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[Q] Devenir le meilleur sabreur ! ; Chapitre 1


A Lynbrook, il y avait un vieil adage (si on pouvait appeler ça adage) qui disait ceci : « La marine... On connait même pas le mot marine ici ! On a peur de personne à part du type ! » Ça annonçait le ton, n’est-ce pas ? Sur cette base, dire que l’endroit était un repère de forbans et de malfrats en tout genre serait un euphémisme. L’île était clairement un eldorado pour tout bandit de grand chemin qui se respectait. Seulement, il y avait toujours des exceptions lorsqu’on parlait de l’effet que faisait le bras armé du Gouvernement Mondial dans les environs. Certaines têtes de la marine étaient donc plus connues que d’autres et inspiraient la terreur partout où le mal et le vice régnaient en maitres. C’était d’ailleurs le cas de la plupart des membres des membres de l’amirauté ; surtout d’un élément en particulier dont le nom commençait tout doucement à se dégager pour prendre la succession de l’amiral Tetsuda mort au combat. Cet élément-là, c’était bien évidemment bibi et c’était sans aucune hésitation que mon navire fonçait droit sur cette île malfamée que je ne connaissais que de réputation. Un endroit tellement pourri que la marine se faisait la réflexion qu’il n’y avait pas grand-chose à en tirer, très clairement…

Lorsque sur l’un des rivages de Lynbrook, on aperçut un cuirassé de la marine foncer sur l’île, on se mit à rigoler grassement. Des détournements de navires de guerre par quelques bandits des mers sans scrupules qui ne craignaient pas de se frotter aux mouettes, il en arrivait de temps à autre dans l’année. Ensuite, lesdits cuirassés, une fois arrivés sur l’île, étaient complètement démontés et les pièces détachées vendues à prix d’or çà et là. Le cas était tellement typique des environs, récurent et marrant pour les habitants de ce trou paumé, qu’ils furent loin de se faire la réflexion qu’un véritable équipage de la marine filait droit sur leurs terres. Ce ne fut qu’une fois que le navire accosta et qu’un petit groupe de marines foula le sol des environs que les locaux comprirent leur erreur. Enfin… Pouvait-il en être autrement ? Ce n’était pas comme si les côtes étaient armées d’une batterie de canons pour couler les indésirables. Et puis, de tout temps, les marines ou les agents du GM n'avaient jamais approché l’île de façon aussi ouverte, directe, effrontée. De quoi blesser l’égo des gars sur place qui s’armèrent avec la ferme intention d’encercler ces indésirables. Seulement, les premiers qui voulurent en découdre se figèrent sur place…

Ils avaient bien reconnu ma sale tronche de gros blasé de la vie…

- « C-C’EST F-FENYANG JR !!! »

- « AAAAAAAAAAAHHHHHHHH !!!! »

- « FUYEEEEEEEEEEZZZZZZZ !!!! »


Un seul être apparait et tout est débandade. Forcément. Il faut dire qu’après les amiraux, j’étais le plus connu… Et certainement le plus fort aussi. D’où le fait que j’étais bien pressenti pour prendre la place de l’autre imbécile qui était mort pitoyablement. Ouais ouais. J’avais jamais porté Tetsuda dans mon cœur. Son initiative de remettre au gout du jour la bataille de Marineford du siècle dernier avait été une idée de merde. C’était également le premier revers de la vierge d’acier et une honte pour les autres amiraux qui n’étaient pas sur place. Un déshonneur pour toute la faction. Pour autant, les individualités de l’amirauté n’étaient pas à prendre à la légère, d’où le fait que les habitants du coin avaient flippé et s’étaient barrés illico en me voyant, sans même chercher à se battre. Evidemment, la récente bataille de Marineford avait aussi eu du bon, si on peut dire ça comme ça. Pour avoir combattu un empereur et être complètement sorti indemne de notre combat, autant dire que j’en ressortais personnellement grandi. J’étais dans une autre dimension. Apte à faire mon nid dans la cour des plus grands… Et forcément, mes prouesses avaient retenti jusqu’ici, ce qui eut pour effet de terroriser encore plus ceux qui me fuyaient.

Et forcément, effet domino oblige…

En un rien de temps, la nouvelle de mon arrivée inopinée circula comme une trainée de poudre dans toute la côte sud. Certains se planquèrent dans leurs bâtisses de fortune, tandis que d’autres fuyaient à l’intérieur de la ville pour se trouver une meilleure cachette, ou tout simplement être loin de moi et de ma lame. Va savoir. Devant cette situation aussi comique que ridicule, j’eus un soupir, là où tous mes hommes de main furent complètement hilares ! S’il se foutaient de la gueule des habitants du coin qui avaient complètement déserté le port, ils se moquaient aussi de moi, vu que ma présence dans le coin allait certainement être su de tous dans ce dépotoir à ciel ouvert, ce qui alerterait surement ma cible qui aurait la largesse de se planquer éventuellement. Un brin agacé par cette perspective, je me massai la tempe gauche à l’aide de quelques doigts avant de prendre tranquillement un chemin au hasard. De toute façon, il fallait bien que je m’enfonce dans ce trou puant pour espérer tomber sur le fameux Don Lope Di Sangrin. Oui, parce que c’était pour ce type que j’étais là. Pour lui foutre la misère après qu’il ait saccagé tous les efforts d’infiltration d’une des rares Cipher Pol que je tenais en haute estime. Pour m’aider dans ma recherche, une partie de mes hommes se dispersèrent dans l’île pour essayer de localiser l’énergumène.

Avec un peu de chance, on le retrouverait avant la fin de la journée…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 26 Sep - 15:30, édité 1 fois
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- « MAIS TU POUVAIS PAS TE RAMENER DE FAÇON PLUS DISCRÈTE ?! T’ES UN VICE-AMIRAL BORDEL ! FAIS UN PEU PREUVE DE JUGEOTE !!!! »

- « Uwaaah… Doucement babe, doucement… »


Il n’avait fallu que trente minutes top chrono pour que la nouvelle de mon arrivée ne parvienne aux oreilles de Cherry qui était apparemment planquée au beau milieu des taudis de l’île. Cette dernière avait fini par péter un câble et par me contacter par den-den-mushi en me gueulant dessus comme du poisson pourri ! A croire que les agentes gouvernementales (Cipher Pol en particulier) étaient vraiment des tarées ! Y’en avait pas une pour rattraper l’autre, clairement. Avec le recul, je n’avais connu que des pouffiasses dans le genre. C’était peut-être le bon moment pour revoir mes gouts en matière de femmes, parce que ouais, j’étais vraiment pas verni en la matière. La pensée m’arracha alors un rire qui irrita encore plus la belle Cipher Pol à l’autre bout du fil qui continua de m’houspiller pendant deux à trois bonnes minutes avant de finir par se calmer. De toute façon, le mal était déjà fait. A la fin de son hystérie, elle se frappa le front avec l’une de ses paumes, soupira et se terra dans une espèce de mutisme qui frisait la bouderie. Typique des femmes de son genre… Mais c’était ce qui faisait son charme, clairement. Je n’étais plus aussi dragueur qu’avant, mais mes anciennes amantes me faisaient toujours autant d’effet. Faut croire que je restais faible sur ce point.

- « Bon alors, qu’est-ce que tu fous actuellement… ? Tu veux que je vienne te faire un câlin avant de le tabasser pour ton joli cul ? » Que lui demandais-je en gloussant, tout en continuant à marcher nonchalamment à travers les rues sales et étroites du ghetto géant.

- « Qu’est-ce que tu crois que je fais ? Je suis en train de l’épier là ! » Me répondit-elle, un brin agacée par mon ton décontracté et joueur.

- « Ooooh… Et qu’est-ce qu’il fait ? »

- « Bah, figure-toi qu’il est en train de s’empiffrer de nouilles dans un stand ambulant, ce fumier ! Il a vraiment ruiné ma planque ce sale type ! Tout ça parce que l'une des serveuses de mon bar voulait pas coucher avec lui, tu t’en rends compte ?! Tu veux que j’essaye de te guider jusqu’à nous ? Plus vite t’en finis avec lui et mieux ce sera ! Je pourrais sereinement tout reconstruire derrière ! »


- « Tu sauras très chère Cherry, que le haki de l’observation fait de sacrées merveilles. J’sens déjà ta présence sur l’île et je sais déjà où tu te trou- »

Et voilà qu’elle avait raccroché sans même attendre que je finisse ma petite plaisanterie. Ah, ces femmes… Aucun humour, vraiment. Je me mis alors à sourire, mais ledit sourire s’envola très rapidement lorsque je vis devant moi deux types qui en imposaient et pas qu’un peu. Leurs gueules étaient assez connues pour que je les identifie du premier coup d’œil ; même si pour être carrément honnête, j’avais pris mon temps pour consulter toutes les informations sur Lynbrook que Cherry m’avait envoyé : les guildes qui régnaient en maitre dans le coin, les personnes qui la commandaient, le nombre approximatif de sbires qu’ils avaient… Bref la totale. De ce fait, alors que le soleil était à son zénith et que j’étais vraisemblablement arrivé dans la fameuse grande allée de l’île, Kradets et Izma, côte à côte me faisaient face. Un voleur et un contrebandier, main dans la main, prêts à défendre leur fief. C’était beau et marrant à la fois. De quoi m’arracher un sourire. Devant mon air tranquille, Izma fronça les sourcils et se mit à craquer les jointures de ses paluches, vraisemblablement prêt à en découdre. Cependant, Kradets fut le premier à s’avancer d’un pas prudent vers moi, avant de prendre la parole, coupant ainsi l’herbe sous le pied à son rival.

- « On peut savoir ce qu’un vice-amiral cherche dans un coin aussi paumé ? »

- « Putain Kradets ! T’as cru que tu commandais ?! Faisons-lui sa fête ! J’suis sûr qu’il ve- »

- « Don Lope fait apparemment du grabuge. »
Coupai-je aussitôt, de sorte à sciemment interrompre Izma. « Je viens vous aider à vous en débarrasser. »

- « Ah ouais ?! Et depuis quand la marine s’intéresse à un trou à rats comme le nôtre ?! Et puis d’ailleurs, comment t’as su qu’il était ici, hein ?! »

- « Elle ne s’y est jamais vraiment intéressé, Izma. Je veux juste confronter ma lame à l’un des plus grands sabreurs de ce monde. Si j’ai pu faire face à Red sans crever lamentablement, je veux voir jusqu’où je peux aller, voyons… »
Répondis-je, en omettant sciemment de lui indiquer mes sources.

Même si les deux hommes n’en laissèrent rien paraitre, l’information eut tout de même pour effet de les faire frissonner désagréablement. Ils devaient savoir pour Tetsuda, raison pour laquelle sortir d’un combat face à l’un des empereurs en place comme je l'avais fait, c'était une prouesse qu’eux-mêmes avaient du mal à envisager. En dépit de leur caractère bien trempés, les chefs de guilde comprirent rapidement que même à eux deux, rien ne leur garantissait la victoire. Mon air paisible irritait particulièrement Izma qui se pensait nargué, mais hormis serrer le poing et me toiser d’un œil torve, il ne fit rien d’autre. Ce fut donc Kradets, certainement le plus rusé et le plus calme d’entre eux qui reprit la parole : « Qu’est-ce qui nous dit que tu n’es pas là en éclaireur ou que tu ne nous la feras pas à l’envers une fois que tu auras eu ce que tu cherches, vice-amiral… ? » Il haussa un sourcil de plus que l’autre, interrogatif, comme s’il utilisait le haki de l’observation pour me sonder. Légèrement surpris par sa question, je finis par me tâter les poches ce qui eut pour effet de mettre les deux bandits sur leurs gardes. Seuls un paquet de clopes et le briquet qui allait avec furent extirpés de mes vêtements et c’est même tranquillement que je m’en grillai une.

Après ma première bouffée, ma réponse fut sans équivoque :

- « Si on part du principe que je serai plus affaibli qu’autre chose après notre combat, les probabilités pour que je vous la fasse à l’envers sont moindres. Détruire l’île est à la portée de la marine, mais ce n’est pas un seul vice-amiral aussi puissant soit-il qui peut tout casser. Et puis, un buster call n’a pas spécialement besoin que je vienne en reconnaissance… si ? »

Cette fois-ci, leurs mines pratiquement déconfites trahirent leurs états d’âmes. Je venais de leur foutre un gros coup de pression. L’évocation du buster call avait toujours cet effet-là, tant cette opération militaire était crainte de tous ou presque. Il y avait de quoi, surtout qu’elle était capable de raser Lynbrook qui n’était pas si grand que ça, finalement. Je haussai mes épaules en tirant sur ma clope et en recommençant tranquillement à marcher. Si le voleur avait un regard mi-craintif mi-intrigué, le contrebandier, quant à lui, me fusillait carrément du regard, haineux. En passant entre eux, je m’arrêtai une seconde pour rajouter : « Dites à vos gars de se tenir tranquille et je fais pareil avec les miens. Je règle mes comptes avec Don Lope et je me barre illico. » On pouvait trouver ça ubuesque comme situation, mais l’histoire de la marine était jalonnée de circonstances identiques. Des officiers qui ne poursuivaient pas des hors-la-loi pour x ou y raison, il y en a eu des tonnes. Là en l’occurrence, me disperser parce qu’ils avaient de grosses primes était futile. Je n’étais pas du tout invincible. La bataille récente de Marineford me le rappelait constamment. C’est donc sur cette pensée que je continuai tranquillement mon chemin…

Les deux chefs de guilde ne tentèrent rien, ayant clairement compris que je n’étais pas là pour eux.

Mais ils n’étaient surement pas prêts d’oublier cette espèce de discussion entre nous.

Surtout Izma, qui n’arrêtait pas de grogner comme un clébard. L’enfoiré voyait rouge. Et il y avait moyen qu’il ne s’arrête pas là…
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- « Eh ben… J’aurai dû accoster par le nord, moi… Faire tout ce chemin depuis le sud… »

C’est donc une quinzaine de minutes après ma rencontre avec les chefs de guilde, que je dénichai le fameux stand ambulant qui proposait des nouilles, mais pas que. Il y avait effectivement plusieurs victuailles et ce n’était pas le choix qui manquait. Les effluves de ces différents plats donnaient clairement l’eau à la bouche, d’autant plus qu’il était midi tapante. Un client semblait tranquillement posé sur le seul banc que proposait ledit stand. C’est donc tranquillement que je m’assis à ses côtés, comme si de rien était. En voyant à qui il avait affaire cette fois-ci, le visage du tenancier se décomposa complètement. Même s’il semblait ne pas être un bandit, le fait d’être devant l’un des marines les plus puissants actuellement semblait lui faire perdre contenance. Cependant, je devinais aisément que je n’étais pas sa seule source de stress quand on constatait à quel point les rues étaient désertes et que les habitants s’étaient barricadés dans leurs bicoques et autres taudis. En effet, le tout premier client déjà installé n’était autre que Don Lope Di Sangrin. Une terreur des mers. Un fauteur de troubles comme on en voyait que très peu, d’ailleurs. Après tout, rares étaient les forbans qui versaient dans la piraterie en solitaire. Vêtu d’un kimono noir, ample et brodé or, le tout surplombé d’un haori, il arborait un sourire qui témoignait sa sérénité.

Ma présence était loin de lui faire peur.

« Un vice-amiral dans les parages, rien que ça ! C'est une journée à marquer d'une pierre blanche ! » S’exclama le pirate.

« Ça n’a vraisemblablement pas l’air de te faire peur… » Répondis-je d’un air rêveur, les yeux rivés sur un pot-au-feu devant moi.

- « Oh, je devrais ? Vu les déboires que vous essuyez actuellement, comment avoir sérieusement peur de vous ? J’aurai à la limite préféré Boïna ! Contrairement à toi, Fenyang, je lui aurai proposé un verre ! »  

Et sur sa boutade, Don Lope se mit à se bidonner comme un bossu, non sans se payer une grosse lampée de son breuvage. A l’odeur, je distinguai du saké. Étonnant qu’on puisse en trouver dans cette île… Quoique pas tellement, vu la gueule des guildes. Voleurs, contrebandiers… Ouais… Pour peu qu’on ait du cash, on pouvait donc tout trouver ici ou presque. Ne sachant point où donner de la tête dans cette conversation entre pointures de ce monde, le vieux tenancier tremblait comme une feuille, à la limite de se faire sur lui-même. D’un tempérament sûr de lui et radieux comme jamais, Don lope secoua sa coupole de saké vers le vieillard : « Du calme, du calme ! Le vice-amiral est là pour moi. Il est assez intègre pour ne pas ruiner ton commerce ou te tuer. Moi aussi d’ailleurs, bahahaha ! » Là, sa tirade m’arracha un gros soupir, ce qui eut pour effet d’offusquer faussement le plus grand bretteur du monde. Sans attendre, il enchaina alors : « Quoi ?! Tu me crois pas ! Mais je vais rien lui faire à ce pauvre innocent ! » J’eus un second soupir. Plus long cette fois-ci et un brun amusé même. Si je pouvais sentir à travers mon mantra qu’il ne racontait pas de bobards, on pouvait pas dire qu’il transpirait l’innocence.

Fracasser des gueules ou bousiller des endroits, c’était clairement son dada…

S’il n’avait pas bousillé le bar qui servait de planque à Cherry, on n’en serait surement pas là…

- « Franchement Fenyang, tu pourrais faire un effort ! Moi qui pensais qu’entre beaux gosses, on s’entendrait… »

- « Ben voyons… »


Je secouai ma tête de gauche à droite avant de jeter un coup d’œil à Don Lope qui avait retiré son chapeau de paille pour dévoiler un peu plus sa gueule. Entre ses yeux clairs, son sourire éclatant et ses pommettes légèrement saillantes, on oublierait presque que ce type devait dorénavant taper dans la quarantaine comme moi. On parlait après tout d’une légende d’escrime de longue date. Seule sa barbe grisonnante et sa calvitie trahissait son âge légèrement avancé. Bref, Don Lope avait une gueule de daddy, mais aussi de dandy qui en imposait. Niveau charisme, il était au top. Clairement son atout charme qui devait séduire les nombreuses demoiselles qu’il croisait sur son chemin, si l’on en croyait les rumeurs. Cherry était l’une des seules exceptions, vu qu’elle voulait le voir six pieds sous terre et le qualifiait de « kitch ». Aaah, les femmes… « Alors, qu’est-ce qui t’amène ici, vice-amiral ? Ne me dis pas que tu es uniquement venu ici pour tester tes compétences en escrime. Il n’y a surement pas que ça, vu comment tu as débarqué sans prendre la peine de te faire discret. On entendait tout le monde gueuler ton nom ! » Je gardai le silence pendant quelques secondes et tirai une taffe de ma dernière cigarette de la journée.

L’idée était d’expédier ce combat, mais le pouvais-je réellement ?

- « T’as bousillé le business d’une connaissance dans tes promenades, on va dire… »

- « Même les marines de ton calibre ont des amantes dans ce trou à rats ? »
Répondit-il en se marrant, avant de s’envoyer une autre coupole de saké.

- « Moi qui pensais qu’entre beaux gosses, on se comprendrait sur le fait que les pestes sont les meilleures amantes au lit… »

- « Bahahahaha ! Tu marques un point pour le coup, Fenyang !!! Je t’aime bien finalement ! Tu veux un peu de saké ? Il est plutôt bon ! »

- « Sans façon. Autant commencer, non ? »

- « Tu es si pressé de connaitre le gout amer de la défaite ?! »


A la suite de sa réponse, Don Lope eut un grand sourire. Le tenancier, quant à lui, était complètement livide. Ce qui se passait sous ses yeux était lunaire. Mais bien avant qu’il ne tourne de l’œil, une violente bourrasque s’abattit sur son échoppe ambulante, ce qui le poussa à fermer les yeux et à se protéger le visage. Cinq secondes plus tard, le calme revint régner en maitre, si l’on exceptait de gros coups de métaux qui s’entrechoquaient un peu plus loin. Du reste, lorsqu’il ouvrit lentement les yeux et regarda devant lui, le vieillard ne vit personne. Il fit le tour de sa charrette mobile, se positionna devant et nous chercha du regard avant de nous voir à l’autre bout de la rue, en train d’échanger des coups de sabre d’une véhémence inouïe ! Choqué par la rapidité et l’ardeur dont nous fîmes preuve, le pauvre vendeur finit par comprendre que ce qui provoqua la bourrasque ne fut rien de moins que nos déplacements supersoniques ; et ce pour éviter d’emporter son commerce dans un déferlement de violence sans commune mesure. Ne sachant s’il devait nous remercier ou pas, l’homme déglutit, puis se hâta de retourner à son stand pour le fermer et décamper fissa ! De notre côté, la première passe d’armes eut un terme lorsque je décidai de rengainer mon meito.

Quelque peu circonspect, mon adversaire eut la décence de ne pas m’attaquer, mais demanda :

- « Tu es le premier à m’avoir défié et tu rengaines. Pourquoi ? Aurais-tu finalement compris que tu n’as aucune chance contre moi ? C’est néanmoins trop ta- »

- « Ooooh, arrête de bavasser ! » Dis-je pour le couper, non sans dégainer un sabre classique à la place. Un nodachi pour être plus précis. « Ta rapière n’est pas un meito. Pourquoi est-ce que j’me battrais contre un type qui n’a même pas de sabre supérieur ? »

- « D’aucuns trouveraient ça admirable… Mais moi je trouve ça presque insultant, Fenyang ! Tu penses réellement avoir mon niveau ?! »
Demanda-t-il passablement énervé par ce qu’il considérait comme du culot, là où moi je ne voyais que du fair-play.

- « T’as qu’à juste me forcer à dégainer de nouveau mon meito alors ! »
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Le chauve se débarrassa alors de son haori blanc qui surplombait ses épaules, la mâchoire serrée et les sourcils froncés. Je l’avais fait sorti de ses gonds, il faut croire ! C’est d’ailleurs à cet instant précis que je me fis la réflexion qu’il avait une drôle de dégaine. Il arborait le style des natifs de Shimotsuki ou même Wanokuni, mais il ne semblait pas être des leurs. Une lubie ? Un hommage ? Une mode ? Enfin… J’étais pas bien mieux quand on voyait que je n’avais rien arboré comme vêtements hormis un jeans et un gigantesque manteau de la marine sur mes épaules. D’aucuns disaient même que j’étais un nudiste. Moi j’me disais minimaliste. Autant être à l’aise, surtout sur une île où la chaleur tapait aussi fort qu’en plein milieu du désert Alabastien. C’était même à se demander comment il tenait dans son espèce de kimono noir là. Mais même pas le temps de trop y penser que monsieur adopta une posture de combat en se tenant bien droit comme un piquet, le bras de libre derrière le dos et brandissant devant lui sa rapière à la verticale. Peu de sabreurs avaient un style aussi épuré. A côté de lui, j’avais presque l’air d’un sagouin à tenir ma lame aussi nonchalamment, sans aucune garde particulière. Les postures classiques ou quasi-militaires, ça n’a jamais été mon fort, clairement. A ce niveau-là, on pouvait dire que j’étais loin d’être un puriste. Mais malgré tout, le chauve ne se lançait point à corps perdu. Il détaillait ma posture…

Et là, il comprit que j’étais loin d’être un amateur en matière de maniement de sabre.

Mais puisqu’il ne voulait pas se bouger, je fus le premier à le faire. D’un soru, je me retrouvai devant lui en un clin d’œil prêt à lui planter ma lame en plein cœur. Mais d’un geste particulièrement vif et leste à la fois, Don Lope para mon coup d’estoc d’un revers vers la droite pour dévier ma lame, avant de me rendre la pareille. Un jeu de jambes particulièrement rapide me permit d’esquiver à la dernière seconde sa propre estocade, mais la pointe de sa lame m’érafla salement le flanc gauche. Quelques bonds en arrière me permirent de mettre de la distance entre lui et moi, mais mon adversaire qui ne le vit pas de cet œil bondit également en ma direction et m’assaillit immédiatement d’une multitude de coups d’estocs ! Le type voulait clairement faire de moi un gruyère ! Dans l’incapacité d’esquiver ses attaques, je dus bien évidemment utiliser le plat de ma lame pour parer toutes ses attaques, me retrouvant tout à coup sur la défensive. Les coups pleuvaient donc comme jamais et le boucan qu’occasionnaient nos lames devaient s’entendre sur toute l’île, tant son enchainement était d’une violence inouïe ! Sourire endiablé aux lèvres, il semblait enfin ravi d’avoir un adversaire à sa mesure, là où je serrais les dents pour contrer encore et encore ses assailles qui n’en finissaient plus. On aurait presque dit une machine… Une machine de guerre taillée sur mesure pour percer, taillader, trancher, découper tout ce qui se trouvait devant lui.

Son titre, il ne l’avait clairement pas usurpé…

- « Bahahahaha ! Qu’est-ce qu’il y a Fenyang ? On fatigue ? On est submergé ? Montre m- »

Sauf que voilà, je n’étais plus un amateur depuis maintes années. Entre deux coups d’estocs, je réussis moi aussi à placer un revers sur ma gauche pour écarter au maximum sa lame, avant de remonter mon propre sabre vers sa gueule ou plutôt son cou, histoire de le décapiter proprement ! S’il esquiva également à son tour, il ne put néanmoins éviter la pointe de mon épée qui lui traça une grosse estafilade sur le long de sa joue droite. La blessure avait même atteint une partie de son nez, tant et si bien qu’il se mit à saigner plus ou moins abondamment. Un peu comme moi au niveau du flanc. Un partout, balle au centre. Tâtant son visage pour ensuite contempler son sang sur sa main de libre, le visage de l’homme restait tout de même éclairé par un sourire. Il était vraiment heureux de pouvoir vivre de son art et de sa passion à l’instant T. Il se mit même à ricaner et se remit en garde, là où j’eus un soupir en me disant qu’il était versatile comme type. Je connaissais très clairement cette ivresse du combat. Tomber sur une personne puissante qui nous éprouvait ne pouvait que nous rendre plus fort. L’un de nous serait le tremplin de l’autre vers de nouveaux sommets de l’escrime. C’était clair et net et c’était aussi ce qui enchantait le pirate me faisant face. J’avais rencontré quelques adversaires comme l’architecte sur Karantane, mais ce type était décidément d’un tout autre niveau. Et dire que Yamato était réputé comme étant encore plus fort…

C’est donc sans un mot que nous nous fîmes encore face. Cette fois-ci, Don Lope garda le silence, pleinement concentré sur le moment. L’instant d’après, disparition totale. Si je savais que certains traitres n’avaient aucun scrupule à utiliser le rokushiki pour se battre, voir une personne de sa trempe maitriser le soru ou ce qui s’y apparentait était toujours aussi effarant ! Sa maitrise du déplacement instantané lui permettait donc de pouvoir me suivre sans trop de mal, si bien que nous exécutâmes une estocade au même moment. La rencontre rugueuse de nos lames engendra une gigantesque bourrasque qui se propagea autour de nous et qui souffla quelques parties des bicoques à proximité. Les cris de détresse des occupants de ces habitations fusèrent, si bien que nous marquâmes un temps de pause en nous jaugeant du regard. Si j’avais une gueule stoïque, mon adversaire, lui, n’arrêtait pas de sourire à pleine dents. Il vivait sa meilleure vie là, à un tel point qu’il me complimenta à sa manière : « J’ai entendu parler de tes quelques exploits çà et là, mais je ne pensais pas que tu serais aussi puissant ! Comment comprendre que tu sois dans l’ombre des amiraux ?! » Interdit dans un premier temps, je haussai les épaules sans réellement avoir de réponses à lui offrir. Peut-être était-ce parce que j’avais percé sur le tard ? Ou peut-être parce que je n’étais qu’un vice-amiral parmi tant d’autres aux yeux des gens ? Va savoir…

- « Yamato aurait surement apprécié avoir un adversaire comme toi… » Fit-il en se remettant en position, maintenant que la plupart des habitants avait évacué les environs. « Mais je ne lui laisserais pas ce plaisir ! »

Là, les pupilles du maitre d’escrime se fendirent comme ceux d’un félin, comme s’il était passé à un tout autre mode, à un tout autre niveau.

Et dire que je pensais qu’on était déjà à fond, heh…
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Sans crier gare, le divin chauve décrivit un arc de cercle vertical à l’aide de sa rapière, dans le vide, tout juste devant lui. Le geste généra d’un seul coup une monstrueuse onde tranchante qui fonça droit sur moi. Mais alors que je comptais esquiver l’attaque à distance, celle-ci se désagrégea en plusieurs petites lames de vent sous formes de griffes animales. Une trentaine au bas mot ? Ouais, une trentaine, clairement. Incapable de bouger, je dus une fois de plus jouer la défense en balançant également une lame de vent qui me débarrassa de certains de ses projectiles, tandis que je déviais le reste à l’aide de mon épée. A peine réussis-je à toutes les dégager, qu’un ombre glissa vers mon flanc gauche. L’exécution d’un soru ? La défense avec le plat de ma lame ? Trop tard. Il avait déjà pris trop d’avance. A peine deux ou trois secondes, mais dans un combat de pointures comme le nôtre, c’était largement suffisant. C’est ainsi qu’il réussit à planter profondément sa rapière dans mon abdomen, juste en dessous de la rate qu’il avait manqué de peu. Dans un tel duel, un organe vital touché et c’était la mort assurée. Rien que ça oui. Alors qu’il comptait planter encore plus sa rapière dans mon bide, j’eus tout de même la force de lui assener un coup d’épée en diagonale qu’il esquiva de peu, non sans avoir retiré violemment son arme de mon bide. Évidemment, un énorme jet sanguinolent s’en suivit, alors que mon visage se froissa sous la douleur.
Le bâtard ne m’avait clairement pas raté…

- « Oh ? Pas un cri ou un râle de douleur ? C’est bien un vice-amiral que j’ai en face de moi ! »

En effectuant un mouvement de coupe à sa droite, Don lope se débarrassa de mon sang sur sa lame. Ledit sang forma une longue trainée au sol, preuve qu’il m’avait bien eu pour le coup. Devant son sempiternel sourire presque charmeur pour ne pas dire moqueur, je serrai les dents et portai ma main gauche à l’endroit qu’il venait de perforer salement. Une quinte de toux me secoua les bronches et je crachai du sang, avant que de grosses gouttes de sueurs froides ne viennent perler sur ma gueule. Le coup classique du leurre était d’une banalité affligeante, mais là était la force même de Don Lope : il rendait extraordinaire tout ce qui semblait banal. Putain… C’était risible ! En refusant de me battre à l’aide d’un meito et même de mes hakis, je m’étais salement handicapé… Toutefois, que serait un duel d’escrime si je pissais allègrement sur mon honneur d’épéiste en utilisant toutes mes capacités ? Je pourrais m’en débarrasser, mais à quel prix… ? Celui de ma survie ? Ouais. C’était ce qui comptait après tout et il n’y avait sans doute pas de témoins dans les parages, hormis Meilan dont je sentais la présence pas très loin, et ce malgré moi. Néanmoins, plutôt que de lâcher mon orgueil, je me mis à sourire pour la première fois, avant de tendre mon sabre vers lui. Pas moyen de lâcher l’affaire ! Je continuerai jusqu’au bout quitte à clamser… Ma détermination fit plaisir à mon adversaire qui jugea bon de recommencer la même chose :

Me balancer une lame de vent dans la tronche. Sauf que je fus bien plus réactif et que je fis pareil.

La collision de nos attaques créa une nouvelle vague d’ondes tranchantes qui se propagea autour de nous avec une violence inouïe ! Pour ne pas la prendre de plein fouet, j’exécutai plusieurs geppo pour l’esquiver fissa ! Bien m’en a pris, vu comment ça avait tout soufflé autour de nous, réduisant toutes les constructions de la zone en charpies. Heureusement que les habitants du coin s’étaient cassés, sans quoi ils seraient tous morts à l’heure actuelle. Mais pas le temps de trop y penser, puisque mon adversaire avait eu la même idée : rejoindre les airs par un bond périlleux qui l’avait pratiquement propulsé à mon niveau. Du fait de mon abdomen qui pissait le sang et que je tenais toujours d’une main comme si j’essayais de le calfeutrer, j’avais perdu en vitesse et en réactivité. Conscient de cela, mon opposant m’enchaina avec une autre lame de vent que je déviai in-extrémis avant de répliquer à mon tour tant bien que mal avec une onde tranchante qu’il esquiva sans grande peine. À la suite de cette passe d’armes aérienne, nous nous réceptionnâmes au sol, avant qu’il ne soit le premier à réagir. Sous des jeux de jambes habiles, il fonça vers moi en zigzaguant çà et là pour que je n’ai pas le luxe d’entreprendre une attaque à distance. Avec lui, c’était zéro répit ! Difficile de lui en vouloir quand on voyait sa vitesse prodigieuse. C’est donc tout naturellement qu’il finit par me rejoindre avant de m’assener un violent coup de tranche !

Sérieux… Qui voudrait trancher plutôt que perforer avec une putain de rapière ? Il n’y avait que lui pour faire ça…

Si l’attaque aurait pu prêter à sourire parce que les rapières n’étaient destinées qu’aux estocades, je bloquai son assaut du plat de mon nodachi, conscient qu’il pouvait quand même me sectionner un membre et ce avec une facilité déconcertante. C’est sur cette parade de ma part que nous nous mîmes à enchainer coups sur coups, encore et encore. La force que nous appliquâmes dans cet échange musclé et coupant fut démentiel ; tant et si bien que nos épées devaient résonner une nouvelle fois dans toute l’île ! Des volutes de poussières se soulevaient autour de nous et le sol craquait sous le poids des coups échangés. Malgré son élégance et sa vitesse, Don Lope s’avérait être également un bourrin qui était non seulement capable de bloquer mes attaques (légèrement diminuées à cause de ma blessure, certes), mais aussi de répliquer avec autant de force dans sa poigne. D’ailleurs, plus les secondes passaient et plus je commençais à perdre pied. De quoi gonfler son égo, sa bonne humeur et une espèce de sadisme latent. « ABANDONNE FENYANG ! TU N’ES PAS DE TAILLE ! » Sauf qu’une nouvelle fois encore, Don Lope pécha par excès de confiance. Persuadé que j’étais fini, surtout avec la quantité de sang que j’avais perdu et la lenteur dont je faisais preuve, il se permit d’effectuer des mouvements plus amples pour donner plus de force à ses coups ! C’est en constatant ce fait que je mis alors toute mon énergie en une offensive…

Si bien qu’en un instant, j’apparus derrière lui, à quelques mètres seulement, le sabre brandi vers l’avant, dents serrées et le visage congestionné.

- « Hein… ? »

Alors que nous étions encore dos à dos dans un moment décisif, un bruit spongieux et dégueulasse se fit entendre. L’avant-bras gauche de mon adversaire venait de se détacher du reste de son corps et se retrouva piteusement au sol. En quelques secondes seulement, je venais de le battre à son propre jeu : celui de la vitesse. La faute à ses mouvements amples et son manque de concentration. L’ivresse du combat était une émotion exacerbée à double tranchant : si elle pouvait transcender un combattant tel un berserker, elle pouvait aussi l’engluer dans un excès de confiance qui s’avérait parfois fatal. Là, sa suffisance avait failli le mener à sa perte. Figé et sous le choc, Don Lope se redressa lentement de sa posture de combat et cligna plusieurs fois des yeux en regardant droit devant lui. A perte de vue, il n’y avait que des débris et gravats en tout genre. Notre échange qui durait depuis un bon bout de temps maintenant, avait quasi ravagé la zone environnante. Mais plus que ce spectacle chaotique, le plus grand bretteur du monde pencha petit à petit sa tête vers le sol et finit par constater l’inévitable : il n’avait plus d’avant-bras gauche. « AAAAAAAAAAAAHHHHHH !!!! » Était-ce un cri de douleur ? Ou un cri de détresse ? Voire un mélange des deux ? Bonnes questions ! Toujours est-il que la vue de son nouvel handicap le rendit fou, au point qu’il hurla comme un dément ! Assez affaibli par ma propre blessure profonde que je tenais toujours et transpirant à grosses gouttes, je m’étais simplement retourné vers en l’observant simplement.

Finalement, un sourire étira méchamment mes lippes…

2 buts partout. Balle au centre comme on dit.
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Dans un moment pareil, continuer la bataille n’aurait eu aucun sens. C’est donc à la recherche urgente d’une solution à nos sérieuses blessures que nous nous sommes momentanément arrêtés. Tandis que le plus grand bretteur du monde déchirait grossièrement ses vêtements pour se poser un garrot au niveau de son bras amputé, je m’étais avancé pour ma part jusqu’à des débris où un feu vif consumait intensément les restes d’une bâtisse démolie. Passant mon nodachi dans les flammes, je le chauffai suffisamment à blanc pour ensuite venir l’approcher à mon abdomen perforé, afin de cautériser grossièrement ma blessure. « GGWAAAAAAAHHH !!!!! » Et autant dire que ça faisait un mal de chien ! On avait beau être un vice-amiral ou s’appeler Fenyang, que c’était sacrément douloureux ! Il n’y avait qu’à voir comment j’avais les dents serrées, la gueule froissée par la douleur et les larmes qui ruisselaient le long de mes jours pour comprendre à quel point je souffrais ! Puis, lorsque j’eus terminé de refermer ma blessure et donc d’arrêter le saignement, je chutai sur un genou, la respiration saccadée et le visage baigné de larmes, de sueurs froides mais aussi de morve. Il était bien beau, le membre de l’amirauté là… J’avais pas douillé comme ça depuis ma confrontation avec Kiyori. Bordel, tu parles d’un plan ! Heureusement que c’était pas que pour le gros cul de Cherry, sans quoi je pense que je me serais reconverti en moine…

Mais comme d’habitude, même pas le temps de souffler que j’entendis quelque chose brasser l’air. Sans me poser de question et sans même me retourner, je décochai une lame de vent qui alla s’éclater et exploser celle que l’autre enfoiré m’avait balancé sans avertir ! Bah, c’était devenu un combat à mort de toute façon... Pas comme si on s’était mis d’accord pour le stopper temporairement, même si ça avait été plus ou moins tacite. Je me relevai donc et me retournai vers lui en le voyant également dans le même état que moi. Il avait une gueule peu reluisante lui aussi, mais surtout, plus aucun sourire. Seule la colère l’animait dorénavant. Ça devait être un sacré choc d’avoir perdu un membre à cause d’un type qu’il ne devait même pas considérer dans son art. Toutefois, depuis 1623, je n’avais pas cessé de grandir, de m’entrainer et de devenir celui que j’étais actuellement : un as de l’escrime. Personne ne pouvait me l’enlever et c’était une putain de fierté que j’avais, là où beaucoup se basaient sur le pouvoir d’un fruit du démon pour fanfaronner. Pendant quelques secondes, nous nous regardâmes en chiens de faïence, comme si chacun jaugeait l’état de l’autre pour savoir où frapper, puis d’une seule impulsion, nous nous jetâmes l’un sur l’autre ! Les coups se remirent à pleuvoir ! Si j’étais légèrement affaibli par ma blessure, Don Lope, lui, avait perdu un certain équilibre avec son bras en moins. De ce fait, nos coups n’étaient plus aussi efficaces qu’auparavant…

- « TU VAS CREVER, OUI ?! »

- « CAUSE TOUJOURS ! »


Coups par le tranchant, estocades, esquives, parades, revers… Autant dire que tout y passait et que nos assailles faisaient toujours autant de boucan et provoquaient toujours autant d’ondes de choc ! Même affaiblis, nous n’étions pas en reste, évidemment. Don Lope joua de son poignet pour effectuer des moulinets, ce qui eut pour effet de changer la trajectoire de sa rapière à plusieurs reprises. Ces changements de rythme eurent du bon puisqu’il réussit à me perforer à de multiples endroits, mais superficiellement. De quoi m’affaiblir encore un peu plus, néanmoins. Je me remis donc à saigner d’un peu partout en petite quantité, en plus d’un mal de crane horrible, d’une fatigue qui engourdissait mes muscles et des oreilles qui sifflaient comme jamais. Si l’on rajoutait à ça les litres de sang que j’avais déjà perdu, autant dire que j’étais dans de sales draps ! Pourtant, je tenais bon comme je le pouvais et j’arrivais moi aussi, grâce au tranchant de ma lame, à lui arracher quelques coupures çà et là. D’ailleurs, c’est lors d’un énième échange que j’effectuai un soru doublé d’un geppo pour m’éloigner, gagner les airs et effectuer une estocade dans le vide, si bien que l’air devant moi prit une forme de boule comprimée qui fusa à vitesse grand V vers mon adversaire. Ce dernier réussit à fendre ma boule contondante en deux (avec une rapière, bordel !) qui alla exploser derrière lui ; tout en arborant un regard de haine, preuve qu’il était définitivement concentré et qu’il ne se relâcherait pas tant qu’il ne m’aurait pas buté.

Sans attendre, Don Lope me balança à son tour une multitude de mini-lames de vent qui finirent par se réunir en bol pour former un gigantesque loup de vent qui me fonça dessus. Alerte à cette technique que je ne connaissais que trop bien, je décochai également une onde tranchante qui prit la gueule d’un immense rhinocéros ! Les deux techniques animales à base de vent se heurtèrent de plein fouet et explosèrent simultanément, ce qui eut pour effet de générer une énième onde de choc, certes, mais clairement la plus violente et la plus dévastatrice puisqu’elle rasa tous les environs ! Bien entendu, elle nous balaya aussi de part et d’autre. Pour ma part, c’est depuis les hauteurs que je fis une grosse chute dans des débris… J’eus même une perte de conscience pendant une bonne poignée de secondes, avant de revenir à moi de façon brutale, comme si j’avais été victime d’une grosse apnée de sommeil. Soufflant fort comme un buffle, les yeux exorbités dans le vide, c’est tout tremblotant que je finis par me relever tant bien que mal. En plus de côtes surement fêlées, de membres encore plus douloureux, d’une migraine plus que jamais handicapante accompagnée d’acouphènes, j’avais également une vision très floue. Je dus cligner des yeux à plusieurs reprises pour la rétablir, mais la fumée causée par des flammes çà et là qui se mélangeait avec toute la poussière ne m’aidèrent pas beaucoup. Putain. Tu parles d’un duel…

On avait pratiquement tout ravagé dans la zone nord…

Mais alors que j’essayai d’avancer tant bien que mal et me résigner à utiliser le haki de l’observation pour localiser mon ennemi, celui-ci apparut devant moi, de nulle part ! Mais d’où est-ce qu’il sortait ce fumier ?! N’avait-il pas été projeté plus loin lui aussi ?! Si je me posai la question en une microseconde, j’y répondis tout aussi rapidement : ayant été au sol contrairement à moi, il avait dû planter son arme dans le sol pour s’assurer un bon appui et ne pas se s’envoler comme un vulgaire fétu de paille comme ça avait été mon cas. Logique. C’est donc sous un cri de rage qui en disait long, que Don Lope jeta ses dernières forces dans une estocade d’une rare violence, bien décidé à me transpercer le cœur une fois pour toute ! Pendant son attaque, le temps se suspendit alors autour de moi. Était-ce un réflexe de survie ? L’énergie du désespoir ? Va savoir… Toujours est-il que lorsque je reviens à moi, le bretteur m’avait transpercé… La main gauche. Oui. Je l’avais levé au dernier moment devant moi, comme un bouclier et il l’empala brutalement ! « AAAAARGGGH !!! » Sa frappe m’arracha un râle de douleur, mais je tins bon. Surpris par cette défense venue de nulle part, le chauve voulut forcer sa lame de ma chair, mais je refermai ma paume, formant ainsi un poing sur l’acier de son arme pour l’immobiliser définitivement. Là, impossible pour lui de bouger. Il se démena, voulut tirer son arme, mais rien à faire…

Elle était comme ancrée dans ma main gauche.

S’il avait l’ascendant sur moi côté vitesse, en termes de force pure, c’était moi qui remportais le match haut la main.

Et c’est là qu’il se rendit compte de son erreur : ne pas avoir abandonné sa propre arme pour reculer et être hors de portée.

Car la mienne de lame, elle, fendit l’air en une courbe oblique sans lui laisser le temps de réagir… Et lui sectionna son deuxième bras d’un coup sec !
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Cette fois-là, Don Lope n’eut pas de cri de douleur. Devant ma prouesse, celle de lui avoir retiré ce qui faisait de lui un véritable épéiste, il recula de quelques pas en titubant, puis il s’arrêta, avant de fouler le sol de ses genoux. Il cracha également une gerbe de sang et cligna des yeux en intégrant le fait… Qu’il avait perdu. Ses pieds pouvaient encore le soutenir et il pouvait tenter de fuir, mais il n’en fit rien. Et puis, à quoi bon ? Avec une île grouillant de marines ou même d’autres pirates peu scrupuleux, il finirait par se faire avoir. Ne parlons même pas des gens qu’il avait tabassé ou dont il avait détruit le commerce sur un coup de tête ou un coup de sang. Autant dire que sa vie finissait avec panache. Choqué pendant un moment, il finit par sourire. Un sourire ensanglanté, mais fier. Il avait joui de la vie comme personne et n’avait presque pas de regrets… Hormis de ne pas avoir réussi à botter les fesses de Yamato une dernière fois. Le chauve finit par lever ses mirettes vers moi. Encore une fois, un sentiment de fierté l’envahit. Il m’avait bien amoché et dire que je n’avais pas perdu des plumes dans ce combat serait un mensonge, assurément. Couvert de suie, de sueurs et de sang, j’avais une sale mine et pas qu’un peu. A tous égards, Don Lope méritait son titre. Titre qui me revenait maintenant de droit, puisque l’issue du combat était maintenant connue. Je venais de l’emporter. Avec un peu de chance, certes. Je le reconnaissais volontiers.

- « T-T’es v-vraiment quelque chose, Fenyang… D-Dire que je t’ai pratiquement sous-estimé tout le long… »

Pour ma part, je ne répondis pas. J’avais l’habitude d’être mésestimé, bien que ce fait s’était atténué avec le temps. Comme le prouvait la débandade à la suite de mon arrivée sur cette île, très peu de personnes pouvaient se permettre le luxe de me prendre à la légère. C’était peut-être finalement ce qui lui avait couté la victoire. S’il avait été sérieux et un peu moins sûr de lui, nul doute que le résultat aurait été possiblement tout autre. Possiblement. Je rengainai alors mon nodachi sous la mine surprise de Don Lope, mais celui-ci comprit que je voulais juste me débarrasser de sa rapière plantée dans ma paume gauche. Pour ne pas souffrir plus que de raison, je le fis d’un coup sec, dans un râle de douleur, avant de jeter son arme à ses pieds ou plutôt à ses genoux. Mon adversaire fut alors pris d’un petit rire, mais finit par tousser salement, surtout que nous étions progressivement intoxiqués par le mélange explosif de fumée et de poussière. Autant le dire, ça piquait la gorge et les yeux, au point que je commençais à avoir les larmes qui montaient. Superbe irritation qui aurait pu faire croire que je pleurais de tristesse à l’issue d’un combat tant dantesque que mémorable. Lynbrook se souviendrait surement de cette confrontation et maudirait également les épéistes dans leur ensemble. Un peu à raison d’ailleurs. C’est sur cette réflexion un brin amusante que je dégainai derechef mon meito, non sans lui dire :

- « Aaaaah… Finalement, tu la sors, cette lame. Pas mal. Mais tu vas pas m’faire le classique du dernier mot ou vœu hein, Fenyang ?! » Qu’il demanda mi-amusé, mi enragé.

- « Non. » Qu’avais-je répondu placidement.

La seconde d’après, une ligne horizontale et sanguinolente se dessina tout doucement sur le cou de Don Lope, dont la tête se détacha du reste du corps pour finalement rouler au sol sur un bon mètre. La coupe avait été nette, sans bavure, le tout exécuté sous un geste aussi vif qu’impeccable. Le reste dudit corps finit par chuter également, tandis que je rengainai lentement le Shodai Kitetsu. Utiliser ce sabre pour exécuter l’immense épéiste qu’il était revenait à lui montrer une certaine forme de respect. Comment ne pas être admiratif devant un type qui m’avait pratiquement poussé dans mes derniers retranchements ? Néanmoins, lui donner ou permettre autre chose aurait été superflu, surtout pour un pirate de sa trempe qui n’était pas qu’idolâtré. Devant cette victoire qui aurait dû me réjouir, je n’eus en tout et pour tout qu’un soupir, avant de lever péniblement mon bras gauche, afin d’actionner mon escargophone. Mais en faisant usage du haki, je ressentis la présence de mes hommes dans les parages, ce pourquoi je laissai tomber l’appel. A place, je m’avançai vers la tête de l’ex-meilleur bretteur du monde, avant de le soulever. C’était mon trophée et ce qui attesterait qu’il n’y avait pratiquement plus grand monde me surpassant dans l’exercice de l’escrime. Yamato ? Boïna ? Kiyori ? Kenora ? Bonne question. Mais là n’était pas le plus important. Ce qui urgeait, c’était de sortir de cette épaisse fumée qui allait m’étouffer, ce que je fis illico…

Malheureusement, une fois en dehors de la fumée et des débris, un joli comité d’accueil m’attendait de pied ferme. Izma et bon nombre de ses hommes, évidemment.

- « J’te propose un deuxième round, vice-amiral ! T’es partant hein ?! »

Ah, le relou… Il avait sans doute guetté notre combat de loin et s’était ramené une fois qu’il était persuadé que l’un d’entre nous avait clamsé. Digne d’un bandit de grands chemins, c’est sûr. Mais bien avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit, nombre de ses hommes tombèrent comme des mouches, victimes de balles en pleines têtes... Même pas le temps de comprendre ce qui se passait qu’il dût lui-même utiliser l’une de ses grosses chaines pour parer des balles qui le visaient de loin. Sa troupe fut bien moins chaude à l’idée de le soutenir, tout d’un coup. L’œuvre de Melvis, l’un de mes hommes de main, spécialiste dans les combats à distance et tireur d’élite émérite. De quoi m’arracher un sourire. Deux personnes finirent par atterrir à mes côtés, des suites de sorus et/ou geppos. Il s’agissait de Bryan, commodore et autre homme de main de mon équipage, ainsi que mon bras droit, Meilan, contre-amiral assez puissante pour que Izma la reconnaisse instantanément. Là, il comprit que me faire la peau était chose impossible. Se débarrasser de deux Fenyang, même si l’un d’eux semblait à l’article de la mort ? C’était trop, même pour lui. Il jaugea également Bryan qui semblait ne pas être en reste et décida… De battre en retraite. C’est donc en silence et non sans serrer les poings qu’il s’en alla, non sans faire signe au reste de ses hommes de le suivre, ce qui eut pour effet de faire cesser les tirs qui canardaient ses rangs.

- « Alors, il était comment ce Don Lope ? » Questionna finalement Meilan, lorsque nous fûmes débarrassés de la guilde des contrebandiers.

- « Flamboyant… C’est le cas d’le dire, putain… » Que j’dis en me débarrassant de sa tête dans les mains de la contre-amirale qui grimaça mais ne se plaignit pas. « Allez, on se barre d’ici, j’tiendrai pas bien longtemps… » Conclus-je, avant que Bryan ne vienne me soutenir par la taille, non sans faire passer l’un de mes bras autour de ses épaules, ce qui me permit de marcher sans trop de soucis.

Je venais de battre l’un des plus grands sabreurs que le monde ait connu.
Sans hakis.
Sans meitos.
Sans mes autres capacités exceptionnelles.
Et j’étais clairement pas prêt de m’arrêter en si bon chemin, oh que non…
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