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Première expérience pirate : Premier échec.

Quand on parle de nourriture, il y a deux types de personnes auxquels nous pensons instinctivement : Le premier type regroupe ceux que l'on pourrait appeler les bons-vivants. Ils mangent, mangent, mangent et remangent jusqu'à en vomir. Ces gens aiment de tout mais consomment principalement de la viande et des fruits de mer. Pour eux, rien ne vaut plus qu'un steak ou qu'un bon homard farci. Les fruits et légumes ? Ne leur posez pas la question. Ils vous répondront certainement que : « C'est bon, seulement si c'est pour accompagner le bouillon de nouilles au porc ». 

Puis vient le second groupe ; Les modestes. Eux, ils aiment la nourriture mais en mange avec modération. Ils ne restent pas de marbre face à une bonne viande saignante cependant ce n'est pas pour autant qu'ils sauteront dessus comme des chiens galeux. À l'instar de leur lointain cousin primate, ils se nourrissent principalement de matière végétale. Quelques aubergines, une grappe de muscat et hop, ils sont contents. Moi je fais indubitablement parti de la seconde catégorie de personne. Je dois dire que cela a des avantages et des inconvénients. Premier avantage, je m'accommode facilement de la faim qui me ronge. Second avantage et non des moindres, mon poste budgétaire consacré à la nourriture est environ deux fois moins important que celui d'un être dit « normal ». 

Gros inconvénient en revanche, à force de manger peu, je maigris, je deviens faible, je me fatigue et cela n'est pas bon ni pour le corps, ni pour le moral. Tenir quelques temps à manger deux repas par jours passe encore, tenir des semaines sans manger à ma faim, là, ça commence à faire beaucoup. À tel point que je devais vite trouver un moyen de me faire de l'argent. Il en allait de ma survie. Payer mon train de vie à l'heure qu'il était n'était pas chose aisée. Principale cause de mes malheurs, la générosité des passants. Celle-ci s'amenuisait au fil des jours. Il faut dire que la saison était vraiment mauvaise. Ne désirant pas finir fauché comme les blés, je pris la décision de prendre le taureau par les cornes. Dès demain, j'irai chercher un boulot ! Un vrai ! Bien payé, avec voiture et escargophone de fonction, pensais-je déterminé. Oui mesdames et messieurs, vous ne rêvez pas. Moi, Aeko Rin, je prends ma vie en main ! Autant dire que ça promet...

C'est donc dans l'optique de dénicher le job parfait que dès l'aube, je quittai mon domicile histoire de me rendre sur la place centrale de TaraLuvneel. Là-bas, il y avait certainement des petites annonces, des boulots à temps partiels ou à temps plein. En bref, si vous vouliez trouver un travail, il était fortement conseillé de passer par la case : « Place centrale ». C'était presque une obligation. Arrivé là-bas, je me dirigeai vers un panneau en bois installé par la collectivité locale. Sur ce-dit panneau était censé se trouver une série de métier en tout genre que l'on recherchait pour X ou Y raison. Ainsi, il y avait du travail pour des charpentiers, des ingénieur, des pêcheurs et même pour des éleveurs de coqs. Pour faire simple, disons qu'il y en avait pour tout le monde, sauf pour moi. Effectivement, un simple coup d'œil permettait de se rendre compte qu'il n'y avait aucune demande pour un jongleur ou pour un artiste de cirque quelconque, rien. Le néant total. Au fond, cela ne m'étonna qu'à moitié. Nous étions à TaraLuvneel, ville du cirque et des jeux. Ne nous méprenons donc pas, ils étaient nombreux les gus comme moi à vouloir un boulot dans le domaine du spectacle.

Résultat, à défaut de mieux, j'acceptai de devenir jardinier, puis baby-sitter et enfin gardien de zoo. Mais après une semaine à travailler dans ces différents secteurs, je me rendis compte que toutes ces professions étaient...Nulles. Qui plus est, ce n'étaient pas les quelques pièces apportées par ce dur labeur qui allaient me permettre de vivre et manger comme un aristocrate. Dans tout les cas, je n'abandonnais pas. Quand bien même il s'agissait d'une chimère, je continuais encore et toujours de chercher ce « boulot bien payé ». 

Jusqu'au jour où la chimère tomba du ciel pour atterrir sur une place de marché, place où je faisais le rabatteur – vous savez, ces gens qui crient : « TOMATES PAS CHERES » et que vous avez envie de tuer tellement vos tympans souffrent – pour la journée. Dans ce lieu de commérage et de racontars, une rumeur circulait : Un capitaine, un certain Fon Kunguon, aurait amarré sur une des plages de TaraLuvneel avec son navire et ce, pour la semaine. Son but ? Se détendre avant de reprendre la mer et trouver des pirates avec qui voguer. Sur le papier, le nom de pirate ne faisait pas rêver grand monde, pas même moi. Néanmoins dans les faits, tout le monde parlait de salaire digne des plus grands. Deux cent cinquante mille berrys par mois plus les primes en cas de découverte de trésor. Un beau pactole en somme. Toujours d'après les ragots des grands mères voisines, le capitaine embauchait huit personnes, dont au moins quatre artistes ou hommes ayant des bases dans un domaine lié au spectacle. D'où leur venue à TaraLuvneel pour leur recrutement. C'était ma chance. Les Dieux m'avaient – enfin – aidés. Ils avaient jetés leur pluie divine sur TaraLuvneel en faisant venir ce Fon Kunguon ici. Désormais, c'était à moi de cueillir les bienfaits des divinités. Pour cela, il n'y avait pas trente six solutions. Je devais me rendre au port, voir ce capitaine et le convaincre de me prendre parmi les siens.


Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:45, édité 2 fois
    Sans plus attendre, je me dirigeai vers la plage, où était censé se trouver le fameux rafiot du célèbre Fon Kunguon. À mon grand désespoir, le capitaine et son second ne se trouvaient pas à bord. En effet, il n'y avait pour surveiller le bâtiment que quelques gars. Parmi eux, un retint mon attention. Il était assez jeune, portait des lunettes, avait des cheveux mi-long de couleur bruns et une petite barbe de trois jours. Une fille normalement constituée aurait pu le considérer comme « Beau gosse », moi étant un homme hétérosexuel – ne riez pas maintenant, je risquerai de mal le prendre – je trouvais simplement qu'il avait un certain style. Abordant le jeune homme, j'appris après quelques banalités échangées que le capitaine et le gros de son équipage se trouvaient au quartier ouest pour leur recrutement ainsi que pour faire les pleins de boissons et de vivres. Lui dans l'histoire ? Il était un simple ingénieur fraîchement engagé et allait m'amener là-bas. Car oui, il en avait, d'après ses dires, plus qu'assez de rester ici.

    Ne perdant pas de temps en tergiversations inutiles, je quittai les lieux, direction le quartier ouest. Sans trop de surprise, il ne me fallut pas des heures pour trouver l'équipage de Kunguon. Et pour cause, tout le monde en parlait. « Kunguon est allé vers l'ouest, il y a cinq minutes » à droite. « Le Kirin a amarré il y a trois heures » à gauche. Ou bien ils n'étaient pas discrets, ou bien ils faisaient vraiment exprès de se faire voir. Étant donné qu'il prévoyait de recruter, je songeais plus pour la seconde solution qu'autre chose. Ils voulaient être disponibles, joignables quoi qu'il arrive. Et cela tombait bien car moi, je voulais les contacter ! Suivant donc les indications des passants, je tombais nez à nez avec eux. Ils avaient décidés de prendre une place, comme si de rien était, en guise de terrain de recrutement. Les fenêtres des locaux étaient toutes ouvertes et ces derniers observaient la scène avec stupeur. Une bonne vingtaine de personnes étaient venues au casting et défilait devant le capitaine, son second et un gars qui, au vue de sa tenue, semblait occuper le poste de cuisinier. Notons que parmi les prétendants au poste, une grande majorité était issue du monde du spectacle. Autant dire que la concurrence allait être rude.

    À chaque personne qui s'avançait, un nouveau refus. Ce petit homme, « le cap'taine Fon » comme l'appelait si bien les autres était assez exigent. Les traits marqués par le temps et la voix autoritaire, il faisait froid dans le dos. Personnellement, il était la dernière personne à qui je voulais avoir à faire. Certains le disaient méchant, moi je ne savais pas réellement de quoi il en retournait à l'époque. Effectivement, j'étais la dernière personne à être aux faits comme on dit dans chez moi. Ces histoires de pirateries, tout ça...Très peu pour moi. Il était seulement question de billets verts, un point c'est tout. Bientôt, tout les candidats étaient tous passés, tous sauf moi. J'étais assez anxieux car Kunguon et ses deux seconds n'avaient pris que quelques personnes. De plus le niveau était relevé, vraiment ! On était bien loin du compte annoncé au départ. Il n'avait pris que quatre personnes et c'était suffisant pour lui, avait-il dit. J'allais donc devoir me surpasser si je voulais avoir une chance d'être sélectionné. Devant mes trois juges, je commençai par me présenter.

    « Aeko Rin. Comme vous vous en doutez, je postule pour entrer dans votre équipage.
    – Bien. On va déjà régler les formalités : Profession, âge, motivations qui t'ont poussées à venir te présenter à nous et accessoirement on veut connaître ton sexe. Je pose pas la question d'habitude mais là, ton prénom et surtout ton physique prêtent à confusion quand même,
    s'était exclamé le second du capitaine alors que la foule se payait ouvertement de ma tronche. »

    … Connard. Voilà ce que j'avais envie de rétorquer à ce minable, vraisemblablement navigateur du Kirin (C'est le nom du bateau). Bien entendu, je m'abstins de tout commentaire et répondis d'un ton qui se voulait neutre :

    « Je suis artiste, jongleur, maître dans le tour des assiettes chinoises. J'ai eu dix neuf ans il y a peu et j'ai toutes mes dents ! Pour ce qui est de la motivation, j'ai tout simplement envie de voyager et de découvrir le monde, et accessoirement comme vous le dites, je suis un homme. »

    « J'ai tout simplement envie de découvrir le monde »...Ah ah. Faites moi rire. Voilà un beau gros mensonge comme on en fait rarement de nos jours. Mais comment leur dire : « La seule chose qui m'intéresse, c'est le salaire », hein ? C'était tout simplement impossible. C'est pourquoi j'inventais à l'improviste ce magnifique bobard qui, on s'en doute tous, n'avait trompé personne.

    «  Hum, okay, soit. On a déjà quelques gars provenant du cirque mais allons-y. Fais nous rêver l'artiste. T'as trois minutes. »

    L'instant de gloire était arrivé, le moment de vérité. Ou bien je faisais bonne impression et avais des chances d'être pris, ou bien je me craquais lamentablement et étais bon pour retourner faire du baby-sitting. La boule au ventre, je sortis quatre assiettes de mon sac à dos et en posai trois au sol. Commençons lentement, jonglons avec une seule assiette. Pour ce faire, je pris une baguette relativement fine, plaçai sur cette dernière ledit couvert et hop ! C'est parti pour le spectacle. Avec mon poignet droit, je faisais tourner le petit bâton et donc, par la même occasion, l'assiette. Dans le même temps, je me courbai, pris un deuxième bâtonnet dans ma dextre, la gauche cette fois-ci , puis d'un coup de pied déposai un second couvert sur ledit morceau de bois. Youhou. Ça faisait deux assiettes posées. Bon, il restait encore à en mettre deux, les plus durs. Pour les placer correctement, je devais d'abord libérer une place dans une de mes mains. Pour ce faire, il n'y avait pas trente six solution, j'allais devoir utiliser ma bouche ! Hé hé ! L'opération effectuée avec succès, il suffisait de réitérer l'exploit décrit précédemment. Enfin, pour le dernier bâtonnet, il y'avait plusieurs solution. Certains préféraient utiliser leur jambes ou leurs dextres – et ainsi avoir deux baguettes dans une main –, moi c'était mon pif. Bon, ça donne un peu un style bizarre, je confirme néanmoins c'est le résultat qui compte ! Et sachez que le résultat, il était bel et bien là. Quatre assiettes trônaient sur quatre bâtons de bois différentes qui toutes étaient tenues par ma sainte personne. Wouhou. Je ne pouvais qu'être pris après une telle prouesse.

    Après ma démonstration, les trois gars, dont le capitaine, me regardèrent étrangement. Ou bien ils étaient abasourdis par tant de grâce, ou bien ils étaient sur le bord de me dire « C'est de la merde ». Je compris en écoutant le navigateur et son « M'ouai » qu'ils penchaient plus sur la deuxième solution. Mais alors que je pensais avoir échoué, l'autre gars, le cuistot, pris la parole et engagea une sorte de débat.

    « Attends. Est-ce que tu peux faire ça avec d'autres ustensiles comme des cuillères, des fourchettes ?
    En théorie oui. Ça doit pas être plus compliqué je pense.
    Excellent, c'est bon pour moi, t'es pris !
    Hein ? Tu comptes le prendre, lui ? On a vu bien mieux comme tour, t'es pas sérieux là ?
    Mec, imagine-le mettre la table en cinq secondes chrono avec ses tours ! Ce serait pas plus pratique pour nous...Et surtout pour moi ?
    Non mais je m'en contre-fou l'ami, on est pas là pour prendre un gars de service hôtellerie. D'autant que je pense pas que...
    Rin c'est ça ? Tu sais te battre au moins ? avait demandé le capitaine, coupant ainsi ses deux seconds dans leur petite querelle.
    Euh...Un peu, oui.
    Bien, vu qu'il y a litige, on va déterminer ça autrement. Tu ne fais pas l'unanimité en tant qu'artiste alors on verra si tu compenses par tes aptitudes au combat. Qu'on aille me chercher les deux recrues de tout à l'heure. Qu'on aille me chercher maître PING et maître PONG. »

    ...Maître Ping et maître Pong ? Miséricorde, faites que ce soient des noms de scènes et rien de plus !


    Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:47, édité 3 fois
      Une petite ellipse plus tard, les maîtres Ping et Pong avancèrent bras dessus dessous et rejoignirent la place sur laquelle nous nous trouvions. Le capitaine expliqua la situation et ajouta qu'en fonction du résultat du combat, il prendrait certainement les frères Ping-Pong, moi ou bien les trois à la fois. En fait dans tout les cas, nous devions nous donner à fond car aucun d'entre nous n'était certain d'être engagé. À première vue, je n'avais pas grand chose à craindre d'eux. Niveau taille, ils tapaient tout deux dans le mètre soixante tout au plus. En bref, ils faisaient ma taille. Leur look était assez original, cela étant en parti dû à leur tenue et à leurs masques. Quant-à leur masse musculaire et bien...Bof. Jadis, ils étaient peut-être très imposants toutefois aujourd'hui, les deux maîtres étaient bien ridicules. Leurs bras étaient fripés, ridés et dans un état déplorables. Il en était de même pour leurs jambes. En outre, étant le challenger, on m'avait laissé le choix des armes. En définitive, j'avais mes chances. Du moins c'était ce que je pensais. Méfions-nous cependant de l'eau qui dort. Armé de mon bâton, je fis face aux deux vieux. C'est alors qu'un des deux se mit à crier – avec le meilleur accent pékinois, je vous prie – avant même que le combat ne commence :

      « Hiiiiiiiiiin ! Salutations, vénérable adversaire. Je suis maître Ping !
      Et moi je suis maître Pong ! poursuivit le second.
      Et ensemble nous sommes les maîtres PING PONG.
      C'est normal que Ping ait dit Pong et que Pong ait dit Ping ?...C'est pas l'inverse ? Toi t'es Ping et l'autre c'est Pong, non ? 'Fin c'est ce que vous avez dis tout à l'heure.
      Hiiiiiiiiiiin !? En effet ! Nous nous sommes trompés ! Attend, on la refait. »

      Après quelques tentatives d'entrée en scène infructueuses, je décidai de prendre les choses en main. C'est vrai après tout, le combat était censé être commencé depuis bien cinq minutes alors à quoi bon les attendre ? Autant les prendre par surprise de la manière la plus fourbe et la plus opportuniste qui soit. Oui, mes amis vous ne rêvez pas ! En ce jour funeste, j'étais décidé à utiliser la fameuse technique du « Casse-Bonbons ». Plus communément appelée : Le coup bas là où ça fait mal. Pour utiliser une telle arcane, il était primordiale d'avoir une bonne diversion. Là, cela s'avérait totalement inutile puisque ces deux abrutis étaient distraits de nature. Profitant donc de leurs gamineries, je frappai à l'aide de mon bâton les parties génitales d'un des deux frères. Lequel ? En vérité, je n'en avais aucune idée. Il faut dire qu'ils portaient tout les deux les mêmes fringues et le même masque, les bougres. Bien que je pensais en avoir terminé avec un deux maître, il n'en était rien. En effet, la victime de ma frappe vicieuse s'était à ma grande surprise assez vite relevée. Notons que pour un vieux, il avait une bonne résistance aux coups bien placés.

      Désireux de se venger, le duo de chinois fonça droit sur moi à une vitesse vertigineuse. Car en plus d'être résistants, ils étaient rapides ces vieillards. Autre qualité qu'on pouvait aisément leur attribuer, la fougue. À entendre leur cris rageurs, c'était à croire qu'ils avaient vingt ans. De mon coté, en voyant ça, je commençais à avoir peur, très peur même. À tel point que je partis dans la direction opposée à la leur. Malheureusement pour moi, ils avaient vite fait de me rattraper et l'un d'entre-eux, vraisemblablement Ping, m'asséna un coup de bâton dans le dos tout en s'écriant : « Piiiiiiiiiiing ». S'ensuivit une magnifique reprise de Pong, dont le bâton toucha mon ventre. Vous devinez alors ce qu'il cria une fois sa cible atteinte...Oui, c'est bien ça. Il s'était exclamé : « Poooooooooong ».

      En infériorité numérique, j'avais peu de chance de les vaincre si je leur fonçais dessus. D'un autre coté, fuir n'était pas vraiment la solution – même si avouons-le, j'avais bien envie de décamper –, il fallait donc trouver un bon compromis entre attaque et défense. Plus facile à dire qu'à faire en réalité. Car plus le combat durait, plus j'avais de chance d'en prendre dans la face. Un Piiing par ci, un Pooong par là puis un Pooong et de nouveau un Ping, et ainsi de suite. Heureusement, j'arrivais plus ou moins à esquiver ou même à parer les coups via une de mes techniques préférées : Le « Casse moi pas la gueule ». Sans cette superbe technique que j'avais apprise à Luvneelgraad, je serai certainement d'ores et déjà au tapis.

      Une détonation survint. Je venais d'esquiver de justesse un coup d'un des frères. Le second fonça alors vers moi histoire d'en remettre une couche, chose qu'il fit brillamment au passage. C'est à ce moment là que je compris un truc. Truc qui allait peut-être m'être utile, ou peut-être pas...Enfin, au point où on en est, autant essayer, non ?

      « Piiiiiiing ! m'écriai-je tout en imitant l'accent pékinois »

      Un éclair de génie.
      Un homme masqué fonça vers moi. Ni d'une ni de deux, je pris appui sur mon bâton, l'utilisai à la façon d'une perche pour esquiver le coup et boom. Un coup derrière la tête, un. Ça, ça fait mal et c'est du one-shoot comme on dit dans le jargon. Un Ping ou un Pong de moins dans le combat. Hourra. Vaincre l'autre ne sera plus qu'une formalité maintenant. N'empêche, je n'en revenais toujours pas. Il était vraiment idiot, le gars. Il m'avait suffit d'imiter son frère pour qu'il me fonce dessus... Sauf si...Hum... Non, ce ne doit pas être ça. Ils sont tout simplement bêtes comme leurs pieds, pensais-je. Enfin, passons. Il m'en restait un à abattre. Sachant que maintenant, il était seul, aucune confusion n'était possible. Un coup à droite, un coup à gauche, une esquive au centre et une tentative de fuite...Euh, non pardon ! Pas de fuite pour cette fois. Excusez ma maladresse, c'est l'habitude, vous comprenez ! Bref, une fois seul, quelques échanges m'avaient permit de prendre l'ascendant sur mon opposant. Jusqu'à ce qu'enfin je pus la voir : L'ouverture. C'était ga-...

      « Assez. »

      Hein ? Non, ce n'était pas assez ! Je voulais le finir le vieux ! Faut pas déconner là ! Il m'avait mit des coups de bâtons en veux-tu en voilà et je devais m'arrêter ? Non mais c'est quoi cette arnaque, grommelais-je outré !

      « Inutile de continuer, vous serez tout les trois pris. »

      Bon, bah, finalement si on est tout les trois pris, moi ça me dérangeait pas de m'arrêter, hé hé. D'autant que quand j'y pense, deux cent cinquante mille berry par mois, c'est le rêve et c'était maintenant dans la poche. Que dis-je, c'était maintenant dans MES poches, nuance ! Peu après mon combat, les seconds brifèrent les recrues. Pour résumer, ils nous avaient demandés de nous préparer et de les rejoindre sur la plage dans six jours. Pendant ce temps, eux, allaient récolter des vivres et faire quelques stocks de matières premières. J'étais officiellement un membre de l'équipage de Fon Kunguon.


      Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:52, édité 3 fois
        Les deux premiers jours à bord furent très tranquilles. Nous mangions assez bien et l'ambiance était au rendez-vous. Ping et Pong ainsi que d'autres artistes recrutés se donnaient en spectacle dans de magnifiques numéros tandis que moi, je servais les repas à table. De temps à autres, je passais moi aussi sur scène et montrais de quoi j'étais capable. Certes mes tours plaisaient moins – du fait de leur originalité sûrement – au public cependant j'aimais être le centre d'attention de ces messieurs, même si ce n'était que pour quelques instants. En bref, le moral était au beau fixe. Cela ne dura cependant pas éternellement. Car s'il est vrai que les premiers jours furent ponctués de cris de joie et de blagues en tout genre, il n'en était pas de même pour ceux qui suivirent. En effet, par soucis d'économie, nous commencions à manger moins bien, aussi bien quantitativement que qualitativement. Quelques loups de mer semblaient par ailleurs plus anxieux que d'accoutumé. Comme si une mauvaise nouvelle venait de tomber. Étant nouveau, je n'étais bien évidemment pas au jus mais il semblait évident qu'il se tramait quelque chose ici. Allez savoir quoi. Ce n'est qu'après une semaine seulement qu'au détour d'une conversation épiée par mégarde, je compris. Sur le bâtiment circulait une rumeur : Le capitaine voulait se rendre sur Grand Line.

        Peut-être étaient-ce de racontars ou peut-être pas. En tout cas, le fait est que cela rendait l'équipage inquiet. Naviguer sur la route de tout les périls, quelle folie pensait-on. Personne, je dis bien personne n'avait signé pour ça. Surtout pas moi. Personnellement, si j'étais à bord, c'était pour deux raisons et uniquement pour ces deux là. Raison numéro une : L'argent. Raison numéro deux : La nourriture et le toit offert. Pour ce qui était des vivres, nous étions clairement en train d'en manquer. Quant- au toit et bien... Oui, nous en avions un. Mais croyez-moi, il n'y avait pas de quoi nous extasier pour autant. Enfin, pour ce qui est de l'argent, il était évident que le salaire offert n'allait pas être aussi mirobolant que promis.
        En définitive, nous nous étions fais rouler. Pire, JE m'étais fais rouler.

        Et pourtant, malgré tout cela, aucune idées noires ne fomentaient encore dans mon esprit. Pourquoi me direz-vous ? Je n'en avais strictement aucune idée. Le fait est que je m'accommodais de cela, de m'être fais avoir, de vivre comme un rat. À croire qu'il me manquait une once de courage pour pouvoir me révolter. Qui plus est, vivre dans la misère était pour moi une habitude alors bon, laissons passer, pensais-je.

        De nouveau, le temps s'écoula et toujours pas de Grand Line en vue. Jusqu'au jour où Kunguon déclara que le Kirin devait faire escale sur une petite île. Cette annonce sonnait comme la confirmation de la rumeur. S'il voulait s'arrêter là-bas, c'était justement pour refaire un plein de vivres et de matériaux. Cela, dans le but de partir pour un long voyage. Ça sentait mauvais, en somme. Et dieu sait que je n'étais pas le seul à penser ainsi. Il est vrai que je ne connaissais rien de la route de tout les périls néanmoins, rien qu'à son nom, je me doutais que cela ne devait pas être une sorte de Club Med'. De plus, voir les autres pensionnaires du Kirin paniquer de la sorte ne me rassurait aucunement. Même le brun à lunettes, le jeune, celui que j'avais croisé sur la plage, semblait être touché par la peur. Bien entendu, sa classe naturelle étant, il flippait avec dignité, pas comme moi, mais toujours est-il qu'il avait les chocottes.

        Comme vous vous en doutez, le fameux jour arriva très vite : Celui de l'escale. Sans trop de surprises, beaucoup tentèrent de s'enfuir. Beaucoup sauf moi. J'aurai bien pu essayer de retrouver ma liberté néanmoins c'était « Un coup foireux » comme le disent les jeunes. Non mais sincèrement, vous ne trouvez pas leur tentative de fuite trop prévisible ? Bien sûr que si. Elle l'était tellement que tout ceux qui tentèrent de quitter le bâtiment furent rattrapés et sévèrement puni. Grâce au ciel, je n'étais pas de la partie ! Le passage sur l'île terminé, nos stocks de provisions étaient de nouveau pleins. Toutefois il n'était plus question de dépenser inutilement lors des deux ou trois premiers jours, oh ça non. Le cuistot et le cap'taine avaient compris la leçon. Désormais, ils allaient faire des économies du début à la fin... À nos dépens bien entendu. C'est ironique n'est-ce pas ? Moi qui souhaitais manger à ma faim et étais venu ici dans ce but précis, je n'avais rien gagné au change. Soit dit en passant, je mangeais presque moins ici que chez moi, à TaraLuvneel. Ah la folie des grandeurs... Je ne me ferai plus jamais prendre pas un charlatan de ce genre, soyez-en sûrs ! Soyons cependant objectifs, je n'étais pas le plus à plaindre. En effet, du fait de ma position – n'oublions pas que j'étais le serveur – je pouvais picorer ci et là quelques mets ne m'appartenant pas, et donc manger à peu près correctement. Oui, bon, je sais, c'est mal de voler les petites portions des autres mais mettez-vous cinq secondes à ma place, j'avais la dalle. Et pas qu'un peu ! Sauf quelques cadres et moi-même, beaucoup maigrirent. Parmi toutes ces personnes victimes de la faim, nous pouvions recenser les fameux maîtres Ping Pong.

        Je les avais revus un soir, après le dîner, sans leur déguisement, amaigris, faibles, encore plus ridés et fripés que l'autre jour. Au départ, je ne les avais même pas reconnus. Ce n'est qu'en voyant leur démarche étrange, bras-dessus dessous, que j'eus un déclic, les identifiai, et compris...Visiblement un des deux frères était mal voyant voire même totalement aveugle. Cela expliquait bien des choses. Entre-autre, pourquoi il avait foncé sur moi lorsque je m'étais écrié : « Piiiing ». Il devait s'agir là d'une sorte de code entre les deux chinois. Les deux, en courant dans tout les sens, me déstabilisaient. Puis, un d'entre-eux, le voyant je suppose, fonçait vers moi, m'attaquait tout en s'écriant « Ping » ou « Pong » histoire de prévenir son collègue atteint de cécité de ma position. Ce dernier se mettait alors à rugir vers moi et à profiter du coup porté précédemment pour enchaîner sans prendre le risque d'être contré. Malin comme procédé, pensais-je un sourire aux lèvres. Et dire que j'avais réussi à déjouer ça sans même le savoir. Quoique en vérité, j'avais eu lors du combat un petit doute, mais alors vraiment petit, hein !


        Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:53, édité 2 fois
          Assez gêné en voyant ces deux êtres frêles et maigres, je ne les abordai pas. Les pauvres étaient devenus des débris d'humanité. Avec leurs masques et leur déguisements, cela se voyait qu'ils n'étaient plus tout jeunes et en bonne santé mais là...C'était bien pire. Fuyant donc la réalité, je repris mon poste et rangeai les couverts. Le lendemain matin, nous nous réveillâmes avec une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la mauvaise ; D'après les commérages, nous arrivions sur Grand Line d'ici une semaine, tout au plus. La bonne était qu'en conséquence, une sorte d'inventaire allait avoir lieu. Le cuistot allait vérifier nos stocks de provisions, le navigateur allait ranger et répertorier ses cartes tandis que l'ingénieur du navire allait passer dans nos rangs pour prendre quelques armes et les rafistoler et, si possible, les améliorer. C'était une aubaine. Il devait ABSOLUMENT retoucher mon arme.

          J'étais bien conscient qu'il n'allait pas pouvoir réparer et modifier tout les joujoux de tout les pensionnaires du Kirin. C'est pourquoi je comptais tirer profit de tout mes pistons pour être sur la liste des heureux élus. J'étais ami ami avec le cuistot et bras droit du capitaine ? (Enfin, ami ami...Disons qu'il aimait le fait que je lui rende service) Et bien profitons-en ! Car qui dit amélioration d'arme dit amélioration de compétences. Et qui dit amélioration de compétences dit amélioration de l'espérance de vie sur Grand Line. Vous avez tout saisi ? C'est bien ! Alors maintenant, prenez vos chaussures de course, car ça va aller vite. En effet, quelques heures après que j'eus appris la nouvelle, l'ingénieur passa pour rectifier mon arme ainsi que celles de trois ou quatre autres gars. À ma grande surprise, l'inventeur du navire n'était autre que le brun à lunettes, celui que j'avais rencontré sur la plage. Oui, je sais ce que vous êtes en train de vous dire : « Ouah, il revient souvent lui dans la même histoire ! » Mais le fait est que sa présence était importante. Vous comprendrez certainement pourquoi plus tard.

          Avant de filer mon arme à ce jeune créateur d'arme, je ne pus m'empêcher de lâcher quelques mots amicaux. Une façon pour moi de faire de la lèche et ainsi d'obtenir une arme de bonne facture.

          « Oh, c'est fou. Vous êtes le garçon que j'ai croisé à TaraLuvneel, à la plage pour être précis. Aeko Rin, vous vous en souvenez ? Je vous avais demandé des renseignements et nous avions échangés des banalités, vous m'aviez même accompagné ! À dire vrai, même moi je ne me souviens plus de votre prénom, donc cela ne m'étonnerait pas que vous ayez oublié le mien. 
          – Ouai'p. Je me souviens plus d'ton blase. Moi c'est Peter en tout cas. Peter Perry Pennington. Appelle-moi triple P, ça va plus vite. 'Fin bref. Passe ton arme vite fait Rin. J'ai du pain sur la planche. En plus, cette sal'té d'cuistot a insisté pour que j'touche à ton bâton alors qu'à la base, je devais pas réparer les armes des nouveaux arrivants. J'sais pas quel sort tu lui as jeté à c'gars là mais tu peux le remercier. Moi par contre je peux le maudire, il m'a ajouté du travail supplémentaire le saligaud, hé hé.
          – Comment ça, je peux le remercier … ?
          Bah, tu vas sur Grand Line l'ami. Aller là-bas sans armes, sans bottes secrètes dignes de ce nom ni quoi que ce soit, c'est un peu comme se jeter du haut du pont ou creuser ta propre tombe, tu vois l'genre ? 'Fin, je dis ça mais arme ou pas, on risque tous d'y passer en fait. Vu qu'on a même pas de Logpose. Disait-il d'un ton de défi mais qui laissait voir la résignation.
          – Hein ? On a pas de quoi ?
          – De Logpose.
          – C'est une marque de soda ?
          – ... Toi t'es pas un pirate, c'est sûr. N'importe qui sait que sans Logpose, on peut pas naviguer sur Grand Line. Et malgré tout ce que Kunguon et son navigateur veulent nous faire croire, ils n'en ont pas, j'en suis persuadé. L'envie et le gloire les aveuglent. Ils sont peut-être réputés ici, sur les Blues mais ce ne sont que des gros poissons dans une p'tite marre. 'Fin, j'sais même pas pourquoi je te dis ça moi, l'ami. Allez, bye. J'ai du taff qui m'attend. Je reviendrai te voir ce soir ou demain matin pour te remettre ton Graal. »

          Sans Logpose on ne peut pas naviguer sur Grand Line ? Diantre, mais c'est du suicide, pensais-je. Je devais absolument me barrer de là avant qu'on arrive. Aller dans un endroit aussi dangereux relevait déjà de la bêtise, alors aller là-bas sans pouvoir voguer normalement, c'était une pure folie. Vite, tirons-nous d'ici. Je devais trouver un plan, un truc. N'importe quoi, je m'en moquais. Quitter le navire à la prochaine escale, tient ! Quoi ? Comment ça, il n'y avait plus d'escale ? Mince ! Que faire ? Prendre une barque de secours et se tailler en douce, un soir ? Eurêka, en voilà une idée ! J'allais faire ça, tient : Ce soir, j'irai prendre une barque et avec elle, je tire ma révérence. La nuit tombée, je sortis de ma cabine sans me faire remarquer par mes autres compagnons. Il était temps de se tailler, ici, maintenant ! J'avais assez attendu. Dans ma main gauche se trouvait un couteau. Petit ustensile que j'avais piqué à mon boss', le cuisinier. Avec lui, je pouvais rompre le lien qui reliait une des barques au Kirin. Mais alors que je m'apprêtai à couper les cordages, un bruit assourdissant se fit entendre. Une sorte de « Plouf ». Suivit alors des lumières, puis d'autres bruits. Encore plus effrayants, ceux-ci étaient indubitablement provoqués par des humains, à n'en pas douter. Au début, je pensais qu'il s'agissait là d'une attaque mais il n'en était rien. Je ne compris pas immédiatement ce qui s'était passé néanmoins mon instinct de proie m'avait poussé à fuir, fuir très loin, retourner dans ma cabine. Nous verrons bien demain de quoi il en retournait, songeai-je.

          Le jour qui suivit, à mon réveil, j'eus une bien belle surprise. Un gars avait eu la même idée que moi, celle de se tirer via une barque. C'était lui que j'avais entendu l'autre soir. Malheureusement pour lui, il a vite été rattrapé par le navigateur en personne et d'autres matelots du rafiot. Comme quoi, mon idée était vraiment naze. Les potins parlaient d'un châtiment à la hauteur de la gravité de son acte. Les gens commencèrent alors à spéculer sur le sort de ce pauvre homme qui avait tenté de fuir. Un certain Perr Vaati Froussard, plus communément appelé Père Froussard. Le pronostique le plus courant concernant sa punition était : La planche. Moi, personnellement, je penchais pour le massacre à la hachette, d'autres pour le coupage de membres. Aucune de ces trois propositions ne furent cependant la bonne. Oui, Fon Kunguon était un vicieux, un fourbe, un être vile et malsain. Il avait bien pire en réserve, bien pire que tout ce qui avait été cité précédemment. Histoire de donner l'exemple, le capitaine du Kirin nous invita tous dans la grande salle du navire. Était entreposé au centre de ladite pièce, une planche imposante où était attaché le fameux Froussard. Tiens, pendant que nous y sommes, décrivons ce dernier, vous le voulez bien ? Bien ! Allons-y. Il était grand, d'un âge plutôt avancé, comme en témoignait sa barbe noire parsemé de poils blancs, sans pour autant être trop vieux. À vu de nez, je dirai qu'il devait être une sorte de jeune grand-père. En bref, il avait entre quarante cinq et cinquante cinq ans. Cet homme était donc, comme dit précédemment, attaché à une grande parcelle de bois. Dans un silence de cathédrale, Kunguon s'avança puis s'arrêta juste à coté de Perr Vaati. Il sortit son sabre, le leva en l'air, puis sourit.

          « J'ai bien envie d'en finir tout de suite mais ma magnanimité me pousse à t'épargner. Je vais donc choisir une sanction bien moins drastique mais plus terrible ! »

          La foule retint son souffle. Moins drastique mais plus terrible ? Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? De nouveau, quelques petits bruits fusèrent, des pronostiques. Puis là, un cri. Un homme, allez savoir qui, s'exclama : « LA PLANCHE », puis un autre « COUPEZ LUI LA MAIN » et ainsi de suite. Mais finalement, après quelques secondes de propositions toutes plus farfelues les unes que les autres, Kunguon trancha :

          « NON, LA CHÈVRE ! »

          Dafuq ? La chèvre ? C'est quoi ce délire ? Me demandai-je. Le pire, c'est que tout le monde était terrifié en entendant ce mot. « Chèvre ». Un pirate un peu dévot à coté de moi se mit même à citer tout les noms de saints qu'il connaissait. Ça donnait soit dit en passant un truc bien drôle, une sorte de : « Marie Joseph, Saint André de la Vierge Marie, Josephine Ange Gardien, pas le châtiment interdit, pas la chèvre ! » Et là, de nul part sortit l'animal blanchâtre. Des sourires carnassiers aux lèvres, les haut gradés de l'équipage firent signe à un garçon d'enlever les chaussures et chaussettes de la victime. Ceci fait, la bête s'avança puis lécha les orteils dudit Froussard. Le pauvre homme se mit alors à hurler...De rire. Un rire faux, gêné, et cela pendant des minutes entières ! Bonté divine, quelle terrible punition. Pire que toute les tortures possibles et imaginables, pire que la mythique planche, c'est certain !

          Les secondes, les minutes puis les heures passèrent et toujours ces mêmes rires. L'expression « Il est impossible de mourir de rire » prenait tout son sens lorsque l'on assistait à pareille scène. C'était tout simplement effrayant. Quelle cruauté de la part de Kunguon ! Ah ça oui, cet homme était un tyran, un affreux, un émissaire de Satan, même ! À mon sens, Perr Vaati ne méritait pas un tel sort. D'autant que si j'avais été un peu plus rapide que lui hier soir, ça aurait été moi qui serait à sa place. Cela étant, j'étais quelque peu gêné. Gêné car heureux d'avoir échapper à ça alors que lui souffrait devant mes yeux. Voilà une sensation bien particulière...C'est sûrement ça que les gens appellent « Culpabilité », m'étais-je dis. Oui, c'était ça. Ce sentiment singulier m'avait poussé à aller discuter – et aider – le vieux père Froussard quelques heures après que son supplice fut terminé.

          M'avançant vers cette silhouette meurtri et tremblotante, je lui tapotais l'épaule. Il se retourna dans la seconde, terrifié, puis me regarda dans les yeux. Je fis de même et me rendis compte d'un fait : Il souriait toujours. Comme si ses muscles étaient bloqués à jamais dans cette position. Condamné à sourire alors qu'il avait subit une torture effroyable, ironique, non ? 'Fin bref, passons à la partie la plus importante de ce passage, vous le voulez bien ? La discussion.

          « Bonjour. C'est moi, Rin. Vous, enfin je veux dire, tu vas pas trop mal ? J'ai vu ce qui t'es arrivé. C'est une sale histoire. J'en suis désolé. Si je peux t'aider d'une quelconque façon, fais le moi savoir.
          Do...Do...Donne... M-m-moi... Un m-m-moyen... D-d-d-de me... b-b-b-barrer. Ça m'aidera, dit-il de la manière la plus hachée qui soit.
          – Si j'en avais seulement un pour moi, crois-moi, je l'aurai utilisé depuis longtemps. D'ailleurs, j'ai cru comprendre que tu t'es barré avec une barque, c'est ça ? Perso' j'aurai fais la même bêtise que toi. Et comme il est impossible de quitter le rafiot autrement, je pense que c'est cramé pour une fuite.
          N-n-n-non. J-j-j, enfin je pense que c'est faisable. Oui. Ç-ç-ça doit l'être. L-l-laisse moi t-t-t'expli...t'expliquer. »

          Froussard m'expliqua en une bonne heure – et six phrases seulement – son « raisonnement ». Selon lui, nous pouvions quitter le Kirin. Il suffisait pour cela d'empêcher la garde de rappliquer une fois la barque à la mer. Bon, en théorie c'était bien beau dans les dires mais dans les faits, empêcher le navigateur de venir relevait de l'impossible quand on sait que sa cabine se trouvait à quelques mètres des minis embarcations. Outre cela, le navire était imposant. Lent, mais puissant. Par conséquent il allait vite avoir fait de nous balancer ses boulets rouges s'il était incapable de nous rattraper. Bref, autant de paramètres à prendre en compte si nous voulions nous tirer de là. Il y en avait tellement que pour tous les gérer, nous n'étions pas assez de deux. Il nous fallait d'autres personnes. D'autres personnes pour mettre à bien le projet, le projet Kirin Break.


          Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:55, édité 2 fois
            Comme dit précédemment, nous manquions d'hommes pour organiser notre fuite. Cela étant, mon nouveau collègue Froussard et moi nous mîmes à réfléchir quant-à d'éventuels complices. Ils devaient être forts, aptes à nous aider et surtout de confiances. Les deux premiers critères étaient remplis par une bonne majorité de pirates à bord. Néanmoins il était bien difficile de déterminer qui pouvait être de confiance ou non. Bon nombre d'hommes désiraient quitter le navire, c'était un fait. Toutefois combien parmi eux étaient prêt à tout pour cela ? Combien parmi eux avaient les nerfs assez solides pour cette lourde entreprise ? Je n'en avais strictement aucune idée. D'autant que même moi, je n'étais pas sûr de pouvoir supporter une telle pression. Car si je ratais, j'étais bon pour le pire châtiment connu ici bas. Après quelques heures de réflexion, deux noms sortirent comme par magie d'un chapeau fictif : Ceux des maîtres Ping et Pong.

            Pourquoi eux ? Allez le savoir. Le fait est que je les avais combattu et étais donc en mesure de témoigner de leur force. Quant-à la confiance, et bien je la leur donnais bien volontiers ! Certes je ne les connaissais que depuis peu toutefois c'est en combattant un homme qu'on est capable de le juger, disait-on. Pour moi, cela ne faisait aucun doute, nous avions besoin de ces deux bougres ! Restait plus qu'à convaincre mon comparse, Perr Vaati. Ce fut assez compliqué mais finalement il accepta. Prochaine étape du plan : Parler aux pékinois et les mettre au jus. En espérant qu'ils ne balancent pas notre plan aux autorités du bateau bien entendu...

            Sous les coups de dix heures du matin, je me rendis là où j'avais croisé les deux frères l'autre jour. Et cela tombait bien car ils s'y trouvaient. Non, vous ne rêvez pas, ils étaient bien là ! Assis, tout les deux à grignoter un petit pain, chipé je ne savais trop où. Ne sachant trop comment ouvrir la discussion je me contentais de balancer une interjection. Un simple « Hé », une manière pour moi d'attirer l'attention de mes deux potentielles recrues. Lesdites personnes levèrent la tête, cachèrent derrière leur dos les morceaux de pain quand un des deux, le voyant, c'est à dire Ping, s'exclama de la façon suivante :

            « Hiiiiiiiiiin ! Va-t-en, petit rapace, tu n'auras rien, rien ! »

            Une méprise. Je ne voulais pas leur piquer leur nourriture, loin de là. Je désirais juste les entraîner avec moi dans ce plan fumeux qu'était le projet Kirin Break. Histoire de ne pas me montrer hostile, je levai les mains en l'air et m'avançai.

            « C'est moi, Rin. Celui que vous avez affronté, vous savez. Je ne vous veux pas de mal, je suis là pour discuter. Juste discuter. 
            – Discuter ? Hiiiiiiiiiin ! Et de quoi veux-tu discuter au juste ? En tout cas, quoiqu'il advienne sache que je suis innocent, que je n'ai rien fais et que je n'ai rien à prêter à qui que ce soit ! 
            – ...Je suis venu vous demander un service. D'ici quelques jours nous serons sur Grand Line. J'ai dans l'idée de tenter une évasion. Seul, c'est du suicide. À plusieurs, ce sera difficile mais sûrement jouable. 
            – Ping et Pong sont intéressés... Chuchota-t-il.
            – Pour l'instant nous sommes deux à avoir signés. Le but sera de quitter le rafiot de nuit, avec une barque. 
            – Ping et Pong sont moins intéressés... Le navigateur nous verra et nous rattrapera très vite. Il est naze ton plan.
            – Le navigateur, on s'en charge. On va le buter. Enfin...Pas moi, je suis trop lâche pour ça mais vous, vous pouvez peut-être le faire. 
            – Ping et Pong ne sont plus intéressés... Le risque est trop grand.
            – Vous préférez rester ici ? 
            – Je viens, interrompit le frère atteint de cécité.
            – Pong, tu es sûr de toi là ? ajouta-t-il en tentant de résonner son frère, en vain.
            – Bien. Ping et Pong sont sur un bateau, Pong tombe, la question est maintenant de savoir : Qui reste-t-il ? ... avais-je dis en riant.
            – Personne. Si Pong tombe, Ping saute avec lui. Je viens. Je suis bien obligé de rester avec mon frère si je veux réaliser notre rêve.
            – Oh, ton rêve tu dis ?
            – Ouai ! Avoir assez d'argent pour construire notre propre resto' japonais ! dit-il avec fierté
            – Mais...Vous êtes chinois, non ?
            – Ça, les clients ne le sauront pas, hé hé ! ricana le plus jeune des frères.
            – Pas faux...
            – Et pis toi, Rin, t'as des origines japonaises, non ? Et pourtant vu tes fringues, tu joues au pékinois. Alors sache que l'inverse est aussi possible.
            – Pas faux, vraiment pas faux... »

            C'est sur ces mots que se termina notre entretien. Nous avions désormais deux combattants preux et aguerris. Il était donc possible de démarrer le projet. Du moins c'était ce que je pensais à ce moment là. Car la réalité était tout autre. S'il est vrai que nous étions désormais quatre, il nous manquait encore bien des détails à régler. Froussard nous avait expliqué que pour décrocher une barque, il lui avait fallu une bonne dizaine de minutes. En outre, les canons étaient notre bête noire. Oui, il n'y en avait pas une trentaine toutefois ils étaient dévastateurs. Il nous fallait donc nous assurer qu'ils ne fonctionnent pas au moment de notre fuite... Bon dieu, nous avions encore besoin d'autres personnes, sûrement une de plus pour saboter les canons... Mais comment les saboter ? Tant de questions fluaient et refluaient dans mon esprit que ça devint vite le souk. Le pire est qu'à chaque fois que nous répondions à une d'entre elle, vingt nouvelles interrogations apparaissaient. Il était donc inutile de débattre, de chercher des heures durant, nous avions besoin d'hommes et d'une tête pensante de préférence. Effectivement, il était inutile de s'improviser chef d'un tel projet alors que nous n'avions ni les compétences, ni les connaissances nécessaires pour assumer le plan dans son entièreté.

            Midi. Il était midi et nous n'avions toujours pas dénichés de « chef de projet ». Il y avait bien un ou deux gars par ci par là toutefois les convaincre me paraissait difficile voire impossible. À ce titre, je ne préférais pas prendre le risque de leur parler de notre entreprise. Puis, alors que je cherchais un bon petit gars capable de saboter les canons et de nous aider, apparut l'ingénieur. Il avait en main un bâton, mon bâton.

            « Yo. J'suis un peu à la bourre, j'sais. J'avais dis le soir ou d'main matin mais finalement j'ai eu un empêchement technique, pas assez de pâte, de boulons, 'fin tu connais la chanson. Un beau bordel quoi. Le fait est que j'ai ton arme. Elle est là, belle, propre et surtout légèrement améliorée. Bon, pas de quoi casser des briques non plus mais j'ai pu en faire un truc sympa. Tu m'en diras des nouvelles. Regarde, tu vois ça ? Ça coulisse, un peu comme un télescope en fait. J'ai repris le concept pour en faire un bâton télescopique. Du coup ça peut faire entre soixante dix centimètres à un mètre et des bananes. Tu noteras qu'il est plus long qu'avant, j'avais du bois en rab alors j'me suis dis autant allongé la bête. Bien, sur ce, j'ai encore beaucoup de retard, je te laisse. Tchuss.  »

            Wahou. Mon arme avait la classe désormais ! Pensais-je alors que Peter tourna les talons et commença à s'en aller. À peine avait-il fait trois pas que cela m'apparut comme une évidence, c'était lui. L'homme dont nous avions tant besoin. Cette tête pensante, ce gars capable de saboter les canons, de nous aider : Peter Perry Pennington alias triple P.

            «Cinq secondes ! S'il te plait.
            – Yep' ? demanda triple P en se retournant.
            Je... Je pense avoir besoin de toi. C'est... Assez compliqué ; Je t'explique. »

            Et là nous entrons dans le passage : « Il raconte tout ce qui s'est passé depuis cinquante ans à un mec ». Autant dire que ce fut long, fastidieux et …Chiant. C'est pourquoi je vous rassure, nous allons passer à la suite sans plus attendre et plus particulièrement à sa première réaction concernant mon plan.

            « Bon dieu, t'es un maboule, il te manque une case toi ! Ton plan est totalement foireux. Il est hors de question que j'entre dedans, je devrai même te balancer si j'avais toute ma tête !
            – Oh, parle pas si fort, on va se faire entendre. Il est peut-être pas en béton mais il est correct mon plan ! Et puis ou c'est ça, ou bien on est tous sur Grand Line d'ici quelques jours.
            – Vu comme ça, c'est vrai que t'as pas tort mais tu sais ce qu'on, enfin je veux dire ce que vous risquez en faisant vous savez quoi ? T'as pas les chocottes ?
            – Bien sûr que si. Mais tu l'as dis toi-même. Ils n'ont pas de logpose et c'est une opération suicide d'aller sur Grand Line alors bon. Je tente de faire la seule chose que je fais correctement en ce bas monde, fuir. Par contre, aujourd'hui, il semblerait que je ne puisse pas me tirer seul de cette sale affaire. C'est pourquoi je requiers ton aide. Je t'en prie.
            – Le danger est grand mais si tu restes, il l'est tout autant si ce n'est plus. Tu tentes donc un truc improbable et abats toutes tes cartes le premier tour... C'est fou. ironisa Peter.
            – Non. C'est l'instinct de proie. Les oisillons pour fuir les serpents qui les attaquent se jettent bien du haut de leur nid et ce, bien qu'ils ne sachent pas voler. Ils espèrent juste retomber sur une surface douce et ainsi éviter la Mort. C'est ce que je fais là. Je me jette.
            – Au début je te prenais pour un illuminé, un lâche en puissance mais en fait...Je crois que t'en es arrivé à un tel niveau de lâcheté qu'il y a une forme de courage dans tes décisions. Impressionnant.
            – Ça veut dire que tu nous rejoins ?
            – Non. Je ne suis pas encore assez fou pour adhérer à pareille connerie. Cependant j'aime ta façon de voir les choses. J'aime ton lâche courage. Pas assez pour m'investir physiquement mais suffisamment pour accepter de t'aider matériellement. T'as besoin d'un truc pour boucher les canons, c'est ça ? Je peux te donner quelque chose. De la pâte, de la pâte thermique, une de ma fabrication. Ce machin n'est pas censé durcir même sous la chaleur. Il est donc ductile mais terriblement difficile à enlever. Ça devrait pouvoir boucher les canons un certain temps. D'ailleurs en parlant d'eux, il y'en a six sur le Kirin. Dont un, le plus dangereux, sur la figure de proue. L'atteindre sera difficile, il faut passer par la cabine du navigateur et donc le massacrer. Enfin, ça, c'était déjà dans vot' plan de base à ce que j'ai compris, donc ça ira. Pour les barques, j'peux te filer des crochets. Ton copain Froussard doit sûrement le savoir mais y'a trois barques. Faites les toutes tomber en même temps et prenez-en une ou deux. Ils mettront du temps avant de remonter la dernière embarcation. Assez pour vous permettre de vous barrer. Enfin...J'dis ça mais j'ai bien peur que vous ne réussissiez pas vot' délire. Bref, c'pas mon problème. Pour le matos, tout sera sur la table de mon atelier. J'veux pas être mêlé à tout ça alors prévenez-moi le soir de vot' départ, ma cabine sera ouverte, vous n'aurez qu'à entrer et à voler mes affaires. Prenez un peu d'argent en même temps, ça fera réaliste. C'est tout ce que je peux faire pour vous aider...
            – Crois-moi, c'est déjà énorme. Ah, et en passant, nous ne comptons pas attendre. Laisse ta porte ouverte ce soir. »

            Ça pour être énorme, ça l'était. Il nous offrait de la pâte et des crochets sur un plateau d'argent. Tout nos problèmes étaient réglés grâce à lui. Malgré tout, cela me faisait mal au cœur de ne pas le voir nous rejoindre. La compagnie aurait été pleine avec lui... Enfin peu importe. Il avait décidé de ne pas venir et je me devais de respecter sa décision. Le plan Kirin Break allait démarrer ce soir, sans triple P.


            Dernière édition par Aeko Rin le Jeu 23 Aoû 2012 - 17:56, édité 1 fois
              Et encore une fois sur Kirin, la nuit tomba. Chacun d'entre nous se leva alors vers deux heures du matin pour nous réunir. Ceci fait, il ne nous restait plus qu'à suivre le plan comme prévu. C'est à dire : Passer chez l'ingénieur, attaquer le navigateur, boucher les canons dans le même temps puis nous barrer avec les barques. Un beau programme en somme. Beau programme qu'une réflexion vint troubler assez vite. En effet, dans un éclair de génie digne de Jimmy Neutron, l'aveugle avait décidé de nous faire chier. Ou plutôt devrais-je dire, de ME faire chier en soulevant un problème auquel aucun d'entre-nous n'avait pas pensé. Pour bien comprendre, écoutons les dires de cet abruti, vous le voulez bien ?

              « En fait, je me demande, comment on va faire pour survivre en mer sans avoir à manger ? Je crois savoir qu'il y a toujours un réservoir d'eau douce dans les barques mais pour les vivres en revanche... »

              ARE YOU FUCKING KIDDING ME ?! Pensais-je stupéfait. Il était aveugle, pas muet ni sourd bon dieu. Pong aurait pu faire sa remarque bien plus tôt, non !? Non. Cet idiot se devait de la faire au dernier moment. Si seulement j'avais su, j'aurai volé un peu de nourriture en cuisine pendant mes services. Là, il nous prenait complètement au dépourvu. À tel point que j'en vins même à me demander si nous ne devions pas tenter notre chance le lendemain. Après concertation et décision prise à l'unanimité, il avait été décidé de faire un tour du coté des cuisines. Ainsi, Froussard et moi allions chercher la nourriture pendant que les frères Ping et Pong s'habillaient et se préparaient pour le combat qui allait les opposer au navigateur du Kirin, l'un des bras droit de Kunguon. Perr Vaati et moi partîmes, nous allâmes ainsi en direction de la cuisine sans faire le moindre bruits. Ça allait nous faire faire un beau détour mais avions-nous vraiment le choix ? Si nous voulions manger pendant la durée du voyage, non. Qui plus est, sachant que nous n'étions pas sûrs de trouver une terre où nous ravitailler avant longtemps, il était primordiale de bien préparer ce périple.

              Arrivé en cuisine, le barbu et moi ouvrîmes la porte. Froussard ayant une petite épingle à cheveux et ayant l'aptitude fort utile d'ouvrir les portes, nous ne nous fîmes pas prier pour nous servir. Allez hop. Les légumes du déjeuner de demain ? Dans le sac ! Les laitages ? Pareil ! Hop, hip, hap, hep, c'est parti. Un bon gros sac de vivres bien pleines. Finalement ce ne fut pas si long que ça. Comme quoi, mon plan bien qu'imparfait était bon. Certes je n'avais pas pris en considération l'approvisionnement en nourriture toutefois cela ne nous avait finalement pas porté préjudices. Expirant un bon coup, je fis signe au Père Froussard de nous barrer. Chose qu'il ne fit pas. Un morceau de viande géant lui avait tapé dans l'œil et il désirait plus que tout l'emmener avec nous. Ainsi, il s'en alla vers la table de cuisine sur laquelle était entreposée ladite pièce de bœuf – du moins à vu de nez, cela me semblait être du bœuf –, pris la barback', la mit dans son sac, retourna sur ses pas et quitta la pièce avec moi quand soudainement... Oups. Le cuisinier du bâtiment était là, face à moi, armé jusqu'aux dents. Soudainement, ma vie défila sous mes yeux. Je la sentais mal cette affaire, très mal. Le plan Kirin Break allait être un pur fiasco. Il avait beau être deux heures du matin, il était bien réveillé. Suffisamment du moins pour me reconnaître et pousser un : « Rin, que fais-tu ici, mon ami, tu m'as... »

              Je l'ai quoi ? Trahi ? Déçu ? Manqué ? Dieu seul le saura car il venait juste de tomber dans les vapes. Il faut dire que vu le coup qu'il avait subit, c'était compréhensible. Effectivement, un homme, triple P, l'avait assommé à l'aide d'un bon gros gourdin. Assez surpris, je m'exclamai :

              « Tu fous quoi ici ? Oh, et merci. Sans toi, nous étions dans la mouise.
              – J'fais parler mon instinct de proie moi aussi. Et j'crois qu'un lapin vient de buter un chasseur là. Bref, vous foutez quoi ici ? Me dites pas que vous avez pas prévus de provisions avant de partir ?
              – Bah...En fait...
              – Okay, d'accord. J'ai compris, garde ta salive l'ami. J'ai amené la pâte et les crochets vu que vous n'étiez pas encore passés. Je suppose que le plan est encore au point zéro ? Si oui, j'ai une idée. J'ai bien réfléchis et écoute bien ce que j'ai à te dire, ça va te plaire...Ou pas. »

              Écoutant avec attention le plan de Peter, je fus assez surpris. C'était malin, très malin. Objectivement, j'étais bien obligé d'admettre que nous devions agir comme il le proposait. Subjectivement en revanche, j'avais quelques réticences. M'enfin, un dicton dans mon patelin disait que l'on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. De fait, c'était Banco comme on dit chez moi ! Donnant mon sac de nourriture à l'inventeur, je rejoignis les frères pékinois pour leur faire part des changements. Tout était maintenant en ordre pour le projet Kirin Break V2 ! Ah ah. Ping et Pong partirent, masqués et armés, vers la cabine du navigateur. Froussard, accompagné en conséquence par une personne doué de tout les talents possibles, parti quant-à lui vers les différents ponts pour saboter les canons. Enfin, triple P surveillait les alentours dans le but de nous prévenir en cas d'arrivée d'une tiers personnes.

              Pour d'obscures raisons et histoire d'avoir quelque chose à décrire d'intéressant, je vais désormais vous raconter comment s'est passé le combat de Ping et Pong contre le navigateur, okay ? Okay, let's go ! Déjà, commençons par l'entrée en scène. Celle-ci fut tout à fait classique pour les frères pékinois qui, comme des idiots ne profitèrent pas de l'effet de surprise. Oui, on ne change pas les bons vieux Ping et Pong. Comme lors de notre combat, ils s'étaient exclamés :

              « Hiiiiiiiiiin ! Salutations, vénérable adversaire. Je suis maître Ping !
              Et moi je suis maître Pong !
              Et ensemble nous sommes les maîtres PING PONG.
              Hiiiiiiiiiiin !? Mon dieu Pong, on a enfin réussi. Tu as dis Pong et j'ai dis Ping ! Il y a eu, l'espace d'un instant une cohésion totale entre nos deux esprits. C'est un signe, nous allons gagner, c'est sûr ! »

              … En fait, il suffisait juste d'inverser. Ping devait dire le premier mot et ainsi laisser à Pong le dernier. Pas d'histoire de cohésion, les deux gus étaient juste totalement idiots. Mais passons au combat. Leon Flech – c'est ainsi qu'il s'appelait – sortit son arme, une rapière, fine, élancée. Les frères pékinois firent alors de même en sortant leur bâton respectif. C'était parti pour une bonne séance de fight ! Une chose était certaine, j'étais bien content de ne pas être de la partie. Les échanges furent âpres. Comme prévu, les frères mirent en place la même stratégie que contre moi. Ils coururent dans tout les sens une bonne partie du temps pour déstabiliser Leon quand, jaillissant comme un éclair, Ping donna un coup puis prévint Pong via un cri bestial. À partir de là, Pong relança avec un second coup bien placé. Cette tactique bien qu'ingénieuse ne fonctionna pas et ce pour une raison simple ; Le navigateur avait assisté à mon combat avec eux et connaissait donc l'astuce. De fait, il esquiva les assauts répétés de Ping et tenta à plusieurs reprises de toucher le pauvre Pong, en vain. Ce dernier était rapide, agile comme une gazelle... Ou comme un lapin apeuré, au choix. Moi, je pencherai plus pour la gazelle mais après c'est à vous de voir, hein ! Les échanges furent nombreux et aucun ne prit réellement l'ascendant sur l'autre. Comme vous vous en doutez, Leon tenta a plusieurs reprises de sortir de la cabine pour prévenir les autre néanmoins à chaque fois, il fut stoppé dans son élan par un des deux frères. Les bruits occasionnés par la bataille était quant-à eux gênants et menaçaient de nous faire repérer toutefois la houle du soir couvrait relativement bien le son assourdissant du fer et du bois qui s'entrechoquait. Toujours après quelques passes et blessures de part et d'autres – dont une taillade assez large au niveau de l'épaule pour Ping –, les idiots d'Orient comme nous pouvions les surnomer décidèrent d'en finir.

              « Hiiiiiiiiiin ! Frère ! Finissons-en avec cet énergumène. La botte secrète, maintenant !
              Okay, frère ! »

              Et là, un blanc, un bon gros blanc. Si énorme que personne n'aurait pu avoir quelque chose à redire en ce moment, personne sauf le navigateur du Kirin qui ne put s'empêcher de s'esclaffer et de foncer sur les deux vieillards. Là, un des deux frères, allez savoir lequel, utilisa une de mes techniques. Peut-être l'avait-il apprise en me voyant la réaliser ? Peut-être. Dans tout les cas, le fait est qu'il se baissa légèrement puis...PAN ! Un coup dans les parties sensible ! Hop. Voilà toute la descendance du pauvre Flech qui partait en fumée, héhé ! La douleur du moment effacée, le bretteur se releva, furax. Cela se voyait à son regard, il souhaitait en terminer, maintenant. C'est pourquoi, dans un éclair de génie emprunté à ma sainte personne, il s'écria :

              « PIIIIIING ! »

              En entendant le bruit, Pong se rua vers l'ennemie dans le but de lui asséner le second coup de l'enchaînement. Chose qu'attendait impatiemment le fourbe Flech. Il souhaitait voir le plus âgé des frères s'approcher suffisamment pour pouvoir l'attaquer à l'épée et le faire entrer dans, c'est ce qu'on appelle plus communément dans le jargon, la mêlée du sabreur. Malheureusement pour le membre de l'équipage de Kunguon, cela n'allait pas se passer ainsi aujourd'hui. Oui, par un prodigieux miracle, le bâton de Pong s'agrandit. Passant d'un mètre quarante à un mètre quatre vingt ce qui surprit le pauvre Flech qui prit le coup en plein ventre. Dans la foulée, le vainqueur, comme pour faire écho au cri précédent, ajouta :

              « RIIIIIIN ! »

              Et oui, derrière le masque, c'était moi. Comme le voulait Peter, nous avions échangés de place Pong et moi. Et pendant que nous combattions, Froussard et le vrai Pong bouchaient les canons. D'ailleurs en parlant de canon, il y'en avait un que seul nous pouvions boucher. Celui qui se trouvait sur la figure de proue, le plus dangereux d'après triple P. Après deux trois baffes données à ce sale navigateur qui avait douté de mon appartenance au sexe fort, je bouchai ledit canon. Par la suite, nous partîmes de la salle en prenant bien soin de cacher le corps de Leon. Nous y étions presque. Les lanceurs de boulets étaient bouchés, le navigateur mit hors d'état de nuire. Si je résumais bien, il ne nous restait qu'à nous réunir, faire tomber les barques au même moment, les prendre et nous étions libres. Vraiment libres.

              Nos devoirs accomplis, Ping et moi rentrâmes. L'ingénieur Pennington nous attendait, un sac de vivres à ses pieds. En passant, il fut assez surpris de voir que nous avions réussi à terrasser le navigateur. Bref ; Triple P avait ses crochets et n'attendait qu'une chose, que Pong et Froussard censés boucher les autres canons reviennent. Une, deux, trois, quatre minutes passèrent et ainsi de suite. Bientôt, une bonne dizaine de minutes passa. Un plouf retentit. Une barque venait de tomber à l'eau. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Aucune idée. Dans tout les cas, le bruit étant, nous ne pûmes attendre plus longtemps les deux grands absents de la partie. De fait, nous partîmes vers les barques et nous rendîmes compte qu'en effet, une d'entre-elle venait d'être détachée. Il nous fallait désormais faire vite car quelqu'un allait bien se rendre compte qu'une embarcation manquait. D'autant que le son du bois écrasant la mer était tout à fait audible même pour le pire des malentendants. Ce n'est qu'après quelques secondes de latence que nous comprîmes. Enfin, que Ping comprit.

              « Rin...Sans crochet, combien a-t-il fallut de temps à Froussard pour faire tomber une embarcation déjà ?
              – D'après lui, « une bonne dizaine de minutes ».
              – Et ça fait combien de temps que l'on poirote là ?
              – ...Une bonne dizaine de minutes, j'en ai bien peur...
              – Oh, vous n'êtes pas en train d'insinuer que...
              – Bien sûr que si, il s'est fait la malle ! Ça explique pourquoi mon frère ne revient pas. Il a dû boucher les canons avec lui et l'a laissé pour une X raison. Il ne voit pas, si Froussard ne l'a pas guidé, il ne reviendra jamais au point de rendez-vous.
              – L'enfoiré...Ce Perr Vaati porte bien son nom.
              – C'est bon, pas grave. Un d'entre-nous va aller chercher Pong. Quant-à Froussard, il n'ira pas loin tout seul de toute façon. C'est Peter qui a les deux sacs de provisions.
              – Les ? Il y en avait deux ?... Si oui, l'enflure ne m'a jamais donné le sien. »

              …On s'était fait avoir. Mais le pire était à venir. Des bruits grouillaient dans les appartements de ces messieurs. Nous devions vite détaller avant qu'ils ne rappliquent tous. Pong dans l'histoire ? J'ai bien peur que nous étions obligés de le laisser à son sort. Sans perdre de temps, Peter nous ordonna de quitter le navire. Chose à laquelle ne put se résigner Ping. Pour nous le faire comprendre, ce dernier ironisa d'ailleurs d'une bien belle manière.

              « Hé, Rin. Ping et Pong sont sur un bateau, Pong tombe. Qui reste-t-il ?
              – ...T'es sérieux là ?
              – Très sérieux. Je reste. Il ne peut pas en être autrement.
              – Leon t'a combattu. Il assurera à son capitaine que vous étiez dans l'coup ton frère et toi. T'es sûr de passer à la chèvre si tu ne t'en vas pas.  »

              Peter avait beau tenter de le résonner, cela ne servait à rien. J'en étais conscient. Il n'aurait pas quitté le Kirin pour tout l'or du monde. Son frère était là-bas et son destin aussi par la même occasion. J'espérais le revoir un jour, lui et son frère. Toujours est-il que moi, j'avais à faire ailleurs si vous voyez ce que je veux dire. Loin de Grand Line, de cet affreux équipage et de tout ses soucis. Tout comme cette enflure de Froussard, je devais détaler.

              Quatre jours plus tard, triple P et moi rejoignîmes une petite île de East Blue. Là-bas, je profitais de quelques unes de mes pièces pour passer un coup de fil – ou d'escargophone – et ainsi m'assurer d'une chose : Que le capitaine Kunguon ne vienne jamais plus m'importuner ou réclamer vengeance. Pour cela, rien de mieux qu'un bon vieil appel anonyme de ce genre : « Bonjour, d'après mes informations, le Kirin traverse en ce moment même Reverse Montain ! Arrêtez-le. » Et le tour est joué ! Bon, certes c'était lâche et fourbe toutefois j'étais prêt à tout pour être de nouveau tranquille. La vie de pirate, c'était bien trop compliqué pour moi.