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Le test d'une vie

    BRAOUM !
    Un boulet de canon venait d’exploser à quelques mètres de Charles. La terre était soulevée avec force et une forte poussière envahissait déjà la zone. On entendait les hurlements de plusieurs hommes non loin.

    Charles cherchait du regard quelque chose qu’il ne parvenait à voir. Il tenait en main une épée de bonne facture et conservait un calme olympien dans le brouhaha de la zone. Malgré cela il courrait à vive allure s’éloignant ainsi d’une sorte de fort en bois.

    BRAOUM ! ........ BRAOUM !

    D’autres boulets de canon s’abattaient sur la zone avec fracas. Il était temps de déguerpir ! Charles prit la tête d’un petit groupe de marine à l’air revêche. Tous affichaient des mines sévères et progressaient avec une étonnante rapidité le long d’un large sentier. Ils repoussaient la végétation avec force et avançaient comme un petit groupe de taureaux furieux. Les canons semblaient hors de portée dorénavant mais on captait toujours des cris. Charles fit signe au groupe de bifurquer sur la droite. Le petit contingent s’exécuta aussitôt et se stoppa net derrière son chef.

    L’épéiste désigna une petite zone surélevée qui dominait un peu le sentier.

      -«Fusils !»

    A ce moment on pouvait clairement distinguer le groupe de marines. Cinq soldats robustes armés de fusils et de sabres accompagnaient Charles. Dominant le sentier ils rechargeaient leurs fusils avec méthode. Au loin apparut un groupe d’une vingtaine d’hommes. Le groupe hurlait avec force, brandissant épées, pistolets et autres armes blanches. Ils empruntèrent le même sentier que les marines. Charles reprit la parole avec brièveté sans quitter des yeux ses adversaires.

      -«Feu dans trois secondes puis direction le navire.»

    Sans attendre il dévala la petite butte sur laquelle le groupe se trouvait. Il emprunta le sentier en sens inverse pour s’élancer vers ce qui ressemblait fortement à un petit groupe de pirate. Des détonations retentirent et cinq pirates s’effondrèrent sur le sol. Charles arriva à hauteur des hommes restant. Sa lame se leva et s’abattit avec méthode. Des attaques de tailles, brèves et efficaces, vinrent trouver les torses de trois, quatre, cinq pirates. L’épéiste détourna du plat de sa lame une balle qui venait d’être tirée dans sa direction ce qui eut pour effet de soulever des exclamations dans le camp adverse. Il enfonça sa lame dans le torse d’un adversaire, la retira rapidement et l’enfonçant dans la gorge d’un second malfrat. Les pirates tombaient comme des mouches en l’espace de quelques secondes. Il ne restait maintenant plus que quatre adversaires côté à côte.

    Charles se stoppa et se concentra devant des ennemis tétanisés. Il rengaina son épée puis...

      -«Ittoryu, Iaï !»

    Un en instant l’épéiste se trouva dans le dos de ses adversaires. Il rengaina une nouvelle fois son épée. Dans le même instant les quatre pirates furent tous tranché de manière horizontale au niveau de l’abdomen. Ils s’effondrèrent aussitôt dans une marre de sang. Charles se retourna vers eux et sans attendre s’élança vers la plage.

    Arrivée sur celle-ci il rejoignit ses hommes qui l’attendaient dans une chaloupe. Le groupe gagna des eaux plus profondes et fut récupéré par un navire de guerre de la marine. Arrivé sur le pont Charles se présenta devant un officier qui l’attendait le sourire aux lèvres.

      -«Félicitations Higan !»

    De nombreux marines accueillirent ses brèves paroles avec enthousiasme et applaudirent bruyamment l’épéiste. Charles affichait un sourire large et se mit à applaudir à son tour. Son objectif était accompli !
    Mais revenons à la raison de tout ce chambardement, c'est-à-dire, il y a quelques jours.

    Charles Higan était alors sur un navire de marine d’élite. Il était un soldat réputé au sein de celui-ci. En effet, voilà maintenant plusieurs années qu’il parcourait les mers aux côtés de ses anciens libérateurs. L’ancien gladiateur était devenu un soldat d’envergure mais n’avait pas obtenu de réelle montée dans la hiérarchie. Tout sembla pourtant prendre une nouvelle tournure lorsque des officiers lui indiquèrent qu’il avait été retenu pour effectuer des tests auprès du Ban, le centre de formation des marines d’élite.
    Après quelques jours de navigation il fut déposé sur une île abritant, semblait-il, le centre si réputé pour ses formations rudes et dangereuses. Charles quitta ses compagnons avec regret mais aussi avec la perspective d’obtenir de la marine un poste très convoité, celui de capitaine d’un vaisseau constitué uniquement de marines d’élite. On lui présenta succinctement certains officiers et eut pour interlocuteur particulier un certain « La gueulante », un homme jeune et vraisemblablement très haut placé dans la hiérarchie du camp de formation. On lui indiqua les espérances nourries par le groupe vis-à-vis de lui. Il était effectivement pressenti pour devenir le leader d’un groupe commando de marine d’élite. Mais il était impossible de confier cette tâche au premier venu même si ses faits d’armes étaient connus de plusieurs officiers bien placés dans la hiérarchie.

    Charles subit différentes épreuves. Tout d’abord une épreuve axée sur la psychologie et la stratégie. Comment réagissait-il dans diverses situations, quels étaient ses états d’âmes vis-à-vis de la torture, des meurtres de pirates. L’épéiste répondit avec sincérité et on se contente d’acquiescer mollement à la majorité de ses réponses.

    En termes de stratégie on le questionna avec intérêt. Les questions étaient extrêmement exhaustives. On aborda les stratégies de guerre rangées, de guérilla en milieu urbain et dans les autres milieux. Les stratégies d’attaques commando, des abordages et des attaques par navire. Au final les différentes questions prirent une matinée entière sans laisser de répit à Charles. Après les questionnaires on l’emmena directement vers une sorte de centre d’entrainement.

    Là bas on vérifia sa condition physique. Elle était bonne et fit même impression chez les jeunes recrues présentes. On constata son talent dans le maniement d’une ou plusieurs épées. Et curieusement on le testa également dans le maniement des armes à feu bien que Charles s’était clairement réclamé bretteur et rien d’autre. Ses tirs furent donc assez aléatoires, ils étaient efficaces mais n’avaient rien de précis... L’épéiste haussa les épaules en homme considérant cette tare comme tout à fait négligeable.
    Vint alors le véritable test. On présenta Charles à cinq hommes. Cinq personnes ayant terminé la formation du ban. C’était véritablement cinq gaillards. Des marines au physique avantageux et à la mine résolue. Il était évident que le borgne se trouvait devant des marines d’une toute autre trempe que celle du corps principal. Il avait en face de lui des marines d’élite qui pouvaient aisément mettre au sol trois à quatre hommes normaux.

    Un officier vint alors à la rencontre de Charles et le briefa.

      -«Bon ! Higan ! Vous êtes clairement la personne que nous recherchons. Vous êtes intelligent et êtes un bon stratège. Vous êtes surtout un incroyable combattant et plusieurs des officiers du ban louent votre maniement de l’épée. Mais ce n’est pas suffisant ! Vous devez être plus que cela ! Vous devez être un bon meneur d’homme car votre aptitude à commander est déterminante. Nous voulons un capitaine d’équipage capable de réaliser des missions dangereuses avec un minimum d’effectif et avec une efficacité maximale. Pour cela nous allons vous testez en situation réelle. Vous allez devoir assassiner un capitaine pirate sur une île non loin d’ici. C’est une cible prioritaire ! En soit le capitaine n’est pas dangereux mais il commande un groupe important de pirate. De surcroit, ils sont retranchés dans un camp de fortune disposant de plusieurs canons. Votre objectif est donc de trancher la tête du monstre. Si vous abattez le capitaine les autres pirates seront clairement désorganisés. Un groupe de marine normal pourra en venir à bout aisément.

      Voilà ! Tout ceci est clair. Si vous réussissez vous obtenez des hommes et un navire pour écumer les mers et répondre à nos attentes. Si vous ne réussissez pas... Et bien vous serez mort ! Vous disposez de cinq hommes, pas un de plus !»

    Charles reposa son regard sur les individus qui représentaient maintenant son groupe d’intervention. Des hommes sur lesquels il pouvait manifestement se reposer. Dans tous les cas, il le devait. Il n’y avait aucun moyen pour lui de les éprouver au préalable, il devait faire confiance à la formation du ban.
    Les hommes embarquèrent donc sur un navire de guerre imposant. Un grand nombre de marine était présent pour régler le problème si jamais le commando ne remplirait pas sa tâche. C’était un test dangereux et implacable, un test qui ressemblait bien aux caractéristiques des marines d’élite.
    La navigation prit du temps. Charles eut donc l’opportunité de faire plus amples connaissances avec ces hommes et leurs domaines de prédilection. Manifestement ils n’avaient que peu de lacunes et pouvaient réellement être un avantage pour le chef désigné.

    Les six hommes furent débarqués et se dirigèrent vers le fort de pirates qui était situé au bout d’un très long sentier. Le tout était entouré d’une épaisse forêt. Le groupe se déplaça lentement et en traversant la dense végétation. Le commando n’attaqua pas directement, il se positionna non loin du fort à l’abri des regards indiscrets. Il fallait noter les positions défensives, les éventuelles rondes, estimer le nombre de pirates et surtout définir la localisation de la cible.

    Des heures s’écoulèrent ainsi, Charles conservant son regard sur le fort sans sourciller. Il aurait préféré être capable de s’élancer vers le fort, de découper le mur et de tuer tous les pirates. Mais ces récits épiques étaient ceux d’amiraux et de vice amiraux à la force légendaire. Après une longue analyse le plan d’attaque fut établi.

    On avait effectivement constaté la présence du capitaine des pirates. Un homme petit et vieux, ce n’était pas une force de la nature mais bien un intellectuel. Un bon stratège qui était meilleur dirigeant que combattant. Les portes étaient rarement fermées mais les canons représentaient un grand danger lors d’une attaque frontale. Il n’y avait pas de solutions miracles, il fallait entrer dans le camp mais la retraite allait être complexe.

    Charles expliqua donc clairement son plan.

      -«Je vais entrer dans le camp. Je ne pense pas avoir de soucis pour atteindre la cible. Restez sur place et abattez les éventuels canonniers.»

    Le chef du groupe attendit le moment opportun. La nuit tomba et il s’élança vers le fort. Les fortifications étaient bien pensée et il n’était pas possible de se montrer discret, il fallait être direct. Fort heureusement les pirates ne semblaient pas craindre d’attaque et ne fermaient donc pas la porte principale. Charles couru donc, épée au clair, vers l’entrée. Il la traversa sous les yeux interloqués des hommes de guet qui se mirent à hurler après quelques secondes de flottement. L’épéiste était déjà à l’intérieur et s’approcha de la cabane où il avait repéré sa cible. Il trancha la porte de bois avec expertise et traversa l’embrasure de celle-ci. Le capitaine pirate était attablé avec deux autres hommes. Charles ne sourcilla pas et s’élança vers sa cible. La lame de l’épée glissa le long de la gorge du vieil homme puis provoqua diverses blessures mortelles sur les deux autres pirates. Sans attendre la lame fut replacée dans le fourreau et le borgne reprit la route en sens inverse. Les pirates commençaient à sortir des cabanes environnantes, certains tiraient fébrilement dans la direction de l’unique ennemi.

    La course était rapide et précise, Charles savait clairement où il allait. Il repassa la grande porte et tenta de rejoindre ses compagnons. Une partie des pirates avaient rejoint les pièces d’artilleries. Les fusils des marines se mirent en marche. Plusieurs pirates passèrent par-dessus le mur et tombèrent quelques mètres plus bas. Charles afficha un léger sourire et continua sa course. D’autres pirates avaient déjà remplacé les précédents et allumèrent les mèches. Les canons n’étaient pas encore ajustés mais les boulets pouvaient tout de même blesser dangereusement les marins. Les premiers projectiles sifflaient déjà dans le vent, puis...

    BRAOUM !