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Un sacrifice non consenti

Un sacrifice non consenti Meria-viking-signa3-copie

海 賊

∆ Feat. Les Louves de Givre ∆


Les Louves de Givre avaient la bougeotte. Depuis Shabondy, elles avaient fait route vers le Royaume d'Alabasta, ce qui faisait déjà une sacrée route. Si l'on prenait en compte le fait qu'elles venaient à la base d'Armada, on pouvait effectivement dire qu'elles avaient pas mal voyagé durant les dernières semaines. En dehors de Jeyne, la seconde de la capitaine Marianne, aucune des skjaldmös ne savait pourquoi elles agissaient ainsi. Après le sac de la boutique du corsaire Greed sur l'archipel aux groves, voilà qu'elles allaient sur l'une des premières îles de la voie la plus célèbre de Grand Line. Hedda et Melkorka, les deux lieutenantes et responsables des troupes, ne cessaient de revenir à la charge vers leur cheffe, posant toujours plus de questions. Encore et encore, elles faisaient face à un mur. Malgré l'inconnu, les guerrières continuaient d'avancer.


Par le passé, la Peste était déjà venu sur Alabasta. D'abord quand elle était membre de l'équipage d'Aoi, la Reine Rouge, puis ensuite en compagnie des Sandstorm Pirates lors du sac de Nanohana. Méria D. Marianne n'était pas une inconnue sur ces terres. Pour cette raison, elle avait donné l'ordre à ses flibustières de ne pas afficher ses couleurs. Incognito, les Louves de Givre firent escale à Katorea. Ville sur le déclin et peu touristique, elle convenait parfaitement aux plans de la Peste. Une fois les navires amarrés, les skjaldmös se firent discrètes pour ne pas énerver les gardes. Soucieuse d'assurer ses arrières, la capitaine offrit même quelques pots-de-vin à plusieurs officiers à la moralité douteuse. Menées par leur cheffe capuchonnée et dont la couleur et la coupe de cheveux n'était plus la même qu'à l'accoutumée, les Louves prirent la direction du centre-ville. Il ne payait pas de mine, mais il y avait malgré tout un certain nombre de restaurants, d'hôtels et autres débits de boisson. L'endroit grouillant de marins locaux, c'était finalement assez logique. Le choix de Méria se porta sur une auberge qui oscillait entre le miteux et le passable. Peu de clients, une hygiène douteuse et des plats dignes des pires bouges. Parfait pour les guerrières avides de dépenser leur argent.


Toujours plus ou moins à part, Jeyne et Méria s'isolèrent à une table, buvant seules. Tandis que les skjaldmös buvaient et festoyaient, elles semblaient comploter. Plus en retrait, Hedda et Melkorka, proches du comptoir, les observaient de temps en temps avec un regard méfiant. Il était clair qu'il y avait une certaine tension dans l'air, et le fait de ne rien savoir sur les plans de leur capitaine n'aidait certainement pas. La borgne, Melkorka, serrait les mâchoires. D'un geste agacé, elle avala une gorgée de bière en grommelant.



« Arrête donc de t'exciter comme ça.

- Tsss, ta gueule blondasse. Elle veut nous la mettre à l'envers.

- Elle a ses méthodes, mais tu peux pas nier qu'elle nous fait gagner un paquet de berrys.

- Y'a pas que l'argent dans la vie.

- Non, mais ça reste important.

- Nos valeurs et nos coutumes également.

- J'ai pas dis le contraire, mais ça sert à rien d'essayer de se mettre dans sa tête.

- Tu parles, j'aimerai mieux la voir séparée de ses épaules.

- Hum, ce serait un beau spectacle, mais garde donc les pieds sur terre, elle t'a déjà battu.

- Je sais. Et toi aussi ce serait pareil si tu avais le courage de la défier.

- Prudence n'est pas couardise.

- Pff, c'est bien une phrase de lâche ça. »



Levant les yeux au ciel, Hedda se détourna de son acolyte pour retourner vers certaines de ses guerrières fidèles. Même au sein des anti-Méria, soit à peu près tout le monde, demeurait une scission importante. Parfois, un ennemi commun n'était pas suffisant pour rallier des gens qui se haïssaient. Laissant la blonde partir, Melkorka retourna également auprès de ses subordonnées. Jusque là, tout allait pour le mieux.




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海 賊

∆ Feat. Les Louves de Givre ∆


Depuis plusieurs jours à présent, les beuveries s’enchaînaient. Bruyantes et assez exubérantes, les skjaldmös festoyaient et ripaillaient sans grande modération. La capitaine avait été généreuse ces dernières semaines, ce qui leur permettait de vivre grand train. Malheureusement, ses voies demeuraient impénétrables et nul ne savait pourquoi l'équipage s’appesantissait ici. Tandis qu'elle passait du temps avec ses guerrières, Hedda se fit approcher par Jeyne. La jeune femme aux cheveux gris expliqua que Méria souhaitait converser avec sa lieutenante. Agréablement surprise, la pirate accepta volontiers et emboîta le pas de la bâtarde du Gila. Repliée dans sa chambre, la Peste ne participait que peu aux joyeusetés. Avachie dans un fauteuil en piteux état, elle avait une bouteille de rhum à la main quand Hedda pénétra dans la pièce. Sans un mot, Jeyne referma la porte, laissant les deux femmes seules.


« Te voilà.  

- En effet. Alors, quels sont les ordres ?

- Haha, toujours aussi directe. Rien ne presse, assied toi. »



Penchant légèrement la tête sur le côté, la guerrière fit une moue approbatrice avant de tirer une chaise vers elle. Après avoir bu à même la bouteille, Méria tendit cette dernière à sa lieutenante. À dire vrai, Hedda n'avait pas spécialement envie de boire, mais elle savait que ce n'était pas vraiment négociable. Attrapant le rhum de la main droite, elle en avala une petite gorgée sous le regard inquisiteur de sa capitaine.


« Les guerrières se posent des questions.

- Melkorka et moi également.

- Je me doute. Tu connais le capitaine Makoto ?

- De réputation. C'est un receleur d’œuvres d'arts volées non ?

- Plus ou moins. Je suis en affaires avec lui.

- Depuis quand ?

- Deux mois. Il m'a contacté sur Boréa. Jeyne et moi avons convenu d'un rendez-vous avec lui.

- Ici je suppose ?

- C'est ça.

- On achète ou on vend ?

- Ni l'un ni l'autre, on vole.

- Évidemment.

- Lors d'un cambriolage, il a mis la main sur un vieux coffre-fort, une antiquité avec pas mal de valeur. Enfin, c'est pas le sujet. Ce qui nous intéresse, c'est ce qu'il y avait dedans. Accroche toi bien.

- Je fais que ça.

- Le Suna Suna no Mi. »



Fronçant les sourcils, Hedda devint d'emblée plus intéressée. Après s'être redressée sur sa chaise, elle posa la bouteille de rhum et s'avança légèrement de sa capitaine.


« Comment tu peux en être sûre ?

- Je l'ai vu par vidéo den den, y'a pas le moindre doute.

- Je vois. D'où les cachotteries.

- T'as tout compris. Je dois mettre le moins de monde possible dans la boucle. Tu seras la seule au courant pour le moment, je dois m'assurer que tout ira bien.

- Et Melkorka ?

- Elle n'en sait rien, et je veux que ça demeure ainsi. Tu vas devoir jouer ton rôle dans cette histoire.

- Je t'écoute.

- Demain, nous ferons route vers Nanohana, de là nous irons ensuite vers Rainbase, c'est là qu'aura lieu le rendez-vous. Le fruit s'y trouvera, mais pas Makoto. Il viendra ici et tu lui donneras l'argent. Tout se fera pas den den en simultané.

- Drôle de manière de procéder.

- Il a ses lubies, cherche pas à comprendre. L'argent que je vais te laisser sera faux. Je veux juste qu'il laisse ses hommes me montrer le fruit et j'attaquerai pour le voler. Il sera ici en petit comité, je compte sur toi et tes guerrières pour t'en occuper. Nous aurons l'effet de surprise avec nous. Dès que j'attaquerai, fais de même.

- C'est risqué.

- Oui, c'est pour ça que je veux verrouiller l'information au maximum. J'ai bien plus confiance en tes guerrières et toi que celles de Melkorka. Elle pourrait me trahir à tout moment.

- Je comprends. Très bien, tu peux compter sur moi.

- Parfait.

- Et pour le fruit ? Qui va en hériter ?

- Bien vu. Je ne peux pas le manger, Jeyne non plus. Il reviendra à une des skjaldmös. Je compte organiser un grand tournoi pour décider de la personne qui en sera la plus digne.

- Ce sera moi.

- J'espère bien, t'as pas intérêt à laisser cette borgne te damer le pion, je ne le tolérerait pas.

- Aucune chance. »



Convaincue et motivée, Hedda trinqua avec sa capitaine. Les deux femmes continuèrent ensuite de parler pendant une bonne heure. Il fallait clarifier quelques détails. Vint ensuite le temps de finir la bouteille. Enivrées, les deux femmes s'embrassèrent et la température monta rapidement. Quand Hedda s'en alla, elle était satisfaite d'avoir berné une fois encore sa capitaine. La confiance qu'elle lui portait n'était pas justifiée le moins du monde. Une fois le fruit en sa possession, elle pourrait sans nul doute la détrôner et prendre le contrôle du grand Skali. D'ici peu de temps, son heure viendrait, elle en était profondément persuadée.




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Quelques heures auparavant, le reste des Louves de Givre avaient quitté Katorea. Toujours dans le même établissement, Hedda se préparait mentalement à la suite. Selon les informations données par Méria, la vente aurait lieu en fin de soirée. Le temps pour les autres skjaldmös de faire le voyage. Déterminée, elle avait averti ses guerrières de l'imminence de la chose, sans rentrer cependant dans les détails. Les instructions de la capitaine étant claires, mieux valait y coller. La Peste n'était pas vraiment du genre à pardonner la désobéissance. De toute façon, la blonde avait particulièrement envie que le casse se déroule bien. Une fois le fruit en possession de la Louve, elle pourrait le gagner sur Armada. Si on résumait les choses, en tuant Makoto, elle allait se rendre service elle-même.


« Bientôt. »


Pour elle, Hedda parla à voix basse. D'ici quelques semaines, elle pourrait enfin venger Grunhildr. Cela faisait un moment qu'elle souhaitait prendre se revanche sur Méria. Cette garce avait tué sa capitaine avant de l'obliger à rejoindre son équipage. Douée pour survivre, elle avait accepté de se soumettre, mais jamais elle n'avait oublié pourquoi elle en était là. Ce n'était pas par gaieté de cœur qu'elle avait accepté de partager la couche de la Peste, mais bien pour gagner sa confiance. Et si elle en croyait la situation actuelle, c'était bien le cas. À l'inverse de Melkorka qui fonçait tête baissée et s'opposait frontalement à Néra, Hedda avait su tirer son épingle du jeu en étant plus intelligente. Réfléchir puis agir, tel était son credo.


À mesure que le temps passait, la capitaine du Guld Blodig intima l'ordre à ses guerrières de ralentir sur la boisson et de commencer à se préparer pour la suite. Dans sa petite chambre au confort relativement modeste, Hedda affûtait son épée et coiffait ses cheveux avec ses habituels anneaux en acier. Il fallait qu'elle soit prête le moment venu.



« Y'a le feu ! »


Sursautant, la pirate se releva d'un bond en entendant l'une de ses skjaldmös hurler en bas. Ni une ni deux, elle attrapa son arme à même le fourreau et descendit les escaliers en trombe. Une fois arrivée en bas, elle ne vit pas de flammes, mais ses guerrières étaient affolées.


« Qu'est-ce qui se passe ?!

- C'est le navire. Il brûle ! »



Interloquée, la blonde quitta l'auberge avec empressement. À peine dehors, elle constata avec effroi qu'une épaisse fumée noire s’élevait de la position de son navire. Plissant les yeux et portant sa main sur son front pour se protéger du soleil couchant, elle vit plusieurs inconnus avec des torches. Nul doute, ils venaient d'incendier le Guld Blodig. Furieuse, Hedda serra si fort le fourreau de son arme qu'elle manqua de le briser.


« Skjaldmös, avec moi ! »


Accompagnant le geste d'un tonitruant cri de guerre, la pirate dégaina son épée qu'elle brandit avec férocité vers le ciel avant de charger. Sortant de l'auberge avec fracas, ses cinquante guerrières au bouclier lui emboîtèrent le pas en hurlant également leur rage. S'en prendre au navire d'un pirate était déjà un acte intolérable, mais pour les membres du grand Skali, les navires étaient encore plus importants. Piquées au vif, les femmes se ruaient vers la mer dans le but de réclamer vengeance. Une fois qu'elles arrivèrent à destination elles prirent de court les quelques hommes qui veillaient sur l'incendie. Vite passés par le fil de l'épée, ils ne firent pas montre d'une grande résistance. Une fois le calme revenu, Hedda entendit des pas derrière elle. Se tournant avec rapidité, son cœur s'arrêta net quand.


« Vous venez chier sur MES plates bandes ?! Vous êtes soit stupides, soit téméraires, peut-être même les deux. »


À seulement quelques mètres de là, les bras croisés contre sa poitrine, le célèbre Joe Biutag faisait face aux skjladmös. Connu dans le monde entier comme étant l'un des sept grands corsaires, on le connaissait sous le surnom de Greed. En plus d'être un pirate redoutable connu pour sa cruauté et son implacabilité, il était également propriétaire du marché à esclaves que les Louves de Givre avaient pillé peu de temps auparavant. Immobilisée par la peur, Hedda sentait que son corps tremblait, mais elle ne pouvait rien faire.


« T'as perdu ta langue blondasse ? »


Avalant sa salive avec difficulté, la capitaine du Guld Blodig en flammes savait qu'elle ne faisait pas le poids. Regardant autour d'elle, elle chercha le meilleur moyen de fuir, mais elle n'en voyait aucun. Peu motivées à l'idée d'affronter cette menace, le reste des skjaldmös reculaient lentement. Face à un spectacle si pitoyable, Greed soupira avant de siffler. Soudain, plusieurs de ses hommes sortirent de nulle part et attaquèrent les guerrières. Ces combattants là n'avaient rien à voir avec les incapable qui avaient mis le feu au navire. En moins d'une minute, ils tuèrent toutes les subordonnées d'Hedda avant que leur chef ne s'occupe personnellement d'elle. Comme s'il ne faisait rien d'autre qu'écraser un insecte inoffensif, Greed battit la pirate. En sang, Hedda rampait par terre pour échapper à la colère du corsaire, mais c'était peine perdue. Avec la propre épée de la jeune femme, Biutag lui planta les deux mains dans le sol avant de poser un genou pour s’approcher de son visage. Sans ménagement, il lui tira la tête en arrière en empoignant ses cheveux à pleine main.


« Bon alors, elle est où la rouquine ? »


Hedda savait qu'elle était perdue. Jamais un dégénéré comme Greed ne la laisserait en vie après ça, même si elle parlait. Gémissant de douleur, elle garda donc le silence. Du moins pendant un temps. N'ayant pas envie de perdre son temps, le bourreau tortura sa pauvre victime, la faisant souffrir le martyr. Malgré sa grande volonté, Hedda ne tint pas bien longtemps.


« R... Rai... Raibanse...

- Voilàààà, merci. Maintenant tu as le droit de mourir. »



Sans faire preuve du moindre cérémoniel, le corsaire trancha ensuite la gorge de sa victime. Tout en se vidant de son sang, Hedda ne put s'empêcher de réfléchir rapidement à la situation. Le temps sembla se figer tandis que les différentes pièces du puzzle s'assemblaient. L'attaque de la boutique, les secrets de Méria et son départ pour un étrange braquage. Parcourue par un éclair de lucidité, la guerrière comprit qu'elle avait été trahie par sa capitaine. Tout ceci n'était rien d'autre qu'un piège. Incapable de comprendre pourquoi, elle ferma les yeux pour la dernière fois. Laissant derrière lui cinquante pirates mortes et un navire en feu, Greed quitta Katorea pour les terres, là où il espérait trouver la capitaine des Louves de Givre. Malheureusement pour lui, il l'avait manqué de peu. Faisant dorénavant route pour les blues, Méria et ses guerrières étaient déjà loin.




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