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Le serment des hypocrites

Les sabots de nos montures crissent dans la neige, qui à l’inverse du reste de Drum, est teintée de la suie qui s’échappe des immenses cheminées des usines. Nous avançons dans Robelle. Sans le Dalton Express pour voyager, nous avons dû faire appel à un moyen de locomotion plus… Rural. C’est ainsi que, chevauchant d’imposants rennes de trait, l’Agent Ameublement et moi-même avons fait la route depuis le C.H.U vers Robelle, avant d’être en chemin rejoints par seize de mes hommes. Notre objectif : l’Assommoir. La coïncidence est presque trop belle pour être vraie. Mentionnée dans les correspondances entre Tif Argilo et le “Docteur”, cette distillerie de Drumka pourrait bien être la dernière pièce du puzzle. Je tourne la tête vers l’Agent Ameublement, qui a retrouvé son apparence habituelle, si ce n’est qu’il est comme moi emmitouflé dans un épais manteau.

Vous voyez, là ça me rappelle Zaun. Je souffle en inspirant une bouffée d’air glacial qui me brûle l’intérieur des poumons. Jusqu’à maintenant, j’avais profité de l’air pur et ressourçant de l’île hivernale, mais me voilà à nouveau le nez dans les vapeurs d’une industrie qui tourne à plein régime. Nous marquons un arrêt, durant lequel l’Agent Ameublement consulte notre carte.

Prenons à droite. Encore deux rues et nous y sommes.

Je tire avec ma main droite sur mes rênes pour faire tourner ma monture et tout le groupe suit le chemin que l’Agent Ameublement indique. Nous finissons par arriver à un immense bâtiment ceinturé d’une haute muraille qui en restreint l’accès. Je lève la tête. Au milieu de l’édifice, trois gigantesques cheminées de briques crachent une épaisse fumée noire, ce qui retient mon attention.

J’ignorais que les distilleries avaient besoin de fourneaux aussi massifs…
Et bien… Ils mettent sans doute en avant qu’ils fabriquent eux-même la bouteille, ce doit être pour ça. Je hausse le sourcil et me tourne vers lui.
Comment savez vous ça ?
Je suis du Cipher Pol, Commodore Raines… C’est mon métier de savoir…

Je ne réponds pas.

Non, je plaisante. C’est écrit la. Il pointe du doigt un panneau publicitaire qui se trouve en face du mur d’enceinte, et sur lequel il est écrit en grandes lettres : Drumka “L’Assommoir”, la puissance et la fraîcheur du blizzard. Et en dessous, en fines lettres bleues : “L’Assommoir”, première vodka 100% Drumoise. Recette secrète centenaire. Bouteilles d’exception façonnées à la main.
Et vous allez me dire que l’immense mur qui entoure l’usine sert à protéger la fameuse recette secrète ?
Ce serait terriblement convénient.

Nous attachons nos montures non loin du parc de la distillerie, à un endroit où elles n’attirent pas trop l’attention. L’Agent Ameublement s’approche alors de moi, en aparté.

Bon… Comment comptez-vous procéder ?
Et bien vous commencez à me connaître… Je vais frapper à la porte, me présenter, expliquer les raisons de ma présence, et requérir la coopération du personnel pendant la perquisition des lieux.
Et vous pensez qu’ils vont vous laisser faire ?
Je n’ai pas vraiment le choix… Il hausse les épaules. La procédure, c’est cette ligne qui sépare la marine des pirates. Là où ces derniers revendiquent une forme ultime de liberté qui se rapproche en fait plus du chaos et de l’anarchie, nous représentons l’ordre et la loi. On ne peut pas faire comme bon nous semble, et nous devons être irréprochables. Toutefois, ces règlements qui donnent leur rigidité à l’ordre peuvent parfois entraver la bonne application de la justice et du bon sens. Devons-nous pour autant nous en affranchir ? Hors de question. Et pour ceux qui veulent faire preuve d’une certaine… Flexibilité, il y a le Cipher Pol. ... Mais vous, c’est une autre histoire. Je vous laisse vous y introduire discrètement, et farfouiller de votre côté.
Parfait. J’ai exactement le déguisement qui fera l’affaire ! Il esquisse un sourire, puis disparaît avec un Soru, ne laissant dans la neige que la trace de ses souliers. Je rejoins mes hommes pour les briefer.

Bien. Messieurs, vous savez pourquoi vous êtes ici. Nous allons mener une perquisition de la distillerie. Retournez chaque centimètre carré s’il le faut, relevez chaque détail qui pourrait indiquer que ce lieu sert à autre chose que de la production d’alcool. Prothèses, matériel médical, marchandises suspectes. Je veux trouver des preuves incriminantes.

Tous acquiescent et se mettent au garde-à-vous, et nous nous mettons en route vers la porte principale. Nous arrivons finalement à un passage dans le mur d'enceinte, suffisamment large pour que des calèches tirées par des animaux de trait puissent passer, et à côté de laquelle se trouve une petite cabine où un agent de sécurité monte la garde.

Halte ! Le gardien ouvre la petite fenêtre coulissante de sa cabine. Qu'est-ce que vous voulez ?
Bonjour. Je suis le Commodore Raines de la 2ème division de la marine. Je mène une enquête sur un réseau de trafic d'être humains et j'ai de très fortes raisons de penser que cette distillerie y est liée. J'aimerais, avec mes hommes, y effectuer une perquisition.
Et il vous faut pas un mandat pour ça ?
Non, pas du tout. Et vu que le royaume de Drum est rattaché au Gouvernement Mondial, je vous déconseille de me refuser l’accès.
C’est une menace ?
Une menace, non, mais un avertissement, tout à fait ! Cela fait plus deux mois que je suis sur cette piste, et ce ne serait pas une brillante idée de votre part de vous mettre en travers de mon chemin. La tension que je place dans l’atmosphère semble commencer à l’atteindre, et il commence à bégayer.
Euh… Hem… Euh, b-bien. Et bien… Allez-y, je suppose. J-je vais alerter le contremaître de votre présence.
Si vous pouviez éviter... Je préférerais avoir l'effet de surprise !
Et bien... C'est que c'est le protocole...
Ah, n'en dites pas plus. Si c'est le protocole, c'est le protocole ! Je le salue d’un hochement de tête et fais un signe du bras à mes hommes pour qu’ils me suivent alors que nous pénétrons dans l’enceinte de l’usine. Je marque alors une pause, et lance au garde par-dessus mon épaule : En revanche, quand vous l’appelez… Dites-lui de préparer suffisamment d’équipements de protection individuels ! Même s’il s’agit d’une perquisition, l’article R.233-83-3 du code du travail exige que nous en portions lors de la visite d’un site industriel !
Euh… O-oui ?
Messieurs, en route !

Alors que nous marchons dans la neige, je me sens comme enivré. Je sens que je touche au but. C’est ici que se trouvent les derniers éléments de cette enquête. J’en suis persuadé.
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C’est vous le Commodore Raines, c’est ça ?
Affirmatif. Bien que je sache que son doute n’est pas du tout dû à ça, j’esquisse un léger rictus d’agacement à la pensée que les épaulettes de mon uniforme ne sont pas en adéquation avec mon nouveau grade. C’est le genre de choses qui a le don de m’énerver, comme un véritable urticaire sur tout le corps qui ne passerait jamais. Je prends néanmoins sur moi pour passer outre et toise l’individu. C’est un homme bedonnant, qui doit avoir un peu plus d’une quarantaine d’années, et dont la peau et les traits sont marqués par une vie de dur labeur. Ses avant-bras, qui ne sont pas recouverts par sa veste de travail en cuir, sont couverts de suie. Une cigarette est vissée dans le coin de sa bouche, avec suffisamment d’expertise pour qu’elle ne tombe pas lorsqu’il se met à parler.
Je m’appelle Derek, je suis le contremaître de l’Assommoir. Je vais m’occuper de vous faire la visite.
Alors, il s’agit tout de même d’une perquisition, pas d’une simple visite…

Alors que je le corrige, il me lance un regard mauvais par-dessus son épaule et grogne pour seule réponse. Peu aimable. Mais ça m’est égal.

Le site est divisé en quatre secteurs, répartis dans deux bâtiments. Tout à gauche, il y a la partie où prépare le moût. Les grains entreposés dans les silos dehors sont rentrés, nettoyés et placés dans un moulin pour être broyés en farine. On y ajoute de l’eau dans ces grandes cuves et des enzymes pour favoriser la saccharification et transformer l’amidon en sucre. Tout est ensuite déplacé dans la seconde partie de l’usine vers les réacteurs de fermentation, où on ajoute de la levure pour transformer les sucres en alcool. Il indique du doigt différentes cuves en bois et en métal qui s’étendent jusqu’au fond de l’usine. Il reprend. La distillation se passe dans les alambics. Le bon alcool est séparé du mauvais par des coupes à différentes températures et un passage dans une colonne de séparation. On se retrouve avec de l’alcool quasiment pur. Il ne reste ensuite qu’à le mélanger avec de la bonne eau pure, ajouter des aromates et filtrer, et vous avez de la Drumka. Il marque une nouvelle pause alors que nous nous dirigeons vers le second bâtiment de la distillerie. C’est ici qu’on s’occupe de la mise en bouteille. Dans la première partie, on s’occupe de fabriquer la verrerie nous mêmes et dans la seconde on s’occupe de la logistique pour la vente.

Je dois reconnaître que pour le moment, ça ressemble plus à une visite guidée… Et que le contremaître est crédible dans son rôle. Au fur et à mesure que nous avancions, j’ai réparti mes hommes dans les différentes sections de l’usine afin qu’ils commencent leur fouille, jusqu’à ce que je sois seul avec le contremaître… Et j’ai laissé fureter mon regard. De prime abord, je n’y ai rien vu de particulièrement marquant… Jusqu’à ce que nous arrivions dans la dernière partie du bâtiment. Durant tout le début de la perquisition, il m’a semblé que toutes les premières opérations telles que décrites par le contremaître tournaient au ralenti. La plupart des cuves de moût ou de fermentation sont à l’arrêt, une seule des distillations est en cours dans un des alambics… Ce qui n’est pas si étonnant, si on y réfléchit comme ça. Tout d’abord, le pays est en pleine crise. Ensuite le Dalton Express, principal moyen de transport des importations et des exportations, est accidenté, ce qui limite les échanges. Enfin, contrairement à ce qu’on pourrait croire au vu du climat qui règne sur Drum, l’alcool ne doit pas être un produit de première nécessité. Surtout au vu du marketing utilisé par la marque : on devine qu’il s’agit plus d’un bien d’export qu’un produit consommé par les locaux. Alors pourquoi est-ce que les trois hauts-fourneaux semblent chauffer à plein régime ? Ils ne se sont sûrement pas reconvertis dans la vente de bouteilles vides…

Et puis… Il y a autre chose.


Dernière édition par Alex Raines le Lun 18 Sep 2023 - 11:20, édité 1 fois
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Le technicien en haut de l’échelle en train de tasser les céréales avant le broyage a une main prothétique. Celui qui verse la levure dans le bassin de fermentation a un œil et une jambe. Les deux hommes qui sont passés à côté de moi en portant une caisse m’ont laissé entrevoir des plaques de métal, discrètes mais maladroitement camouflées, sur leurs avant-bras. Je tourne la tête à gauche. Ceux qui sont en train de s’occuper des alambics ont également des augmentations robotiques. Je tourne la tête à droite. Ceux qui s’occupent des fours aussi. Je regarde le contremaître. Quand il a attrapé la rambarde de l’escalier de sa main gantée toute à l’heure, n’y-a-t’il pas eu un bruit métallique ? Tous seraient augmentés ? Et où sont mes hommes ? Et pourquoi n’ai-je pas eu de nouvelles de l’Agent Ameublement ? Derek le contremaître semble remarquer que je m’agite…

Il y a un problème… ?
N… Je ne termine pas ma phrase lorsque je vois ses yeux pétiller alors qu’il regarde par-dessus mon épaule. Je raidis in extremis tous mes muscles en utilisant mon Tekkai lorsque je sens le contact du métal dans mon dos. Immédiatement, je frappe le sol dix fois en une fraction de seconde pour me retrouver deux mètres derrière ma position initiale, utilisant le Soru, et être dans le dos de l’individu qui vient de m’attaquer. Au vue de sa tenue, c'est un des employés augmentés de la distillerie. Pas le temps de réfléchir, de me présenter, et de procéder à une arrestation en bonne et due forme. Il a tenté de porter atteinte à l’intégrité physique d’un Commodore de la marine ? Quand on joue à des jeux idiots, on gagne des récompenses idiotes. Je lui assène un cric dans le creux poplité, ce qui le fait tomber instantanément à genoux, le haut du corps basculant en arrière. J’abats alors ma main et frappe sa clavicule avec le tranchant de cette dernière, mordant dans l’attache de son bras métallique et l’envoyant immédiatement au tapis. Je prends appui sur son épaule et m’élance dans les airs, l’écrasant au sol. D’une série de Geppous, je prends de l’altitude et m’accroche à une chaîne qui est accrochée à une des très hautes colonnes de distillation. Je balaye la zone du regard. Aucune trace de mes hommes. Bordel, je n’aime pas ça. Je me laisse retomber face à Derek.

Je sais que vous avez dû vous sentir dos au mur, lorsque je suis arrivé… Mais nous attaquer ? C’était la mauvaise option… Je vais vous expliquer comment ça va se passer : je vais tous vous mettre au tapis, secourir mes hommes, et trouver des preuves de votre implication.
Et moi je pense que vous vous surestimez, Commodore… Il retrousse ses manches et ôte ses gants, me permettant de voir ses mains renforcées par des phalanges métalliques, qu’il fait craquer. Je lâche un ricanement, alors qu’il frappe mon torse de toutes ses forces. J’encaisse sans broncher avec un nouveau Tekkai, à sa grande stupéfaction. Comment ? Ces poings peuvent défoncer des plaques d’acier blindées !
A croire que je suis plus solide que ça, alors ! Je lui envoie un jab du gauche en plein dans le nez, que j'enchaîne immédiatement avec un crochet du droit dans le menton. Me servant de l’impulsion de ma frappe, je termine l'enchaînement en pivotant sur ma jambe gauche et en lui assénant un coup du pied droit en pleine tempe. Il voltige dans un tas de caisses qui se trouve sur le côté, près des alambics. Je m’approche des décombres. Je vous préconise de vous rendre sans opposer de résistance. Ça ne peut que mal se finir pour vous.
Kof… Comme je vous l’ai dit… Vous vous surestimez… Il se relève en toussant et en écartant les débris qui lui sont tombés dessus, avant de reprendre en beuglant. Maintenant !

Je me retourne instantanément, mais il est trop tard. Six ouvriers se sont discrètement approchés, le bas du visage masqué par des foulards… Et lancent dans ma direction des dispositifs que je ne saurais identifier. J’esquive les multiples projectiles en utilisant le Kami-E, avant de me rendre compte de leur nature alors qu’ils heurtent le sol : ce sont des bonbonnes remplies de liquide. Les fioles se brisent au contact du sol, laissant s’échapper un liquide incolore… Mais loin d’être inodore. De l’alcool. Du mauvais alcool. Sans doute du méthanol ou de l’huile de fusel, des sous-produits des distillations, qui ont été concentrés et transformés pour être utilisés comme une arme. Je porte immédiatement mon coude gauche à mon nez pour éviter de respirer les vapeurs, mais avec un bras en moins… Difficile de me battre. Mes adversaires en sont conscients et en profitent pour essayer de me submerger. J’esquive le premier qui se jette sur moi, et le frappe d’un violent coup de pied en plein dans le ventre. Plié en deux, il est propulsé dans les airs. Un second tente de m’assaillir. Je bloque une série de ses coups de mon seul bras disponible et l’envoie dans le décor en le finissant d’un cric dans le ventre. Je prends un coup à la tête, étant incapable de le voir venir. Je me retourne et envoie une série de Rankyakus, un peu au hasard, pour essayer de me dégager de mes assaillants et reprendre l’ascendant du combat.

Seul contre plusieurs, et en étant privé d’un bras, je n’ai pas d’autre choix que d’essayer de me ramener le plus possible à des combats individuels. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire : les ouvriers augmentés semblent possédés, et attaquent sans relâche alors que je frappe pourtant sans retenue… Ou du moins, sans trop de retenue. Je ne peux pas me permettre de me battre de toutes mes forces : ce sont des criminels, mais c’est à la justice de décider de leur peine, pas à moi de l’appliquer arbitrairement. Et puis… Et s’ils sont dans la même veine que les individus que j’ai rencontrés au Cimetière d’Epaves et à Zaun ? S’ils ont une capsule de cyanure implantée dans leur corps et prête à exploser s’ils n’obéissent pas ? Un frisson parcourt mon corps. Un frisson qui s’accompagne d’une seconde, ou plutôt d’un instant, d’hésitation. Et qui s’accompagne d’un moment d’inattention. Lorsque je vois quelque chose bouger avec ma vision périphérique et que je tourne la tête, il est déjà trop tard. La fiole m’arrive en plein dans la tête. Mon corps agit tout seul, et se raidit en utilisant le Tekkai. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir et de me rendre compte qu’il s’agit d’une grave erreur. Le verre se brise au contact de mon visage rendu aussi dur que le métal, libérant les alcools sur moi. J’effectue un mouvement de recul alors que les vapeurs caustiques viennent me saisir aux yeux et à la gorge, toussant et raclant.

L’effet est immédiat. L’odeur me monte immédiatement à la tête, et ma vue se trouble. Pour rester irréprochable, éviter toute bavure durant ma formation, et pour garder des états de services excellents, je n’ai jamais bu une goutte d’alcool… Alors ma résistance à la substance est quasi nulle, surtout à des concentrations aussi élevées, et qui en font un véritable poison. Au bout de quelques secondes, ma vue se trouble déjà… Et mes adversaires continuent d’attaquer. Je me replie sur moi-même, couvre mon crâne en croisant mes bras, et durcit mon corps avec le Tekkai. Il est hors de question que je ne cède, hors de question que je capitule. Ce serait admettre la défaite de l'institution dont je défends fièrement les couleurs et les valeurs. Je me prends une volée de coups, qui arrivent de toutes les directions. Je ne suis même pas capable de les anticiper, voire même de lire leur origine. J’ai la tête qui tourne. Je ferme les yeux. Des bruits de verre qui se brisent retentissent à mes pieds, et je sens de nouveaux effluves d’alcool monter. Bordel, je n’ai plus le choix. Il faut que je batte en retraite. J’envoie des coups hasardeux, les yeux à demi fermés, titubant presque. Je tente d’utiliser le Soru pour m’élancer dans les airs, sans succès. Je m’écrase à quelques mètres contre une lourde machine, manquant de m’assomer. Je saute, pour essayer de prendre de l’altitude avec des Geppous, mais c’est peine perdue : je suis incapable d’exécuter la technique, tant mon Rokushiki est brouillon. Je crois que je vais vomir. Mes jambes tremblent. Chancellent. Je tombe, et m’écrase de tout mon long contre le sol glacial de l’usine. Mes paupières clignent à toute vitesse alors que je lutte pour rester éveillé, mais rien n’y fait.

Quelques secondes plus tard, je perds connaissance, et c’est l’obscurité la plus totale.
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Les lumières dansent devant mes yeux. Je suis allongé. Ma tête est lourde. Mes yeux peinent à rester ne serait-ce qu’entrouverts. Je ne vois que des flashs. Une lumière blanche. Du blanc. Du rouge. Du sang. Mon sang ? J’ai mal.

Il se réveille !
Donnez-lui 50cc de propofol. Allons, Commodore Raines. Rendormez-vous.


Des seringues. C’est froid. C’est dans mes veines. Ça brûle. Mes yeux se révulsent et je me sens chuter dans le vide. Dans un puits sans fond. Dans le froid, et dans le noir. Seul. Sans contrôle sur mon corps. Et puis plus rien. Le rêve, je crois. Je suis dans la peau d’un autre. Je m’appelle Mizukawa. Je suis un pirate. Je délire ? Je suis une vieille métaphore et des ombres agrippent mes maux tels des poulpes. Mais l'encre est sèche. Il ne faut pas chercher à me comprendre, j'essaie moi-même de me regarder dans un miroir, mais les lettres s'inversent.

Eh ! Raines !

J’entends quelque chose. Une voix, au loin. Je ne suis qu'une succession de phrases, un paragraphe, un ensemble illisible. L'expression d'une pensée qui crie à sa nature. Elle l'implore le pardon, car sur le fond, toute cette histoire est partie d'une idée.

Raines, vous m’entendez ?

La voix semble se rapprocher. Je suis le pollen psychédélique, le poète raté. Perdu dans un labyrinthe de mots. Sans didascalies, sans sorties.

Attendez… J’ai une idée ! Commodore Raines, c’est terrible ! Je me réveille d’un coup et ouvre les yeux.
L’article R634-2 du code pénal punit de l'amende prévue pour les contraventions de la 4e classe le fait de déposer, d'abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l'exception des emplacements, conteneurs, poubelles ou bennes adaptés aux déchets désignés à cet effet pour ce type de déchets par l'autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu'il soit, y compris en urinant sur la voie publique, si ces faits ne sont pas accomplis par la personne ayant la jouissance du lieu ou avec son autorisation !
Vous êtes de retour parmi nous !
Euh… Je… Pardon ?

Mes instincts de soldat se réveillent tout à coup : il faut que j’évalue la situation. Devant mes yeux, la lumière aveuglante d’une lampe blanche. De toute évidence, je suis allongé… Et attaché à un lit par d’épaisses lanières de cuir particulièrement serrées. Je tourne la tête de droite à gauche, pour détendre ma nuque endolorie et balayer comme je peux les environs. Elle me paraît si lourde qu’à chaque rotation, j’ai l’impression que c’est comme si les grandes potes d’Enies Lobby s’ouvraient. Il n’y a personne. Ai-je rêvé la voix de l’Agent Ameublement ? Les dernières minutes me semblent particulièrement floues… Les dernières minutes… Je n’en suis même pas sûr. Peut-être même qu’il s’est écoulé des heures. Je n’ai plus du tout la notion du temps. Les derniers événements avant ma perte de connaissance me reviennent. Comment j’ai été pris au piège par les ouvriers de l’Assommoir. Je peste intérieurement. Je me suis fait avoir comme un bleu.

Content de vous revoir parmi nous.

Cette fois, je suis sûr d’avoir entendu l’Agent Ameublement. De toute évidence, il se trouve dans la pièce voisine. Je me situe dans une sorte d'alcôve, isolée du reste de la pièce par des rideaux à lanières plastiques opaques. A ma gauche, je devine l’ombre de mon partenaire de mission, allongé et retenu dans les mêmes conditions que moi.

Plaisir partagé. Vous êtes blessé ?
Ma tête va exploser, mais à part ça, je vais bien… Et vous ?
Pareil… J’ai l’impression de me réveiller d’un très mauvais rêve. Je n’ai jamais pris de drogues récréationnelles, mais c’est exactement comme ça que je me l’imagine.
J’imagine que vous êtes prisonnier, comme moi ?
Tout à fait. Avez-vous aperçu ou savez-vous ce qui est arrivé à mes hommes ?
Il y en avait quelques-uns à côté de moi, toute à l’heure… Mais des hommes sont venus les chercher. Depuis, plus rien.

Je serre les dents jusqu’à m’en faire saigner les gencives. Que je sois capturé, que je sois blessé, c’est une chose. Mais mes hommes sont sous ma responsabilité : ils se sont engagés à mes côtés pour m’épauler et m'obéir. En retour, j’ai juré de les protéger et d’assurer leurs arrières. Hors de question qu’ils meurent sous mes ordres.

Vous êtes capables de vous libérer ?
Je pense… Et vous ?
Ne me faites pas rire…

J’utilise le Kami-E pour assouplir mon corps au maximum, et déboite mes deux épaules et mes deux poignets. J’esquisse un rictus de douleur. C’est très loin d’être agréable, mais ça à le mérite de me permettre d’affiner énormément ma silhouette. En me dandinant petit à petit, je parviens à me glisser au travers de la sangle qui bloque le haut de mon corps. Je me redresse alors, et remet en place mes articulations dans un bruit dégoûtant, comme un boucher qui casserait l’aile d’un poulet. J’entends le même bruit du côté de l’Agent Ameublement. Bien, il ne perd pas de temps non plus, j’apprécie. J’effectue quelques moulinets pour m’assurer que tout est bien en place et je défaits les lanières qui m’entravent.

Je m’occupe d’aller chercher vos hommes, j’ai vu par où ils étaient partis. Je crois que vous avez un compte à régler avec eux, je vous laisse vous en charger ?
Affirmatif.

Sans même avoir eu besoin de se voir, l’Agent Ameublement et moi nous séparons sans perdre de temps. Alors que j’entends ses pieds frapper le sol pour partir en Soru, je pense à faire la même chose… Avant de me raviser. Je me sens encore un peu groggy, et j’ai toujours l’impression que ma tête va exploser… Alors je pars en courant dans l’autre couloir. J’avance à toute vitesse dans le dédale de couloirs de ce qui semble être le sous-sol de la distillerie… Et l’endroit où opère le réseau de trafiquants. Au détour d’un couloir, deux augmentés sont en train de discuter alors qu’ils montent la garde. Je fonce sur eux à toute vitesse, sans déclarer mon identité ni crier gare et les transperce chacun d’un Shigan alors que je passe au milieu d’eux. Silencieusement, comme un véritable assassin. L’attaque ne vise pas à tuer, mais la violence de l’impact les assomme sur le coup, et j’ai déjà parcouru plusieurs mètres lorsque leurs corps touchent le sol. Je défonce une porte, puis un autre, puis tombe à nouveau sur des hommes de main… Donc Derek, le contremaître.

Ha ! Il s’est lib…

Je ferme les yeux, serre les dents et prends sur moi. Soru. La douleur est intense, mais la technique est réalisée avec brio : je me retrouve à son corps-à-corps en une fraction de seconde. Jab dans la gorge pour l’empêcher d’appeler à l’aide, suivi d’un enchaînement de trois coups rapides. Deux jabs dans les testicules et  le sternum, et un crochet dans le menton qui le met K.O. directement. Ses collègues reçoivent le même traitement que leurs semblables. Des Shigans bien placés les mettent hors d’état de nuire. Pas de péché d’orgueil de ma part, cette fois, juste des frappes nettes, précises et terriblement efficaces.  L’objectif est de nettoyer l’endroit. De frapper d’abord, et de poser les questions ensuite.

Je défonce la porte devant laquelle ils se trouvaient, pour tomber sur ce que je cherche et que je redoute depuis maintenant plusieurs semaines : une table d’opération… Sur laquelle un de mes hommes est en train de se faire charcuter. Au-dessus de lui, deux médecins que je reconnais immédiatement. Le Toubib 8, Docteur Octavius, dont les tentacules prothétiques sont en train d’installer un appareil sur le corps de mon subordonnée… Et le Toubib 3, Docteur Freeman. Je serre le poing.

Ah ! Commodore Raines ! Vous auriez mieux fait de rester alité…

Mes yeux brûlent de colère.

C’est vous qui allez avoir besoin de prothèses, lorsque j’en aurai fini avec vous…

C’est clairement une menace… Teintée d’un peu d’esbroufe : je ne suis clairement pas au top de mes capacités, et cela me coûte tout ce que j’ai de me tenir droit devant eux. Ils m’ont assurément drogué durant ma capture, au vu de mon état de fatigue physique et des rêves délirants que j’ai fait… Mais je compte bien tout donner pour le mettre hors d’état de nuire…
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Vous êtes en état d’arrestation pour atteinte à l’ordre public, atteinte à l’intégrité de représentants du Gouvernement Mondial en exercice, trafic d’êtres humains, exercice illégal et barbarique de la médecine, faux et usage de faux et recel. Tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous dans un tribunal. Toute résistance sera considérée comme hostile et entraînera une réponse agressive et immédiate de ma part.
Allons, allons… Ne nous emballons pas… Je suis content que vous soyez là, Commodore Raines. Il parle toujours de cette voix sirupeuse, visqueuse, qui semble pénétrer chaque interstice de ma cervelle et m’apaise étrangement… Tout en me faisant me sentir incroyablement en danger. Comme un mélange de poison et de miel.
Croyez-moi, vous n’allez pas l’être très longtemps…
Non, vraiment… Si cela avait été un autre officier de la marine, mon plan n’aurait peut-être pas marché… J’ai fait un pari risqué en venant vous parler, au C.H.U… Et peut-être qu’un autre soldat, un soldat un peu moins zélé et rigide, m’aurait alors neutralisé à ce moment là…
Un pari ? Ne me faites pas rire, vous avez fait une erreur. Vous vous êtes trahi, tout simplement. Ne vous accordez pas trop de crédit.

Il éclate de rire.

Hahahaha ! Vous pensez vraiment que je ferais une erreur aussi grossière ? Vous patiniez pitoyablement, avec votre enquête, il fallait bien que je vous mette sur la voie !
Vos mensonges n’auront pas d’effet sur moi. J’ai confiance dans le travail que j’ai effectué, et je sais que vous n’y êtes pour rien.
Laisser traîner quelques preuves, quelques fichiers édités, dire un mot à la place d’un autre… C’est ce qui me permet de planter la graine dans votre subconscient. Mais c’est effectivement vous qui vous chargez de la nourrir et de la faire fleurir ! C’est fou ce qu’on peut faire en ayant ne serait-ce qu’une infime influence sur le cerveau humain… Vous ne vous êtes pas dit que vous m’aviez donné beaucoup trop d’informations sans vous en rendre compte ?

Je peste intérieurement, et grogne en serrant des dents. Je n’y crois pas une seule seconde… Mais ça a le mérite d’expliquer certains éléments étranges de l’enquête, non ? Je secoue la tête. Non, Raines. Ne te laisse pas empoisonner l’esprit. C’est exactement ce qu’il veut.

Ca n’a pas de sens. Des erreurs intentionnelles pour me mettre sur votre piste ? Quel intérêt ?
Disons que j’ai un petit projet en cours… Un projet qui requiert un marine avec un profil similaire au vôtre… Et quand mes hommes sont tombés sur vous, sur les mers bleues, j’ai senti que j’avais décroché le gros lot. Il marque une pause et s’avance de quelques pas vers moi. Vous m’apportez tout ce que je désire sur un plateau : un officier reconnu et particulièrement fort physiquement, un agent du Cipher Pol que je peux déguiser et infiltrer selon mes envies, et des soldats bien entraînés…
Un projet ?
Nul besoin de vous importuner avec ces détails… Dans tous les cas vous m’aiderez. Je lâche un soupir sarcastique.
Ça, ça m’étonnerait…
Comme je vous l’ai dit, vous vous accordez trop de crédit ! Il me tourne le dos, et s’approche de mon subordonnée, inconscient sur le billard. Il se saisit d’un petit appareil qui est posé à côté de son corps. Vous savez ce que c’est ?
Non, mais j’ai le très net sentiment que vous allez me le dire…
Hahaha ! Profitez, faites des traits d’humour tant que vous le pouvez ! Il reporte son attention sur le dispositif. Ça, c’est le fruit de nos travaux avec le Docteur Octavius. Ça ne paie pas de mine, n’est-ce pas ? Pourtant c’est un implant prothétique révolutionnaire. Je vous dispense du cours de chimie, mais ce petit bijou de technologie relâche en contenu dans l’organisme une substance qui rend hautement suggestif et docile…

Il me donne les dernières pièces du puzzle. Un spécialiste de l’hypnose qui s’associe à un spécialiste de la robotique et des prothèses pour créer ce qui n’est ni plus ni moins qu’un dispositif de contrôle mental. Voilà qui explique les hommes de main amorphes que j’affronte depuis le tout début, au Cimetière d'Épaves.

Et j’imagine que vous souhaitez me greffer un de ces appareils ? Malheureusement, je ne pense pas que votre plan va fonctionner. Du contrôle mental ? Cela ne peut assurément marcher que sur des esprits faibles. D’ailleurs, tous vos hommes que j’ai affrontés l’étaient particulièrement. Il n’y a pas vraiment d’intérêt à les contrôler comme des marionnettes s’ils sont aussi faibles.
Ah, vous pensez ? Et vos hommes alors, dans quelle catégorie les placez-vous ? Souhaitez-vous voir ce que ça donne ? Il affiche un sourire machiavélique en se frottant les mains. Je ne réponds pas et me contente de serrer les dents. Il tourne la tête vers mon subordonnée inconscient. Soldat, tuez le Commodore Raines.

Le marine se redresse instantanément, et descend de la table d’opération, ses yeux grand ouverts et fixés sur moi. Il s’approche lentement.

Soldat, repos. N’oubliez pas qui est votre officier supérieur. Je lui présente la paume de ma main, pour qu’il comprenne de s’arrêter, et il l’ignore. Il me bondit dessus, et commence à me rouer de coups de poings, que je bloque avec les paumes de mes mains. Soldat, cessez immédiatement si vous ne voulez pas aller en cour martiale !
Hahaha ! Regardez vous essayer de le raisonner ! C’est peine perdue ! Il ira jusqu’à donner sa vie pour essayer de vous tuer !

Je peste à haute voix.

Soldat, ne me forcez pas la main ! Nouvelle mise en garde de ma part qui n’a aucun effet. Je me fige en utilisant mon Tekkai, et mon subordonnée continue de me frapper le torse sans relâche. Jusqu’à ce que mon corps rendu aussi dur que l’acier n'entame la peau de ses poings. Jusqu’à ce que ces derniers soient couverts de sang. Jusqu’à ce que je sente ses os se fissurer à mon contact. C’est une scène déchirante pour moi. Mes hommes sont mes protégés. Mes frères et sœurs d’armes. Jamais je ne pourrais m’imaginer leur faire le moindre mal. Soldat… Arrêtez…

J’en viens à le supplier, alors que les larmes commencent à me monter aux yeux. Mais rien ne l’arrête. Je bloque alors un de ses coups, et vient le saisir à la gorge en clé d’étranglement, serrant petit à petit de plus en plus fort. Il se débat. Il continue à me frapper, alors même que sa gorge est écrasée par mon bras. Il continue alors même qu’il est en train de s’étouffer contre moi. Une larme coule sur ma joue. C’est contraire à ma nature, c’est contraire à mes valeurs. Et la panique monte dans ma tête qui est toujours embrumée. Le stress me pousse à une extrémité que je n’aurais jamais imaginée. Je relève les yeux vers le Docteur Freeman. Ne me forcez pas à faire ça…
Je ne vous force à rien du tout, Commodore ! C’est votre décision !

Je serre les dents à nouveau, si fort cette fois que j’ai peur de me briser les molaires. Je ferme les yeux un instant, comme si je pouvais m’endormir et me réveiller lorsque ce mauvais moment serait passé. Comme si je pouvais me réveiller de ce mauvais rêve. Et alors que je sens toujours les poings de mon frère de sermet frapper mes côtes, je resserre mon emprise… Jusqu’à ce que ses poings ne faiblissent finalement, et qu’il s’évanouisse. Je dépose alors son corps inconscient au sol, m'accroupissant pour l’accompagner délicatement. Je me relève ensuite vers les deux docteurs qui se tiennent en face de moi. Le sourire narquois du Docteur Freeman me donne envie de lui arracher la tête.

Vous vous amusez à me torturer, Docteur ? Grossière erreur. Je passe ma manche sur ma joue, essuyant mes larmes et le fixant avec une haine que j’ai rarement ressentie. Vous avez voulu jouer avec le feu… Mais vous n'allez pas vous brûler. Je vais vous incinérer. Vous réduire en un tas de cendres

Il ricane à nouveau, empli d'une suffisance que je meurs d'envie d'effacer à coups de poings.

Cette fois, c'est personnel.
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Oh non, je ne crois pas. Si c’était aussi facile pour vous, pensez-vous que je me serais donné autant de mal pour vous attirer ici ? Je soupire, agacé.
Encore cette rengaine ? Vous avez commis une erreur, vous avez fait un faux pas, et vous essayez de me faire croire que vous avez le contrôle de la situation pour me déstabiliser. Vous êtes faible. Vous savez que vous ne pouvez pas me battre sans user de subterfuges ou de stratagèmes.
Mais l’important c’est de gagner, non ? Les subterfuges et les stratagèmes, comme vous dites, sont simplement des tactiques pour s’assurer la victoire. C’est vous qui êtes faible si vous pensez le contraire… Il commence, en s’avançant lentement vers moi. Il reprend. Mais vous avez raison. C’est pour ça que j’assure mes arrières, et que j’ai un coup d’avance sur vous.

Il tapote sa tempe droite plusieurs fois de son index en me dévisageant… Et je mets quelques secondes à comprendre ce que son geste peut signifier. Je porte ma main droite à mon visage, et remonte lentement celui-ci. Je commence à angoisser lorsque j’atteins ma propre tempe et sens mes cheveux rasés. Je continue de remonter. La peau est sensible, elle picote. Il y a quelque chose sur mes doigts. Du sang ? Mon sang. Je remets ma main à ma tempe… Et mes peurs se concrétisent lorsque mes doigts entrent en contact avec la froideur d’une plaque métallique. Je ne veux pas y croire. Ce n’est pas possible. Mon corps tout entier commence à être pris de tremblements.

Vous vous doutez bien que les premiers que nous avons opéré sont votre collègue du Cipher Pol et vous-même… Il aurait été stupide de faire autrement. A ce propos, ne vous inquiétez pas, nous l’attraperons bien assez tôt…

J’ai envie de protester. De hurler à pleins poumons. Mais ils semblent vides. J’étouffe. Je suis pris de tellement de tremblement que c’est comme si j’en convulsais. J’imagine les scalpels mordre ma chair et faire couler mon sang à mon insu. J’imagine la sainteté de mon corps violée par ces docteurs qui tiennent plus des bouchers. Et j’ai surtout l’image glaçante de mon subordonnée, converti d’allié à ennemi en une simple phrase. Vais-je finir en zombie docile pour le compte de ce savant fou ? Hors de question. Ma flamme intérieure se ravive, et propage une chaleur réconfortante dans tout mon corps. Je ne suis pas si faible.

Je suis le Commodore Raines. Ma conviction et ma volonté sont inébranlables ! Vous pensez pouvoir me dominer aussi facilement ?
Et bien… Et si nous vérifions ? Hmmm ? A genoux.

Un grondement sourd retentit dans mes oreilles alors que j’entends sa voix. Cette dernière se met alors à résonner dans mon crâne, comme si un gong avait été frappé. Elle me fait trembler… De l’intérieur. Je n’ai jamais ressenti quelque chose de tel. Et puis le sol se dérobe sous mes pieds. Il n’y a que le vide. Que la sensation de la chute et celle de mon cœur comprimé qui remonte dans ma poitrine. J’ai la nausée, l’envie de vomir. Et avant que je n’aie le temps de m’en rendre compte, je remarque que je suis agenouillé devant lui. La terreur m’envahit alors complètement.
Vous voyez ? Voilà ce que valent vos convictions face à la puissance de ma technologie… Il ricane en se frottant les mains.
Enlevez-moi ça tout de suite… La fureur est toujours présente, mais elle est ensevelie sous des tonnes de peur et d’angoisse, pareilles à des sables mouvants dans lesquels je m’enfonce et qui compriment petit à petit ma poitrine. J’étouffe. Je suis à deux doigts des larmes, presque prêt à les supplier.

Non, je ne crois pas, non. Le Docteur Freeman s’avance vers moi en se frottant les mains. Le Docteur Octavius s’approche également, en se servant de ses tentacules prothétiques pour avancer.
Hum ! Vous faites moins le malin, maintenant, n’est-ce pas ? Plus de menaces ? Le chat a mangé votre langue ? Il me gifle avec un de ses bras télescopiques. Je n’esquive pas, et le prends de plein fouet dans la joue. Je pose un genou au sol, et crache en m’étouffant. L’air ne vient toujours pas.
Ne l’abimez pas trop, Octavius. Après tout, le Commodore Raines va bientôt avoir un rôle très important à jouer…

La perspective de ce qui m’attend me ramène brusquement à la réalité, me sortant momentanément de la torpeur.

Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Plein de choses, Commodore Raines ! Tout d’abord, vous me permettez de continuer à tester et à améliorer mon implant… Entre votre collègue du Cipher Pol et vous, j’ai désormais la certitude que la prothèse fonctionne même sur des forces de la nature… A condition que je sois à portée de voix pour transmettre mes ordres, là où pour des individus plus faibles, une simple liaison escargophonique suffit ! Il marque une pause en marchant en cercle autour de moi, alors que je suis toujours à genoux, amorphe. De manière générale, vous êtes une ressource précieuse… Mais c’est surtout demain que vous allez m’être utile.

Demain ? Pourquoi demain en particulier ? L’information trotte dans ma tête quelques instants, avant que je ne repense aux paroles de l’intendant du C.H.U. Les mots sortent tout seuls de ma bouche.

Le sommet d’urgence au Palais des Glaces… ?
Vous êtes perspicace ! Effectivement… Il prend à nouveau une courte pause, puis reprend. Disons que notre petite opération prend de l’envergure… Alors qu’en parallèle, la situation dans laquelle se trouve le royaume de Drum est une véritable aubaine… Une opportunité à exploiter ! Les rapports avec les montagnards sont tendus, notre bon roi vient d’être kidnappé et se retrouve privé de la tête de sa milice, la présence de la marine ne se réduit plus qu’à quelques troupes…
Vous comptez faire un coup d’état ?
Pas assez discret ! Si je prends le pouvoir de manière frontale, le Gouvernement Mondial enverra des renforts avant que je n’ai eu le temps d’en profiter… Il s’approche de moi et attrape mon visage entre ses doigts. Alors que si je vous envoie kidnapper le roi…

Je finis sa phrase à sa place.

Si je kidnappe le roi, cela vous permet de lui implanter votre appareil et d’en faire un de vos pantins… Et en plus, le marine est tenue pour responsable…
Le royaume de Drum aura une raison de quitter le Gouvernement Mondial et de réclamer son indépendance… Et nous aurons tout le financement et l’infrastructure pour développer et déployer sur le marché cette technologie très prometteuse… Et ensuite, à moi la richesse, et la farniente ! Le Docteur Octavius complète les paroles du Docteur Freeman en se frottant les mains.

J’aimerais clamer haut et fort que leur plan ne marchera jamais mais… Leur plan est assez sensé. Drum enchaîne les crises depuis des années, et le Gouvernement Mondial a du mal à y asseoir son influence… Un tel acte d’agression, surtout s’il implique un complot gouvernemental de par la présence d’un agent du Cipher Pol et un officier de la Marine, pourrait détruire le mince espoir que nous avons d’y rétablir une situation normale. Pire encore, le peuple Drumois vivrait dans un pays contrôlé par un souverain zombifié… Et serait à la merci de ces savants fous et de leur projet… Qui risquerait ensuite d’affecter les vies de milliers d’innocents. Leur influence s’étend déjà sur les mers bleues et fait des ravages… Je n’ose imaginer les conséquences s’ils parviennent à mettre leur plan à exécution. C’est mon devoir de les en empêcher…

Je ne vous laisserai pas faire…
Oh, Commodore Raines… Je crois que nous avons déjà discuté de ça… Au contraire, vous allez nous aider… Dormez. Et lorsque je claquerai des doigts, vous vous réveillerez et obéirez à tous mes ordres.

Je lutte de toutes mes forces pour rester éveillé… Mais mes yeux se ferment tout seuls à mesure que sa voix s’infiltre dans mon crâne et qu’elle y résonne comme un puissant acouphène. Impossible d’y résister. Mes paupières sont lourdes, pesantes. L’obscurité remplit petit à petit mon regard, et je sens l’intérieur de ma tête s’alourdir. Mes oreilles… N’entendent plus un son. Je me sens isolé. Dans… La pénombre… Je… Je crois que… Je ne vais pas… Y résister… Je… Ne… Vois… Plus que… Les ténèbres… Je... N'entends... Plus... Rien...

Plus qu'un claquement de doigts dont l'écho se réverbère dans l'immensité du vide.
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