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Le docteur affabulant

(((=_=)))
Je vous l’accorde, Zaitsev, on se les gèle. Mais… N’êtes vous pas de North Blue ? Vous devez être plus habituée à ce climat là, non ?
(눈_눈)
J’imagine que comparé aux Blues, tout est démesuré ici. Regardez les tempêtes. J’en ai connu quelques-unes dans ma vie… Mais celle que nous avons évité il y a trois jours… L’avez-vous vue ? Ce typhon était aussi puissant qu’il était soudain…

J’en ai toujours le sang glacé, et ce n’est pas à cause des températures qui ont subitement chuté, preuve que nous sommes sur le bon chemin. Si nous n’avions pas reçu d’avertissement de la part des météorologues qui travaillent pour la marine, nous nous serions retrouvés en plein dedans. Et ensuite ? Il n’y aurait sans doute pas eu de suite. Nous serions en train de nourrir les poissons à l’heure qu’il est… Quelque soit le nombre d’heures passées à m’entraîner ou le nombre de techniques du Rokushiki que je maîtrise. La dernière fois que j’avais été témoin d’un spectacle d’une humilité aussi écrasante, c’était lorsque l’Amiral Tetsuda s’était déchaîné, à bord du Cuisino. Et les forces de la nature ont su dépeindre un tableau d’une fidélité effrayante… Et ce alors que nous sommes passés à plusieurs dizaines de miles de son centre. Zaitsev acquiesce sans commenter, en silence, comme à son habitude.

Lieutenant-colonel, Drum est en vue.
Je me disais aussi, il fait de plus en plus froid… Je grelotte, emmitouflé dans mon manteau de fourrure et frottant mes mains dans leurs épaisses moufles pour espérer me réchauffer. Rien n’y fait. Dire qu’il y a des gens qui vivent dans ce climat toute l’année…

Je me saisis de ma longue vue et essaie de discerner l’île hivernale. C’est une tâche blanche et floue au milieu de la mer, de laquelle on peut distinguer les fameux pitons rocheux qui dépassent du sol. Impossible, pour un marine ayant suivi une formation médicale comme moi, de ne pas avoir un petit pincement au cœur à l’idée de se trouver au royaume qui a été le berceau de la médecine moderne… Et accueille quelques-uns des cerveaux les plus brillants de cette terre. Ah, si seulement les circonstances étaient différentes…

Rassemblez nos hommes sur le pont. Je donne mes ordres à mon enseigne qui acquiesce et commence à prendre congé après avoir effectué son salut. Je l’interromps. Il y a quelque chose qui me dérange. Quelque chose d’extrêmement perturbant. Enseigne ?
Qui y-a-t’il, mon Lieutenant-colonel ? Elle pivote sur ses talons et se retourne vers moi.
J'ai ressenti un grand bouleversement. Comme si des millions de voix avaient soudainement hurlé de terreur et puis s'étaient éteintes aussitôt… Comme si un drame terrible s'était produit. Je commence, avant que mon regard ne se porte sur la jeune femme à l’allure habituellement impeccable. Mes yeux descendent sur sa poitrine, puis remontent se plonger dans les siens.
(•ิ_•ิ) ?

Et j’agis en un instant. En une fraction de seconde, ma jambe frappe le pont du navire plus d’une dizaine de fois et je me retrouve quasiment téléporté dans son dos, mon bras gauche autour de son cou prêt à effectuer une clé d’étranglement et mon index et mon majeur de ma main droite prêts à la transpercer d’un Shigan au niveau du rein. L’action est si rapide, et mon Soru si parfaitement exécuté qu’il y a même une marque de brûlure et des volutes d’une fumée diaphane qui peuvent être aperçus à l’endroit où je me trouvais il y a encore quelques secondes.

(O_O;) !
Qui êtes vous ? Le ton est sec, clairement intimidant.
Hein… ? Que… Que voulez-vous dire, mon Lieutenant-colonel… Vous savez bien qui je suis ! Elle panique, commence à trembloter et à suer à grosses gouttes. Mais je ne suis pas dupe.
Ne me prenez pas pour un idiot. Je vous laisse cinq secondes pour décliner votre identité et ce que vous avez fait de mon Enseigne. Je commence, tout en gardant le même ton qui transmet particulièrement bien mes émotions et mes intentions. Je reprends, en lançant mon décompte. 5… 4…
(⊙_⊙) !
L-l-lieutenant-colonel… Arrêtez ! Que faites-vous !
\(º □ º l|l)/
3… 2… 1... 0 !
Aaaaaaaaaah !


Dernière édition par Alex Raines le Ven 8 Sep 2023 - 21:40, édité 1 fois
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Je frappe sans hésiter… Pourtant, alors que je serre mon bras pour l’étrangler, j’ai le sentiment d’essayer d’attraper de la fumée, un fantôme. Il aura suffit d’un clignement d'œil pour qu’elle ne disparaisse d’entre mes bras et se retrouve à une dizaine de mètres. Je hausse le sourcil, reconnaissant entre mille ce pas de déplacement que j’avais exécuté des centaines de fois. Zaitsev se met immédiatement en garde, se préparant à bondir. Je l’interromps en plaçant ma main devant elle, me redresse et me détends instantanément alors que je passe mes doigts dans mes cheveux pour me recoiffer et que je défroisse mon veston.

J’étais au courant que vous viendriez… Mais on ne vous apprend pas les manières, au Cipher Pol ? Je lui lance un regard légèrement dédaigneux, rassuré que le menace que j’avais senti n’en est finalement pas une, mais tout de même déçu par le manque de civisme de cette personne qui n’est définitivement pas mon Enseigne.
ლ(¯ロ¯"ლ)
Qu’est-ce qui m’a trahi ? La voix féminine et légèrement fluette laisse sa place à une voix plus grave. C’est une voix d’homme, bien qu’elle soit plus aiguë que la mienne et qu’on puisse la méprendre avec celle d’une femme.
ლ(ಠ_ಠ ლ)
Votre agrafe de cravate est dans le mauvais sens. Vous la portez comme un homme, de la droite vers la gauche. Pour les femmes, elle doit être orientée dans l’autre sens.
Sérieusement, juste avec un si petit détail ?
Le Malevoulant est dans les détails… Je souffle simplement. Toujours est-il que mon Enseigne ne se permettrait jamais un encart au code vestimentaire.
Et bien dites donc, vous usurpez pas votre réputation… L’homme, toujours travesti, s’avance vers moi. Il porte la main à son visage et déchire ce qui semblait être un masque d’un réalisme incroyable, révélant ainsi ses véritables traits.

(°ロ°) !
Zaitsev semble surprise de cette transformation soudaine, mais ce n’est pas mon cas. Je reste impassible.

C’est un homme blond et aux traits fins, un peu effacés, auquel il n’est pas vraiment possible de donner un âge précis. Je me fais la réflexion qu’entre son apparence et sa voix, il est peu étonnant qu’il soit aussi doué en transformisme… Une fois à mon niveau, il me tend la main.
Agent Ameublement. Ravi de vous rencontrer, Lieutenant-colonel.
C’est votre vrai nom ? J’arrête ma main à quelques centimètres de la sienne, interrompant ainsi l’échange de bons procédés et le serrage de mains, surpris par son nom.
Vous vous doutez bien que non. C’est un nom d’emprunt.

J’acquiesce silencieusement puis serre finalement sa main en soupirant intérieurement.

Lieutenant-colonel Raines. Enchanté. Je me tourne ensuite vers la jeune femme qui se trouve à mes côtés. Et voici le Sergent d’élite Zaitsev.
( ̄^ ̄)ゞ
Ah, oui… J’ai lu votre histoire dans le rapport du Lieutenant-colonel.

L’agent Ameublement semble… Non mais ce nom… Je peux comprendre pourquoi un agent gouvernemental a besoin d’utiliser un alias, bien que je serais incapable de faire la même chose : je suis trop attaché à mon nom, qui me définit complètement. Et puis, j’ai encore beaucoup à faire pour redorer son image… J’ai bien peur qu’il soit encore toujours plus attaché aux exactions de mon frère qu’à mes exploits…

Mais quand même… Agent Ameublement ? Vous n’auriez pas pu choisir un truc plus passe-partout ? Vous n’avez pas un truc avec les noms de fleur, au Cipher Pol ?
Je sélectionne toujours un mot strictement au hasard dans le dictionnaire. C’est un protocole plus simple et plus efficace pour ne pas laisser de traces. Il n’y a pas vraiment d’intérêt à avoir un nom de code si tout le monde finit par le connaître. Logique imparable. En tout cas, sa méthode de sélection me force le respect. Il a l’air d’être quelqu’un de droit, plutôt sec et tendu… Ce que je suis sûr d’apprécier. De plus, le Soru qu’il a effectué juste avant avait été exécuté avec une rare maestria. Il n’y a pas à dire, on voit bien qu’il s’agit de leur art martial, à la base, et que la marine s’est simplement contentée de le singer… Mon regard se perd dans le vide, alors qu’il est toujours fixé dans la direction de cet homme grimé à la quasi-perfection en ma seconde. Je reviens alors à moi, happé hors de mes pensées et admirations pour son Rokushiki.

Et donc, quel était le but de ces jérémiades ? Et où est ma véritable Enseigne ?
Ne vous en faites pas, elle est simplement dans ses quartiers, et a accepté à contrecoeur, certes, parce qu’elle savait que vous n’apprécieriez pas de me laisser le champ libre… Je voulais un peu voir de quel bois vous étiez fait.
Et du coup ? Qu’en avez vous pensé ?
Et bien, je n’en ai pas vraiment eu l’occasion… Je n’ai pas vraiment l’habitude qu’on me perce à jour comme ça, aussi vite ! Il commence, avant de marquer une courte pause et d’esquisser un sourire en coin. Néanmoins, je sens que je vais apprécier de travailler avec vous. Voyez ça comme une intuition !

Je ne réponds pas et me contente de le fixer dans les yeux en silence. Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de pratique… Qui colle pour le coup assez bien aux agents du gouvernement et ce que je sais de leurs méthodes. Mais bon… Je ne vais pas me plaindre : au moins, il est bien moins désagréable que l’agent Alcéa….

Pouvons-nous discuter dans votre cabine ? J’aimerais passer en revue quelques éléments avec vous avant que nous arrivions à Drum.
J’allais vous le proposer. Il serait malvenu de commencer une mission sans un briefing d’orientation… C’est le protocole… C’est par ici… Je lui indique le chemin vers le pont supérieur. Dans le même temps, je me retourne vers Zaitsev. Je vous laisse coordonner le reste de l’équipage ? Que tout le monde se prépare pour notre arrivée… Utilisez vos émoticônes les plus motivants si nécessaire.
(⌐■_■)
( ̄^ ̄)ゞ

Parfait.

J’emboite le pas de l’Agent Ameublement, en direction de ma cabine… Et puis tout d’un coup, cela me vient à l’esprit.

Attendez… La dernière fois que nous avons été en contact avec un port, c’était il y a plus de dix jours… Quand est-ce que vous êtes monté à bord, exactement ?
Lieutenant-colonel Raines… Il y a des choses qui ne se font pas, telles que de boire le saké de Binks à une température au-dessus de trois degrés, écouter le Soul King sans boules quiès… Et révéler ses secrets quand on est un agent du gouvernement !
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Les coudes posés sur mon bureau, j’enfonce un peu plus ma tête entre mes mains dont les doigts sont entrecroisés, pensif. Ce que me raconte l’agent Ameublement risque de complexifier significativement les choses. Drum est à feu et sang. Et n’a jamais cessé de l’être. Y-a-t-il eu seulement une période de son existence où elle n’a pas été ravagée ? Depuis l’attaque de l’ex-Empereur Barbe Noire il y a plus d’une centaine d’années, les calamités s'enchaînent… La preuve rien que dans l’histoire récente. Il y a quatre ans, elle est le terrain de l’affrontement dantesque entre l’équipage des Rhino Storms et le corsaire Krabbs. L’année d’après, un village entier est détruit par la révolution. L’an dernier, les Sandstorms Pirates y sèment chaos et destruction en y affrontant d’autres pirates pour des vanités… Et vont jusqu’à détruire le palais royal ! Même cette année, et alors qu’elle est à peine entamée, le port principal de l’île est détruit par une Supernova, le roi est kidnappé et un pirate terroriste fait dérailler le Dalton Express et assassine le directeur du C.H.U. Et nous, la Marine, dans tout ça ? Nous essayons tant bien que mal de remettre de l’ordre dans tout ça, de faire comprendre aux habitants que nous sommes là pour les aider… C’était du moins la mission de feu la Commodore Ayame, morte au champ d’honneur en essayant de défendre Bighorn.

Putain… Je peste à moi-même, souffle et me redresse dans mon fauteuil. C’est ça, Grandline…

En quelques années, il est arrivé à cette seule île suffisamment d’évènements qui auraient suffi à faire trembler une des mers bleues toute entière… Le Sous-Amiral Niromoto m’avait prévenu, mais la réalité est toujours dure à accepter… Ce sera pourtant mon quotidien à partir de maintenant. Fini de patrouiller la foire de la vache à Kage Berg, fini les petites missions tranquilles… Être confronté à des conflits de plus en plus démesurés, aux véritables pointures de ce monde, voilà désormais l’univers dans lequel je gravite. Littéralement la route de tous les périls.

Bon. Donc. Résumons. Je m’extirpe de mes pensées, et m’adressant à l’Agent Ameublement, je me ressaisis. On doit trouver une aiguille dans une botte de foin, un docteur dans Drum… Et sans aucun soutien. Les habitants ne soutiennent pas le gouvernement et se remettent seuls de nombreux affrontements et désastres humains.
Vous avez oublié le passage l’Impératrice pirate Sainte Adela Otero Nibal Y Milcar !

Je frissonne rien qu’en entendant ce nom bien trop long, tant il me rappelle des souvenirs glaçants. La Dragonne Céleste et sa lubie de la piraterie m’avaient fait passer des vacances forcées mouvementées à bord du Cuisino… Et une collaboration particulièrement désagréable avec un autre agent du Cipher Pol. Espérons que l’histoire ne se répète pas !

Donc en plus de se faire taper dessus alors qu’elle gît encore à terre, l’île a vu débarquer et déambuler les sept Capitaines Corsaires ? Vous parlez d’un coup de chance…

L’agent Ameublement acquiesce silencieusement en esquissant un sourire du coin de la bouche et en soupirant du nez. Je continue.

Et pour nous épauler… La seule présence marine sur l’île est une division décapitée de son officier, et qui se cantonne à un port qui s’est fait piller juste après avoir été détruit dans sa quasi-intégralité ?
Vous oubliez la division géante de Drum.
Oui, la 33ème géante ! Le Contre-Amiral Heltarson a la réputation de ne pas être commode, mais d’être un valeureux guerrier. Il pourra peut-être nous assister.
Pas des masses, il est mort aussi. Tué par Méria D. Marianne, la Peste.
...

J’enfonce à nouveau ma tête dans mes mains. L’avantage, quand on est au point zéro, c’est qu’on ne peut absolument pas tomber plus bas. Nous n’avons aucun allié, aucun contact, et que des maigres indices dans un royaume où toutes les personnes qui semblent obtenir un peu de pouvoir ne font pas long feu… Je me lève de mon bureau et remet mon épais manteau de fourrure, puis sort sur le pont. L'agent Ameublement m’emboîte le pas. Nous fixons les fameux Drum Rockies, ces impressionnants mégalithes qui se dessinent à l'horizon, alors que mon navire entre dans le fjord et arrive au fameux port qui enchaîne les catastrophes.

Vous voulez savoir le pire, dans tout ça ?
Dites toujours ?
Vu que le Dalton Express est accidenté, et que les téléphériques sont coupés, il va falloir aller jusqu’au C.H.U à pied. Il marque une pause et un silence de mort s’installe. Comment sont vos compétences d’escalade ?

Je hausse les épaules et frottant mes moufles l'une contre l'autre pour me réchauffer les mains.

Elles feront l’affaire.
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Et voilà une bonne chose faite ! Y’a pas à dire, ça réveille ! Je m’étire de tout mon long, allant chercher haut dans le ciel enneigé avec mes bras. Demain, j’aurai des courbatures : ça n’a pas été de tout repos d’escalader cet immense (c’est un euphémisme) rocher à la force des Shigans. Je lance un regard par dessus mon épaule en me retournant et vois que l’Agent Ameublement arrive à son tour au sommet. Il m’aura bien talonné tout le long de cet éprouvant trajet au cours duquel j’aurai pu effectivement confirmer son excellente maîtrise des fondamentaux du Rokushiki… Et lui la mienne.

Je sais que bon nombre de Marines font au préalable un petit bout de carrière au Cipher Pol, juste le temps d’apprendre à maîtriser le Rokushiki avant de partir… Mais je sais que ce n’est pas votre cas. Et pour quelqu’un qui ne l’a pas appris à la source, je dois avouer que vous vous en sortez plutôt bien. J’accepte son compliment d’un hochement de tête.

Devant nous se dresse l’académie de médecine, un bâtiment aux airs de manoir gothique et qui ne paie pas vraiment de mine. Pourtant, c’est d’ici que sortent les médecins les plus talentueux des mers de ce globe. J’ai un petit pincement au cœur de ne pas avoir pu apprendre ici. Fort heureusement, être formé dans l’armée avait son propre lot d’avantages. Mon regard se déplace vers l’immense plateforme où sont stationnés les dirigeables qui permettent aux secours d’aller chercher des patients ou de déployer des équipes médicales n’importe où en mer. Ça force le respect, surtout si on compare avec l’hospice que je viens de quitter, à Zaun, et qui en comparaison est un véritable taudis. Bon, il faut dire que même sans le comparer à quoique ce soit d’autre il reste un taudis, alors ça n’aide pas…

Alors que nous avançons vers les portes de l’imposant bâtiment, l’Agent Ameublement m’interpelle.

Attendez, Lieutenant-colonel. Avant que nous entrions, je pense qu’il faudrait réfléchir à une couverture. Je ne réponds pas, et le laisse continuer. Fort heureusement pour vous, je suis un maître du déguisement et de l’infiltration, et j’ai un faux-visage qui fera parfaitement l’affaire. Je serai Courtney Shandler, jeune femme originaire de Shell Town, East Blue. Mon père, Alastair Shandler, était charpentier au chantier naval. Ma mère, Élisabeth, vient de Cocoyashi, d’où elle a importé un commerce de vente d’agrumes florissant. Tous deux se sont rencontrés à une soirée dansante à bord du Baratie. Ce sont des parents aimants, qui se sont bien occupés de moi, c’est pourquoi je suis une jeune femme pétillante et équilibrée. Durant ma petite enfance, nous allions souvent passer des vacances dans notre petite maison secondaire, à Sirup. Mes parents avaient acheté ce cottage en profitant d’une période où les taux d’intérêts étaient particulièrement bas. Je reconnais bien là mon père, il a toujours eu le flair pour les bonnes affaires. La maison n’était pas en bon état, mais le bois ça le connaît : et il a fait du super travail. J’adorais y passer du temps étant enfant… Avec les autres enfants du village, on partait à la recherche de trésors enfouis, on questionnait les habitants. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai su que je deviendrais journaliste. J’ai rejoint les rangs du Mondial il y a 6 ans. Au début, ce n’était pas facile de m’intégrer. Mes premières tâches n’étaient pas très exaltantes : c’était principalement du travail de bureau. Heureusement, quelques mois après mon arrivée, ma meilleure amie et collègue est arrivée, Emilia Radnor. Avec Emy, nous avons tout de suite accroché : également originaire de Shell Town, nous aurions pu nous croiser dans notre enfance, d’autant plus que nos pères travaillaient ensemble ! Du moins, jusqu’à son accident de travail… Les choses n’ont pas été faciles pour sa famille, ensuite. Mais ils ont finalement réussi à joindre les deux bouts. C’est grâce à son soutien et à son amitié que je me suis lancée sur ce dossier et sur cette enquête. Il marque une pause, puis se tourne vers moi. Vous serez Richard Davies, mon assistant et responsable de la prise de son pour les interviews. Vous êtes originaire du Royaume de Saint-Urea, South Blue. Vos parents, tous deux journalistes, ont couvert le procès des Sea Wolves en 1624, et c’est ce qui vous a motivé à suivre leurs pas et à suivre la formation de l’école de journalisme de Saint-Urea… Mis à part en 1628, quand vous avez pris une année sabbatique à l’île du Karaté, pour y apprendre les arts martiaux. C’est sans doute l’influence de votre oncle, ça, 3ème dan de Goju Ryu… Et accessoirement semi-finaliste de la 27ème édition de mangeage d’aligot et avec lequel vous avez passé une grande partie de votre enfance, vu que vos parents étaient régulièrement en déplacement. Mais vous avez persévéré et rejoint le Mondial vous aussi. A la base, nous avions des relations un peu tendues, justement à cause de celle que vous avez entretenue avec Emilia. Vous vous êtes flirté autour l’un de l’autre, mais ça n’a pas vraiment duré parce que vous vouliez des choses différentes. Vous vouliez quelque chose de plus durable, elle ne voulait pas s’attacher… C’est comme ça mais c’est la vie.

Je le dévisage, un peu circonspect, alors qu’il élabore ses histoires pour le moins… Détaillées. En fermant les yeux, on s'y croirait.

Ça vous convient ? Ça me paraît être une bonne base...
Ça, une base ? Euh… Oui, oui… Je lui réponds avec un manque flagrant d’assurance. Une base, ça ? Je crois que je n'ai jamais utilisé autant de mots pour me présenter… C'est bien une idée de Cipher Pol, ça ! Richard Dav… Devy ? Davies, c'est ça ? Et pourquoi il m'a parlé de karaté, déjà ? Les liens et ramifications de ses histoires se mélangent dans ma tête et ma mémoire. Quelle galère. J'avance vers les portes de l'académie alors que de la fumée me sort par les oreilles.

Attendez, Raines ! Votre déguisement !
Laissez tomber, j'ai plus simple ! Je frappe à la porte en me saisissant du massif heurtoir en métal qui l’orne, et sans attendre de réponse, j'entre dans le bâtiment.
Madame, Monsieur… Puis-je vous aider ? Une chargée d’accueil, se trouvant derrière un petit comptoir à proximité de la porte, nous accueille.
Mada… ? Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, en direction de l’Agent Ameublement… Et suis surpris d’effectivement apercevoir une jeune femme aux longs cheveux blonds, ce qui me coupe dans ma phrase. Quoi ? Comment ? Quand à-t-il eu le temps de se changer ? Où était dissimulé son costume ? Et surtout, comment peut-il avoir perdu vingt centimètres avec son déguisement ? Je racle ma gorge, bombe le torse et resserre mon nœud de cravate, et reprends.
Je suis le Lieutenant-colonel Raines, fraichement rattaché à la 2ème division de la marine. J’enquête sur des disparitions liées à un potentiel réseau de trafic d’êtres humains.
Je crois que vous n’avez pas saisi le concept de fausse identité… L’agent Ameublement vient me chuchoter ces mots en aparté.
Navré, mademoiselle Shandler. Ce genre de manigances, ce n’est pas mon style.

Je ne suis pas un agent secret, je suis le porte étendard d’une institution et de valeurs millénaires. Là où l’apparence et l’identité de mon compagnon d’aventure n’ont pas d’importance, c’est totalement l’inverse pour moi. Et encore plus à titre personnel. Mon nom définit qui je suis.

La marine ? Une enquête ?
Affirmatif, madame.
Courtney Shandler. Journaliste au Mondial. L’Agent Ameublement se présente comme si de rien n’était, tendant même une carte de presse dont le nom et la photo correspondent. Il n’y a pas à dire, il y a quand même du travail effectué, niveau préparation.
Attendez… Comment êtes-vous arrivés ici ? Avec les soucis du Dalton Express et le téléphérique hors service… Nous n’avons pas été notifiés de sa remise en état.
Ne vous en faites pas, j’ai escaladé la montagne.
Pardon ?
Avec un peu d’huile de coude, tout est possible ! Je fais bouger mes doigts encore légèrement engourdis en lui parlant.
Euh… D’accord… Quoiqu’il en soit, je ne sais pas ce que vous espériez trouver ici, pour votre enquête. Vous êtes à l’académie de médecine ici, il n’y a que des étudiants.
Ainsi que les bureaux des Toubibs 100 et 20, n’est-ce pas ?
Tout à fait, mais…
J’aurais aimé m’entretenir avec un spécialiste des prothèses et des cyborgs. Toujours à la recherche de l’aiguille dans la botte de foin, cette piste semble être la première à privilégier. Que ce soient les prothèses du Sergent Zaitsev, ou ces intrigants dispositifs de suicide assisté que portaient les hommes de main de Tif Argilo, leur qualité est exceptionnelle : ce n’est pas un ferrailleur qui a construit ça dans son coin.
Et bien… Le responsable du service est le Dr. Octavius, le Toubib 8, mais il ne se rend pas souvent disponible et il sera difficile…
Ne vous en faites pas, j’ai plus l’habitude d’être confronté à des gens qui ne veulent pas me parler que l’inverse. Où se trouve son bureau, s’il vous plaît ?
Troisième étage, bureau n°316… Elle semble dépitée, comme ayant toujours du mal à se faire à cette situation.
Merci bien ! Je me retourne vers l’Agent Ameublement, toujours déguisé. Vous voulez prendre l’ascenseur ?
Bah… Au point où nous en sommes… Autant prendre les escaliers !


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 14 Sep 2023 - 15:22, édité 1 fois
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Docteur Octavius ? Je frappe à la porte du bureau numéroté 316.
Marrant, son nom me dit quelque chose…
Quoi que vous vendiez, je ne suis pas intéressé ! J’esquisse un rictus. A quoi s’attend-il ? Y-a-t’il beaucoup de vente en porte-à-porte à l’académie de médecine de Drum ?
Visiblement, il n'usurpe pas sa réputation d’avoir un caractère de cochon…
Nous souhaiterions nous entretenir avec vous, s’il vous plaît.
Alors voyez ça avec ma secrétaire !

Comme il commence déjà à me courir sur le haricot, j’ouvre la porte sans plus attendre, avant que je ne perde patience et que je la défonce d’un coup de poing. Nous entrons dans un bureau dans lequel se trouvent de nombreux livres, qui trainent un peu de partout et laissent à moitié vide d’imposantes bibliothèques en bois qui touchent le plafond. Au centre de la pièce, affalé sur un fauteuil qui a l’air très confortable, est fourré un petit homme trapu et rondouillard. Lunettes vissées sur les yeux, il feuillette avec les pinces qui se trouvent au bout de ses deux paires de tentacules mécaniques. La première chose qui me saute aux yeux, c’est la dextérité avec laquelle ses prothèses, qui doivent bien faire plusieurs mètres de long, parviennent à se tortiller dans les airs et à manipuler avec délicatesse et précision des pages de livres. Et la deuxième… C’est que le Docteur est en train de lire deux livres à la fois. Peut-être que ces lunettes cachent un strabisme divergent qui lui permet d’accomplir une telle prouesse…

Qui vous a donné la permission de rentrer ?
Je suis le Lieutenant-colonel Raines de la 2nde division de la marine. J’ai des questions à vous poser.
La marine ? Vous êtes encore dans le coin, vous ? Je croyais qu’il ne restait plus rien de vos bataillons.
Je ne suis pas stationné à Drum. Je suis en mission ici car je mène une enquête liée à des disparitions sur les Blues, liées à un trafic d’être humains. Je suis accompagné de mademoiselle Shandler, du Mondial.
Et qu’est-ce que j’ai à voir avec ça, moi ? Ses tentacules claquent les livres et les rangent dans la bibliothèque alors qu’il se relève sans même toucher le sol, avançant vers nous comme une étrange araignée. Arrivé à ma hauteur, il me toise de manière menaçante, sans pour autant me décontenancer.
Les victimes et les membres de ce réseau sont tous dotés de prothèses dont la pose requiert une certaine expertise médicale. De plus, les premiers éléments de l’enquête conduisent à penser qu’un influent docteur Drumois serait à sa tête.
Vous pensez que je n’ai que ça à faire ? Sa réponse est sèche, à la limite du désagréable. Et puis, vous n’avez pas besoin d’un mandat ou quelque chose du genre ?
Pour fouiller votre bureau, oui. Ceci n’est qu’une visite de courtoisie, pour poser quelques questions, c’est tout.
Alors dégagez ! Je n’ai rien à voir avec tout ça !

Il nous rassemble avec deux de ses tentacules prosthétiques puis nous pousse vers la sortie avant de nous claquer la porte au nez.

Très désagréable, pour un homme innocent. Je me retourne, presque surpris, vers l’Agent Ameublement alors que je l'entend souffler de sa voix fluette. Décidément, impossible de me faire à cette voix de fausset.
Un caractère de cochon ne fait pas de vous un coupable… Mais j’avoue que je m’attendais à un peu plus de collaboration. Commencé-je alors que nous nous éloignons lentement du bureau du Docteur Octavius. Néanmoins, une chose est sûre, il aurait les capacités de le faire.
Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Ses prothèses. J’ai été confronté à pas mal d’hommes “augmentés”, ces derniers temps… Mais tous n’ont pas eu la même qualité de greffe… Et la même qualité de greffon. Je ne sais pas si vous avez vu les photos du corps d’Al-Jawhara, mais… Si on compare à ma subordonnée, le Sergent Zaitsev, il n’y a pas photo. Tif Argilo faisait un travail d’élève au mieux, et d’imitateur au pire. La plupart des individus que nous avons capturés à Zaun avaient des prothèses fonctionnelles mais grossières, peu élégantes… Rien à voir avec ce dont je viens d’être témoin.
Ce n’est malheureusement pas une preuve…
Une preuve, non. Mais une indication que nous creusons dans la bonne direction, oui. Les gens, et surtout ceux qui n’ont pas “d’importance” disparaissent facilement. Le matériel et les berries, eux, laissent toujours une trace.
Plutôt que de trouver le Docteur, vous voulez trouver les prothèses ?
Prothèses, mais pas que. Gazes, anesthésiants, poches de sang, seringues… Des opérations comme celles-ci demandent du matériel qui doit, à Drum, forcément passer par le C.H.U.
Intéressant. Nous continuons à marcher dans les longs couloirs de l’académie de médecine. Le souci, c’est qu’il n’y a plus grand monde à interroger : le directeur du C.H.U. est décédé. Il aurait pu formuler des plaintes auprès de la 33ème ou de la 199ème, mais leurs officiers sont morts eux aussi. Et avec le récent enlèvement du Roi Charlier et la mort de son chef de la garde, je pense que la milice du pays est affairée à d’autres choses…

Je l’écoute dresser son consternant constat. On dirait que les éléments sont dressés contre nous pour nous entraver dans cette enquête. Mais les hommes peuvent disparaître, il y aura toujours des traces écrites.

Je pense qu’il va falloir s’adonner à des fouilles méticuleuses des dossiers de l'hôpital et de la marine… Fort heureusement pour vous, mes compétences administratives surpassent de loin ma maîtrise du Rokushiki. L’agent Ameublement, toujours masqué, esquisse un sourire. J’ouvre le clapet de l’escargophone de mon poignet, réveillant le petit animal de son sommeil. Enseigne, vous me recevez ?
Mon Lieutenant-colonel ? Alors qu’elle décroche, la chevelure du gastéropode accroché à mon poignet vire au blanc et des petites lunettes apparaissent sur ses yeux.
Tout se passe bien à bord du navire ?
Rien à signaler, mon Lieutenant-colonel. Et de votre côté ?
Nous n’avons pas grand chose à nous mettre sous la dent, j’en ai peur... C’est pourquoi je voudrais que vous laissiez le Sergent Zaitsev en charge à bord et que vous preniez quelques hommes avec vous. J’ai besoin que vous accédiez aux dossiers du Contre-Amiral Heltarson et de la Commodore Ayame. Trouvez ce que vous pouvez autour de disparition de matériel médical, d’importations de prothèses, voire même de métaux lourds ou précieux. Plaintes, flux suspects, doutes par rapport à d’éventuels blanchissements… Trouvez-moi tout ce qui est pertinent.
Bien reçu, mon Lieutenant-colonel.
Vous devriez pouvoir entrer en contact avec des officiers subalternes. Contactez la Vice-Amirale Harnam de ma part s’ils ne se montrent pas coopératifs… Et préparez-vous à les frapper… Avec toute la pleine puissance de votre arsenal administratif.
Bien reçu, mon Lieutenant-colonel. Un léger craquement à l’autre bout du fil me laisse imaginer qu’elle vient de se mettre au garde-à-vous, ce qui me fait esquisser un sourire. Je suis fortuné d’avoir une seconde aussi diligente et appliquée. Je sais qu’elle accomplira sa mission avec brio.
Contactez-moi si vous avez du nouveau.

Je raccroche et échange un regard avec l’Agent Ameublement.

Laissez mes hommes s’occuper de la marine, ils sont dignes de confiance. Quant à nous, je vous propose d’aller fouiller le bureau de feu Monsieur le directeur. Il doit bien y avoir un intendant ou un assistant en charge. La petite femme blonde qui se trouve à mes côtés hoche la tête.
Retournons au rez-de-chaussée, la secrétaire pourra sans doute nous informer.

J’acquiesce en silence et je me retourne pour me diriger vers la cage d’escalier. Oh, cette histoire commence à bien trop durer à mon goût...
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Oh, pardon ! Je m’excuse immédiatement alors que je heurte quelqu’un au détour d’un couloir, alors que je suis absorbé par mes réflexions.
Non, ne vous en faites pas, c’est moi. La voix, posée, résonne immédiatement dans mon crâne, m’arrachant de mes pensées pour me ramener dans le monde réel. Je relève les yeux vers lui. C’est un homme de taille moyenne, aux cheveux grisonnants plaqués en arrière, et qui porte une grande blouse blanche et un monocle à l'œil gauche. Il affiche un sourire… Déconcertant. Je ne saurais dire s’il est rassurant ou inquiétant… Il me rend mal à l’aise. Vous n’êtes pas des élèves, ou des docteurs… Puis-je vous aider ?
Pardon, permettez-moi de me présenter. Je suis le Lieutenant-colonel Raines, de la 2ème division de la marine. Et voici Mademoiselle Shandler, journaliste du Mondial. Et vous êtes… ?
Je suis le Dr. Freeman, le Toubib 3. Je suis un spécialiste de l’hypnothérapie. Il effectue une petite courbette en se présentant. Qu’est-ce que la marine et la presse viennent faire ici ? L’un ou l’autre, j’aurais pu comprendre, mais les deux en même temps… ?
Je mène une enquête quant à des disparitions, principalement sur les Blues, et qui seraient liées à un trafic d’organes et de prothèses robotiques. Mademoiselle Shandler m’accompagne pour la couverture médiatique. Je souffle légèrement ces mots, tant ça commence à m’agacer de les répéter, tant j’ai l’impression de patiner.
Et qu’est-ce qui vous conduit à Drum si les disparitions surviennent sur les mers bleues ?
Nous avons nos raisons de penser que le cerveau de l’organisation est un médecin Drumois.
Oh ?

“Oh ?” Qu’est-ce que c’est que cette réaction ? Ma vocation, c’est l’armée. Je sais que la guerre et la violence sont justifiées, que ce sont des armes à utiliser pour créer un monde paisible. Le médical ne m’est venu que par ma formation, parce que je souhaitais un rôle utile et fortement demandé à bord de l’équipage d’un supérieur qui pourrait booster ma carrière. Pourtant, même avec des motivations bien éloignées d’une simple volonté d’aider mon prochain, ce métier m’a imposé une certaine empathie… Que je ne décèle absolument pas dans la réaction de mon confrère. Sa voix est étrangement rassurante, et pourtant elle me glace le sang.

Dites m’en plus. Sa voix résonne dans mon esprit avec un “plop”, comme une petite pierre qui tomberait dans une mare d’eau. Et comme la vase qui remonte à la surface, ma réponse afflue spontanément.
Les personnes disparues voient leurs membres remplacés par des prothèses… De telles opérations ne peuvent être réalisées que par un médecin expérimenté, qui sait ce qu’il fait. Nous avons arrêté un médecin clandestin, Tif Argilo, mais il ne semble pas être le cerveau de cette opération.
Et vous n’avez rien obtenu de lui ?
La seule chose que nous avons réussi à obtenir de lui, c’est que cette personne serait sur Drum.
Et vous avez fait tout ce chemin depuis Zaun ? Vous pensez que son information est digne de confiance ?
Ce n’est pas comme si nous avions grand chose de plus à perdre.
Ah… Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, n’est-ce pas ?
Tout à fait… C’est pourquoi le Lieutenant-colonel pose des questions aux médecins, ici, au C.H.U ! Vous n’auriez rien vu ni entendu qui puisse soutenir cette théorie ?
Malheureusement, je ne peux pas vous aider. Je n’ai rien entendu de tel, et j’ai eu beaucoup de travail récemment, avec ce qu’il s’est passé sur Drum. Je présume que vous venez de vous entretenir avec le Docteur Octavius ?
Nous entretenir, c’est un bien grand mot…
Il est un peu soupe au lait, n’est-ce pas ? Il plaisante, toujours avec ce même sourire… Mais je dois lui donner raison. A côté du Docteur Octavius, la grande porte d’Impel Down apparaîtrait comme étant sympathique. Je hoche la tête silencieusement, sans répondre.
Et bien, j’ai à faire. Bon courage pour votre enquête, Lieutenant-colonel ! Mademoiselle… Il effectue une petite révérence et continue son chemin. L’Agent Ameublement et moi restons immobiles. Alors qu’il disparaît hors de notre vue et hors de portée de voix, nous échangeons un regard.

Curieux personnage. Je ne me suis jamais aussi senti menacé par quelqu’un d’aussi calme et sympathique.
Moi aussi, il a mis tous mes instincts en alerte. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de lui parler. C’était perturbant… Je marque une légère pause, puis reprends. Mais au moins, on avance.
Exact. J’ai également relevé que vous n’aviez jamais mentionné Zaun. Je hoche la tête en esquissant un sourire malicieux. Tif Argilo était un inconnu, même parmi les habitants de Nar Shadaa, qui n’était docteur que parce qu’il se l’était autoproclamé. C’est bien plus qu’étrange qu’un Toubib 20 sache qu’il œuvrait à Zaun.
On sait qu’il est coupable, ou au moins mêlé à cette affaire. Plus qu’à trouver des preuves.
S’il est bien ce fameux “Docteur”, il est prudent. Il a fait une petite erreur, mais nous devons lui mettre la pression et le forcer à en commettre d’autres. Voyons quelles informations on peut glaner dans les documents de l’ex-directeur.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Maintenant qu’il n’est plus là, je suis capable de sentir la différence : j’étais en train de glisser dans son emprise psychologique… Peut-être même hypnotique ? Ce ne serait pas surprenant. La façon dont je me suis mis à donner des informations, le calme et l’absence totale d’empathie qu’il montrait… Je n’ai jamais été aussi sûr de moi en ce qui concerne ce Dr. Freeman. Je le sais coupable. Maintenant, il ne me reste plus qu’à le prouver.
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Ah, vous avez des documents supplémentaires ?
Oui, j’ai trouvé les livres de comptes qui traitent du matériel académique pour l’année 1628 et le début de 1629.
Bien, posez ça de ce côté. Je termine ma caisse et je regarde tout ça.

L’intendant du C.H.U. pose la lourde caisse cartonnée remplie de livres à ma gauche, au milieu de toutes les autres. La pièce sans dessus-dessous, et le bois du plancher est presque devenu invisible tant le sol est jonché de livres et de paperasse que l’Agent Ameublement, toujours en déguisement, et moi-même nous affairons à lire.

Vous arrivez à vous y retrouver dans tout ça ? Et à trouver ce qui vous intéresse ?
Vous seriez étonné de savoir à quel point c’est facile de s’y retrouver, justement. Monsieur Lariboisière était quelqu’un de sacrément bien organisé. Je lui réponds sans même relever la tête de la page que je suis en train de lire, suivant la ligne de mon index. Ernest Lariboisière, Toubib 0 récemment assassiné par un pirate, était un expert de la comptabilité, de la gestion et de l’administratif. Un virtuose des chiffres, des comptes de résultat et autres fonds de roulement. Grâce à lui, l'hôpital tournait comme une machine bien huilée dans lequel pas un Berry n’était dilapidé. Et quand je lis ses livres de comptes, j’y vois la même clarté que dans les rapports que j’adresse à ma hiérarchie, alors je me sens comme un homme-poisson dans l’eau.

Regardez Raines, ici aussi, il y a des traces de corrections. L’Agent Ameublement me fait signe de venir voir et pointe du doigt une colonne de chiffres… Et effectivement, on peut apercevoir des petites traces de graisse là où plusieurs nombres ont étés corrigés… Et ce bien que les additions et soustractions concordent toujours… Ce qui pourrait paraître normal. Mais Ernest Lariboisière, de ce que nous avons pu apprendre sur lui de ses écrits, est plus proche de la machine que de l’homme. Il écrit au stylo indélébile, sans ratures, sans fautes et sans bavures, avec une police d’écriture immuable, parfaitement constante. J’ai religieusement épluché des dizaines de registres… Et il n’y a pas une seule erreur. A croire que plutôt que de faire des corrections, il préfère réécrire la totalité du registre… Et cette hypothèse est soutenue par la présence d’une quantité astronomique de livres vierges dans les réserves de son bureau. Les corrections qui  parsèment les divers livres de comptes sont très bien réalisées… Mais elles ne sont pas parfaites. Comme tout le reste, d’ailleurs. Il manque quelques éléments. Certains documents ne sont pas rangés au bon endroit, ou sont carrément manquants. En bref, c’est bien trop approximatif par rapport au standard de l’ex-directeur du C.H.U… Ce qui nous met immédiatement la puce à l’oreille.

Je pense qu’ils ont profité du décès du Toubib 0 pour essayer de faire un peu de ménage, de dissimuler des preuves.
Je suis d’accord avec vous. Ils ont sans doute minimisé les dépenses, détourné l’excédent et adapté les rentrées pour que ça s’accorde. Mais dans tous les cas, ce ne sont pas des sommes faramineuses…
C’est pareil dans ceux que j’ai regardé. On va finir de regarder tout ça pour que rien ne nous échappe, mais je pense qu’il faut chercher ailleurs. Je me relève et referme le registre que j’étais en train de consulter. Ces petites anomalies et corrections peuvent expliquer la provenance d’une partie du matériel utilisé, mais pas de la totalité.
Dans ce que j’ai noté jusqu’à présent, le nombre de corrections est d’ailleurs de moins en moins important au fil des ans : 53 en 1628, 37 en 1628 et seulement 9 depuis le début d’année. L’Agent Ameublement parcourt les notes qu’il a griffonnées.
Pourtant, la logique voudrait l’inverse : au plus le temps passe et l’organisation croit, au plus ses besoins pécuniaires deviennent importants. Il y a forcément une source de financement alternative.
A moins que ce soit bien mieux blanchi du côté du C.H.U. ?
C’est peu probable. Ce serait extrêmement complexe à dissimuler pendant autant de temps avec quelqu’un d’aussi consciencieux que monsieur Lariboisière aux commandes. Je marque une pause, puis reprends. Et puis il y a la question des prothèses. Nous savons de la correspondance entre Tif Argilo et le “Docteur” qu'elles transitaient par Drum. Mais y sont-elles manufacturées ? Ou viennent-elles d’ailleurs ?
J’imagine que ce n’est pas le genre d’informations que vous êtes susceptible d’avoir ? L’Agent Ameublement s’adresse à l’intendant alors qu’il continue d’apporter et d’empiler avec une pointe d’exaspération des boîtes remplies de documents.
Pas vraiment… Et encore moins au vu de la situation actuelle… Il commence, avant de tirer une chaise et de s’asseoir dessus. Mais pour être tout à fait honnête, c’est bien pire depuis que monsieur Lariboisière n’est plus là.
C’est-à-dire ?
Il faisait un travail formidable pour tenir cet hôpital à flot. Avec les récentes catastrophes, le déraillement du Dalton Express, son assassinat… Et Sainte Adéla qui a emporté avec elle bon nombre de nos effectifs… Les problèmes se multiplient. Il marque une nouvelle pause, puis se retourne vers moi. Des disparitions de matériel… Mais aussi de patients… Avec le déraillement du train… Il y a des gens qu’on est sûrs d’avoir enregistrés et qui sont déclarés décédés… Mais il y avait des incohérences par rapport aux corps que nous avions à la morgue…

Je me masse le menton en réfléchissant. Ils auraient accéléré les choses à ce moment-là ? Fait une erreur en se montrant trop gourmands à cause du chaos provoqué par le déraillement du train… Et surtout le champ libre laissé par le décès du Toubib 0 ?

Si monsieur Lariboisière voyait ça… Il tremble, au bord des sanglots. L’homme est visiblement stressé par la situation, et dépassé par les événements.
Soufflez un coup. Ne vous en faites pas, je vais aller au fond de cette histoire. Il soupire de manière sarcastique.
Votre enquête est le dernier de mes soucis, vu ce qui se passe sur l’île… Dans deux jours, je dois présenter des éléments lors d’un sommet d’urgence organisé au Palais des Glaces, pour discuter du futur de notre royaume, comment surmonter cette crise…
C’est le rôle de la Marine de vous aid…
La Marine ? Bah ! Les Drumois n’ont jamais voulu de la Marine. Et avec la perte coup sur coup de leurs officiers, je crois qu’ils n’osent même plus mettre le pied à terre et descendre de leurs cuirassés…
Je ne réponds pas. Ça m'arrache le cœur, mais je dois lui concéder ce point. La Marine n’a pas exactement brillé de par sa présence sur l’île, bien que je suis sûr que la Commodore Ayame et le Contre-Amiral Heltarson sont morts avec les honneurs et en défendant notre noble cause jusqu’à leur dernier souffle de vie.

Je suis navré pour tout ce qui s’est passé. Et bien que ce réseau que je travaille à démanteler ne vous paraisse pas être une priorité, je vous assure que je fais tout mon possible pour que Drum, et le reste du monde, soit un peu plus paisible.

Il ne répond pas et se contente de grogner, et de partir en tournant les épaules. Est-ce la vérité ? J’ai retrouvé Al-Jawhara, j’ai accompli ma mission. Est-ce que je continue ma traque par obsession personnelle ? Il est évident que l'arrestation de ce “Docteur” est un acte vertueux, et qu’elle donnerait un sentiment de satisfaction à ses victimes et à leurs proches… Mais n’y aurait-il pas une meilleure utilisation de mon temps et de mes ressources, à une plus large échelle ? Sur une île comme Drum ? La voix du Dr. Freeman résonne à nouveau entre mes oreilles, comme un écho. Puis ce sont les images des corps mutilés de la clinique de Tif Argilo. Peu importe si c’est la meilleure décision. C’est celle que j’ai choisi de prendre.
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Lieutenant-colonel Raines, j’écoute ? Je décroche mon escargophone alors que l’Agent Ameublement est en train de remettre de l’ordre et de ranger les registres dans leurs boîtes respectives.
Mon Lieutenant-colonel… Hem.
Enseigne ? Vous semblez troublée. Qu’y-a-t’il ? Vous avez réussi à obtenir des informations auprès de la 199ème et de la 33ème ?
Et bien... Elle marque une courte pause. Sa voix est emplie d’une hésitation que je ne saurais complètement qualifier. Je ne sais pas vraiment comment vous le présenter, mais… J’ai une bonne et… Une meilleure nouvelle ? Je pense ?

Je hausse le sourcil. J’avoue que je m’attendais à tout sauf à ça. Dans ce métier, quand quelqu’un commence par dire “j’ai une bonne”, la suite logique est souvent “et une mauvaise nouvelle”. Dans ce cas, on répond souvent qu’on préfère entendre la mauvaise en premier, sans doute dans le but d’utiliser la bonne nouvelle ensuite comme pommade. Mais quand on nous présente deux bonnes nouvelles ? Devrais-je finir par la meilleure pour me sentir galvanisé ? C’est un problème cornélien. D’un autre côté…

Commencez par la meilleure. Il ne faudrait pas non plus que je me sente trop pousser des ailes en finissant sur une excellente note. Il me reste trop de travail sur cette affaire.
Comme vous me l’avez demandé, je suis allé demander l’accès aux dossiers des garnisons stationnées sur l’île. Malheureusement, comme vous le pressentiez, il y a eu un petit blocage au niveau de la chaîne de commandement. Elle marque une courte pause. Pour l’instant, j’ai du mal à saisir le bon côté de cette nouvelle…
J’ai donc contacté la Vice-Amirale Harnam comme vous l’aviez ordonné. Elle a pris le temps d’examiner la situation sur Drum, puis votre dossier… Chose qu’elle n’avait pas forcément faite par manque de temps depuis votre mutation dans la 2ème division, qui s’était plutôt faite via le soutien du Sous-Amiral Niromoto…
Venez en au fait.
Oui… Bref, elle a été impressionnée par vos états de service, et… Hem… Elle vous a promu au grade de Commodore, effectif immédiatement.

Mon sang bouillonne et en une pulsation de mon cœur, embrase l'entièreté de mon organisme. Un sentiment d’extase m’envahit. Je vis réellement pour ces moments. Commodore Raines. Ça en jette. La plus haute marche du podium chez les officiers supérieurs. Un grade qui convient parfaitement à mon arrivée sur Grandline, me donnant une certaine liberté sur mes missions, me permettant de chercher les coups d’éclats et de glaner les médailles qui paveront ma route vers l’Etat-Major, ma prochaine étape. Je jubile intérieurement… Et je comprends mieux l’hésitation de ma subordonnée : elle devait appréhender le moment où j’exulterais dans le combiné de l’escargophone et lui déchirerait un tympan.

Félicitations, mon Commodore. Douce musique à mes oreilles. Je ferme les yeux, expire un grand coup pour calmer mes ardeurs et reprends mon calme naturel.
Merci, Enseigne. Poursuivez.
Oui. Grâce à votre promotion, vous êtes devenu l’officier le plus gradé sur l’île et il a donc été plus facile de faire exercer votre autorité. Il n’y avait de prime abord rien d’intéressant dans les dossiers de la 33ème, mais dans ceux de la Commodore Ayame de la 199ème, ont fini par montrer un lien intéressant…
Qu’avez-vous trouvé ?
Vous m’avez demandé de surveiller les flux de matériel ou de berries. Et bien figurez vous que la Commodore Ayame avait commencé à enquêter avec la capitainerie du port de Bighorn sur des flux de marchandises douteux, qui passaient du port au Dalton Express sans passer par une inspection des douanes, sans doute en versant des pots de vin aux dockers.
Et qui iraient directement au C.H.U. par train ? Peu probable, Lariboisière s’en serait rendu compte. Surtout une quantité aussi importante de matériel. Il doit y avoir un autre endroit sur l’île où ils opèrent… Littéralement.
J’ai peut-être une piste. Je hausse le sourcil.
Dites ?
La Commodore Ayame a rédigé un rapport sur la situation Drumoise dans le but de mieux y assurer la présence du gouvernement, et elle s’était intéressée au fonctionnement du royaume dans son ensemble.
Elle a vu quelque chose d’anormal ?
Il y a eu de multiples dispositifs de financement suite aux crises répétées pour que l’économie de l’île redémarre. Notamment pour redynamiser Robelle, c’est la seule ville industrialisée de l’île. C’est là que se trouvent les principales manufactures de Drumka, l’alcool local, et principal export de l’île. Elle marque une pause. Malheureusement, la Commodore Ayame est décédée, et nous n’avons pas pu avoir plus d’informations… Mais c’est là que les documents du Contre-Amiral Heltarson nous en ont donné d’autres. Depuis le déraillement du Dalton Express et la mise en suspens de la chaîne logistique, les financements vers Robelle ont augmenté… Et en particulier vers une certaine distillerie. Les montants sont démesurés par rapport à l’année précédente.

Je hausse le sourcil. Le pays est en situation de crise. Le train a déraillé. Le port est ravagé. Le centre hospitalier est vidé de ses médecins… Et un flux financier massif irriguerait une distillerie d’alcool ? C’est louche. Une distillerie à Robelle ? Ce serait le quartier général ? Ce n’est pas idiot. Le Dalton Express dessert Robelle, Bighorn et le C.H.U. et permettrait de couvrir toute la logistique des déplacements… Et ils pourraient avoir besoin de plus d’argent, avec le déraillement du train : plus de victimes à charcuter, et moins de matériel livré… La théorie est plus que plausible. Il est même possible qu’une partie de la manufacture des prothèses s’y passe. Tout le monde n’y verrait que du feu, parmi les autres usines. Ce serait l’arbre qui cache la forêt.

Mon Commodore ?
Pardonnez-moi, j’étais pensif. Je vais avoir besoin que vous me donniez l’adresse de cette distillerie. On va aller y jeter un coup d’oeil.
Bien reçu, mon Commodore ? Je vous recontacte dès que j’ai l’information.

Elle raccroche. Je me tourne vers l’Agent Ameublement.

Que pensez-vous de visiter Drum ?
J’ai entendu. Une distillerie, hmm ? Pourquoi pas. Ce serait une bonne couverture. Il acquiesce, puis nous quittons la pièce. Alors qu’il nous entend sortir, l’intendant du C.H.U. nous rattrape.
Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?
Oui, merci. Je vous recontacterai si j’ai à nouveau besoin de vous. Il hoche la tête en silence et prend congé. Mon escargophone sonne alors.
Mon Commodore.
Enseigne, vous avez le nom de la distillerie ?
Oui. Elle s’appelle... Un silence s’installe, alors qu’elle considère l’impact qu’aura sa prochaine phrase.

“L'Assommoir.”

J’esquisse un large sourire satisfait.

L’étau se resserre.
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