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Pendant ce temps, dans le laboratoire de Rain...

Des bruits sourds retentissaient du coté du laboratoire. Des claquements secs, des crépitements, quelques explosions involontaires aussi. En tout cas, ça travaillait dur ! Et depuis plusieurs jours, la journée comme la nuit. Il ne semblait ni dormir, ni manger, ni boire. Certains matelots étaient intrigués par tout ce remue-ménage, mais personne n’avait envie d’affronter un Rain dérangé en plein travail. Partout, les spéculations allaient bon train. Certains pensaient qu’il travaillait sur une nouvelle arme, d’autres qu’il bricolait un nouveau gadget totalement inutile, d’autres qu’il inventait une machine pour le Léviathan. Après avoir été poussé par ses camarades, un jeune mousse décida de toquer à la porte pour tenter d’en savoir plus. Il se tenait devant la lourde porte derrière laquelle le tintamarre ne discontinuait pas. Il était impressionné et n’osait pas vraiment, mais pas question de se dégonfler maintenant. Ses amis le regardaient et ne manqueraient pas de se moquer de sa couardise s’il faisait demi-tour. Il prit une grande inspiration et frappant sur le battant. Les bruits stoppèrent immédiatement et des pas lourds se firent entendre. La porte s’ouvrit à la volée. Rain était debout, les cheveux en bataille, les habits sales, une paire de lunette transparente et de biais. Il avait les traits tirés et des cernes sous les yeux. Lui qui était habituellement si pointilleux sur son physique, il faisait vraiment peur. Il baissa la tête et vit ce garçon, tout intimidé qui se tenait là et semblait vouloir jeter un œil derrière le scientifique.

-QUOI ?!

Le mousse hésita, ne savait pas vraiment quoi dire. Il voulait au moins entrapercevoir les travaux avant de se faire jeter. Il devait gagner du temps.

-Euh... M. Maniko... On est un certain nombre à... s’inquiéter de votre état. Vous n’êtes pas venus manger depuis plusieurs jours et... On voulait savoir si... tout va bien ?

Rain le jaugea rapidement. Il était gêné et son sourire sonnait faux. Le chimiste ne savait pas la véritable raison de sa venue, mais une chose de sûr, il cachait quelque chose. N’ayant pas de perdre avec ce genre de fadaises, il répondit que tout allait bien et lui claqua la porte au nez avant de reprendre ses travaux. Il pesta ! Maintenant, il était déconcentré et cela allait lui prendre encore plus de temps de se remettre dedans. Ce mioche venait de le faire sortir de ce qu’il appelait sa « frénésie créatrice ». C’était un état qu’il parvenait à atteindre lorsqu’il était très concentré et motivé dans un projet. Il pouvait alors bosser sans discontinuer, ne ressentant ni fatigue, ni faim, ni soif, ni ennui. Mais maintenant qu’il en avait été sorti, tout cela lui arriva dessus d’un seul coup. Il sentit son estomac se tordre dans un gargouillis qui ne semblait pas vouloir finir, sa gorge s’assécha comme s’il avait mangé du sable. Il voulût faire un pas en direction de la sortie, mais s’effondra au sol, terrassé par la fatigue.

Lorsqu’il se réveilla, il se demanda un instant où il était, repris ses esprits et fila en direction des cuisines. Espérant que Taiten serait là pour lui préparer un bon truc, il courrait presque dans les couloirs, saluant rapidement les personnes qu’il croisait. Les marins le regardaient bizarrement. Jamais le vice-lieutenant Rain n’avait été vu dans un état aussi négligé. Il arriva dans la cuisine en trombe. Personne. Il n’avait pas la moindre idée de l’heure qu’il était mais décida de se servir. Soyons franc, il dévalisa la cuisine, viande, poissons, fruits... Tout y passa. Dés qu’il ne ressentit plus la faim terrible qui le torturait, il quitta les lieux et retourna au travail. Il voulait vraiment finir ce projet le plus tôt possible, afin de pouvoir s’en servir. D’un pas pressé, le scientifique avançait dans les couloirs sans regarder devant lui, l’esprit perdu dans ses calculs et ses estimations, lorsqu’il passa devant un hublot. Il faisait noir dehors. La nuit était tombée sans qu’il ne se rende compte de rien. A vrai dire, il ne savait même pas quel jour on était. Mais son problème fut son reflet !


-Oh putain ! C’est moi ça ? Ha non, non, non ! C’est pas possible, je peux pas rester comme ça !

Il courut jusqu’à son atelier, s’enferma et prit une douche avec précipitation. L’eau chaude lui permit de se détendre, de se relaxer et de se calmer. Il ne s’en était pas rendu compte, mais à force de manier la clef à molette et la soudeuse, ses muscles étaient tout crispés. Il aurait donné toute sa fortune pour un bon massage par une jeune étudiante. Mais il n’y en avait pas à bord du Léviathan. C’est dur la vie d’un marin. Mais il n’échangerait sa vie contre aucune autre. Les voyages forment la jeunesse et les rencontres forgent le cœur. S’il était si proche d’atteindre son but, c’était en partie grâce à ses travaux sur Shimeru Den’Pa lors de sa mission dans la base secrète de recherche de la Marine, et aussi grâce à ses observations sur Cross Jones, un membre cyborg du Léviathan. Après s’être rincé, séché et rhabillé avec des vêtements décents, il se remit au travail. Il avait les idées plus claires et reprit son rythme avec facilité. Il avait finit d’assembler toute les pièces sur lesquelles il travaillait depuis des semaines. Son seul problème était désormais le carburant. Il fallait quelque chose de facilement transportable et qui puisse produire une quantité importante d’énergie. La technologie au cola était obsolète depuis plusieurs années déjà, bien qu’elle ait fait ses preuves de nombreuses fois par le passé. Il devait trouver autre chose.

Rain fouilla dans son laboratoire à la recherche d’inspiration. Il trouva une vieille bouteille de rhum qui trainait, des morceaux de viandes faisandés oubliés sous un fauteuil, des livres et de nombreux produits chimiques en pagaille. Il lui aurait été facile de produire une solution exothermique dont il aurait pu tirer partie de la production d’énergie, mais les produits chimiques étaient rares et couteux. Il ne pouvait pas se permettre de les utiliser de cette manière. Il regarda la viande qui pourrissait, puis la bouteille de rhum. A nouveau la viande faisandée, puis à nouveau la bouteille. Une idée commençait à germer dans son esprit fertile. Enfin, il attrapa la bouteille et en but une longue gorgée.


-Ha !! A quoi je pensais déjà ? Ha oui ! Si je mets du rhum en contact avec des bactéries, la fermentation de l’alcool pourrait tout à fait donner des résultats intéressants...

Et il essaya ! Après quelques jours de macération et une bonne mise sous pression, les bactéries dégagèrent une quantité de gaz formidable. La pression augmentait à vue d’œil, la petite aiguille montait, montait, dépassait la zone rouge et.... L’explosion qui s’en suivit fut ressentit dans tout le navire. Soufflé par l’explosion, les cheveux roussis et les vêtements arrachés, Rain se tenait au milieu des décombres avec un sourire radieux aux lèvres. Il venait de trouver ! Il tenait à la main la feuille où se trouvaient tous les résultats de ses travaux. Ce simple morceau de papier avait plus de valeur que l’intégralité du matériel qui se trouvait autour de lui. Enfin de ce qu’il en restait en tout cas. Immédiatement, il se mit au travail. Il ne lui restait plus qu’à créer un solide capable de résister à une telle pression, un catalyseur pour obtenir une déflagration instantanée et un canaliseur pour utiliser cette énergie dans le sens qu’il voulait. Comparé au reste, ce n’était qu’une broutille pour le scientifique.

Trois jours plus tard, son invention était prête. Il la plaça sur son bras droit. Le métal froid lui fit bizarre au début, mais la forme épousait parfaitement celle de son bras et il avait laissé suffisamment de place au niveau de son biceps pour qu’il puisse le contracter au maximum. Il activa la machine et les pistons se mirent en route, le liquide se mit à se déplacer comme du sang au travers d’un organisme. Au fur et à mesure que le rhum se répandait, le bras mécanique qu’il venait de créer lui semblait de moins en moins lourd. Grâce à un système interne de répulsion de force, l’engin de plus de cent kilos était aussi facilement maniable qu’une épée. Enfin, non, c’était quand même un peu lourd mais un homme de la carrure de Rain pouvait le soulever sans aucun problème. Le bras se pliait facilement, le poignet, les phalanges, tout était nickel. Il restait à savoir si elle fonctionnait maintenant.

Rain attrapa une plaque de tôle de 10 centimètres d’épaisseur. Celle-ci lui parut relativement légère, la plupart du poids étant supporté par les pistons. Déjà, il était agréable de voir que cet aspect là était réussi. L’amplificateur de puissance lui permettrait désormais de soulever des objets très lourds sans trop d’efforts. Le scientifique se place face à la plaque, arma son bras, serra le poing et contracta tous ses muscles à fond. Les pompes s’activèrent, le rhum se mélangea au liquide catalyseur et les pistons se bloquèrent pour faire monter très rapidement la pression. Dés que le seuil critique de danger fut atteint, la pression fut relâchée et le poing de Rain partit plus vite qu’un boulet de canon dans une détonation fantastique. La plaque fut percée d’un trou parfaitement circulaire sur les bords duquel le métal avait légèrement fondu.


-Wouah, la vache !!! Ca déchire !!!!

Le résultat dépassait ses espérances. La fermentation alcoolique était un procédé nouveau, qu’il venait de créer et il sentait que de grandes choses allaient découler de sa trouvaille. Il y avait de la promotion dans l’air ! Quand il allait montrer ses résultats, on verrait enfin qu’il est un vrai scientifique, pas un simple playboy à la fiole facile. Il avait depuis toujours été la risée du monde savant, ses membres estimant que pour être un bon chercheur, il fallait forcément être vieux, ou moches, ou en tout cas, ne pas trop s’intéresser aux filles. Mais là, ils ne pourraient que se taire devant sa trouvaille et ils seront tous à ses pieds pour qu’il divulgue sa technologie. Mais ils pourraient toujours crever, il savait que cette découverte pouvait, s’il la jouait bien, l’envoyer assez haut dans la hiérarchie scientifique.

Il avait dans les mains, ou plutôt sur le bras le tout nouveau prototype de machine à surpression. L’inconvénient, c’était que pour des raisons pratiques, il ne pouvait transporter que trois bouteilles de rhum. En gros, il pouvait donner trois coups en surpression et après, Game Over, le bras se désactive. Mais il suffit alors de les recharger. Rapidement, il enferma son invention à quadruple tour dans un coffre blindé et sortit en hurlant. Il avait besoin de décompresser et de crier au monde sa joie. Après des mois de recherches et des semaines de travail intensif, il avait enfin la récompense pour ses efforts.