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Erreur(s) d'appréciation(s)

Royaume de Bliss. Ce n'est un endroit tout à faire lisse. Civils, marines, pirates ; Tous côtoient cette ville dirigée par les aristocrates. Toutefois, la paix règne souvent en ces lieux. Tout le monde semble jouer le jeu. Celui de se tenir à carreau, pour au moins ne pas finir cageot. Hélas, les frictions existent toujours. Mais certaines âmes volent parfois à leur secours. Par exemple, une sœur un poil trop ample.

Lààààà ! J'essuie encore un peu sous l'arcade sourcilière et il n'y aura plus de sang et ça sera désinfecté. Il faudrait que je regarde aussi sa jambe, elle est peut-être cassée. Ou une entorse. À voir. Pour les deux autres, je fais confiance en mon intestin, ils sont plus mal qu'ils sont en danger. Rah ! Franchement, c'est vraiment des poules mouillées ! Ils se prennent quelques mandales et ils appellent leur maman en se tenant la face contre terre. Ils ont de la chance d'avoir des amis comme eux. Je jette un regard vers les hommes en question. Le chef de la bande est un colosse qui me dépasse d'une bonne tête. Ses muscles sont à peine cachés par son marcel blanc marqué par de nombreuses taches de vin. Son bourru est dissimulé derrière une barbe épaisse et des cheveux longs et sales. Derrière lui, cinq hommes un peu plus normaux physiquement surveillent les alentours. Deux ont des épées, deux autres ont des pistolets. Le cinquième a une hache. Plus petite que la mienne. Moins solide aussi. Évidemment ! Les haches d'Endaur sont les meilleures ! Derrière moi, je sais qu'ils sont quatre armées de la même manière. Au sol, trois hommes légèrement blessés. La marque sur leur avant-bras ne laisse aucun doute sur leur nature. Des pirates ! L'emblème de leur équipage avait été tatoué sur chacun comme sont marqués les animaux. Tous uni derrière leur chef. Un pirate de piètre envergure, certes, mais qui avait déjà une prime ! Les plus grands commencent toujours petits, il ne faut pas que j'oublie !

J'ai de la chance quand même ! J'vais pouvoir les convaincre d'arrêter la piraterie ! Heureusement que des chasseurs de primes les ont attaqués, j'aurais jamais su qu'ils étaient pirates. Ils n’ont pas l'air net, mais, de là être pirate, il y a de la marge ! Faut dire aussi, je connais pas les têtes recherchées dans le coin. Il faudrait que je m'associe avec un chasseur de primes à l'occasion. Histoire de pouvoir savoir qui je peux convaincre. Parce que bon, l'autre jour, j'ai quand même fait la moral à deux types qui n'avaient rien à voir avec des pirates ! Même pas des brigands ! Perdre une journée entière pour ça, c'est risible ! Les chasseurs de primes n’étaient vraiment pas de taille contre eux. La force de mes convictions va surement les atteindre plus que la force de leurs armes ! Du coup, comme je passais par là, je me suis proposée pour les soigner. Ça va les mettre en confiance. On peut convaincre mieux quand on n'est pas vu comme suspect. Tiens ! Le capitaine s'approche. Je peux lire la surprise, l'étonnement et la suspicion dans ses yeux. Il trouve ça trop étrange d'aider les gens ?

… J'sais pas 'quoi t'as aidé mes gars … mais … merci … Si t'as b'soin de 'chose, dit le.


Je saute sur l'occasion. C'est ce moment ou jamais !
Je sais ce qu'il faudrait que vous fassiez ! Arrêter d'être pirate ! La piraterie, c'est pas bien. On blesse des gens et ça n'apporte rien d'bon. Devenez d'honorables gens qui ne blessent pas ! Il y a tellement de choses merveilleuses à faire ! Vous pourriez être des pécheurs gentils ! Vous continuerez à naviguer tranquillement sans combattre ! C'est pas beau, ça ?

Il me fixe, interloqué.J'ai réussi ?! Il a été touché par mes mots ?! Je lui ai ouvert les yeux, dévoilé à son esprit les secrets de la vie ? La paix et la fraternité vont-elles vaincre la souffrance et le chaos ?
Il éclate de rire. Ceux m'ayant été écoutés discrètement font pareil. J'affiche une mine surprise. Bah quoi ?

Ah ah ! 'bien bonne ! La blague ! T'es folle ! On stop pas. Je s'rais la peur sur Grande Line, plus tard; c'pas toi qui va m'stopper. Tas soigner mes gars. J'te tue pas. Fait gaffe à toi.


Des hommes à lui remettent sur pieds les blessés et commencent à partir. Le capitaine me tourne le dos sans même ajouter un mot. Je ne vais pas abandonner comme ça ! Il ne me fait pas peur ! Ça serait pas bien d'abandonner comme ça. En plus, tu me soutiens, Seigneur, n'est-ce pas ?! Aller, faut pas se décourager ! Je me relève et je range rapidement la trousse de premier secours. J'prends ma hache sur l'épaule et je me précipite à la suite des pirates. Attendez ! Écouter encore ce que j'ai à dire !

Ainsi, Adrienne continua à prêcher la bonne parole en territoire barbare, mais les pirates ne sont guère patients. En explications, Adrienne n'est pas avare et les hommes ne sont guères accommodants. Toutefois, dans l'ombre, on les observe. Espérons pour elle que le sort la préserve !


Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 15 Déc 2012 - 14:56, édité 1 fois
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Le 25 août 1622.

Bon sang, mais qu'est-ce qu'un pareil démon faisait ici ? Le cœur battant, caché dans un tonneau, Sören épiait l'homme en rouge qu'il avait senti venir de loin. Pas de doute à avoir. Collants rouges, masque rouge, armé jusqu'aux dents. C'était l'homme de Patland, le lâche qui avait manqué de le tuer deux années auparavant.

Suivi par une horde de chats qui lui étaient tous inconnus à son arrivée sur l'île, Sören était enfin parvenu à retrouver un petit pirate de fin de mois, qu'il traquait depuis deux semaines.
Rien d'extraordinaire. Jean de Morpas, dit « Jean double-langue», en raison de sa manière de parler, on ne peut plus sommaire. Certains témoins allaient jusqu'à prétendre qu'un jour, le forban avait été victime d'un mauvais sort le condamnant à une mort violente, si jamais il prononçait un mot un peu trop long. Aussi se limitait-il au minimum, afin de ne pas attirer le mauvais œil sur lui...

Enfin. En pratique, la bande de Morpas n'était qu'un petit équipage local, dont le capitaine représentait une prime modeste de 100 000 berrys. Une misère, pour la plupart des chasseurs des blues, un régal pour le barde, qui avait la fâcheuse tendance de racler en permanence le fond de ses poches vides. Il fallait dire qu'il avait réservé cette année 1622 à un grand voyage autour des Blues, histoire de s'endurcir, et d'être bien certain d'en avoir vu le maximum avant de s'embarquer pour la Route de Tous les Périls. Et la somme qu'il avait réunie s'était, bien évidemment, révélée insuffisante au terme du deuxième mois de voyage.

Bref. Il avait les crocs, les spectacles de rue ne fonctionnaient pas assez, et l'endroit regorgeait de criminels. Le chasseur avait mis la main sur l'un d'entre eux, en attaquant sa bande par traîtrise au détour d'une ruelle. Un chat cherchant à voler un bifteck en toute discrétion n'aurait pas œuvré avec plus de soin et de méticulosité.
Cherchant à limiter les dégâts, comme à son habitude, Sören avait cherché à assommer le maximum
de menu fretin, avant de s'en prendre au capitaine. Ce petit groupe de trois gaillards visiblement saouls avait l'air de convenir... Mais, manque de bol, leurs copains n'étaient pas loin. Et le fait de se sentir débordé, et potentiellement en danger l'avait poussé à agir avec violence.
Il se rappelait avoir mis à terre trois hommes, tous légèrement blessés. Il y avait de quoi s'en vouloir un peu. Enfin. Il allait s'occuper des autres, un par un, lorsque soudain, le bruit d'un pas rapide avait attiré son attention. Il avait eu le temps de distinguer une silhouette massive munie d'une lourde hache. Des renforts ? Le capitaine, peut-être ? Ah, sacré-nom, c'était encore trop tôt !
Mieux valait se cacher en attendant le retour de bonnes conjectures. Sans quoi tout cela risquait fort de se finir en boucherie, et très sincèrement, Sören espérait ne pas avoir grand chose en commun avec ces chasseurs de primes qui traitent leurs proies comme l'on égorge un porc.

Mais pour en revenir à la réalité des faits, le barde s'était caché dans un tonneau. Les chats errants de la petite ville, qui s'étaient révélés décidément très nombreux, ne le lâchaient pas. Du point de vue des pirates qui geignaient à quelques pas de là, cela devait donner une drôle d'impression : celle de se sentir surveillé par une bande de chats noirs faméliques, aux yeux pleins de ruse et de vice.
Mais cependant, la silhouette massive s'était révélée appartenir à une femme, ou à quelque chose qui y ressemblait. Sans doute le médecin de bord. Étrange qu'elle n'ait pas été primée, ou du moins, pas à sa connaissance. Avec de tels muscles, ce devait être une terreur. Il faudrait décidément se montrer particulièrement sagace, pour attirer Morpas dans un coin obscur, et lui faire son affaire sans faire couler plus de sang que nécessaire...

L'entreprise allait être périlleuse : pansés, les blessés suivaient de nouveau leur capitaine en claudiquant, tandis que la femme à la hache ne le quittait pas d'une semelle.

Sören réfléchissait à un nouveau plan d'attaque, lorsqu'il avait aperçu l'homme en rouge. Il n'était pas impossible qu'ils soient sur le même coup, ce qui n'était vraiment, mais alors vraiment pas bon signe pour lui. Il n'aimait pas l'idée de vengeance, et pourtant, sa rancœur n'avait pas diminué. Pas plus que la cicatrice qu'il portait à la poitrine, causée par une balle bien placée. Si les deux personnages se croisaient frontalement, un malheur risquait fort d'advenir.
Au fond de lui-même, le chasseur aurait espéré que son bonhomme soit un bandit, ce qu'il savait impossible. Ce serait pourtant vraiment plus simple. Pour la première fois de sa vie, il avait bien peur de ne pas pouvoir se contrôler, et de céder à un coup de sang.

Prenant son courage à deux mains, il sortit pourtant de sa cachette, après que le chasseur de primes ait disparu de son champ de vision. Puis, en faisant un grand détour, il se remit sur la trace des pirates, en espérant trouver une bonne occasion pour attaquer.



Dernière édition par Sören Hurlevent le Mer 23 Mai 2012 - 22:43, édité 1 fois
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Ahh Bliss, c'était la première fois qu'il posa le pied sur une autre île d'East Blue et la conserve n'était pas mécontent du tout de ce lieu. Déjà il venait d'échapper une énième fois à la marine grâce à deux saltimbanque bien sympathique, même si les chats étaient devenu les choses que Den frissonait rien qu'à l'idée d'y refaire face. Bref rien n'était plus approprié qu'une reconnaissance des lieux, qui allait durer sûrement toute la journée mais au moins ça complètera ses informations sur la ville, et puis il paraît que flâner est une des activités principales d'un humain donc si Den le fait il pourra se fondre dans la masse. Héhéhé ce plan est tout simplement sans faille.

*Activation de la mémoire des lieux*

Alors il se mit à arpenter la ville comme un vulgaire zombie qui trouve chaque maison tellement fabuleuse qu'il tourne la tête dans tous les sens pour ne pas en manquer une brique. Oh une maison avec ... ! Avec une pierre tordu. Oh elle est vraiment superbe cette ... ! Cette tuile . Mais regardez ce magnifique attroupement de ... AAhh des chats ! Pourquoi y a-t-il des chats, autant de chats dans une si petite surface ? Mais si seulement ils étaient fixes mais non ils sont en train de suivre une personne qui vient juste de tourner dans l'angle de la rue et que Den n'a pas put voir. Pauvre d'elle si les chats parviennent à la rattraper, elle se fera griffer ou pire : mordre. Brrrr heureusement cette fois leur cible n'est pas le cyborg mais un autre, ouf. La reconnaissance continue dans le calme et la sérénité électronique, mais une bonne reconnaissance ne serait rien sans un minimum de relation d'humain à humain et se sentant pleinement humain pendant une petite durée Shimeru se dirigea vers un groupe d'homme en marche, ou plutôt d'homme et demi car à l'arrière apparaissait une...un...une personne à l'apparence trompeuse mais pour le cyborg c'était bien évidemment un homme ! Son analyse superficielle était infaillible et pouvait reconnaitre un lion déguisé en souris, donc c'était un groupe d'hommes et demi composé entièrement d'hommes, et ayant lui-même l'apparence d'un mâle il avait toute ses chances de les mettre en confiance. Donc il laissa les maisons de la ville et vint aborder l'homme de tête avec les formules habituelles de société :

-Belle journée n'est-ce pas ? Les maisons sont superbes à cette époque de l'année...

-Continues de m'emmerder et tu verras de très près l'façade.

Ahh enfin un homme qui répond à la colère par de la gentillesse, même si la conserve ne comprennait pas en quoi il l'énervait, et puis il pensait avoir vu d'assez près ces oeuvres architecturales.

-C'est très aimable à vous, ayant à faire à une personne civilisé je pense que je vous aime bien.

-Aimable ?! Civilisé ?! Moi ?! Ecoute pauv'tâche barre toi aussi loin qu'tu m'aimes, comme l'aut débile d'l'arrière sinon ça fera mal !

Acceptant son invitation à rejoindre l'arrière de son groupe d'amis, demande qui dépassait de loin ses espérances, il se dirigea vers la personne la plus arrière du groupe et suivit la marche. La personne à côté de lui était celle-là même qui semblait la plus masculine du groupe, hors par habitude Den avait remarqué que les mâles avait une plus grande facilité à la bagarre donc au rejet social, et voilà que la personne la plus lointaine du petit teigneux (donc par déduction de ses paroles : celle qui l'aimait le plus) était un mâle. Shimeru trouva ce paradoxe tellement intéressant qu'il ne put s'empêcher d'engager une nouvelle fois la conversation :

-Votre amour est vraiment impressionant, votre hache aussi d'ailleurs.

Oui, il avait remarqué la taille de l'outil du bonhomme et la trouvait plutôt hors-norme.
    Je regarde à côté de moi. C'est un type aussi grand que, moi, un peu moins baraque, mais qui est quand même bien costaud. Je vais tenter ma chance avec lui. Je lui fais un grand sourire. Il me voit et détourne rapidement les yeux. Il regarde en direction de son chef, mais celui-ci ne se préoccupe pas de ce qui se passe derrière lui. Il semble chercher un support chez ses compères puisque je n'arrête pas de le fixer. Peine Perdue. Finalement, il essaie de soutenir mon regard. J'élargis mon sourire. Il détourne à nouveau les yeux. Un esprit faible surement. Il y a moyen de le convaincre.

    Pourquoi es-tu un méchant ? Tu sais que tu pourrais gagner ta vie honnêtement ? Mieux ! Tu pourrais entrer dans les ordres ! Tu ferais surement un très bon prêtre ! Ou un bon moine ! Je parie que tu es fait pour ça et qu'en fait, tu rêves de ça la nuit. N'hésite plus, change de vie ! La piraterie et le banditisme ne sont pas faits pour toi, ce n’est pas fait pour personne même ! Tu verras, la vie est belle à se lever à 5 heures du matin pour faire la prière ! Abandonne cette brute sans cervelle, sa famille doit être qu'un ramassis de brutes sans cervelle !

    J'y ajoute mon plus beau sourire. Il semble convaincu ! Il fait la moue en regardant fixement son chef. Enfin, son futur ex-chef. C'est obligé que je l'ai convaincu avec mes mots pleins de vérités. Je vois la lumière de son regard changé. Il a trouvé l'illumination. Juste devant, un type s'est retourné à mes mots et pouffe de rire. Lui, c'est surement un abruti qui ne pourra jamais comprendre l'essence même de mes mots. Un esprit faible et complètement bouché, celui-là ! Je retourne à mon futur moine. Il se gratte la tête et fait mine de réfléchir. Il n’y a pas à réfléchir ! Il suffit d'accepter la vérité qui sommeille en toi ! Finalement, je le vois lever le doigt et s'adresser on son chef.

    Hé … frérot … c'est quoi un moine ?

    Le boss se retourne à peine et lui rétorque.

    Un pourri. T'occupes. 'rête tes bêtises.

    Ok. C'est le frère de l'autre. Du coup, le couplet sur la famille sans cervelle, c'est un peu ballot. Il me regarde à nouveau. Je le vois cligner des yeux deux fois, se gratter la tête, puis continuer son bonhomme de chemin comme si j'avais parlé à un mur. Pour la conversion, je pense que c'est raté. Il s'avance jusqu'au niveau de deux autres types qui s'esclaffent en le voyant tout en lui donnant des tapes sur l'épaule. Il rigole aussi. C'est fichtrement bien raté.
    Du coup, je fais quoi ? Je continue à marcher avec eux. Je réfléchis. Pas beaucoup de réussite actuellement. Une minute passe. J'entends du bruit devant. Le chef parle avec quelqu'un, puis ce quelqu'un fend le rang de devant avant de se mettre à mes côtés. Très grand. Je fais naine à côté. Tout le monde fait nain de toute façon. Drôle de vêtement aussi. Et un chapeau haut de forme comme signe particulièrement distinctif, même si tout le reste est déjà bien surprenant. Il me cause de quoi ? Amour ?!

    Je tousse. Je toussote même. Amour ? Il me fait une déclaration d'amour, c'est ça ?! Pas possible. Je fixe devant moi un instant, puis je reviens à lui. Je le dévisage. Il a l'air sérieux.

    Mais … enfin... nous nous connaissons à peine.

    Ça, c'est pour gagner du temps. Je le détaille physiquement. Pas trop mal si on oublie le problème de proportion. À moins que tout soit proportionnel ?! Houlala ! C'est une chose à ne pas négliger ! Il a l'air plutôt gentil. Et franc ! Il a dû avoir le coup de foudre pour moi. Mon charme naturel, évidemment. Je fais ce genre d'effet aux hommes ! En plus, il semble aimer les haches. Que de points communs que nous avons là !

    Vous n'êtes pas mal … est-ce que tout est … grand … chez vous ?

    J'fais un petit rire qui me surprend tellement j'ai des images … dans ma tête. Seigneur ! Pardonnez l'esprit de votre pécheresse de serviteur.

    Je ne devrais pas … Enfin…, vous croyez en Dieu ? Parce que, pas question d'avoir ma main sans passer devant le prêtre !


    Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 15 Déc 2012 - 14:56, édité 1 fois
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      Rydd était arrivé au Royaume de Bliss depuis quelques jours. Saint Urea était d'un calme incroyable depuis plusieurs semaines et comme un bon chasseur, il se devait d'aller traquer le gibier là où il se trouvait. Même s'il préférait totalement chasser sur ses terres, de temps à autre le tigre rouge devait entrer sur le territoire d'autres prédateurs afin de se nourrir. C'est donc avec un certain agacement que Steiner s'était rendu dans le Royaume de Bliss où la rumeur voulait que l'île était de plus en plus mal famée. Fort de ces rumeurs le réputé Rydd avait embarqué aussi vite que possible, direction le Royaume de Bliss.

      Une fois arrivé sur place il constata qu'il n'était pas évident d'obtenir des informations lorsque l'on était pas du coin. Fort heureusement sa tenue et sa réputation dans South Blue lui permirent de quérir quelques renseignements forts utiles. Manifestement les pirates et autres criminels étaient actuellement très nombreux dans l'île et avaient gagné en assurance puisque, paraît il, ils se déplaçaient maintenant ouvertement dans les rues. Sifflant longuement le chasseur de primes accueillit cette information avec grand plaisir.

      En effet, à Saint Urea de plus en plus rare de trouver des criminels se baladant librement dans les rues. D'une parce que la dame de pierre renforçait toujours plus les patrouilles et les divers contrôles mais aussi parce que la réputation de Steiner était devenue suffisamment importante pour faire fuir les plus courageux bandits et personnalités recherchées par le gouvernement.

      Ainsi Rydd se contenta de déambuler dans les rues du Royaume de Bliss en espérant tomber sur l'opportunité du moment. Sa tenue faisait toujours autant d'effet aux habitants, de nombreux index se dressaient vers lui et des quolibets à peine dissimulés s'envolaient dans les airs. La population considérait le Tigre Rouge comme une attraction plutôt que comme un dangereux personnage. Manifestement sa réputation n'était pas encore suffisante pour que le paysan du coin reconnaisse le chasseur de primes le plus réputé de South Blue.

      Au détour d'une ruelle Rydd tomba sur une étrange scène ou plutôt sur une étrange personne. Il se dissimula rapidement afin de pouvoir contempler la scène tranquillement. Non loin de lui se dressait une montagne de muscle, une force de la nature comme en voyait peu dans ce genre d'endroits. Même Rydd qui disposait d'une musculature importante avait l'air ridicule devant ce personnage si imposant. Après quelques secondes d'analyse c'est avec consternation que Steiner se rendit à l'évidence, le massif personnage était en réalité une femme ! Impressionné mais aussi fort suspicieux, Rydd décida de suivre discrètement cette femme et les personnes qu'elle accompagnait...
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    A quoi tout cela rimait-il ? D'abord, le Tigre Rouge, et maintenant, la conserve qui débarquait ! Cela faisait un peu trop de têtes connues au goût de Sören qui commençait à ne plus vraiment comprendre ce qu'il se passait. Il avait connu Shimeru dans des circonstances bien particulières. Il savait bien que celui-ci avait eu quelques problèmes avec la marine, sans être pour autant un mauvais sujet. Aussi sa présence au milieu d'un cercle de brutes l'étonnait-il. S'était-il trompé sur son compte ?...
    Il avait l'air de sympathiser avec la femme-montagne... Rien de plus normal... Un géant maigrelet et une masse de muscles. La scène avait quelque chose d'irréel, vraiment.

    Et avec ça, Steiner qui rodait dans les parages... Mais visiblement, il n'était pas encore passé à l'attaque, et le barde l'avait perdu de vue. Il y avait donc une chance d'être plus rapide que lui, d'éviter une rencontre fâcheuse, et de lui faucher la prime sous le nez.
    Rasséréné par cette perspective, Sören suivit le groupe silencieusement, toujours suivi par sa meute ronronnante. Il allait jouer le tout pour le tout, et au diable les précautions !


    -Eh, là, la bande à Morpas !

    La rivalité rend téméraire. Sören s'était précipité hors de sa cachette. Sans armes, pour le moment, mais prêt à en découdre. Autour de lui, les chats semblaient constituer son public. Assis en cercle, ils contemplaient les pirates de leurs yeux sombres et profonds.

    -Vous vous échapp'rez pas, c'te fois ! … Eh, Shimeru !

    Adressant un signe au géant, le chasseur poursuivit avec autant de sympathie que possible.

    -J'sais qu't'as pas toujours été clair avec la loi, mais j'veux pas t'compter dans l'lot. Alors tu laisses la... dame, et tu recules. Sauf si tu veux m'aider, j'crache pas dans la soupe.

    Une serpe encore repliée dissimulée dans sa main droite, Sören fit jaillir la lame, et bloqua le cran d'arrêt. Il frémissait, concentré, prêt à bondir.

    [Hrp : je sais, c'est du tout petit post, mais au moins, ça fait avancer les choses. Allez-y, et gloire aux quiproquos !]
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    -Vous n'êtes pas mal … est-ce que tout est … grand … chez vous ?

    Shimeru voyait qu'il était en phase de tisser un lien social avec cet homme alors il ne s'arrêta pas en si bon chemin et continua le dialogue relationnel. Quand il y pensa il se rappela qu'on lui avait toujours fait des remarques sur sa grande taille, mais jamais sur ses autres systèmes ou membres ce qui lui faisait penser que leurs taille n'atteignait pas la proportionnalité : par exemple, et il était bien plaçait pour le savoir, sa mémoire était monstrueuse mais ses connections neurales n'en demeuraient pas moins petite. Mais prévoyant de relancer la conversation relationnelle après sa réponse il se dit qu'il allait un peu parler de lui et de ses goûts vestimentaires.

    -Et bien voyez-vous, pour vous faire une comparaison, ma cavité a beau être monstrueuse vous n'y trouverez que des fibres minuscules. Par contre je sors toujours couvert !


    -Je ne devrais pas … Enfin…, vous croyez en Dieu ? Parce que, pas question d'avoir ma main sans passer devant le prêtre !


    La seconde question lui sembla un peu plus compliqué, en fait il s'y était attendu à force d'aller d'îles en îles, les patois locaux modifiait souvent la prononciation des mots ce qui obligeait de la réflexion pour décrypter les assemblages littéraires. "Dieu" ? "Deux" serait plus juste, cela correspondrait-il au langage binaire ? Ah ça pour le langage binaire Den était le premier à s'en servir, enfin un sujet qui allait l'intéresser, décidément créer un lien social n'avait rien de bien compliqué. Par contre ... "prêtre" ? Les lettres étaient peut-être mal placées : "perrte" semblait plus français, et encore le patois qui faisait des siennes en accentuant le "r". Heureusement que Shimeru avait un dictionnaire performant sinon il ne pourrait pas communiquer convenablement. D'après ce qu'il avait compris, le monsieur lui demandait s'il croyait au binaire sinon il n'allait pas pouvoir obtenir sa main sans s'occuper des pertes. En même temps pour lui s'était évident que si on coupait une main il y allait avoir beaucoup de perte corporelle, rien que le sang ça allait être dangereux.

    - Mais bien sûr, j'y crois dur comme fer ! D'ailleurs sans je n'existerai même pas. Et puis je suis d'accord sur le fait que pour donner sa main il faut obligatoirement voir le "prêtre" comme vous dite mis en cause. Mais je vois que vous n'êtes pas accompagnée, la grande aventure vous tente ?

    Oui il se rappelait de cette phrase qu'un capitaine de navire lui avez dite un jour, sûrement une expression pour porter bonheur à ceux préférant la solitude. Mais un événement et une personne inattendue arriva :

    -Vous vous échapp'rez pas, c'te fois ! … Eh, Shimeru ! J'sais qu't'as pas toujours été clair avec la loi, mais j'veux pas t'compter dans l'lot. Alors tu laisses la... dame, et tu recules. Sauf si tu veux m'aider, j'crache pas dans la soupe.

    Oh mais c'était Sören ! Depuis le temps il s'était un petit peu renseignait sur lui, chasseur de prime : Sympathique et amical il ne pouvait pas mieux tomber en cette journée, décidément Shimeru ne s'était jamais senti aussi bien entouré. Oh un autre détails, l'homme de tête était une femme ? Décidément il se disait bien que ses courbes montrait une certaines féminité, même si ses mamelles était trop décalés vers le bas et lui donnait une forme d'embonpoint.

    - Cher Sören ! J'ai appris que tu étais chasseur de prime alors je comprend parfaitement mais comme mon ami et moi allons passer devant le prêtre je voudrais que tu ne lui fasses pas de mal, son corps m'ait si précieux.

    Il faisait bien sûr référence à la main que son nouvel ami allait lui donner et qu'il allait faire bonne usage lors de ses études biologiques. Mais l'instant d'après il entendit derrière-lui le cliquetis significatif d'un pistolet à silex qui s'arme, tout de suite le danger résonna à ses oreilles et pour protéger son ami de conversation il le prit dans ses bras et fit un bond de côté pour éviter une éventuelle balle. Il atterrit sur le sol avec la masse musculaire à la hache entre ses membres, qui lui fit vraiment un drôle de regard, puis vit que la balle était non-pas pour lui mais dirigée vers Sören, qui selon Shimeru devait se sentir un peu vexé d'être la cible d'une telle violence. Pour éviter le carnage il pointa du doigt le meneur du groupe et dit :

    -Attend Sören ! Avant de t'énerver essaie de comprendre que ça doit être dur pour eux d'être menés par une femme comme elle !
      Cavité ? De quoi il parle ? Je me sens perdue sur le coup. Une cavité, c'est un trou… Enfin, pas vraiment un trou, mais ça ressemble. Il a une cavité ? Il s'est peut-être trompé. Une calvitie ? Ah ! Ça doit être ça ! J'ai juste mal compris ! Il a une énorme calvitie ! Et ces fibres…, c'est ces cheveux ! Il doit venir d'une contrée un peu bizarre pour pas parler comme tout le monde. Ces fibres, okay ! Et il sort couvert pour pas qu'on la voie. C'est mignon. Il veut pas paraître plus vieux qu'il en a l'air. Bah ouaip, c'est un truc de vieux la calvitie, non ? Toi, t'en as plus, des cheveux. T'as dû commencer par une calvitie. T'es pas comme l'arbre de la pêche, t'as pas tout qui est tombé d'un coup. C'bon les pêches. Les mures aussi. Il fait vieux ? J'ai pas l'impression. Il a l'air sage, quand même. Beau et intelligent ? Serait-il l'homme idéal ? Seigneur, vous avez entendu mes suppliques ?! J'ai le droit à tout ?! Mise en relation, approfondissement ? Chouette ! Merchi Seigneur ! J'vous décevrais pas !

      Voyons. Vous ne faites pas votre âge. Grand fou.


      Évidemment qu'il croit en Dieu ! C'est toi qui me l'envoies ! Ça aurait été vraiment salaud de m'envoyer un païen aussi charmant. T'en aurais bien ri, ouaip ? Pfff. Méchant. Tu serais capable de faire souffrir mon cœur si pur et innocent. Je demande qu'à te servir et tu pourrais me punir. Méchant ! Rah ! Cet homme est parfait ! Dieux, le mariage, le prêtre. Il veut tout. Il me veut. Il aime les haches ! On est prêt pour notre couple à trois ! Ah ! Je suis super excitée ! C'est le plus beau jour de ma vie. Après avoir commencé ma vie avec ma si belle hache, évidemment. Les grands amours en premier, quand même. Ah. Je reste un instant rêveur devant l'homme. Si Grand. Si gros… Mh. Non. Un peu de tenu quand même. Oh que oui la grande aventure me tente ! Parcourons les océans, ensemble, bras dessus, bras dessous ; inséparable ! Aimons-nous ! Adorons-nous ! Jouons avec ma hache ! J'en ai tellement envie. Chérissons notre couche. Honorons le Seigneur ! Je savais que j'avais du charme. J'attendais juste le prince charmant, l'homme qui saurait chavirer mon coeur ! Je sens le rouge me monter au visage. Le rouge aphrodisiaque de l'amour. J'ai envie de le plaquer contre le mur et de le serrer dans mes bras. Non ! Ce n'est pas une attitude d'une gente dame ! Je ne suis pas une sauvageonne avide de croquer la pomme ! L'amour doit être désiré et retenu !

      Oh que oui ! Faisons la route ensemble ! Allons ensemble jusqu'au septième ciel !

      Je sais plus ce qu'il y a au septième, mais l'expression m'est revenue. Enfin, on verra. Je tente d'attraper sa main. J'ai lu qu'il fallait faire ça timidement. J'fais ma jeunette timide en touchant maladroitement sa grande main avec ses longs doigts. Mmmmh. À quoi je pense ? Rah. Suffit ! J'essaie d'attraper. Raté. Sa main part. Il fait son cachottier aussi ? Ahah. Le vilain. Je tente une deuxième fois. Ouiiiiiii Non ! Il se tourne vers moi, il me regarde ? Non. Il regarde quelqu'un qui est arrivé. Je me retourne. Je tombe devant un petit homme. Enfin, la moyenne. J'perds les conventions avec mon fougueux étalon. Euh. Non. Il est plus petit que la normale. On dirait un enfant, mais il semble habillé comme un manant. Ces cheveux blonds. Son tin de peau. Trop beau ! Mais c'est le défiler des beaux mecs ?! Seigneur… J'ai le droit aux deux… En même temps ? Hein ? Dit ? Dit ? Pas non ? Ahah ! En plus, il se connaît. Mh. Deux beaux hommes. Ensemble. Seraient-ils … ? Ohoh. Sauf qu'il semble plutôt agressif. Un amant éconduit ? Le pauvre. Enfin, maintenant, c'est le mien ! Je me met devant lui et j'écarte les bras.

      On y touche pas, c'est le mien ! Il m'est destiné. C'mon choupinet ! T'es plutôt mignon aussi, mais c...

      J'peux pas finir. Mon amant me prend dans ses bras. Ah ! Le grand fou ! Pas devant tout le monde ! Et la bienséance ? Enfin, au diable ! Owi ! Prends-moi ! Sers-moi ! Roulons par terre tels deux amants s'aimant à la folie. Je cherche à l'embrasser. Oh. C'est pas la bouche là. C'est l'entrejambe. Bon, bah, dommage. Je me mets à groscaliner mon amoureux au niveau de sa taille. Comme il sent bon, comme il est gentil ? Je jette un regard à l'autre mignon. Il l'est vraiment. La présence de Shimeru... Ah ! C'comme ça qu'il s'appelle ! Trop beau comme nom. Je lui dirais le mien plus tard. Enfin, la présence de Shimeru m'émoustille vraiment. Je voudrais bien un calin du petit monsieur. Un grand et un petit ; il faut de tout dans une vie ! Et puis, il faut qu'il oublie sa déception amoureuse. Ça me dérange pas que Shimeru et moi, on patouille avec son ex'. Tu dis rien à la fidélité, n'est-ce pas ? J'suis déjà mariée à toi. Un de plus ou de moins, c'pas grave. Je fais un clin d'oeil au gosse ; il fait vraiment penser à un jeunot !

      Viens voir grande soeur Adri ! Avec Shimeru d'amour, on va recréer la vie !


      Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 15 Déc 2012 - 14:58, édité 2 fois
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      Shimeru, la grande perche... le gars si doux, si gentil, si posé, un poil loufoque peut-être... Avec ce... cette... enfin, cette pirate bâtie comme un chêne et parlant comme une bigote ? Qu'est-ce que c'était que tout ce cirque ? Dans sa stupeur, Sören en oublia Morpas, le Tigre, et tout ce qui l'entourait. D'autant plus que... la bucheronne, après avoir fait un tour entre les bras du géant, s'était mis en tête de lui courir après ! L'éclat qui brillait dans ses yeux ne faisait pas de doute ! Elle sentait sans doute la menace qu'il représentait, en tant que chasseur, et prévoyait de l'écraser pour pouvoir vivre son idylle tranquillement ! Tout en ménageant à son capitaine un créneau de fuite !

      Vision d'horreur. Le barde fit un pas en arrière. Puis deux. « Recréer la vie ? » mais qu'est-ce que c'était que... Eh ! Il y avait bien une histoire concernant une pirate jardinière complètement folle, qui découpait ses victimes pour les planter en terre, en espérant qu'ils poussent et qu'ils donnent des nourrissons en guise de fruits ! Si, une histoire bien connue sur North Blue... La bonne femme aurait jamais su comment faire les bébés, et...

      Et... Cette hache ! Immense, affutée ! Il y avait de quoi en oublier toute bienséance, tout courage, et toute vertu !
      Sans plus attendre, le chasseur se mit à courir, poursuivi par une « Adri' » déchaînée, elle-même suivie de près par le géant qui avait l'air bien pensif, malgré son sourire idiot. Il ignora délibérément les balles que tiraient les hommes de Morpas, qui s'amusaient de la scène. De même que les imprécations de Shimeru, qui avait l'air de penser que le capitaine était en fait une femme particulièrement retorse. Difficile d'être dirigé par elle ? Mais c'était qu'il devait être un poil crétin, tout de même, pour ne pas savoir opérer ce genre de différenciations élémentaires ! Bon sang, il y avait des jours plus difficiles que d'autres, à n'en pas douter !


      -Arrêtez d'me suivre, bon sang ! J'veux pas finir esclave ! Ni découpé ! Ni rien d'autre ! Yaaaaah !

      En véritable ninja des gouttières, Sören s'était lancé sur un tonneau, pour bondir sur un toit qu'il escalada avec la promptitude des chats. Se croyant en sécurité, il s'arrêta pour souffler, et jeta un coup d'œil vers le bas. La pirate tenait désormais entre ses bras énormes un Shimeru docile, qui arborait un sourire des plus confiants.
      Désireux d'en avoir le cœur net, soucieux qu'il était du danger potentiel que pouvait représenter la présence de dangereux forbans sur l'île, le chasseur jeta un rapide coup d'œil sur les avis de recherche qui ne quittaient jamais la poche de son manteau. Vivement, il feuilleta les morceaux de papier parcheminé, avant de s'immobiliser, une affiche à la main.

      Celle-ci se trouvait pourvue du portrait d'un étrange personnage blond, herculéen, portant fleurs et tenue de mariée. « Marcel Thuriaud, dit « Gigine ». Il s'agissait là d'un révolutionnaire bien connu sur South Blue. Sören avait maintes et maintes fois entendu parler de lui, le soir dans les tavernes des ports de pêche. L'on disait que, naguère, il avait été un docker puissant, recherché pour son incroyable prestance physique. Prestance physique qui cachait une sensibilité incomprise et un goût terrible pour les espadrilles et les collants résilles. Souffrant des moqueries de ses camarades, Gigine aurait fini par casser un fusible, et à rêver d'un ordre nouveau où il pourrait vivre sa féminité. Et, ordre nouveau allant bien avec révolution, il se serait retrouvé à accomplir des tâches importantes pour le compte d'un obscur révolté dont nul ne connaissait le nom. Partout, Gigine était connu pour sa tendance à briser des os au moindre câlin entrepris, ce qui en avait fait un fléau des comptoirs et un personnage redouté. D'autant plus que, ses interventions étant toujours anarchiques et un brin provocantes, sa seule présence avait tendance à susciter d'importants mouvements de foule où se retrouvaient marines, civils, chasseurs et même pirates, bandits et voleurs. Bref. Un fauteur de troubles hors-pair, mais qui suscitait généralement une certaine sympathie dans le milieu des piliers de comptoir, qui avaient toujours fort à raconter à son sujet.

      Par conviction autant que par expérience, Sören ne faisait pas de politique. Autrement dit, il ne touchait pas aux révolutionnaires. Lui, son affaire, c'étaient les criminels qui se trouvaient être véritablement honnis par le commun des mortels. Certains révolutionnaires étant adulés, il ne s'y intéressait pas. Prime ou pas. C'était l'affaire des hautes sphères de la marine, pas la sienne.


      -Dis voir ! Gigine, j'croyais avoir entendu qu'tu t'étais fait attraper par un bataillon de marines déguisés en champ d'paquerettes ! Reste pas là, j'croyais qu'tu faisais partie d'la bande à Morpas ! Et puis, euh...

      C'est vrai qu'à présent, il paraissait clair que l'individu n'avait rien à voir avec les pirates. Il les avait pansés, c'est vrai, mais peut-être ne s'agissait-il là que d'une sorte d'instinct maternel. Et puis, la ressemblance avec la photographie de l'avis de recherche était flagrant ! Ouf. Pas de découpage sauvage au programme, ce soir.

      -Lâche lui un peu la grappe, à mon copain, là. J'crois qu'y peut plus respirer, l'bougre...

      A vrai dire, la conserve affichait toujours le même sourire béat et silencieux. Sören savait bien qu'il n'était pas fait de chair et d'os, ou pas entièrement, du moins. Il savait que l'individu était une bizarrerie ayant davantage sa place sur Grand Line que sur les Blues... Mais néanmoins, les anecdotes de bistrot l'ayant impressionné, il ne pouvait s'empêcher de redouter un malheur. En revanche, il ne l'informa pas du fait que celle qui avait l'air de se présenter comme son grand amour était sans doute un homme, son envie d'exciter l'agressivité dudit grand amour étant très largement dissuadée par sa propre bonhommie, et par l'ampleur des muscles qui lui faisaient face, en contrebas du mur.

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      J'entends pas tout, dans la précipitation, mais je capte l'essentiel. Et ça me fait frémir d'envie.

      "Suivre (moi ?) … Je veux finir esclave ! Coup (de foudre ?) et rien d'autre ! Yaaaah."

      Comment ne peut réagir ? C'est une déclaration d'amour ! Un aveu passionné. La promesse d'une relation fusionnelle fantastique. Rah ! J'en ai le coeur qui bat la chamade. Mon Shimeru d'un côté et ce bellâtre blond de l'autre, c'est le duo de mes rêves. C'est ma récompense pour mon dur labeur ! Merci Seigneur ! Au diable l'abstinence ! Il est grand temps de fonder une famille avec ces deux anges que tu as dégradés pour qu'ils mettent en valeur mes charmes angéliques ! J'en pleure. Les larmes me viennent. C'est un des plus beaux jours de ma vie. Après des années d'échecs, j'ai réussi. Ils sont enfin là. Deux. Je ne pensais pas en avoir deux. C'est que je le mérite. Pour Shimeru, il est déjà tombé littéralement dans mes bras. Je le regarde. Son petit visage attendrissant se fendille d'un sourire béat. Béat devant ma beauté. Oh non ! Tu vas me faire rougir. Pour l'autre, ce n'est qu'une question de temps. Je m'en vais le capturer. Le prendre dans mes filets. La bande de brigands de tantôt ? On s'en fout ! C'est du passé ! Le présent est devant moi. Le futur est entre mes mains. Mon deuxième promit s'élance en hauteur avec une agilité déconcertante. Qui l'aurait cru ? C'est qu'il cache bien des talents ! Je glousse un instant. Shimeru fait de même. Ah. C'est déjà la symbiose entre nous.

      Assis en hauteur, il me toise. Je lui jette un regard des plus ardant, histoire de le faire fondre, mais il tient bon. Heureusement. Ce serait trop facile. Il est inventif. Faire ce petit jeu de chasse entre moi et lui, ça promet ! Je rode en contrebas tel un félin en dardant des regards langoureux dans sa direction. Je joue un peu la comédie ; c'est un jeu, il faut jouer. Shimeru me glisse quelques mots. J'ai une idée ! Je commence à miauler dans sa direction et de mimer un chat. Je lui fais mon plus gros sourire. Tout est une invitation à attendrir et à le faire plonger dans mes bras. J'aurais alors lui et Shimeru que pour moi ! Nah ! Des gens passent et murmurent des méchancetés. J'aime pas ça ! Je grogne et je claque des dents pour les faire fuir. Personne ne viendra me déranger dans mon idylle. Mon deuxième amant revient vers mois après avoir surement contemplé des portraits de moi qu'il a du faire pendant des années en attendant ma venue. Des portraits dessinés sur le souvenir de ses rêves langoureux où nous nous retrouvions. Rah! J'en frémis davantage ! Vite ! Descends petit chaton !

      Et là, y a un truc qui me fait frémir. Encore ? Non, là, de peur. Mon blond appelle Shimeru son « copain ». J'le sens pas. Ça m'inquiète. C'est normalement comme ça qu'on est censé appeler son homme ! Ça peut être juste un ami, mais je sens un frémissement chez Shimeru et son sourire s'élargit. Je pense même voir un petit clin d'œil coquin. Non. Pas ça. Lui et lui … Ensemble ! C'est pas possible. C'est comme si tout le monde s'effondre. Je regarde mon grand Shimeru alors que les larmes me viennent. Tu as pas fait ça, hein ? Tu as pas osé ? Et il sourit ! Son sourire s'élargit ! Non ! Pas ça ! L'odieux ! Le vilain ! C'est mal ! C'est criminel ! C'est contre nature ! Le Seigneur est contre ! Ils devaient le savoir ! Ils ont fait exprès !

      Tu … as … osé … me trahir ?! Tu m'as trompés ?! VOUS M'AVEZ TROMPE ?!

      Je sens la force me quitter. Brièvement. J'ai été bête. Comment j'ai pu croire qu'ils m'aimaient ? Ils m'ont trompée ! Ils se sont ri de mon bonheur. Je le vois. Là-haut. Il sourit sous cape. Il s'amuse de ma détresse. Shimeru aussi. Son sourire est si grand. Ils ont tout prévu. Forcément. Ce sont des monstres. Morpas et les autres ne sont rien comparés à ce duo de bourreau des coeurs s'amusant de la souffrance de jeunes filles en fleurs. Ils ne méritent pas de vivre. Non. Il ne le mérite pas du tout. Je serre les poings et je commence à trembler. La tristesse laisse place à la fureur. J'ai envie de tout casser. J'ai envie de tous les casser. De les briser. De les massacrer. De rire de leur souffrance comme ils rient de la mienne. Je perds mes moyens. Je devrais pas. La vengeance n'est pas la bonne voix. Mais je peux pas. Ils m'ont fait la pire chose qu'on pouvait me faire. Ils m'ont humiliée. Ils ont brisé mon coeur. Je vais les briser !

      Sans sommation, je fais bondir Shimeru dans mes bras avant de l'attraper par ses bras et de faire plusieurs tours sur moi même en gagnant une vitesse folle. Quand je peux plus tenir, je lâche Shimeru qui part en l'air en plein sur son compère. En arrachant un bout de toit. Je sors ma hache, je cours vers le mur et je saute. D'un pied je prends appui sur une caisse pour bondir plus haut. Mouvement de hache, la lame vient s'accrocher au toit. D'une traction des deux bras tout en force, j'arrive à me soulever dans les airs suffisamment pour passer sur le toit. Il est là ! Ma hache revient vers l'arrière. Je vais les découper ! Je vais les chasser ! Tu voulais une traque ?! Oh que oui je vais te traquer !
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      Il y avait des fois où il était difficile de savoir discerner, entre deux possibilités, laquelle était la pire. Le dilemme se posait ainsi : subir l'engouement plein de fougue d'un okama, ou se mettre ledit okama à dos. Sachant que, dans les deux cas, l'individu était armé d'une hache disproportionné et parfaitement bien entretenue, et sa musculation avait de quoi rappeler celle des légendaires combattants d'Erbaf. Mourir étouffé et humilié, ou découpé ? Sören n'eut pas vraiment le temps de peser le pour et le contre. En contrebas du mur, Gigine était devenue pâle comme un linge. Et malgré le surréalisme des circonstances, le barde ne put s'empêcher de remarquer les larmes qui naissaient au bord de ses yeux. Un chagrin d'amour soudain ? Le souvenir d'un amant qui revenait ? Une soudaine envie de tout démolir ? Le chasseur fut bien incapable de trancher. D'autant plus qu'il dut esquiver au dernier moment un coup de hache qui, lui, en aurait été tout à fait capable. Non sans avoir auparavant évité de justesse l'impact avec un Shimeru toujours souriant, qui avait l'air de ne pas bien saisir le changement d'atmosphère.

      -Arrête, bon sang ! T'sais, j'ai rien contre les gens comme toi, hein ! Eh !

      Mais rien n'avait l'air de pouvoir contenir la rage de l'okama. Les coups pleuvaient drus, avec une force telle que très vite, Sören renonça à parer à la serpe. Il craignait pour ses outils qui, bien que robustes et fraichement retrempés, risquaient de ne pas tenir sous le poids terrible de la hache. Sans parler de ses poignets, qui n'auraient pas la moindre raison de ne pas se briser, face à un choc direct. Il esquivait donc, contraint à rester de plus en plus au corps à corps pour éviter les terribles moulinets de la lame. Ce qui avait quelque chose d'à la fois gênant et décalé, face à un travesti. Cela allait sans dire. D'autant plus que, sans ses armes, le barde avait tendance à se servir du corps de son adversaire pour le pousser à la faute, jusqu'à l'éreintement, jusqu'à l'extinction totale de l'instinct d'agression. Mais cela n'allait pas sans contact. Un contact qui pouvait fort bien s'assimiler à une série de caresses plus ou moins insidieuses, au moins pour un esprit détraqué. Et à présent, il en était certain : Gigine ne tournait pas rond. Heureusement, les pirates de Morpas et le tigre rouge avaient disparu. Les premiers s'étaient peut-être retrouvés face au deuxième. Tel n'était plus le problème.

      -Oups...

      D'un geste visant à éviter un coup en se propulsant dans le dos de Gigine, Sören avait malencontreusement arraché un morceau du vêtement qui la couvrait. Encore un geste malvenu qui engageait un peu trop de sous-entendus à son goût. Sans compter Shimeru qui s'était relevé, visiblement intact, et observait la poitrine (artificielle ? Le barde commençait à en douter) avec un intérêt tout scientifique. Ce que son sourire d'enfant espiègle ne laissait nullement deviner.
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      Je tape, je tranche. Dans le vide. Certes. Mais ça fait du bien. Le méchant blondinet saute tout partout et évite bien les coups qui pourraient facilement lui décocher la tête des épaules. Oh que mais non ! Je le ferais jamais ! J'te réserve un sort bien pire que ça ! 'fin, j'ai bien du mal à me contrôler, mais si j'ai l'occasion, tu vas bien en baver. D'autres coups dans le toit, des tuiles volent en tout sens alors que je retire ma hache à chaque fois, à moitié plantée. Ça craque. Ça se brise. C'est moche au son, mais j'entends rien. C'est comme que j'entends pas l'autre. Les gens comme moi ? Les romantiques ? Les vraies femmes à la recherche du prince charmant ? C'est que tu voulais pas me blesser ! Mais c'est que tu mas blesser ! Assassiné ! Tout comme les autres femmes que tu as dû blesser avant moi. Tous des vies brisées. Monstre ! Scélérat ! Et v'là que je refrappe à nouveau, inépuisable, mais il continue à voltiger tout autour de moi, se glissant jusque près de mon corps blessé pour me narguer, se moquer de ma faiblesse passagère ! Je l'aurais ! Je l'aurais un jour ! Ce n'est plus un combat, ce n'est plus une vengeance, c'est une danse. Presque comme deux amants, on tourne autour de l'autre en se caressant presque. Sauf que ma seule caresse sera celle d'une hache qui me sera toujours fidèle. Une hache qui s'abat entre les justes et les coupables. Une hache qui rompt le vice du mal ! Ouai ! Elle est comme ça, ma hache !

      Et toi t'as quoi ? Une serpe ? Tu l'utilises pas. Mais il en a pas besoin. Oh que non. J'ai même pas le temps de le stopper qu'il me fait un nouveau coup en douce. J'dirais pas en pute, parce que c'est pas bien. Alors j'dis pas. Mais là, c'est le pompon ! Il me déshabille ! Il veut encore plus m'humilier ! Il s'éloigne un instant, certainement heureux de son coup. Je fais le point. Mon vêtement est arraché sur une demi-longueur dévoilant ma peau et un peu de ma poitrine. Le genre de chose que je n'aime pas. Mais vraiment pas du tout. Je le regarde. Ah ! T'es fier ! Je te hais ! Je vais te faire souffrir ! Au diable le pardon et le reste ! Il y a des paliers à ne pas dépasser ! Je grogne. Pas besoin de mot. Plus besoin en fait. Je lève la hache haut et je la plante solidement dans le toit. C'est pour l'intimider. Lui signaler que c'est fini. Il va prendre cher. C'est là que j'entends les craquements. Je vois des fissures se propager sur tout le toit en prenante source au niveau de ma hache. Les craquelures deviennent très importantes. Trop. Je regarde le blondinet qui semble tout aussi surpris que moi. J'ai juste le temps de m'apercevoir de Shimeru suivant du doigt une fissure que le sol se dérobe sous mes pieds. J'tombe net, directement au premier étage. Tout le toit s’effondre en fait. Tout le monde tombe sur ce même premier étage de la maison. Un nuage de poussière et de gravats finit par s'élever. Au milieu apparaît un vieil homme interloqué et même pas assommé par les tuiles qui lui sont tombés sur son crâne dégarni.

      C'est donc ça … C'est donc vous qui faisiez tout ce bruit … Oh ! Mais cachez donc ce sein que je ne saurai voir !


      Aaaaaah !

      Réaction. Pied tendu. Pied dans la figure. Caboche à terre. Je ne tolérerais pas que le monde me voie à découvert. Je jette un regard aux alentours et je repère un rideau à pâquerette teinté de rose. Pas le temps de faire dans le bon goût, j'm'en saisis et j'couvre ce qui est dévoilé et ce qui ne le sera plus. Une fois habillé, je récupère mes affaires avant de zieuter ou a pu donc bien tomber le blondinet et Shimeru. J'les vois nulle part, par contre, j'entends des bruits dans l'escalier. Je me précipite vers celui-ci, enfin, j'essaie. Tout le toit sur le sol du premier étage, ça fait du poids et sa fragilité ce même sol. Avec moi en plus, ça craque. J'fais un pas et bim ! J'traverse le plancher. J'arrive nette dans la salle à manger. J'tombe sur la table et j'brise les pieds sous l'impact. C'bien ma veine. Un poil mal un peu partout, mais rien n'entache ma fureur. Et puis, le rideau a tenu bon et j'suis toujours sortable. C'est un signe. J'sors de la baraque et je repère bien vite les deux zouaves. Y a Shimeru devant et l'autre derrière lui. J'leur gueule dessus. Façon : « ça va chier ». Ils continuent de courir. J'cours aussi. Pas dit que j'allais lâcher l'affaire. J'les choppe et j'les tabasse ; le plan est simple. Et il sera accompli. Parfaitement. Parole de nonne. En courant, je m'aperçois que Shimeru s'est arrêté. Il me regarde. Il regarde aussi le bâtiment devant lequel il s'est arrêté. Il frappe à la porte. La porte s'ouvre. Des gens sortent. Ça crie. De plaisir on dirait. Une masse de gens finit par barrer la route à l'autre gus. Shimeru, lui, il disparaît dans une masse de corps. De loin, J'fais la gueule. J'suis pas très fan des travelos, mais quand il y 'en a un tout un bataillon, ça suffit à me faire tirer la gueule.
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      Les côtes agitées de soubresauts de plus en plus irréguliers, Sören courait à corps perdu une main sur son bras droit qui saignait. Avec l'écroulement du toit, puis de l'escalier, Gigine n'était pas la seule à avoir laissé des plumes. Gigine qui ne disait plus rien mais qui hurlait, un rideau de douche accroché au-dessus de la poitrine. Alors, il accélérait, encore et encore.
      Pris dans sa fuite, ce fut à peine s'il remarqua Shimeru qui venait de disparaître dans une marée d'okamas encabanés. Décidément, c'était une couleur locale ! Étrange, il n'aurait pas parié de prime abord que la conserve pouvait avoir des intérêts liés à ce bord ci... Bref, adieu, Shimeru.

      Mais de son côté, Gigine ne démordait pas. Elle avait certainement vu le géant se faire engloutir par l'armée de collants résilles et de fards à paupière pailletés, mais c'était tout juste si elle avait réagit. Si... le barde avait cru se dessiner comme une grimace. Un sourire, masqué par la haine ? Oh... Elle avait donc des complices ! Mais pourquoi lui, à la fin ? Il n'avait rien fait pour mériter l'engouement d'un okama. Rien non plus pour subir sa colère, d'ailleurs ! Quelque chose avait forcément du lui échapper, mais quoi ?

      Le souffle court, Sören osa un nouveau regard en arrière : il avait un peu d'avance sur Miss Monde. Celle-ci s'était soudainement arrêté, et remettait sa parure en place... dévoilant à nouveau sa poitrine. Fausse ? Pas fausse ? Ah, le barde ne savait plus. Ceci dit, il commençait à se dire qu'il avait fait comme une erreur d'appréciation en ce qui concernait son identité : Gigine n'était pas supposée être aussi violente... Mais il pouvait tout autant s'agir d'une vraie femme portée sur la testostérone, ce qui en ferait une amie toute désignée pour les okamas... Il ne savait plus. Et avec l'effort, les endorphines et la peur, il ne réfléchissait plus comme il aurait fallu.


      -Oh ?

      Une buche sur le pavé. Innocemment abandonnée le matin même par un convoyeur de bois rendu inattentif par le passage d'une petite brune de son entourage. La garce. Oui, car c'était bien de sa faute si Sören venait de s'écraser lamentablement sur l'objet parasite. Sonné, la respiration coupée par l'impact, il se trouva dans l'incapacité de se relever aussitôt. Terrifié, Morgan bondit de sa capuche en feulant, mais ne prit pas la fuite. Au contraire, il attendit la mégère calmement, tandis que son maître tentait de se relever. Il n'aurait pas le temps, elle était là, elle armait sa hache gigantesque.

      -... Miou ?

      Avec ses grands yeux bleus innocents, le chat fixait l'okama ou ce qui y ressemblait avec candeur. Impossible de frapper le barde sans l'abimer au passage, car il anticipait les coups qui se préparaient à pleuvoir, et se décalait sur le point d'impact.

      -Morgan ! On s'tire !

      Et la course recommença de plus belle, rageuse. Mais pour Sören, bien que plus rapide que sa poursuivante, la fatigue se fit sentir une seconde fois et il tomba de nouveau. Cette fois-ci, c'était un morceau de granit qu'avait laissé un mineur désinvolte en proie aux charmes d'une rousse qui passait par là. La salope ! Il ne pouvait tout de même pas mourir comme ça, sur une île des Blues, sans amis en-dehors de Morgan, et surtout, comble du comble, sans ne rien avoir compris à la situation ! Alors, dans une ultime effort, il se retourna sur le sol et fit face au tranchant effilé de l'énorme hache.

      -Attend ! Explique moi au moins pourquoi t'm'en veux ! J'te jure, j'ai rein contre les okamas, rein contre les muscles, rein contre les haches, rein cont' toi, enfin ! Et j'veux pas m'battre, aussi !

      ... Ni être battu, et surtout pas à mort. C'était certain.

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      Qu'est-ce que ça peut être con, un chat. Bête. Ouai. Bête, c'est mieux. Un chat, c'est bête. Prodigieux. Si j'étais pas en train d'essayer d'amputer mon agresseur d'un membre ou non qui lui servent de toute façon qu'à briser le cœur des jeunes demoiselles, je rirais. Ouai. Très fort. Blague merveilleuse. Mais j'ai pas le temps de rire. Ni l'envie. J'ai un chat qui semble vouloir protéger le blondinet. J'arme. J'attaque. Mais non, il est là. Ses petits yeux comme des billes. Comme c'est mignon un chat. On dirait pas comme ça, mais quand ça te fixe avec un regard comme s'il allait pleurer, ça me fout le bourdon. Genre j'suis trop triste. J'pourrais passer outre et attaquer quand même, mais nan, j'suis pas un monstre. Pas encore... Jamais ! Jamais d'la vie ! C'est lui le monstre ! C'est l'autre type a terre qu'il faut massacrer ! C'est lui le monstre ! Un chat qui protège un monstre. Quelle conne idée ! Bête ! Ouai ! Bête idée ! J'rigole doucement. Pas pu m'en empêcher. Et v'là que l'autre se casse. Il prend ses jambes à son cou. Totalement. Et puis merde. Zut ! Ouai. Zut. Je balance mon pied dans le chat. Ça le tuera pas. J'le fais doucement. Il vole, mais un chat, ça retombe toujours sur ces pattes. La route est dégagée, j'peux passer. J'ai le chat devant qui semble me haïr subitement. Ouai. Retourne ta veste, toi. T'es un vendu, c'est tout. Bref regard sur le côté. Shimeru dépasse de quelques têtes au-dessus de la masse de travelos qui lui font plein de choses. Je détourne les yeux rapidement. C'est trop moche. J'ai presque de la pitié pour lui. Personne ne mérite pas ça. Enfin, j'espère qu'il n'en profitera pas pour briser leur avec sadisme comme il a pu faire avec moi.

      Pas le temps de penser, je bouge ! La course reprend. J'étais pas loin de mon objectif, je compte bien le réussir. Bifurcation, ligne droite, virage ; tout s'enchaine. Mais je rattrape. J'exulte presque de joie quand je le vois se casser la gueule. Il est à moi ! Je m'approche rapidement. Du coup, il a pas le temps de se relever. Il me voit. J'vois son regard inquiet et la couleur de son visage blanchir. Il a peur. En même temps, fallait pas me chercher. J'lève la hache bien haut. La hache de la justice. Un petit sourire s'esquisse sur mon visage. Ce n'est pas le plaisir de faire souffrir, Non ! C'est mal ça ! Non. C'est juste le plaisir de rendre justice ! Plus aucune femme ne sera victime des agissements de cette vermine ! Oui monsieur ! Il faut les respecter, les femmes ! Elle ne mérite pas d'être à vos bottes et de devoir subir tous vos caprices ! On est des êtres humains, pas des objets ! J'attends une excuse ! Quelque chose ! Il suffirait d'un mot pour que j'arrête là ! Car le Seigneur pardonne ! Et je peux pardonner si le message est resté imprimé dans son cœur. C'est comme ça, les cœurs des femmes, ça pardonnent ! 'fin, pas tout.

      Parce que là, je peux pas pardonner. Nan. Vraiment pas possible. Je fais deux pas en arrière et j'me mets a la main au cœur. J'me sens insulter. Encore plus qu'avant, c'est dire ! J'ai les larmes qui me montent aux yeux tellement ce qu'il vient de dire est horrible. C'est pas les muscles. C'est pas la hache. Non. Il l'a dit ! Il a dit que j'étais un Okama ! Un travelo ! J'l'ai bien entendu ! Il me traite comme si j'étais pas une femme ! Il me dénigre. Ouais. Là, je pleure. Vraiment. À grosse goutte. Je recule encore. J'm'agenouille presque. J'le vois au travers des larmes. Il est heureux. Je sens son sourire. Son sadisme. Il tente de se relever. Il va s'enfuir. Encore, toujours. Il va continuer ses méchancetés. D'autres vont souffrir. Parce que je n'ai pas été assez forte. Il a frappé à ce qui a de plus sensible. Si l'on est pas femme, qu'est ce qu'on est ? Le vil. Je sèche mes larmes d'un revers de main, mais ça revient aussi vite. J'peux pas le laisser s'en tirer. Non. Là, il doit crever. Ça serait criminel de le laisser en vie. J'me relève d'un coup et je pousse un beuglement qui se rapproche plus de l'animal que de l'humain. J'dois faire peur à tout le voisinage. J'le vois. J'le localise. Je fonce. Un coup. Sec. Net. Précis. J't'envoie en enfer. Aucune échappatoire. J'le quitte pas des yeux. J'aurais pas dû. Pourquoi l'autre est tombé ? Et Bim le granite. C'est comme au ralenti. J'vole dans les airs. Il bouge pas. Surpris. J'suis sur lui. Au moins, même si je me casse la gueule, j'vais pas le laisser s'en tirer. J'le saisis. Et on tombe. Moi la première. J'fais office de matelas pour le blondinet. Et on fait trois quatre rouleau sur le pavé. Heureusement, c'est rapide. J'ai pas le temps de trop souffrir de me faire tabasser par les pavés. Une fois arrêté. J'sens deux choses. Voir trois en fait. T'as le pavé dans mon dos. T'as pas de hache dans ma main ; j'ai dû la lâcher. Et y a un truc qui me touche. J'regarde.

      Ouai, c'bien ce que je pensais. Mon rideau est tombé et j'ai l'autre type à califourchon qui me pelote la poitrine sans avoir demander. Oh non. Pas ça.

      KYYYYYAAAAAAAAAAAAAH !


      Et j'te le pousse violemment dans les airs pour qu'il dégage. Et aussitôt après. Je les cache avec mes bras. C'est un monstre, mais j'sais maintenant définir sa vraie nature : c'est un satyre.
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      L'urgence de la situation ne parvint pas à dissimuler la chose aux yeux et au cœur de Sören : sa poursuivante pleurait à chaudes larmes. Autant de détresse au milieu de tant de muscles, de quoi émouvoir n'importe qui... ou en tous les cas, n'importe qui de la trempe du barde qui esquissait une grimace gênée. Pour masquer son propre trouble, son envie de se répandre en excuses, d'aller faire quelque chose pour arrêter cette aventure à laquelle il n'avait rien compris depuis... depuis l'arrivée de Shimeru, en fait. Ce qui lui donnait déjà l'impression de remonter à très, très loin...

      Mais il n'eut pas le temps d'amorcer une nouvelle tentative d'explications que la hache siffla. Tétanisé par le hurlement bestial qui accompagnait le geste comme un jumeau, Sören demeura figé sur place. Cette fois-ci, il allait vraiment y passer... Et Morgan qui n'était plus là ! Heureusement qu'il l'avait vu partir se mettre en lieu sûr. Sans quoi lui aussi aurait pu gagner une soudaine envie de combattre jusqu'à ce que mort s'ensuive. On ne touchait pas à ses amis impunément. Ou à son ami, plus exactement. Car aussi étrange que cela pouvait paraître, malgré toute sa bonté et tout l'amour qu'il éprouvait pour l'humanité, Sören n'avait jamais su gagner l'estime et le soutien d'autre chose que d'un chat...


      -E... eeeeeh !

      Sauf qu'un miracle avait voulu qu'au lieu de se retrouver séparé de sa partie inférieure, le barde soit emporté dans la chute du mastodonte. Il tenta bien de se dérober, mais l'autre le tenait ferme sans même s'en rendre compte. Réflexe de combattant : toujours garder les bras contre la poitrine pour s'épargner la tentation de se retenir d'une main, et ainsi éviter les blessures bêtes. Et les réflexes avaient la fâcheuse tendance de s'exercer pareillement, qu'il y ait ou non un élément perturbateur.

      Tout cela pour dire que si Sören se retrouva à poser les mains au mauvais endroit au mauvais moment lorsque la masse qui l'étouffait s'arrêta enfin (non sans lui avoir roulé plusieurs fois dessus, ce qui lui avait tout de même fissuré une côte et luxé une épaule), ce n'était ni par perversité, ni par hasard, mais surtout parce qu'il tentait de lutter contre le réflexe de chute pour pouvoir utiliser ses poumons normalement. Mais lorsque l'air reprit son mouvement rotatif entre ses deux hémisphères, il comprit d'un seul coup son erreur, et ce qui l'attendait s'il restait une seconde de plus dans cette situation un peu trop ambiguë à son goût... encore.

      Repoussé violemment, il atterrit en roulant sur le côté, immobilisa son épaule souffrante en attachant son bras en écharpe à l'aide de son foulard, et courut. Derrière lui, l'okama qui n'en était pas un du tout aboyait un mélange de haine et de désespoir. Sören comprenait au moins un peu cela. Il avait confondu une femme-poisson, sans doute le modèle cachalot, avec un okama. Et femme poisson ou pas, une femme restait une femme, avec une fierté et un honneur. Et même, à bien y réfléchir, il se pouvait qu'il s'agisse d'une femme tout court, peut-être tombée dans l'haltérophilie un peu trop jeune pour en ressortir indemne. Mais il pouvait encore rattraper le coup. Il était encore vivant. Et de toutes façons, avec ses dernières blessures, il ne tarderait plus à être touché. Fatalement, si les hurlements qui émanaient de sa poursuivante étaient à l'échelle de son désir de faire mal. Il arrêta donc sa course, juste à temps pour éviter de se heurter à une grosse motte de terre abandonnée par un jardinier rendu négligeant par la promenade d'une blonde. La brave fille.

      En se retournant, il prit son courage à deux mains. Joignit les mains en signe de prière, ou de paix. Et posa un genou au sol, présentant ainsi clairement son désir de parler, et sa volonté de tirer les choses au clair. Pacifiquement.


      -Bon Dieu, j'sais qu'j'ai mal parlé, mal fait, mais j'te l'jure sur l'saint sacrement que j'suis pas c'que tu crois !

      Ce qu'elle croyait à son sujet, Sören l'ignorait, en fait. Mais il se doutait bien qu'il devait y avoir anguille sous roche de ce côté là. Pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, elle était sur lui. Et elle avait retrouvé sa hache.
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      J'cours. J'ai l'impression de toujours avoir couru depuis que j'me suis mise en tête de m'occuper personnellement de ce satyre. On court. On s'arrête. On court. C'est monotone, non ? C'est boaf, non ? Y a des moments comme ça ou le destin est pas super gentil. Mais vous croyez que ça me réjouit de me faire humilier, de me faire souiller, de me faire violenter ? Vous croyez qu'il faut laisser les crimes impunis ? Ouais, je radote. Ouais j'l'ai déjà dit. Ouais j'suis en colère. J'étais méga en colère. J'le suis encore plus. C'est possible ? J'sais pas. Comment définir ça. J'ai qu'une seule envie. Là. Quand j'en aurais fini, je m'écraserais au sol et je bougerais plus, car je serais satisfaite. Le blondinet, j'vais le choper et briser tous ces os. J'vais le torturer. Ouais, c'est mal. C'est très mal. Il faut pas faire mal gratuitement. Mais je m'en fous ! Tiens ! Rien à foutre de la doctrine, merde ! Ça me gonfle. Tu me laisses cinq minutes et je reviens dans le droit chemin, mais là, j'ai un besoin vital de lui faire la peau. Et pas que. J'vais aussi le découper en morceau. Et j'balancerais tous les bouts dans la mer. Pour que personne ne se souvienne de lui. De ce monstre. J'serais satisfaite. Surement.

      Alors j'cours. J'cours toujours. Et ma cible finit par se casser la figure. Encore. Cette fois, je fais gaffe de pas me casser la figure aussi. Il s'agirait pas de lui laisser l'opportunité de me ploter une nouvelle fois. Moi qui suis si pure. Le vilain. J'suis maintenant à deux pas de lui et il est à ma merci, évidemment. Au sol, il n'a aucune échappatoire. Je lache ma hache. Ouais, carrément. J'vais le tabasser. Il y a des gens à côté. Une famille avec quelques gosses. Une boutique d'où deux vieilles dames sortent. Mais j'm'en fous. J'vais complètement le défoncer devant eux. J'en peux plus, j'en ai marre et j'veux plus courir parce que ça commence à me courir sur le haricot c't'histoire. Je frappe du poing dans mes mains. J'fais aussi craquer mon cou ; j'savoure l'instant. Il y a des cris sur le côté, on se rend compte que je vais le passer à tabac. On me dit d'arrêter, mais on n’arrête pas une frêle jeune fille à qui on a fait les pires saloperies du monde. Point de clémence. C'est la peine capitale. Et c'est là qu'il se retourne, le visage presque au bord des larmes. Et c'est là qu'au travers de ma brume de vengeance, il perce avec des mots qui résonnent bien à mes oreilles. Dieu ? Saint sacrement ? Et il s'excuse en plus. Mais non, ça suffit pas. J'm'apprête à frapper, mais j'regarde quand même ce qui se passe autour. Grosse erreur. Ou pas selon les points de vue. J'vois ces visages. Ceux qui me jugent. Ceux qui ont entendu les excuses de l'autre gus. Ceux qui se disent que je vais tabasser un pauvre type sans défense et qui se rend. Partout, c'est des visages de jugement derrière des façades de peur. Parce que je fais peur là. Ils ont peur que je m'attaque à eux. J'tourne la tête en tout sens, mais c'est tout le temps pareil. Les visages se superposent même. Et cette accumulation, ça me fait penser à ce visage que je voyais souvent au couvent. Ce visage souffrant. Ce visage quasi divin. Et ce visage qu'a le même regard, qui me juge. Pire ! Il est déçu. J'vois clair. C'est le Seigneur qui est déçu de mes actes. Je vois alors mon poing, je regarde l'autre homme qui me supplie encore. Tout se bouleverse dans ma tête. J'suis au carrefour, à la croisée des chemins. C'pas qu'une vengeance que j'vais réaliser, c'est une grosse erreur. Je la fais ou je la fais pas. Tout mon être réclame cette vengeance que je désire tant depuis la première horreur qu'il m'a faite. Mais ces visages, ces visages ! Oh, ma tête ! Ça me tourne. Ça me fait mal. Je veux que ça s'arrête. Il faut que j'extériorise cette souffrance, et je frappe alors.

      Je frappe à plusieurs reprises. Je frappe le pavé du sol. Trois. Quatre fois. Je me fais mal à la main, mais cette douleur est comme un phare dans mon bref tourment. Je me sens plus éveillée. Plus moi. Comme mon Seigneur, la souffrance m'émancipe. À une certaine échelle. Et je finis par de nouveau regarder mon vis-à-vis. Avec mes yeux de nonnes et non plus avec mes yeux de vengeances. Que suis-je devenue ? J'ai déçu. Et je me suis déçue moi même. Les gens semblent se détendre, mais ils attendent quelque chose. Quelque chose que j'ai sur le bout de la langue. Quelque chose que je dois dire pour mettre un terme définitivement à cette boucle sordide dans laquelle je suis entrée. Ça a du mal à sortir. Je refrappe le sol. Les larmes me montent aux yeux. C'est dur à dire. Mais il faut le dire. C'est tout une partie de moi que je cloisonne derrière un épais mur frappé du mot que je dois prononcé. Cette partie de moi lutte, mais finit par abdiquer devant ma détermination et ma foi. Ma foi en moi-même. Car je ne veux pas être comme cela. Jamais.

      Je te pardonne.

      Et je m'écroule à côté avec un poids en moins sur les épaules. Libre. C'est fini. Plus de vengeance. Plus de méchanceté. Je regarde le blondinet et j'ai les larmes aux yeux. J'ai été horrible. J'ai été tout ce que je n'ai jamais voulu être. J'ai encore ce sentiment à l'esprit, comme un arrière-goût pernicieux. Je secoue la tête pour chasser cette idée. Va-t’en ! Je ne veux plus de toi.

      Je suis désolée.

      C'est définitivement fini. Je me relève et je propose une main secourable à l'homme. Aux alentours, les gens semblent être réconfortés par cette fin heureuse. Chaucun retourne à ses occupations, nous laissant seuls. Il y a dû avoir des erreurs entre nous. Il faut parler. Je cherche mes mots pour m'expliquer, c'est dur. C'est tout aussi compliqué pour lui. Sourire. Grimace. C'est difficile comme situation. Surtout que maintenant que l'envie de vengeances est partie, mes premières impressions reviennent. Et il est plutôt mignon, surtout de près, puisqu'on est si proche et qu'on a tellement envie de se parler, de se comprendre. Soudain, j'entends quelqu'un courir dans notre direction, derrière moi. Je me retourne et j'ai la surprise de retrouver Shimeru qui avance rapidement, un sourire coquin au visage. J'peux voir que son visage est couvert de marques de rouges à lèvres et il semble plutôt débraillé. On dirait que le grand homme a eu fort à faire avec les travelos. Je m'excuse aussi pour lui, mais il s'en fout. J'le vois s'arrêter à côté de nous et il s'en fout carrément de nous. Non, il s'intéresse qu'à Sören. J'le vois se pencher. J'vois la surprise chez le blondinet.

      Et là, j'vois un truc qui m'en décroche la mâchoire.
      Shimeru roule un patin à Sören.

      Mais genre un gros. Avec tout. La totale.
      La lumière se fait dans mon esprit, c'est donc ça …

      Vous êtes donc de ce bord là …

      Ouais, mais non, là, je kiffe pas des masses. Et puis, c'est dérangeant comme situation. J'veux pas rester ici. Je reprends ma hache directe.

      J'vais vous laisser, bonne journée !!


      Et j'me casse. Je cours. Ouais. Je cours toujours. Mais là, je ne poursuis personne. J'échappe juste à ce couple insolite. J'voudrais pas qu'il m'intègre à leur petite sauterie. De ce qui s'est passé au tout début ? Erreur aussi. Comme la vengeance. J'ai fait pas mal d'erreurs aujourd'hui, alors, j'vais éviter d'être tentée à nouveau. Halte à la dépravation !
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      Muré dans un mutisme profond, Sören attendait que les choses se passent. Il avait l'air insensible, et pourtant, à chaque coup que la jeune femme jetait contre le sol, c'était comme une eau glacée qui se déversait à gauche, dans sa poitrine. Il se souvenait d'un couple déchiré, des gens biens qui l'avaient invité à passer la nuit chez eux. Comment ça avait dégénéré. Comment elle avait libéré sa colère en fracassant sa guitare contre l'étagère. Le bruit que ça avait fait, le bois qui volait, l'instrument qui gémissait, à l'agonie, payant pour un crime qu'il n'avait pas commis. Et ce que ça lui avait fait à lui, qui se trouvait au milieu de tout ça. D'entendre ses amis d'un jour crier, revivre la scène oralement, en monologue, indifférents à sa présence embarrassée, mais pas si embarrassante que ça. La haine, la bête, c'était une puissance qui ne connaissait pas vraiment de limites dans l'espace. Seulement dans le temps. Attendre que ça passe, telle était la seule clef possible.

      A communauté de sentiments, communauté de situations. Sauf que cette fois-ci, Sören se sentait un peu responsable de toute cette violence déversée. Oui, il n'avait pas tout compris. Mais ce dont il se doutait, c'est qu'il avait sa part de responsabilités dans le sang qui giclait au poing de celle qu'il avait si mal considérée, et jugée si faussement. Et qui avait voulu le tuer, aussi. Juste conséquence ? Peut-être. Toujours était-il qu'il s'était redressé, prêtant peu attention aux regards environnants qui l'avaient sauvé de la catastrophe. Elle lui pardonnait... de quoi ? Qu'avait-il bien pu faire de si terrible, dans les dernières minutes, pour mériter tout cela ? En luttant contre l'envie d'aller poser une main maladroite, mais qui se serait voulue chaleureuse, sur l'épaule de la combattante, le barde se repassa les évènements en un éclair. Où avait-il pu faire la faute ?

      Et là, la lumière fût.

      Il l'avait considérée comme un okama, alors même qu'elle tentait de le séduire. Était-ce son expérience avec la traitrise des catins de Manshon et d'ailleurs qui l'avait à ce point rendu aveugle ? Ou peut-être celle de la femme de l'aubergiste des docks, une jolie garce qui avait profité de sa fougue de jouvenceau pour lui voler sa bourse alors qu'il dormait, une main autour de sa taille. Avant de le faire chasser par son mari, en criant au viol.
      Toujours était-il qu'il comprenait à-présent le motif de sa colère et du dégoût qu'elle avait pu éprouver envers sa personne. Et il en était d'autant plus désolé que peut-être, au fond, partageaient-ils des valeurs communes. Vu son revirement final, c'était possible...
      Il allait s'expliquer au propre, remettre les compteurs à zéro, lorsqu'il s'était jeté sur lui.

      Shimeru.

      Sans doute très heureux d'avoir ajouté des données hautement intéressantes à sa base de données, il avait voulu aussitôt pratiquer. Très fier de montrer à quel point il s'humanisait, jour après jour. Peut-être se sentait-il sur le bon chemin, pour retrouver sa personnalité perdue.

      Sauf que Sören n'en avait que foutre. Tout ce qu'il voyait, ce qu'il sentait, c'était que le quiproquo allait recommencer. Et qu'un mec lui roulait une pelle, aussi. Dans ces circonstances, on avait beau être un humaniste plutôt gentil, il n'y avait qu'une solution pour se restaurer un semblant de dignité. Et dans le cœur d'un fils de paysan, c'était bien cette sainte dignité que l'on vénérait plus que tout.

      Il lui colla donc son poing dans la figure, avec toute la virilité et la brutalité dont il se sentait capable de faire preuve. Puis il enchaîna sur trois directs, un uppercut, lancés de toute la force de son bras valide. Et quand la conserve fût à terre, avec ce qui lui restait de charnel en sang, il l'aspergea d'essence et y jeta une allumette. Jusqu'à ce qu'il ne reste de lui qu'un tout petit tas de cendres.

      ...

      Enfin, non, quand même. Mais malgré tout, le géant avait reçut une correction suffisamment terrible pour intégrer à ses données une séparation entre pratiques communément admises chez les okamas et chez les autres hommes. Tout du moins, Sören l'espérait pour lui, car sinon, sa vie risquait fort d'être parsemée de passages à tabac pas forcément bon enfant.


      -J'suis pas désolé, mais j'te pardonne. Va pas réessayer, par contre, ou j't'envoie en enfer. Allez, sans rancune.

      Sur ces mots, le barde s'en alla sur les pas de la femme à la hache. Pas question d'en rester là ! Il allait remettre les choses au clair, une bonne fois pour toutes ! Ce fut donc en luttant contre la douleur de son épaule qu'il se prit à courir de nouveau. Il ne tarda pas à l'apercevoir, mais cria, de peur de la perdre de vue. Lui était blessé, tout de même.

      -Bordel de merde, REVIENS ! REVIENS, QUE J'TE DIS ! J'VEUX PAS QU'T'AILLES CROIRE N'IMPORTE QUOI !

      Eh oui, fierté paysanne, toujours. Mais pas que. Car s'il se sentait encore honteux et ridiculisé, Sören souhaitait par-dessus tout voir si, oui ou non, il pouvait marquer ce jour d'une pierre blanche en se trouvant une alliée humaine en ce bas monde. De taille, qui plus était. Seul, il était bien conscient que son voyage se limiterait aux Blues; qu'il finirait miséreux et aigri; et que le feu qui portait quotidiennement sa vie finirait par se consumer, puis par s'éteindre. Irrémédiablement.

      Mais soudain, le souffle lui manqua. Elle s'était arrêtée et le regardait. Il la rattrapa en quelques foulées plus lentes. Ses côtes lui faisaient mal, il n'oubliait pas que plus de cent kilos de muscles venaient de lui passer dessus.


      -Bon, tu veux ben m'écouter, maint'nant, hein ?

      Elle ne réagissait pas, et son visage se voulait serein. Le contraste étonna Sören qui en avait déjà beaucoup vu, mais pas assez pour demeurer insensible à certaines situations. Il n'était pas franchement à son aise, pour tout dire. [/color]

      -Okay. Alors, d'une, j'suis pas de c'bord du tout, comme tu dis. C'que t'as vu, c'tait euh... une agression. Ouais. Et Shimeru, c't'un gars qu'a perdu la mémoire, à c'qui m'a raconté. On s'est rencontrés en fuyant le QG d'South. Lui, y s'rapp'lait plus trop pour quoi y fuyait, et moi, j'ai été mêlé à l'histoire. Au mauvais endroit au mauvais moment.
      Après, j'pensais pas l'revoir. 'Vec l'équipage marchand qui nous transportait, on l'a laissé sur la première île croisée. Et si j'l'avais pas revu, j'aurais p't'être ben passé une journée tranquille à toucher une prime pour Morpas... T'sais, le chef des pirates que tu soignais ?


      [i]A raconter les choses ainsi, les évènements parurent décidément très complexes aux yeux du barde. Il se rendit compte qu'il ignorait tout de la guerrière. Car sa théorie selon laquelle il se serait s'agit d'un okama turbulent ayant des vues pas très honnêtes sur sa personne s'était révélée fausse.


      -Euh... c'pas pour jouer l'interrogatoire, d'ailleurs, mais qu'est-c'que tu foutais 'vec eux ?
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      Il me suit ? Il me suit ! J'ai à peine parcouru suffisamment de distance que je le vois déjà arriver à toute berzingue dans mon dos comme si sa vie dépendait du fait de m'avoir rattraper. Pas de Shimeru en vue ; il a dû abandonner son amant après lui avoir fait tellement de choses. Rah ! N'y pense pas ! J'accélère à nouveau pour lui échapper. En y pensant, s'il est de ce bord-là, je risque rien, mais ça me gêne quand même. Et puis, il pourrait pas m'abandonner, non ? Après tout ce qu'on a fait, j'veux pas continuer. J'veux oublier. J'veux en finir. Repartir me cacher loin et dormir, tirer un trait sur cette affreuse journée et repartir du bon pied le lendemain. C'est tout ce que à quoi j'aspire. Avec ma pointe de vitesse, j'suis sûre que je peux le semer. Il doit être fatigué après son micro ébat avec son grand partenaire. Mais c'est là qui m'arrive un truc horrible. Je sens une soudaine et terrible douleur à mon cœur. J'pose la main dessus comme pour le calmer et j'tente d'accélérer, mais c'est pire. J'ai le souffle complètement coupé et du coup, je suis obligée de m'arrêter, le souffle court. Un genou à terre et toujours aucun changement, une douleur lancinante et insoutenable me tiraille mon cœur et la douleur vibre dans tout mon corps. Qu'est ce qu'il m'arrive ? Qu'est-ce qui se passe ? Ça trotte dans ma tête d'infirmière, mais rien ne vient expliquer la situation. C'est trop soudain. C'est trop intense. Ça ne peut pas être logique. Ça ne peut pas être médical. Les mains sur le sol, je serre les dents pour contenir cette souffrance. C'bien ma veine. Après avoir tant souffert à presque faire une bêtise, voilà que je souffre sans raison. Une idée Seigneur ? Non … ça viendrait de toi ? C'est toi qui me fais souffrir ! Il y a pas de doutes, c'est forcément toi ! Qu'ai-je fait pour mériter pareil souffrance ? Pourquoi ai-je comme un pieu dans le cœur ?

      L'idée me vient. Je fuyais. Et il m'en a empêchée. Il ne veut pas que je fuie. Il veut que je reste. Il veut que j'attende mon poursuivant. C'est un fait. La question qui vient, c'est le pourquoi. Pourquoi ? Pour regarder en face le visage que j'ai failli tuer ? Faire face à mes erreurs ? Sans doute. Ou alors, de cette rencontre ; ou plutôt, de cette discussion ; allait être la base de l'un de tes plans ? Peut être que nous allons être amener à nous revoir afin de faire de grande chose ? Tu es en capable. Soit. Je l'écouterai. Et subitement, la douleur s'estompe, c'qui me confirme bien que j'ai eu raison. C'était bien lui. Mon cœur revient progressivement à son rythme normal tandis que mon poursuivant arrive à ma hauteur. Malgré le caractère divin de cette rencontre, je ne sais pas quel visage adopter. Du coup, j'opte pour le calme, même si l'appréhension me hante. Que pourrait-il bien sortir de cette rencontre ? Quelle était la portée du grand projet du Seigneur ? Je le regarde. Il me regarde aussi. Je sens sa gêne. Il doit sentir la mienne. C'est étrange comme situation. On est comme deux jeunes ados qui essaient de passer par delà la frontière des sexes pour se parler. Les regards fuyants, les sourires maladroits. Je sais vraiment pas où me mettre. Il semble beaucoup plus géré que moi.

      Les mots s'enchainent. Les questions sont posées. J'essaie de voir au travers des mots une signification cachée, mais rien ne vient. Peut-être que la révélation n'est pas pour maintenant. Du coup, je réponds, mais c'est dur d'expliquer certaines choses alors qu'on a fait l'inverse tantôt.

      Il était blessé, il fallait le soigner. Les gens qui souffrent, il faut apaiser leur souffrance. Mais ce sont des bandits, je le sais. Alors, j'espérais pouvoir les convaincre d'arrêter d'être des méchants en les mettant en confiance. J'veux stopper les criminels, mais les arrêter, j'suis pas convaincue de cette solution. Il faut changer leur cœur pour qu'ils arrêtent définitivement leurs actes. C'est ce que je m’évertue à faire depuis que je suis sortie de mon couvent. J'utilise ma foi pour toucher leur cœur. Et si ce n'est pas suffisant, la force du Seigneur me permet de les stopper. La violence est nécessaire quand elle est Juste. Mais elle ne doit pas laisser place au meurtre et au crime.

      J'ai failli … fauter.


      Regard honteux, vers le bas. J'ai du mal à faire face alors que je dis bien que j'suis allée totalement à l'encontre des mes principes. C'est un peu comme remuer le couteau dans la plaie. Et en plus, je donne le fouet pour me punir à mon opposant, le temps d'un coup de folie. C'est un peu ma rédemption. Si j'arrive à passer cette étape sans soucis, tout sera guéri. Un des objectifs du Seigneur, sans doute.

      Et toi ? Qu'est ce que tu fais ? Qui es-tu ?

      Ah. Pardon. Je suis Adrienne Ramba. Soeur de l'Eglise de la Juste Violence.


      Bah ouai faut se présenter tout de même. On continue à parler. Et au loin, j'capte du mouvement. Une bande de gus qui chargent. Qui court. C'est la période. Je reconnais Morpas. Il y a ses potes aussi. Et derrière, c'est qui derrière des bandits ? Des marines, évidemment. Un peloton entier. Et combien tu paries que parmi ces marines, il y 'en a qui nous ont vues, moi et lui, en compagnie de Morpas ? C'est pas à moi de le dire.
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      Il y avait de par le monde de drôles de surprises qui avaient jusque là préservé Sören de la triste résignation des blasés et des vétérans. Et cette religieuse à la carrure de culturiste en faisait très largement partie.

      L'église de la Juste Violence ? L'idéal était plein de panache et sentait bon la conviction active. De tout son être Sören aurait voulu y adhérer, comme il aurait voulu aimer des valeurs. Mais s'il agissait en non-violent et selon des préceptes similaires, c'était moins par conviction que par nécessité : il ne se sentait pas de faire autrement. Tout simplement. Au fond, il avait perdu ses raisons d'agir huit ans auparavant, lorsqu'il avait contemplé le néant du monde aux côtés de Monsieur Tahar et de son vieil ami Brom. D'agir, mais pas de vivre. Pour ça, il y avait toujours Morgan. Son seul point fixe dans le voyage perpétuel qu'était devenu sa vie. Vers quoi ? Vers la découverte d'un vrai sens, l'acceptation de valeurs authentiques et bien enracinées. D'un Dieu, d'un but, ou d'un foyer, il fallait voir. Et jusque là, il n'avait rien vu, et rien trouvé. Sa naïveté et sa joie seules le sauvaient encore en le détournant parfois de ces sinistres introspections. Suffisamment souvent pour qu'elles ne prennent pas le pas sur ce qu'il était, pour lui, et pour les autres.

      Mais le dialogue emporta ces considérations dans un souffle. Adrienne, puisque c'était son nom, s'accusait toute seule d'avoir mal agit. Avant de rebondir sur une triplette de questions bien naturelles. Cela faisait bien une heure qu'ils se courraient après en hurlant pour des raisons qui n'en étaient pas. C'était le moment de remettre les choses en place proprement pour ne pas risquer de chatouiller de trop près le mauvais génie du quiproquo. Il s'était suffisamment marré pour la journée. Voir pour le mois.


      -Non, non, t'excuse pas. Et pas la peine d't'en vouloir de trop. T'm'as pas trop massacré, t'as d'mandé pardon, pour moi, ça suffit. Puis c'toujours pareil, quand on cause pas, y'a toujours moyen qu'ça s'passe mal.
      Moi, c'est Sören Hurlevent. J'suis chasseur de primes et artiste, aussi, un peu. A la p'tite semaine, quand l'reste marche pas trop... et pour les bêtises du quotidien où on peut payer en nat'... euh, non, pas ce que j'voulais dire. Les choses où le spectacle peut faire office de monnaie, quoi.


      -Oh.

      La discussion paisible et méritée fût coupée par l'arrivée d'un Morpas sanguinolent, un cortège de marines sabre au clair à ses trousses. Il lui manquait la moitié de son équipage, mais un éclat mauvais luisait au fond de son seul œil valide. L'autre était cerné par un coquard tout frais qui condamnait la paupière comme un sas d'urgence.

      -HOOOOY ! MES AMIS ! ENFIN, VOUS V'NEZ A MON S'COURS ! MES CHERS ET PUISSANTS LIEUT'NAAAANTS !

      Le capitaine hurlait dans leur direction, les gardiens de la paix sur ses pas. Sören eut le temps de saisir quelques phrases échangées à la va-vite...

      -Mon colonel ?
      -Non, ça pue le piège.
      -Sauf votre respect, mon colonel, je les ai vus avec Morpas un peu avant de sonner l'alerte ! Le grand les soignait, sûrement le médecin de bord ! Et le petit discutait peinard.
      -Bon, bon, caporal. Vous deux, avec moi, on s'en occupe.

      ... avant de se retrouver le nez dans la poussière, deux caporaux faisant pression sur son épaule blessée. Il luttait contre la douleur, pour se dédouaner. Oui, il était chasseur. Ouais, dans la poche intérieure, le permis. En règle ? Tant mieux. On le relâchait un peu, il pouvait respirer. Mais Adrienne était aux prises avec un officier des plus virulents qu'elle tentait de raisonner. Sauf que son argument principal avait quelque chose d'un peu trop tranchant et disproportionné pour ne pas être qualifié d'arme hautement suspecte.
      Sören allait hurler de la laisser tranquille, qu'il se portait garant, ou n'importe quelle connerie susceptible d'apaiser les militaires. Mais ce fut ce moment que le colonel choisit pour commettre l'irréparable. Encore.


      -Attend une minute... Gigine l'okama ? Le révolutionnaire ? Dis voir, depuis quand tu fricotes avec cette bande de voyous au rabais ? Hein ? Et qu'est-ce que tu es allé foutre de tes collants résille ? De ton rouge à lèvres ? Pas de parfum ? Petit passage à vide, mon grand ? Et on se cale au pillage pour la peine ? Elle est belle, la révolution. Bande de salopards d'opportunistes. M'étonne pas que ça attire autant les pédales dans ton genre. Allez, viens, frappe un peu pour voir. Gaffe à tes ongles, ma grande tant'. Tu pourrais t'faire mal.
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      C'est sûr, il paraît tout de suite plus sympathique. En même temps, c'pas quand on a des envies de meurtres sur certaines personnes qu'on apprécie ces mêmes personnes. Ou alors, j'suis pas normalement constituée. Et j'suis normalement constituée. Même parfaitement. Alors, il s'appelle Sören Hurlevent. Je note l'info dans un coin de tête, histoire que je refasse pas une deuxième fois la connerie. Et si je le recroise, ça peut être sympathique. J'saurais qu'il y a un pote avec moi. En plus, si je me balade avec des pirates, il y a moyen qu'il me soutient pour éviter de me faire chopper par ses collègues. Autre truc intéressant, c'est qu'il est artiste. Ça, ça en jette. J'aime bien la musique. Normale, j'suis une femme et il n'y a que les femmes qui sont suffisamment évoluées pour percevoir la beauté des arts. Les hommes sont souvent si rustres. Il suffit de voir Morpas. Un fier représentant de son espèce. Évidemment, il y en a qui sont comme nous, parmi les hommes, qui savent voir l'art comme il est. Comme Sören ; on ne peut pas être artiste et ne pas savoir percevoir cette beauté. Ça serait totalement idiot et le terme d'artiste ne lui correspondrait pas. Barbare, peut-être. Comme Morpas. Mh. Dur à définir tout ça. Mais ça va être difficile de pousser la réflexion plus loin, les ennuis arrivent. Enfin, j'ai Sören avec moi. Et du coup, même si l'autre balance de quoi penser qu'on est avec lui, mon nouvel ami devrait nous tirer de là. N'est-ce pas Sören ? J'attends les marines, comme Sören. Tout va bien se passer. J'en profite pour faire encore un peu la causette comme si tout ce qui nous arrive sur la gueule, c'est pas grave.

      Un artiste ?! C'est trop bien ! Quoi comme art ? J'aimerais trop voir ce que tu fais ! Vous aussi, non ?


      La fin, c'pour les marines. Ils semblent ne pas aimer le musicien, car deux soldats se jettent sur lui, le plaquant au sol avec une détermination sans faille. Surprise, je reste interdite un instant. Puis je tente un mouvement vers Sören, mais c'est un sabre qui vient me couper la route. Je cherche mon arme dans mon dos, mais je sens alors la morsure de quelques lames pointées vers moi. Je suis encerclée par cinq sabreurs. Plus loin, des fusiliers me tiennent en joue. Impossible de bouger. Alors je bouge pas. Sören va tout arranger, surement. Justement, celui-ci parvient à se dégager et à exhiber son permis de chasseur de primes. Il va venir me sauver. Comme un prince charmant. Surement.

      Sören ! Viens m'aider !

      Il y a l'officier devant moi. Je sens comme un doute passer sur son visage. Il a vu le permis. Peut-être qu'il croit que c'est un faux. C'est possible ? J'sais pas, j'ai jamais été faussaire. Si je lui mets le doute, faut que je montre que je suis clean. Je lève les mains et je les mets bien évidence, pour montrer que je fais rien de mal. Autour, on recule un peu, histoire de me laisser un peu d'espace et de ne pas trancher la peau par inadvertance. C'est à ce moment-là que le cauchemar commence. Gigine ? Gigine l'Okama ? C'est une blague ? On me prend encore pour un travelo. Un instant, mon regard glisse vers Sören. Parce qu'il avait pensé la même chose. Un complot ? Encore ? A t'il voulut endormir ma vigilance pour mieux me trahir ? Je n'ose y croire. Il avait l'air si sincère. Et toi Seigneur ? Tu as retenu mon geste pour mieux me trahir aussi ? Ça n'a pas de sens. L'officier parle. Il parle. Il se moquer. Son sourire sadique glisse sur ses lèvres. Tout autour, les visages durs laissent place à des visages moqueurs. On se fout de moi. Mais je ne dois rien faire. Je ne retomberais pas dans le cycle infernal et corrupteur de la violence. Ce que j'ai failli faire à Sören m'a donné une bonne leçon. Alors, je reste impassible. C'est dur. Les moqueries pleuvent. Les critiques aussi. Encore, les commentaires sur la révolution, j'm'en fous. C'est une conséquence de la personne avec qui il me confonde. Non, le pire, c'est vraiment qu'ils croient vraiment que je suis un travelo. Une fois encore, je me sens blessée dans mon amour propre. Comme si je ne suis pas une vraie femme. Ils me regardent. Ils me jugent. Ils sont comme des spectateurs devant une cage à m'observer, moi, une bête de scène. Un monstre qu'ils détestent. Les marines s'échangent des commentaires entre eux. Certains ricanent. L'un rigole carrément à gorge déployée. Et l'officier qui me dit de frapper. Mais je peux pas. Je ne dois pas. Ce serait entrer dans un spiral sans possibilité de retour. Alors, je baisse la tête et je serre les poings.

      J'essaie de penser à autre chose. À quoi ? Tiens, qu'est ce qu'il peut faire comme art, le Sören. De la musique ? De la peinture ? Du chant ? De la danse ? J'ai hâte de le savoir. Face à moi, l'officier semble insatisfait de mon absence de réaction. L'un des marines me pique de la pointe de son sabre. Le sang coule. Les commentaires sont de plus en plus violents, comme si on me lynchait. Des commentaires odieux. Je voudrais tellement me boucher les oreilles, mais c'est comme si j'avais les mains liées. Finalement, je pleure. Les larmes coulent à nouveau. Je ne peux les arrêter. Je ne veux pas ? Je ne sais pas. C'est un soulagement, mais c'est aussi une chose à ne pas faire. Voilà un nouveau sujet de commentaires. Un travelo ? Une femmelette ? Parce que les femmes ne sont bonnes qu'à pleurer ? Tant de machismes, je sens une colère furieuse se lever en moi. Mes lèvres une forment une grimace mauvaise. Alors, je relève la tête et mon regard vient transpercer celui de l'officier. Je vais le frapper. Je ne dois pas le frapper. Je veux le frapper. Je ne peux pas. Au travers des larmes, ma vue se brouille, encore. Et je te revois. Ton visage digne et angélique. Ton regard est rempli d'une pitié qui pourrait pardonner tous les crimes du monde. Comme si le temps s'arrêtait, je vois comme une main spectrale se poser sur ma tête. Un bref instant. Tu as pitié. Tu me soutiens. Merci. Mais je t'en prie, fais quelque chose ! La main disparaît et tu me regardes. Tu regardes mon poing. Tu reviens vers mes yeux. J'attends juste un signe. Quelque chose, pour que je puisse tenir.

      Et il vient. Subitement, tu lèves les yeux au ciel en sifflotant. Comme si tu ne vois rien. Comme si tu me donnes… ta bénédiction.

      Merci Seigneur.

      Mon visage s'éclaircit. Un sourire se dessine. Face à moi, le colonel de la marine me dévisage, comprenant qu'il y a un changement chez moi. Il m'a entendue, mais il ne sait pas ce que ça veut dire. Je pourrais faire certaines choses pour me dégager facilement de là, mais j'ai envie de lui donner une sévère correction, à c'te marine. Dans un clignement d'oeil, je le frappe. Une frappe avec toute ma force, en dessous du menton, que je brise au passage. Avec la puissance du coup, j'l'envoie dans les airs. Tout le monde le suit du regard, choqué de passer aussi rapidement de la moquerie à la stupéfaction. L'officier s'écroule trois mètres plus loin, face contre terre. L'instant semble s'arrêter. Puis les marines retrouvent leurs esprits, mais J'ai déjà réagi. Les trois premiers ont déjà reçu un coup de poing dans le bide. Un quatrième reçoit le coup dans le nez et vole. Le dernier se prend mon « Taki ». Casse-noix d'la tête entre les coudes. Il est bon pour pas mal de mois de convalescence. Je récupère un type genou et j'l'envoie sur un groupe de marines. Strike. Je charge et en quelques coups, je fais en sorte qu'ils se relèvent plus. J'ai une fenêtre, alors je reviens vers le colonel. Celui-ci est encore conscient. Il essaie de ramper pour s'éloigner de moi. Un petit « Roth » pour finir. Lui marchait dessus, lui, ces commentaires et son machisme. C'pas la convalescence qui l'attend, mais une retraite à vie.

      L'homme se retourne alors vers Sören et bredouille, paniqué. 

      Chazeur ! Gapturez le ! Zinon, vous zerez gomplizes ! Et ze retirais vot' lizence ! Groyez moi !

      Une dizaine de marines comme témoin. Des civils aussi. Je tourne la tête vers Sören comme pour l'interroger. Que vas-tu faire ? C'est un peu le moment de prouver tes ultimes intention, mon ami.
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