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[Q] Un plan qui tourne mal


Marc Enri:

- « Comment me trouvez-vous ? »

« Vous êtes le plus beau, Enri ! »


La gouvernante ne tarissait pas d’éloges pour Enri, son patron, à un tel point que ce dernier eut un sourire en tournicotant comme une jouvencelle devant le miroir qui lui faisait face. Il faut dire que cette vieille chouette d’Alberta était plutôt avare en compliments. Qu’elle se le permette d’en faire ce soir-là attestait du fait qu’il était réellement élégant ! Affublé d’une redingote à la mode en ce moment, Enri, malgré le poids de l’âge, avait effectivement tout d’un dandy. Même s’il ne serait pas le commissaire-priseur lors de la vente aux enchères qu’il organisait, il était plus que certain qu’il serait la star ce soir et pas qu’un peu ! Nul doute que les convives et autres acheteurs ne manqueraient pas de tomber sous son charme, à n’en point douter. Qui plus est, les « babioles » qu’il s’apprêtait à revendre ferait surement des heureux ce soir ! Le prix n’était jamais un problème pour les férus d’art comme lui. Une occasion pour lui d’asseoir un peu plus son nom dans un monde assez sélect où l’argent, clairement, ne faisait pas tout ! De quoi lui arracher un petit rire, avant qu’il ne s’arrête de bouger dans tous les sens pour lisser sa fine moustache et ajuster son monocle devant son œil droit. C’était maintenant l’heure de descendre de sa suite…

- « Me voici prêt à affronter le monde Alberta ! Allons-y ! »

La gouvernante eut un sourire et s’inclina devant son patron avant de le suivre en dehors de la suite de son propre hôtel. Les ventes se faisaient à des étages plus bas, au rez-de-chaussée, dans la salle du congrès de l’établissement aménagée pour l’occasion. En consultant son gousset métallique, Enri se rassura : il était même en avance ! Devant l’ascenseur, ses deux gardes eurent également un sourire et se mirent à le complimenter ! Flatté comme jamais, le sexagénaire se mit à rigoler comme un enfant et échangea des banalités avec ses gros bras à son service depuis des années, puis ces derniers s’engouffrèrent dans la cabine qui s’était ouverte. Bien avant de descendre, le vieil homme adressa une dernière phrase à sa gouvernante : « Vous êtes certaine de ne pas vouloir assister à la vente aux enchères, ma chère Alberta ? » Cette dernière, sourire affable aux lèvres, confirma poliment d’un signe de tête qu’elle préférait s’en passer pour cette fois. Le riche homme d’affaires eut une moue déçue, avant de soupirer ouvertement. Respectant énormément celle qui était à ses côtés depuis maintenant cinq bonnes années, il ne se voyait pas la forcer à le suivre. A force de côtoiement, il avait fini par connaitre ses gouts du bout des doigts.

- « Très bien. N’hésitez pas à prendre votre soirée, Alberta ! Je vais surement m’attarder avec les acheteurs au cocktail qui s’en suivra ! Nous nous reverrons demain à mon réveil ! »

Sans un mot, la gouvernante s’inclina légèrement devant son employeur, tandis que les volets de l’ascenseur se refermait sur lui. Un mince sourire barra les lèvres de la vieille femme qui avait les yeux rivés sur le sol. Lorsqu’elle se redressa, la cabine entamait déjà sa descente. De quoi la pousser à prendre tranquillement une direction autre que celle de ses quartiers. Pendant ce temps, Enri, dans l’ascenseur se fendait d’un commentaire sur l’insensibilité des femmes quant à l’art. Derrière lui, ses deux gros bars qui n’étaient pas forcément sensibles au passe-temps de leur patron, échangèrent un regard circonspect en biais, avant de hausser discrètement leurs épaules. S’ils étaient contents que leur patron se fasse une joie d’organiser cette vente aux enchères, eux non plus n’avaient pas de fibre artistique. De ce fait, ils comprenaient aisément le désintérêt total d’Alberta pour cette vente aux enchères. Ils se terrèrent donc dans un certain mutisme, laissant donc Enri s’exprimer encore et encore, jusqu’à ce que l’ascenseur finisse au rez-de-chaussée et que l’un d’entre eux ne parte ouvrir la grille qui leur permit de sortir de l’engin. Sans attendre une seconde de plus, le féru d’art se dirigea vers la salle des enchères, mais il s’arrêta à mi-chemin lorsqu’il sentit que ses deux gros bras ne le suivaient pas. Ces derniers avaient des mines ombrageuses…

- « Que se passe-t-il, messieurs ? »

Un blanc s’en suivit pendant quelques secondes, avant que l’un de ses hommes ne prenne parole :

- « Ce n’est pas normal. L’endroit est anormalement désert. Nous avions pourtant posté des hommes ici pour la sécurité… »

Sur cette réponse quasi-immédiate, celui qui s’était exprimé se hâta au hall. Si l’endroit était bondé de monde et que des invités entraient par vagues, le manque de sécurité lui sauta aux yeux. Il y avait bien quelques gardes à l’entrée de l’hôtel, mais presque personne dans le hall en lui-même. Seules cinq hôtesses/réceptionnistes dirigeaient les invités à la salle du congrès. Là, le cœur du garde ne fit qu’un bond avant qu’il revienne sur ses pas, l’air paniqué, non sans répéter : « C’est pas normal ! C’est pas normal ! » Il se rua donc vers une porte qui donnait sur les coulisses de la salle des congrès et continua sa folle course vers la grande loge où devaient normalement être entreposés tous les objets de valeurs destinés aux enchères. Une fois devant la porte qui devait lui donner l’accès à ladite loge, il essaya de l’ouvrir, mais rien à faire : elle semblait condamnée. Enri et l’autre garde le rejoignirent eux aussi au pas de course, interloqués devant l’élan qu’il prit avant de foncer brutalement sur la porte qu’il défonça d’un violent coup d’épaule ! Entrée théâtrale s’il en est ! Toujours est-il que le casseur fut enjambé par son collègue qui rentra dans une salle anormalement plongée dans l’obscurité. Entrant en dernier, Enri alla actionner un interrupteur et la grande salle s’illumina progressivement, dévoilant ainsi une réalité implacable et inattendue :

Plus aucun objet d’art.

Plus aucun garde dans les environs.

Seulement quelques corps au sol, inertes, surement assommés ; et saucissonnés comme jamais.

Un cauchemar éveillé pour les deux gardes et Enri… Qui, lui, sans comprendre ce qui se passait, finit par tomber dans les pommes.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 14 Mar 2023 - 20:47, édité 1 fois
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Un meitou dans cette fameuse vente aux enchères. C’était ce qui m’avait amené ici, à Water Seven. D’ailleurs, ma dernière escale sur cette île remontait à bien longtemps. L’endroit était toujours aussi idyllique, paradisiaque. Le merveilleux spot pour une escapade amoureuse et des galipettes dans l’un des nombreux hôtels de luxe du coin ! M’enfin… Tout ça, c’était derrière-moi. Le vioque que j’étais n’avait plus la tête à enchainer les conquêtes comme auparavant. Vieillir, c’était vraiment pas le top, à tous points de vue. Une réflexion qui m’arracha un sourire, alors que j’étais confortablement posé sur l’un des sièges de l’immense salle grouillant de monde, avec mon animal de compagnie dans les bras. Ce dernier somnolait après s’être goinfré de viande deux heures avant notre venue. Le voir lutter contre le sommeil m’arracha quelques petits rires, alors que j’accaparais l’attention de pas mal de personnes. Après tout, voir un vice-amiral à un endroit, c’était pas commun. Mais alors que j’me perdais dans mes pensées, une jeune réceptionniste, l’air inquiète, m’approcha et vint me chuchoter à l’oreille que l’organisateur souhaitait me voir de toute urgence. Haussant un sourcil, j’hésitai un instant à me lever, avant de faire signe à ma seconde tout juste à mes côtés de me suivre. Cette dernière soupira, réajusta son manteau de commodore à ses épaules (qu’elle avait personnalisé en ajoutant une fourrure à ses cols), avant de se lever après moi.

C’est ainsi que nous suivîmes l’hôtesse qui nous conduisit dans les coulisses de la salle du congrès…


***


- « Vous estimiez vos œuvres à combien environ ? »

- « P-P-Pas moins de cinq cents millions… »


Installé sur une grosse caisse vide, je caressai tranquillement la tête de mon kung-fu dugong qui dormait enfin à poings fermés dans mes bras. Insouciant, il était bien loin de se douter des tracas qui accablaient les organisateurs de la vente aux enchères à laquelle je devais initialement prendre part. Devant-moi, Marc Enri n’arrivait à tenir debout que grâce à l’un de ses gardes contre qui il s’appuyait. Le pauvre était complètement blême, à la limite de faire un AVC. Il y avait de quoi. Se faire avoir comme ça, c’était absolument pas agréable ; surtout qu’on parlait quand même d’un demi-milliard de berrys, ce qui n’était pas rien. Autour de nous, certains éléments de la garde personnelle du riche homme d’affaires étaient assis à même le sol en se massant des parties endolories. Il s’agissait des hommes de main qu’Enri et ses gros bras avaient trouvés ligotés et inconscients quarante-cinq minutes plus tôt. Leurs expressions mêlaient rage et impuissance : ils s’étaient tous faits avoir par le groupe de mercenaires qui était chargé d’assurer la sécurité de l’hôtel et de l’évènement avec eux. Même la commissaire-priseuse, une charmante demoiselle, s’était faite molester elle aussi et pleurnichait dans son coin. De mon point de vue, le seul fait positif dans cette triste histoire, c’est qu’il n’y avait pas eu de meurtre. Ces mercenaires s’étaient fait un plaisir de tout dérober proprement sans laisser de traces... Des professionnels à n’en point douter.

- « Depuis quand est-ce que vous collaboriez avec eux ? »

Debout à ma droite, Meilan avait fini par prendre la parole. Si elle était hautaine et assez directe d’habitude, elle semblait compatir elle aussi ; d’autant plus qu’elle avait eu pour ambition de me faire casquer sur certains bijoux qu’elle voulait acquérir. J’aurai pu me foutre de sa gueule pour le coup, mais le moment était certainement mal choisi, sans compter qu’elle me l’aurait fait payer à un moment ou à un autre. Le pauvre Enri voulut reprendre parole, mais il ne put pas. Ce fut donc le garde qui le tenait qui nous répondit amèrement : « Pas moins de cinq ans. Ce n’était pas la première fois qu’ils nous aidaient à assurer la sécurité d’un évènement de Sieur Enri, raison pour laquelle nous faisions appel à eux à chaque fois. A aucun moment on aurait pu croire qu’ils nous feraient ça… » Sa conclusion se fit également sous une voix marquée par une pointe de dégout. Et pour le coup, aucun de ces types ne feignaient l’impuissance. Tous étaient véritablement marqués par ce qui venait de se passer. Si une bonne lecture froide permettait de s’en assurer, mon haki de l’observation me confirmait qu’ils étaient tous meurtris au même titre que leur pauvre patron. Ce dernier, toujours aussi affaibli, demanda qu’on appelle sa gouvernante. L’un de ses hommes s’en alla donc la chercher au pas de course. Pendant ce temps, Meilan reprit parole, toujours aussi calmement. Les questions qui suivirent avaient cette fois-ci un arrière-gout de reproche :

- « Pourquoi externaliser la sécurité de tels évènements ? A tous points de vue, ça parait être une mauvaise idée, non ? »

- « La garde personnelle de Sieur Enri n’est pas assez nombreuse pour couvrir de tels évènements. C’est bien pour ça que nous faisions régulièrement appel à la Bodyguard Corporation avec qui nous pensions avoir noué des liens de confiance. Rendez-vous compte : cinq ans de collaboration ! Qui pouvait prédire ce qu’ils allaient faire ? »

- « Pourquoi ne pas recruter plus de monde ? Ce n’est pas l’argent qui vous manque à priori ! »

- « Pourquoi faire, commodore ? Notre nombre actuel suffit amplement pour la seule sécurité de notre chef et nous n’organisons ce genre de festivités que rarement… »

« Tchh ! »
Meilan pesta, reprenant ses mauvaises habitudes. Mais pour le coup, elle était consciente que le garde avait raison. Ce qu’il disait était logique. Néanmoins, elle reprit son interrogatoire sommaire :

- « Quand est-ce qu’ils ont été au courant pour la vente aux enchères ? »

- « Deux semaines auparavant. L’idée était de mêler nos effectifs aux leurs pour protéger tous les endroits de l’hôtel susceptibles d’être attaqués. C’est pour cette raison aussi que nous avions assigné certains de leurs hommes à la surveillance de cette loge. Et puis, c’était aussi une preuve de notre confiance à leur égard. Ce n’était pas comme s’ils étaient mal payés, au contraire : pour cette soirée uniquement, le contrat avoisinait les dix millions quand même… »


Meilan ouvrit la bouche, sans pour autant qu’un son n’y sorte, surprise de voir que son interlocuteur avait plus ou moins anticipé ses questions suivantes. Elle finit par soupirer avant de croiser ses bras sous son imposante poitrine qui ressortait encore plus sous cette posture. Dans cette situation, il était bien difficile d’en vouloir au camp Enri : personne n’aurait pu anticiper un tel dénouement. Alors qu’un blanc s’installait, le riche homme d’affaire puisa dans ses dernières ressources pour s’exprimer : « J-Je vous en supplie Fenyang. A-Aidez-nous. J-Je sais que ma demande est exagérée, mais j- » J’interrompis le pauvre sexagénaire en levant une main vers lui. Si je n’étais pas tenu de surveiller ce genre d’évènements, poursuivre les voleurs, malfrats et autres bandits, c’était clairement mon job ! Et puis, laisser de pauvres innocents dans la merde, c’était pas non plus le genre de la maison. C’est sur cette pensée que je me levai de mon siège de fortune avant de tendre mon animal de compagnie à Meilan qui le récupéra et le blottit contre sa voluptueuse poitrine. Ce dernier se réveilla brièvement, me regarda, regarda Meilan puis fourra sa gueule entre ses énormes nibards avant de se rendormir profondément. J’eus un soupir amusé, avant de sortir une clope de ma poche et le briquet qui allait avec. Ce foutu animal avait une belle vie, c’est sûr ! Y’a des jours comme ça où je me demandais encore pourquoi je le trainais avec moi…

- « Est-ce que vous avez des noms ? Des photos ? Histoire que je vois à quoi ils ressemblent à peu près… Ça pourra éventuellement m’aider dans mon enquête… » Demandais-je en embrasant le bout de ma cigarette.

Mais à peine avais-je posé cette question que le type parti chercher la gouvernante plus tôt revint avec une tronche alarmée :

- « P-Patron… A-Alberta est introuvable ! »

Cette nouvelle fut la goutte qui fit déborder le vase : Enri tourna de l’œil une seconde fois.
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- « Tu penses que la gouvernante est mêlée à cette histoire ? »

Isolés dans l’une des nombreuses coulisses de la salle du congrès avec Meilan qui m’avait questionné, je matai d’un air vague les quelques rares clichés que les hommes d’Enri avaient pu dénicher çà et là et que j’avais en mains. Ces derniers avaient remonté leur patron à sa suite, non sans avoir appelé un toubib pour s’occuper de lui comme il se doit. Pendant ce temps, la commissaire-priseuse et les réceptionnistes animaient tant bien que mal la salle du congrès. Plutôt que d’annuler l’évènement, je leur avais demandé de gagner du temps. Avec un peu de chance, y’avait p’être moyen pour moi de finir en moins de temps qu’il n’en faut, surtout que j’étais motivé par le fait d’avoir un meitou en ma possession. J’étais toujours aussi bon bretteur même sans un sabre de qualité, mais je me sentais nu sans une arme de poids. La sensation était désagréable lors des combats. Je pouvais certes renforcer mes épées de bonne facture à l’aide de mon haki, mais c’était pas pareil qu’avec une lame d’exception. Pointilleux sur ce point ? Oui, je l’étais. Mais c’était aussi pour ça que j’étais l’un des meilleurs sabreurs de ce monde. On ne devenait pas une pointure dans son domaine en étant négligeant même sur les aspects les plus triviaux. Quelque part, c’était l’une de mes seules fiertés. Enri était donc chanceux pour le coup que j’en fasse presque une affaire personnelle : ces types n’allaient pas se barrer avec tous ce matos, oh que non !

- « P’être… On est à l’abri de rien. Ou alors c’est une victime collatérale, ce que j’espère du fond du cœur pour elle. T’as demandé aux autres de guetter un départ de navires, au cas où ? »

- « Oui. Koko a détaché quelques éléments dans toute la ville et Bryan s’est rendu avec ses hommes vers la gare de train, au cas où. »

- « Parfait. Maintenant, voyons voir… »


Après une dernière taffe, j’écrasai mon mégot sur mon cendrier de poche métallique avant d’expirer bien fort. L’instant d’après, je m’adossai à un mur avant de fermer les yeux pour me concentrer un minimum. Meilan resta silencieuse, consciente de ce que je m’apprêtais à faire. D’ailleurs, on n’entendit plus que les ronflements du kung-fu dugong emmitouflé dans ses bras. Un chanceux celui-là ! Pensée sur laquelle mon haki de l’observation, comme par magie, se déploya en un coup sur l’étendue de Water Seven. Et là, j’entendis tout. Tout ou presque. Cette pléthore de sons et de voix pouvait rendre n’importe qui maboule, mais pas les utilisateurs de haki aguerris comme moi. Tout était une question d’habitude et d’entrainements, même s’il fallait avouer que quelques années auparavant, j’en avais bavé pour maitriser ce pouvoir ! Tranquillement alors, je filtrai les voix qui ne m’intéressaient absolument pas. Il y avait bien quelques frappes à arrêter çà et là, mais je n’étais pas ici pour ça. Puis, petit à petit, des phrases captèrent mon attention. Ça parlait de « gros coup », « bijoux de fou furieux », « tableaux de merde à revendre cher au marché noir », « galère à tout déplacer », « tout embarquer rapidement pour pas se faire choper » et « abruti d’Enri »... Bref, une myriade de phrases en rapport avec l’affaire que j’avais pris en charge et qui ne laissait aucun doute : j’étais sur les bonnes personnes à stopper.

Un équipage conséquent, de ce que je sentais. Situation classique quoi.

- « Alors ? » Finit par me demander Meilan, lorsque j’ouvris les yeux.

- « Ils sont encore sur l’île. Probablement au dock 4, tout à l’est de l’île. Dis aux autres de converger vers ce dock. Je vais m’occuper de nettoyer le coin et j’aurai besoin de bras pour ramener tous les objets ici… »

- « Tu veux que je vienne avec toi ? »

- « Pour que tu ruines tes fringues et me demande de les rembourser ? Niet. Reste ici, dès fois qu’il y aurait un souci. On sait jamais. Appelle quelques hommes en renfort ici. Qu’ils viennent discrètement, faudrait pas que les clients se doutent qu’il se passe quelque chose de grave... »


Meilan ricana comme une hyène en continuant de caresser la tête de mon kung-fu dugong. J’la connaissais que trop bien… Réduire mon salaire de moitié rien que pour sa gueule et ses demandes incessantes ? Non merci ! J’étais pas un gros rat, mais quand même ! Me faire plumer pour me faire plumer, ça allait deux secondes ! Et comme si elle lisait dans mes pensées, cette sorcière finit par éclater de rire ! Dépité, j’eus une mine boudeuse avant de prendre la route de la sortie. Une fois dans le hall, je vis quelques hommes d’Enri, définitivement inquiets, mortifiés. J’aurai pu les rassurer un minimum, mais je préférai prendre immédiatement le chemin de la sortie avant de me retrouver rapidement dehors, sous une brise très fraiche qui ne donnait qu’une seule envie : rentrer illico pour profiter de la chaleur des salles intérieures ! Pour ne rien arranger, une bruine s’abattait sur toute l’île. De quoi me rendre encore plus ronchon. Par réflexe, je fourrai une main dans l’une de mes poches pour choper mon paquet de cigarettes, mais je lâchai l’affaire au bout d’un moment. Vu la vitesse à laquelle j’allais progresser, ma clope allait surement s’éteindre d’elle-même. De quoi me rendre encore plus de mauvaise humeur, avant que je ne disparaisse suite à un soru bien exécuté et une suite de geppo qui me permit de rejoindre des toitures en un clin d’œil. Ce n’était pas vraiment un contre la montre, mais c’était tout comme quelque part…
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- « C’est bon, tout est dans les cales, chef ! »

- « Bwahahaha ! Manque plus que la patronne se ramène et on se casse d’ici ! »


Des cris se mirent à fuser de partout dans le galion des voleurs. Les quelques trois cents hommes venaient de réaliser leur meilleur casse depuis la création de leur groupe ! Ils en avaient bavé pour arriver là, mais l’effort en avait valu la peine. Tout était bien évidemment parti de l’ingénieuse idée de leur fameuse patronne : celle de se rapprocher de ce richissime homme d’affaire qu’elle avait flairé lors d’une ses promenades dans les rues de Water Seven. Ensuite, elle avait fait en sorte d’accabler l’ancien majordome d’Enri via de fausses accusions. Lesdites accusations firent mouche puisque le pauvre homme n'eut d’autre choix que de s’enfuir de peur d’être incompris par son patron. Enri, meurtrie par une situation qui lui échappait, proposa alors le poste vacant à Alberta qui accepta non sans faire la difficile pour ne rien laisser paraitre. Le tout s’était emboité très naturellement et elle demeura ainsi sous ses ordres pendant pas moins de cinq ans, guettant la bonne occasion pour frapper un grand coup ! Ce grand coup s’était opéré ce soir-là et fut un succès de A à Z ! Du reste, c’était elle qui avait insidieusement suggéré aux deux gorilles d’Enri d’engager des mercenaires pour certaines cérémonies. Elle avait laissé trainer un prospectus (vantant l’efficacité de ses hommes en matière de sécurité) près de la chambre d’un des gardes qui tomba dessus et alla proposer l’idée à son patron, sans savoir dans quoi il s’engageait réellement. Là encore, ses manigances firent mouche puisque ce furent ses hommes qui eurent l’extrême honneur d’être ponctuellement engagés par Enri et son groupe… Un plan sur le long terme qui avait porté ses fruits.

- « Préparez-vous à lever l’ancre, bande d'enfoirés, bwahahaha ! »

Sur le navire géant, l’heure était tout simplement à la fête. Malgré la bruine, ça festoyait un peu partout. Etant donné que le dock était désert et que la ville était constamment animée, ces voleurs pouvaient se permettre de se lâcher un peu ! De toute façon, il ne pouvait pas en être autrement et ils étaient certains qu’Enri et ses hommes n’auraient pas assez de temps ni d’effectif pour ratisser l’île dans le but de les retrouver ! Pour eux, les carottes étaient cuites ! Parmi tous ces brigands, se trouvait Hector. Second de l’équipage et fils adoptif d’Alberta, c’est lui qui haranguait et excitait le reste de l’équipage ! Bouteille de rhum à la main, il s’envoyait de grosses lampées de son breuvage et se marrait devant ses sous-fifres qui se donnaient en spectacle sur le pont ! Ils avaient rongé leur frein pendant cinq longues années. Pas une sinécure ! Mais ça payait enfin ! Avec ça, ils allaient tous pouvoir vivre une belle vie pendant un bon et un long moment ! Hector prévoyait d’ailleurs de tuer une bonne partie de l’équipage pour ne pas avoir à trop partager le butin, mais il verrait ça lorsque la navire serait loin de la cité des eaux. Ça et l’aval de sa mère dont la vivre card pointait tranquillement vers leur direction au creux de sa paume gauche. Mais alors qu’ils étaient tous entrain de célébrer leur victoire, l’homme de vigie (qui répondait au nom de Jimmy), muni d’un longue-vue aperçut une silhouette massive qui s’approchait tranquillement du bateau. Pensant d’abord qu’il s’agissait de leur capitaine, il eut comme un doute, une intuition et dirigea sa longue vue-vers l’ombre. Le visage qu’il y vit le terrifia ; si bien qu’il descendit en un temps record du nid-de-pie du navire.

- « Hector ! Hector ! On a un problème !!! »

- « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a face de pet ?! »


Jimmy, blond plutôt court et chétif n’arrêtait pas de secouer l’un des bras d’Hector qui faillit lui décocher une droite en pleine gueule. Mais en voyant la mine apeurée de son homme de vigie qui lui tendait en plus sa longue-vue, il finit par récupérer l’objet, l’ajuster à un œil et le diriger vers la direction que son larbin pointa d’un doigt tremblant. Au début, l’homme crut avoir la berlue ! A une blague même… Mais plus il zoomait l’objet vers l’individu qui s’approchait tranquillement de leur galion et plus la peur le gagna petit à petit. Au bout d’une bonne poignée de secondes, il dût se rendre à l’évidence : bibi n’était pas loin d’eux et c’était absolument pas bon signe. De quoi le pousser à hurler à pleins poumons ! « AUX ARMES ! AUX ARMES ! CANARDEZ-MOI CE BÂTARD QUI APPROCHE ! VITE ! » D’abord déconcertés par les cris de leur supérieur, un silence se fit tout d’abord. Puis des regards et quelques autres longues vues se braquèrent vers la terre ferme, en direction de la silhouette massive qui n’était plus qu’à 500 mètres à peine du navire. L’effroi qui gagna une bonne partie de l’équipage fut sans commune mesure : la plupart reconnurent mon visage lorsque je passai sous un lampadaire qui éclaira parfaitement mes traits blasés. Oui, blasés ! Faut pas croire que j’étais un psychopathe qui allait sourire à l’idée de faire un carnage, non ! J’étais vraiment ennuyé d’être là, y’avait pas à dire… Là-dessus, les nombreux malfrats du groupe s’armèrent en conséquences et tous me braquèrent avant qu’une fusillade commence illico ! On parlait d’un putain de vice-amiral qui s’avançait vers eux ! Et pas n’importe lequel…

- « TIREZ ! TIREZ ! »

Et voilà que ça tirait à vue, sans hésitations et sans concessions ! Les décharges de coups de feu engendrèrent un boucan impressionnant ! Toutefois, ces attaques ne firent malheureusement pas mouche loin de là. Armé d’une lame que j’avais légèrement enduite de haki, je me mis à dévirer toutes les balles qui se dirigeaient vers moi, allant parfois même jusqu’à les esquiver via une multitude de sorus, comme si de rien était. Cela n’empêcha pas pour autant les voleurs de continuer à me canarder encore et encore ! Quelques hommes étaient même descendus à l’entrepont pour armer un canon et une détonation bien plus intense que les coups de feu s’en suivit : un boulet de canon fusait vers moi, rien que ça ! A croire qu’ils faisaient pas dans la dentelle, pour des types qui n’avaient pourtant pas commis de meurtre lors de leur braquage ! Pas le même tarif pour un vice-amiral ? C’était pas injuste, quand on y repensait ? Des questions qui tournèrent en boucle dans ma tête alors que ma lame coupait en deux le boulet de canon qui me menaçait ! Ledit boulet, fendu en deux partie, explosa à quelques mètres derrière moi. La prouesse scotcha complètement mes ennemis qui voulurent recommencer leur sale besogne mais un soru, puis deux, puis trois, suivis de quelques coups de geppos réussirent à me faire atterrir au beau milieu de tous ce monde, sur le pont, avant que je ne la parole, comme si de rien était, vraiment : « Du coup, c’est vous qui avez volé Enri, j’imagine ? Vous cassez les couilles, putain… » La surprise dans les lignes adversaires fut réelle, puisque personne ne fut capable de suivre mes mouvements….

Mais elle laissa place à une mise en joue de tout ce beau monde prêt à me faire la peau, à n’en point douter…
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Hector:

- « ATTENDEZ ! NE TIREZ P- »

Cette fois-ci, les larbins d’Hector n’attendirent pas ses ordres pour ouvrir le feu, sans doute paniqués par ma présence. Malheureusement, cette décision fut très mauvaise, puisqu’il me suffit d’un simple soru couplé à un geppo pour éviter les balles qui continuèrent alors leur chemin et trajectoire rectiligne, avant que des cris et gémissements ne se fassent entendre. Le résultat était sans appel. Ils s’étaient involontairement mitraillés entre eux. Certains moururent sur le champ, tandis que d’autres, plus chanceux, finirent tout de même à terre en se tortillant de douleur. Les balles s’étaient logés hasardeusement dans plusieurs corps et plus d’un tiers de l’équipage se retrouva ainsi neutralisé ! Mais alors que j’eus un soupir dépité, le fameux second de la bande, Hector, s’accroupit brutalement, banda ses muscles et effectua un saut périlleux vers moi ! Il était bien le seul à avoir suivi mon mouvement, preuve qu’il n’avait pas un niveau dégueulasse contrairement aux autres. Armé d’une batte de fer, il l’enduisit de haki de l’armement et m’assena un terrible coup… Que je contrai néanmoins avec le plat de ma lame, sans efforts. Néanmoins, le sourire carnassier (et ô combien flippant !) de mon adversaire en disait long sur sa volonté d’en découdre tout seul ! J’étais tombé encore une fois sur un fêlé qui se pensait déjà tout puissant, surtout que l’impact de son attaque me repoussa tout de même à quelques mètres en arrière, avant que je n’entame une chute vers le pont. Une petite pirouette me permit néanmoins d’atterrir sur le pont sans soucis.

- « BAHAHAHA, J’VAIS TE FAIRE LA PEAU ! ÇA ME FERA UNE BELLE PUB TIENS ! »

Lorsqu’il finit à son tour sur le pont, le blondinet qui avait quasiment la même taille que moi ne put s’empêcher de s’égosiller. Le fait d’avoir pu croiser le fer avec moi lui donnait des ailes. Pour ma part, j’eus encore une fois un soupir en passant une main dans ma chevelure légèrement humide. Si ça continuait comme ça, je risquais de tomber malade et d’avoir froid. Il fallait avouer que faire deux années à Alabasta non-stop m’avait pas trop aidé. J’étais dorénavant bien plus habitué à la chaleur qu’à la fraicheur. Un tir venu de nulle part me força à reprendre mes esprits, puisque c’est par réflexe que je déviai le projectile du plat de ma lame. Mais à peine avais-je bougé que l’autre sauvage se ruait déjà vers moi, avant d’enchainer des coups de batte dans tous les sens une fois à proximité. Je parais certains coups et j’en esquivais d’autres sans forcément répliquer en recommençant à rêvasser, sans montrer un quelconque signe de faiblesse. Le fait que je ne me donne même pas à fond fit lentement rager mon assaillant qui mettait de plus en plus de force et de hargne dans ses attaques, sans qu’ils ne fassent mouche ! Mais alors qu’il m’accula carrément contre un mat et qu’il me décocha un violent revers, je parai cette fois-ci son assaille à l’aide de mon bras droit infusé de haki, ce qui eut pour effet de tordre son arme sous les yeux médusés des autres bandits encore debout. La « prouesse » que je vins de réaliser leur rappela le prestige de mon rang. N'est pas vice-amiral de la marine qui veut. Il était temps de calmer leur ardeur.

- « Et si on arrêtait cette farce ? Tu vois bien que tu fais pas le poids, non ? Je souhaite pas vraiment vous t- »

- « FERME-LA !!!! »


La frustration poussa Hector à pousser une gueulante (comme d’habitude) avant de jeter sa batte tordue plus loin, recouvrir son poing de haki et me le balancer en pleine tronche… Mais son poing rencontra malheureusement le tranchant de ma lame, qui, sans forcer, découpa son avant-bras en deux parties égales. L’effusion de sang qui s’en suivit nous éclaboussa tous les deux, avant que le pauvre blond ne titube à reculons, effaré par l’état calamiteux de son avant-bras presque haché menu. Là, il tomba au sol et roula dans tous les sens, non sans hurler sa douleur d’avoir quasiment perdu son avant-bras pissant le sang, même si les deux parties étaient toujours rattachées à son coude. Quand bien même j’avais vu bien pire durant ma longue carrière de marine, la scène était plutôt moche à voir et m’incita à avancer vers lui dans le but de sectionner nettement son avant-bras. Une amputation était nécessaire de mon point de vue. Mais à peine avais-je fais deux ou trois pas que ses hommes se mirent à tirer sur moi encore et encore ! A croire que ces gens lâchaient jamais l’affaire ! Déviant une énième fois les balles, j’inspirai profondément avant de relever un regard menaçant vers eux, prêt à faire usage de mon haki, mais une lame de vent lointaine fusa brusquement vers moi. Assez puissante, elle me força à m’employer pour la repousser, avant de constater une seconde plus tard qu’une silhouette s’était emparée du corps d’Hector, pour le déplacer plus loin, vers la proue. L’instant d’après, des cris de joie se firent entendre…

Une nouvelle personne faisait enfin son apparition : certainement la plus puissante, de ce que je voyais…

- « Alberta, j’imagine ? »

- « Oh ? Le rejeton de Fenyang me connait ? C’est un honneur… »

- « C’était pas bien difficile de faire le lien en même temps. Ces voleurs n’auraient aucune raison de kidnapper en plus sa gouvernante… »

- « Oh, détrompe-toi, petit effronté ! Je suis assez importante pour cet imbécile d’Enri. Un kidnapping pourrait valoir beaucoup en termes de rançon. Il ne lésinerait surement pas sur les moyens pour me récupérer s’il le faut. »

- « En effet, en effet. Mes excuses. Je n’y avais pas pensé, même si les heures ne concordent pas forcément. Après tout, vous étiez encore dans l’hôtel lorsque tous les objets d’art ont disparu et lorsqu’il était descendu pour constater l’horreur. »

- « L’horreur ? Un bien grand mot. Appelons cela un simple méfait. Après tout, je me suis attachée également aux hommes d’Enri et j’ai ordonné à mon idiot de fils et à tous ces imbéciles autour de nous de n’en tuer aucun. Halala… Comme ton père, tu n’as pas le sens de la mesure. C’est ce qui t’as poussé à défier Kiyori pour finalement y perdre des plumes ? »


Aaaah les femmes… Y’avait pas à dire… Peu importe l’âge, elles savaient où piquer pour que ça fasse mal.

- « Vous connaissiez mon père ? »

- « Ce gros lard de Fenyang ? Figure-toi qu’il n’a jamais pu m’attraper par le passé. L’un de ses nombreux regrets, j’imagine… »


Eh bien, faut croire que j’étais tombé sur quelqu’un, heh… De quoi m’arracher un sourire amusé.
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Alberta:

- « Et du coup, qu’est-ce qu’on fait ? Vous n’êtes pas véritablement en position de force, Alberta. Couler le navire sera un jeu d’enfant pour moi et vous le savez… »

- « Avec tous les trésors d’Enri au fond de la cale ? J’en doute fort, jeune Fenyang… »


Lorsqu’elle se leva et se retourna pour me faire face, j’eus une mine interloquée. Malgré son âge avancé, Alberta restait fort ravissante. De quoi m’attrister un peu. L’habit ne faisait peut-être pas le moine, mais j’étais toujours un peu déçu de voir des personnes aussi belles et élégantes s’adonner aux pires exactions possibles. Ne pas avoir tué était tout à son honneur, mais le reste était à déplorer. Voler, abuser de la confiance d’autrui… Des actes moins graves qu’un meurtre mais somme toute condamnables. Je n’étais certes pas un enfant de cœur ni un ange malgré mon statut de justicier, mais cette histoire m’attristait, in fine. Et, comme si elle comprit ce qui se passait dans ma tête, l’ex-gouvernante eut un sourire. Pendant un temps, elle pensa s’engouffrer dans cette petite brèche que je présentais, mais oublia très rapidement cette idée. Si je restais humain et que je gardais une part de sensibilité, je n’étais pas non plus né de la dernière pluie. Il n’y avait aucun autre moyen de s’en sortir pour elle, hormis se battre. C’est fort de ce constat qu’elle dégaina lentement sa rapière pour me faire face de façon très élégante, décidée à en découdre !

- « Nous devons tous jouer notre rôle, Fenyang. Ne sois pas présomptueux au point d’être déçu ou d’avoir pitié de moi. C’est la vie que j’ai décidé de mener en âme et conscience… »

Et sans attendre, la vieille femme se rua vers moi, sans que le poids de l’âge ne semble incommoder ses mouvements. Mouvements qui étaient tellement rapides qu’on aurait presque dit des sorus qu’elle enchainait. Une fois dans mon périmètre, Alberta multiplia les coups d’estoc que je parai du plat de ma lame comme toujours. Néanmoins, je dus mettre de côté ma nonchalance pour m’appliquer à bloquer ses attaques ou les dévier, ses techniques étant bien plus précises et plus lourdes que celles d’Hector ! Un soru me permit de passer dans son dos pour lui porter à mon tour un coup d’estoc, mais elle l’évita de justesse en se pliant sur elle-même, comme si elle utilisait un Kami-e, avant d’effectuer plusieurs roues pour s’éloigner, se redresser et me refaire face ! Son style était véritablement élégant. Une véritable lady comme on en voyait plus. Quand j’y pense, c’était bien la première fois que j’affrontais une femme de son âge. Force était de constater qu’elle avait de bons restes et qu’elle avait dû être bien plus puissante ! Ses dires sur mon père ne semblaient pas être du bluff, loin de là. De quoi m’arracher un sourire franc.

- « Vous êtes forte. Pourquoi ne pas av- »

- « Fenyang ! »
Me coupa-t-elle. « L’heure n’est malheureusement plus à la parlotte. Une vieille femme ne devrait pas se justifier auprès d’un plus jeune, non ? Néanmoins, jet te remercie pour ta sollicitude. Tu es bien plus raffiné que ton père, je te le concède. »

Quelque part, ses dires me déchirèrent le cœur. Sans pour autant être un féministe ou quoi, frapper des femmes aussi gracieuses était un crève-cœur, d’autant qu’elle avait quasiment l’âge de ma mère. Non… Elle était même bien plus âgée, surement. Les sourcils froncés, je cassai alors ma posture de combat, bras ballants. L’un de ses hommes en voulut en profiter pour me tirer dessus, mais haki oblige : j’esquivai sans efforts ses balles. Alberta quant à elle, me décocha une multitude de lames de vent, mais c’était toujours le même tarif : soit je les esquivais de quelques pas, soit je les déviais avec force à l’aide de ma propre épée. Les déviations eurent d’ailleurs pour effet d’envoyer ses ondes tranchantes dans le décor, ce qui eut pour effet d’abimer certaines parties du galion qui commença à vaciller et tanguer dangereusement. De quoi effrayer la plupart des hommes encore debout et assistant à la scène. Puis, d’une autre impulsion, l’ex-gouvernante me fonça dessus dans le but de me transpercer à l’aide de sa rapière. Un coup d’estoc en plein cœur ! Me tuer hein ? Elle semblait avoir cette détermination dans ses yeux en tout cas…

Quelque part, c'était même compréhensible. Vu ma force, elle n'avait pas le luxe ou même la prétention de pouvoir simplement me neutraliser.

- « Finissons-en… » Que m’étais-je alors murmuré à moi-même…

Avant de foncer brutalement moi aussi vers elle, la gueule décidée et les bras bandés comme jamais. Un mouvement très rapide de coupe oblique s’en suivit pour ma part. Du bas vers le haut... Le tranchant de ma lame brisa alors en mille morceaux la rapière tendue d’Alberta, avant qu’elle ne sente le temps se figer… Ou presque. Après tout, la pauvre femme eut le temps de voir ma lame effectuer le même mouvement mais en sens inverse : du haut vers le bas… Avant passer dans mon dos… Tituber… Et sentir un liquide chaud imbiber sa poitrine, ainsi que ses forces l’abandonner. Dans une impressionnante effusion de sang, Alberta sentit le sol se dérober sous ses pieds et s’écroula piteusement sur son dos. Là, le temps reprit alors son cours normal. Ce n’est qu’une fois au sol, dans une flaque de sang impressionnante que ses hommes réagirent enfin en criant son nom et en voulant se ruer vers leur capitaine. La scène avait été trop rapide pour eux. Mais bien avant qu’ils ne puissent la rejoindre, je pris place près de son corps, avant d’approcher la pointe de ma lame vers son cou. Mon air sérieux freina immédiatement leur course.

Faut croire que la rigolade était terminée.

- « Vos armes au sol. Tout de suite ! »

Les voleurs, enragés, mais toujours aussi impuissants ne purent qu’obtempérer, avant qu’une voix ne me parvienne…

- « Tu ne me tues pas… ? »

Haletante, Alberta semblait à bout de force et respirait difficilement. La faute à la grosse entaille qui barrait profondément son buste.

« Non. La justice fera son travail et vous serez confrontée à Enri. »

- « Tu es bien cruel pour un jeune de ton âge… »
Qu’elle conclut, yeux clos et sourire amer aux lèvres.

Avant qu’une averse ne s’abatte finalement sur la ville. Et qu’au loin, à l’horizon, mon navire n’apparaisse enfin…
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- « J-Je vois… Merci pour tout, Fenyang. »

- « Cette vieille chouette !!! Elle mérite d’être tuée ! Pourquoi est-ce que vous ne l’avez p- »

- « Du calme Hendrick. Tu t'adresses quand même à un vice-amiral… »


D’un geste de la main, Enri calma l’un de ses gorilles de service, qui finit par se rendre effectivement compte qu’il ne parlait pas à un plouc. De quoi l’obliger à se confondre en excuses, réalisant après coup sa bavure. Adossé à un mur dans la suite luxueuse de l’homme d’affaires, je remuai ma tête pour assurer que ce n’était rien et que je comprenais la réaction du garde de corps. Se faire trahir de la sorte n’était jamais agréable comme sensation. Depuis mon combat contre Alberta, deux heures s’étaient rapidement écoulées. Après les formalités d’usage comme l’arrestation de l’intégralité de la Bodyguard Corporation et la restitution des œuvres d’art du riche homme d’affaires, la vente aux enchères battait son plein plus bas dans la salle du congrès. Le retard n’avait pas été au gout de tous, mais tout était finalement rentré dans l’ordre. De plus, j’avais mobilisé quelques-uns de mes hommes pour assurer la sécurité de l’évènement. De toute façon, nous ne pouvions pas encore quitter Water Seven avant l’arrivée d’un navire-prison de la marine qui embarquerait tous les voleurs que nous avions mis aux fers. Quant à Alberta, son rejeton, ainsi que quelques survivants blessés, ils avaient été conduits à l’hôpital le plus proche pour recevoir des soins sous la supervision de Meilan. Tout comme elle, je n’avais tué personne… Et ce n’était pas plus mal.

Quant à Enri, il était meurtri à l’idée que sa belle et douce Alberta l’ait trahi…

- « Il va falloir que je descende tout de même lors du cocktail pour saluer et remercier nos invités… » Qu’il finit par dire en reniflant bien fort et en essuyant ses quelques larmes à l’aide d’un mouchoir.

Un brave homme qui se devait de garder la tête haute, d’autant plus que l’affaire ne fut pas ébruitée. Personne ne s’était douté de ce qui s’était passé en coulisses…

- « Je devine que vous êtes pour le meito Divinité, n’est-ce pas ? »

- « On ne peut rien cacher à l’homme d’affaires que vous êtes, c’est sûr… »

- « Votre réputation d’escrimeur vous précède, Fenyang. Je vous offre le meitou en guise de remerciements. Vous saurez vous en servir mieux que personne ! Vu ce que vous avez fait pour moi, je pense même que vous méritez bien plus. Si vous voulez autre chose dans ma collection, faites-le moi savoir. »


La bienséance aurait voulu que je refuse ou même que je fasse mine de vouloir participer aux enchères pour l’avoir, mais je n’avais pas la foi de faire semblant. Pas après avoir tranché une vieille femme comme je planterais sans vergognes la pire raclure de ces mers. J’eus également une pensée pour Meilan qui aurait sans doute sauté sur l’occasion pour rafler quelques bijoux, mais je préférai effacer cette perspective de mon esprit. C’était tant pis pour elle ! La faute à pas de chance, tout simplement : « J’accepte volontiers votre offre, Enri. Et je me contenterai uniquement du meito. C’est tout ce qu’il me faut de toute façon. » Qu’avais-je dit, sous un mince sourire. L’une de mes mains dans ma poche droite triturait mon paquet de clopes. Il fallait que j’en fume une d’urgence. Le manque était quelque chose d’extraordinaire, quand même ! On ne pouvait parfois rien faire contre ! C’est sur cette sensation désagréable que je m’éclipsai de la chambre du vieil homme avant de finir au rez-de-chaussée où je m’allumai une clope, enfin. La première taffe me fit un bien fou, d’ailleurs. Je m’assurai ensuite que tout allait bien auprès de mes hommes et je me mis moi-même à effectuer une ronde autour du bâtiment avec une poignée de soldats à l’extérieur. L’averse s’était arrêtée depuis une heure au moins et heureusement…

La vente aux enchères se déroula à merveille et Marc Enri récolta carrément plus d’un milliard. Le retard n’avait absolument pas entamé le moral des acheteurs qui s’étaient fait plaisir. Par la suite, le cocktail fut également un succès durant lequel Enri se pavana entre ses convives sourire aux lèvres, sans rien laisser paraitre de sa méforme physique et mentale. Un brave homme, clairement. Lorsque la soirée s’acheva vers deux heures du matin, sa commissaire-priseuse vint m’offrir le meitou que je pris le temps d’admirer sous toutes ses coutures, pas mécontent d’avoir enfin un sabre digne de ce nom et aussi réputé ! Trois heures plus tard, le navire prison accosta aux abords du dock 4 où tout s’était déroulé et récupéra toute l’organisation de voleurs qui s’avérait être coutumière de ce mode opératoire. Enri insista même pour assister à l’embarquement d’Alberta qui était enchainée à un lit mobile via des chaines en granit marin. Elle n’eut aucun mot ni aucun regard pour son ex-patron, sans doute morte de honte d’avoir été prise la main dans le sac. Puis, lorsque le navire s’en alla, Enri fondit en larmes et fut raccompagné à son hôtel par sa garde. Pour ma part, je restai auprès d’eux jusqu’aux aurores pour être définitivement sûr qu’il n’y avait plus aucun danger ; puis je pris le large aux environs de huit heures du matin, le cœur partagé.

Si j’avais eu ce que je voulais, j’aurai clairement préféré que ce le soit dans d’autres circonstances.

Et je priai pour ne plus jamais avoir à affronter une femme âgée. Quelle plaie, vraiment…
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