« Bien. C’est ton dernier entraînement en ces lieux avant de définitivement les quitter. Non pas que ta présence me dérange, mais tes hommes et toi êtes un peu trop indisciplinés pour ma base. Et tu fais peur à tout le monde, Levi. Cette rétrogradation t’agace et tu en fais naturellement une force. Mais loin d’ici, s’il te plaît. », dit le Vice-Amiral Bayushi, en garde.
Le Contre-Amiral Levi Ragglefield dégaina sa lame retrouvée, Hasaki Namida, objet sacré appartenant à sa famille depuis la nuit des temps. Le premier détenteur, Eden Ragglefield, la maniait avec une telle grâce qu’elle le lui rendait bien. Sa puissance était légendaire et ce fut le seul à élever cette arme à un tel niveau. Depuis, Namida attendait patiemment qu’un épéiste atteignît un niveau similaire. Est-ce qu’Ethan s’en rapprochait ? Nul ne le savait. Cependant, une certaine entente existait entre l’épéiste et son instrument, qui s’intensifiait un peu plus à chaque combat. Ethan se tint prêt, le regard neutre, dégageant à la fois une grande sérénité et une étrange aura meurtrière. Ainsi le ratel se comportait face à ses proies. Un sang-froid exemplaire et une volonté impitoyable de soumettre ses adversaires.
« Vice-Amiral Bayushi. Êtes-vous prêt ? demanda le commodore Mattlefield qui siégeait en tant qu’arbitre dans l’arène de la base.
- Prêt.
- Contre-Amiral Levi. Êtes-vous prêt ?
- Prêt.
- Hajime ! »
Les deux officiers supérieurs s’élancèrent à toute vitesse. Les soldats et officiers en repos assistaient évidemment à cet affrontement. Dans cette arène tamisée, on n’apercevait ou n’entendait que les étincelles ou les tintements provenant des chocs entre les deux lames. Les regards experts suivaient de près les déplacements rapides des deux épéistes. Aucun ne prenait réellement l’avantage sur l’autre, du fait d’un niveau de maîtrise assez exceptionnel. L’art de manier le sabre ne consistait pas uniquement maîtriser l’objet. C’était tout un ensemble de paramètre à prendre en compte. Les déplacements, les angles, l’anticipation… Tout le monde pouvait manier une lame, mais qui pouvait couper le diamant sans utilisation du haki ? Et encore que même avec, certains se plantaient totalement. Bayushi et Ethan faisaient parties de ces rares êtres capables de trancher naturellement le diamant comme du beurre. Humbles, ils ne le clameront jamais, mais c’étaient deux épéistes d’exception, parmi les meilleurs au monde. Alors assister à un affrontement de ce calibre, en toute sécurité, était souvent impossible.
Daniel, qui arbitrait, devait à la fois s’assurer qu’aucun ne franchirait la limite, mais aussi veiller à ne pas tomber lui-même dans l’admiration. Le Vice-Amiral augmenta la cadence, probablement pour en finir le plus rapidement possible. Voilà des semaines qu’Ethan s’entraînait rigoureusement pour retrouver son niveau avant sa retraite. Il n’était plus l’homme que Bayushi avait récupéré pour le remettre en forme. Les affrontements longs restaient la spécialité de Levi, sans aucun doute. C’était la raison pour laquelle son adversaire voulait en finir rapidement. Plus le combat s’éternisait et plus le Contre-Amiral augmentait ses chances de l’emporter.
Si la filière longue était donc la point fort du dernier Ragglefield, il était évident que ses adversaires voudront l’atteindre autrement. Mais l’erreur serait de croire qu’il n’y avait pas remédié en s’entraînant et combler à cette faiblesse. Qui avait parlé de faiblesse ? S’il était extrêmement endurant, cela ne signifiait pas pourtant qu’il n'était pas capable de mettre de l’intensité. Nerveux, le Contre-Amiral aimait donner le maximum sans se retenir. La tête brûlée qui avait commencé sous les ordres de Fenyang, le jeune homme avait muri et combattait de manière plus réfléchie. Quand Bayushi passa subtilement sous sa garde, Ethan ne paniqua pas le moins du monde. Il posa sa main gantée sur la lame adverse pour la bloquer, renforcée au haki pour ne pas subir de dégâts. Tout à coup, le tissu du gant s’effrita, offrant la vue d’un bras robotique. L’instant suivant, le Vice-Amiral fut foudroyé et projeté au loin.