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Le dernier problème

Je suis seul, au milieu du blizzard. Non… C’est plutôt un épais brouillard. Une purée de pois si opaque et si blanche que je ne distingue rien d’autre que mon propre corps. La réverbération me fait plisser les yeux… Et je me rends alors compte que mes autres sens sont complètement réduits à néant. Je ne sens rien ; j’ai l’impression de flotter dans le vide, comme si j’étais emmêlé dans les cordages d’un navire. Il n’y a pas d’odeurs. Pas de son. J’ai envie de crier, de savoir si quelqu’un m’entend, mais je ne peux bouger. Soudain, je ressens. Une douleur au crâne, à la tempe. Là où les Docteurs Freeman et Octavius m’ont installé mon implant. Je sens le sang couler le long de mon visage, jusqu’en bas de mon menton. C’est d’autant plus douloureux que c’est la seule chose que je ressens… Mais c’est presque agréable. Comme le plaisir sadique qu’on prend à se gratter une croûte ou à se tirer un pansement.

Et puis il y a un flash.

Un éclair de sensations qui parcourt mon corps… Et je ressens tout d’un coup. La peur. La colère. La douleur. Le froid. Le temps qui passe. La honte. Le regret. Et je suis happé. Comme si d’un coup, les cordages se tendent et me tirent violemment vers l’arrière.

Je ferme les yeux.

Lorsque je les ouvre, je me sens à nouveau moi. Je suis dans un bâtiment dont les murs et le sol sont couverts de glace, et où l’air est globalement froid : c’est Drum. Le fameux Palais des Glaces, peut-être ? Ce serait sensé, vu le nom… Mon corps est endolori. Je fais un pas, mais sans que je ne le veuille. Comment ça se fait ? Je veux baisser le regard pour vérifier le problème avec mes jambes, mais ma tête refuse de bouger. Je ressens tout, mais je ne peux rien faire. Bloqué dans une prison de chair. Otage de mon propre corps.

Finalement, et je sens que ce n’est pas de ma propre volonté, je regarde au sol et derrière moi. Il y a des corps, entassés les uns sur les autres. Je suis pris d’un frisson d’angoisse, d’un hoquet de surprise… Avant de me rendre compte qu’il s’agit d’animaux. Des ours et des lapins, aux tailles démesurées, quasi humanoïdes. Leur fourrure est couverte de sang. Mon regard poursuit sa course sur mon corps et mon uniforme, couverts de traces de coups et de lacérations. Mes mains sont rouges de sang. Que font-ils là ? C’est moi qui vient de combattre ces animaux ? Pourquoi ?

Au détour d’un couloir, un homme apparaît. Il semble blessé, et a de la peine à se déplacer. Qui est-ce ? Peut-être qu’il peut m’aider. Peut-être que je peux l’aider.

Au secours ! On m’attaque !
Hé ! Je suis le Commodore Raines, êtes vous blessé ? Pouvez-vous m'expliquer ce qui se passe ici ?

Aucun mot n’est sorti de ma bouche. Pourtant, c’est ce que j’ai voulu dire. J’avance vers l’homme. C’est un civil, et il a l’air d’être en danger. Je dois l’aider…

Qu’est-ce que… Non, un Marine ! Au secours !

Non… Pourquoi ? Les marines représentent la justice… Nous sommes là pour aider, rendre service, sauver… Pourquoi nous fuir ? Pourquoi me fuir ? Je tends mon index et mon majeur, repliant les trois autres doigts de ma main droite. Je sens les muscles de cette dernière se tendre d’une manière que je reconnaîtrais entre mille. Mais pourquoi ferais-je ça ? Non… Je dois tendre la main, et l’aider… Pas ça…

Trop tard.

Mon Shigan part à toute vitesse, comme une balle de fusil. Mes doigts mordent directement dans sa gorge. L’horreur se lit sur son visage alors qu’il porte ses mains à son cou. La carotide est touchée, et il commence à saigner abondamment.

Aaaargh !

Non… Ce n’est pas possible… Ce n’est pas moi… Jamais je ne ferais une chose pareille… C’est une blessure mortelle… Et je contrôle mes coups. Je ne suis pas un tueur. Je ne vise qu’à incapaciter mes adversaires, pas à le tuer. Il tombe au sol, et commence à s’étouffer dans son propre sang dans un gargouillis qui me fait monter la bile au fond de la bouche. Raines ! Ressaisis-toi ! Reprend le contrôle ! Tu dois l’aider ! Je peux encore le sauver ! Je peux faire pression sur l’artère, et si je l’opère vite, je peux peut-être le sauver !



Grgll…

Mais rien n’y fait. Mon corps refuse de m’obéir, et je tourne le dos à cette personne qui est en train de mourir. Je veux tourner la tête. Je veux faire demi-tour. Allez ! Bouge ! Retourne-toi ! Rien n’y fait. Je ne peux que l’entendre mourir lentement alors que je m’éloigne et que j’enjambe les cadavres des animaux.

Faites un carnage, Commodore Raines !

La voix du Docteur Freeman se déverse une fois de plus dans ma tête, comme un puissant torrent, engloutissant tout le reste, noyant mes pensées sous des trombes d’eau sombre. Ma vue commence à se troubler à nouveau. Les acouphènes reviennent. J’ai l’impression que mon corps s’engourdit de plus belle, comme si je me faisais anesthésier. Et je me sens partir à nouveau, les cordages autour de mes membres me tractant dans l’autre direction. Non…

Je ne veux pas obéir… Je ne veux pas continuer à tuer…

Ce n’est pas qui je suis… Je crois ?

Tout se mélange, et je sombre à nouveau.
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Commodore Raines ! Arrêtez ! Qu’est-ce qui vous prend ?

Nouveau flash.

A nouveau, j’ai le sentiment d’avoir eu la tête maintenue sous l’eau pendant des heures, et d’enfin pouvoir émerger pour inspirer. Toutes les sensations affluent d’un coup, comme la fois précédente, comme si j’inspirais une bouffée d’un air à la fois glacial et brûlant. Combien de temps s’est-il écoulé ? Je ne suis toujours pas capable de l’estimer. Mais me voilà de retour dans mon corps, une fois de plus sans en avoir le contrôle.

Intendant ! Attendez ! Mon sang ne fait qu’un tour lorsque j’entends cette voix… Bien qu’il ne me semble pas adressé, mon corps réagit immédiatement, obéissant aveuglément au timbre de voix hypnotique à l’ordre qu’il reçoit. Venez ! Il faut fuir !

J’aperçois le Docteur Freeman s’approcher de l’intendant du C.H.U. et lui dire ces mots. Je lutte de toutes mes forces pour commander à mon corps de fondre sur lui d’un Soru et de lui briser les bras et les jambes… De lui arracher la langue pour le réduire au silence… Mais je ne bouge pas d’un Tontatta… Et je suis condamné à le regarder, impuissant, à diffamer la noble institution que je défends et que je représente.

Docteur Freeman ! Je ne comprends pas… Il tourne la tête et s’adresse à moi. Commodore Raines ! Vous n’êtes pas vous-même ! Et votre enquête ?!
Imbécile ! Vous ne voyez pas que ce n’était qu’une mascarade ?! C’est ce que les marines voulaient depuis le début ! Ils cherchent à déstabiliser le royaume ! Il y a même le Cipher Pol qui est impliqué et qui cherche à kidnapper le roi !
Encore ?!
Le corps de Réaction Rapide est sur place, il faut espérer qu’ils nous protègeront, mais nous devons fuir !
Non… Je n’ai pas beaucoup échangé avec lui, mais il ne m’a pas semblé être ce genre d’homme…
Tssssk… Vous êtes trop bête pour votre bien. Bah ! Tant pis ! Mais tant que vous dirigez le C.H.U., même pas interim, vous m’êtes utile… L’attitude du Docteur Freeman, qui jouait particulièrement bien la vierge effarouchée, change du tout au tout. Il tourne la tête vers moi, qui attend toujours de manière impassible. Commodore Raines, assommez-le.
Hein ?

Fuyez ! Vite ! Partez d’ici !

Aucun son ne sort de ma bouche.

L’intendant, qui n’a pas compris ce qui se passait, n’a pas le temps de réagir lorsqu’une fraction de seconde plus tard, je me retrouve à son contact avec mon Soru. Je le frappe avec le tranchant de la main dans la nuque, avec suffisamment de force pour l’envoyer instantanément dans les vapes.

Laissez-le ici. Je vais envoyer un de vos hommes le chercher.

J'obéis et dépose le corps à mes pieds.

Bien. J’ai ordonné à notre ami du Cipher Pol de s’occuper du roi Charlier, mais je ne sais pas où il en est… Retrouvez-le, et assistez-le. Si vous croisez des civils, des miliciens, ou des bêtes de la Réaction Rapide, neutralisez-les.

Plutôt mourir que de vous obéir !

Mes lèvres restent scellées une fois de plus, et comme pour me narguer, je me sens acquiescer car je hoche la tête de haut en bas. Le Docteur Freeman me fait un geste de la main, signe qu’il me congédie, puis s’en va, sans doute pour aller superviser la suite de son stratagème machiavélique. Je peste intérieurement, rageant de ne rien pouvoir faire. Je tourne les talons et commence à me diriger vers la salle du trône, où je m’attends sans doute à tomber sur l’Agent Ameublement. Je sens alors ma main se porter à ma tempe, toucher délicatement l’endroit où se trouve mon implant, puis reprendre sa place le long de mon corps.

C’est étrange. Il y a quelque chose d'anormal. Quelque chose de différent, dans ce jour sans fin. Je ne saurais expliquer pourquoi je suis témoin de ces épisodes alors que je suis clairement toujours plongé dans une transe hypnotique par le Docteur Freeman. Serait-ce une preuve que son emprise sur moi faiblit, petit à petit ? En tout cas, je lutte. Je n’arrête pas de lutter. Je force contre les parois de ces corps qui s’anime et se dirige vers la salle principale du Palais des Glaces, en dépit de ma volonté.

Allez, Raines… Reprend le contrôle. Donne tout ce que tu as. Quitte à en crever.

Cela ne sert à rien, et je me sens encore partir. C’est bien moins violent que la fois précédente ou quand j’ai succombé à l’emprise du Docteur Freeman, la première fois… Mais je glisse, petit à petit, le long de cette pente vers les ténèbres et le néant. Je ferme les yeux, comme si la lumière allait bientôt s’éteindre et que je voulais les acclimater à l’obscurité.

J’aiguise ma conscience et mes sens.

Je suis prêt. La prochaine fois sera la bonne. La prochaine fois… Je m’évade de cette prison mental.
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Gardes ! A moi ! Protégez votre roi !

Je suis de retour dans la lumière, incarné dans mon propre corps… Mais je me sens… Moins engourdi. Moins perdu. Je suis capable de dire combien de temps s’est écoulé depuis mon dernier épisode lucide : seulement quelques minutes. J’ai également plus conscience de mon environnement. Je suis arrivé sur un balcon qui donne sur la salle du trône du Royaume de Drum. Serait-ce l’emprise du Docteur Freeman qui faiblit sur moi ? L’effet de son hypnose qui s’estompe ? Seulement en apparence, alors. Car malgré cette nette différence du point de vue de mes sensations, je suis toujours incapable de contrôler les actions de mon corps… Et me contente de rester immobile, alors que j’observe la situation en contrebas.

L’Agent Ameublement esquive les attaques du roi Chalier, se rapprochant petit à petit de lui. Mais, surprenamment, ce dernier ne se laisse pas faire et essaye d’empêcher l’agent du Cipher Pol hypnotisé de l’atteindre… En formant dans ses mains des boules de neige qu’il lui lance en salve. L’Agent Ameublement esquive avec grâce grâce à son Kami-E, jusqu’à ce qu’une d’entre elles ne finisse par le toucher, le transformant… En un bonhomme de neige. Bien que mon corps ne réagisse toujours pas, je ne peux m’empêcher de hausser le sourcil intérieurement. Est-ce un fruit du démon ? Avec un pouvoir qui permet de congeler son adversaire au contact d’un de ces orbes gelés… C’est assez pui… Ah non, l’Agent Ameublement vient quasi-immédiatement de s’en libérer. Finalement, c’est assez pourri, comme capacité. Le roi Chalier lève le poing.

Ce n’est qu’un avant-goût de notre furie… Êtes-vous prêt à vous soumettre ?

L’Agent Ameublement ne répond pas, et d’un Soru se retrouve instantanément dans le dos du roi Chalier, qu’il saisit en clé de strangulation.

Lâchez-moi ! Kof ! Il se débat maladroitement, lançant des boules de neige dans le vide. Vous commettez un crime de lèse-majesté ! A la garde, à moi ! On m’enlève !

Comme il les invoque, attirés par la commotion, une nuée de miliciens débarquent par les nombreuses ouvertures de la salle du trône.

Il essaie de kidnapper notre roi ! Encore une fois… Aux armes !

Le soldat en tête de la troupe se rue sur l’Agent Ameublement, chargeant avec sa hallebarde en avant. Mes jambes bougent toutes seules et je m’interpose, frappant la hampe de son arme d’hast du revers de la main. Sous l’impact, le bois se brise. Les doigts de mon autre main se raidissent. Je sais ce qui va se passer ensuite. Je veux lui crier de fuir. Mais c’est inutile. Je ne peux même pas ni détourner ni fermer les yeux alors que mon Shigan perfore son sternum. Les os de sa cage thoracique font le même bruit que le bois de son arme. Propulsé en arrière sous la puissance de l’impact, il percute quelques-uns de ses camarades horrifiés. Je tourne la tête par-dessus mon épaule et constate que l’Agent Ameublement a séquestré, bâillonné et ligoté le souverain Drumois, et se prépare à partir. Mon regard revient sur les miliciens, dont le nombre augmente à mesure que les secondes défilent… Et l’ordre implanté dans mon esprit par le Docteur Freeman me pousse à les charger. Utilisant mon Kamisori, je virevolte avec puissance et rapidité dans leurs rangs, fauchant une dizaine de miliciens comme s’ils n’étaient que de fragiles fétus de paille. J'atterris au sol à côté d’un onzième soldat, accroupi sur une jambe et l’autre tendue et m’appuyant au sol de ma main gauche. Je me relève et me prépare à lui asséner un puissant revers de la main à l’arrière de la tête. Il tourne légèrement la tête… Et nos regards se croisent.

C’est un gamin.

Un soldat bien plus jeune que moi, peut-être même pas encore majeur. Il n’a sans doute pas le droit de boire une goutte de Drumka et pourtant, il va sans doute mourir dans quelques secondes… Mourir de ma main. Parce que je l’aurai tué. Une larme coule le long de sa joue alors que la terreur commence à l’envahir. Est-ce que c’est ça ? Est-ce que c’est ça la marque que tu veux laisser dans ce monde, Raines ? Être un tueur d’enfants ? Alors que tu as juré de protéger et servir ? Alors que tu as juré de faire mieux que Damian ? De leur prouver à tous que tu valais mieux que lui ?

Je suis à nouveau seul, en lévitation dans le brouillard. Devant moi, de dos, ce frère que je hais tant, qui compte tant pour moi. Je veux m’en approcher, mais je ne peux toujours pas bouger. Alors je hurle. A m’en crever les poumons. Jusqu’à ce que mon corps soit en hypoxie. Damian relève la tête, et la tourne légèrement vers moi. Je me rends compte que ce n’est pas mon frère.

C’est moi.

J’accuse le coup. Depuis quand est-ce que je lui ressemble autant, physiquement ? Ses cheveux, ses yeux… Nous sommes indéniablement frères. Mais cela fait plusieurs années que je ne l’ai plus vu, depuis qu’il a déserté. Non, l’insupportable vérité, c’est que c’est moi qui ai changé. La vie et mon service m’ont endurcis, ont affirmé mes traits. Mais peu importe si nous sommes physiquement proches, si nous avons le même nom. Mes actes définissent qui je suis et l’héritage que je laisserai derrière moi. Et je ne suis pas un tueur. Je fixe ce reflet de moi-même dans les yeux avec insistance, et, quand je reviens à la réalité, je constate que ma frappe a très légèrement perdu en vitesse. Le jeune soldat reçoit le coup en plein dans la base du menton mais l’impact est freiné : il a beau voltiger dans la pièce, ce coup ne sera pas fatal. Je soupire intérieurement de soulagement…

Et réalise que j’ai réussi, un bref instant et dans une proportion minime, à influencer mon corps.

J’ai également ralenti ma chorégraphie martiale d’une seconde, qui a suffit à un lapin géant du corps de Réaction Rapide pour me fondre dessus… Et me donner un violent coup de patte dans la tête. Comme il n’est pas si fort que ça, j’encaisse le coup. Mais je l’encaisse bien moins bien que prévu : ma tête résonne violemment, elle vibre tout à coup comme si elle allait exploser. Des flashs lumineux de toutes les couleurs pulsent devant mes yeux… Et je m’attends à perdre à nouveau connaissance. A ce que mon esprit soit à nouveau déplacé de sa prison de chair au vide silencieux.

Je heurte violemment le sol. Cette fois, c’est un grand flash noir qui traverse mon champ de vision.

Et je me sens revivre. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine. Je sens l’air emplir mes poumons. Je sens mes terminaisons nerveuses et mes corpuscules de Pacini qui m’envoient un raz-de-marée d’informations. Je relève la tête. Le lapin géant essaie d’abattre son énorme patte sur moi. J’esquive en me relevant et le frappe du tranchant de la main au niveau de sa nuque, avec juste ce qu’il faut de force pour le mettre au tapis sans trop le blesser. C’est bien moi qui ai voulu faire ça, c’est moi qui ai le contrôle de mon corps. Je lance un regard à la troupe de miliciens et aux autres bêtes qui commencent à se ruer sur moi. Je n’ai pas le temps de leur expliquer la situation. Alors je saute dans les airs et envoie une série de Rankyakus faire s’effondrer les balcons et les balustrades qui surplombent la salle. L’éboulement de glace les ralentissant, j’en profite pour foncer à la poursuite de l’Agent Ameublement et de sa majesté le roi Chalier. J’arpente les couloirs labyrinthiques du palais à vive allure, jusqu’à finalement les rattraper. L’agent du Cipher Pol se tourne lentement vers moi, silencieusement, comme une machine, alors que sa prise gesticule sur son épaule en me voyant. Je réajuste le nœud de ma cravate, et replaque mes cheveux en arrière, qui se figent à cause de tout le sang qui y est collé.

N’ayez crainte. Le Commodore Raines est de retour.


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 28 Sep 2023 - 9:45, édité 1 fois
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Je fixe du regard le roi Chalier et l’Agent Ameublement qui le porte comme un sac de pommes de terres sur son épaule. L’instant d’après, je ne vois plus que le souverain Drumois, inerte dans les airs, comme si la gravité n’avait pas eu le temps de se rendre compte qu’il fallait le faire tomber. L’Agent Ameublement réapparaît en sortie de son Soru juste devant moi, et tente de m’assener un Shigan au niveau du cœur. J’encaisse sans broncher avec mon Tekkai. Je tente de saisir sa main. Il dégage la mienne d’un revers de la sienne. Je me sers alors de l’impulsion pour tourner sur ma jambe et lui envoyer un coup de pied au niveau de la tête. Il replie son bras gauche qu’il vient soutenir du bras droit pour encaisser, et c’est cette fois à mon tour de venir m’écraser sur son Tekkai. La riposte ne se fait pas attendre.

Shigan : Oren ! Il lance une série extrêmement rapide de Shigans qui visent mon torse. Je contracte mes muscles pour encaisser, et serre les dents de douleur. J’ai l’impression de me prendre une décharge de mitraille à bout portant.

Rankyaku : Sen ! Il ne me laisse pas de temps de répit, et enchaîne avec un Rankyaku dont la lame d’air fuse en ligne droite vers moi au lieu d’arriver en arc de cercle, ce qui concentre indéniablement sa puissance. J’encaisse péniblement en utilisant mon Tekkai, accusant tout de même le coup. Quelle puissance… Je peste intérieurement. Quelle plaie, d’affronter un autre utilisateur du Rokushiki… D’autant plus quand, de toute évidence, il en maîtrise des techniques et des variantes qui rendent cet art martial encore plus mortel. Je me souviens que c’est ce que me reprochait le Commandant Jugo, lors de ma formation au B.A.N… Que je suis trop rigide, trop classique, pas assez imaginatif. Et effectivement, à part le Kamisori, je n’ai pas vraiment expérimenté avec le Rokushiki. Je me note dans un coin de la tête d’y travailler lors de mes prochains entraînements, quand je me serai sorti de cette situation… Si je me sors de cette situation.

Nous continuons d’échanger des coups avec l’Agent Ameublement, mais aucun ne parvient à prendre concrètement l’ascendant : il a un éventail de techniques plus large que le mien, ce qui me force à rester sur la défensive et à encaisser… Mais je suis légèrement plus fort physiquement, alors que mes attaques font mouche, elles font des dégâts. J’utilise mon Soru pour me déplacer prêt du roi Chalier, afin d’essayer de le libérer… Mais je suis suivi de près par l’agent du Cipher Pol.

Jugon ! Il n’hésite pas une seule seconde, et tente de me frapper avec son poing tout entier rendu destructeur grâce à la puissance du Shigan. Trop risqué que j’encaisse avec le Tekkai, alors je fais l’inverse : je m’assouplis au maximum avec le Kami-E, et j’esquive l’attaque. Profitant de ma flexibilité papetière, je m’enroule autour de son bras et passe dans son dos. Je le saisis sous la gorge avec mon bras gauche et essaie de le positionner en soumission en appuyant avec mon talon au niveau de son creux poplité.

Je sais que ça ne sert à rien d’essayer de vous raisonner… Mais si vous pouvez m’entendre… Rassurez-vous ! Je vais vous aider !

J’ignore si lui aussi est prisonnier de son propre corps, s’il est condamné à n’être que le spectateur de ce qui se passe et si mon message est parvenu à l’atteindre… Une chose est sûre en tout cas, c’est qu’il est toujours sous le contrôle hypnotique du Docteur Freeman : sans réagir à mes paroles, il n’hésite pas une seule seconde à m’asséner un violent coup de coude dans les côtes. Je crache et m’étouffe de douleur, relâchant mon étreinte et lui donnant la liberté de me donner un puissant coup de pied pour remettre de la distance entre nous et lui rendre sa liberté. Instantanément, il repasse à l’offensive.

Soru : Kokoken ! Il frappe dix fois le sol en une fraction de sol et se retrouve en un instant devant moi, le poing en avant. Je bloque in extremis en dégageant son bras avec le mien. Je peste à nouveau. C’est comme quand j’étais hypnotisé : il ne perd pas de temps, il cherche à me tuer. Cette mentalité d’assassin hyper efficace, dénué d’émotions et freins mentaux, couplée aux prouesses physiques que lui permet d’accomplir sa maîtrise du sixième style… En font un adversaire comme je n’en ai jamais affronté. Et encore… Il n’a même reçu directement l’ordre de me tuer. Je me saisis du bras que je viens de dégager, et place mon autre avant-bras sur son coude pour l'entraîner dans son mouvement, le faire chuter et le bloquer en clé de bras. Alors qu’il commence à partir en avant, à ma grande surprise, il saute dans les airs. Complètement à l’horizontale, il utilise le Geppou pour se propulser en avant et m’emporter avec lui. Je m’écrase dans le décor, alors qu’il se réceptionne et se replace près du roi Chalier d’un Soru.

Majesté ! La milice, qui nous a rattrapés, débarque à ce moment-là. Attaquons-les ! A mort la marine !

Ils se ruent sur moi, car je suis plus proche de leur position. Je peste à haute voix, quand je vois dans ma vision périphérique que l’Agent Ameublement charge à nouveau le souverain Drumois sur son épaule avant de fuir. Bien sûr. Ses ordres passent en priorité, et il va bien évidemment profiter que je sois retenu pour s’enfuir.

Je me retourne vers les soldats Drumois.

Je suis navré. Je n’ai pas le temps de m’expliquer, et j’en ai encore moins à perdre. Veuillez m’excuser ! Je vous promets que je suis de votre côté, et que nous allons sauver ce royaume !

Ils me chargent, et j’arme mes jambes, prêt à attaquer avec toute la vitesse de mon Kamisori. Désolé, ça risque d’être un peu douloureux, mais il n’y a pas de temps à perdre. L’avenir du royaume en dépend.
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Je virevolte au milieu de miliciens qui sont complètement débordés par la différence écrasante de force, de rapidité et de technique entre nous. Je n’aurais eu aucune difficulté, sous le contrôle de l’implant du Docteur Freeman, à les terrasser. En revanche, il est bien plus compliqué de les neutraliser sans les blesser sérieusement. C’est un combat chirurgical, dans lequel je démontre toute ma maîtrise du Soru et des différents points faibles du corps humain pour apparaître, frapper efficacement, et disparaître. Au bout d’une trentaine de secondes seulement, le seul bruit qui se fait encore entendre est le tintement des hallebardes qui sont lâchées au sol… Et celui de mes talons alors que je repars à toute vitesse dans les couloirs, sans même me retourner : pas la peine de vérifier s’ils sont bien tous hors d’état de nuire, j’ai confiance en mes capacités.

A mesure que je cours dans le dédale de couloirs du Palais de Glace, je longe les murs éventrés et j’enjambe des corps mutilés, de toute évidence perforés par des Shigans… Et je serre les dents. Est-ce l’Agent Ameublement qui a fait ça ? Ou bien moi lors d’un précédent passage ? Je n’ai rarement été animé d’une aussi grande fureur, à l’idée que deux serviteurs du Gouvernement et des intérêts des innocents soient ainsi forcés à les trahir ainsi. Et lorsque je débarque dans une grande pièce et que mes yeux se posent sur mon partenaire du Cipher Pol, le Docteur Octavius et le Docteur Freeman, je sens que toute cette rage est prête à être libérée.

Ah, et voici le Commodore Raines, maintenant ! Il tombe à pic ! Les deux docteurs se retournent vers moi, alors que l’Agent Ameublement, lui, n’a ni bougé ni réagi. Bien ! Vous avez causé une belle pagaie, et nous avons le roi Chalier… Il est temps de se ret… Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et de se rendre compte que je ne suis plus sous son emprise. En un instant, grâce au Soru, je suis à son contact, et je frappe. Mon index et mon majeur, rendus aussi durs que l’acier par mon Shigan, visent sa gorge. Peu m’importe s’il se vide de son sang, la situation est bien trop critique pour faire dans la demi-mesure : je dois l’empêcher de parler et d’utiliser sa voix hypnotique. Le tranchant d’une main gantée vient alors violemment me frapper au poignet, faisant dévier mon coup dans une colonne, à quelques centimètres à peine de la gorge du Docteur Freeman. Mes doigts viennent mordre et se planter dans la glace. Qu’est-ce que… ?

J’essaie de me dégager et immédiatement de réitérer ma frappe, mais l’agent Ameublement m’en empêche à nouveau. Je n’ai finalement pas d’autre choix que de bondir en arrière et de remettre de la distance entre nous. Je peste intérieurement.

Ha ! Commodore Raines ! Bon retour parmi nous ! J’ignore comment, mais votre implant à du malfonctionner… Fort heureusement pour moi, j’ai eu la bonne idée d’implanter à votre collègue l’ordre de me protéger par-dessus n’importe lequel de ses autres ordres ! Il ricane en se frottant les mains.
Dépêchez-vous de l’hypnotiser à nouveau !
Ne vous en faites pas… Ce petit jeu à assez duré… Dorm...

Au moment où je commence à peine à ressentir la vibration dans mon crâne, je réagis. Ne le laissant pas finir. Je bondis en arrière, et mets les mains sur mes oreilles pour ne pas entendre ne serait-ce qu’un mot complet. L’instant d’après, je fais pleuvoir sur l’agent Ameublement et les deux docteurs une volée de Rankyakus… Ou plus exactement, je frappe au hasard, projetant des lames d’air dans tous les sens… Ce qui semble avoir l’effet escompté : le Docteur Freeman est obligé de se mettre à couvert pour se protéger, et n’a pas l’air de pouvoir se concentrer sur sa voix hypnotique. Avant que la salle ne soit complètement remplie de poussière de glace à cause de mes attaques, je remarque les lèvres des deux docteurs remuer alors qu’ils semblent se parler, puis le Docteur Freeman parle à l’Agent Ameublement. Enfin, le Docteur Octavius attrape le roi Chalier et l’enroule dans un de ses tentacules. Je marque une pause dans mon assaut, quand je ne peux plus rien y voir, sans enlever mes mains de mes oreilles. C’est à cet instant que, surgissant de la fumée, l’agent Ameublement apparaît et m’assène un violent coup de poing au ventre. Je contracte mes abdos et utilise mon Tekkai pour encaisser… Une seconde trop tard. J’accuse le coup, et il me propulse avec force dans les airs. Je m’écrase vers l’entrée de la pièce.

Ne vous en faites pas Commodore ! Vous pouvez enlever vos mains de vos oreilles !

Quand j’entends la voix du Docteur Freeman, je peste à haute voix, me rendant compte qu’en me relevant, j’ai enlevé ma protection auditive. En même temps, impossible de se mouvoir et encore moins de se battre correctement sans ses mains… Mais je reste confiant. J’ai pu esquiver sa tentative de contrôle mental, et je pense être assez vif et rapide pour le refaire s’il essaie à nouveau.

Alors que la poussière retombe, l’agent Ameublement se dresse face à moi, et je remarque qu’au fond de la salle, le Docteur Octavius et le souverain Drumois ne sont plus là. Il ne reste que le Docteur Freeman, qui semble prêt à leur emboîter le pas.

Vous m’avez agacé, Commodore Raines. Je pense que je saurai me contenter de votre collègue du Cipher Pol, qui est bien plus docile. En ce qui vous concerne… J’ai l’idée d’une fin plus définitive ! Tuez...

Je remets mes mains sur mes oreilles avant d’entendre la suite, ce qui semble fonctionner : je ne sens pas son emprise se resserrer sur moi. D’un autre côté… Je me rends compte que ce n’était pas sur moi qu’il tentait d’imposer sa volonté. L’intuition est confirmée lorsque l’Agent Ameublement fond sur moi, le poing en avant. Tuer ? Non. Tuez plutôt. Quelque chose comme “Tuez-le et venez me retrouver”.

Amusez-vous bien !

Alors que je commence à esquiver le torrent inarrêtable des attaques féroces de l’agent du Cipher Pol, je remarque du coin de l'œil le Docteur Freeman qui s’enfuit. Je réévalue la situation. Ce sera bien plus compliqué de le neutraliser que quelques miliciens… Et contrairement à notre échange de coups précédents, où il s’avère clair qu’il ne cherchait qu’à s’enfuir pour remplir son objectif et ramener le roi Chalier au Docteur Freeman, il cherche désormais à me tuer. Et de ce que j’ai pu voir des ordres reçus par la puissante hypnose du Toubib 20, ils sont absolus. Il ne s’arrêtera pas tant que je ne serai pas mort.

Impossible de s’en sortir par une pirouette, Raines. Il va falloir y aller à fond et te surpasser, si tu veux survivre.

Je porte mes mains à ma cravate et la resserre autour de mon cou. C’est parti.
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Tekkais, Kami-E et Soru contre Shigans. Geppous contre Rankyakus. Rankyaku contre Tekkais et Kami-E. Les techniques et les contres s’enchaînent et s’annulent dans ce qui semble être un pierre-feuille-ciseaux très compliqué d’artistes martiaux. Mais, petit à petit, je m’adapte, et je parviens à prendre le dessus. Je m’habitue à ses mouvements très mécaniques, automatiques et surtout emplis d’une intention meurtrière. Comme le Docteur Freeman lui a vraisemblablement ordonné de me tuer, chacun de ses coups vise à le faire. Et bien que son éventail de techniques soit plus large que le mien, ses coups ne cherchent qu’à viser des points vitaux. De mon côté, au contraire, ma connaissance de l’anatomie humaine et mon expérience au combat me donnent bien plus d’opportunités… Et ce même si je cherche à l’incapaciter sans pour autant le tuer. De manière générale, il y a autre chose que le contrôle mental ou l’instinct de tueur n’expliquent pas. J’ai l’impression de pouvoir anticiper ses mouvements, de sentir où il va se déplacer et comment il va attaquer d’une manière que je serais incapable de qualifier. De ce fait, mes Shigans commencent à faire mouche, éraflant petit à petit sa chair et son costume.

Le Commandant Jugo m’a appris qu’un combat d’arts martiaux est une danse, une mélodie très rythmique. Ce n’est pas pour rien que certaines peuplades pratiquent leur art en musique, d’ailleurs. Les enchaînements de coups sont comme des enchaînements de notes et forment des strophes offensives. En assemblant ces strophes et en y ajoutant des défenses et des réactions dont le chaos organisé peut rappeler un jazz, on obtient une sorte de mélodie de combat, propre à chaque combattant. Et si on veut gagner un combat, il faut réussir à entraîner l’adversaire et le faire danser sur sa propre mélodie, sur son propre rythme… Ce qui se montre particulièrement difficile quand celui-ci dispose d’un arsenal de techniques variées et qui lui permettent de rentrer à nouveau dans son propre rythme quand il en sort.

Mais il existe une autre façon de battre un adversaire, plus délicate et plus risquée, mais tout aussi efficace que lui imposer son rythme : rentrer dans le sien. Accepter de danser, en étudier la chorégraphie… Et le contrer. J’observe patiemment ses mouvements. Les enchaînements qu’il exécute. Quand j’attaque d’une certaine façon, je regarde comment il défend. Est-ce qu’il esquive ? Est-ce qu’il bloque ? Comment contre-t-il ? Préfère-t-il utiliser le Tekkai, ou bien le Kami-E ? Préfère-t-il esquiver vers son bras dominant, ou l’inverse ? Je lis ses habitudes, j’observe son corps : les muscles qui se contractent, les articulations qui entrent en tension avant de frapper, l’irrigation de ses vaisseaux sanguins sous sa peau. Tous ces petits détails que seul un médecin pourrait percevoir. Et là, je vois la faille. Le réflexe. Celui qui provient peut-être d’une ancienne blessure de mission, ou qui résulte simplement d’une préférence personnelle. Il esquive un coup que je lui porte au visage avec un Kami-E. J’anticipe parfaitement son mouvement, et alors qu’il évite, je lui porte un puissant coup de pied en plein flanc. Il est propulsé dans les airs et parvient à se stabiliser et à se rattraper avec un Geppou qui le ramène les pieds sur terre. J’esquisse un sourire satisfait. Je sais reconnaître quand une de mes frappes fait mouche, et qu’elle cause des dégâts.

Tekkai Kenpo ! La riposte est immédiate. L’Agent Ameublement durcit son corps grâce au Tekkai. Je hausse le sourcil, curieux de savoir pourquoi il utiliserait sa technique défensive de cette façon, mais tout de même méfiant… Et à raison. Roba no Kamae !

Il disparaît en utilisant le Soru… Et réapparaît à mon contact. Le choc est violent, et je comprends alors qu’il s’est déplacé en maintenant son Tekkai activé pour me frapper de plein fouet. Mais je n’ai pas vraiment le temps de m’émerveiller quant à la prouesse martiale que cette attaque représente, car je suis propulsé dans les airs. Je me rétablis tant bien que mal, mais je ne suis pas au bout de mes peines…

Tekkai Kenpo : Okami Hajiki !

Cette fois, il se propulse, le poing en avant. J’esquive in extremis avec un Kami-E alors qu’il traverse littéralement le mur contre lequel je m’étais heurté suite à son attaque précédente, soulevant un épais nuage de poussière de glace.

Tekkai Kenpo : Roba no Kamae !
Kamisori !

Les attaques pleuvent dans toutes les directions alors que l’agent du Cipher Pol est en train de démolir la salle dans laquelle nous nous trouvons, et que j’esquive tant bien que mal. Le fait qu’il combine ses facultés offensives et défensives ne me laisse pas d’ouverture pour contre-attaquer, quand bien même je parviens à voir des failles dans ses attaques, et petit à petit je me désynchronise de son rythme. Mais ce n’est pas pour autant que le tempo de ce combat m’échappe. Il suffit simplement que je redouble d’efficacité pour imposer mon rythme… Et que je sois plus décisif. L’Agent Ameublement donne tout ce qu’il a pour me tuer, bien que ce soit sous la contrainte… Et je me dois d’y aller également à fond, si je veux rivaliser. Mon adversaire est un maître du Rokushiki, après tout… Il saura encaisser mes coups sans mourir. Je l’espère.

Alors je me déchaîne.

Je fais pleuvoir les coups, sans retenue. Sans craindre que mes phalanges n’explosent au contact de ce Tekkai qu’il garde activé en permanence. Je fais valoir mon avantage dans ce combat : mon ascendant physique… Et ça marche. Je vise les articulations et les endroits qui normalement sont composés de tissus mous. Chaque coup résonne comme si ce sont des boulets de canon qui le percutent. Bientôt, sa défense ne suffit plus, et je me sens gagner du terrain, et dominer ce combat, multipliant les enchaînements de frappes sans interruption.

J’impose mon rythme. Un véritable legato martial.
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L’Agent Ameublement semble le percevoir… Et malheureusement pour moi et heureusement pour l’équilibre de ce monde, notre Gouvernement Mondial forme de bons agents. Dès lors qu’il sent que je prends l’avantage, il se désengage.

Rankyaku : Ran ! Dansant dans les airs, l’agent du Cipher Pol enchaîne les saltos et cabrioles pour m’envoyer un véritable déluge de Rankyakus, d’une façon assez similaire à celle que j’ai employé auparavant pour ne pas me faire hypnotiser par le Docteur Freeman.

Plutôt que de prendre le risque d’encaisser avec le Tekkai, et pour économiser mes forces, je bondis en arrière et m’abrite derrière une des immenses colonnes qui soutiennent le plafond de la salle. L’attaque de mon adversaire soulevant un épais nuage de poussière de glace, j’en viens à me demander s’il ne s’agit pas d’une diversion qui lui permettrait de prendre la fuite… Bien que cela semble contraire aux ordres que j’imagine qu’il a reçus. Pourtant, lorsque je peux à nouveau y voir clair, je ne le vois plus. Pire encore, je suis nez-à-nez avec le Docteur Freeman, qui me regarde et me sourit narquoisement, et commence à ouvrir la bouche. Je pourrais le faire taire d’un Shigan dans le cou. Ou lui couper violemment le souffle d’un coup de pied bien placé. Pourtant, mon premier et immédiat réflexe est de porter mes mains à mes oreilles. Il pose alors ses deux poings contre mon torse, phalanges contre phalanges.

Rokuogan !

Une onde de choc jaillit de ses mains et traverse mon torse. C’est comme s’il y avait un tremblement de terre dans ma poitrine. Comme si on m’avait fait avaler un bâton de dynamite. Comme si chacun de mes os et des mes organes n’était qu’un verre en cristal au concert d’une castafiore. Je suis projeté en arrière avec une grande puissance, et creuse un large trou dans le mur en m’y écrasant. Je vois trouble. Je crache une épaisse gerbe d’un sang sombre lorsque j’essaie de me relever. Alors c’est ça, le Rokuogan ? La fameuse septième technique du Rokushiki ? Une technique si puissante que je n’en avais seulement entendu parler, et qui serait réservée à l’élite de l’élite du Cipher Pol ? Je peste en crachant un nouveau flot de sang. Pas le temps d’être admiratif ou de s’estimer chanceux, Raines… Car le Docteur Freeman, d’un Soru, fond sur moi et tente de me perforer le crâne avec un Shigan. Je parviens in extremis à me relever et à esquiver en me jetant sur le côté. Alors que ma vue me revient complètement, mes yeux se posent sur le Docteur Freeman… Qui s’arrache le visage, révélant qu’il s’agissait seulement d’un des déguisements incroyablement élaborés de l’Agent Ameublement. Comment a-t-il fait pour se changer aussi vite ? Et avait-il ce masque et cette blouse préparés sur lui depuis le début ?

Je n’ai pas le temps de m’adonner à ces réflexions et ces questionnements, devant esquiver un nouvel assaut. J’accuse sérieusement le coup de son attaque : tout mon corps me brûle, et j’ai l’impression que chaque bouffée d’air va faire exploser ma poitrine. Fort heureusement, il semble que cette technique n’a pas été sans coût pour lui non plus. Je le sens haleter, et diminuer en intensité. Ses pas sont plus lents, plus brouillons… Mais il n’empêche qu’il a pourtant clairement renversé la vapeur de ce combat, et m’a bien eu avec son déguisement et son attaque surprise.

Pire encore… Cela signifie que maintenant, c’est lui qui impose son rythme. Un rythme décousu au gré de ses diverses techniques… En staccato.
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Le combat continue avec une intensité phénoménale. La puissance de nos attaques et la violence des échanges de coup a fini par réduire en un tas de gravats la salle dans laquelle nous nous trouvions… Ce qui a considérablement élargi la taille de notre arène puisque nous nous battons désormais dans tout le Palais des Glace, fusant de salle en salle et se rendant coup pour coup dans les couloirs.

J’ai mal à chaque mouvement que j’effectue, et chaque inspiration que je prends me brûle de l’intérieur : le Rokuogan de l’Agent Ameublement a définitivement laissé des séquelles. Pourtant, je tiens bon. Je me bats comme un lion, sans perdre une seule once de ma rage de vaincre. Déjà, parce que c’est une question de vie ou de mort. Et puis… C’est comme ça que je me suis entraîné, depuis tout jeune. Mes parents n’avaient d’yeux que pour mon frère, l'aîné de la fratrie et le génie de la famille. Alors deux choix s’étaient offerts à moi si je voulais qu’ils reconnaissent mon existence : me rebeller, ou essayer de le surpasser. J’ai choisi la seconde option, mais cela m’a demandé un travail de longue haleine. Quand on souhaite égaler le talent naturel, il faut une forme de motivation et d’effort qui frôle le dédain pour sa propre vie et la capacité à la sacrifier. Je ne compte pas le nombre de fois où, plus jeune, j’ai failli y passer parce que je ne souhaitais pas arrêter de m’entraîner ou de me battre. C’est pareil aujourd’hui, hormis que l’admiration pour mon frère et ma soif de reconnaissance sont remplacées par la volonté d’accomplir mon devoir et la rage de vaincre. Je ne peux pas perdre ici. Je ne peux pas abandonner. Je dois retrouver mon frère, je dois laver l’honneur de mon nom. Alors j’attaque, l’esprit vide. J’attaque encore et encore. Comme si j’étais dans la zone. Persuadé qu’Alex Raines ne pourra jamais perdre contre une marionnette lobotomisée par un hypnotiseur fou.

Nouvel échange. J’esquive une frappe à la tête, je riposte de deux jabs dans son Tekkai, et je termine par un puissant coup de pied en plein torse. L’agent du Cipher Pol est propulsé au travers d’une cloison vers une autre pièce.

Qu’est-ce qui se passe ?! Quelqu’un vient de traverser le mur ! Capturez-le ! Je peste à nouveau, lorsque de la brèche dans le mur émerge une troupe de miliciens. L’un d’entre eux me pointe du doigt. Eh ! C’est le Commodore qui a tenté d’assassiner le roi !
Vous ne comprenez pas ! Laissez-moi passer ! Fuyez, éloignez vous de l’homme qui vient de traverser le mur !

Ils ne m’écoutent pas, et alors que je m’approche pour essayer de passer dans l’autre pièce pour rejoindre l’Agent Ameublement, brandissent leurs hallebardes pour me mettre en joue. Je n’ai pas le choix, et je dois les neutraliser comme leurs collègues auparavant. Je me fraie un chemin parmi eux à toute vitesse, frappant du tranchant de la main la base de leur cou pour y toucher le nerf et les faire tomber dans l’inconscience.

Alors que je fauche machinalement les soldats Drumois, pleinement concentré sur le fait que mon adversaire pourrait surgir à tout moment, je ressens quelque chose d’étrange au niveau de ma main. En effet, au moment où je frappe un des derniers hommes qui m’empêche de passer et tente de me capturer, mon coup semble ne pas le toucher. Ou plutôt, il le traverse… Mais pas vraiment. En une fraction de seconde, je tourne la tête dans la salle voisine. Pas d’Agent Ameublement. Je n’ai même pas le temps de jurer à voix haute quand je comprends que je viens de me faire avoir par une image rémanente… Et un nouveau déguisement de mon adversaire, qui a profité de la cohue générale pour se camoufler en un instant parmi les miliciens.

Kami-E : Zanshin.

Je ressens une vive douleur au niveau de la gorge, et je comprends alors qu’il est passé derrière moi, et qu’il m’étrangle désormais avec un garrot. Je sens son dos contre le mien, signe qu’il s’est retourné et serre le lacet en tirant par-dessus son épaule. Une technique classique d’assassinat, auquel il est sûrement versé. Le choc est violent, et la strangulation rapide : je sens le cable mordre ma chair avec une telle force que j’ai peur de me faire instantanément égorger. Impossible de me contracter et de me raidir pour utiliser le Tekkai. Impossible de me détendre pour me dégager avec le Kami-E. Si j’essaie de me dégager avec le Soru, je prends le risque d’y laisser ma gorge. A chaque seconde qui passe, à chaque seconde d’hésitation, le lacet étrangleur se resserre autour de mon cou. Je commence à étouffer. Je commence à me faire égorger. Le Rokushiki ne m’aidera pas… Mais ce n’est pas ma seule arme. J’ai suivi l’entraînement du B.A.N. J’étais supposé faire une brillante carrière dans l’élite. Alors quand la situation est critique, je ferme les yeux, et les instincts et les heures d'entraînement prennent le relais.

Je pousse le dos en arrière, de manière à m’appuyer sur lui, sans trop m’arquer pour ne pas perdre toute ma puissance. Je passe ensuite ma main à l’arrière de ma nuque et passe un de mes doigts raidis par le Shigan à travers l’espace entre la corde et cette dernière. Je tire de toutes mes forces pour pouvoir y passer le reste de ma main, libérant à peine la pression sur ma trachée. C’est juste ce qu’il faut pour que je prenne une bouffée d’air. Je pivote sur moi-même, fléchissant légèrement les genoux et abaissant mon centre de gravité pour augmenter ma vitesse de rotation. Le spin du mouvement me permet alors de me retrouver face à lui. Je frappe de toutes mes forces dans son entrejambe de mon poing gauche. L’effet escompté est immédiat : il se courbe vers l’avant, et lâche un peu son emprise. Je dégage ma main droite du garrot et vient le frapper à pleine vitesse avec la paume ouverte dans l’oreille, avec pour objectif de lui percer le tympan ou au moins de simplement le déséquilibrer. Je termine par un coup de pied gauche qui vient le chercher en pleine poitrine alors qu’il est recroquevillé. Le choc est lourd et violent, et il se retrouve projeté dans les airs.

Il réagit rapidement et se stabilise avec le Geppou. Mais j’exécute une danse effrénée sur un rythme martial endiablé.

Alors qu’il combine une nouvelle fois Tekkai et Soru pour m’attaquer avec tout le poids de son corps rendu plus dense que l’acier, je n’esquive pas. Alors que son poing fuse droit vers mon sternum, je le bloque dans un réflexe éclair de mon avant-bras droit, le décalant sur le côté. La douleur est vive. J’ai au moins dû me fêler le radius. Mais je serre les dents et je fais fi de la douleur. Faisant coulisser ce bras le long du sien, ma main vient attraper son poignet. Mon avant-bras gauche vient ensuite violemment le frapper au niveau du coude. Peau nue contre Tekkai. Il y a un grand bruit de choc, suivi d’un petit craquement osseux… L’instant d’après, son bras droit est plié dans le mauvais sens. Il pivote et tente de m’asséner un crochet de son bras gauche, toujours valide, au niveau de mon visage. Je lui envoie un Shigan dans le poignet. Entre mes doigts, qui arrivent avec la force et la vitesse d’une balle de fusil, et le bras de levier et le swing de son bras, son poignet se brise net. Ses deux bras incapacités, il ne peut plus se défendre.

Il tente d’effectuer un Tekkai poussif qu’il peine à exécuter correctement, entre la fatigue et la douleur… Au travers duquel je passe sans problème. Je le frappe du gauche à l’entrejambe, encore une fois. J’enchaîne avec un jab du droit en plein plexus solaire. Finalement, je l’achève avec un crochet à main ouverte dans le maxillaire inférieur. Le coup est suffisamment violent pour faire vriller sa tête. Et il est instantanément assommé. C’est une frappe de boxe des plus classiques. La rotation du crâne entraîne un déplacement brusque du cerveau, qui, flottant dans la boîte crânienne, cognant la voûte crânienne une ou deux fois. Le cervelet ayant subi un véritable traumatisme, le circuit neurologique se protège en réalisant une sorte de court circuit qui provoque une perte de conscience. L’opération n’est pas sans séquelles… Mais au point où j’en suis, je ne peux qu’espérer que l’Agent Ameublement soit suffisamment solide pour s’en remettre sans problèmes. Désolé, partenaire… Je n’avais pas d’autre choix.

Son corps chute lourdement au sol, et je pose un genou à terre. Je tousse, reprenant de l’air dans mes poumons. Tout mon corps me brûle. Je passe la main sur mon cou douloureux. Mon gant est tâché de sang. Mon corps tremble comme une feuille. J’ai failli y passer et devenir un des cadavres que les élèves du C.H.U. auraient disséqué pour leur apprentissage. Je tousse à nouveau, et pose ma main sur mon genou pour me donner l’impulsion de me relever. Je crois que je n’ai jamais été aussi mal en point…

Mais il est hors de question d’abandonner ici. Ma mission n’est pas terminée tant que le Docteur Freeman n’est pas mis hors d’état de nuire.
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Je déambule dans les couloirs du Palais des Glaces en titubant. Le col de mon uniforme est complètement rouge de sang. Je desserre légèrement ma cravate et ouvre le premier bouton de ma chemise, ce qui n’est clairement pas dans mon habitude. Ma gorge et mon torse me font atrocement souffrir, mais il faut que je tienne bon. Je commence à accélérer la cadence de mes pas, puis je me mets à trottiner. Finalement, je me remets à courir. A chaque déglutition, du sang dégouline sur ma poitrine. A chaque inspiration, mon corps me brûle comme s’il était traversé par la foudre. Alors je ferme les yeux et je continue de courir, soufflant de grandes expirations pour faire partir la douleur. Concentre-toi sur autre chose, Raines. Freeman. Il faut que je le rattrape, que je réfléchisse comme lui pour gagner un temps d’avance. Où est-il ? Où prévoit-il d’aller ? Le Docteur Octavius et lui ont capturé le roi. Ils doivent désormais l’opérer et lui installer leur implant, s’ils veulent prendre le contrôle du royaume. Ça m'étonnerait fortement qu’ils retournent à l’Assommoir, ou bien même qu’ils aillent au C.H.U. : ils attireraient trop l’attention, surtout s’ils se déplacent avec le souverain Drumois… Non, le plus vraisemblable, c’est qu’ils aient tout prévu et qu’ils puissent faire la chirurgie sur place. Dans une pièce reculée du Palais des Glaces, où se trouverait du matériel médical… Une infirmerie, par exemple ? Je crois me souvenir avoir croisé une porte marquée d’une croix rouge, au dernier étage du bâtiment central… Je me mets en route. Le temps est compté.

Esquivant une troupe de miliciens qui s’affaire à essayer de retrouver le roi Chalier, je me faufile discrètement jusqu’à la fameuse pièce. Je colle mon oreille sur le bois de la porte. Il y a des voix de l’autre côté, mais je suis incapable de dire s’il s’agit de médecins psychopathes prêts à lobotomiser leur souverain, ou simplement de miliciens qui se sont réfugiés là après avoir été blessés par ma main ou celle de l’Agent Ameublement… Je n’ai pas vraiment le temps de me poser la question. Je me recule, prends une grande inspiration… Et défonce la porte avec un coup de pied. Le bois vole en éclats. Je jette immédiatement un œil à l’intérieur. Pas de scène larmoyante avec des civils terrifiés. Juste un roi attaché à une table, visiblement endormi, et le Docteur Octavius au-dessus de lui. Pas de Docteur Freeman à l’horizon.

Qu’est-ce que vous faites là ?!!

Il semble paniquer, et deux de ses tentacules prothétiques commencent à serpenter vers moi. Mais si le Docteur Freeman n’est pas là, pas question de paniquer. Je me saisis des deux tentacules, en attrapant une dans chacune de mes mains. Je tire alors de toutes mes forces sur les prothèses robotiques, pour essayer de l’entraîner vers moi, mais ses deux tentacules inférieurs se plantent dans le sol et lui permettent de résister à la traction.

Ce ne sera pas si simple, hahaha ! Je me mets alors simplement à tirer plus fort. Je contracte tous mes muscles, en lâchant un râle sous le coup de l’effort. Les éléments métalliques qui composent les tentacules commencent alors à crisser et à grincer… Et de petits arcs électriques accompagnés de bourdonnements apparaissent. Qu’est-ce que… Non, ne faites pas ça !

Comparé au combat que je viens de livrer et à la douleur qui engourdit toujours la quasi-totalité de mon corps, ce n’est rien. J’insiste un peu plus, plantant mes pieds dans le sol, et tire en y mettant mon dos et tout le poids de mon corps. Il y a un grincement rauque, et les deux tentacules s’arrachent du dos du Docteur Octavius.

Nooooooon ! Mes bébés !

Il se décroche alors du sol et commence à reculer. J’ignore sa plainte, et utilise le Soru pour me rapprocher de lui en un instant. Je contracte mon index et mon majeur avec mon Shigan, et détruit les points d’attache des deux autres tentacules. Il tombe au sol et, tout en chouinant, commence à ramper pour s’enfuir. Il y a quelque chose de pathétique à le voir se mouvoir ainsi, tel un cancrelat, ce petit homme rondelet qui n’avait apparemment plus posé son propre pied par terre depuis bien longtemps. Mais il ne m’arrachera pas la moindre once de pitié… Et les blattes, je les écrase. J’abats mon talon dans son dos et l’enfonce dans le sol, explosant son appareil prothétique et faisant craquer la dalle sur laquelle il rampait, et l’envoyant au pays des rêves.

Dorm…

Je me bouche immédiatement les oreilles en les recouvrant de mes mains lorsque j’entends la voix résonnante du Docteur Freeman, dans mon dos. Je me retourne instantanément pour me retrouver face à lui.

Enlevez vos mains de vos oreilles et restez immobile.

Impossible. Mes oreilles sont parfaitement couvertes par mes mains. Je suis sûr et certain que je n’entends pas un son. Alors pourquoi est-ce que sa voix résonne dans mon crâne ? Pourquoi est-ce qu’elles glissent dans mon esprit, comme une mélasse dégoulinante et répugnante ? Je m’étais sorti de son emprise… Alors pourquoi est-ce que je me sens glisser à nouveau le long de cette pente ? Un sifflement strident se réverbère dans ma tête. C’est plus fort que moi. Je dois lui obéir. J’enlève mes mains de mes oreilles. J’ai beau lutter de toutes mes forces : rien n’y fait. Je suis de retour à la case départ, mais en plus amoché. J’essaie désespérément de bouger… Mais le seul résultat que j’obtiens, c’est d’empirer les douleurs qui parcourent mon corps.

Comment avez-vous fait ? Je suis sûr de ne pas avoir entendu votre voix !
Vous vous sentiez intouchable si vous ne pouviez pas m’entendre, mmh ? Mais vous saurez que je n’ai pas besoin de ma voix pour vous mettre en transe. Le regard, la gestuelle peuvent suffire, dans les bonnes conditions… Vous auriez sans doute mieux fait de bondir hors de ma vue comme la fois précédente ! Il ricane en se frottant les mains et s’approche de moi. Il est si proche que je pourrais simplement tendre le bras et le faire taire définitivement… Mais je ne peux toujours pas bouger. J’en conviens que vous avez vaincu mon jouet du Cipher Pol ? Tssssk… Il semblerait que je l’ai surestimé… Et que vous, au contraire, je vous ai sous-estimé ! Vous m’aurez bien cassé les pieds… Mais vous n’aurez été qu’un caillou dans ma botte. Une gêne mineure. Je vais vous hypnotiser à nouveau, et cette fois, croyez-moi, vous ne vous réveillerez pas…Dormez. Et lorsque je claquerai des doigts, vous vous réveillerez et obéirez à tous mes ordres.

Sa voix pénètre à nouveau mon esprit, et je n’ai pas d’autre choix que d'obéir. Mes paupières tremblent. S’alourdissent. Commencent à se fermer. J’ai réussi à m’en défaire une fois, mais il est bien trop torve et rusé pour ne pas prendre de nouvelles précautions, cette fois. Serait-ce comme ça que mon histoire se termine ?

Sur ces pensées déprimantes, je sombre dans l’inconscience.
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Je suis à nouveau seul, au milieu de l’épais brouillard. Je me tiens quelques mètres derrière l’individu qui est mon portrait craché. J’essaie de l’appeler, de m’égosiller à m’en déchirer les poumons à nouveau. Mais, à nouveau, ma voix ne produit aucun son. Pourquoi m’attendre à un résultat différent, alors que je fais la même chose ? Je ferme alors les yeux, et expire un grand coup. Tout était blanc et devient noir. Une silhouette lumineuse se dessine. C’est la mienne. Lorsque je rouvre mes yeux, mon double me fait face, et se tient à quelques dizaines de centimètres seulement de moi. Mon regard plonge dans le sien. Je me vois alors dans l’infirmerie du Palais des Glaces, contemplant le Docteur Freeman qui rit à gorge déployée. Je ferme une fois de plus les yeux. Je ne le vois plus, mais je peux le sentir. Je peux tous les sentir. Le roi, allongé sur le billard de fortune. Le Docteur Octavius, qui gît inconscient au sol. Deux étages plus bas, l’Agent Ameublement se trouve dans le même état… Mais ce n’est pas tout. Je sens les miliciens. Les autres invités du sommet d’urgence que nous avons perturbé. Je sens chacun d’entre eux. Je suis capable de les différencier, même très légèrement, comme si j’étais capable de tous les décrire par une couleur différente, une couleur qui leur est propre. Je sens que ce n’est pas un rêve causé par ma transe hypnotique, ni un délire causé par la douleur qui lancine mon corps en permanence. C’est la réalité. J’en ai l’intime conviction.

Et au milieu de tout ça, en plein centre de ce tourbillon de présences, tel l'œil du cyclone : moi. J’ai parfaitement conscience de mon corps. De sa forme. De ses imperfections. Des cicatrices qu’il porte et de la douleur qu’il ressent. C’est mon corps. Et il m’appartient. A moi, et à moi seul.

Il y a un flash de lumière, et je me retrouve à nouveau maître de mon corps. L’air froid brûle contre la plaie sanguinolente de ma gorge, et ma cage thoracique me fait un mal de chien… Mais ce sont des douleurs qui me font me sentir en vie… Et en contrôle.

Votre hypnose ne fonctionne plus sur moi, Freeman. Ma voix est calme. Froide. Déterminée. Mon regard aussi. Je le plonge dans le sien. Ses yeux s’écarquillent.
Impossible ! C’est l’implant, il doit être défectueux ! Je n’ai qu’à recommencer ! Dormez !

Je tombe dans l’inconscience. Je suis toujours incapable de l’empêcher de me mettre en transe. De l’empêcher d’arracher mon esprit de mon corps et de les séparer… Mais tant que j’ai conscience de mon être, tant que je peux voir et sentir cet esprit… Alors je peux les lier à nouveau, et revenir à moi. Mais ce corps… C’est bien le mien, mais pas entièrement. Il est empoisonné. Parasité. Je le sens incomplet. Il y a quelque chose, au niveau de ma tête. Il s’agit de l’implant du Docteur Freeman. Tant qu’il est là, vissé dans ma boite crânienne, tant qu’il déverse en moi cette substance chimique qui me rend suggestif… Je serai toujours sujet à son emprise. Je ferme les yeux. Je sais ce que j’ai à faire.

Je rouvre les yeux, et reviens une fois de plus à moi. Tout mon corps tremble alors que je foudroie le Docteur Freeman du regard.

Vous pensez que vos capacités peuvent me plier à votre volonté ? Que mon esprit est faible, qu’il est facile à dominer… Aujourd’hui, vous allez apprendre… Que je suis la justice que je sers. Je marque une légère pause, et porte ma main à ma tempe. Je plante mes doigts dans ma propre chair, saisissant l’implant métallique qui s’y trouve.

Inflexible.

Du sang commence à couler le long du côté de mon visage. Lorsque je saisis le dispositif, c’est comme si ma tête toute entière allait exploser.

Inébranlable.

La douleur est insupportable. Je serre des dents tellement fort que j’ai peur qu’elles se brisent, simplement pour éviter de sombrer dans l’inconscience.

Implacable.

Je lâche un hurlement qui provient du plus profond de mon être alors que j’arrache l’implant hors de mon propre crâne. J’ai mal. J’ai tellement mal. Mais cette douleur est libératrice, exaltante. Quel plaisir d’être à nouveau maître de soi-même. Je souris à pleines dents, comme un démon, sous le regard horrifié du Docteur Freeman, qui titube en arrière. Mes sens s’engourdissent de plus en plus. Je pensais que j’avais été salement amoché à Zaun, ou encore à Koneashima… Mais ce n’était rien comparé à ce que je ressens aujourd’hui… Ou plutôt ce que je ressens de moins en moins.

Im… Impossible !! Vous êtes dément ! Vous allez mourir ! Mutilez-vous si ça vous chante ! En vérité, je n’ai même pas besoin de l’implant ! Ni de vous d’ailleurs ! Tuez-vous !

Mon cerveau vibre alors que ses paroles s’infiltrent en moi… Mais je me sens comme possédé par une force supérieure. Comme si la douleur était ma seule maîtresse.

Très bien… Si c’est ce que vous voulez… J’avance vers lui, couvert de sang de la tête au pied. Je fais un pas, puis un autre… Et puis je le saisis dans mes bras, serrant fermement de façon à ce qu’il ne puisse pas se dégager.
Qu’est-ce que vous faites ! Tuez-vous ! J’ai dit ! Tuez-vous !
Avec grand plaisir !

Je commence à courir, serrant toujours le Docteur Freeman fermement contre mon corps… Et je me défenestre. Propulsé à travers le verre, je chute du Palais des Glaces… Et du haut du pilier sur lequel il se trouve. Je tombe, élancé dans une chute vertigineuse d’environ 5000 mètres, obéissant ainsi au dernier ordre d’un Docteur Freeman qui hurle, tétanisé. Il me frappe, essaie de me donner des coups de poings. En vain. Comme si cela pouvait changer quelque chose au destin qui l’attend. Voilà d’ailleurs une fin qui convient parfaitement pour celui qui utilise sa voix pour mentir, empoisonner, et dominer les autres.

Disparaître dans un cri de terreur.

Et moi, dans tout ça ? Est-ce vraiment la fin que je veux avoir ? Mourir pour sauver un royaume d’un coup d'État ? Me sacrifier pour emporter avec moi un dangereux psychopathe qui aurait continué à semer le chaos sur les mers ? Il y a moins noble.

Je ferme les yeux. Une dernière fois, aujourd’hui. Peut-être pour toujours. J’ai perdu trop de sang. Je sombre dans l’inconscience, petit à petit. Au moins, ce n’est pas parce que je suis plongé dans une transe hypnotique.

L’obscurité m’envahit, à mesure que la gravité me précipite vers le sol.

Et finalement, il n’y a plus rien. Plus rien que l’impact.


Dernière édition par Alex Raines le Ven 29 Sep 2023 - 23:51, édité 1 fois
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Et la neige blanche, pure, innocente, qui se teinte de rouge. Maculée de sang.
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