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Le sauvetage d'un trésor NATIONAL

C'est tombé ce matin. Comme un couperet. La menace flottait depuis longtemps, mais personne n'osait y croire. Et pourtant. Ils ont osés. C'est une dépêche, dans la gazette, qui m'en a informé officiellement. Je n'avais jusqu'alors entendu que des rumeurs de couloirs. Et tous mes efforts pour les préciser avaient été vains. J'ai senti ma foi ébranlée, alors que mes yeux, ébahis, parcouraient les lignes.

"Les archives de Logue Town seront supprimées dans le mois à venir. C'est le quartier général d'East Blue qui a confirmé l'information ce matin, justifiant cette décision par la place, le coup et l'inutilité de celles-ci. Les archives de Logue Town renferment en effet uniquement de vieux formulaires et autres matériels papier d'ordre bureaucratique, qui ne présentent plus aucune valeur, informative ou administrative. "

J'ai presque pleuré. Comment peuvent-ils, si froidement, commander l'exécution d'un trésor national? C'est du cynisme. Du terrorisme! N'apprendront-ils donc jamais? Car qui connait les erreurs administratives du passé évite celles du futur. C'est un proverbe bien connu. Les idiots. Les fous. Et leur vision à court terme. Mais ça ne se passera pas comme cela. Foi de Trovahechnik. Déjà, j'ai lancé des appels à tous les amis de la Marine. Les vrais. Ceux qui la respecte. Qui souhaite le meilleur pour Elle. Ce n'est qu'une question de minutes avant qu'eux aussi montent aux créneaux, et dénoncent cette infamie.

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Cela fait une demi-journée, et aucune réponse. Ils doivent probablement être en mission. Ou occupés. Peut-être sont-ils trop assommés par cette nouvelle que pour avoir encore la force de lutter contre. Pauvres et faibles hommes. Mais ce n'est pas grave. Je n'ai pas chaumé, moi. Durant cette intolérable attente, rythmée par la folie de l'espoir et la force de l'indignation, j'ai fait des recherches. J'ai épluché tout les règlements. Tous les codes de lois. Sans en oublier un seul.
Hélas, rien n'interdit cette décision... Mais! Mais il y a un mais! Car rien n'interdit non plus un particulier d'acquérir les dites archives, pour peu qu'elles ne contiennent point de secret d'états ou d'informations pouvant nuire à la Marine par leur divulgation. C'est le cas de ses archives, bien entendu. Mais en tant que Commandant, je suis assermenté. Et garant du bon fonctionnement de l'organisation. Je peux donc racheter tout cela. J'en ai déjà envoyé la demande, en quatre exemplaires sur-tamponnés, ratifiés et envoyé en copie au centre d'archive. La preuve qu'elles servent, les archives. Il ne me reste plus qu'à passer quelques coups d'escargophone, et je partirai ce soir même pour Logue Town! Sauver ce qu'il y reste de bon sens.

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Me voilà embarqué. Je déteste les bateaux, mais il faut ce qu'il faut. La Justice vaincra.

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Après avoir débarqué, j'ai mis le cap sur la base. Sans perdre un seul instant. J'y ai été reçu par une colonel laxiste et stupide. Mais un colonel. Il ne comprenait pas mes motivations, mais agréait au fait que rien n'obligeait à brûler ses archives. Que mon grade et mes états de service favorisait ma demande, la justifiait même (j'ai cru lire une lueur de sarcasme dans son oeil d'alcoolique probable lorsqu'il a dit ces mots). Tout ce dont j'avais besoin, c'était un local, un hangar, où tout entreposer. Il n'a pu me conseiller à ce sujet. Je le soupçonne d'avoir fait preuve de mauvaise foi. Mais peu importe. Car ce hangar siège fièrement, là, devant moi. Il jouxte la base. Je suis tombé dessus par hasard. J'ai tout de suite vu qu'il était parfait. Une femme m'a renseigné à son propos. M'expliquant qu'un collectif d'habitants de la ville comptait le racheter pour en faire une sorte d'orphelinat pour enfants défavorisé ou que sais-je. Une maison de voyou, pour sûr. Je me suis donc empressé d'envoyer des formulaires d'achats à son propriétaire, qui n'est autre que la Marine elle-même. J'ai bien fait. Les bâtiments de la Marine doivent rester en possession de celle-ci! Ou au moins de gens qui lui sont affiliés. Comme moi. Par exemple. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'une réponse s'annonce d'elle-même (peut-être fut elle aidée dans sa promptitude par les 23 documents envoyés par mes soins aux différentes autorités compétentes, ainsi qu'aux 69 coups d'escargophones qui ont occupés ma dernière demi-heure). Positive la réponse était. Heureux j'étais aussi. J'ai donc directement pris le chemin du futur ancien centre d'archives. Il était temps pour moi de découvrir le trésor.


Dernière édition par Lou Trovahechnik le Mer 11 Jan 2012 - 0:10, édité 1 fois
    C'est un bâtiment horriblement décrépi qui renferme les dites archives. Quelle honte. Quelle manque de décence. Mais plus pour longtemps. Je pousse la porte d'entrée. Métallique et rouillée, elle grince horriblement, alors que je pénètre l'endroit. Très peu d'éclairage, il est difficile de se retrouver ici. Mais un bruit étrange attire mon attention. Dirige mes pas. Je m'avance donc. Entre les rangées de caisses et de classeurs, évitant les pièges du sol encombré de bric et de brac. Et il m'apparait. A la lueur d'une bougie en fin de vie.

    C'est un petit être racrapoté sur lui-même. J'irais jusqu'à dire courbé. Entre l'homme et la chose. La poussière sur ses vêtements laisse apparaître les écussons d'un vieil uniforme de marine. Un collègue. Il sent, littéralement, avec son nez, ma présence, et se retourne brusquement.

    Vous êtes qui vous!?

    D'un doigt autoritaire, je pointe mes propres écussons, qui témoignent de mon grade.

    Grumblf... Grueh. Ark...

    Il tousse. Pour ensuite s'adresser à moi, opérant un salut dédaigneux.

    Désolé Commandant... Mes yeux sont trop habitués à l'obscurité que pour discerner directement ce genre de détail... Gruah. Reuk. Reuk. Qu'est-ce qui me vaut l'honneur, CommandaaARkK..

    Et il tousse à nouveau. Je peux maintenant distinguer clairement son visage. Il semble vieux. Il est ridé. Sa peau sur ses os, il ne doit pas manger beaucoup. Un économe donc. C'est toujours ça de pris.

    Pourriez vous... monsieur, m'expliquer quel est votre rôle ici?


    Graeurk. J'suis l'concierge. Le garant des archives. Enfin plus pour longtemps apparemment. Ils vont tout brûler qu'ils disent. Avec moi dedans probablement.

    Le garant... intéressant. Voyons donc ce qu'il a dans le ventre. Car, foi de Trovahchnik, ce sont souvent les moins jolis qui ont le plus à donner.

    Que contiennent donc ces archives? Faites m'en donc un inventaire je vous prie monsieur... monsieur?


    Vogon! John Vorkgrk.. Vogon! Sous-lieutenant... il fut un temps. Graoupmkragrrr. Et bien, ces archives rassemblent principalement la paperasse d'East Blue de ces quatre-vingts dernières années. Accréditation, ordre d'embarquement, demande de renforts, de denrées, autorisation d'...

    Il a parlé comme ça pendant plus d'une heure, me décrivant inlassablement tous les types de documents que je pourrais trouver ici. Une fois fini, il a enchainé, sans que je puisse le couper, sur l'ordre de classement, d'abord par rangée, par thème, ensuite par cartons. Cartons qu'il m'a dénombré avec précision. Plus quelques informations relatives à la rareté de certains documents, trésors comme il les appelle, et concernant une réserve précieuse montée de son fait. Décrite elle aussi au mnémonique près. Ses phrases s'entrecoupaient de quinte de toux dont il semblait chaque fois miraculeux qu'il en sorte. Deux heures trente en tout. Cent cinquante minutes à parler de vieux papiers administratifs. Un vrai délice! Lorsqu'il eut fini, il sembla étonné de ma présence, après un si long monologue.

    J'espère ne pas avoir été trop long. J'ai tendance à oublier le temps quand je parle de mon travail Commandant.. Commandant?


    Commandant Trovahechnik.

    Ses yeux ont brillé d'un éclat enfantin. Il me connaissait m'a-t-il dit. Plusieurs de mes papiers faisait partie de sa réserve précieuse. Il possédait même un exemple de B4 signé. L'un des trois seuls existants. C'était un grand honneur. Etc. Etc.

    Alors, greubeulheu, vous venez pleurer avec moi la perte de ce trésor NATIONAL? Ce futur tas de cendres..?


    Non monsieur Vogon. Bien au contraire. Je viens pour vous offrir un nouveau travail. Autre endroit, même archive aujourd'hui, plus d'autres demain. Je viens sauver le trésor NATIONAL!

    L'homme m'a sauté dans les bras. Ce fut fort déplaisant. Il pleura longuement sur mon uniforme, le salissant de ses exhalaisons salées. Mais je comprenais néanmoins la liesse qui accompagne le sauvetage d'une vie de passion. Ainsi lui tapai-je la main sur l'épaule. Une fois. Ce qui nous dispensa de parler salaire.

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    Il fallut une journée, ni plus ni moins, pour déménager les archives. Après une petite vingtaine de nouveaux appels à mes collègues de la marine, ceux-ci répondirent affirmativement et m'envoyèrent des hommes pour aider au transport. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, je reçus des informations réjouissantes de la part du QG. Bien que circonspect à l'ouverture de l'enveloppe mouettoportée, quelle ne fut pas ma joie de lire que la Marine m'accordait des fonds pour l'ouverture du nouveau centre d'archive. Je communiquai directement l'information à Mr. Vogon. Il toussa joyeusement, pour directement partir "prendre ses aises" dans le hangar. Un homme zélé que John Vogon. Pas de doute que notre collaboration sera riche, et que le "Centre d'Archives Trovahechnik" a de beaux jours devant lui.