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Le testament du loup vert

Premier jour.

Cela fait quarante-sept heures, vingt-six minutes et treize secondes que je suis dans les airs. Si je suis aussi précis, c’est parce que depuis que je suis dans les airs, je compte dans ma tête le temps qui s’écoule avec la précision mécanique d’un métronome. J’ai faim, et surtout soif… Combien de temps vais-je voler dans les airs ainsi, immobilisé par la pression démesurée de l’air tout autour de mon corps ? Je suis parti du principe que Sloth voulait me “pousser” quelque part, avec sa capacité… Mais au bout de la première journée de vol, j’ai commencé à en douter et j’ai pensé que peut-être que le véritable test était justement de sortir de ce cercueil d’air… Mais impossible de bouger. J'ai tout essayé, Haki compris… Jusqu’à m’en fatiguer tellement que je me suis endormi. La sensation de dormir sur ce coussin d’air était… Particulière, mais surprenament agréable. Toujours est-il que si c’est un exercice qui consiste à me faire travailler le Haki de l’Armement jusqu’à ce que j’arrive à me libérer… Je risque de mourir de soif avant de réussir. Elle m’avait prévenu que son entraînement serait dur, mais à ce point, et sans prévenir… À moins que ce ne soit justement l’objectif, que je réussisse à trouver l’objectif et la solution de cette épreuve dans un temps limité, et sous pression… C’est diablement tordu !

Je réessaie de me libérer pendant encore deux heures en vain, jusqu’à ce que je me rende compte que je perds petit à petit de l’altitude. Ha… ? Je vais enfin atterrir ? J’aimerais pouvoir me redresser et voir ce qu’il y a devant moi. Je crois apercevoir une île du coin de l'œil, mais rien n’est moins sûr… Enfin, je suis tout de même légèrement rassuré : au moins je ne vais pas me retrouver au milieu de l’océan sans eau ni vivres… Je n’ai pas le temps de mesurer ma chance, si c’est bien le terme qu’on peut employer, puisque tout d’un coup, je n’y vois plus rien. L’air autour de moi est trouble. Verdâtre. Chargé de particules, comme si je me retrouvais dans une des tempêtes de sable du désert Sandora ou une tempête de neige de Drum… Mais ce n’est ni du sable, ni de la neige. Plutôt une sorte de brume… De la purée de pois ? Toujours est-il que la visibilité est mauvaise… Quelle blague. En plus d’être complètement immobilisé, me voilà désormais aveugle ? Mes sens sont complètement déboussolés… Une chose m’est toutefois désormais certaine : je me rapproche du sol en accélérant, mon angle d’incidence augmentant de seconde en seconde. Ce n’est désormais qu’une question de secondes.

Je ne crois pas si bien dire. L’impact est fracassant. Le sol, que j’aperçois une fraction de seconde avant le choc, explose. L’air verdâtre qui stagne dans la zone est violemment repoussé en arrière, et la poussière soulevée par l’impact s’y mélange… La brume reprend rapidement sa place dans l’espace vacant, mais ces quelques secondes de visibilité me laissent le temps de voir que je me trouve dans une ville. Ou plutôt ce qu’il en reste. La pierre des bâtiments est usée, jaunâtre, et le métal des structures à la couleur de la rouille. Ce n’est pas comme si la ville semblait abandonnée… Mais plutôt comme si elle avait été avalée par un monstre puis régurgitée. Et surtout… Je n’entends pas le moindre son, pas même le moindre gazouillis d'oiseaux. Quand le brouillard m’ôte finalement les dernières bribes de paysages que je peux apercevoir et analyser pour un peu mieux comprendre ma situation, je porte mon attention sur mon état physique. On dirait que je ne suis pas blessé. Mes muscles sont un peu engourdis, d’être restés immobiles aussi longtemps… Et je sens qu’ils m’en veulent d’avoir raté deux jours d’affilée d’exercices quotidiens. Bah, tant pis, je rattraperai tout ça en faisant une séance de musculation trois fois plus intense !

Toujours est-il que je ne suis pas plus avancé quant à la nature de l'entraînement de Sloth. Je ne suis plus en train de voler mais je suis toujours immobile, planté au milieu d’un cratère parfaitement lisse, et… Tiens ? La bulle d’air dans laquelle j’ai voyagé jusqu’ici m’entoure toujours… Repoussant d’ailleurs la brume et me donnant une petite poche de clarté visuelle que je n’aurais pas dans le cas contraire. Je fais un pas, et m’avance vers sa paroi. Elle ne se déplace pas avec moi… Ce qui me laisse penser que mon voyage est terminé. Dois-je en sortir ? J’approche ma main pour toucher le film d’air de la paume.

Oh, je ne ferais pas ça si j’étais vous, Raines…

Je sursaute lorsque j’entends la voix de Sloth émerger à travers la brume, et retire ma main. Elle apparaît alors dans mon champ de vision, à peine perceptible à cause de la purée de pois qui opacifie l’air. Elle tape dans ses mains. Un claquement sec retentit, et le brouillard est instantanément chassé autour de nous. Puis, elle pose sa main sur la bulle qui m’entoure, et cette dernière grandit rapidement jusqu’à former un dôme de quelques mètres de diamètre. C’est à ce moment que je remarque qu’à son sommet se trouvent quatre sphères plus petites, et qui font que la structure d’air rappelle le coussinet d’un animal. Je peux désormais apercevoir un peu plus clairement cette ville abandonnée dans laquelle je me trouve. Il y règne une ambiance particulièrement lugubre… D’autant que le brouillard semble filtrer la lumière d’un soleil pâle, et qui oscille entre le verdâtre et le jaunâtre. C’est une lumière froide, qui ne réchauffe pas, et qui me fait frissonner.

Où est-ce que vous m’avez envoyé ? Où sommes-nous ?

Elle esquisse un sourire moqueur.

Allons… Vous ne reconnaissez pas la démonstration de force du loup vert ?


Dernière édition par Alex Raines le Mar 30 Jan 2024 - 7:39, édité 1 fois
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Nous restons silencieux un court instant, jusqu’à ce que je prenne la parole.

Pardon ?
Vous pensez que le Buster Call était un acte de barbarie ? Vous apprendrez ici qu’il y a bien pire… Elle commence en ricanant, avant de continuer, la mine plus sérieuse. Bienvenue à Ombralia.

Ombralia ? Le nom me parle. Je l’ai lu quelque part… Mais je ne sais rien à son sujet. Qu’est-ce que c’est ? Le nom d’une île ? D’un royaume ? De cette ville ?

Il s’agissait d’une île prospère… Qui a souhaité se rebeller contre la tyrannie du gouvernement mondial. Alors ils furent sévèrement réprimés. Ils s’allièrent ensuite à des pirates pour se libérer… Et la nouvelle réprimande fut moins clémente que la précédente. Elle marque une pause, puis continue en me regardant droit dans les yeux. Green Wolf a anéanti l’île à coup d’acide. Cette brume que vous voyez autour de nous n’est pas qu’un simple brouillard, c’est un smog acide et qui est un testament que si le gouvernement donne une deuxième chance, il n’en donne pas une troisième…

Je ne réponds pas. J’aimerais ne pas écouter ce qu’elle raconte, et croire à une institution plus clémente que dans le portrait qu’elle dépeint… Mais j’ai eu l’occasion de voir l’Amiral Tetsuda en personne, à bord du Cuisino… Et je sais que ce genre de réaction démesurée colle en tout point avec la philosophie de tolérance zéro de l’homme de fer.

Vous vous rendez compte ? Il y est allé tellement fort qu’il en a changé à jamais le climat… Vous imaginez un tel degré de puissance brute ? Comme son acide à du tout détruire sur son passage ? Ronger la pierre, corroder l’acier, faire fondre la peau et les muscles pour attaquer l’os… Oh, quelle mort j’aurais pu avoir si je l’avais affronté avant sa mort !

J’ignore les pensées morbides de celle qui est désormais techniquement mon mentor, et continue à scruter mon environnement en ayant à l’esprit ce qu’elle vient de m’expliquer. Puis-je réellement la croire ? L’état de la pierre autour de moi me fait définitivement penser au Cuisino et à la griffe de Green Wolf… Est-ce vraiment ce qui s’est passé ? Le gouvernement n’autoriserait pas une telle opération, c’est ce que je me répète au plus profond de moi. Le Buster Call était une situation exceptionnelle, où des mesures extrêmes ont été prises.

J’ai du mal à vous croire… Si une telle chose s’était produite, on serait au courant, non ?
Parce que vous pensez que les informations circulent, dans le Nouveau Monde ?
Dans le Nouveau Monde… ? Quel rapport ?
Quelle question… C’est là que nous sommes. Mes yeux s’écarquillent lorsque je réalise ce qu’il s’est passé.
Attendez… Vous m’avez déplacé jusque dans le Nouveau Monde ?!
Bien sûr ! Vous voulez progresser rapidement ? Vous m’avez dit que je pourrais être aussi dure que je le voulais… Et bien voilà ! Il n’y a que dans le Nouveau Monde qu’on peut trouver suffisamment d’adversité pour que vous appreniez vite… Vous êtes fort… Et vu votre niveau, Grandline ne doit être qu’une formalité ! Si vous voulez accomplir en un mois ce que certains échouent en une vie… Alors il n’y a qu’une seule solution ! Elle ricane et me dévisage de ses yeux fatigués, cernés de mascara noir. En plus… Vous voulez devenir Amiral, c’est bien ça ? Alors quoi de plus naturel que le fantôme d’un ancien Amiral vous mette à l’épreuve, hein ?
Comment ça ? Que dois-je faire ?
Oh… Vous comprendrez bien assez vite. Un large sourire se dessine sur ses lèvres. Vous vous souvenez de la dernière chose que je vous ai dit, avant de vous envoyer ici ?
Euh… De ne pas mourir ?
Tout à fait !

Elle frappe à nouveau dans ses mains. La bulle qui nous entoure, et qui tient la brume acide à distance, éclate. Et cette dernière commence à reprendre sa place légitime. Elle pointe du doigt le bout de la rue dans laquelle nous nous trouvons.

Je crois qu’il y a une entrée d'égouts par là, vous ne devriez pas trainer.
Hein ? Attendez… Je dois faire quoi ?
C’est simple ! Drake est quelque part sur l’île… Touchez-le et vous aurez validé cette première étape !
C’est tout ?
Vous saisirez la subtilité bien assez tôt… De mon côté, je retourne aux côtés de Sainte Adéla pour ma mission ! Bon courage !
Attendez… En quoi cela va me permettre d’entraîner mon Ha… Elle se donne un coup avec la paume de sa main droite et disparaît en une fraction de seconde, accompagné d’un petit “pop”, ne laissant derrière elle qu’un appel d’air dans lequel la brume s’engouffre. ... Ki…

Je reste planté là quelques secondes, le regard perdu dans le vide, en essayant de connecter les points et de comprendre ce qui se passe.

C’est à ce moment-là que le brouillard entre en contact avec ma peau. La douleur… Je connais ça. Les os brisés lors de ma chute du haut des Drum Rockies. Les flammes des attaques de Cendre, qui m’ont brûlé les mains jusqu’à les noircir. Les coups infusés de Haki de mon frère… Ce n’est rien en comparaison de ce que je ressens. C’est comme si ma peau était percée de millions d’aiguilles microscopiques, comme si elle prenait subitement feu et qu’elle allait fondre. Et alors que je sens ma cornée et mes lèvres commencer à brûler, je me rends subitement compte de ce qui se passe.

Si je ne fais rien… Je serai mort dans quelques dizaines de secondes.


Dernière édition par Alex Raines le Sam 10 Fév 2024 - 19:59, édité 1 fois
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Je cours comme si le diable me possédait, comme si ma vie en dépendait… A ceci près que ma vie en dépend effectivement. Je cours dans la direction que m’a indiqué Sloth sans réfléchir… Mais ce n’est pas évident avec les yeux fermés, alors je les plisse légèrement… Je les ai à peine ouverts que la sensation de brûlure est insoutenable. J’entraperçois alors l’entrée des égouts qu’elle m’indiquait… Et qui est bloquée dans le caniveau par une grille d’obturation, vraisemblablement en fonte. Je ne prends pas le temps de me poser, et de trouver un moyen moins destructeur d’y accéder : je me saisis des barreaux de la grille à pleines mains. Des copeaux de rouille se détachent du métal, et s’enfoncent dans mes mains gantées et dont le tissu est lui aussi en train de se faire ronger, par simple contact avec la brume acide. Je tire alors de toutes mes forces. Le béton qui entoure l’encadrement se fissure, mais la fonte lâche en premier, fragilisée par des années de corrosion, et j’explose les barreaux que je tiens. Bon, si je ne parviens pas à l’arracher… Je me redresse et donne un puissant coup de pied qui pulvérise le métal corrodé, créant une ouverture juste assez large pour que je puisse m’y glisser. Sans même vérifier que j’arriverai sain et sauf en bas, je m’y engouffre, en croisant les doigts pour que je ne me blesse pas, et en remerciant ma rigueur médicale d’être à jour sur ma vaccination antitétanique…

Je chute de quelques mètres et me retrouve dans une galerie traversée par un canal dans lequel stagnent des eaux usées. La visibilité y est bien meilleure qu’à l’extérieur, la brume semblant rester en surface… Mais l’air est tout aussi caustique. Je m’accroupis et approche ma main des eaux dont la surface semble mousser. De toute évidence, elles aussi sont particulièrement acides. Il ne vaut mieux pas que je reste dans les parages… Alors pourquoi est-ce que Sloth m’a envoyé ici ? Était-ce juste un test pour évaluer ma capacité de discernement ? Non, ce serait sacrément tordu, tout de même… Plus tordu que de me téléporter sur une île inconnue du Nouveau Monde est qui est ravagée par l’acide ? J’imagine que ça se discute… Toujours est-il que je dois trouver une solution, et vite. Je ferme les yeux un instant, pour les protéger de l’acide, juste le temps de réfléchir. Puis je les ouvre. J’ai entendu un bruit. Non, il n’y a rien eu… Je l’ai imaginé ? Non, ce n’est pas exactement ça non plus… Je referme les yeux. J’ai à nouveau la sensation d’entendre… Non, de sentir quelque chose ? Ce sont des êtres vivants, qui bougent et qui respirent… Je peux le voir. Des formes avec six pattes, une paire d’ailes et d’antennes… Des cancrelats, surtout… Peu étonnant. Ces nuisibles s’adaptent à tout, et je ne suis pas choqué qu’ils puissent survivre dans un milieu pareil… Mais je sens aussi des rats, d’autres petits insects… Et surtout, des humains. Plusieurs niveaux en dessous de moi.

Je rouvre les yeux. C’est plus difficile, avec mes yeux ouverts, de sentir leur présence… Mais je perçois tout de même une trace. La sensation est similaire à ce que j’avais ressenti, à Drum, lorsque j’étais manipulé par l’hypnose du Docteur Freeman. Au plus mes sens réguliers sont sollicités, au plus il est difficile de les percevoir… Ce qui paraît logique. Se priver d’un sens aiguise les autres, c’est d’ailleurs bien ce qu’on dit des aveugles… Dans tous les cas, il est difficile de ne pas faire le lien avec ce que m’a appris Sloth hier. Il s’agit assurément du Haki de l’Observation, dont elle me parlait… Je sens dans tous les cas qu’il ne s’agit pas d’une fausse impression : je suis sûr de moi, il y a bien des gens présents dans des galeries plus profondes… Et ma certitude est viscérale. Alors je décide de me faire confiance. Mon nez enfoncé dans mon coude, le tissu de ma veste me servant de masque, et mes yeux à moitié fermés, j’avance dans ces égouts en tâtonnant. La luminosité dehors n’est déjà pas très bonne, avec toute la réverbération que cause le brouillard… Mais en sous-sol, c’est pire. Le mist acide et l’obscurité rendent ma progression fastidieuse… Mais je n’ai pas particulièrement besoin d’y voir, si je me repère par rapport à ces présences que je sens.

Je descends plusieurs échelles glissantes, puis un escalier, m’arrêtant périodiquement pour fermer les yeux et mieux ressentir la localisation des individus dont je détecte l’aura. J’ai dû mobiliser toutes mes forces et bien plus encore pour trouver le courage de déchirer une partie de mon veston pour m’en entourer la tête, et me constituer une capuche de fortune : l’air acide commençait à trop agresser la peau de mon visage et j’avais peur d’en garder des séquelles… Ce qui ne serait pas bon du tout pour mon image ! J’arrive finalement devant une épaisse porte en acier, solidement rivetée dans ses gonds. Lorsque je ferme les yeux, je sens que les êtres humains sont juste de l’autre côté… J’en dénombre deux qui sont même tout proches… Alors comment les rejoindre ? Je pourrais aisément défoncer la porte, mais elle a tout de même l’air bien solide… Je la toque avec les phalanges pour en évaluer la solidité.

Eh, c’était quoi ?
Je sais pas, mais j’ai entendu frapper ? On attend un groupe qui doit rentrer ?
Non, Nathalia et son groupe sont rentrés ce matin, et il n’y a pas de nouvelle expédition prévue avant dans deux jours…
Vous m’entendez, il y a quelqu’un ? Je toque à nouveau.
Merde, il y a vraiment quelqu’un…
Mais je te dis qu’on attend personne… On fait quoi ?
Je sais pas, on fait comme s’il n’y avait personne ?
Oui, bonne idée.
Si vous m’entendez, reculez vous, je vais rentrer !
Hein ?
Le sas est verrouillé, non ?
Ben, oui, justement…
Laisse tomber. Il a dû commettre un crime dans une autre colonie et être banni à errer dans le smog… L’acide a dû lui ramollir la cervelle.
Oui, la porte blindée fait plus de trente centimètres d’épaisseur, c’est pas comme si…

BLONK.

Mon poing s’enfonce d’une vingtaine de centimètres dans l’acier… Et je suis assez étonné qu’il ne le traverse pas totalement. C’est une porte de bonne qualité, particulièrement épaisse…

Oh putain, c’est quoi ce délire !
Ouvre, il va péter la porte !
Mais on fait quoi si c’est un criminel ? Il va peut-être nous tuer !
Peut-être, mais s’il pète la porte du sas, on va tous mourir dans tous les cas !
Ok, alors on ne lui ouvre pas, mais active l’escargophone !

Une petite trappe au-dessus de la porte, que je n’avais pas remarquée, s’ouvre. Un escarg-haut-parleur en sort. L’animal, qui est entièrement protégé par une combinaison et un masque à gaz, s’active.

Arrêtez de taper, vous allez péter notre porte et tous nous tuer ! Vous êtes qui ?
Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division de la marine ! Je me présente fièrement, sans même réfléchir.
Un marine ? Ici ? Ne lui ouvre pas ! J’entends un autre individu chuchoter à son oreille… Mais ses murmures sont amplifiés par l’escargophone, ce qui me permet de l'entendre.
Oui, mais si je ne lui ouvre pas, il va défoncer la porte ! La dernière fois qu’un marine s’est senti vexé ici, il a bombardé l’île d’acide je te signale ! Mieux vaut ne pas le contrarier…
Bon, ok… Ouvre-lui…

Qu’est-ce qui m’attend de l’autre côté de cette porte, sur cette île étrange ? Est-ce que faire tout ça va vraiment m’aider à devenir plus fort ? Je ne sais pas. Alors dans le doute, je m’en remets à Sloth, et décide de faire aveuglément au destin qui m’a mis sur sa route…
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Dans quel bourbier me suis-je fourré, en acceptant l’entraînement de Sloth ? Et surtout… Comment vais-je retrouver Drake ? Chaque chose en son temps. Pour le moment ma priorité, c’est de trouver un endroit à l’abri de cet acide, et réfléchir posément à la suite des évènements… Et pour ça, il va falloir que je passe cette porte, et ma patience commence, tout comme mon uniforme, à rapidement se corroder…

Ok, je vous ouvre ! Entrez dans le sas et attendez que la porte se ferme derrière vous !

Alors que je me préparais à mettre un nouveau coup de poing au niveau des gonds, j’entends le volant qui se trouve de l’autre côté de la porte crisser en tournant, et une série de mécanismes s’activer. Dans un lourd bruit de frottement, l’épaisse porte s’ouvre. Devant moi, il y a un couloir de métal qui s’étend sur quelques mètres, et au bout de laquelle se trouve une autre porte similaire. Je rentre dans le couloir, et la porte se referme automatiquement derrière moi. Un ventilateur particulièrement puissant s’active alors et balaye l’intérieur du sas comme s’il s’agissait d’une soufflerie. Au bout de quelques secondes, le mécanisme se coupe et la deuxième porte s’ouvre. J’arrive alors dans une large pièce qui est en bien meilleur état que toutes les structures que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. D’un côté se trouve un bureau avec différents types d’escargophones reliés à des appareils dont je ne saurais déterminer l’utilité. De l’autre, des casiers entrouverts laissent entrevoir des combinaisons comme celles que portent parfois les membres de la division scientifique.

Devant moi, deux hommes, sans doute ceux que j’ai entendus à travers l’escarg-haut-parleur, se tiennent devant moi. Ils ont une posture légèrement courbée, comme s’ils étaient incapables de se tenir droits. Leur teint est blafard et témoigne certainement d’une carence en vitamine D, ou des symptômes d’une anémie ferriprive… J’en conclus qu’ils doivent habiter ici, dans ce souterrain, sans aucun accès à de la lumière naturelle. Lorsqu’ils parlent, je peux également voir que leurs gencives sont rouge sang, signe qu’ils sont tous les deux affectés par un scorbut avancé.

Eh, Will… Regarde… T’as vu comme sa peau est colorée ?
Ouais… Et ses habits ne sont pas usés…
Ils se chuchotent à moitié en me déshabillant du regard. Le dénommé Will prend une courte pause, pour mieux me scruter, puis s’exclame. Eh, mais attends ! Il a pas de combinaison ou de masque ?
Putain, c’est vrai ça !
Eh, mais ça voudrait dire que…

Ils me dévisagent comme s’il n’avaient jamais vu de personne propre sur elle et dont les habits, bien qu’attaqués par l’acide, sont impeccablement portés. Will s’approche alors de moi et me tire par la manche.

Eh, vous venez d’où ? Vous venez du grand dehors, n’est-ce pas ?!
Hein ? Je ne suis pas sûr de comprendre…
Si vous êtes sans protection, ça veut dire que le smog s’est levé ? On peut à nouveau sortir ?! Il serre ma manche de plus en plus fort à mesure que son excitation augmente. Ses yeux luisent en me regardant. Son collègue intervient.
Si l’air est respirable dehors et que la marine est là, c’est qu’ils viennent finir le travail, ils vont nous exterminer !

L’excitation dans leurs yeux laisse place à la panique.

Attendez… Je ne comprends rien à votre histoire. Je viens juste d’arriver, et je cherchais simplement un abri…
Pitié, épargnez-nous ! Il se jette à mes pieds, attrapant une des jambes de mon pantalon. Je remue cette dernière ainsi que mon bras, pour me débarrasser de ces individus un peu trop collants…

Dan ! Will ! Qu’est-ce que vous fichez ?! Vous n’avez pas des combinaisons à nettoyer ? Foutez le camp !

Une femme leur aboie dessus d’un ton sec depuis le fond de la pièce. Ils me lâchent aussitôt, et décampent en baissant la tête, obéissant sans la contredire, sans doute de peur de se faire réprimander davantage. La jeune femme, elle, s’approche de moi. Son teint est tout aussi pâle que ceux de Dan et Will, mais elle a également une grande partie de son corps qui présente d’affreuses brûlures chimiques, dont l’aspect laisse à penser qu’elles ont très mal cicatrisé. Elle me lance un regard incisif, appuyé par l’épaisse couche de fard noir qui cercle ses yeux.

Elle n’a pas l’air bien commode, mais elle semble en tout cas avoir la tête un peu plus sur les épaules que les deux autres zombies. Je pense qu’il sera plus facile de discuter avec elle, et de lui faire accepter de m’aider !

Les chiens du gouvernement ne sont pas les bienvenus, ici. Retournez d’où vous venez, où que ce soit.

Ah. Peut-être pas, en fait.


Dernière édition par Alex Raines le Ven 23 Fév 2024 - 12:54, édité 2 fois
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Et bien, c’est-à-dire que si je ressors d’ici, je suis à peu près sûr que les vapeurs acides me tueront…

Je lui réponds en lui grattant l’arrière de la tête. Je ne sais pas si j’ai pris la bonne décision, en me présentant formellement à ces gens. Après tout, durant ce mois d’entraînement que j’effectue auprès de Sloth, je suis officiellement en congé…  J’esquisse un sourire en coin. Mon Enseigne était tombée des nues, lorsque j’avais rappelée, le soir après ma rencontre avec la Corsaire… Ce n’est clairement pas dans mon habitude. Les seules vacances que j’ai prises, c’est quand on me l’a forcé. Mon sourire s’estompe. Pourquoi ça te fait sourire, Raines, de penser à elle ? A ton équipage ? Tu les as abandonné. C’est vrai. Mais c’est pour le mieux. Le Buster Call me l’a prouvé, et les décisions que j’ai prises quand j’ai rattrapé mon frère l’ont confirmé : je n’ai pas la force de mettre en application mes paroles. Je suis impétueux, inconscient… Si je continue sur ma lancée, un jour, ils mourront parce que je n’ai pas su m’arrêter. Parce que je suis trop ambitieux, parce que j’estime ne pas avoir le choix que de réussir, quel qu’en soit le prix. Alors je dois devenir plus fort, coûte que coûte. Même si ça implique de les abandonner pendant un temps. C’est pour leur bien… Et pire que de ne jamais laver le nom de ma famille, je ne souhaiterais pour rien au monde être de ces officiers qui ne sont pas capables de protéger leurs hommes.
Toujours est-il que je me pose la question. Étant donné que je ne suis pas en mission, ne devrais-je pas plutôt me présenter en tant qu’Alex Raines, civil ? Sans doute. Mais les habitudes sont dures à combattre… La femme aux cheveux rouges m’arrache subitement de mes pensées.

Tant mieux, c’est tout ce que vous méritez.
Je pense que vous me confondez avec quelqu’un, je viens juste d’arriver…
Pas besoin de vous connaître. Cette mouette que vous portez sur votre uniforme me suffit à vous haïr.
Je comprends votre ressentiment, mais… Elle me coupe la parole, et me pousse en appuyant sur mon torse.
Mon peuple a tout donné au Gouvernement Mondial… Quand on avait besoin de vous et qu’on crevait de faim, vous n’avez pas levé le petit doigt ! Mais quand vous êtes finalement venus… Elle pointe du doigt ses nombreuses brûlures. Voilà ce que vous avez fait ! Vous avez détruit notre île ! Vous avez causé le Cataclysme !

Je ne réponds pas. Quelle réponse peut-il y avoir à ça de toute manière ? Je suis bien placé pour savoir comment le Gouvernement Mondial fonctionne. Des élites corrompues, des vestiges d’un temps séculaire que seuls le privilège et les manipulations politiques ont maintenu en place au fil des siècles. Des vieux croulants et des Dragons Célestes, qui tiennent le monde dans la paume de leur main… Absurde. Complètement absurde. Et la Marine, dans tout ça, est le bras armé qui cautionne leur comportement. Au sein d’une armée, les soldats doivent obéir à leurs supérieurs, et ils doivent obéir aux leurs, c’est un fait. D'un autre côté, l’armée doit aussi être un instrument de moralisation publique puisque la discipline de l’armée crée la discipline de la nation. Dans notre cas, c’est effectivement avec une certaine latitude que nous appliquons les ordres. Personne, durant le Buster Call, ne m’a forcé à tuer de sang froid des révolutionnaires. Personne n’a jamais forcé l’Amiral Tetsuda à être aussi cruel et froid. Chaque personne a sa vision de la justice et l’applique comme il lui sied, et c’est tout à fait accepté… Comment expliquer que Green Wolf et White Bird aient pu partager la même fonction, si ce n’était pas le cas ? Non, la seule constante, c’est de devoir être fort… Suffisamment fort pour que cette puissance transpire, et que les ennemis du Gouvernement Mondial craignent de le défier. C’est ce qu’à fait l’Amiral Tetsuda ici. Puis-je en vouloir à cette femme, dont le corps porte les stigmates d’une justice dont la peine a été disproportionnée en comparaison de la faute, de haïr cet uniforme que je porte ? Certainement pas.

Je ne connais ni votre passé, ni votre quotidien… Alors je m’abstiendrai de vouloir vous persuader ou vous convaincre en quelques phrases. Je relève la tête et verrouille mon regard dans le sien. Ses yeux se plongent dans le rouge des miens. Mais vous ne me connaissez pas non plus. Vous prétendez me connaître sur la base de mon uniforme… Et ce serait une grave erreur. Je n’ai rien à voir avec le malheur qui a frappé votre île. Je n’officie même pas dans votre partie du monde… Je suis juste là par hasard, et je ne suis même pas en mission… Je marque une courte pause, puis reprends. ... Mais si je l’étais, je vous garantis que vous le sauriez. Si j’avais été à la place de Green Wolf… Jamais je n’aurais fait quelque chose d’aussi atroce. Je marque un deuxième temps d’arrêt, durant lequel je la vois esquisser une moue contrite. Je vous demande seulement l’hospitalité, et que vous me partagiez un peu vos connaissances le temps que je décide quoi faire.

Elle peste, puis complètement à contrecœur, semble ravaler sa rage et détourne le regard.

Tssssk… Il y a suffisamment à faire ici pour simplement survivre pour que j’ai du temps à perdre avec du ressentiment. Elle se retourne vers moi. Très bien, vous pouvez rester. Mais je vous préviens, cette hospitalité a un coût. Ici, tout se paye, même et surtout l’air que vous respirez. Si vous ne savez pas vous rendre utile, alors vous devrez vous en sortir par vous-même.

J’acquiesce, comprenant rapidement la situation. Une bouche de plus à nourrir, une paire de poumons de plus à remplir… Sur une île où l’environnement est à ce point hostile à la vie, chaque jour est un combat pour la survie… Et leurs mines fatiguées ainsi que leurs corps fragilisés par la malnutrition le témoignent.

Je suis un soldat, mais je suis aussi médecin. Si j’examine vos camarades, je peux peut-être en soulager quelques-uns… Voire même concocter des remèdes si vous avez des ingrédients. Est-ce que ça vous ira ?

Lorsque je lui annonce que je suis médecin, son regard s’illumine… Mais elle tait cette étincelle dans ses yeux bien rapidement. De toute évidence, elle a des responsabilités dans ce bunker… Qui lui demandent d’être dure, maîtresse d’elle-même en toute circonstance.

Nous avons des médecins, vous savez. J’aurais été plus intéressée que vous ayez des médicaments… Elle se tait, puis reprend. Mais nous ne sommes pas suffisamment bien lotis pour cracher dans une main tendue. C’est entendu, suivez-moi.

Elle me fait un signe de la tête.

Je m’appelle Nathalia. C’est moi qui gère le refuge d’Enum-Meroa… Et aide les derniers survivants Ombraliens.
Je suis le Commodore… Je me reprends. Pas la peine de remuer un couteau dans des plaies qui de toute évidence n’ont pas l’air de cicatriser. Alex Raines. Appelez-moi Raines.

Elle hoche la tête et commence à me guider dans le dédale de couloirs des souterrains d’Enum-Meroa…
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Voilà qui devrait soulager la douleur, buvez…
Pouah ! C’est dégueulasse !
Vous savez, les médicaments, moins c’est bon plus c’est efficace…

Alors que je me relève des côtés de l’homme que j’examine et à qui je viens d’administrer un tonique de fortune, je me fais la réflexion que c’est un bien beau mensonge que de dire ça. Après tout, il n’y absolument aucune corrélation entre le goût du remède et sa performance… Pourtant, c’est ce que tout le monde répétait, à l’école de médecine militaire… Est-ce simplement une manière d’induire un effet placebo chez le patient ? Sans doute.

Raines ! Nathalia m’interpelle alors qu’elle rentre dans l’infirmerie. Ca ne fait que quelques heures que vous êtes là, et j’entends déjà parler de vous… Je ne lui réponds pas, et me contente de hocher la tête en m’essuyant les mains avec le chiffon le plus propre que j’ai pu trouver. Voilà la pommade dont je vous parlais.

Elle me tend un bocal dans lequel se trouve une crème, dont la couleur se trouve à mi-chemin entre le gris et le blanc.

Je n’ai pas oublié les quelques conseils que m’avait donné l’Agent Devon du Cipher Pol, bien que j’avais refusé sa proposition de l’intégrer. Quand infiltrés en territoire inconnu, la première chose que font les agents est de récolter des informations, de mieux connaître leur environnement pour mieux s’y adapter… Alors c’est ce que j’ai fait. Après quelques heures passées à ausculter une partie de ses habitants, j’ai désormais une bien meilleure compréhension de ce qu’ils nomment le Refuge, d’Enum-Meroa et d’Ombralia de manière générale…

Le Refuge est un gigantesque bunker qui avait été construit dans les égouts de la capitale de l’île dans le but de protéger une certaine élite de la population en cas de catastrophe climatique majeure… Ce qui, apparemment, est une possibilité non négligeable sur une mer aussi détraquée que la seconde moitié de Grandline, le Nouveau Monde. Alors, lorsque l’acide a rapidement commencé à ravager l’île, Nathalia a pris les choses en main et dirigé ceux qui ne sont pas morts sur le coup dans les souterrains. Ils occupent depuis les lieux. Le complexe est assez bien pensé, et équipé de systèmes à la pointe de la technologie : filtration de l’eau, filtration et circulation de l’air, zones de culture hydroponique… Il s’agit d’un véritable écosystème fermé qui s’autorégule et permet la survie de ceux qui y habitent… Le seul souci est qu’il n’avait pas été pensé pour accueillir autant de personnes. Et ce qui n’était pas un problème insoluble pour l’eau et l’air l’est devenu pour la nourriture. Une fois que les réserves ont été épuisées, il a donc fallu se priver sévèrement pour que les plantes cultivées sur place puissent nourrir tous les habitants. Rationnés en nourriture, les carences et problèmes de santé ont commencé à se multiplier… Les habitants du Refuge n’ont donc pas eu le choix que de sortir en chercher. Fort heureusement pour eux, l'événement causé par l’Amiral Tetsuda, et qu’ils appellent le Cataclysme, a amené sur l’île des espèces de poissons géants capables de nager dans la brume acide comme dans l’eau… Et dont ils pouvaient manger la chair. Depuis, ils organisent régulièrement des expéditions, s’équipant de combinaisons protectrices, pour partir à la chasse de ces dangereux prédateurs dans l’espoir de ramener de quoi manger…

Mais ils ne chassent pas ces poissons uniquement pour leur viande. L’autre trésor, c’est la base de cette gelée répugnante qui se trouve dans ce bocal qu’elle me présente, et qui n’est pas sans rappeler l’ambre gris. Il s’agit de la graisse de ces animaux, et serait là raison pour laquelle ils parviennent à survivre dans ce milieu aussi hostile et corrosif. Les quelques scientifiques du Refuge seraient ainsi parvenus à transformer cette graisse en une pommade qui bloquerait les effets de l’acide… J’enlève le gant de ma main droite, et prend une noisette de crème sur mon index, que je frotte ensuite contre mon pouce.

Je n’ai jamais rien vu de tel… La texture est grasse, et semble instantanément engourdir les doigts qui sont en son contact. Une forte odeur de camphre s’en dégage. Et vous dites qu’elle a également un effet sur vos brûlures ?

Elle hoche la tête silencieusement. Fascinant.

Malheureusement, je ne peux rien vous dire comme ça. Je ne suis qu’à cheval entre le soldat et le médecin militaire… Il faudrait plutôt qu’une division de la scientifique étudie ça dans un laboratoire avec les équipements appropriés… Je marque une pause, puis continue. Dans tous les cas, c’est impossible de savoir le temps que ça prendrait, ni si la molécule présente dans la graisse de ces requins volants est effectivement artificiellement synthétisable…

Elle lâche un soupir que je perçois à mi-chemin entre la déception et l’exaspération.

Autant dire que nous ne sommes pas prêts d’être sauvés, surtout si le gouvernement n’a rien à y gagner…

J’ignore sa remarque acerbe.

Je pense que vous allez devoir continuer à sortir chasser ces bestioles pendant un petit moment… Cette fois, c’est elle qui ne répond pas, et se contente de baisser la tête. Je… Non rien.

Je ne commence même pas cette phrase alors qu’elle commence à tourner les talons. Qu’allais-tu dire, Raines ? Je peux vous aider ? Lorsque je rentrerai, je ferai le nécessaire pour avertir mes supérieurs de votre situation et venir vous assister ? De ce que je sais, le Nouveau Monde est particulièrement isolé… Même en comparaison avec les standards de Grandline. Et même s’il ne l’était pas… Le Gouvernement Mondial s’assure systématiquement de se montrer en position de force. Il ne fait pas d’erreur. Et aider une île décimée sous son ordre serait une admission à la faute…  Alors je doute qu’ils feraient quoique ce soit. Et quand bien même… Puis-je vraiment me le permettre ? Je dois devenir plus fort, et ce très rapidement. Dans un an, Sloth viendra pour me tuer. Si je ne suis pas prêt d’ici là… Alors ça ne sert à rien que je me projette. Pendant ce mois où elle a accepté de m’entraîner, je ne dois pas perdre de vue mon objectif : maîtriser le Haki. Et cela implique de déchiffrer sa méthode d’entraînement qui m’échappe pour le moment. Poser la main sur Drake… Voilà les termes qu’elle a employés. Cela implique deux choses. La première, c’est de le trouver… Et la seconde, c’est de pouvoir l’atteindre. De ce que j’ai appris, Ombralia est une île de taille massive… Y chercher un seul individu revient à chercher une goutte d’eau précise dans l’océan… Et bien qu’il n’y ait plus que quelques centaines d’âmes qui vivent sur l’île, les conditions atmosphériques rendraient toute recherche très difficile…

Non, de toute évidence, l’exercice vise à me faire utiliser mon Haki de l’Observation pour débusquer Drake. Quel intérêt y aurait-il à me faire chercher à l’aveuglette ? Toute à l’heure, lorsque j’ai détecté les habitants du Refuge dans les souterrains, j’ai pu ressentir la présence des êtres vivants des environs dans un rayon de quelques dizaines de mètres, tout au plus. Mais je me souviens qu’à Drum, et plus récemment à Aeden, j’ai eu des flashs et j'ai senti des présences à plusieurs centaines de mètres autour de moi. Quelle est la portée maximale de cette capacité ? Sloth parlait simplement de portées prodigieuses… Ce qui veut tout et rien dire. Je ne sais pas de quoi je suis capable. Jusqu’à hier, j’étais à peine conscient de cette capacité… Alors déterminer ses limites et me pousser jusque dans mes derniers retranchements pour les dépasser ? Je n’en rêvais même pas…

Nathalia ?

Elle hausse le sourcil en se retournant dans ma direction.

Vous auriez un endroit tranquille où je puisse me poser ?
Ça dépend pourquoi faire… Vous voulez concocter d’autres remèdes ?
Pas exactement. Juste me reposer un peu et réfléchir. Pas besoin de beaucoup de place.
Il y a des espaces de stockage au troisième sous-sol du bunker… Mais ils sont mal éclairés, vous n’y verrez rien…

J’esquisse un sourire satisfait.

C'est encore mieux.
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Troisième jour.

Hé. Alors… Il est toujours dedans ?
Salut Will… Ouaip’… En tout cas, il n'est pas sorti.
Je veux bien que Nathalia nous demande de le surveiller au cas où, mais franchement, il reste juste cloîtré dans un placard à balais toute la journée…
C’est pas comme si t’avais mieux à faire… Tu ferais quoi, sinon ? Tu parierais encore tes rations de bouffe aux cartes…
Tu marques un point… Mais on est sûr qu'il n'est pas mort là-dedans ? Ou qu’il a creusé un trou pour s’enfuir avec sa force herculéenne ?
Bah on l’aurait entendu… Mais c’est vrai que ça fait déjà deux jours… Et il n’a rien bu ou mangé… Il a demandé à ce qu’on le dérange sous aucun prétexte…
Pfff… Encore un chtarbé… Au moins, on va mieux avec les vitamines qu’il nous a filé et il nous coûte pas cher en rations, c’est déjà ça…

Même si je ne peux pas les entendre clairement, je sais que Dan et Will sont de l’autre côté de la porte. Je sais quels déplacements ils ont fait dans le complexe souterrain… Et même plus. Je sais qu’ils me trouvent étrange, et qu’ils n’ont pas confiance en moi… Mais qu’ils n’ont pas non plus suffisamment confiance en eux pour me confronter à ce sujet. Ils attendent patiemment devant la porte du cagibi dans lequel je suis actuellement assis en tailleur, dans le noir complet. Ils n’oseront pas ouvrir la porte. J’en suis persuadé. Comment en suis-je si sûr ? Je n’en ai aucune idée, mais j’ai la même certitude que lorsque je savais où était l’entrée du Refuge d’Enum-Meroa.

Mes yeux sont fermés, et masqués derrière une bande de tissu qui fait plusieurs fois le tour de ma tête, me plongeant dans une obscurité complète. Elle passe également sur mes oreilles et mon nez, pour étouffer au maximum le son et les odeurs environnantes. Cela fait presque deux jours que je me suis posé là, et que je médite. Que je me concentre. Quand on veut mieux voir quelque chose au loin, que fait-on ? On plisse les yeux. J’ai le sentiment de chercher à faire la même chose, mais pour un sens bien moins palpable que la vue. Incertain de la méthode à employer, je me suis rabattu sur ce que je connaissais : la médecine. A l’école, on m’avait présenté toutes sortes de formes de médecines alternatives… La mésothérapie, l’homéopathie, l’ostéopathie et l’acupuncture, notamment, sont basées sur des théories qui leurs sont propres. Le manque de résultats prouvés scientifiquement font que bon nombre de mes collègues n’y croient pas et les discréditent. Mais de mon point de vue, un remède est efficace s’il soigne un trouble, peu importe que j'y croie personnellement ou non. Et l’hypocrisie de certains praticiens de prescrire des placebos tout en niant l’impact psychosomatique de certaines thérapies me dépasse… Et puis, même la médecine que nous pratiquons aujourd’hui a semblé folle et impie, à une époque sombre de notre existence…  C’est pourquoi j’ai toujours été curieux d’être sensibilisé à de nouvelles approches… Et notamment aux approches qui voient entre le corps et l’esprit un lien bien plus intime que celui qu’on lui attribue.

Des explications de Sloth, je conclus que le Haki… Personne ne le comprend réellement. Energie vitale, aura, esprit, ambition… Chacun semble prêcher pour sa paroisse selon l’interprétation qui lui semble la plus juste… Et je pense que c’est ça, le secret de cette capacité : réussir à la comprendre avec ses propres mots et ses propres sensations. Pas besoin de prouver qu’un certain modèle est plus valide qu’un autre… Dans mon cas, je ressens le Haki de l’Armement comme si je possédais un membre supplémentaire. Comme si j’avais trois bras, ou trois jambes. Quant au Haki de l’Observation, il s’agirait plutôt d’un sens en plus, au même niveau que la vue ou l’odorat… Dans les deux cas, il s’agit de quelque chose aux frontières du corps et de l’esprit, avec un pied dans chacun d’entre eux. Manifestation physique de l’esprit ? Extension spirituelle et sensorielle du corps ? Je suis scientifiquement à la ramasse. Fort heureusement, il y a des disciplines médicales qui traitent le sujet. Sophrologie, méditation, hypnose… C’est d’ailleurs dans un état de transe hypnotique que j’avais éveillé mon Haki de l’Observation pour la toute première fois.

J’ai donc commencé par placer mon corps en état de privation, pour en affûter les sens, comme une forme d’ascèse. Sans eau ni nourriture, et avec aucune distraction, j’avais pu commencer à mettre en place les piliers de la sophrologie. Le premier, c’est l’intégration du schéma corporel, c’est-à-dire avoir une représentation réaliste et acceptable de son corps et de ses limites. Ce principe incite à travailler sur son propre ressenti corporel dans le but de vivre harmonieusement avec. Définir où s’arrête le corps, et où commence l’esprit. Le second principe est le principe de réalité objective. Il consiste à être le plus objectif possible par rapport à soi, aux autres et à son environnement sans porter de jugement de valeur mais simplement en considérant les choses pour ce qu’elles sont. Le Haki de l’Armement est agressif, il consiste en une extériorisation de l’aura… Alors que le Haki de l’Observation, lui, est empathique. Je laisse l’environnement s’exprimer, et je ne suis là que pour recueillir l’information. Mon corps est isolé de l’extérieur, réceptif aux informations qu’il envoie. Lorsque je ferme les yeux et me concentre, je les vois. Les cinq cent quatre-vingt-douze hommes, femmes et enfants qui vivent dans le Refuge… Non. Je sens bien plus que ça. Dans cet état où mes sens sont exacerbés, ma perception ne s’arrête pas à quelques centaines d’individus sur quelques centaines de mètres. Je sens également tous les insectes et nuisibles autour… Mais pas comme lors de mon arrivée. Non, je sens tout ce qui se passe autour de moi, à des distances que je ne soupçonnais même pas. Chaque poisson volant, chaque cancrelat, aussi petit soit-il… Je suis capable de le percevoir. Et j’ai l’impression que ma tête va exploser.

Depuis que j’ai étendu mon Haki de l’Observation, je suis assailli à chaque instant de maintes et maintes informations, et dont je ne suis capable de traiter consciemment qu’une seule partie. C’est quelque chose avec lequel l’être humain, qui reçoit diverses informations depuis sa naissance, est familier. Ces informations non traitées par le conscient, sont tout de même emmagasinées dans une banque de données interne que nommée “inconscient”. Nous prenons donc en compte uniquement certaines informations, et les informations que nous choisissons de traiter, sont sélectionnées en fonction de “filtres”. Ces filtres sont créés par nos expériences et nous portons notre attention à certains détails en fonction de ce à quoi ils font écho chez nous. Le principe de réalité objective me pousse à abattre ces filtres, à accepter toutes les informations qui me parviennent… C’est ce que je fais. Je suis connecté avec le monde. Mais forcément, tout ce que sens parviennent à capter, à l’heure actuelle, c’est une masse indigeste de bruit qui ne peut être interprétée. Je détecte trop d’auras différentes, trop de formes de vie qui se déplacent, ressentent et palpitent.

Alors je me concentre. Je dois trouver mes propres filtres, moduler cette information selon mes désirs. Leurs mouvements, leurs émotions ? C’est trop fluctuant, je n’y arriverai pas. Leur intensité, en revanche, m’est particulièrement perceptible. Peut-être est-ce parce que j’ai appris au B.A.N., en même temps que les secrets du Rokushiki, une technique du Cipher Pol pour évaluer la force de ceux qui m’entourent ? Peut-être. J’applique maintenant le troisième pilier : le principe d’action positive, qui consiste à traduire l’inconscient en conscient, et à développer les échanges entre le corps et l’esprit. Transférer une sensation physique en ressenti, et inversement. Je me concentre sur ce que je ressens physiquement lorsqu’un coup m’est porté, et que le choc me permet d’évaluer la puissance de mon adversaire. Cette visualisation me permet de créer une image mentale. Je parviens ainsi, non sans mal, à isoler certaines auras, qui “brillent” plus intensément que les autres. Je parviens à ignorer la grande majorité d’entre elles : ce sont les petits animaux, qui sont très nombreux, mais ne dégagent rien de particulier… J’arrive ensuite à quantifier et à rassembler dans des catégories les autres. Les enfants. Les adultes “normaux”. Les poissons volants. Certains humains plus puissants que la moyenne. Tout s’ordonne dans ma tête avec la précision et la rigueur militaires dont je fais preuve au quotidien. J’expire un grand coup, en maintenant l’image mentale de ces boules de lumières, de leur intensité et des émotions qui les accompagnent, dans une carte que je dresse dans ma tête.

Je maintiens ma détection plusieurs dizaines de secondes, comme si je faisais un gainage abdominal, puis souffle un grand coup, pour relâcher la pression. J’enchaîne ces séries durant une demi-journée de plus, jusqu’à ce que je sois capable de déployer mon Haki de l’Observation rapidement et sur une grande distance. J’esquisse un large sourire lorsque j’arrive enfin à saisir le truc. A chaque essai fructueux, ma portée augmente de quelques centaines de mètres… Et je sens que je peux encore faire mieux. Plus qu’à appliquer le quatrième pilier, le principe d’adaptabilité, et d’être capable de l’utiliser en situation réelle, et pas affamé, assoiffé, et assis en tailleur dans un placard à balais plongé dans le noir…
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C’est bien beau de ne rien manger ou boire pendant deux jours et demi et de ne pas consommer votre ration, mais si c’est pour engloutir le double en sortant de votre cagibi, il n’y a pas d’intérêt…

Entraîner mon Haki dans ces conditions s’est révélé plus éreintant que prévu… Alors forcément, j’ai besoin de reprendre des forces. Trop occupé à m’empiffrer d’un steak de requin volant, qui contrairement à ce qu’on pourrait penser n’est pas du tout acide, je ne lui réponds pas. Je manque de m’étouffer avec une portion beaucoup trop grande pour ma bouche.

Kof… Nathalia ? Elle hausse le sourcil. Vous m’aviez bien dit qu’il y a d’autres bunkers comme celui-ci ailleurs sur l’île, n’est-ce pas ?

Elle se retourne vers moi, visiblement surprise par la question.

Il y en a, oui, mais ce sont des petits sites isolés. Le Refuge est le plus grand. Pourquoi ?

Surmotivé par mes progrès fulgurants avec le Haki de l’Observation, je n’ai qu’une hâte : retrouver Drake, et ainsi valider la première étape du plan d'entraînement de Sloth. Toutefois, lorsque j’ai déployé mon pouvoir de détection… Je ne suis pas parvenu à ressentir l’aura du lieutenant de la Corsaire… Ce qui veut dire qu’il est ailleurs sur Ombralia. Effectivement, il n’y aurait que peu d’intérêt que je le retrouve, s’il se trouvait juste à côté de moi… Cela veut également dire que je vais devoir sortir d’ici, et le chercher… Et vite. Le temps m’est compté.

Pour tout vous avouer, je suis arrivé ici parce que je cherche à retrouver quelqu’un… Et je sais qu’il est sur l’île… Mais il n’est pas dans le Refuge.
C’est un Ombralien ? Je lui fais un signe négatif de la tête. Vous êtes sûr de votre information ? Vous êtes le premier étranger que je croise depuis… Depuis le Cataclysme.
Affirmatif. Il est arrivé en même temps que moi.

Je lui confirme bien que je n’en suis pas sûr à 100%. Tout ce que je peux espérer, c’est que Sloth ne me mène pas en bateau… Mais quel intérêt aurait-elle à le faire ?

Hmmmm… Il y a des choses qui ne collent pas dans votre histoire, Raines.
Pardon ?
Vous n’êtes pas de l’île, et vous arrivez en plein milieu d’Enum-Meroa, vous trouvez le Refuge alors que vous n’avez pas la moindre trace de brûlure acide sur vous…
Je vous l’ai déjà expliqué, c’est… Elle me coupe la parole.
Votre histoire de Corsaire qui vous téléporte ici en vous poussant dans les airs avec des coussinets de chat ?
Effectivement, dit comme ça… Mais c’est pourtant la vérité ! Elle hausse les épaules en soupirant.
Ce n’est pas bien important. Le passé, l’avenir… Ceux qui atterrissent ici les abandonnent bien assez vite. La seule chose qui importe, c’est de survivre.
Je ne suis pas aussi fataliste que vous… Et pour le chercher et le retrouver, j’aurais d’ailleurs bien besoin d’une combinaison pour pouvoir sortir du Refuge…
L’usage des combinaisons et de l’oxygène est strictement réservé pour nos expéditions de ravitaillement. Si vous voulez sortir, c’est pour chasser. Notre survie dépend de ce matériel, je ne peux pas m’en séparer comme ça. Elle reprend son attitude de survivaliste pragmatique.
Vous m’avez bien dit que tout se paie, ici, non ? Si je vous ramène suffisamment de viande de poisson volant, vous accepteriez ?
Vous voulez partir en expédition ? Croyez-moi Raines, la vie est merdique ici-bas, mais elle est encore pire là-haut.
Ne vous en faites pas pour moi, je sais me débrouiller.

Nos regards se croisent. Nathalia est forte… Bien plus forte que les hommes et les femmes qui se terrent dans le Refuge. C’est sans doute pour cela qu’elle est naturellement devenue leur leader… Mais je suis bien plus fort qu’elle. Alors, je suis bien vigilant… Il ne devrait pas y avoir de problème. Elle hausse à nouveau le sourcil.

Très bien… C’est entendu. La prochaine équipe partira demain, à l’aube. Vous nous accompagnerez.

J’acquiesce en silence. Cela me laisse encore une demi-journée et toute une nuit pour travailler sur mon Haki de l’Observation… Et pousser mes limites. Maintenant que j’ai mangé et bu, et que mon corps s’engourdit dans la digestion, il est temps de voir si je suis toujours capable d’être aussi réceptif… Il serait aussi intéressant de connaître l’impact de la privation de sommeil sur mes capacités… Oh, Sloth… Vous n’avez aucune idée du monstre que vous êtes en train de créer. Vous me parliez d’un entraînement difficile à en crever ? Oh, vous verrez… Je vais excéder vos attentes, et de loin !
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Quatrième jour.

Pschhhhhhtttt…

Nous sortons du sas et rentrons dans l’atmosphère pressurisée du bunker, et commençons à retirer nos combinaisons… À l'exception de Nathalia, qui ne porte qu’un masque à oxygène et sur qui la brume acide dans laquelle nous avons été plongés pendant plus de quatre heures n’a plus aucun effet. Nous traînons derrière nous le corps de deux énormes poissons volants en excellent état. Tous deux ont un trou de quelques centimètres de diamètres à l’arrière de la tête, blessure causée par l’impact de mon Shigan. J’étais particulièrement surpris de constater que ces bestioles volaient effectivement dans la brume comme si nous étions sous l’eau et qu’elles flottaient au-dessus de nos têtes… Et qu’elles étaient de formidables prédateurs, bien qu’elles ne fasse pas le poids face à moi malgré que mes mouvements étaient ralentis par l’encombrante tenue protectrice que je portais.

Je dois vous avouer que j’étais suspicieuse… Mais je suis forcée de constater que vous n’aviez pas exagéré, Raines. Vous savez vous débrouiller…

Elle me lance un regard approbateur en désignant de la tête les mastodontes aquatiques que notre petite équipe de quatre personnes à ramené, et qui saura nourrir pour plusieurs jours la totalité des habitants du Refuge. De mon côté… Je ne partage pas son enthousiasme. Nous sommes sortis d’Enum-Meroa, et nous sommes enfoncés dans les marécages acides qui composent désormais la plus grande partie de l’île… Durant toute l’expédition, j’ai déployé mon Haki de l’Observation… Et au bout de quelques essais, je suis parvenu à atteindre de nouveau les portées prodigieuses de mon entraînement, même sans devoir m’isoler sensoriellement. Maintenant que j’ai goûté à la sensation de cet état empathique, il me paraît quasiment naturel ou automatique d’y accéder… Et pourtant, je n’ai pas réussi à localiser Drake. Le fait que nous chassions le poisson volant et la composition du groupe m’ont considérablement ralenti, et ne m’ont permis de projeter mon aura de perception uniquement sur une petite partie de l’île… Toute la partie est d’Ombralia, notamment, m’est encore inconnue… Et l’homme que je cherche s’y trouve sûrement. Il faut que j’accélère la cadence de mes recherches : je ne peux pas me permettre d’attendre deux jours pour la prochaine expédition, et de chercher au hasard. Je dois quadriller l’île, et la passer méthodiquement au peigne fin…

Mais je ne crois pas que la personne que vous cherchez soit présente sur l’île… Personne ne pourrait survivre aussi longtemps au smog acide…
Il est quelque part, j’en suis sûr. Je la corrige et marque une courte pause, puis reprends. Dès que ma bouteille d'oxygène sera rechargée, je repartirai à sa recherche.
Je vous l’ai dit, je ne peux pas vous laisser prendre une de nos combinaisons pour vos sorties personnelles. Notre survie en dépend.
Et si je vous ramène un requin en rentrant de chaque sortie ?

Elle peste en tournant la tête. Elle n’est pas enchantée par l’idée, mais l’offre est trop belle pour qu’elle la refuse. Elle va accepter. Je le sens. C’est d’ailleurs un élément nouveau, depuis que je suis sorti de mes deux jours de transe. Ma capacité à percevoir les émotions des êtres vivants à portée de mon Haki s’est grandement accrue.

J’imagine que c’est bon…

Cela fait déjà quatre jours que je suis là. Je ne peux pas continuer à perdre autant de temps dans le confort de ce bunker. Sloth m’a dit que pour développer mon Haki rapidement et efficacement, je devais être au pied du mur. Alors je dois continuer à pousser mes limites, et à me mettre dans mes derniers retranchements… Jusqu’à complètement maîtriser cette incroyable capacité…
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Cinquième jour.

Cinquième jour depuis le début de l’entraînement de Sloth, et cinquième sortie en solitaire pour explorer Ombralia et retrouver Drake. Je dors le minimum possible, seulement durant le temps de production d’oxygène neuf pour alimenter les bouteilles de ma combinaison… Ce qui me fait alterner deux heures d’expédition puis deux heures de repos depuis hier. Ce fonctionnement en sommeil polyphasé me rappelle non sans une certaine nostalgie ma formation au B.A.N., ou nous étions constamment réveillés en plein milieu de la nuit pour des exercices qui ressemblaient parfois à des bizutages… Mais cela fait un certain temps, et je n’ai clairement plus l’habitude. Couplé à la lassitude d’un paysage répétitif et masqué par un smog qui agit comme un filtre opaque, je baille à m’en décrocher la mâchoire. Sur cette expédition, j’ai décidé de partir dans la direction nord-nord-est, puisqu’il s’agit d’un des derniers secteurs qu’il me reste à explorer pour trouver où est terré Drake.

J’avance dans les marécages, évitant avec précaution de mettre mon pied dans les flaques acides qui parsèment la zone, utilisant le Geppou quand nécessaire… Et en essayant de ne pas me faire repérer des nombreux prédateurs qui grouillent dans la zone. Ces animaux ne sont pas dangereux pour quelqu’un comme moi… Mais les affronter, et de manière générale effectuer des mouvements brusques, augmente ma consommation d’oxygène et risque d'abîmer ma combinaison… Et au final, mes nouvelles compétences en Haki de l’Observation rendent la chose particulièrement aisée. En effet, les requins volants sont suffisamment puissants pour que je les détecte facilement et de loin, d’autant plus quand ils n’ont qu’une seule émotion simple en tête : leur désir de prédation…

A un moment donné, je crois avoir touché en but lorsque je distingue une conscience isolée et qui est clairement humaine… Mais je ne crois pas que ce soit Drake. C’est un homme seul. Seul et triste. Quelqu’un qui est rempli de remords, d’amertume, et de ressentiment… Et je ne crois pas que l’individu que je cherche. Il semble plutôt correspondre à la description que Nathalia m’a faite de Morgan Luftveit, un vagabond que la perte de sa famille à rendu fou… Alors je continue à avancer, jusqu’à ce que je commence à détecter des formes de vies sous-marines, m’indiquant que je commence à percevoir le rivage nord de l’île. Bifurquant vers l’est, je poursuis ma route, continuant d’activer à intervalles réguliers mon Haki… Je jette un œil au moniteur qui se trouve sur mon poignet. Je suis bientôt à cours d’oxygène, et vais devoir songer à rentrer au Refuge. Je peste intérieurement. Je vais une fois de plus rentrer bredouille, ou plutôt “brocouille” comme on dit à Kage Berg…

Et puis, au moment où je tourne les talons, je le sens tout d’un coup. Il est puissant, au moins autant que Nathalia… Mais il n’a pas sa détermination. Au contraire, même. Il est las, fatigué, il a la flemme et des pensées moroses. Il s’ennuie, il ne comprend pas pourquoi il est là…

C’est lui, j’en suis sûr et certain.

Je ne réfléchis pas plus longtemps, et accélère le pas. En quelques minutes, j’avale les quelques kilomètres qui me séparent de la position où je détecte son aura immobile. J’atteins rapidement une plage et l’eau de la mer d’acide qui entoure l’île et empêche tous les navires de l’atteindre… Mais l’aura que je sens se trouve plus loin. Je peste à nouveau. Il doit se trouver sur un récif, ou du moins un petit îlot… Effectivement, si je n’avais pas su utiliser le Haki de l’Observation, il m’aurait été impossible de le retrouver. Utilisant le Geppou, je traverse l’étendue d’acide et me rapproche de lui… Jusqu’à ce que je puisse enfin le voir à travers les verres du masque de ma combinaison. Il est assis en tailleurs, le menton affalé sur la paume de sa main, et tenant quelques cartes dans l’autre. Son génie, qui est invoqué, est en face de lui, et a également des cartes en main. Tous deux sont isolés du smog par une bulle en forme de patte comme celle que Sloth avait créée autour de moi lors de mon arrivée sur l’île.

Eh ben… C’est pas trop tôt. Vous savez comment je me fais chier ici ? Il m’interpelle alors que je suis toujours dans les airs, en s’étirant de tout son long. Effectivement, si ça fait cinq jours qu’il m’attend là, je peux le comprendre… Je n’ai d’ailleurs pas tout à fait saisi sa relation avec Sloth… Est-il son second ? Son amant ? Son esclave ? Je n’en suis pas tout à fait sûr… En tout cas, il est mon ticket de sortie de cet endroit, et je jubile à cette pensée.

C’est lorsque je pose à nouveau le pied sur la terre ferme, à quelques mètres de lui… Car Sloth apparaît tout à coup dans mon champ de vision. Elle apparaît en un instant, comme si elle avait utilisé le Soru… Non, c’est encore plus rapide. Et surtout, je ne suis pas parvenu à la détecter plus tôt… Mais je peux désormais clairement sentir sa présence… Et sa puissance. Pourquoi n’y suis-je pas parvenu plus tôt ? Est-ce parce que toute mon attention était portée sur Drake ? Parce que j’ai baissé ma garde quand je l’ai aperçu et que mes sens n’étaient plus en alerte ? J’ai encore des progrès à faire… Mais peut-être que c’est justement ce que je travaillerai à la prochaine étape ? J’échoue à masquer mon excitation et ma joie à l’idée de poursuivre mon entraînement et…

Hein ? Raines ? C’est vous ? Qu’est-ce que vous faites dans cet accoutrement ridicule ?

Ah. Je dois avouer que je ne m’attendais pas vraiment à cette réaction…
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Et bien… C’est une combinaison pour me protéger du mist acide… Comment voulez-vous que j’arrive jusqu’ici, sinon ? Elle s'esclaffe de rire alors que je finis de m’expliquer. Je continue. Mais j’ai réussi à atteindre des distances phénoménales avec le Haki de l’Observation ! J’ai pu sentir la présence de Drake à des kilomètres d’ici !

Elle rit de plus belle, puis finit par se calmer. Mon regard se porte à nouveau sur ma réserve d’oxygène, qui continue de diminuer. J’en ai tout juste assez pour le trajet du retour jusqu’au Refuge. Mais je ne vais pas y retourner, n’est-ce pas ? L’exercice est terminé, j’ai réussi, nous pouvons quitter l’île !

Franchement, Raines, je me disais… “Seulement trois jours ? Ok, le gamin est vraiment fort.”. Mais je suis un peu déçue… Je vous ai dit que j’allais vous en faire baver à en crever… Et vous pensiez que ça allait être si facile ?
Hein ? Le sol semble se dérober sous mes pieds lorsqu’elle dit ça. Qu’est-ce que vous voulez dire par ça ?
Regardez-moi. Elle retourne sa main vers elle et agite son index pour montrer son corps de manière répétée.
Je ne comprends pas, je…
Si vous ne comprenez pas, alors réfléchissez ! Si je vous donne les réponses, cela n’a aucun intérêt !
Je… Je ne comprends pas. Mon regard se porte sur Drake, qui baille à s’en décrocher la mâchoire, puis revient se poser sur Sloth.
Tant que vous porterez cette combinaison, vous ne validerez pas cette première étape.
Mais comment voulez-vous que je fasse ? Lors de mon arrivée, cette brume acide a bien failli me tuer !
Je croyais pourtant que vous étiez prêt à prendre tous les risques ! Elle hoche la tête de gauche à droite en cliquant avec sa langue. Si vous voulez remplir vos objectifs, il va falloir accélérer la cadence ! Mais je vois que vous avez besoin d’un petit coup de pouce… Très bien, mais ce sera le dernier ! Bon courage !
Hein ?

En un instant, elle se retrouve à mon contact, en se déplaçant à une vitesse bien supérieure à mon Soru, sans doute grâce à son pouvoir démoniaque. Un large sourire sadique est affiché sur son visage. Elle donne une pichenette sur le côté de ma combinaison, sans que je ne perçoive la raison. L’instant d’après, sa paume est sur mon torse, et je me sens à nouveau déplacé par sa capacité. Le voyage ne dure pas deux jours, comme la dernière fois, et je reprends presque aussitôt le contrôle de mes gestes… Et la nausée me monte instantanément à la tête. Je ne semble pas avoir bougé, mais c’est comme si le décor autour de moi s’était transformé en une fraction de seconde. L’accélération et la décélération brutales que je viens d’expérimenter sont particulièrement violentes pour mon organisme. Et je mets quelques secondes à reprendre mes esprits. Où suis-je ? Toujours sur Ombralia, au vu de la quantité de brume acide dans les airs. Mon premier réflexe est d’activer mon Haki de l’Observation, pour me repérer. Je ne détecte ni Drake, ni Sloth, ni les humains présents sur l’île… Seulement des poissons volants, et d’autres qui nagent dans l’eau derrière moi. Je relève la tête vers le ciel, et parviens à estimer la position du soleil qui se laisse à peine devenir derrière les épais nuages d’acide… Je suis toujours près d’une côte… Mais de l’autre côté de l’île ? C’est ce qu’il semblerait… Je suis vers la pointe sud de l’île, à l’opposé de l’endroit où je me trouvais une fraction de seconde auparavant… Je suis également à bonne distance du Refuge d’Enum-Meroa… Où j’imagine que je n’ai plus qu’à retourner. De toute évidence, je n’ai pas compris ce que Sloth voulait exactement, alors je dois me poser, reprendre mes esprits et réfléchir. Dans tous les cas, je vais devoir remplir mes réserves d’oxygène. Je baisse les yeux vers le moniteur sur mon poignet, et ils s’écarquillent.

La flèche du compteur est dans le rouge, et continue de descendre. Qu’est-ce que... ? Je regarde le côté de ma combinaison, et remarque qu’un flexible a été sectionné. Je peste à voix haute. Voilà pourquoi elle m’a donné une pichenette ! Je lance des regards paniqués autour de moi. Réfléchis, Raines, réfléchis. Elle te punit pour ton orgueil, c’est évident… Maintenant, comment vas-tu réussir à survivre ? A la vitesse où l’air s’échappe de ma réserve, il ne m’en reste que pour quelques minutes, tout au plus. Et à la vitesse à laquelle je me déplace lorsque j’explore l’île en temps normal… Je serai encore loin d’Enum-Meroa lorsque je tomberai à court d’air. Je n’ai pas le choix, je vais devoir prendre tous les risques et me déplacer à pleine vitesse… Et encore… Je ne suis même pas sûr d’arriver à temps !

Pressé par le temps qui m’est compté, je décolle dans les airs à toute vitesse grâce à mon Soru, et avale les distances comme si plus rien n’avait d’importance. De temps à autres, j’active mon Haki de l’Observation pour m’aider à me repérer, et je continue sur la ligne la plus droite possible, m’élançant dans les airs avec le Geppou quand c’est nécessaire. Au moment où je commence à sentir la présence des habitants du Refuge, m’indiquant que je ne suis plus qu’à quelques kilomètres de ma salvation, je sens que l'oxygène se raréfie dans mon masque. Je n’ai pas le choix. Je vais devoir le retirer. Mais ensuite, quelles sont mes options ? Respirer l’air vicié de l’île à m’en brûler les poumons ? Laissez les vapeurs acides s’infiltrer dans ma combinaison et attaquer ma peau ? Tout ça pendant que mes yeux sont fermés pour éviter de me brûler les muqueuses ? Je peux peut-être me frayer un passage à coup d’ondes de choc d’air, ou de Rankyakus… Non. Ça ne marchera jamais. Et puis je suis bien trop loin.

Réfléchis, Raines, réfléchis. Elle a parlé de t’aider. Elle t’a demandé de la regarder. Qu’est-ce qu’elle a pu vouloir dire ? Qu’elle utilise son fruit du démon ? Non, ce n’est pas ça. D’un coup, c’est l’épiphanie. Justement. Elle n’utilise pas son fruit du démon. Je me remémore la scène. Drake était protégé par la bulle d’air qu’elle créée avec son pouvoir… Mais elle ? Elle est apparue juste à côté, sans aucune protection apparente… Mais que tu es bête, Raines ! Il s’agit forcément du Haki de l’Armement ! D’une manière ou d’une autre, elle est capable de s’en servir pour se protéger des agressions de l’environnement… Peut-être même également en combat ? Elle m’a parlé d’une armure invisible… Ce doit être ça. Je me maudis d’avoir pensé que l’exercice qu’elle m’a donné avait pour but de développer mon Haki de l’Observation… Bien sûr, il y avait de ça… Mais je me rends désormais compte que la vraie raison pour laquelle elle m’a amenée sur cette île ne peut être que ça : être capable de me servir de mon Haki de l’Armement pour mé défendre.

Un problème demeure toutefois… Quand j’utilise mon Haki de l’Armement, il ne couvre qu’une faible zone de mon corps… Et uniquement mon pied ou ma main. Je n’ai pas encore essayé de recouvrir une zone comme mon visage. Si je le fais, est-ce que ça protégera mes voies respiratoires de l’acide ? Je ne peux pas en avoir la certitude… Mais je n’ai pas le choix que d’essayer ! Alors que j’étais toujours en train de courir et de sauter à toute vitesse en direction de la ville, je m’arrête, ferme les yeux et me concentre. Visualise, Raines. Visualise ce qu’il se passe lorsque tu concentres ton Haki dans ta main. Souviens-toi. Souviens-toi lorsque tu as déplacé la masse d’énergie de ton poing vers ton pied, contre Cendre. Comme pour le Haki de l’Observation, j’essaie de visualiser l’aura, et de la rattacher à une sensation physique. Mais à l’inverse de lorsque j’ai essayé de développer ce dernier, celui-ci n’implique pas de m’ouvrir au monde extérieur…

Au contraire. Je me renferme sur moi-même, m’isolant de tout ce qui m’entoure. Je prends une grande inspiration, sans doute la dernière sur ma réserve d’air, et me concentre sur mon corps. Mes os, et les muscles et les tendons qui les tiennent en place. Le sang qui afflue dans mes veines, pompé par le cœur. Mon énergie, qui coule dans mon corps comme l’eau d’une rivière. Elle semble provenir de mon torse, ou plutôt de mon nombril, et irriguer mes membres : la masse d’énergie se déplace, d’abord vers mon bras droit. Avec une nouvelle inspiration, j’essaie de la déplacer. Comme aspirée, l'entièreté de la masse se déplace vers ma jambe gauche, qui se noircit de Haki. J’expire et me relâche, renvoyant toute l’énergie vers le centre de mon corps. Et je la visualise monter dans mon corps. Réchauffer ma poitrine, passer par ma gorge, et arriver à ma tête. Maintenant ! Je prends une grande inspiration, éjectant le masque qui m’alimente en oxygène au passage. Les vapeurs acides brûlantes commencent à rentrer dans mes narines, alors que la brume irrite la peau autour de ma bouche… Et puis je ne sens plus rien. Plus aucune douleur. Je reste contracté, mais expire et inspire à nouveau. C’est comme si je respirais de l’air pur. Pourtant, je suis bel et bien sûr que l’air autour de moi est irrespirable. Mais je dois m’en assurer, définitivement. Allez, Raines. Tu as su prendre des risques pour devenir plus fort, jusqu’ici… Hors de question de s’arrêter en chemin. Je me saisis de la capuche de ma combinaison et l’enlève. La totalité de ma tête est nue, à la merci du brouillard corrosif… Mais recouverte d’une pellicule de Haki, il ne l’affecte pas. Un large sourire se dessine sur mon visage. Ce n’est pas aujourd’hui que tu vas mourir, Raines…

Mais il s’agirait tout de même de ne pas rester là trop longtemps, parce que je ne suis pas sûr de toujours vouloir être dehors quand je n’aurai plus la force de maintenir mon Haki !
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Huitième jour.

Pschhhhhhtttt…

Kof ! Kof kof ! Kof ! Je sors de sas de dépressurisation en raclant ma gorge, m’étouffant et prenant de grandes inspirations pour reprendre du souffle. Putain. C’était moins une. Merci…

Je remercie Will, qui vient me tapoter dans le dos après m’avoir ouvert le sas et permis de rentrer me réfugier dans le Refuge.

Alors… Combien, cette fois ?
Hmmm… Seize minutes et quatorze secondes. Il me répond en regardant une montre à gousset dont le cadran est fissuré, et qu’il possédait sans doute avant le Cataclysme.

Je souris. Seize minutes, c’est la durée maximale durant laquelle je parviens à maintenir un enrobage intégral de mon corps par le Haki de l’Armement. C’est toujours insuffisant… Mais c’est bien mieux que l’essai précédent. Comme pour le Haki de l’Observation, je continue de progresser, au fur et à mesure que la sensation s’engraine en moi.
Lorsque je suis revenu au Refuge il y a deux jours, juste après être parvenu à retrouver Sloth et Drake, j’avais réussi à déplacer mon aura et à la manifester sous forme de Haki au niveau de ma tête, ce qui m’avait permis de survivre à la brume acide et d’y respirer comme si l’air était sain… Mais ma méthode n’était pas la bonne, elle était au mieux imparfaite. J’appliquais la même technique pour utiliser mon Haki que lorsqu’on contracte ses muscles abdominaux pour les rendre plus durs. Je me crispais et le bloquais où je souhaitais qu’il se manifeste… En retenant presque ma respiration. Mais j’ai compris que bien qu’il s’agisse d’un pouvoir de renforcement, sa source se trouve plutôt dans un état de relâchement du corps. C’est une énergie qui se trouve à son centre, et qu’il ne s’agit pas de déplacer comme une masse informe qu’il faut bloquer dans un de ses membres. Il faut l’agrandir, l’étirer, l’étendre dans chaque recoin du corps, pour qu’elle s’y propage comme une chaleur douce et qui réchauffe… Forcément, si on compare à une flamme concentrée dans le poing, cela semble moins efficace… Mais le Haki me semble être comme un muscle, qu’on peut entraîner pour le développer et le renforcer. C’est d’ailleurs pour ça que j’arrive désormais à étendre mon Haki de l’Observation sur des distances aussi grandes…

Je prends une grande inspiration, puis une grande expiration. Comme pour le Haki de l’Observation, la clé de ma maîtrise du Haki de l’Armement réside dans la relaxation. Je dois être calme, détendu, réussir à ne même pas y penser. Il faut que cette sensation de pellicule qui m’entoure et me protège devienne aussi naturelle que respirer, si je veux pouvoir l’utiliser de manière sûre et me déplacer jusqu’à Drake avec… Et ce n’est pas le cas à l’heure actuelle. Je passe ma main sur ma joue. Ma peau est sèche et craquelée, irritée par l’air acide. Mes yeux sont marqués, injectés de sang, leur rouge plus éclatant que jamais. Je la passe ensuite sur le front, et une poignée de mes cheveux tombants me reste dans la main. Je commence à souffrir de la surexposition à l’air acide… Durant les premières minutes, ma carapace de Haki de l’Armement me protège bien… Mais lorsque je teste mes limites et que je tire sur la corde, elle peine à complètement me protéger. Je tousse et crache un glaviot de sang. Mes poumons me brûlent également. Dès lors que mon Haki ne protège plus correctement chaque parcelle de mon corps, les dégâts se font immédiatement sentir… Mais constituent une motivation efficace pour développer ma capacité… J’esquisse un sourire malsain quand je comprends que c’est bien évidemment ce que Sloth avait derrière la tête en m’envoyant sur cette île : me confronter à la mort en permanence, pour que je m’adapte et me dépasse. Elle pensait me surprendre, hein ? Mais elle ne sait pas à qui elle a à faire…

Vous allez bien, Raines ? Je hoche la tête en essuyant le sang qui coule du coin de mes lèvres avec ma manche.
Réinitialisez votre montre, j’y retourne. Je me relève sans le regarder ni vraiment répondre à sa question.
Déjà ? Vous venez à peine de rentrer… Et c’est déjà très bizarre que vous sortiez sans combinaison, comme ça… Vous voulez pas vous reposer un peu ?

Je lui fais signe de la tête que non. Bien au contraire. Laisser mon corps se reposer, ce serait l’habituer à un instant de répit qu’il n’a pas mérité. Il se pourrait que j’ai fait l’erreur de signer ma propre mort dans un an… Alors je compte bien rentabiliser chaque seconde de ce mois d’entraînement que je risque de si chèrement payer… Quitte à crever plus tôt que prévu. Je suis prêt à tout pour débloquer les secrets que Sloth voudra bien m’enseigner… Et tout est mieux que de rester faible comme je le suis à l’heure actuelle… Mieux vaut mourir debout que de vivre toute une vie à genoux.

J’y retourne.

Pschhhhhhtttt…
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Onzième jour.

Inspire.

Expire.

Inspire.

Expire.

Inspire.

Expire.

La démarche est lente, mais certaine. Chaque pas est lourd, et fracasse la terre stérile sous l’impact de mes bottes couvertes de Haki. Ce n’est pas très gracieux, et j’ai besoin d’énormément me concentrer pour le maintenir… Mais je suis désormais capable de recouvrir entièrement mon corps de Haki de l’Armement, et de le maintenir indéfiniment en me déplaçant… Quand bien même mon allure est lente. J’avance inexorablement dans les marécages remplis d’acides d’Ombralia, en direction de mon but : la présence de Drake, vers laquelle je me dirige. Mon usage du Haki de l’Observation, justement, s’est lui aussi encore affuté, et je n’ai désormais plus besoin de l’étendre comme un flux diffus sur des kilomètres pour sentir l’aura des êtres vivants qui se trouvent dans son périmètre. Au lieu de ça, j’économise mon énergie et le déploie sous forme de brèves pulsations à la manière d’un sonar. Mes progrès sont fulgurants, et je jubile à l’idée de me voir m’améliorer à cette vitesse. Qui sait combien de mois ou même d’années cela m’aurait pris, pour arriver à ce stade là, seul dans mon coin ? Je n’y serais peut-être même pas arrivé du tout, au vu de mon ignorance des principes de base du Haki…

Je continue à avancer, expirant bruyamment à chaque pas. Comme un poisson qui remonte le courant d’un torrent, où comme un homme qui se bat contre le blizzard ou la tempête, j’avance inlassablement… Jusqu’à arriver au bord de l’eau, au niveau du rivage nord de l’île. Drake se trouve à quelques dizaines de mètres, toujours sur le même îlot, masqué par la brume. Ma peau entièrement noircie protège mon corps des vapeurs toxiques qui émanent de l’eau alors que je prends une grande inspiration.

Voilà le moment de vérité. Il va falloir que je traverse la cinquantaine de mètres qui me sépare de mon objectif… Bien que le Haki soit une capacité formidable, il ne crée pas encore de miracles. Et étant donné que je ne sais pas marcher sur l’eau, il va falloir que je rejoigne le serviteur de Sloth par les airs, en me servant de mon Geppou. Serai-je capable de maintenir mon Haki de l’Armement protecteur en effectuant des mouvements qui me demandent autant de précision physique ? Rien n’est moins sûr. J’ai déjà essayé de le faire, lors de mes entraînements à Enum-Meroa, en anticipation de cette situation… Et le moins que je puisse dire, c’est que les résultats ont été mitigés… Je n’ai pas réussi à être régulier, mettant en revanche souvent ma vie en danger lorsque je perdais le contrôle et que mon Haki se désactivait au milieu d’un saut… Mais je sais aussi que le danger et l’urgence de la situation sauront être des moteurs suffisants pour que je réussisse, cette fois. De toute manière, je n’ai pas vraiment le choix. Comme on dit chez moi, à Kage Berg, j’ai mis tous mes Berries sur la même vache, en décidant de prendre tous les risques possibles pour devenir plus fort. Alors ce n’est plus une question de la jouer quitte ou double, mais plutôt quitte ou quintuple.

C’est avec cette décision fermement prise et un mental d’acier en tête que je m’élance dans les airs, au-dessus des eaux chargées d’acide qui bordent Ombralia. Je compacte l’air d’une série de coups de pieds lors de mon premier appui, fléchis la jambe, et effectue mon double saut. Le Haki continue de recouvrir mon corps et de me protéger, et toute mon attention est portée à cet effet. Le troisième saut se passe également à merveille. La perspective des conséquences graves qu’aurait mon échec est effectivement suffisamment motrice pour m’aider à dépasser mes limites. J’esquisse un sourire…

Qui n’est malheureusement que de courte durée.

Au fond de l’eau, de nombreuses réactions chimiques se produisent, conséquences du bouleversement environnemental causé par l’attaque de l’Amiral Tetsuda. Ces réactions transforment la nature des éléments qui sont dissous dans l’eau. Des microbulles de gaz se forment, s’agglomèrent, puis par différence de densité, remontent vers la surface. Lorsque suffisamment de bulles se rassemblent, leur poussée cumulée se fait voir en surface, déformant cette dernière. Finalement, la tension de surface de l’eau cède, et le gaz s’échappe en un bruit d’éclatement suivi d’un sifflement… Qui suffisent à me distraire. Juste avant le quatrième saut, alors que je suis déjà à mi-chemin, l’apparition soudaine d’une colonne de vapeur acide me déconcentre, et mon armure de Haki cède… Et la sentence ne se laisse pas attendre. Immédiatement, l’air vicié brûle chaque millimètre carré de ma peau qui se trouve à l’air libre. Je dois réagir vite. Le plus important, c’est de me concentrer sur mes Geppous, et d’atterrir sur la terre ferme… Car si je tombe dans cette eau, c’en est fini de moi. Mais je dois également protéger mes yeux et mes voies respiratoires de l’acide. Alors abandonnant toute tentative de protéger l’ensemble de mon corps, je concentre mon Haki de l’Armement au niveau de ma tête, pour me permettre de respirer.

J’arrive tant bien que mal à atterrir sur l'îlot où se trouve Drake. Ma peau me gratte et me brûle, comme si elle était percée de millions d’aiguilles chauffées à blanc. Je serre les dents si fort que j’ai peur de les briser. Maintenant que je suis à nouveau sur le plancher des vaches, je dois rétablir ma protection intégrale… Mais bien que je sache la maintenir indéfiniment à condition d’avancer lentement, je l’ai toujours activé dans un endroit calme et sûr… Et jamais alors que ma peau est en train de fondre à cause de l’acide et que je lutte pour rester conscient malgré la douleur.

Je souffle un grand coup, résistant à l’envie d’activer un Tekkai qui de toute manière ne changerait pas grand-chose. Souffle, Raines, et concentre-toi sur la sensation. Ignore les picotements, ignore le feu qui te recouvre. Comme pour le Haki de l’Observation, je dois filtrer les informations qui me parviennent… Et me concentrer sur cette masse d’énergie. Je l’étire, et tapisse tout mon être avec… Jusqu’à ce que graduellement, la douleur disparaisse. J’expire à nouveau. Lorsque je rouvre les yeux, mon Haki de l’Armement me protège intégralement… Et devant moi se trouve Drake, toujours autant impassible et visiblement mort d’ennui, dans la bulle créée par Sloth. Je souris. C’est à ce moment-là que Sloth apparaît, comme par magie, comme si elle se manifestait à partir de l’air. Décidément, son pouvoir démoniaque est bien pratique… Je sursaute alors qu’elle se retrouve à côté de Drake.

Bonjour, Raines ! Je vous ai surpris ? Pourtant, vous auriez dû me sentir venir, avec votre Haki de l’Observation… Vous vous êtes relâché, hein ? Ce n’est pas grave, on travaillera ça dans l’étape suivante… Lorsque vous aurez fini celle-ci !
Mais j’ai terminé… Je souffle ces paroles, tremblant de douleur. Ces derniers jours ont été intenses, j’ai dormi le minimum d’heures et ai ménagé mon corps le moins possible pour achever ces résultats. Regardez, je suis arrivé jusqu’ici sans utiliser de combinaison, comme vous l’avez demandé !
Effectivement… Et quelle était ma consigne de base ?

Je marque une pause quelques instants et réfléchis. Je crois effectivement me souvenir.

Vous m’avez demandé de le toucher ?
Exactement ! Et quelqu’un d’aussi procédurier que vous sera bien d’accord pour compléter l’exercice en bonne et due forme, n’est-ce pas ? Alors allez-y !

Je ne réfléchis plus, et j’obéis. J’avance vers lui, un pas à la fois. Allez, Raines. Ce sont les derniers pas qui te séparent de la fin de ce calvaire. J’étends ma main couverte de Haki, qui traverse la bulle qui l’entoure en ressentant une infime résistance. Et au moment où je vais la lui poser dessus, il disparaît, avec le petit “pop” caractéristique de la téléportation de Sloth.

Je… Quoi… ? Je ne comprends pas ce qui se passe. Je tourne lentement la tête vers ma professeure, incrédule. Pourquoi me dire tout ça si c’est pour ne pas me laisser poser la main sur lui ? Elle lève son poignet, et pose le regard sur sa montre.
Bien ! Six heures, vingt-huit minutes et treize secondes. Elle commence, avant de marquer une courte pause. Elle reprend, alors que mes yeux s’écarquillent. C’est le temps que vous avez mis pour venir ici depuis votre bunker… On peut dire que vous avez pris votre temps !
... Hein… ? Tout mon corps tremble. La fatigue accumulée explose, et fait faiblir mes nerfs qui sont aussi à vif que ma peau face à l’acide.
Quel intérêt de maîtriser le renforcement intégral si vous ne pouvez pas être au maximum de vos capacités en l’utilisant ? Vous comptez vous battre en avançant à cette vitesse ?

Je ne réponds pas, tant elle m’ôte les mots de la bouche… Et ce même si elle marque un point qui me fait particulièrement craindre la suite à venir.

Donc il va falloir accélérer tout ça ! Toutes les dix... Non, allez, toutes les vingt minutes, je vais déplacer Drake à un autre endroit, n’importe où sur l’île… Bonne chance !

Et elle disparaît, me laissant seul, sur ce rocher au milieu d’une mer d’acide sur laquelle règne le plus plat des calmes. D’une pulsation de mon Haki de l’Observation, je peux sentir que Drake et Sloth se trouvent quelque part au centre de l’île. J’expire en tremblant. De six heures à vingt minutes ? C’est un monde, il y a un gouffre entier à combler. Je ne parviens pas à maintenir mon Haki de l’Armement en trottinant, alors en courant… Non, ce ne sera même pas suffisant. Je vais devoir le maintenir à pleine puissance sur la totalité de mon corps alors que j’utilise le Kamisori. Les larmes me montent au yeux… Mais je les sèche bien vite. Je ne peux pas abandonner… Et puis, Sloth a raison. Si je ne suis pas capable de donner le maximum à chaque instant, dans chaque situation, alors quel intérêt ? Je me souviens, par le passé, avoir ressenti la même chose vis-à-vis du Rokushiki… Et aujourd’hui, je suis capable d’en utiliser les techniques comme s’il s’agissait d’une seconde nature.

J’ouvre les yeux et fige mon regard vers l’horizon, déterminé. Très bien, Sloth. Vous rajoutez de la difficulté ? Vous changez les règles au dernier moment ? Vous voulez que je vous supplie de m’achever ? Vous n’aurez rien de tout ça. Je vais m’adapter, me dépasser, et survivre.

Jusqu’à ce que j’atteigne le sommet.


Dernière édition par Alex Raines le Dim 11 Fév 2024 - 21:50, édité 1 fois
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Treizième jour.

Je ne suis pas trop sûre d’avoir compris votre histoire… Ou même d’y croire… Mais, ça y est, vous nous quittez ?
Affirmatif.

Je hoche la tête. Cela fait deux jours entiers que je me crève à la tâche. Mes muscles tremblent en permanence. C’est un travail amer, de longue haleine… Mais le résultat est là. Dès mon retour au Refuge, je me suis concentré sur le fait de déclencher mon Haki de l’Armement sur la totalité de mon corps tout en maintenant mon corps en mouvement, répétant des gammes d'entraînements virtuels dans mon cagibi. J’ai mis un certain temps à prendre le coup de main… Mais tout comme le Haki de l’Observation, son utilisation est devenue au fur et à mesure des heures de plus en plus naturelle. J’ai ensuite passé la journée d’hier à faire de même… Mais à l’extérieur du bunker, au contact de l’acide. Les brûlures constantes infligées par les vapeurs corrosives s’avèrent être une puissante distraction… Ainsi qu’un moyen de mise à l’épreuve efficace de ma protection. Et aujourd’hui, j’ai continué à parfaire l’activation et le maintien de mon revêtement en utilisant le Geppou et le Soru. Je n’ai même pas cherché à trouver et à aller chercher Drake… Quel intérêt, si je sais que mon temps sera dans tous les cas insuffisant… ?

Mais désormais, alors que le soleil se couche sur Ombralia au crépuscule de mon treizième jour d’entraînement, je suis prêt… Et je ne compte pas attendre une seconde de plus. Les Hakis de l’Observation et de l’Armement n’ont désormais plus aucun secret pour moi, et j’ai confiance quant à mes capacités à utiliser la pleine étendue de leurs pouvoirs, même en combat… Et ce même si Sloth souhaite une fois de plus changer les règles du jeu. Alors que je m’apprête à entrer dans le sas de dépressurisation que commandent Will et Dan, je me retourne vers Nathalia.

Merci de m’avoir accueilli. Lorsque je serai Amiral, je changerai les choses. Je n’oublierai pas Ombralia.
Je sais que vous ne pensez pas à mal… Mais nous ne voulons plus rien à voir à faire avec la marine. Alors partez, et ne revenez pas. Elle ne cache pas son amertume. Je ne réponds pas immédiatement, et marque une pause. Qu’elle le veuille ou non, je ne compte pas être le genre d’Amiral qui restera les bras croisés et fermera les yeux sur les bavures de ses confrères. La Marine et le Gouvernement Mondial doivent changer, s’ils veulent être l’idéal de justice et d’égalité dont je rêve… Mais inutile d’essayer de la convaincre et encore moins de la persuader du bien fondé de ma vocation. Alors que la porte s’ouvre du sas s’ouvre devant moi, je tourne la tête vers elle.

Je sais que ça ne changera rien et ne vous consolera probablement pas… Mais peut-être que ça vous aidera à cicatriser vos plaies de savoir que l’Amiral Tetsuda est mort. Elle peine à rester impassible, tressautant lorsqu’elle entend son nom.
Comment est-il mort ?
Transpercé par la lame de l’Empereur Red lors de la récente bataille de Marineford.
Il a souffert ?
Sans doute. Je ne peux qu’imaginer ce qu’à dû ressentir dans ses derniers instants un homme qui justifiait sa cruauté et son sadisme par la volonté d’être le plus fort… Alors qu’il périt de la main d’un pirate.

Elle esquisse un sourire.

Tant mieux. J’ignore son commentaire, alors que je détourne le regard et passe la porte. Je ne serai jamais comme lui. Je ne serai jamais quelqu’un dont on se réjouira de la mort. Merci, Raines.

Alors que la porte métallique se referme derrière moi dans un bruit de succion, je regarde droit devant moi. J'active mon Haki de l'Armement et enrobe la totalité de mon corps. Je fléchis sur mes jambes, bandant mes muscles comme un arc, en attendant que la seconde porte du sas s'ouvre.

C'est parti.
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Hhhh… Haaa… Han… Haaa… Hhhh… Han…

Je respire bruyamment en haletant, les mains appuyées sur mes cuisses fléchies. Tout mon corps tremble, mes muscles se contractant au gré des crampes et des spasmes qui les traversent. Mon corps tout entier me brûle… Mais c’est une bonne brûlure de l’exercice et de l’effort, et non pas celle de la brume acide qui me ronge la peau… Car je suis toujours intégralement protégé par mon armure de Haki de l’Armement. Je relève la tête vers Sloth, et Drake, sur l’épaule duquel est posée ma main.

Hoooo… Environ neuf minutes ? Sloth siffle pour marquer son ton impressionnée. Vous voyez quand vous voulez ! Vous auriez même pu venir plus tôt, je vous avais donné vingt minutes !
Hhhh… Je… Haaa… Je vous ai bien entendu... J’ai du mal à lui répondre tout en reprenant mon souffle. Han… Mais je ne voulais pas prendre le risque que vous changiez une fois de plus les règles… Alors j’ai préféré faire plus…

Elle sourit à pleines dents.

Voilà la bonne mentalité ! Elle s’approche de moi et me met une claque dans le dos. Je m’attends à chuter en avant et à m’étaler par terre, mais contre toute attente, mon corps résiste… Malgré son état d’épuisement avancé. Est-ce grâce au Haki de l’Armement ? C’est ce qui me paraît le plus logique… Et me fait sourire. J’étais tellement concentré sur le fait de maîtriser les Hakis en tant que tels que je n’ai même pas considéré l’effet que cela aurait sur mes capacités physiques… Et je peux affirmer que le résultat est plus que satisfaisant.

Bon ! Treize jours pour atteindre ce niveau-là, vu d’où vous êtes parti, ce n’est pas si mal ! Vous n’avez pas que de la gueule finalement, Raines !

Je soupire entre mes dents, puis relève les yeux vers elle alors que je me redresse. Mon regard transperce le sien de défi. Pas si mal ? Elle n’a pas idée de l’enfer que je viens de vivre. Tout mon corps me brûle, que ce soit à cause de la fatigue musculaire, ou des vapeurs acides qui irritent ma peau depuis bientôt deux semaines. Mes traits sont creusés, mes cheveux sales et tombants, et mon uniforme a perdu toute sa blancheur : il est couvert de traces jaunes dues à la corrosion, de poussière et de sang. Je suis épuisé. J’ai réduit mon temps de sommeil au minimum, tout ça pour pouvoir m’entraîner le plus possible… Et c’est seulement pas si mal ? Mon sang bouillonne en moi. Quelles que soient les prochaines étapes de son entraînement, je vais doubler… Non, tripler l’intensité de mes efforts. Il faudra que je fasse bien mieux si je veux pouvoir égaler les génies de ce monde comme mon frère… En fait, il ne faudra pas moins que la perfection.

Je vois à votre regard que vous n’avez pas eu assez de cette petite mise en bouche ! Bien, j’aime ça ! Alors on va augmenter la cadence ! Elle marque une courte pause, puis reprend. Vous êtes prêt à accepter la douce étreinte de la mort, cette fois ?

J’acquiesce en silence, serrant les poings en me préparant à la suite. Drake baille à s’en décrocher la mâchoire.

C’est bon Maîtresse ? Vous n’avez plus besoin de moi… ? Ca fait deux semaines que je me fais chier ici, j’aimerais mieux rentrer dormir…
Ouais, ouais… On n’a plus besoin de toi pour la suite !

Elle le touche de la paume de la main, et il disparaît en un instant, sans doute renvoyé vers Turpitude. Je plains le pauvre homme qui se retrouve balloté au gré des envies de la Corsaire… Cette dernière se retourne alors vers moi.

Quant à nous, nous allons également aller ailleurs ! J’ai bien peur que l’acide d’Ombralia ne soit plus un défi pour vous !
Vous allez encore me téléporter quelque part ? Où ça ?
Ne soyez pas trop pressé… Vous verrez bien assez vite !

Et comme je m’y attendais, elle me frappe le torse avec sa paume, avec une vitesse surhumaine. Je n’ai pas le temps d’en placer une alors que le sol disparaît sous mes pieds... Exactement comme lorsqu’elle m’a envoyé ici, ou comme elle vient de le faire avec Drake. A l’instar de lors de mon arrivée, il n’y a désormais plus que la brume verdâtre de l’île autour de moi, et que je traverse à une vitesse prodigieuse… Et qui disparaît en un instant, alors que je me retrouve dans un ciel dont le bleu naturel m’avait manqué.

Qui sait vers quel endroit dans le monde je me dirige ? Vers quelle île dangereuse et potentiellement ravagée par de multiples fléaux comme l’est Ombralia ? Et surtout… Quelles épreuves Sloth a-t-elle en réserve pour moi ? J’ai mis treize jours à triompher de la toute première étape de son entraînement… Ce qui m’en laisse dix-sept pour accomplir les autres. Est-ce suffisant ? Impossible de le dire. Dans tous les cas, je vais devoir m’armer de patience, si le trajet est aussi long que lors de mon arrivée…
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