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Second tour

Pieds à terre, nous voilà enfin arrivés sur Water Seven. Pour quelle raison me demanderez vous, la chasse continue. Parait que la grognasse du Crypto Syndicat est dans les parages. Sûrement pour se rattraper du deal foireux que j’ai moi même bousillé que Kikai No Shima. Bon je vais pas mentir, inutile de faire le fier, j’ai bien faillit crever la bas… Mais cette fois, j’ai l’intuition que ce sera différent. Pourquoi ? J’en sais rien. Une intuition. Je m’avance avec mes gars sur les quais, j’emmène James et Kyara, comme d’hab’ Jack reste sur Le Couperet histoire de commander les hommes et de préparer une éventuelle offensive de soutien. D’après mes sources celle qui s’agit appeler Nembu serait retranchée ici et y’aurait fort à parier que le toutou du Malvoulant avec qui elle traitait sur Kikai No Shima soit dans les parages. On a saisit une belle quantité d’armes l’autre fois.. ouais fin « saisit ».. faut dire qu’on a détruit pas mal de trucs aussi. Moi on m’avait demandé de saisir et à défaut de détruire hein, j’fais que suivre les ordres et comme dirait James "Un bon soldat obéit aux ordres".

On s’amène dans cette petite auberge, c’est là que notre contact nous attend. Un certain Diego. Je me demande bien pourquoi faut il toujours que ça s’fasse dans un lieu clos ? Meilleur moyen de tomber dans un coup gorge, meilleur moyen de laisser filer une proie.. fin la c’est pas une proie. Enfin j’crois. On entre dans le débit de boisson, un lieu ma fois plutôt chaleureux, bien fréquenté, ça picole, ça s’envoie des plats plutôt copieux, ça rigole, l’ambiance est bonne et me met de suite en confiance. Comment reconnaître ce Diego ? C’est très simple, un type avec une chevelure bleue et une moustache bien fournie. J’mets pas plus de dis minutes pour le trouver tiens, assit dans un coin, l’air nerveux comme s’il s’apprêter à c’que sa donzelle passe la porte et le surprenne avec une putain. Je m’approche alors, James et Kyara qui reste à quelques mètres en soutien, le type sursaute quand je m’assois à sa table et je lui fais mon plus beau sourire.


Diego c’est ça ? Je suis le Lieutenant Commandant Macallan.. on a communiqué ya quelques jours.

Je.. je.. oui c’est moi. Bien le bonjour…

Parait que t’as des infos juteuses et que l’envie de faire ton devoir de citoyen t’démange ? Ça m’intrigue.. comment ça s’fait d’ailleurs ?

Ces types là.. Le Crypto Syndicat. Ils fricotent avec les gars du Malvoulant. Disons que j’ai des comptes à rendre au Malvoulant.


Le Malvoulant, voyez vous ça. Putain c’est peut être ma chance. Ma deuxième chance j’veux dire… Un beau coup de filet, la pouffiasse du Crypto Syndicat et ce tordu de Brazeus. Si j’arrive à les arrêter tous les deux, c’est la petite tape amicale et la promotion assurée. Comme si j’en avais quelque chose à foutre, j’vous ai bien eu. Échange rapide avec ce Diego, j’apprends que mes cibles se sont entrevues sur les quais. Que c’est original, sûrement que j’vais avoir droit à mon match retour dans un sombre entrepôt, une belle impression de déjà vu. J’y songe une seconde, mais ça pourrait bien être un piège, après tout je leur ai « volé » un fruit du démon… Mais je fais mine de rien, j’obtiens finalement l’adresse de l’entrepôt avant de me lever et d’tirer ma révérence.

De retour dans la rue, je reste quand même un tantinet dubitatif. Pourquoi les choses m’apparaissent si simples ? Aucune idée. On fait quelques mètres en direction des docks pour retourner au navire et établir un plan de bataille.


Kyara, je vais avoir besoin de toi.

Par rapport à quoi ?

Je veux que tu gardes un œil sur ce Diego et que tu me tiennes au courant de ses faits et gestes.

Ce sera fait. répondit Kyara avant de tourner les talons et de disparaître dans la foule.

T’as des doutes sur ce type ?

Ouais.. tout ça m’parait bien trop simple.

Allons jeter un œil on sera vite fixé.


Se jeter dans la gueule du loup ? Mais quelle riche idée ! Vrai que ça me ressemble à la réflexion… J’hoche la tête, et continue ma course, si ma curiosité me pousse à effectivement vouloir aller jeter un petit coup d’œil sans délais, faut quand même que je me montre responsable, ça passera par l’étape « plan de bataille ».

Rapide briefing sur le navire, l’entrepôt ciblé dispose de plusieurs issues de secours, toutes devant être couvertes. Cette fois-ci il n’est pas question d’attaquer de façon désorganisée, chose plutôt rare me concernant mais j’ai bel et bien établi un plan de bataille… Toujours RAS du côté de Kyara, j’décide de partir en reconnaissance avec James. Ni une ni deuxième on se rend au point de rendez-vous donné par Diego, dans une zone industrielle désaffectée, non loin d’un phare abandonné. Mais pas immédiatement à l’entrepôt indiqué. Non on reste un minimum prudent et on décide d’inspecter les environs en premier lieux. On fait un bref tour d’horizon, des clodos ici et là, quelques types louches qui rôdent, ça me choquerait pas d’trouver quantité de marchandises de contrebande et de drogues en tous genres. Passe-partout, sans uniforme, ok se faufile à droit à gauche mais impossible de trouver la moindre trace des hommes du Malvoulant ou de ces raclures du Crypto Syndicat. C’est alors que mon escargophone s’met à sonner, Kyara au bout du fil.


…. Shhhhhhhhh … Wayne ? Ici Kyara. T’avais raison.. Shhhhhh …. Notre gars vous a envoyé au casse-pipe.

Fait chier.. Explique.

…. Shhhhhh … Je l’ai suivi jusqu’au marché couvert et j’ai surpris une discussion intéressante entre lui et un gus cybernétique… Celle qui se fait appeler « Nembu » veut récupérer le fruit que t’as gobé… Ils t’attendent de pied ferme dans l’entrepôt numéro dix sept …. Shhhhhhh …

Reçu… Garde un œil sur lui. Terminé.


Comme quoi à force de me faire rouler, je finis par avoir du flair. Alors comme ça ils « m’attendent de pied ferme » hein… Récupérer le fruit que j’ai croqué ? J’pige pas trop ça par contre. La rumeur veut qu’un fruit se réincarne ailleurs à la mort de son propriétaire précédent mais comment contrôler ça ? Peu importe en fait. Je serais tenté de me jeter dans la gueule du loup, mais c’est le genre de truc qui m’a pas franchement réussit jusqu’à présent. Donc cette fois-ci, on va la jouer en finesse. Entrepôt numéro dix sept hein ? Accompagné de James on s’approche des quais et on parcours les devantures d’entrepôts les unes après les autres. Un bail que la zone a été vidée, tout est vieillot, rouillé, abimé… On finit par l’apercevoir. Le numéro dix sept. Je dégaine ma longue vue pour examiner ça de plus près. Un grand bâtiment dont les vitres ont toutes été flinguées, idéal pour les tireurs embusqués ça. Et si à priori je n’vois personne, sûrement que ces connards sont là, planqués, à attendre que j’me pointe. Ça m’fais sourire putain, suffirait que je me pointe avec Le Couperet et que je pilonne la zone… Mais non, tu ne peux pas faire ça Wayne, ça déclencherai sans doute un incident diplomatique ou une connerie du genre. Sans parler des dommages collatéraux hein… La dernière fois ils ont détalé comme des lapins à l’arrivée des renforts, mais cette fois-ci les choses seront probablement différentes. C’est là que je l’aperçois. Cette pouffiasses masquée. Qui sort tranquillement pour fumer sa clope. Confirmation que le Crypto Syndicat est là.


Bingo. J’ai un visuel James.


Imprudence ? Provocation ? Difficile à dire. En tous cas elle vient de me donner un prétexte pour dépêcher mes hommes sur site. Il est de mon devoir de mettre fin aux agissements des hors la loi ! Sourire aux lèvres, je range ma longue vue et me tourne vers mon acolyte Doscarien. On va s’en tenir au plan, je dégaine mon escargophone, mon premier coup de fil est pour Kyara, je lui donne l’ordre de regagner le navire. Le second ordre est pour Jack, qui a pour ordre de rappliquer avec l’unité confinement. Une fois que Kyara aura gagné Le Couperet, il faudra manœuvrer pour se placer face à l’entrepôt numéro dix sept en soutien. Cette fois-ci, ces connards ne m’échapperont pas.
    Les gars sont là, il aura pas fallut plus d’une demie heure pour mobiliser et mettre tout ce beau monde en place. En attendant, James et moi avons fait un rapide tour du secteur et n’avons à priori croisé que trois sentinelles. Naturellement, elles ont été conduites au pays des rêves pour éviter de perdre l’effet de surprise. James est un vrai spécialiste lorsqu’il s’agit de dénicher et neutraliser les guetteurs. Civils écartés pour sécuriser la zone, mon escargophone s’met alors à sonner, Kyara au bout du fil, qui m’informe que le navire sera en position d’ici quelques minutes. Bientôt l’heure de passer à l’offensive, je passe en revue les différents accès à l’entrepôt, l’objectif étant de lancer une attaque sur plusieurs fronts en simultané. Je me retourne vers mes gars avec un large sourire.


    N’oubliez pas, personne ne doit s’échapper. Les premiers à entrer seront les équipes de l’unité confinement. Puis dans un second temps, les troupes de choc. C’est mort ou vif, votre vie avant tout donc je ne veux pas voir la moindre hésitation. Faites votre devoir.. et on fêtera notre victoire ce soir !


    Mon petit speech semble avoir eu son effet, je m’avance en direction de l’entrepôt, et les gars se disperse, chaque unité se dirigeant vers son objectif. Ils savent bien que ça va pas être du gâteau. Loin de la même… Ils se sont déjà frottés a ces types.. et la dernière fois c’était une vraie boucherie. Le plan ? Vrai que cette fois c’est différent. Cette fois j’ai un plan. Et c’est foutrement simple. Y’a trois issues en comptant la porte principale, donc trois détachements bien distincts. On entre tous en même temps, unité confinement en avant pour les projections de gaz lacrymo. Une fois le doute semé, ce sera au reste des Viandards d’exercer la pression suffisante pour les forcer à se rendre. Quoi l’imposant rideau de ferraille ? Celui qui donne sur le quai arrière ? Ouais ça c’est l’affaire du Couperet. Mon navire se tient prêt à tirer et à pulvériser tout hors la loi qui tenterait de s’faire la malle à la nage.

    On arrive aux abords de l’entrepôt numéro dix sept, on fait un putain d’boucan et je m’attends à tout moment à déclencher une alarme ou autre pour nous foutre dans la merde. Mais jusqu’ici tout va b…


    BANG



    Un tireur embusqué vient d’faire feu au travers de l’une de ces fenêtres bousillées. Ni une ni deux, j’vois James qui riposte, collant un pruneau à notre ennemi. Si ce dernier est probablement neutralisé, les tirs auront sûrement alerté les truands qui sont en planque. Bon plus vraiment le choix pour le coup, faut y aller.. et vite !


    En avaaant toute !


    Pied de biche en main, j’suis le premier à passer, j’attrape mon masque à gaz en prévision, je l’enfonce et d’un coup sec je décanille la porte principale qui se trouve devant moi. Mes gars s’engouffrent dans la brèche. Soldats de l’unité confinement en premier, formation serrée, les tirs ennemis commencent à pleuvoir mais ricochent sur les boucliers anti émeute. L’attaque ne tarde pas à débuter, une multitude de bombes lacrymo sont lancées et malgré les tonnes de fenêtres brisées, la pièce principale est rapidement plongée dans une fumée blanchâtre. J’ai du mal à respirer avec cette merde sur le visage, mais sans ça j’serai sûrement au sol, en position fœtal à pleurer à chaudes larmes à cause de ce putain de gaz. Ça continue à nous tirer dessus, mais les gars de l’unité confinement font le taff.


    On avance ! Sécurisez les lieux !


    Les hostilités sont lancées et les échanges de tirs se font de plus en plus violents. La première étape sera de mobiliser les hommes dans la grande salle principale et de la pacifier. Mais le plus difficile restera à venir, parce qu’au dessus de nous s’empilent pas moins de quatre étages. Les ennemis ont beau sembler organisé, nous avons l’avantage du nombre, et j’sens que comme moi, les gars ont une putain d’envie d’en découdre et de l’emporter cette fois-ci. L’intensité des tirs diminue en même temps que le gaz s’estompe, j’arrache le masque à gaz de mon visage, me mettant à tousser comme si mes poumons étaient foutus et je fonce dans la mêlée avec mes hommes. Pied de biche brandit, je fracasse quelques mâchoires, coupé quelques respirations, sécuriser le périmètre est primordial si on veut pouvoir avancer.

    Les deux autres détachements arrivent à leurs tour dans la salle principale et rapidement l’ennemi se voit débordé. Et au moment où j’crois qu’on tient le bon bout, y’a cet espèce de connard recouvert de plaque rouillée qui nous envoie une grenade. L’un des gars à le réflexe de mettre son bouclier anti émeute entre le projectile et la trogne…


    BAOUUM



    Ça raisonne dur, et le choc de l’explosion m’envoie rouler sur le sol un peu plus loin. Je me relève doucement pour constater que mes gars ont commencé à allumer le type. Ça pétarade sec, mais les balles ne passent pas l’armure en plaque du colosse. Ce dernier s’met même à rire avant de pointer ses poings vers les gars. Un lance flamme. C’est un putain de lance flamme qu’il planque là dessous. Un jet de flamme jaillit droit sur les gars qui se protègent tant bien que mal à l’aide des boucliers anti émeute… À cet instant je réfléchis pas. J’sais qu’il faut agir vite si j’veux pas que mon unité soit transformée en un putain d’barbeuc. Je ramasse un six coups sur le corps sans vie d’un ennemi juste à côté et je tire. À deux reprises. Les balles ricochent. Merde.


    À couvert !


    J’assiste impuissant à la destruction imminente de l’un de mes détachements. J’sais que les boucliers anti émeute n’arrêteront pas ce fou. C’est alors que je repère une petite bonbonne dans son dos. Pas besoin d’être un génie pour comprendre, je pointe alors mon arme dans sa direction, pour tenter le tout pour le tout. J’ai jamais été bon tireur.. mon truc à moi c’est la mêlée. Mais si je me sors pas les doigts du cul, cette opération va vite tourner vinaigre… Je vise. Je retiens mon souffle. Je tire. Manqué. Putain. J’enrage. Je retiens mon souffle à nouveau. Je tire. Rien ne se passe. Plus de balle. Pas d’chance.

    Je plonge alors pour choper un fusil au sol et je prie pour qu’il soit chargé. Je le pointe en direction de cette putain de bonbonne. Allé Wayne c’est pas le moment d’merder. Je retiens mon souffle. Je tire.


    FshhhhhhhhhhhhHHHwoooooooooo


    Réservoir percé, du gaz s’en échappe et le type prend feu vitesse Grand V. Il a même pas le temps d’hurler de douleur que tout le bordel se met à péter violemment, le repoussant contre une étagère à quelques mètres, projetant les plaques en tous sens, accompagnées d’une bouille sanguinolente. Le calme retombe et mes gars se mettent en position pour sécuriser la zone. Quand je me relève, j’suis un peu sonné… Mais je constate que la première étape est un succès, les gars rassemblent les quelques prisonniers et prennent position à proximité de l’escalier menant aux étages supérieurs. C’est là que les choses sérieuses vont commencer…
      Quand faut y aller… Aucun de nos chers prisonniers ne semble prêt à coopérer. Tous gardent un silence de tombe. Tant pis. Je laisse à Jack le soin de superviser le rez-de-chaussée et j’embarque James et quelques hommes vers les étages supérieurs. À ma grande surprise, RAS au premier. Des bureaux, des tonnes de bureaux, mais pas âme qui vive… Je laisse quelques hommes pour sécuriser l’étage et je continue mon ascension, mais c’est le même topo sur les étages suivants, si bien que j’atterris sur le toit sans croiser quelconque résistance. De retour à l’air libre, je scrute les environs, aucune trace de mes cibles. Mon escargophone sonne, je décroche, Jack au bout du fil.


      …… Shhhhhhhhh ….. Heu.. Boss ? Vous que vous descendiez voir ça… Shhhhhh …..

      Que se passe-t-il ?

      ….. Shhhhhhhh …. Difficile à dire.. on dirait.. oh non… Le bâtiment est piégé …

      Piégé ? Qu.. Merde. SORTEZ TOUT DE SUITE DE LÀ !


      Silence total, je me mets à courir en direction du bord du toit. Mais j’ai pas le temps de l’atteindre. Y’a un putain de bruit sourd. Un bruit comme.. étouffé. Suivit d’une grosse secousse et voilà que le sol se dérobe sous nos pieds. La structure de l’entrepôt s’effondre sur elle même, je fais volte-face mais je suis rapidement aspiré par les gravats qui tombent d’étage en étage… Puis c’est le néant.



      —————————




      Est ce que je suis mort ? On dirait pas. J’entrouvre les yeux, j’ai un mal de chien… J’distingue le ciel, c’est que j’y suis pas encore monté. Dos en vrac, je peine à me remettre sur mes guiboles. Autour de moi c’est le chaos. Je titube sur cet espèce de montagne de gravats. James ? Jack ? Les gars ? Putain… Je ne sais même pas par quel miracle je suis encore entier. J’ai le bras gauche qui tétanise. Non c’est autre chose. Je sens cette étrange énergie qui le parcourt. Bordel. C’est quoi ? Est ce l’effet de mon fruit du démon ? Je me sens bizarre… Non. C’est autre chose. Dans la panique, dans la chute, je jurerais avoir vu ma peau prendre une teinte charbon. Mes avants bras. Déboussolé, j’ai une chiée de question qui se bousculent dans ma tête et j’ai pas le temps de trouver toutes les réponses qu’il me faut que je la vois… Celle qui se fait appeler « Nembu ». Elle s’avance doucement vers moi. Je cherche mon pied de biche du regard mais impossible de mettre la main dessus. Alors je me mets en garde, points en avant prêt à cogner. Putain Wayne.. tu fais sûrement peine à voir.


      Allé.. Amène toi connasse.


      Nembu se fige, laisse échapper un rictus, puis elle me fonce dessus. J’esquive une beigne et lui rend la pareille mais elle attrape mon avant bras à la volée et me gratifie les côtes d’un violent coup de pied. Elle m’agrippe par le col et me donne un coup de tête qui me renvoie dans les vapes.


      T’as de la chance.. il te veut vivant.


      Un puissant coup de genou dans la mâchoire et me voilà parti pour le pays des songes. Ma vision se trouble, je rechute en arrière, j’ai tout juste le temps de voir Nembu me rattraper avant que les yeux ne se ferment.



      —————————




      Quand je reviens à moi, je me trouve dans une espèce de salle circulaire, solidement ligoté à une putain de chaise. J’ai mal partout. Littéralement partout. L’impression d’être à un lendemain de cuite, ceux qui te filent un mal de tronche d’anthologie et des courbatures à te donner l’impression que tu t’es tapé un putain de marathon la veille.. ou alors que ta virée au bar à mal tourné et que t’as été contraint de cogner une paire de connards. Rapides coups d’œil autour de moi, y’a ces enfoirés moitié homme moitié machine qui me surveillent, j’ai ce mauvais réflexe d’essayer de me dégager mais mes liens semblent plutôt bien noués. Le plafond semble haut. Très haut. Y’a cet espèce d’escalier en colimaçon qui semble mener à un étage au dessus. Pas de doute, je me trouve dans une espèce de phare. Sans doute celui qui surplombait la zone désaffectée. Difficile de déterminer si James s’en est tiré.. si Jack s’en est tiré.. bordel de merde.. et mes gars… Nembu fait alors irruption dans la pièce, l’air satisfait.


      Tiens tiens tiens…

      Tu nous aura causé bien des tracas. Mais ne t’en fais pas… Tout sera bientôt terminé.


      Je regarde autour de nous, la donzelle s’immobilise, s’adosse au mur en sortant une clope qu’elle allume. Tout le monde reste silencieux, comme si on attendait quelque chose.. ou plutôt quelqu’un.


      Et donc.. ? Qu’est ce qui sera bientôt terminé ?

      T’as quelque chose qui nous appartient.. et on veut le récupérer. Mais il veut s’en occuper personnellement.

      Je vois c’est donc au sujet du fruit du démon. Et j’imagine que ce « il » c’est l’autre tordu sanguinaire ? Je savais pas que vous étiez les larbins du Malvoulant.

      C’est du business. Rien de plus.


      Donc les choses se présentent foutrement mal. J’suis là, saucissonné à cette chaise, à attendre qu’un connard viennent me faire la peau. Dans le genre journée foireuse j’ai rarement fait mieux faut l’admettre. Ça confirme bien les infos que j’ai eu en tous cas… Même si je ne sais toujours pas ce que Brazeus projète. Je suis rincé. Vraiment… J’ai mal partout, l’impression de m’être fait piétiner par une foule, on dirait que chacun de mes os me crie d’aller me faire foutre. Et je pense que j’suis pas vraiment au bout d’mes peines… Voilà que la porte à côté de Nembu s’ouvre, dévoilant l’autre tordu sanguinaire : Brazeus.
        Imposant. Voilà le mot qui m’vient en tête à l’instant où l’énorme poing de Brazeus heurte la tempe. Ce connard m’a cogné tellement fort que la chaise a décollé de quelques mètres, s’écrasant lourdement sur le sol et moi avec. Pas le temps de réaliser que le colosse me redresse avec force. Sa rage est palpable, je me prends un gnon supplémentaire en pleine poire et re-bascule en arrière.


        Une perte de temps dans un moment aussi crucial. C’est regrettable Nembu.

        C’est plus de mon ressort. Vous avez les armes, vous avez les fruits du démon, fin de l’histoire. s’agaça Nembu.

        Il n’y aura pas d’autres occasions comme celle-ci. Les choses sont sur le point de changer.. il me faut ce fruit !


        Le ton change. C’était déjà pas forcément l’amour fou entre ces deux-là sur Kikai No Shima, mais là.. Nembu se laisse pas démonter mais ça se voit qu’elle a les foies. Et que dire de Brazeus ? J’sais pas de quoi il cause mais il a l’air au bout du rouleau… Peut être possible de faire qu’ils se tapent dessus une fois encore ? Le colosse fait volte-face, me soulève et me projette un peu plus loin contre un bureau. Ma chaise se brise et me voilà à peu près libre de mes mouvements. Et à quoi bon ? J’suis encerclé par une douzaine de types entre ceux du Crypto Syndicat et ceux du Malvoulant. Sans parler de Nembu et Brazeus, j’dois dire que mes chances de survie sont plutôt minces…


        T’es sur que c’est celui-ci ?

        Évidemment ! Je sais à quoi il ressemble.. des années que je suis à sa recherche…


        Je comprends alors que malgré l’absence flagrante de supers pouvoirs, le fruit que j’ai croqué semble avoir une certaine importance pour Le Sanguinaire. Intéressant. Mais pourquoi ? Putain mais quel est son pouvoir ? Il m’approche calmement mais cette fois-ci il ne me cogne pas. J’y connais rien à tout ça moi, mais pour le peu que je sache, les pouvoirs du maudit sont relâchés dans la nature à la mort de ce dernier. Alors s’il convoite les miens.. pourquoi ne pas me tuer immédiatement… Y’a un truc que j’pige pas. Brazeus se comporte comme un gosse et moi je suis le connard qui lui a volé son goûter. Je connais sa réputation. Je connais ses compétences. Pourquoi est ce qu’il ne me tue pas…


        Un soucis.. ?


        J’peux pas m’empêcher de sourire, c’est nerveux. Et pourtant je sais que dans cette situation, je vais encore me faire rouster. J’me dis que j’ai plus rien à perdre. À cet instant précis, j’sais même pas si mes gars sont en vie, j’sais même pas ce qui s’est passé à la suite de l’effondrement de l’entrepôt numéro dix-sept. C’est la merde, c’est tout ce que j’sais. Mon tortionnaire enrage, il me frappe au bas ventre avant de m’attraper par le col et me jeter comme si j’étais une putain de poupée de chiffons.


        Et lui faire ingérer un second fruit du démon ?


        Brazeus se fige un court instant avant de se tourner vers Nembu. Me faire bouffer un autre fruit du démon ? Ça aussi j’en ai entendu parler, parait que les âmes des deux fruits entreraient dans une lutte acharnée et que je me désintégrerait. Un choix plutôt sadique pour une mort qui m’a fois me semble un peu trop rude. Y’a vraiment un truc que j’pige pas. Sacrifier un second fruit du démon alors qu’il suffit juste, à priori, de me saigner. À moins que… C’est alors que je percute. Et si mon fruit m’offrait une certaine protection ? Et si le pouvoir avait un quelconque rapport avec la notion de vie ou de mort ? Improbable. Et en même temps, ça expliquerait pourquoi je suis toujours en vie, dans ce sombre phare à me faire péter la gueule…


        C’est une idée. Mais comment savoir si ça fonctionne… Hum… Mance ! Ramène moi Ranulf !


        Un des hommes de Brazeus s’exécute et revient quelques minutes plus tard avec le dénommé Ranulf. Enfin j’imagine. Le colosse plonge alors sa main dans sa besace et en sort un petit fruit rond de couleur mauve.


        T’es sur de toi ? Les fruits du démon ça ne pousse pas non plus n’importe où…

        La fin justifie les moyens Nembu. Approche Ranulf.


        Et je crois que notre ami Ranulf comprend ce qui est en train de se passer. La panique le gagne rapidement et c’est son acolyte, Mance, qui l’empoigne pour l’empêcher de s’enfuir.


        N.. Non ! Attendez ! Qu’est ce que vous faites ?! NON !

        Du calme.. du calme… Si tu résistes ce sera douloureux.. et tu le sais bien.

        Je.. je vous en supplie capitaine.. tout ce que vous voudrez.. mais pas ça.. par pitié...

        Pitié ? Tu es bien placé pour savoir que je n’en ai aucune. La pitié.. c’est pour les faibles.


        D’un geste rapide, Brazeus frappe la mâchoire de son compagnon et l’oblige à croquer dans le fruit du démon. Reculant de quelques pas, le colosse fait alors signe à Mance de relâcher son acolyte et tout le monde regarde en silence ce qui est en train d’arriver à Ranulf. Rien. Rien du tout. Quoique.. oh putain. Le type est sonné par le coup de son capitaine mais ses yeux se révulsent, l’écume commence à perler au coin de ses lèvres et voilà qu’il se met à convulser. Un terrible spectacle. Ses articulations se tordent, se brise puis il explose. Littéralement. Y’a du sang. Partout. Et pas qu’du sang… La mine réjouie, Le Sanguinaire jette un regard à Nembu puis se retourne vers moi. Là ça se présente vraiment pas bien pour moi…
          Je sais bien que j’ai absolument aucune chance face à cette force de la nature. Je sais bien que j’ai pas non plus la moindre chance de m’échapper. Et pourtant j’ai ce réflexe con de reculer au moment où je vois Brazeus s’avancer vers moi. Sans doute est-ce l’instinct de survie. Ce serait peut être le bon moment pour que les pouvoirs du fruit que j’ai croqué se manifeste… Mais non. Je vais finir gavé de force avec un second fruit comme ce pauvre Ranulf et j’vais exploser.


          Nembu. Il me faut un autre fruit.. peu importe son pouvoir, peu importe son fruit.

          Qu’est ce que t’imagines hein ? Tu crois que j’ai d’autres fruits du démon dans mon sac ? Je te l’ai dit.. ça ne pousse pas n’importe où.

          Il m’en faut un autre et vite !

          J’ai mis près de huit mois à trouver ces trois-là. Il va me falloir du temps.

          J’AI PAS DE TEMPS À PERDRE ! Tout va se jouer dans les jours à venir Nembu ! Ton prix sera le miens ! Il me faut un fruit !


          Encore un truc que j’pige pas. Si je m’envoie un autre fruit, j’vais convulser, baver et exploser. Ok. Et après ? Comment compte-t-il récupérer mon pouvoir ? Est ce qu’un autre fruit poussera ? Et si oui, comment le localiser ? Tellement de choses qui me dépassent sur le sujet… J’vois que Nembu cogite.


          Si je peux me permettre.. votre plan m’a l’air bien merdique… Vous me faites exploser et ensuite ?

          Les pouvoirs de ton fruit sont renvoyés dans un nouveau fruit.

          En théorie… Mais..


          Pas le temps de terminer sa phrase qu’une vitre se brise un peu plus haut. Je reconnais le projectile qui retombe sur le sol non loin : une grenade fumigène de l’unité de confinement. Tout se passe alors très vite, d’autres grenades brisent des vitres ici et là et en un claquement de doigt, la pièce est plongée dans un épais nuage de fumée. Mouvement de panique, les premiers tirs fusent et j’en profite pour tenter de m’faire la malle. Disons que dans le contexte, j’ai pas l’intention de demander mon reste… Dans tout ce foutoir y’a un type qui essaie de m’arrêter, mais j’arrive a me dégager sans trop de difficulté grâce à au gaz.. enfin sans difficulté tout est relatif hein, parce que j’ai moi même les yeux et les poumons en jachère. Puis je fonce sur ce type là qui semble garder la porte. Un vrai bélier, en un instant nous voilà dehors à l’air libre. Ce putain de soulagement quand j’tombe nez à nez avec James. Derrière lui, les gars de l’unité confinement qui s’mettent en place.


          Putain de merde.. James.. Qu’est ce qui s’est passé ?

          Plus tard… dit il en me tendant mon pied de biche et mon couteau de chasse.


          Pas le temps de discutailler, que c’est déjà le bordel. Les types du crypto syndicat et de l’équipage de Brazeus sortent du phare et ouvrent le feu. Je roule sur le côté et me mets à couvert derrière un empilement de caisses vermoulues. Le temps de reprendre les esprits, ma détermination revient peu à peu. Faut qu’on arrête tous ces enfoirés. Véritable zone de guerre, j’aperçois alors ce chien de Brazeus plus loin qui tente de prendre la tangente. Je me relève tant bien que mal, pied de biche en main et je me lance à sa poursuite comme s’il venait de me pousser une nouvelle paire de couilles. C’est alors que je tombe nez à nez avec Nembu qui tente elle aussi d’se carapater. Surprise, elle n’a pas le réflexe d’esquiver mon coup, qui tire plus du réflexe que de l’action mûrement réfléchie si j’dois préciser. Elle se prend mon pied de biche en pleine gueule ce qui stoppe nette sa course. Bondissant en arrière, elle porte sa main à la poignée de son sabre et me lance un regard méprisant.


          Tu vas quelque part ?

          Je suis fatiguée de toutes ces histoires.. hors de mon chemin.


          Et lorsqu’elle dégaine son sabre, j’ai cette drôle de sensation. Difficile de déterminer si c’est parce que mon corps est en train de me lâcher, ou si c’est réellement la lame en elle même… Faut dire que tu tires sur la corde Wayne… Nembu passe à l’attaque. Elle frappe d’un geste rapide et une imposante lame d’air jaillit, se dirigeant vers moi. J’esquive de justesse en me jetant sur le côté. C’est pas passé près… La lame d’air termine sa trajectoire dans un mur derrière moi, emportant la façade du bâtiment dans un énorme nuage de poussière. M’est d’avis que si j’avais pas esquivé ça, j’aurais été transformé en une putain de charpie. Je me redresse, essoufflé, pied de biche en main, prêt à en découdre face à un adversaire qui m’est sans doute supérieur…
            On s’observe, on se jauge, et très vite Nembu repasse à l’assaut. Nouveau coup, nouvelle lame d’air dévastatrice qui tranche net mon pied de biche et termine sa course dans une épave de navire à quelques mètres, la tranchant en deux comme si c’était du beurre. Privé de mon arme, je fais ce que tout bon soldat ferait. Je me retourne et je cours. J’en suis pas fier, mais putain se mesurer à un monstre pareil c’était vraiment une idée de merde. Nembu ne semble pas disposée à me laisser filer pour autant, elle bondit et frappe une nouvelle fois. La lame d’air m’érafle le flanc, me tailladant violemment, ce qui me fait trébucher sur les pavés de la cour. Mon corps a tout juste le temps d’heurter le sol que mon adversaire est déjà sur moi. Mais elle semble avoir rengainé son sabre, cette fois c’est son bras qui est changé en lame et elle frappe sans délais. Je me protège par pur réflexe, de mes avants bras, qui à ma grande surprise ne sont pas tranchés sur le coup. La lame butte dessus comme si j’étais équipé d’une armure et je constate que la pouffiasse est aussi surprise que moi. Profitant de ce court répit, je lui décroche un uppercut pour la repousser. Nous voilà de nouveau face à face, je respire comme si j’étais un putain de buffle essoufflé d’avoir tapé le sprint de sa vie pour échapper à un prédateur. Et surprise supplémentaire, mon adversaire aussi semble essoufflée…


            Alors.. on commence à fatiguer.. ?

            T’es un homme.. mort.


            Saloperie, une vive douleur me saisit soudain au niveau des côtes, je pisse le sang. La bougresse ne m’a pas loupé bordel, ça commence à sentir le sapin mon vieux Wayne. Je dégaine alors mon couteau de chasse, prêt à tenter le tout pour le tout. Je sais jouer du couteau, j’ai déjà eu à le faire à maintes et maintes reprises. Mais je me trouve face à un ennemi qui se bat avec aussi une lame et qui a l’air de me surclasser en tous points. Donc j’pense que là, ça va être coton. D’ailleurs voilà qu’elle se jette sur moi à nouveau et j’ai pas l’réflexe d’esquiver cette fois. Je tente quand même de contrer avec mon couteau, mais impossible de stopper sa lame, qui m’entaille l’épaule et se loge dans ma clavicule…


            Quoi.. c’est tout ? …


            Elle est essoufflée. De plus en plus. À se demander si elle va avoir la force de m’achever. Je plaque ma main sur sa lame pour essayer de la dégager et ça fait un mal de chien.. c’est insoutenable. J’suis même étonné de pas encore avoir tourné de l’œil. Patience Wayne on en est pas loin… Me vient alors une drôle de sensation. Difficile d’expliquer ça, comme l’impression qu’un immense désespoir me gagne d’un coup. Je me sens vidé, rincé, au bord de la mort. Curieux mais j’ai l’impression que ça vient de la lame… J’arrive quand même à me dégager et tente de décrocher un coup de pied chassé à mon assaillante. Surprise absolue, elle n’esquive pas et se prend mon attaque en plein dans le ventre, ce qui la repousse, la fait trébucher et tomber. Nembu se relève doucement, essouflée, une lueur de rage dans son regard. J’comprends alors qu’elle va encore frapper. Dans le mile. Elle lève son bras et frappe dans ma direction, déclenchant une nouvelle lame d’air destructrice que je ne peine pas à esquiver. Quelque chose est en train de se produire, cette poufiasse se fatigue à la vitesse grand V… Mais bordel qu’est ce qui lui arrive.


            Alors.. ? Ça va pas.. ?

            Espèce.. d’enfoiré…


            J’pense qu’on est tous les deux rendus au même point. Je suis éclaté, elle est éclatée… Et autour de nous les forbans sont en déroute, mes hommes gagnent du terrain. J’commence même à me dire que l’issue de ce petit duel devient incertaine. Je la vois lever son sabre à nouveau avant de tomber à genoux en haletant. Putain c’est quoi ce délire ? Plusieurs de ses gars arrivent et tentent de l’aider mais elle les renvoie en pestant et finit par se remettre debout. J’ai moi même mît genou à terre, trop faible pour continuer le combat et je la vois tituber dans ma direction en rengainant son maudit sabre. Arrivée à ma hauteur, elle lève son bras changé en lame et l’abat mais dans un dernier effort je me jette sur elle et nous voilà tous les deux à terre. Ses gars tentent de l’aider mais des tirs fusent derrière moi, un peu plus bas j’aperçois James qui rapplique avec les renforts. Trop faible pour faire quoique ce soit je n’arrive pas à empêcher Nembu de se relever.


            Faut bouger boss !

            Ouais.. on met les voiles…


            Mais au moment où la cyborg tente de se tirer, elle est retenue. J’ai réussit à empoigner le fourreau de son sabre, et j’compte pas le lâcher. Rapidement elle me flanque un coup de pied, puis un second mais je tiens bon… Si j’peux les ralentir et permettre leur capture alors j’vais tout tenter. Je tire sur le fourreau comme un forcené et je finis par lui arracher le sabre, avant de tomber en arrière dans les débris et de finir en roulé boulé. Nembu entreprend alors de récupérer son sabre mais elle est retenue par ses hommes. Mes gars arrivent et continuent à tirer, j’arrive à apercevoir Nembu et ses sbires qui se tirent en ripostant et je ferme les yeux. Je sens mes forces m’abandonner. Complètement…


            —————————



            Quand je me réveille, c’est déjà un plaisir d’me réveiller d’ailleurs, je suis alité. Encore. Ouais. J’ai mal partout, l’impression d’avoir été écrasé, de m’être prit un bâtiment entier sur la tronche. Mais j’suis entier. Faible, mais entier. J’émerge doucement, je pige bien vite que je suis dans ma cabine sur Le Couperet, et j’aperçois Kyara assise pas loin à côté d’un sabre, celui de Nembu.


            Kyara.. s’est passé quoi ?

            Joli coup de filet commandant. Nembu et Brazeus nous ont filé entre les pattes, mais on a saisit une nouvelle cargaison d’arme et capturé pas mal de truands.

            Je vois… Quelles sont nos pertes.. ?

            Une douzaine de morts.. quarante deux blessés… Les hommes se sont vaillamment battus. Il faut vous reposer à présent.


            L’air maussade, Kyara se lève et quitte la cabine. Des morts et des blessés. Putain. Même si j’peux considérer que les pertes sont « minimes » pour une opération de cette envergure, je reste quand même sur un sentiment de défaite. J’enrage, je bouillonne, ces enfoirés se sont une fois de plus échappés. Je me redresse tant bien que mal et regarde fixement le sabre de Nembu posé à l’autre bout de ma cabine. Long silence, je suis éteint, bercé par les vagues qui m’indiquent que le navire est actuellement en mer, probablement en route pour Zaun. Et je jure. À cet instant je ne pense qu’à une chose, venger mes hommes. Je jure qu’à notre prochaine rencontre, j’éliminerai moi même ce chien du Malvoulant, avec ce sabre.