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La Hellroad Company

Les Sunsets Pirates étaient bel et bien vaincus. Conformément à l’accord passé entre Mother et l’Exsangue, ces derniers avaient même accepté de se retirer de Mangrove Works. Soucieux de revoir ses camarades sains et saufs, le sablonneux s’était détaché des autres participants pour se précipiter vers l’un des nombreux camps de prisonniers qui se trouvait à proximité. Mais sans trop de surprise, il n’y trouva aucune tête connue. Il s’en retourna alors vers « Le Rabatteur », constitué prisonnier et enfermé dans la cale d’un navire échoué non loin. Meilleur moyen de regagner la première partie de la route de tous les périls en un seul morceau, Ernesto avait été assommé et enchaîné avant qu’il ne puisse prendre la poudre d’escampette avec le reste des forces du Fléau. Le jeune pirate l’agrippa par le col, lui lançant un regard menaçant.


Il y avait un navire sur Banaro. Ou dont ils.. où sont mes compagnons ?

Hum… Les Intrépides Libres sur Banaro c’est ça ? Le navire est à quai dans le cinquième campement.

Conduits-moi au cinquième campement. lança le charpentier d’un air menaçant.

Doucement.. inutile d’être aussi brutal.


Les deux hommes quittèrent l’épave et s’enfoncèrent au milieu des mangroves pendant une bonne demie heure avant de déboucher sur de nouvelles palissades de bois. Nouveau camp mais même décor. Ici les prisonniers fraîchement libérés festoyaient et brûlaient les drapeaux des Sunsets Pirates. Le sablonneux repéra alors avec soulagement le Loup Solitaire qui était effectivement amarré un peu plus loin avec d’autres navires. Alors qu’il regardait ailleurs, quelqu’un le saisit par le bras. Il fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec Djaymily et sans plus de cérémonie, cette dernière le prit dans ses bras. Second soupir de soulagement lorsqu’il aperçu Kutcham Reyshu et les autres derrière elle, ses compagnons étaient bel et bien sains et saufs.


Quelle galère… Tout le monde va bien ?

Ça va. Disons qu’on a connu mieux niveau destination. railla Djaymily avec un sourire.

Et lui.. qu’est qu’il fout là ? questionna Reyshu en agrippant Ernesto par les menottes.

C’est notre ticket de sortie. On regagne Banaro et on retrouve Kaito et les autres.

Rien de mieux que le « Rabatteur » en personne en guise de guide pour retourner sur Banaro, après tout, c’est lui qui les avait capturé et fait acheminé jusqu’ici.

Que les gars préparent le navire, on ramasse notre part du mago et on se tire. On va pas traîner ici… Prenons pas le risque de manquer le reste des Intrépides Libres.


Le temps était effectivement compté, car ils étaient supposés attendre Kaito et le reste de l’équipage sur Banaro. Reyshu se chargea de mobiliser les pilleurs du grand nord en compagnie de Valnor pendant qu’Aze quittait le camp en compagnie de Djaymily Kutcham et Ernesto. Ils coupèrent à travers une jungle luxuriante, se frayant un chemin dans la mangrove et finirent par tomber sur une imposante structure en bord de mer. Le groupuscule manqua un temps d’arrêt devant cet ensemble de bâtiments qui semblait avoir été abandonné précipitamment. Si au premier abord le sablonneux songea à un énième camp de prisonnier, il réalisa bien vite qu’il s’agissait en fait d’une sorte d’usine et se tourna vers Ernesto lorsqu’il aperçu le Jolly Roger des Sunsets Pirates flotter au loin.


Y’a quoi derrière ces murs ?

Sidérurgie, usine d’assemblage… De l’armement. soupira le prisonnier.

Interessant.

Je t’arrête tout de suite, ça m’étonnerait que les Sunsets aient laissé la place fonctionnelle.

Je confirme.

Un peu plus loin, perché sur le mur d’enceinte, un homme en costume surplombait le groupe, les toisant d’un air désabusé. À ses côtés, une femme masquée aiguisait une longue lame.

Et vous êtes ?

Dominique Mancini. Actuel propriétaire de la Hellroad Company.

Propriétaire ? Je vois que les vautours ne perdent pas de temps… Cette manufacture appartient au Fléau.

Ben voyons… T’entends ça Amalia ? Le Fléau… J’aurais pourtant juré que personne n’occupait plus les lieux quand on a trouvé cette usine. Premier arrivé.. premier servi. Ça vous pose un problème peut être ?


La jeune femme se redressa et brandit sa lame, fixant Ernesto sans sourciller. Le sablonneux en déduit alors que l’usine venait d’être fraîchement abandonnée par les Sunsets Pirates. Ce duo s’était donc précipité pour s’emparer des lieux. Propriétaire d’une partie du butin des flottes défaites, le jeune pirate se mit alors à entrevoir une opportunité en or. Il s’avança au bas du mur, les yeux rivés sur ce Dominique Mancini.


C’est une belle prise que vous avez là… Je crois deviner le sort que vous réservez aux gens qui voudraient s’attaquer à votre.. business à naître. Mais que pensez vous de ceux qui sont disposés à investir dans ce business ?

Mancini échangea alors un regard empreint de surprise avec son équipière avant de s’allumer un cigare et de fixer le sablonneux avec un large sourire.

J’en dis que l’endroit aurait bien besoin d’être retapé. Je connais déjà l’enfant de putain qui est enchaîné là avec vous, mais toi… On peut savoir qui tu es beau brun ?

Quelqu’un qui vient de récupérer une coquette somme.. en dégageant les Sunsets Pirates de l’île.

Malgré le regard réprobateur de Djaymily, le jeune Intrépide Libre continua.

Et disons que je suis tout à fait disposé à investir tout ou partie de cette coquette somme si une opportunité juteuse de présente.

Tu me plaît bien toi. Les gars ! Ouvrez leur les portes !


Dans un bruit strident, deux imposantes portes métalliques s’ouvrirent lentement, dévoilant l’enceinte de l’usine et malgré la désapprobation de Djaymily, le sablonneux entra calmement. De nombreux gaillards armés, curieux, approchèrent alors du groupe de pirates. Ils furent bien vite rejoints par Dominique Mancini.


Baissez vos pétards. J’ai vu ce type à l’œuvre lorsque l’Exsangue a prit d’assaut le camp.. vous n’avez pas envie de le contrarier. ricana l’homme d’affaire en fumant son cigare.

Vous étiez là ? Prisonnier ?

Disons plutôt que j’étais.. consultant pour le Fléau. Je roulait pour eux depuis quelques années, ingénieur dans le domaine de l’armement. Bien malgré moi cela va sans dire. J’suis un expat’ Doscarien. dit il en tendant la main.

Sans surprise, on est pas d’ici non plus. Azeglio enchanté. répondit le pirate en serrant la main tendue.


Il jeta alors un œil aux alentours. L’usine disposait d’un accès à la mer un peu plus loin et aucun navire n’était à quai. Un grand nombre de caisses tapissaient le sol ça et là et certains rouages importants de cette usine semblaient manquer. Pas bien compliqué de voir que Sunsets Pirates étaient partis par précipitation en emportant tout ce qui pourrait leur être utile. Mais si Mancini était bien ingénieur Doscarien, alors sans doute disposait il du savoir nécessaire pour remettre les choses en état. Le sablonneux fit quelques pas, examinant l’endroit avec minutie. L’occasion était trop belle pour ne pas être saisie, d’autant qu’à en croire les bruits de couloir, Bonny avait la ferme intention de faire de Mangrove Works un carrefour du commerce dans le Nouveau Monde. Et même si le jeune pirate avait l’intention de redescendre la route de tous les périls pour rejoindre son capitaine, nul doute que les Intrépides Libres finiraient par revenir dans le secteur. Un bel investissement sur l’avenir.


Vous savez quoi Mancini ? Elle me semble bien juteuse cette opportunité.

Et encore on vient tout juste de dresser le camp. Attends de voir ce que ce sera d’ici quelques mois.

J’ai des choses à régler dans l’immédiat, mais je vais revenir.. trésor vite. Si je mets mes Berrys sur la table, quand puis-je espérer un retour sur investissement ?

Comme tu peux le voir, la main d’œuvre est déjà là. Faut juste remettre la machine en marche… Je dirais d’ici quatre bons mois.

Nous avons donc un accord Mancini. Je repasse plus tard dans la journée pour formaliser ça.


Une poignée de main plus tard, le sablonneux tourna les talons en compagnie de Djaymily et Kutcham, traînant derrière eux leur prisonnier. Une fois ce dernier sécurisé, le jeune pirate reviendrait alors avec sa part du butin pour que le vrai travail de négociation commence. De cette façon là, même en repartant pour Banaro, il conserverait un pied sur les mers du Nouveau Monde.