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Une taupe parmi les taupes!

La panique était totale dans la base. Une violente explosion venait de retentir sur le rempart Nord-Est et l’incendie se propageait rapidement. Des cris, de la fumée, du sang... C’était carrément un beau merdier ! Rain ne savait même plus où donner de la tête. Une armée était en train de monter au créneau pendant que les marines tentaient désespérément de faire face sur les trois fronts en même temps. Secourir les blessés, repousser ces connards et éteindre le feu. Fort heureusement, le colonel était compétent et su diriger ses troupes avec une grande efficacité. Rain fut affecté à la maitrise de l’incendie. C’était légèrement vexant pour un homme qui aimait autant se battre que lui, mais il obéit tout de même. Dans la Marine, tu fais ce qu’on te dit et tu fermes ta gueule, c’est comme ça. Et heureusement, il était inimaginable que chacun se lance dans une initiative personnelle. Le chimiste eut un sourire en se disant que si c’était le cas, les ennemis n’auraient même plus à se battre. Les marins se mettraient mutuellement des bâtons dans les roues et finiraient pas se saborder eux-mêmes.

Rain sortit avec nostalgie une de ses toutes premières inventions. Le souffleur à manivelle. Cette machine pouvait envoyer à une certaine distance toute matière introduite dans le réservoir, solide, liquide ou gazeux. Plus on faisait tourner la manivelle vite, plus le souffle était puissant. Il interpella deux mecs qui semblaient perdus et leur demanda un coup de main.


-Vous deux ! Chopez des seaux d’eau et verser les dans le réservoir en alternant pour qu’il ne tombe jamais à sec. Dés que l’un verse, l’autre remplit son seau et caetera ! On y va.

Les deux marins, trop heureux de se décharger de la responsabilité de leur incompétence le suivirent immédiatement. Le scientifique se mit à tourner avec force. Le résultat fut à la hauteur de ses espérances. Un jet d’eau sortit sous pression et permit d’arroser les flammes par le dessus, procédé beaucoup plus efficace. Beaucoup de marins s’interrompirent quelques instants pour le regarder avant de reprendre précipitamment leur travail. Même si la machine était efficace, elle ne suffirait pas, loin de là. De nombreuses toitures de baraquement s’étaient embrasées et transmettait l’incendie aux habitations voisines.

Les deux marins sollicités par Rain le suivaient à la trace et avaient du mal à tenir la cadence. Un seau ne contenait pas beaucoup et la pression du jet devait être suffisamment importante pour atteindre les toits. La chaleur était étouffante et Rain fatiguait également. Pour maintenir le jet aussi puissant, il devait tourner très vite et de manière continue. Son bras commençait à le faire souffrir mais il ne relâcha pas ses efforts. La fumée toxique n’arrangeait rien, la précipitation, l’adrénaline. Il fut finalement obligé de confier son invention à un collègue et de prendre une pause. Enfin, façon de parler, disons qu’il se mit à jeter des seaux comme les autres. Mais cela lui fit un bien fou au biceps qui menaçait d’exploser quelques instants plus tôt.

La maîtrise de l’incendie pris une bonne heure et tout le monde prit le temps de souffler lorsque la dernière flammèche disparut dans un crépitement minable. Rain récupéra son souffleur (il n’aimait pas trop laisser d’autres personnes que lui manier ses inventions) et monta quatre à quatre les escaliers qui menaient au bâtiment central. Du haut des marches, il eut une vue d’ensemble sur la base de la 54eme division de la Marine. Un grand bâtiment trônait au centre, entouré par des cercles concentriques de bâtiments, de dimension décroissante. C’était une architecture amusante. Vu d’au dessus, cela faisait comme une cible. Une brèche s’était ouverte dans la muraille Nord-Est et de nombreux marins étaient étendus sur le sol, certains bougeant encore, d’autres non. Rain bouillait de rage. Mais qui étaient-ils ? Ils n’avaient pas l’air de pirates. On aurait pu croire des civils, mais leur efficacité au combat et leur tactique disaient le contraire. Le playboy à lunettes violettes se tourna vers le colonel qui supervisait les opérations et se mit au garde à vous, la main à coté du front.


-Colonel ! L’incendie à été entièrement maîtrisé ! Demande autorisation d’aller soutenir mes camarades au combat.
-Accordé ! Foncez et emmenez tous ceux qui ne branlent rien !

Rain salua et interrompit son mouvement au moment où il allait descendre.

-Colonel... Qui sont-ils ?
-Des révolutionnaires. Des salauds qui s’infiltrent partout comme de la mauvaise herbe pour tenter de soulever la foule contre le gouvernement. De la vraie saloperie comme on en fait plus. Envoyez moi tout ça six pieds sous terres, vous avez carte blanche.

Le marin ne perdit pas lus de temps et dévala les marches, interpellant tous ceux qu’il voyait ne rien faire. Il se saisit de ses armes fétiches et glissa quelques bombes dans sa poche avant de déposer son sac contre la muraille. Ce n’était pas pratique pour se battre. Il entra sans réfléchir sur le champ de bataille et se fraya un chemin parmi les marins pour monter au contact. Lorsqu’il arriva enfin sur le front, il se mit à frapper dans le tas, sentant des mâchoires et des cotes se briser sous ses poings. C’était minable. Les personnes qu’il avait face à lui n’offraient qu’une faible résistance. Pour la plupart d’entre eux, nuls doutes qu’il s’agissait de simples civils qui s’étaient fait bourrer le chou par des leaders beaux parleurs. Cela lui faisait presque mal cœur de devoir réduire en charpie tout ces..... pauvres cons en vérité. Le combat faisait rage mais leur nombre ne semblait pas diminuer. Mais combien sont-ils bordel ? Il était évident qu’aucun des meneurs ne s’y trouvait. Ces gens n’étaient que de la chaire à canon éblouit par des utopies. Dieu seul sait ce qu’on leur avait promis en échange de leur loyauté. Mais à part une balle dans le buffet, ils ne gagneraient pas grand-chose aujourd’hui.

Rain reprit son sac au passage et monta sur le rempart pour soutenir ceux qui tiraient au fusil dans la foule. C’était triste... Comme des animaux... Mais il le fallait, ils ne semblaient pas vouloir reculer et mettait sérieusement en danger la base toute entière. De plus, de nombreux cadavres étaient habillés de vêtements bleus et blancs et cela ne resterait pas impuni. Le scientifique saisit son souffleur à nouveau et y plaça une bombe dont la mèche était allumée. Avec un « CHTOUMP ! » sonore, la sphère s’envola pour aller exploser à plusieurs dizaines de mètres, envoyant de nombreux corps, ou morceau de corps, valser dans les airs. Mais vu le nombre, les dégâts étaient négligeables. Il préféra se saisir d’un fusil lui aussi, plutôt que de gâcher ses bombes. C’était la première fois qu’il tenait une arme à feu entre les mains. Un marin lui montra comment ôter la sécurité, recharger et tirer. Il visait comme un pied, mais pour tirer dans la foule, c’était largement suffisant.

Le combat sembla durer une éternité aux marins mais finalement, les derniers révolutionnaires finirent par s’enfuir, après avoir réalisé qu’ils n’étaient plus supérieur en nombre et n’avaient plus la moindre chance de succès. Un cri de victoire fut poussé par tous les marins, avec une synchronisation quasiment parfaite. C’était classe et viril ! Mais l’humeur n’était pas vraiment à la joie, il fallait soigner les blessés, enterrer les morts et réparer les dégâts. Tout le monde se mit au travail, dans un silence total. Cela faisait plusieurs fois que la Marine subissait ce genre d’attaques ces derniers mois et chaque fois, les dommages étaient de plus en plus grands. C’est d’ailleurs pour cette raison que Rain avait été muté ici temporairement car d’importantes personnalités y demeuraient en visite protocolaire. Ils craignaient que cette base se fasse attaquer à son tour et les peurs étaient fondées.

Le soir venu, tout le monde retourna dans son campement respectif. Rain n’avait pas sommeil, il cogitait. Pourquoi une telle activité ces temps-ci ? Soient ils préparent quelque chose de beaucoup plus grand, soit ils profitent d’une faiblesse de notre part. A moins qu’ils ne nous testent. Il était assis dans la cour centrale et regardait les étoiles, l’esprit ailleurs en fumant sa clope. Les marins les plus couche-tôt dormaient déjà tandis que les autres flânaient en profitant de la fraicheur de la nuit. Après une journée pareille, c’était appréciable. Le scientifique n’avait malheureusement personne à qui parler, il était arrivé le matin même et repartirait probablement bientôt. Mais cela ne l’empêchait pas d’écouter les conversations.


-Putain... Personne ne les a vus arriver. On a réagit seulement après l’explosion....
-Ils sont arrivés pile au moment de la relève des gardes, pas de chance....
-Ralala.... Depuis le temps que je le dis que ce mur est plus fragile que les autres depuis l’attaque de l’année dernière....

Quelque chose clochait dans la tête de Rain même s’il ne parvenait pas à mettre le doigt sur quoi. Il écrasa sa cigarette et descendit du banc sur lequel il avait jeté son dévolu. Il mit du temps à trouver le sommeil cette nuit-là, ne parvenant à faire taire cette voix qui lui hurlait que tout n’était pas logique.

En plein milieu de la nui, l’alerte se déclencha. Une sirène assourdissante, passant des notes les plus graves aux plus aiguës à intervalles réguliers. C’était insupportable et très vite, Rain fit exploser d’un crochet du droit le haut-parleur le plus proche de lui avant d’avoir les tympans perforés.


°°Ils sont malades dans cette base de mettre le volume aussi fort !°°

Ses collègues, reconnaissants, lui sourirent en faisant un signe du doigt sur leurs lèvres montrant qu’ils le couvriraient pour ça. Habillés en moins d’une minute, les troupes étaient en rangs et parées au combat. Le colonel apparut devant eux l’air soucieux.

-Messieurs, ces enfoirés de révolutionnaires s’en prennent à la base de la 19eme division à l’autre bout de l’île ! En avant ! Portons leurs secours !

En rangs serrés, les marins avancèrent au pas de course pour porter secours à l’autre base. Il n’était pas difficile de voir la direction à prendre, la lueur des flammes brillant dans la nuit noire. Arrivés sur les lieux, ils virent immédiatement que la situation était catastrophique. Les révolutionnaires avaient déjà pénétré l’enceinte de la base et foutaient le bordel partout. Le nombre de marins morts étaient déjà conséquent. Après un rapide examen, Rain remarqua que les ennemis débarquaient de plaques qui sortaient du sol dans un flot continu. Les troupes se dispersèrent et le combat commença à faire rage. Chacun explosait la gueule de tous ceux qui n’était pas vêtus de bleu et de blanc. C’était idiot, il suffisait de piquer un uniforme pour agir en toute impunité, mais ils n’avaient pas le choix. Rain courait partout, tabassant tout ce qui passait à sa portée mais se rendit vite compte qu’ils allaient finir par être submergé. Les ennemis arrivant en plein milieu de certains points stratégiques, il était extrêmement difficile des les repousser. Rain repéra une plaque d’où ils arrivaient et enfonça sa lame dans le ventre d’un nouvel arrivant. L’instant d’après, il balançait une bombe dans le trou et refermait la grille. L’explosion se fit entendre, ainsi que de nombreux cris. Il se mit alors à entasser des cadavres, ramassant ceux qu’il trouvait sur le sol où en en créant d’autres avec ceux qui venaient tenter de l’interrompre pendant sa besogne. Très vite, le poids des corps devint trop lourd pour que ceux se trouvant encore dans le tunnel ne puisse l’ouvrir.

-Bloquez leurs accès d’arrivée ! Ils viennent des tunnels !

L’idée se répandit comme une trainée de poudre dans les rangs de la Marine et chacun tenta de repousser les envahisseurs dans leurs tunnels. Certains n’y allaient pas de main morte et faisaient s’écrouler des pans de bâtiments pour que l’éboulis recouvre une plaque. Certains carrément faisaient s’écrouler le tunnel entier mais les dégâts provoqués étaient parfois plus grand que ceux qu’auraient causés les révolutionnaires. Laissant cette tâche aux autres, Rain continuait de parcourir la base en éliminant tous ceux qui avaient déjà réussi à investir les lieux. Finalement, une fois toutes entrées condamnées, le nettoyage fut relativement aisé.

Bordel, comment avaient-ils pu avoir les plans des tunnels ? Les points d’entrées et se sorties ? Comment savaient-ils que cet accès n’était pas surveillé ? C’était troublant. Soudain, il fit le lien avec l’attaque de la base de la 54eme division, la veille. Ces enfoirées avaient attaqués à l’heure de la relève, sur un mur fragilisé et par un angle qui leur assurait une discrétion totale. Ils ne pouvaient pas être au courant et tout cela était trop gros pour être un coup de bol. Quelqu’un dans la base leur refilait des infos. Un traître, une balance, une taupe, un mouchard, un enfoiré de merde quoi ! Et haut placé en plus, étant donné qu’il possédait des infos sur plusieurs bases ! A moins qu’il n’y en ait plein ! Rain se mit à soupçonner absolument tout le monde, ne connaissant intimement personne, et garda ses pensées pour lui-même. Il avait la ferme intention d’étudier le comportement de tout le monde pour savoir qui savait quelque chose.

Les jours qui suivirent furent éprouvant psychologiquement. Epier sans être vu tout en tentant de remarquer qui épie sans se faire voir. Voilà une activité qui demande la concentration, des réflexes et de la patience. Mais après une semaine, il avait finit par repérer trois mecs qui ne semblaient pas très claires. Les deux premiers étaient carrément louches, la mine grave, faisant des messes basses régulièrement lorsqu’ils se croyaient à l’abri des regards et quittant parfois le dortoir commun en silence pendant la nuit. Le troisième passait son temps à regarder autour de lui comme s’il s’attendait à voir un monstre lui bondir dessus. Il était pâle et tremblait légèrement. Ces trois là.... allaient subir un interrogatoire en toute intimité.

La nuit venu, Rain attendit que les deux suspects se lèvent, attendit qu’ils sortent de la pièce et se mit à les suivre en silence, ses poings américains en place au cas où. Il marcha dans leur trace pendant quelques instants avant de les voir pénétrer dans un bâtiment qui ne servait que le jour, mais qui était tout de même faiblement éclairé. Le scientifique s’approcha de l’entrée et glissa discrètement un œil à l’intérieur. Le spectacle qu’il y vit le laissa stupéfait. Il avait faux sur toute la ligne. Les hommes avaient rejoints un petit groupe et organisaient des tournois de poker clandestins. Quelle mascarade ! Il pénétra dans le bâtiment et salua les marins d’un geste qu’il voulait naturel. Personne ne fit de commentaires sur sa présence. Tout le monde pouvait venir s’il jouait et la fermait ensuite. Il s’offrit donc une petite soirée de poker avant de retourner se coucher. Son enquête ne se poursuivrait que le lendemain de toute façon alors autant arrondir ses fins de mois, héhé !

Après avoir perdu vingt mille Berry, il partit se coucher, la mine basse....

Le lendemain, il décida de s’approcher du suspect restant, celui qui ne semblait pas avoir bonne conscience. Celui-ci errait dans la cour, apparemment sans but précis, surveillant ses arrières. Rain décida de ne pas l’aborder de front, de peur de l’effrayer. Il s’approcha en essayant de paraître gêné.


-Excuse-moi... Je connais pas grand monde ici. Ça te dérange si on discute ? Je me fais chier !

L’homme sembla perturber qu’on vienne lui parler de manière si ouverte, mais la franchise du scientifique fit tomber ses soupçons.

-Hein ? Heu...ben...oui. Oui, si tu veux.
-Franchement, ça me saoule la Marine ! Je me fais trimballer de base en base comme un pantin, je risque ma vie et en retour j’ai quoi ? Rien ! Ça te dit pas d’aller boire un coup ?

Le marin parut se détendre un petit peu et accepta l’invitation. Rain savait que l’alcool avait le pouvoir magnifique délier les langues. Il fallait juste qu’il fasse attention à ne pas en dire trop lui-même. Il retourna dans son dortoir prendre une de ses bouteilles personnelles de rhum et lui fit signe de le rejoindre. L’homme semblait vouloir parler, faire sortir ce qu’il avait sur le cœur. Il dit s’appeler Henri Kanan et une discussion débuta, superficielle pour commencer, puis, l’alcool aidant, de plus en plus intime. Même Rain se laissait emporter par la discussion et parlait de chose qu’il n’abordait pas en général, oubliant parfois le motif de cet échange. Mais après quelques temps, il apprit que le père d’Henri avait été marin lui aussi. Il avait donné sa vie pour la Marine, délaissant sa femme et son fils pour sa carrière. Mais un jour, il escortait un Tenryuubito sur South Blue et ils sont tombés dans une embuscade.

Rain sentait l’émotion submerger le marin et une colère monter au plus profond de lui. Il avait été demandé à son père de foncer retenir les pirates pendant que le Tenryuubito s’enfuyait. Les nobles étaient partis sans se retourner, laissant l’homme et son équipage se faire massacrer à leur place. Ils n’avaient jamais envoyé de renfort ou même tenter de retrouver les corps. Ils les avaient laissé crever comme des babioles sans valeur.


-Je n’ai jamais pardonné à la Marine... Je m’y suis engagé pour suivre les traces de mon père mais maintenant... Je ne sais plus ce que je veux faire...
-Tu voudrais te venger de la Marine, c’est ça ? Je te comprends dans un sens... Mais comment ? Cette organisation est bien trop puissante pour que tu puisses lui faire quoi que ce soit !

Henri regarda le chimiste avec un air pénétrant, comme s’il voulait le transpercer et lire en lui. Puis après quelques secondes de réflexion, il décida de lui faire confiance.

-J’ai trouvé un moyen. Je n’en suis pas fier, mais nous sommes tout un groupe à avoir une dent contre le gouvernement en place. Les hommes que tu as vu attaquer la base hier sont à la solde des révolutionnaires. Ce sont des hommes vivant dans l’ombre et s’infiltrant dans la plupart des classes sociales. Lorsqu’ils seront bien infiltrés aux postes stratégiques, ils sortiront des ténèbres pour retourner le pouvoir en place! Et j’en ferais parti !

Rain avait vu juste. Il le regarda avec un sentiment de pitié et de haine. Dans une sens, il le comprenait ; les Tenryuubitos l’avaient toujours dégouté et pour rien au monde il ne pourchasserait un pirate qui s’en prendrait à un de ces connards. Son père avait été utilisé et laisser pour mort juste pour qu’un de ces hommes hautains, suffisants et parfaitement inutiles à la société survive. Mais en envoyant tout ces gens inconscients se faire exploser contre des bases de marins qui n’y étaient pour rien, les révolutionnaires n’étaient-ils pas encore pire ? Et qui dit que le gouvernement qu’ils mettront en place ne sera pas pire ? Le pouvoir, lorsqu’il est pris par la force, est toujours mal utilisé. L’histoire l’avait montré à de nombreuses reprises. Il devait arrêter ça. Il fit semblant de ne pas comprendre.

-Toi ? Mais tu fais parti de la Marine ! Comment pourrais-tu faire partie de la révolution en même temps ? C’est contradictoire !
-Ca t’intéresserait ?
-Un peu ouais ! Depuis le temps que je rêve de les foutre un peu dans la merde !
-Viens...

Rain le suivit jusqu’à un coin de l’enceinte où il n’avait encore jamais foutu les pieds. Ils pénétrèrent dans un petit renfoncement du mur habilement dissimulé par effet d’optique. Le mur se repliait sur lui-même, mais semblait continu lorsqu’on le regardait sans y prêter vraiment attention. Mais dans le repli continuait un minuscule escalier qui donnait sur un sous-sol. D’après la structure de la base, la salle se trouvait sous terre, à l’extérieur du périmètre. L’ambiance était....comment dire ? GLAUQUE A MORT !!!! Sur les murs, des torches brulaient pour éclairer d’une lumière vacillante des murs en pierre brute. Une grande table rectangulaire en bois au milieu de la pièce et rien d’autres. Voilà comment on pourrait décrire la salle.

Une personne était assise à l’autre bout, immobile, une cape noire sur le dos et une capuche cachant l’intégralité de son visage dans la pénombre. On se serait cru au temps des chevaliers ou alors dans une secte sataniste... C’est au choix. Toujours est-il que l’homme à la cape se leva en les voyant arriver et plaça sa main au niveau de sa hanche. Rain supposa qu’il venait de se saisir du pommeau d’une épée mais ne pouvant la voir, ne jura de rien. Il se mit à hurler :


-Henri ! Tu amènes un étranger ici ! Tu nous as trahit ?!
-Maître ! Il désire se joindre à nous. J’ai jugé bon de vous le présenter avant toute chose.

Rain n’était pas rassuré. S’ils découvraient qu’il était là pour essayer de les faire tomber, il passerait un sale quart d’heure ! Le gourou avança vers le chimiste et le va la tête pour le regarder dans les yeux. Ha oui, petit détail, il était tout petit. Un mètre quarante à tout casser. Vraiment, il aurait mieux fait de rester assis parce que là, il faisait nettement moins impressionnant. Même si plus de la moitié de son visage était caché dans l’ombre, le playboy pouvait sentir la profondeur de son regard ainsi que son haleine.

-Alors comme ça tu veux nous rejoindre, hein ? Et qu’est ce qui me prouve que t’es réglo ? Qui me dit que tu ne vas pas nous balancer si je te laisse ressortir d’ici vivant ?
-Rien. Mettez-moi à l’épreuve, vous verrez bien.
-Et bien vas-y surprends moi ! Fait un coup qui montre que tu es prêt à mouiller ton froc pour niquer la marine ! Tu as jusqu’à demain, minuit !
-Et moi ? Qu’est ce qui me prouve que vous n’êtes pas un charlatan ? Vous êtes en relation avec qui de haut placé ?
-Si tu passe le test, tu sauras ce que tu veux savoir.

Rain sortit, encadré par Henri qui avait suivit tout l’échange. Ils se quittèrent sans dire un mot avant de retourner dans leur dortoir. La nuit était tombée et la fatigue se faisait sentir.

Lorsque le soleil se leva sur la base, Rain était déjà en train de réfléchir à son plan. Il devait faire quelque chose de grand contre la Marine, enfin, en tout cas, il fallait que ce soit réaliste. Il prit son sac et en sortit deux doses de poudre à canon. Il les plaça dans un bol et ajouta une petite quantité d’eau. Il alla chercher des feuilles bien vertes, les broya en morceau et les plaça dans le bol également. La sève et l’eau se mélangèrent avec la poudre pour donner une pâte noire dégelasse mais parfaite pour ce qu’il devait faire. Mais pour augmenter la durée, il avait besoin de graisse. Pour ça, c’était franchement facile, il suffisait d’aller dans les poubelles de la cantine. Si vous saviez la merde qu’ils servaient à bouffer... Rain était bien content de toucher un salaire suffisant pour pouvoir manger au resto à tout les repas ! Une fois sa petite mixture en main, il monta l’escalier principal et répartit la pâte dans une dizaine de petites soucoupes qu’il disposa à toutes les fenêtres du mur ouest du bâtiment principal. Il prit ses allumettes et entreprit de toutes les allumer avant de sonner l’alerte dans le bâtiment.

L’homme à la cape se leva en voyant le marin arriver, l’alarme résonnant à tue-tête.


-Un incendie du bâtiment principal, ça vous suffit ?

Incrédule, le chef sortit en courant et vit une fumée noire et épaisse s’élever de l’intérieur du bâtiment pendant que la base était en alerte. Il écarquilla les yeux et se tourna vers Rain.
Il a regardé Rain, Rain l’a regardé, il a regardé Rain, Rain l’a regardé, il lui a fait signe d’entrer. Bref, il avait réussi le test !


-Nous avons en tout cinq informateurs sur l’île qui nous informe des failles dans le système de la marine. Henri Kanan est l’un d’eux. Toi, avec ton grade de vice-lieutenant, tu pourrais nous obtenir des informations un petit peu plus importantes. Notre meilleur atout est le colonel Ricky Ki. C’est lui qui nous permet de coordonner nos attaques en fonction des répartitions de troupes dans les différentes bases de South Blue. Viens dans mon bureau.

Rain sentait qu’il touchait enfin au but. La porte s’ouvrit et ils pénétrèrent dans un petit local d’à peine deux mètres sur trois. Le bureau prenait la moitié de l’espace et était recouvert de papier en vrac et de feuilles volantes. Les murs étaient tapissés de plans de différentes bases, marqué d’une croix ou avec des zones entourées. Les papiers se superposaient dans un bordel monstre et le garçon aux lunettes violettes n’imaginait pas que l’on puisse s’y retrouver là dedans. Il fouilla la pièce du regard et reconnut la base de la 54eme division. C’était l’attaque de l’avant-veille. Il s’empara de la feuille et vit la signature en bas. Ricky Ki. Ce nom faisait froid dans le dos. Il la glissa discrètement dans sa poche pendant que le gourou cherchait quelque chose parmi tous ses papiers. Rain se racla la gorge.

-Et sinon, qui est avec nous ? Que je ne fasse pas de boulettes.
-Dans le coin, nous avons Henri Kanan que tu connais. Le cuisinier Aïko Ve’Su’jle, l’artilleur Steve Ajive, la conseillère Annie Werther et Mickey, le mousse. Avec toi dans nos rangs et le colonel, cela nous fait sept alliés rien que sur le royaume de Bliss. La révolution est en marche !

Il avait dit ça en levant le poing, persuadé que Rain allait le suivre, mais le poing du marin se leva, certes, mais pour finir dans la tronche du révolutionnaire. Il lui attrapa le visage avec la main droite et l’enfonça littéralement dans le mur. Un craquement se fit entendre et l’homme tomba au sol inanimé. Il attrapa un stylo et écrivit sur sa main tout les nomes étranges qu’il venait d’entendre avant de les oublier. Puis, il mit le corps sur son épaule et sortit.

-ENTREZ !

Rain ouvrit la porte et pénétra dans le bureau du colonel en charge de la 54eme division. Il déposa le révolutionnaire au sol et se mit au garde à vous. Le colonel le regarda avec une moue perplexe. C’est qui ce troudbal ? pensa-t-il si fort que le chimiste l’entendit. [i]

-Sir ! J’ai découvert que cet homme travaillait pour les révolutionnaires et était en grande partie des attaques que nous avons subit ces derniers jours. J’ai également la liste des agents infiltrés dans la base et du personnage haut-placé qui leur fournissait les informations nécessaires à leurs attaques, sir !
-Ha ?.... Et c’est qui ?
-Sir ! Le colonel Ricky Ki, sir !
-Si c’est pour me faire perdre mon temps, barrez-vous ! Le colonel Ricky Ki est une de mes connaissances, il ne ferait jamais une chose pareille !

[i]Rain sortit la carte signé de la main de Ki et la posa sur le bureau. Le colonel la prit avec dédain, la regardât et se mit à pâlir.


-Très bien vice-lieutenant Maniko... Laissez-moi la liste. Vous avez fait du très bon travail. Prenez votre journée, je vous offre une permission. Ce fils de pute !...

Le marin sortit en saluant, même si le colonel était déjà en train de se saisir de son escargophone. Ralala... Boulot ingrat !