alma, ainsi que le scintillement provoqué par le contact des deux lames. Al-Masrî recula et toisa son opposant d’un sombre regard. C’était un homme relativement qui faisait preuve d’un grand sang-froid. Après tout, on parlait d’un homme recherché par le royaume et la marine. Le voilà aujourd’hui, prêt à retourner ceux qui le traquaient. Il est impressionnant de détermination, songea le charpentier en s’assurant que la sœur du roi, Judith, était toujours en vie. Les autres également.
       
      « Je lui avais pourtant dit qu’il manquait une personne dans la liste des invités, que cela nous causerait des torts, mais il m’a dit de ne pas m’en inquiéter. Quelle erreur ! »
       
      Alma arqua un sourcil en l’écoutant.
       
      « De qui parles-tu ?
      - Bien essayé. Mais je ne balance pas mes complices. »
       
      Il se doutait de cette réponse. L’ancien lieutenant-colonel était au moins aussi brillant que lui. Sauf qu’il avait commis une erreur et il s’en rendit certainement compte. Au moins un complice existait.
       
      « Tu as quand même une sacrée paire de couilles. Ou tu es sacrément con. », fit-il en haussant les épaules d’un air interrogatif, lame à la main. « Tu es le type le plus recherché du royaume et tu te balades dans un lieu où se trouvent les personnes les plus populaires de ce même royaume. Tu te doutes bien que du beau monde va arriver pour te cueillir. Tapis dans l’ombre, ton complice le sait forcément. Avant de venir ici, je me suis arrivé que la situation sous contrôle sur Portgentil. Les deux garnisons de la marine combattent ensemble. Une victoire écrasante. »
       
      Le visage du criminel faillit flancher mais il se ressaisit.
       
      « Alors qu’attendent-ils pour venir ? Les pires criminels de l’île valent bien quelques soldats. Il ne sera pas aisé de s’en débarrasser. », conclut-il avec un sourire. Et il avait raison. Alma se remémora les dernières images. « Alma Ora, directeur du chantier naval de Bliss, un parcours intéressant et un homme de génie sans aucun doute. Je sais exactement ce que tu es en train faire, tenter par tous les moyens de gagner du temps, mais on va s’arrêter ici et maintenant. J’ignore pourquoi, mais tu aurais normalement dû être assassiné ici en même temps que tous les autres. Tu es finalement venu donc l’issue restera identique. Je t’en remercie.
       
      A moins que tu ne décides d’être intelligent, de prendre la poudre d’escampette, de sauver ta famille et de quitter cette île. »
       
      Alma fit mine de réfléchir à cette proposition, sous les yeux suspendus du roi et de la maire.
       
      « Proposition plutôt alléchante. Mais pas assez. J’aime Bliss autant que ma famille. Celeborn et Eärendil m’en voudraient de ne pas avoir défendue leur royaume qu’ils chérissent tant. Peut-être que tu me tueras, mais pas avant que les renforts n’arrivent. »
       
      Une main dans le dos, l’autre, tenant la lame, se présenta à son adversaire. Le charpentier écarta ses appuis afin d’être plus stable. Il invita son adversaire à aller vers plutôt que l’inverse. La moindre seconde de gagnée sera bénéfique.

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      Des dizaines de minutes s’étaient écoulées depuis le début de l’affrontement opposant les deux épéistes. Sortant tout juste de sa formation auprès de Ludberg, le charpentier manquait cruellement d’expérience face à un adversaire aussi aguerri que Mustapha. L’un avait effectué de nombreux combats, tandis que n’avaient fait que suivre à quelques petits affrontements mineurs, et encore, absolument rien de louable. Alma n’avait jamais tué personne et cela faisait toute la différence. Le renégat attaquait pour tuer. Le criminel combattait avec deux dagues. C’était bien difficile de suivre. Alma souffrait déjà de quelques écorchures.
       
      « Tu ne tiendras pas longtemps, charpentier. Ta fin est proche. Ton arrogance te coûtera la vie. 
      - Le pire, c’est que t’y crois vraiment.
      - Regarde-toi, dégoulinant de sueurs, tremblant comme une fillette. Tu n’as aucune expérience. Tu as peur de mourir. Tu n’avais jamais rencontré la mort jusqu’ici. Même ton brillant cerveau n’y peut rien. Ton instinct prend le dessus sur la raison. »
       
      Al-Masrî disait vraiment. Le manque d’expérience du charpentier dans ce domaine le renvoyait à une peur irrémédiable. Pour la première fois, il se retrouvait dans une situation qu’il ne contrôlait pas. Son corps, pourtant robuste depuis ses entraînements, se fatiguaient rapidement tant il était crispé et effrayé. Il s’oxygénait très mal.
       
      « - Et pourtant, je me tiens toujours debout, face à toi.
      - Plus pour très longtemps. »
       
      Sous ses grands airs, le directeur du chantier naval n’avait que peu d’espoir quant à sa survie.
       
       
      ***
       
      Côté Portgentil, la situation semblait enfin se stabiliser. Celeborn et Eärendil avait fait fermer le chantier et prévenu tous les charpentiers présents de la situation. Ils s’armèrent donc, prêts à recevoir des invités. Les deux cousins partirent ensemble dans les ruelles de la capitale, à la recherche des criminels dissimulés. Les deux avaient des liens de sang, certes éloignés, avec la lignée royale. Cela se voyait chez Celeborn, grand, barbu, les mêmes yeux que le roi ; mais beaucoup chez Eärendil qui disposait d’une taille relativement normale. Cependant, elle avait hérité de la force des géants. Alma n’aimait pas se chamailler avec elle.
       
      En tous les cas, ils aidaient les civils en détresse et soulageaient grandement le travail de la marine qui pouvait se concentrer sur son avancée. Les criminels voulant fuir vers les terres étaient bloqués par la garnison de Orbea qui s’était détachée avec l’arrivée de la dix-neuvième. Ils étaient encerclés. Passés de chasseur à gibier. Par ailleurs, les renforts de la dix-neuvième permirent aux soldats en repos de rapidement rejoindre leurs camarades dans la bataille. Des prisonniers seraient faits, mais il y aura également beaucoup de morts. Le Creuset sera bien allégé.
       
      « Godric ! », hurla Aok de l’autre bout de l’encerclement. « Prends quelques hommes avec toi et rejoins le charpentier. On est sans nouvelle depuis quelques temps et l’aube pointe le bout de son nez. »
       
      Le colonel n’attendait que son signal pour aller vérifier ce qui clochait au casino. Il prit quelques hommes, laissa son lieutenant-colonel, en qui il avait entièrement confiance, prendra la relève. Tout aussi nonchalamment, le lieutenant accepta la mission. Un épéiste talentueux dont l’apparence tranquille était trompeuse. Le colonel désigna six homme pris dans la tas et partit en direction de Las Atlantik.

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      « Tu n’es donc pas du genre à abandonner ?
      - Heh… Quand je décide de quelque chose, j’ai la fâcheuse tendance à aller jusqu’au bout.
      - Ici, le bout, sera ta mort.
      - Tu m’as dit ça il y a une trentaine de minutes et je me tiens toujours face à toi. D’ailleurs, ça commence à craindre pour toi, Mustapha. Tes alliés seraient déjà ici s’ils étaient parvenus à écraser Portgentil. Dans quelques minutes, le colonel défoncera cette porte et tous tes espoirs seront éteints. Je resterai debout jusqu’à cet instant pour voir ça. »
       
      Alma doutait fortement de ce qu’il disait. Rien ne garantissait que la marine soit parvenue à neutraliser l’assaut des prisonniers. Mais il continua sa stratégie, grapiller des secondes, des minutes. Al-Masrî retourna à l’assaut, piqué par l’insolence de son adversaire. Alma s’élança à son tour. Jugeant le bon moment, le charpentier impulsa ses appuis d’un coup de ventilo-dials pour accélérer au dernier, surprendre son adversaire, et ainsi passer sous sa garde pour l’attaquer. Armant et retournant sa lame du côté non tranchant, il freina en glissant en stabilisant ses appuis au sol, puis frappa un puissant revers au niveau de l’abdomen de Mustapha. Un coup brutal qui l’envoya valsa contre un mur.
       
      Au grand désespoir du charpentier, après seulement quelques instants, le criminel se releva en se tenant le ventre, légèrement sur le côté, au niveau des côtes. L’une d’entre elles serait fêlée ? « Tu as fait l’erreur de ne pas tuer quand tu en as eu l’occasion. Maintenant, je ne te laisserai plus la moindre chance. », fit-il en s’élançant une nouvelle fois. Alma était mentalement éprouvé par cette mésaventure. Se battre était déjà aux antipodes de ses habitudes, alors tuer… pourtant, il s’était entraîné en sachant pertinemment qu’un tel scénario allait arriver. Mais c’était encore trop tôt. Usé, Alma reprit sa garde sans grande conviction, mais l’instinct de survie le poussa à se dépasser. Par ailleurs, un son faiblement perceptible, probablement son haki de l’empathie qui, dans son désespoir, s’intensifia. Prêt à frapper, Al-Masrî s’arrêta net.
       
      « Il faut croire que la chance est de ton côté, charpentier. Nous nous reverrons. »
       
      Il prit la fuite en prenant une sortie de secours. Le charpentier aurait pu le poursuivre, mais il peinait à reprendre son souffle. Et sincèrement, il n’en avait pas du tout l’envie. Il avait déjà bien trop joué avec sa vie. Quelques instants après la fuite de son adversaire, le colonel Orbea arriva quelques-uns de ses hommes, consternés de voir tout ce beau monde au sol. « Sont-ils morts ? », demanda-t-il.
       
      « Pas encore. », tenta d’articuler le roi. C’était le seul en mesure de s’exprimer, mais celui le demanda énormément d’effort. « Ils ont été victimes d’un empoisonnement. Pour l’heure, exceptée une paralysie, je n’ai rien constaté. Seul notre roi est capable de bouger quelques membres et dire quelques mots. Ils méritent une auscultation d’urgence pour s’assurer qu’il n’y a rien d’autre. »
       
      Aussitôt, Godric contacta le service de secours, prit des renseignements sur l’issue de la bataille de Portgentil. Ayant renversé la situation, Aok avait fait prisonnier tous ceux qui s’étaient rendus en voyant la situation se dégrader pour eux. Rassuré, Alma s’écroula à son tour au sol, puis rassura les soldats sur son état. Il désirait simplement souffler un coup après cette nuit de folie. Après quelques minutes, les premières évacuations eurent lieu, le reste de la garnison du colonel arriva également pour aider les médecins. Le charpentier se releva pour rentrer chez lui, mais Godric attendait évidemment un rapport de sa part. La fatigue l’empêchait de raisonner correctement. C’était une procédure des plus évidentes, celle-ci ne devrait pas le surprendre.
       
      « Mustapha Al-Masrî a tenté d’assassiner les sœurs du roi. Je suis arrivé in extrémis pour l’en empêcher, puis je me suis débrouillé pour les défendre jusqu’à votre arrivée. Un peu plus et nous serions tous morts. », dit-il en se tenant à une machine à sous. « Si vous le permettez, j’aimerais rentrer me reposer et remettre les idées au clair. » En effet, certains éléments dérangeaient le directeur du chantier naval. « Je repasserai vous voir dès demain. J’aurais certaines choses à voir avec vous avant que nous allions faire un rapport au roi. »
       
      Qui avait libéré les prisonniers ? Comment Mustapha Al-Masrî avait-il pu empoisonner tout le monde ? Qui est son complice ? Qui a permis autant d’accès à un criminel aussi recherché ? Cela ne pouvait être le premier venu. Ses pensées furent stoppées par les cris d’Eärendil et Celeborn qui l’accueillirent en fanfare. En voyant leurs vêtements tâchés de sang, il se douta qu’ils n’étaient sagement restés à la maison. Ils allaient bien et c’était l’essentiel. Alma était plus amoché que ces derniers. Parfois, il regrettait de ne pas être aussi robuste que ces deux-là, afin de surmonter toutes ces épreuves sans difficultés, sans blessures.
       
      Il fallait dormir. La journée commençait pour certains, mais se finissait toujours pour d’autres. Sans prendre le temps de se doucher, il se coucha simplement aux côtés de sa belle et ils s’endormirent sans un mot. Voilà bien longtemps qu’ils n’avaient pas fermé l’œil. A leur réveil, beaucoup de choses allaient changer.

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      Afin de réaliser un rapport des derniers événements au roi, les colonels Aok et Orbea, ainsi que le directeur du chantier naval, Alma Ora, attendirent patiemment devant la porte des bureaux de leur souverain. Les deux officiers s’ignorèrent et ne souhaitèrent pas reparler de leur collaboration de la veille. Le charpentier trouva cela regrettable, puisque cette collaboration était bien la preuve qu’elle pouvait surmonter presque toutes les épreuves. Il fallait dire que ces deux garnisons ne rigolaient pas. Même en sous-effectif, la cinquante-quatrième avait tenu avec brio face à cette armée de prisonniers. Après un certain temps, tandis que seuls Alma et Godric discutaient, un prêtre proche du roi, Edmond, leur ouvrit la porte et les invita à rentrer.
       
      Fidèles au roi, les colonels s’inclinèrent respectueusement et ployèrent le genou. Alma avait en horreur ce genre de procédés, mais il s’appliqua à faire comme les autres. Le roi semblait éprouvé, réchauffé par une couverture placée autour de lui, il luttait contre le sommeil. Les effets du poison persistaient sans doute encore. Alma fut impressionné par cette force de caractère. Il avait peut-être ses défauts, mais ce type est vaillant, songea-t-il. Chacun des deux officiers fit son rapport de manière formelle, tels des soldats, comme on leur avait enseigné durant leur scolarité. Sachant que le roi n’était friand des longs discours et qu’il ne connaissait pas forcément toutes les manœuvres militaires, les deux soldats firent au plus simple, au plus concis. Jay-Jay apprécia leur effort. Quand vint le tour du charpentier, il fut décontenancé, ne sachant pas réellement quoi rajouter aux propos des deux experts.
       
      « Je n’ai rien de plus à ajouter que nos chers officiers. En effet, sentant la fumée se dégager dans la capitale, je me suis précipité vers la source. Dans les hauteurs de la ville, je me suis aperçu que des criminels semaient le trouble, mais que des soldats de la garnison, faibles par le nombre au départ, tentèrent de repousser l’ennemi. Le colonel Orbea, prévoyant, en sachant notamment qu’il se retrouvait qu’avec la moitié de son effectif, avait envoyé un appel à l’aide au colonel Aok qui n’a pas hésité un seul instant pour répondre présent. », fit Alma en regardant les deux hommes. « Je tiens quand même à spécifier que leur coordination a été assez exceptionnelle. Je n’ai rarement vu de telles manœuvres improvisées fonctionner aussi bien. »
       
      Le souverain prit note de cette information en acquiesçant. Mais très sincèrement, il attendait surtout la suite des explications. « Pour soulager les forces de la marine et connaissant mes capacités de déplacement, j’ai décidé de vous rejoindre à Las Atlantik pour vous prévenir de la situation. N’ayant pas réussi à joindre la maire, ni même l’accueil du casino, je me suis douté que quelque chose d’assez obscur se tramait. En arrivant sur les lieux, le portail fermé, l’absence des gardes… Des éléments qui m’ont rapidement sauté aux yeux. Ça n’avait pas loupé, vous étiez tous inertes quand je suis arrivé. La suite, mon roi, vous la connaissez. »
       
      Un long moment silencieux suivit. Chacun sembla réfléchir à des hypothèses le roi compris, quand Orbea demanda : « Avez-vous reçu des menaces récemment ? Des ennemis ? » Ce à quoi Aok répondit presque sèchement, comme à son habitude : « Le roi doit avoir de nombreux ennemis. Ce qui me taraude un peu l’esprit, c’est la liste des invités. Certaines personnes étaient absentes, notamment vous, Monsieur Ora. Qui nous dit que vous n’êtes concernés par ces méfaits ? »
       
      Nouveau silence. La question était absurde mais le charpentier voyait très bien où il voulait en venir. Par ailleurs, Alma était exclusivement là pour cela. Tous, ici présents savaient pertinemment que le directeur n’était pas concerné. D’une part parce que nombreux étaient les témoins avec lesquels il avait passé une partie de la soirée, d'autre part parce que les colonels avaient été témoins de son aide et le roi de son sauvetage. La discussion tournant en rond, le roi préféra y mettre fin pour laisser le temps aux autorités compétentes de mener l’enquête. Alma resta, désirant se concerter seul avec le roi. Edmond, réticent, obéit au roi qui lui ordonna de se retirer. Enfin seuls, les deux hommes se regardèrent jusqu’à ce que le roi décida de briser ce silence.
       
      « Allons Alma ! Que vouliez-vous me dire ? Ne jouez pas à la petite vierge effarouchée ! »
       
      Le souverain, géant, savait parler à ses sujets. Le blondinet se gratta la tête avant de commencer.
       
      « Je ne sais pas si les deux officiers s’en doutent et n’ont pas préféré vous toucher quelques mots, mais nous savons, vous et moi, que le responsable de cette mascarade se trouve dans votre cercle proche. »
       
      Il prit la température pour savoir s’il pouvait poursuivre ou si le roi était fermé à l’idée. Cependant, le roi acquiesça et lui demanda de poursuivre.
       
      « Seule une puissante personne a pu retrouver Al-Masrî et lui proposer quelque chose de suffisamment intéressant pour accepter le challenge. Je veux bien croire que Mustapha se soit débrouillé pour libérer les prisonniers, mais il est pour moi impossible de gérer l’empoisonnement, la libération des criminels et être présent au casino, le tout presque simultanément.
      - Que comptez-vous faire ?
      - Le colonel Aok va certainement retourner dans la surveillance des mers. Il a été bien trop présent sur les terres. Il revient donc au colonel Orbea de mener l’enquête. Il y a beaucoup de travail et j’ai déjà laissé beaucoup de mes hommes travailler à la reconstruction des bâtiments endommagés. S’il me le permet, j’enquêterais donc dans la prison, notamment du côté du personnel. Ou ce qu’il en reste.
      - Qu’espérez-vous y trouver ?
      - Si j’en crois ce que m’a confié le colonel, deux blessés sont actuellement hospitalisés. Avec un peu de chance, ils auront peut-être vu ou entendu quelque chose.
      - Ne perdez pas une seconde plus ! »
       
      Le regard dubitatif, Alma acquiesça et se retira. Ce n’était pas son boulot mais il aimait trop son île pour rester inactif. Retrouver Al-Masrî était quasiment impossible. C’était un champion dans la fuite et la dissimulation. Plus qu’à espérer obtenir des réponses chez les survivants de la prison.



Dernière édition par Alma Ora le Mar 22 Nov 2022 - 21:05, édité 1 fois
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      Les deux gardiens, actuellement en convalescence, étaient séparés dans deux chambres différentes. Alma pensait gagner du temps, mais tant pis, il fera une chambre après l’autre. Il commença par celle de gauche. Un homme d’une quarantaine d’années, obèse, victime de nombreux coups sur tout le corps. Ses joues, déjà bien grosses, l’étaient encore plus après son passage à tabac. Le charpentier fut presque pris de compassion. De toute évidence, ce type n’avait certainement pas passé un agréable moment. Il se dénommait Francis. Pas grand-chose à en dire. Une carrière dans la marine loin d’être exceptionnelle, mais aucun méfait, il faisait ses heures et obéissait aux ordres. Se voyant limité physiquement, on lui avait suggéré la surveillance du Creuset.

      « Bonjour Francis, je suis le dir… un enquêteur au service du roi. » Il profita du fait que le blessé soit complètement dans l’incapacité d’ouvrir l’œil pour le duper. « Je suis désolé de venir vous déranger pendant votre convalescence, mais nous devons rapidement trouver la personne qui vous a fait ça.
      - N’vous embêtez pas, m’sieur. J’ai pas vu c’lui qui m’a fait ça.
      - Il n’y avait qu’un seul homme ?
      - Non. J’sais plus. C’est flou dans ma caboche. Ils étaient sans doute plusieurs, alors que je les empêchais de s’échapper. »

      Vous auriez sans doute dû vous cacher, pensa le charpentier en l’observant. « Vous avez fait preuve d’un certain courage. Avez-vous entendu ou perçu un élément capable de m’aiguiller ? D’autres collègues à vous qui auraient survécu ? » Francis se mit soudainement à pleurer. Le voilà qu’il perd la tête. Il ne me manquait plus que ça, songea le directeur. « J’suis l’seul survivant. »

      Alma se bloqua. Il n’était pas donc pas au courant qu’il existait un survivant. « Intéressant. », ne put s’empêcher de murmurer Alma. « Pardon ?
      - Je trouvais intéressant qu’ils vous aient épargné. Vous devez avoir pour eux une certaine valeur.
      - Tu parles ! Z’étaient juste pressés de se tirer !
      - Vous avez probablement raison, Francis. Je mène l’enquête. Reposez-vous.
      - Merci monsieur l’enquêteur du roi ! »

      Alma se dirigea aussitôt dans l’autre chambre. Un jeu gardien, Arthur, victime d’une belle commotion cérébrale. Un bandage autour de sa tête laissait imaginer le gros hématome à l’arrière du crâne. A l’instar de Francis, il avait repris connaissance peu dans la journée. Le charpentier était donc le premier à l’interroger. A la demande du roi, ce dernier avait le droit de mener des interrogatoires. Ou de les commencer du moins. En le voyant arriver, Arthur le reconnut aussitôt : « Monsieur Ora ! Je dois avouer que je ne m’attendais à voir venir ici le directeur du chantier naval.
      - En fait, jeune ami, je ne suis pas ici en tant que directeur, ni même en tant que charpentier. Le roi m’envoie enquêter sur les drames produits lors de la nuit de l’an.
      - Mon dieu… Tout est de ma faute !
      - De votre faute ? C’est vous qui avez libéré les prisonniers ?
      - Pas du tout ! Mais je n’ai pas su gérer les débordements…
      - Vous étiez de garde dans la salle de contrôle ?
      - O-oui…
      - Pourquoi ne pas avoir averti la garnison de ce qu’il se passait dans la prison ?
      - Je gérais les gardiens sur place pour tenter de contenir les prisonniers. Rapidement, je me suis rendu qu’ils étaient quasiment tous libérés. Au moment de prendre l’escargophone pour appeler les renforts, on m’a assommé.
      - Un prisonnier ?
      - J’aurais bien aimé. Mais c’était un collègue. »

      Alma sembla sceptique.

      « Pour tout vous dire, Monsieur Ora, nous avons fait preuve de beaucoup de laxisme au cours de ces dernières années. Il n’y a jamais eu le moindre problème. Nous n’étions pas prêts à un tel scénario.
      - Vous avez-vous-même manqué de vigilance, Arthur. Celui qui a libéré les prisonniers était forcément visible des caméras. J’imagine que vous ignorez également qui vous a assommé ?
      - Les caméras ont été brouillées un moment, monsieur Ora. Et je sais qui c’est. A cause de sa condition physique exécrable, il était déjà à bout de souffle en arrivant dans la salle, alors je l’ai entendu arriver. Je ne me suis douté de rien. Il savait que je ne le soupçonnerais pas, ce gros sac de Francis ! »

      Alma repensa au « gros sac » et l’état dans lequel il se trouvait.

      « Ce sont de graves accusations. En êtes-vous sûrs, Arthur ? » Il serra le poing et les dents. « Et comment ! Il aurait dû me tuer ! Je l’emmènerai devant la cour afin qu’il soit jugé pour sa trahison ! »

      Le blondinet resta songeur un instant face au regard empli de haine du jeune gardien. Il le remercia pour son témoignage et lui souhaita un prompt rétablissement. Pour résumer, Francis s’était fait volontairement latter la tronche pour se passer en victime. Il n’y voyait actuellement rien. Actuellement, Alma n’en tirerait rien en la présence des soldats de la marine. Il lui fallait user de stratagème plus élaborés, moins légaux, mais plus efficace. Ainsi, il quitta l’établissement et retourna chez lui pour conter la situation à Eärendil et Celeborn.

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      « Tu l’as en visu ?
      - Pas encore. Il semblerait qu’il ne soit pas encore sorti de sa chambre.
      - Fait chier. Il est sensé sortir aujourd’hui, non ?
      - Il sortira. Les médecins ont été clairs. Il ne reprendra pas le boulot de suite mais il peut au moins retourné chez lui. Etant donné la carcasse que c’est, je ne suis pas vraiment étonné. Il profite un maximum des soins accordés. Sauf que son cinéma ne fonctionnera plus. »

      Celeborn et Alma communiquaient via escargophone. Le blondinet, dissimulé dans une cape noire, dans une ruelle donnant une vue sur l’entrée de l’établissement, attendait patiemment la sortie de sa cible. Celeborn, sur le chemin du domicile, attendait lui aussi patiemment de cueillir le dénommé Francis. En effet, après avoir largement abusé du confort de la clinique affiliée à la Marine, on l’obligea finalement à quitter les lieux. Pour se remettre psychologiquement, on lui accorda deux bonnes semaines de repos supplémentaires. Pour les deux charpentiers, c’était le moment idéal pour obtenir des réponses.

      « C’est bon. Le gros sac sort. Prépare-toi.
      - Entendu. »

      Alma le suivit à la trace. Quand à savoir si c’était une bonne idée, il faudrait l’évaluer plus tard. Pour l’heure, des réponses étaient nécessaires pour la suite de l’enquête. Le demi-géant était en place. La pluie tombait de plus en plus fort, le ciel s’obscurcit et des éclairs retentissaient. Manifestement, une tempête était de passage sur Bliss. Une tempête certainement provoquée par un certain charpentier. Le gros Francis se hâtait pour rentrer se couvrir chez lui. Les rues, maintenant vidées, Celeborn sortit de sa tanière. Le suspect se cogna à une masse avant de tomber sur les fesses. Il n’eut même pas le temps de savoir ce qu’il s’était passé, que sa tête fut engloutie dans un sac en toile. En à peine une seconde, la rue était complètement vidée. Cette fois-ci pour de bon.

      ***


      « Où suis-je ???
      - Tu n’as pas besoin de le savoir. », rétorqua une grosse voix, celle de Celeborn. Alma prit le parti de rester silencieux tout du long, au cas où le matelot reconnaîtrait sa voix.

      « Qui t’a payé pour faire ce que tu as fait ? »

      Un léger silence. L’homme fut surpris de cette question d’après ce que pouvait ressentir le blondinet avec son empathie.

      « De quoi parlez-vous, nom de dieu ! »

      Ni une ni deux, Celeborn envoya un direct du droit dans les flottantes. Il contrôla sa force de sorte à ne pas les lui briser.

      « Tu as laissé un survivant dans la prison. C’est à la fois tout à ton honneur, mais en même temps une énorme connerie. Bref, le type t’en veut énormément et t’a clairement identifié. Soit tu parles, soit j’te bute. Tu ne seras pas le premier ni le dernier de ma liste.
      - Mais j’sais pas de quoi vous…. »

      Il frappa de l’autre côté. Celeborn détestait cela et c’était bien pour Alma et pour le royaume qu’il le faisait. Francis était nu, debout, les mains liés par des chaînes, elles-mêmes suspendues aux extrémités de vieilles poutres où des algues avaient proliféré depuis longtemps. Ils se trouvaient dans une plage complètement abandonnée. La lune était dissimulée par les nuages, le vent soufflait, les vagues frappaient Francis qui grelottait et subissait les attaques du géant, cagoulé pour préserver son anonymat. Alma avait l’impression de voir un boxeur s’entraîner sur un sac de boxe. Là, c’était simplement un gros sac. Ce petit jeu avait assez duré et le charpentier frappa de plus en fort. Bientôt, la marée sera plus haute que les poutres. Celeborn en avait informé sa victime entre deux coups.

      « S-Stop ! C’est bon !
      - Parle ou je continue.
      - C-celui qui m’a mandaté, c-cest Mustapha ! C’est lui qui m’a payé !
      - Et qui l’a payé ? Il ne dispose d’autant de moyens. Je veux bien croire qu’il entretient un marché noir mais quand même. »

      Alma apparut derrière lui, tendant sa canne contre le visage de Francis, l’empêchant de se retourner.

      « Sous quelle forme as-tu été payé ?
      - D-des lingots d’or !
      - Des lingots d’or, hein. Il n’en existe pas beaucoup qui peuvent payer avec des lingots. T’en connais beaucoup, toi ?
      - N-non, m’sieur ! Mustapha me payait toujours en cash habituellement. A-apparemment, il voyait un type de la haute, qui prendrait la place du roi.
      - Camarade, remets-lui quelques coups. Notre ami Francis sait des choses mais ne souhaite pas nous les dire.
      - N-non non non ! C’est bon, j’vous dis, merde !
      - Dépêche-toi, mon garçon. Vois-tu, mon ami s’impatience assez rapidement.
      - La personne qui attendait la mort du souverain se trouvait justement sur son trône. Le seul qui était absent de la fête.
      - Joy Grantz ? Je l’avais suspecté mais cela manquait cruellement d’originalité. Le roi lui-même doit s’en douter. »

      Le directeur dégaina sa lame et coupa les deux chaînes. Francis tomba lourdement dans l’eau agitée. Quand il remonta à la surface, essoufflé, il était seul. Les vagues s’arrêtèrent, la pluie cessa et le lune était de nouveau visible. Pensifs, Celeborn et Alma restèrent encore estomaqués.

      « Que comptes-tu faire ?
      - Prévenir le roi. Plutôt discuter. Je suis certain qu’il le sait déjà, cet abruti. Qu’une tierce personne le sache mettrait la famille royale en difficulté. Je compte tirer profit de cette situation et montrer au roi que je ne suis pas un idiot.
      - Ne sois pas trop hautain avec lui. Ta tête risquerait de se trouver sur un piquet. »

      Alma sourit.




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      Alma ne décida pas de se rendre immédiatement chez le roi. Une bonne semaine passa avant qu’il ne demande un entretien avec ce dernier. Cela faisait deux bonnes semaines que le souverain n’avait plus aucune nouvelle. Le colonel Orbea avait certainement obtenu le nom du traitre dans ses rangs, mais les deux charpentiers le gardèrent captif pour l’empêcher de parler à la marine, au moins le temps de son échange avec le roi. Ce n’était probablement pas légal de procéder de la sorte, mais le directeur devait tirer profit de chaque situation. Il ne désirait pour rien au monde retrouver sa précarité d’antan. Et pour ça, il lui fallait amasser le plus d’argent possible.

      Attendant patiemment devant les quartiers de son souverain, le blondinet réfléchit à son avenir, celui d’Eärendil, celui du chantier, mais aussi celui du monde. Il fut sorti de ses songes quand la grande porte s’ouvra délicatement. Un sujet du roi l’invita à rentrer avant de lui-même s’éclipser. Il y avait des progrès. Le roi commençait à saisir que ses discussions avec Alma ne nécessitaient pas d’oreilles indiscrètes.

      « Alma, mon cher Alma, entrez donc et refermez la porte derrière vous. », le charpentier s’exécuta et songea que le roi le faisait maintenant moins attendre. « Je pensais justement à vous et votre enquête officieuse. Qu’en est-il ? », reprit-il avec une certaine sympathie qui étonna le charpentier.

      « Les nouvelles sont assez mauvaises, mon roi. On pensait Mustapha Al-Masrî à la tête de cette tentative, il n’était en réalité qu’un pion.
      - Une tierce personne a commandité cette tragédie ?
      - Absolument. Une personne riche. Très riche. Je peux l’assurer car de grosses sommes ont été versées pour la corruption d’un homme, un gardien, qui a permis aux prisonniers de saccager Le Creuset et s’en échapper. Sans compter l’investissement dans les armements, l’argent versé à Mustapha… Bref, de belles sommes.
      - Cela réduit considérablement la liste. Mais beaucoup de personnes sont riches, Alma, et la plupart étaient avec moi au moment des faits.
      - En quoi cela empêche-t-il de commanditer un attentat ? Le poison n’était pas mortel. La personne derrière cet attentat ne voulait pas tuer toutes les fortunes de l’île, elle savait qu’elle en aurait besoin à l’avenir. Paralyser l’ensemble était donc suffisant et elle aurait tout à fait pu être à vos côtés. C’est d’ailleurs ce qu’elle aurait dû faire.
      - Allez droit au but, Alma.
      - Oui, mon roi. Cette personne désirait votre trône. Absente de la soirée, proche de vous au quotidien, désirant secrètement prendre votre place. En arrivant, j’ai constaté que les premières cibles n’étaient autres que vos sœurs, notamment l’aînée, Alice, enceinte d’un éventuel héritier si mon roi venait à disparaître sans successeur. Dois-je mentionner son nom où vous avez saisi ? »

      Le visage de Grantz se rembrunit.

      « Qui est au courant ?
      - Excepté le gardien corrompu et moi-même, personne.
      - Le colonel va finir par le découvrir.
      - Pour l’heure, le gardien a été dissimulé pour que cela n’arrive pas. »

      Le souverain arqua un sourcil, intrigué par cette initiative.

      « Mais pourquoi avez-vous donc fait cela ?
      - Je voulais éviter des casseroles à la famille royale. A en voir votre expression, je crois deviner que j’ai plutôt bien fait. Un homme a dit un jour qu’il valait mieux laver son linge sale en famille, n’est-ce pas ?
      - Que proposez-vous ?
      - Je ne suis pas un assassin, alors je ne tuerai pas cet homme. Je propose que vous le récupériez et en faites ce que bon vous semble. Ainsi, le secret sera gardé. J’imagine que vous avez déjà pris des dispositions concernant votre frère, car c’est bien de lui que l’on parle. »

      Alma insista pour être certain que son interlocuteur comprenne bien qu’il savait.

      « Je dois reconnaître que vous m’avez pris de court, Alma.
      - Pour le bien du royaume, je me dois de servir au mieux les intérêts de la famille royale, mon roi. Des complotistes, des personnes vous souhaitant du mal, on peut en trouver dans toutes les rues, qui n’hésiteront pas à saisir la moindre occasion. Il vous faut des personnes de confiance.
      - En êtes-vous une ?
      - Ne l’ai-je pas prouvé ?
      - Il ne fait aucun doute que je vous dois une fière chandelle. Par ailleurs, j’ai été témoin de votre sauvetage de ma précieuse sœur. Je vous en serais éternellement reconnaissant. Comment puis-je vous récompenser, Alma ? »

      Le directeur du chantier naval dissimula une joie intense.

      « Mon devoir envers vous ne mérite normalement aucune récompense, j’œuvre pour le bien commun. Néanmoins, vous n’ignorez pas mon intérêt pour le chantier, que je chéris plus que tout sur Bliss. Hélas, mon amour pour lui dépasse celui que j’ai pour vous. »

      Les deux hommes rirent.

      « Je détiens déjà certaines parts de ce dernier et je vous en remercie. J’aimerais, cependant, discuter des décisions concernant ce chantier, de manière égale avec vous. Je souhaiterais traiter avec un collaborateur et non avec mon roi.
      - Il s’agirait donc d’obtenir cinquante pourcents du chantier ? Je vous croyais plus gourmand que ça.
      - Vous n’auriez pas accepté que j’en demande davantage. Du moins, pas tout de suite. Vous aimez ce chantier. »

      Grantz, déjà grand de par ses propriétés de géant, se tenait sur son trône en hauteur, les bras croisés. Son regard écrasait complètement Alma qui tenait devant lui.

      « J’accepte. Vous êtes à ce jour détenteur de la moitié du chantier et, de fait, mon collaborateur dans sa gestion. Votre statut de directeur vous donnait le droit de le diriger, mais vous deviez systématiquement passer par moi pour toutes nouvelles décisions à prendre. Dorénavant, vous ne passerez plus par ma personne, mais nous discuterons ensemble de l’avenir de chantier. »

      Le roi se leva et se tint relativement proche d’Alma, qui ne bougea pas d’un iota. Jay-Jay lui tendit sa longue et grande main pour sceller cet accord. Ils se serrèrent la main. Une bonne poignée d’hommes. Le charpentier ne s’en rendit pas compte immédiatement, mais sa relation avec le roi évoluait peu à peu, de même que sa popularité au sein du royaume. Certains pourraient voir cela d’un mauvais œil. La Maire de Portgentil, par exemple, avec laquelle il s’entendait pourtant bien. Il comprit, sur le chemin du retour, qu’il devra s’assurer du bien-être de chacune de ses relations. C’était ça, la politique, le business.



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