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[D]own the Road

La mer à perte de vue, l’horizon ou rien n’apparaissait, le soleil qui frappait fort sur nos caboches, le futur s’annonçait incertain, sinon particulièrement pénible. Ma malchance habituelle me jouait encore des tours, et en observant le médecin et nouveau compagnon qui tentait d’apprendre à Bee à colorier sans dépasser, je me disais que la situation ne pouvait décemment pas être pire. Ma jambe me faisait toujours souffrir, la tête me tournait à cause de la commotion et de la chaleur, et la voix entêtante du toubib qui grondait mon ami à chaque fois qu’il avalait la feuille ou le feutre qu’on lui tendait (chose qui arrivait relativement souvent, pour ne pas dire « à chaque fois») rendait le trajet jusqu’à Hinu Town insupportable. Je me laissais aller au sommeil par instant, trouvant cette échappatoire plus tolérable au vue de mon état de santé, mais la voix mielleuse de Robb Lochon et les caquètements mécontents du robot-canard lorsque son tuteur tentait de lui mettre une fessée pour je-ne-sais-quelles-raisons-farfelues me ramenaient toujours à la triste réalité qui était mienne. Et vu comment les choses s’annonçaient, j’allai devoir prendre mon mal en patience et faire preuve d’un calme légendaire. Certainement que si la fatigue et la faim n’avaient pas pris pleinement possession de mon corps, j’aurais été plus tenté de rire de la situation. Mais pour l’instant, et malgré toute la bonne foi du monde, ce n’était humainement pas possible, pas pour moi en tout cas. A présent, je n’avais plus qu’une seule certitude, solide, immuable :

Si l’enfer pouvait se réincarner sur terre, il ne le ferait pas d’une façon différente.

Clair qu’être coincé sur une petite barque, la jambe dans le plâtre et le crane à moitié défoncé, depuis plusieurs heures sous un soleil de plomb sans voir l’horizon entre un duo d’idiots qui ne se supportait pas, ça avait de quoi rendre dingue. Et on pouvait s’imaginer aisément que rien n’aurait pu venir empirer le tableau.

C’était sans compter sur ce cher Murphy et sa loi de l’emmerdement maximum, qui avait dit un jour que si une situation peut mal tourné, elle mal-tournera forcément.

Alors, forcément…

*

Thor se leva ce matin-là sans envisager que sa vie allait véritablement basculer. S’installant à sa terrasse, regardant le paysage de désolation qui s’amoncelait à ses pieds, il prit pourtant l’initiative de nettoyer le marais pour lui donner plus de charisme. Difficile à faire, la tâche lui prit une bonne partie de la matinée, mais après avoir débouché un passage, le reste des déchets s’évacua de lui-même. Il en fut satisfait. Il retourna à sa terrasse et attendit un instant. Et au bout d’une bonne demi-heure, un rayon de lumière perça le ciel obscur et impropre du marais. Il resta bouche-bée quelques minutes, avant de se dire que le Père Jean devait absolument venir voir ça. Il prit donc son épée et parti en direction de l’église, essayant de se faire particulièrement discret, pour ne pas que les sbires de son frère ne le remarque.
Et enfin, après une longue épopée de cinq bonnes minutes, il arriva jusqu’à l’église. Il ouvrit la porte à la volée, ne prenant même pas la peine de voir s’il y avait des fidèles à l’intérieur. Par chance, personne, mise à part celui qu’il cherchait en train de prier :

« Père Jean ! Père Jean ! Venez-vite ! »

Le père-jean n’avait pas l’habitude de se faire sortir de ses pensées de la sorte, mais l’air affolé du jeune blond lui fit comprendre que la chose était réellement importante. Se levant, attrapant son chapeau et son arme, il prit le pas vers le jeune croyant. Le garçon l’amena au marais, là où il vivait depuis que son frère l’avait banni du village à cause d’une broutille. Père Jean n’était pas du genre à apprécier l’arbitraire, mais Loki était l’envoyé de dieu, le messie, et sa parole était toujours juste.
Ce midi-là, Thor avait pourtant pris la sage décision de braver l’interdiction de son frère en courant jusqu’à l’église, car quelque chose se passait. Lui pointant le sommet du ciel, là où la lumière passait miraculeusement, illuminant le marais maudit, le Père Jean fut touché par la grâce divine. Et une cascade d’eau tomba du paradis. Des voix lointaines, semblables à des murmures qui faisaient échos, s’unirent pour pousser un cri du cœur. Quelque chose d’énorme se préparait, au paradis…

« Mon fils, je crois que Dieu nous envoie quelque chose ! »

S’agenouillant solennellement, le visage tendu vers le ciel, les mains suppliant le seigneur, Thor resta debout, fixant le sommet avec une certaine anxiété.

« Un message du Seigneur, nous devons l’écouter !… »

*

Wailord n’avait rien pu faire de sa matinée. Et pour cause, elle avait eu d’affreux maux de ventre. Cela l’avait empêché de dormir une bonne partie de la nuit et de bouger l’autre partie du matin. Et impossible de savoir ce qu’elle avait pu ingérer pour ne pas pouvoir se mouvoir. Des gargouillis, comme des fourmis dans le ventre, des sensations désagréables qui l’avaient tenue éveillée tout ça de temps. Tournant sur elle-même, essayant plus ou moins de faire partir la douleur en se frottant contre les rochers et le sable au fond de la mer, la douleur ne se calma qu’à midi pour son plus grand plaisir. Elle reprit donc ses activités, comme la recherche de nourriture, de poissons, de bois et de plancton pour se contenter ou encore le jeu avec les autres petits poissons du fond de l’eau. En quelques heures, Wailord était capable de parcourir les différentes îles des mers de West Blue, obtenant par ce fait différentes espèces de poissons qu’elle appréciait particulièrement. Elle était de toute façon du genre à avaler n’importe quoi et sans soucis, de jouer avec n’importe qui et sans soucis, mais ce qu’elle préférait par-dessus tout était ses bouts de bois flottant à la surface, une gourmandise dont elle se privait depuis un moment à cause d’une mauvaise expérience. Ce midi-là, pourtant, lorsqu’elle vit le petit bout de bois flottant à la surface, Wailord se mit à chanter. Elle n’était pas du genre à avoir une grosse mémoire, mais sa dernière indigestion l’avait pas mal refroidie. Elle s’était privée très longtemps de ce qu’elle préférait, à regret. Et au vu de la taille du petit bout de bois, elle se disait qu’elle ne craignait rien. Il était donc temps, pour elle, de passer outre le passé et de profiter, à nouveau, de ce qu’elle aimait le plus au monde.

Et c’est ainsi qu’elle monta vers la surface, la gueule grande ouverte en offrant à la mer sa plus belle chanson, sa plus belle voix, tournoyant comme la plus heureuse des baleines.

GLOUPS

*

« Gloups ? »

Pour en revenir à la loi de Murphy sur l’emmerdement maximum, ce bruit était celui qui annonçait effectivement que « Regarde bien ma fille, ça va être pire ». Robb et Bee s’arrêtèrent un instant pour tendre l’oreille et vérifier que je ne m’affolais pas pour rien. Ce bruit ne venait d’aucun de nous. Puisque rien ne se profilait à l'horizon, Robb prit l’initiative de regarder sous nous. Et à en croire la tête du dit Robb, ses yeux ronds comme la lune, sa bouche pendante et son teint pâle du type qui avait vu quelque chose de vraiment horrible, nous étions tous les trois dans de beaux draps. Malgré toute ma bonne volonté à croire qu’être toujours coincée entre ces deux crétins était de toute façon la pire des choses qui pouvaient m’arrivé et m’emmerder au plus haut point, le son tonitruant d’une chasse d’eau que l’on tire, la barque commençant à partir en arrière et l’immense masse sous nos fesses qui menaçait venaient, en effet, me confirmer que Murphy avait toujours raison.

Malheureusement.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t3945-fiche-technique-de-lilou#4
  • https://www.onepiece-requiem.net/t2202-
[Post toujours un peu long, mais avec beaucoup moins de mots je crois ! Dis-moi si j'm'améliore Lilouuuuuuuuuuuuu !?]
AVANT TOUT ;
Il y aura deux sortes de musiques, celles juste mentionnées (sous la forme suivante :"Écris sur et inspiré par") et les musiques que je jugerais plus importantes (qui seront sous la forme du lecteur Youtube). Si je ne force personne à bien entendu les écouter, je demanderai aux éventuels correcteurs d'essayer de le faire pour les musiques jugées importantes, car j'essaie de les choisir minutieusement et cela peut permettre parfois de faire comprendre des choses seulement effleurés dans le texte ou au contraire, les démultiplier. Bref, je vous enjoins à le faire, mais vous êtes seuls maîtres à bord.

Dans toutes les cultures du monde se retrouvaient plusieurs concepts farfelus : Destinée, Fortune, Karma, Malchance et ornithorynques. Certains les priaient, d'autres les rejetaient violemment, mais seulement une et une seule catégorie de personnes pouvaient mouvoir et voir agir ces forces autour d'eux. Tantôt maudits, tantôt conquérants, sources des contes et faiseur de légendes, ces hommes et ces femmes-là restaient gravés dans les mémoires. Une seule chose les différenciait des autres : c'était leurs actes. Hérauts du Changement, dérogeant à la courbe inflexible des évènements, brisant les fils de la destinée pour tisser leur propre histoire, une sorte de force les poursuivait sans cesse, telle une scoumoune persistante, un karma joueur, qui les poussait là où aucun n'allait.

Une force qu'on appelait Aventure.

« Mais c'est pas vrai ! Mais enfin, mon p'tit Bee, c'est pas encore l'heure du goûter ! Allez, donne à Papa le crayon et la feuille que tu viens d'avaler. Sois gentil. J'ai sauvé Lilou, tu t'rappelles ? On est potos maintenant, hein ? Hein qu'on est potos tous les deux ? J'te donnerai des graines avec de l'huile de tournesol après ! Allez, tiens, une autre feuille et- NAN ! FAIS UN EFFORT PUNAISE ! Bee... recrache... Bee, recrache ! BEE ! Gngngngn, n'bouge pas, j'essaie de t'les faire vomir. ça s'appelle Heimlich ! Allez, ah putain de... RESTE TRANQUILLE ! Mon p'tit bouchon, calme-toi ! Calme-toi ceserabientôtfininet'inquiètespas ! Et arrête de crier, ça d'vient épuisant à force. Arrête... ARRÊTEUH ! PARCE QUE PAPA IL PEUT CRIER PLUS FORT QUE TOI ! Et c'pas la peine de faire gloups okay ! »

Attends... gloups ?

Le Docteur avait entendu beaucoup de récits à sa taverne natale (il faut savoir que chez les Montagnards, "taverne natale" était beaucoup plus courant comme métonymie que "pays natal", rapport au doux sentiment de chaleur qui coulait dans l'gosier et s'épanouissait dans l'cœur des habitués. C'est à dire toute la population) sur ce genre de bruits. Alors, il n'avait pas envie de regarder. Pas du tout. Bougeant malgré tout trèèèèès lentement ses orteils qui pianotaient dans sa chaussure pour le faire avancer avec toute l'appréhension du monde, son corps, encore plus perplexe et peu enclin à mater qu'lui, se dirigeait, raide, en un angle obtus. Il fallait voir la diagonale humaine d'un bon mètre quatre-vingt cinq à l'opposé de l'avant de la barque bouger, inventant ainsi la célèbre Geometry Dance sur laquelle les professeurs de mathématiques danseraient dans les années à venir.

Puis il se pencha.
Un tout petit peu.
Il regarda l'abîme et l'abîme lui chanta avec prévenance un requiem.
La barque se mit aussi à la Geometry Dance.
Le Papa eut juste le temps de se ressaisir au moment où ils sombraient dans les abysses noirs.

« BEE, PROTÈGE LILOU ! C'EST PARTIIIIIIIIiiiiiiiiii »

L'Aventure n'attendait pas, on la provoquait ou elle nous tombait dessus.

***
Le village tantôt de bric et de broc, tantôt fait de la main de ses fidèles se découpait violemment sur l'horizon ventrale, mais ne cachait pas encore les tronçons d'embarcations diverses, d'algues et d'autres végétaux qui avaient fini par former une véritable forêt dans le ventre de la baleine. Elle s'était tellement agrandie en dix ans qu'il commençait à ne plus voir le marais. Doubler la surveillance serait utile. Il pourrait faire quelque chose. Le Roi des rois eut un sourire méprisant en regardant son verre de vin et en pensant à l'idiot qui lui servait de frère. Calant le récipient dans son champ de vision, tout le ventre de la bête fut soudain submergé de Rouge. Il détourna son regard du spectacle sanglant lorsque Scar et l'un de ses Asgardiens entrèrent dans la pièce, leur offrant à tous les deux un petit sourire en coin.

« J'ai entendu. Je vais devoir faire un discours pour guider mes pauvres hères ignorants.
- Il n'y a pas que cela, ô mon roi ! Votre crétin de frè-
- Attention à vos paroles, Asgardien. Il n'y a que moi qui ait le droit de le traiter d'idiot !
- Oh, pardon, mon Roi. Votre frère, Thor le Banni et le Père Jean Les-Deux-Églises ont quitté leur lieu d'habitation respectif pour se rendre vers le début de votre royaume, Votre Grandeur.
- Je vois. Déploie le double de tes troupes autour du marais et de la ville. Quelque chose pourrait se passer. Va.
- Bien, mon Roi !

Le Roi des rois attendit que l'Asgardien soit sorti pour boire et reposer violemment son verre, éclaboussant quelque peu son bureau. Tout, de ses yeux à ses gestes montrait un bouillonnement furibard, une haine inextinguible... mais contrôlée. Ce n'était qu'un aperçu, Scar ne s'y trompait pas. Un large sourire et un sourcil élevé marquèrent son assentiment saupoudré de mielleux, mais surtout plein de morgue. Bientôt. Très bientôt. Les yeux se croisèrent, verts et bleus trouvant le même écho mauvais et Loki, d'un geste léger du doigt et d'un sourire sinistre enjoignit son bras droit à dire ce qu'il pensait.

- Peut être, je ne sais pas, ces survivants d'un naufrage... ces intrus... ils pourraient être violents. On ne sait pas comment ce genre d'hérétiques réagissent après tout. Et Thor et Jean sont si proches.
- Il faudrait qu'ils fassent attention, n'est-ce pas ?
- Précisément.
- C'est intéressant, mais nous avons déjà discuté de cela, Scar. Je suis Loki, Roi des rois, plein de mansuétude. Mais, bon, je ne peux pas contrôler ce que font des infidèles. C'est en effet peut être le moment. Prends nos... dispositions.
- Il en sera fait comme il vous plaira, Majesté.
- Pense aussi à surveiller les mouvements d'Archie Mède. »

Sans ciller, chacun des regards avaient percé l'autre de part en part durant toute la conversation, triturant avec la sauvagerie froide d'un charognard leurs desseins. Et Scar, comme d'habitude, avait aimé ce qu'il avait trouvé. Loki ne le décevait pas. Jamais. Lorsqu'il quitta la pièce, ce fut avec un grand sourire sur le visage. Loki en arborait un similaire, mais teinté d'autre chose... ce qu'il voyait par la fenêtre de son bureau, c'était le monde, SON monde -Scar y compris- en rouge.

Rouge sang.

***

Il suffit parfois d'un simple grain de sable pour faire dérailler la Roue du Temps. Tel l'irritation du gus qui en a dans ses chaussures, la Roue grince et s'ébranle, volant en mille morceaux. L'Aventure prend bien des voies détournés pour que ceux qui font leur propre Destin puissent agir.

Et souvent, ces mêmes voies sont impénétrables.

« Hérésie ! Blasphème ! SA-CRI-LÈGE !
- Mais puisqu'j'vous dis qu'on vient d'l'extérieur ! *Coup de peigne* On était tranquillou en mer et BAM ! *Coup d'peigne* V'la-t'y-pas qu'on s'retrouve ici, avalé par une foutue baleine ! *Coup d'peigne*
- AUUUUUU BÛÛÛUUUUUCHEEEEER ! »

Cela faisait bien dix minutes que Robb tentait de s'expliquer avec le cureton sans succès et cela commençait à lui courir sur le crucifix. Ils avaient miraculeusement pu survivre grâce à l'eau et à la nature du marais qui avaient ralenti leur chute, ainsi qu'à Bee qui avait récupéré Lilou et avait atterri sous forme hybride, mais il ne s'en était fallu que d'un cheveu pour qu'ils meurent tous dans d'atroces souffrances. Enfin, le bonhomme aux tifs albino-café, lui, avait connu la douleur et ne s'en était pas tiré à si bon compte : après avoir bu la tasse dans le marais -le faisant puer horriblement- il avait glissé sur une peau de banane qui trainait là, avait appris la vrille et s'était connement cogné la caboche contre un bout de leur barque. Et pour ne pas gâcher l'tableau, en se réveillant, un vieux vestige de l'enseignement infernale que lui avait prodigué sa mère avait surgi aussitôt lorsqu'il avait remarqué les deux locaux : un t.o.c. Depuis dix bonnes minutes que le Papa parlait -parler ici voulant simplement dire "essayer d'esquiver les coups de taloches du Père Jean, tout en lui déballant leur histoire en faisant en sorte de bien choisir ses mots pour éviter d'autres attaques du susmentionné gus, ce qui, malheureusement, tendait plutôt à l'effet inverse et à faire monter crescendo leur crime à ses yeux"- il avait sorti un peigne et se coiffait machinalement les cheveux, ramenant ses longues mèches tombantes en une coiffure "d'enfant sage", avec raie-sur-le-côté-s'il-vous-plaît-madame.

Dès qu'il avait vu cela bien entendu, le Père Jean avait tout de suite pensé que la personne qu'il avait en face était un petit enfoiré d'infidèle habité par des démons. Même pas le compliment adressé à Thor, lui disant qu'il était un beau bambin n'avait pu lui mettre dans la poche l’ecclésiastique, mais avait redoublé sa fureur.

« Vous êtes un sacré mythomane vous, sans déconner ! Mais parle mon Fils, je veux bien consentir à entendre à nouveau ton histoire... MAIS SANS MENTIR CE COUP-CI ! SINON, AU BÛCHER FISSA !
- Ah non, c'vous mon fils. *Coup de peigne.*
- Quoi ?
- *Coup de peigne.* Quoi quoi ? T'm'as appelé "mon Fils" mon lapin, *Coup de peigne.* mais moi j'suis pas d'accord. T'es MON fils, mon biquet. *Coup de peigne.* Pas l'inverse. *Coup de peigne.*
- Qu'est-ce donc que ces calembredaines ?! J'attendais un message du Seigneur et j'ai un gros faisan bonimenteur à la place !
- Eh oh eh oh eh oh eh oh, on y va mollo gamin ! *Coup de peigne.* J'viens juste d'm'réveiller et Papa a pas encore pris son café, alors on s'calme ! *Coup de peigne.* »

Jetant un regard à la pauvre Lilou qui avait été rejoint par le dénommé Thor -les deux gus s'étant présentés auparavant et l'autre ayant décidé d'aider la blessée- Robb tira la langue au Père Jean qui tenta de lui coller un taquet dans la tronche et rejoignit Lilou à reculons, lançant des regards noirs au prêtre qui répliquait avec aisance par des gestes très catholiques comme des prières à son encontre et d'autres conneries païennes du genre. Tsss, la religion des Citadins c'est qu'd'la merde ! Un Dieu unique, nan mais qu'est-ce qui faut pas entendre comme connerie, mazette ! C'lui l'hérétique d'abord. Et c'est qu'un gros mérou. Na. Mamie Avalanche se retournerait dans sa crevasse si Elle entendait les conneries qu'il débite... Arrivant enfin près des trois autres, le Médecin apprit qu'apparemment, selon les dires de Thor les gens du village trouvaient souvent des plantes médicinales un peu partout et lui apportait, au cas où le Ciel enverrait de solides gaillards pour leur prêter main forte dans leur grand projet d'urbanisme. Oui, Thor aimait parler de la vie du village. Tout le temps. A tout le monde. Ce n'était pas Robb qui avait besoin d'aide ; c'était Lilou qui avait le regard le plus suppliant des deux.

« Et nos navets sont gigantesques !
- C'est prodigieux. Elle tourna son visage vers Robb, visiblement épuisée.
- Euh... oui, mon bichon, c'est magnifique ! Tiens, tu voudrais pas nous les montrer ? Lilou ici présente a besoin de soins justement e-
- Ah bah nan, je peux pas. On sait pas qui vous êtes, vous avez menti tout du long pour l'instant.
- On est pas des étrangers mon p'tit ! ON EST DES CHARPENTIERS D'ENFER ENVOYÉS PAR LE CIEL ! Lilou c'est une ingénieure du feu de Dieu lui-même-loué-soit-son-nom ! Et regarde mes muscles ! Mes biceps ! Mes triceps ! Si ça, c'pas du bon bras d'ouvrier municipal, j'm'y connais pas moi !
- Et bah pourquoi tu l'as pas dit plus tôt hein ? T'bien un bonimenteur !
- JE SUIS UN VRAI PETIT PAPA, OKAY !
- Bon, bah Père Jean va vous emmener au village alors.
- Bah, ma puce, tu viens pas ?
- Non, notre Saint Roi Loki l'a banni.
- Ah bah pourquoi ? T'as fait des bêtiiiiises ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils et en agitant une main préparée à la fessée à côté de sa tête.
- Non, mais je l'ai mérité hein, je l'ai repris sur une phrase, alors que je sais qu'il est bien meilleur que moi en vocabulaire. A moins que c'était de la grammaire ? Bah, pas grave ! Bon, allez, on y va, lève-toi ma grande ! »

Robb Lochon fronça les sourcils et fixa l'horizon, vers le marais, vers le village et au-delà. Il n'aimait pas cela. Pas cela DU TOUT. Derrière lui, Lilou se relevait et s'appuyer sur Thor, Bee caquetant à ses côtés, tous deux affichaient une mine étrange. Inquiets à propos de ce qu'allait faire le Papa ? Ou inquiets à propos de ce qu'ils allaient faire eux-mêmes ?

***

Écris sur et inspiré par ça.

Archie regarda la vieille horloge qu'ils avaient trouvé il y a cinq ans. En tant que scientifique, il n'avait jamais cessé de remettre en doute les sermons de Loki, mais attendait quelque chose pour pouvoir bouger enfin. Cependant, au fil du temps, ses convictions aussi s'étaient rouillés.

Cette satanée horloge n'avait jamais marché.
Jusqu'à aujourd'hui.

Tout peut changer face à eux. Les hérauts du changement. Et le Destin qui les suit.
L'aiguille recula.

Dorénavant, Archie croirait. Car, bientôt, une Femme de Verre, un Canard Robot et un Homme des Neiges viendraient ébranler son monde.

En haut, le même ciel depuis dix ans.
Et là bas, au loin, alors qu'il ne le savait même pas encore, la route vers un avenir nouveau.


Dernière édition par Robb Lochon le Jeu 28 Fév 2013 - 18:31, édité 2 fois (Raison : correction de quelques p'tits détails)
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« Il y a près de dix ans, la fin du monde a sévi et Dieu nous a épargné, nous étions tous sur le Poséidon ce soir-là. Il nous a protégé et a envoyé mon frère pour nous guider et reconstruire sa terre.
- La fin du monde ?
- L’apocalypse, tout ça.
- Mais… c’est absurde !
- SBAM ! HERETIQUE !
- Aie ! Mais zut à la fin !
- SBAM ! DIEU, AIDE MOI A CHASSER LE DIABLE DE SON CORPS ! KAMEEEEHAMEHAAAAA…
- RAH MAIS LA FERME ! *Vlan ! Paf !*… Continuez, Thor…
- Depuis, le Roi Loki assoie son pouvoir et guide les populations pour faire en sorte que le monde aille mieux. C’est un grand homme, c’est lui qui nous a permis de comprendre notre sort, il y a dix ans. C’est lui qui nous a expliqué. Il a tout vu. Il est tellement admirable !
- Admirable ?
- Et après, c’est moi le bonimenteur ?
- Tenez votre langue ! Notre Roi est un sauveur ! Je ne vous laisserai pas blasphémer et salir le nom de mon frère ! La prochaine fois, je vous coupe votre menteuse !
- Pardon mon poussin, pardon. Mais vous n’avez jamais remis en question la parole du frangin ? Peut-être qu’il a mal vu, ou quelque chose comme ça… NON ! POSE CE TRUC TOI ! Je fais que demander, oh !
- Jamais. Jamais nous ne remettrons en doute la parole de mon frère. Il est bienveillant et droit, il n’aurait jamais pu faire ces choses-là.
- Vous êtes des idiots.
- Pardon ?
- Rien, laissez tomber. »

*

La rumeur s’était rependue, comme une trainée de poudre lançait sur les ailes du vent, partout dans la ville sous-marine. La population nous avait attendus, tous les cinq, à l’entrée du marais, à l’entrée de la cité. Et tous nous regardaient avec des yeux mi-étonnés, mi-effrayés, curieux d’en savoir plus. L’on se rua sur le Père Jean, l’on vint nous tâter du bout des doigts. Robb, à côté du père, Bee, caché entre ses jambes, moi, sur les épaules de Thor qui avait accepté de me transporter jusqu’ici. Une petite fille tira sur mes longs cheveux roux et emmêlés, une autre sur ma tunique déchirée. L’on nous regarda sous toutes les coutures dans une cohue impressionnante, qui nous empêchait de nous entendre penser. Robb saluait les bambins en leurs demandant s’ils avaient besoin d’une nounou, leurs mères se ruaient vers leurs progénitures en les protégeant de ce grand bonhomme aux allures de pédophile. L’on vint caresser les plumes de Bee aussi, en questionnant l’homme de foi :

« Père Jean, qui est-ce ?
- Sont-ils dangereux ?
- Regardez ! Un canard !
- Comme il est mignon ! »

Brouhaha Brouhaha

« Mes Fils, calmez-vous, je vous prie ! Le Seigneur a décidé, ce matin-même, ne nous envoyer une paire de puissants bras ainsi qu’une tête bien pleine et bien faite pour nous aider dans notre village, ainsi qu’un canard qui ne servira pas à grand-chose, mais qui est foutrement adorable !
- Oh ! Vous avez juré mon Père ! fit l’un des fidèles en protégeant les oreilles d’un petit garçon.
- ça mérite une fessée, mon p’tit ! Renchérit Robb avant de se prendre un coup de poing bien senti.
- Oh !
- Mais ça fait mal mon Mignon !
- Ne m’appelez pas « mon Mignon », Mon fils !
- Je ne suis pas ton fils, mon mignon ! C’est moi, ton Papa !
- Rah ! Mais ça suffit bordel à chiotte !
- Oh !
- Mais vous allez vous taire ! »

Le peu d’autorité que je pouvais avoir calma les ardeurs de tout le monde. Robb fit une moue boudeuse avant de croiser les bras sur sa poitrine, le Père Jean rejeta ses cheveux en arrière dans un mouvement noble, levant les bras vers le ciel en clamant fort :

« Ils sont venus pour nous aider !
- Moi, j’n’aide pas les vilains gamins, non mais.
- Robb…
- Putain de Bonimenteur !
- Oh ! »

Jean leva la main, essayant d’assener une tatane à l’insolent qui lui tenait tête depuis le début, mais une voix coupa court à toute bataille entre les deux hommes :

« Mon père, s’ils sont envoyés par Dieu, sont-ils des anges ? Demanda un homme dans l’ombre des autres. »

L’on s’écarta pour le laisser passer et un grand monsieur avec une longue barbe bleue apparut devant nous :

« Archie ? Voyons, bien sûr que…
- Vous nous enseignez, mon Père, que les Anges viennent du ciel et vont sur terre pour apporter la Paix. Serait-il possible, alors, qu’ils en soient ? »

Le Père Jean semblait pris au dépourvu, il était gêné, réfléchissait pour essayer de trouver une réponse. Autour, un murmure s’éleva, posant sans cesse la même question : S’il n’y avait pas d’ailleurs, s’il n’y avait pas d’extérieur, si nous ne venions pas de ce monde, d’où venions-nous ? Si le Roi d’Asgard n’avait pas menti, nous ne pouvions arriver que d’un seul endroit. Archie fronça un sourcil, appuyant sa question d’un regard lourd de sens. Je le fixai avec un certain intérêt, jetant un coup d’œil à Robb pour voir ce qu’il en pensait. Et le médecin ne semblait pas penser à grand-chose, si ce n’est à attirer une gamine avec un bonbon qu’il sortait de dieu-sait-ou.
La situation de ce monde m’apparaissait comme particulièrement complexe : soit ce Roi était de bonne foi et pensait sincèrement qu’il n’y avait pas de monde à l’extérieur, qu’ils étaient les derniers survivants d’une ancienne vie, les protégés, les élus. Soit on avait à faire à un sacrée timbrée, et je n’étais pas sûre d’être capable de démêler le problème avec une jambe dans le plâtre.

« Alors, mon père ? »

Jean, prêtre digne de l’église de la Juste Violence, se gratta le menton. Archie avait toujours été énigmatique, mais en le forçant à admettre ça, que cherchait-il ? Une… Protection divine pour ces trois énergumènes ?

« Pour sûr, Ceux sont des anges, lâcha l’Homme de foi en fixant son vis-à-vis. »

Il y eut un silence pesant. Puis, de nouveau, la rumeur s’éleva, comme les acclamations et les cris de joies. Les fidèles se mirent à danser, à lever les bras au ciel. Archie avait eu ce qu’il voulait. Il me regarda puis me fit un clin d’œil complice, moi, je jetai un regard vers Robb qui, des bambins enserrant ses jambes, pleurait de joie.
Mais tout cela fut de courte durée, car une dizaine d’individus, vêtus tous de longues toges, encapuchonnés, percèrent la foule jusqu’à nous.

« Thor, retourne dans le marais… Je m’occuperai d’eux…
- Mais enfin, mon Père, je…
- Ne discute pas !
- D’acc-
- Le Roi désire vous rencontrer. Thor, vous êtes aussi attendus. »

*

Nous arpentions les rues de la ville, suivant dans un silence pesant les gardes qui avaient fait irruption. Thor nous expliqua qu’ils étaient, et ce qu’ils faisaient : des Asgardiens, la police d’Asgard, si l’on pouvait dire les choses ainsi. Il nous expliqua qu’un homme dénommé Scar était à la tête de ceux-ci et qu’ils épiaient et surveillaient la ville et ses citoyens pour maintenir l’ordre et la paix. Ils avaient, par ailleurs, quasiment tous les droits.
L’image qu’il me peignait, avec la naïveté d’un enfant, me faisait froid dans le dos. Comment ne pouvait-on pas appeler ça une « milice » ? Et comment pouvait-on se laisser faire ? Rencontrer le Roi allait nous être utile, j’avais deux trois mots à lui dire, à celui-là.

« Robb, Bee… Je vous interdis tous deux d’ouvrir la bouche ! Ne nous mettez pas plus dans la galère, ça sent l’endroit pas frais et je n’ai pas envie de finir pendu sur la place du village. Je parlerai ! »

Regard assassin, ils ne lâchèrent pas un mot :

« C’est bien compris ? »

Comme toute réponse, tous deux hochèrent la tête, à l’unisson. Au moins, le message était passé.

*

« Saint Roi d’Asgard, nous avons escorté vos invités…
- Fais les rentrer, Asgardien. »

La voix de Loki était froide, avec une tonalité méprisante. Mes yeux s’aventurèrent dans sa pièce de vie, un endroit immense, un vestige du Poséidon, probablement. Son château se trouvait donc dans l’ancien navire de fortune, dans les lieux les plus beaux, aux escaliers de marbres, au bois lustré, aux objets luxueux. Pour sûr que le frangin ne se faisait pas chier. Il s’installa sur un trône mis en hauteur, nous surplomba et nous lança un sourire qui me glaça le sang. Il se voulait aimable, agréable, mais son teint blafard, sa couronne formé de deux cornes d’or et ses yeux d’un bleu si profond qu’on croirait pouvoir se voir à l’intérieur, me faisait froid dans le dos.

« Je me faisais un devoir d’accueillir nos nouveaux arrivants, l’image que l’on donne, de nos jours, est tellement importante. »

Le Père Jean et Thor s’agenouillèrent solennellement. Robb et moi-même, nous nous regardions en nous demandant ce qu’on faisait là. Ces déclarations faites, en train de feindre la fausse modestie, Loki porta à ses lèvres un verre de vin. Thor releva la tête et s’avançant vers son cadet :

« Roi d’Asgard, mon frère…
- Thor ? Personne ne t’a permis de parler. Mais vu que c’est toi qui as prévenu le Père Jean de l’arrivée de ces… « Anges », j’accepte de te réintégrer dans la Cité d’Asgard. »

Il étouffa un rire au mot « Anges », mais il serra les dents, nous regardant, Robb, Bee et moi-même avec un air malicieux que l’on aurait su dire bon ou mauvais.

« Tous comme vous, envoyés du… Seigneur. Mes serviteurs mettront à votre disposition une chambre dans mes quartiers, vous pourrez prendre place dans mon château, le temps de trouver une solution pour vous… renvoyer chez vous.
- C’est bien aimable à vous…
- Et tout naturel, mademoiselle. Vous pourrez, aussi, me tenir compagnie pour le repas du soir.
- C’est trop d’honneur, lâchai-je avec le même sourire hypocrite. »

Robb me regarda avec de gros yeux, se demandant ce qu’il me prenait. Je lui fis un signe de main, lui disant que je lui expliquerai plus tard. Pas question de faire quoique ce soit ici, et partir, en vitesse, était la meilleure solution à tous nos problèmes. Chacun sa merde, comme on disait par chez moi. Je n’avais pas envie de me confronter à un royaume, surtout à un royaume ou le Roi savait qu’on savait qu’il était un sacré enfoiré. J’avais beau être sympa, parfois, fallait pas abuser.

« Père Jean, vous pourrez repartir après que Scar soit rentré...
- On dit « après que Scar est rentré. », mon Lapin. »

Il y eut un silence de plomb, d’un coup, sur nos épaules. Tous les regards se tournèrent vers Robb, qui se curait grassement le nez. Thor le fixa avec la bouche entrouverte, le Père Jean était tellement décontenancé qu’il n’eut pas le réflexe de prendre un objet quelconque pour tabasser mon coéquipier. Moi, je me demandais à quel moment est-ce que le cerveau de Robb avait définitivement rendu l’âme…

« Bah quoi ?
- Enfermez-le ! »


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Dim 31 Mar 2013 - 15:13, édité 1 fois
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[Bon, celui-ci foiré niveau longueur, mais y a pas mal de dialogues aussi euh ! Alors, ça passe !]
« AAAAAAAAH ! LIBEREZ-MOI ! C'EST TROP HORRRRRRIIIIBLE ! JE M'ENNUIE MOI ! LIBEREZ-MOOOOOIII !
- Prisonnier n°6, cela ne fait que cinq minutes que vous êtes là, arrêtez de crier euuuuh !
- JE NE SUIS PAS QU'UN NUMEROOOOOOO !
- Oh, allez vous faire foutre hein ! Si vous croyez que c'est pas difficile de s'en sortir avec toute la paperasse ! 'Fallait bien qu'on trouve un moyen pour classer les choses ! Vous êtes... vous êtes vraiment pas très sympa !
- Ooooh, j'suis désolé mon p'tit, j'voulais pas t'faire de la peine ! Je te ferais bien un câlin, mais mes deux bras sont un peu attachés là. En plus, tu croirais qu'j'veux ta clé alors...
- Merci bien ! V'savez, c'vraiment pas facile tous les jours d'être un Asgardien ! Alors, okay, on a plein de privilèges tout ça, mais, mais, mais... mais c'est dur ! Et pis, Scar il est jamais content !
- EH OH ! On tape pas sur son patron quand on est un gentil petit garçon bien élevé !
- Dé-désolééééé ! Mais on est soumis à tellement d'pression, je... je...
- Là, là, je comprends mon petit, calme-toi. Allez, viens, je vais te faire un bisou sur le front et tout va aller mieux.
- D'accord... mais... mais... mais, pas d'entourloupes hein !
- Non, t'inquiètes dont pas !
- Okay alors !
- *Bises* Tu vois, c'tait pas si terrible !
- Héhéhé, non, vous aviez raison ! Allez et merci pour les bisous ! VOUS ÊTES SUPER GENTIL !
- Heeeeeeeeeey ! Mais reviens ! DONNE-MOI AU MOINS A BOUFFER QUOI ! »

La zonzon, c'était pas très rigolo. Le Montagnard se tâtait pour savoir si c'était la simple perspective d'être enfermé jusqu'à nouvel ordre ou celle d'avoir été envoyé au gnouf parce qu'un sale bambin-furoncle-enfant-roi-de-mes-deux était incapable d'ouvrir d'temps en temps un Bescherelle qui le rendait en pétard. Ou bien à cause du manque de nourriture... bon, okay, c'était CARRÉMENT à cause de la boustifaille. Déjà que Robb se refrénait pas mal depuis qu'il avait quitté son île, ne faisant que les trois pathétiques repas des citadins, c'tait pas avec un pauvre tercet de quignons d'pains secs et de gallons de flotte qu'il allait bondir comme un gardon. Mais il ne savait pas pourquoi, en tant que Pirate, il sentait que ce n'était pas la dernière fois qu'il devrait se contenter de si peu ou qu'il devrait croupir dans un cabanon tel le roi des sens-la-pisse-crève-la-faim. Cependant, il essayait de voir la vie du bon côté. Alors que quiconque dans le même état que lui - c'est-à-dire un couillon aux deux bras pendouillant enserrés dans des chaînes et crevant la dalle - désespérerait et tenterait de se suicider, il restait encore un espoir au Daddy Cool. Un truc tout con, mais toujours bon, ami des prisonniers en toutes circonstances.

Les mèches ivoires tombantes ne laissèrent voir au départ que le regard morne et vide du taulard, mais tandis que l'ombre du gardien qui aurait dû remplir les mires du détenu d'intérêt passait puis disparaissait, les yeux s'agitèrent, la guibolle se dandina un instant sur le sol et un soubresaut excité fit jaillir de la crasse le plus brillant des objets. L'harmonica décrivit une jolie courbe avant d'arriver dans l'bec du Daddy qui se mit aussitôt à fredonner tant qu'il pouvait un air. Non, juste un son. Un son faible, mais qui, dans la prison résonnait comme une petite lucarne sur l'extérieur. Sur la liberté. Le voisin de la cellule d'à côté faisait toujours le guet pendant que l'autre jouait, peut être une seule note, peut être un air entier si on connaissait, mais toujours, oh toujours quelque chose qui ravivait le cœur et qui disait "Je suis ici. Et je n'oublie pas". Je n'oublie pas que tu es dehors Lilou. Jamais. Peut être à la merci de ce roi. Mais j'ai confiance en toi. Tu sais ce que tu dois faire, j'en suis certain. L'obscurité reprit bientôt ses droits, lorsqu'il fallut passer à un autre l'objet du crime pour qu'il le cache au moment où on entendait les bruits de pas d'un Asgardien. Ce petit bout d'métal, c'était le symbole de leur précieuse liberté. Une lueur dans la plus sombre des nuits. Le Montagnard avait cependant plus de chance que les autres : deux lumières aussi brûlantes que le Soleil étaient dehors et l'attendait. Il tenta encore d'arracher ses chaines, mais n'y parvint pas.

Irritation. Respiration. Souffle. Et les mêmes noms qui reviennent à chaque battement de cœur.

Lilou-Bee. Lilou-Bee. Lilou-Bee...

***
Avant même qu'elle ne franchisse la porte, il avait senti sa présence dans son dos. Prévisible et pourtant subtile, cette Lilou avait le don de l'intriguer. Il savait pourquoi elle était venue et le Roi des rois se retourna avec un sourire, au moment même où elle entrait après avoir frappé.

« Bonsoir mademoiselle. De quoi êtes-vous venue me parler ?
- Bien, vous savez déjà...
- Évidemment. Parlez sans crainte, ma chère.
- J'aimerais voir mon ami.
- Bien entendu, cependant vous serez accompagné de Scar -j'espère que cela ne vous gêne pas trop- et ce sera après le dîner. Nous ne sommes pas des bêtes après tout, n'est-ce pas ? A présent, suivez-moi. »

Une ombre de sourire gourmand et son regard bleu persistants eurent tôt fait de faire emboiter le pas à l'ingénieure. On ne refusait pas ce genre de propositions. Pas quand votre interlocuteur détenait un otage, tout du moins. Le canard qui la suivait habituellement n'était pas là, envoyé avec Thor au village.

Lilou B. Jacob était totalement sans protection.
A sa merci.

***

« UN ! DEUX ! TROIS ! Allez, tas d'asticots, on révise le plan une fois encore ! éructa un homme au mono-sourcil et à la moustache en guidon de vélo proéminente. Lui, c'était Francis Machab. Il préférait qu'on l'appelle "Capitaine Machab" comme il y a un peu plus d'dix ans lorsqu'il était maître à bord du Poséidon, vivant toujours dans un passé où sa jambe droite et son titre n'auraient pas été arraché par une foutue baleine. Si sa haine était pour elle si grande qu'il comptait bien un jour lui caler un pain ou deux dans ses grands yeux humides, son attention était à présent toute portée sur son évasion et sur le déniaisage d'un certain roi avec un harpon. Intraitable, haineux, colérique, obsessionnel, le Capitaine Machab était le chef parfait pour Le Super Plan d'Evasion De l'Amicale des Prisonniers de Loki Et Scar. Robb le trouvait cependant un peu grognon et lui avait recommandé la sieste.

- Ah ça pour sûr vous les connaissez les asticots mon brave, vu que vot' moignon s'est bien fait asticoté lors de la coupe-coupe-couuuuupe, kéhéhéhéhé ! ricana un enturbanné au nez cassé, à la bouche de traviole et au physique qui prêtait à rire. Ce qui tombait fort bien par ailleurs, car Kevin Calvin avait été le Fou du roi pendant la première année de son règne et si son humour déplorable et plus souvent offensant qu'autre chose avait déplu tout de suite, le fait qu'il fasse la satire de Loki et de tous ses fidèles avait fait de lui le gai luron des gens du SPEAPLES. Et puis, il avait promis de faire des tartelettes aux myrtilles quand il serait sorti et cela, ça donnait le sourire aux lèvres et la bave aux cœurs. Robb ne s'entendait bien avec lui que pour avoir du rab plus tard - il fallait être stratégique parfois.

- Des asticots ? Ah bordel bordel bordel, VOUS APPROCHEZ PAS MACHAB ! JE VEUX PAS CREVER, OKAY ?! Ah, nan, me regardez pas ! Vous allez me filer vos microbes... ah mais je suis dans la crasse jusqu'au cou déjà... je vais mourir. J'VEUX PAS MOURIR ! Il me faut un médecin pitié... pitié... aaaah... AH MAIS ATTENDEZ, JE SUIS MÉDECIN ! Yiiiiiyeeeeeh ! Ah mais j'ai pas mes instruments... AU SECOURS ! vociféra un vieil homme chauve, mais qui avait les restes d'une coupe mulet sur les côtés, ainsi qu'une large moustache de morse. Fred Fallenight, ancien médecin de Loki et du Poséidon était un hypocondriaque complètement paranoïaque drogué depuis longtemps à la morphine. Comme il pensait que Loki allait l'envoyer en prison quoiqu'il puisse faire et qu'en plus il avait la manie de le lui rappeler sans cesse par des cris de jeunette hystérique, il fut bien entendu envoyé en tôle. Robb trouvait que c'était une sacrée tantouze, symbole même de la décadence de la Profession chez les citadins et lui avait conseillé qu'une fois libéré, il devrait s'engager chez les Marines pour un peu se laisser pousser des glawis.

- Si vous continuez encore avec vos plans d'évasion, JE VAIS VOUS FUMER BANDE DE CONNASSES ! Je veux rien entendre... RIEN ! ENTENDRE ! » beugla un type aux longs cheveux blonds ondulés, au nez crochu et à la barbe soyeuse. Jeremiah Zelsiuss était un Marine qui aurait dû écouler des jours heureux avec sa femme et ses enfants à ce moment même, mais sa dernière mission s'était transformée en eau de boudin lorsqu'il avait dû escorter un arnaq-tueur pour l'envoyer dans l'une des prisons des Blues. Scar. Depuis, l'ancien passager du Poséidon, avec son code de l'honneur si stricte qu'il lui empêchait de penser à s'évader au vu des connotations illégales que cela impliquait, avec son côté tatillon extrême -qui l'empêchait de laisser passer la moindre injustice, que ce soit par rapport au langage, au travail de leurs geôliers, ou même du cuisinier, les félicitant de ne pas les nourrir pour garder leur budget pour des choses plus utiles- et avec son indéfectible sens de la loyauté qui l'empêchait de les trahir à un Asgardien était devenu un membre essentiel du SPEAPLES qui avait pu donner des infos sur le chef de la police armée. Robb Lochon l'aimait bien ce petit bout en train.

Tous étaient différents, désunis, mais arrivaient à agir ensemble pour leur but. Auparavant désespérés, leur projet avait ressuscité avec l'arrivée du Docteur. Un homme de l'extérieur. Un vestige du passé que Loki ne voulait pas voir ressurgir et qu'il avait enterré là : l'Homme Impossible. Malheureusement pour lui, le Roi des rois avait ainsi attisé le feu le plus cruel des êtres humains : l'Espérance. Cinq cœurs battaient à l'unisson à présent contre lui, plus désireux d'en découdre que jamais.

Et l'Espoir, lui, était le plus furax.

***

Le dîner fini, il était temps de se montrer clément et d'accéder à la requête de la roukmoute. La longue silhouette de Scar accompagnée de la cape des Asgardiens - écarlate presque noir pour lui et rouge pour eux- enveloppa celle de la jeune femme qu'il poussa délicatement, mais non sans nonchalance dans le grand escalier qui les séparait de leur rendez-vous. Il n'y avait pas de lumière et seule la lanterne porté par le Chef des Asgardiens éclairait la voie. A mesure qu'il la regardait marcher précautionneusement, Scar souriait de plus en plus férocement, savourant la témérité de la visiteuse, tout comme la situation actuelle. Ce monde étriqué bougeait enfin. Et c'était par cette créature frêle dont il pourrait briser le cou d'un revers d'un main que tout allait se jouer. Le sourire s'étira encore pour laisser la bouche s'entrouvrir sur un sifflotement sinistrement joyeux. Elle ne se retourna pas. Gentille fille. Avec le rythme de ses pas tanguait la lumière et vaciller les ombres qui s'allongeaient. Sa voix trainante rompit l'unique son du martèlement de leurs pieds.

« Regarde ces ombres... on dirait que je te poursuis, tu ne trouves pas ? Que le Grand Méchant Scar va te manger. Dit-il avec un enthousiasme un peu trop sincère pour ne pas être juste sur le ton de la conversation. Sourire morbide qu'elle ne voit pas. Et recommence le sifflement, plus aigu.
- ...
- Tu ne veux pas parler ? Dommage. Je suis sûr que tu supplierais très bien. Je me demande si Loki va faire exécuter ton ami. Comment s'appelait-il déjà ? Ah oui... Reblochon.
Elle sert les poings en silence.
- C'est Robb Lochon. »


Nous sommes enfin arrivés. Maintenant, contemple la déchéance de ton ami ! pensa avec exultation le bras droit de Loki.

« J'AI GAGNE LE GROS LOT LES MIOCHES ! ABOULEZ LA MAILLE !

Contemple la déché...

- ENFOIRÉ, C'MOI LE CAPITAINE, C'MOI QUI DEVRAIT GAGNER ! T'AS DE LA CHANCE QUE J'AI PLUS MON HARPON, MARIN D'EAU DOUCE !

Contemple... oh, allez vous faire foutre.

- KEHEHEHEHEHEHEHE ! J'avais bien parié que vous n'arriviez jamais à gaaaaaagner ! Vous êtes à la place du macchabée après tout kéhéhéhéhéhéhé !
- JE NE SUPPORTE PAS CA ! LES PARIS C'EST MAL ! MES YEUX BRÛLENT DEVANT TANT DE PERFIDIE ! JE VOUS TRAINERAI TOUS PAR LA PEAU DU FION EN PRISON, J'LE JURE ! J'LE JUUUURE !
- Vous êtes vraiment des gros dégueulasses. Jouez aux osselets avec les squelettes des anciens prisonniers... IL ME FAUT DU DÉSINFECTANT ! IL FAUT DÉSINFECTER L'AIR ! ET LES MURS ! Aaaaah mon dieu, j'veux pas crever à cause de vot' insouciance ! 'Faudrait que les Asgardiens s'bougent les miches pour ça, hein, bien sûr !
- Euuuuuh l'aut' hey ! Nan mais quel rabat-joie ! Tu dis ça parce que t'as perdu ton pari.
- OUAIS ! Nous on savait que ce serait Robb qui gagnerait !
- Oh, tu sais, tu peux m'appeler Papa maintenant. ♥
- ...
- ...
- Oh, tiens Lilou ! ça va biBWOARF
- AAAAAh, elle a tabassé son copain, c'est une tarée e- Chef Scar... que... qu'est-ce que vous faites là ? Enfin... euh... ON PEUT TOUT VOUS EXPLIQUER !
- Carrément ouais ! Euh... NAN NE NOUS TAP-BWAAAAAAAÏE !
- Lilou, vous me plaisez de plus en plus. Quant à vous les... mais pour l'amour de Loki, tu fais quoi toi là ?
- Bah j'prends mes gains avec mes pieds. Bah oui avec mes pieds, parce que figurez-vous MÔssieur Scar qu'une bande de couillons m'ont pendus comme un jambon à faire sécher et qu'ils ont pas jugés bons que je pourrais en avoir besoin pour... je sais pas moi... ME GRATTER LE NEZ ! OU BOUFFER TIENS AU HASARD ! Alors, je fais avec mes pieds.
- Nan, j'veux dire... tu te balades des moutons de poussières, là, je rêve pas ?
- Ah bah oui, c'ça ma maille. On jouait aux osselets pour des moutons de poussières. Bwo ho ho, nan mais l'aut', il avait rien compris du tout, quoi !
- Lilou, vous avez cinq... non, deux minutes. Je vous fais une fleur, je crois que vous ne pourrez pas le supporter plus. Vous savez, vous devriez vraiment penser à nous laisser l'exécuter. Les frais du bourreau seront à ma charge. »

***

One Piece OST (on fait les meilleurs soupes avec les vieux pots)~~Overtaken(toujours aussi bon)

« Hey, mousaillon, t'as pu baver c'qu'il fallait à ta copine ?
- Ouaip, tout est au poil.
- Elle va comprendre, tu penses ?
- Hé ! Qui crois-tu qu'elle est ? C'EST MA PETITE SŒUR BWO HO HO !
- Tiens, c'pas censé être "ta fille" ou j'n'sais quel connerie ?
- Si. Normalement. Mais je l'avais sous-estimé. T'as pas vu son r'gard.
- Quel regard ?
- L'même que l'mien. Elle commence à plus fuir ses problèmes. Les enfants grandissent à une vitesse bwo ho ho !
- Et alors... elle peut nous aider pour amener la population et Thor de notre côté ? Combien de jours on a pour se préparer ? Un ? Deux ?
- Je lui ai laissé cinq jours.
- QUOI ?! Mais c'est trop bordel ! T'sais bien que y a de grands risques que tu t'fasses exécuter avant.
- Tu t'gourres. Je lui ai fait une fleur.

Le Capitaine Machab voulut renchérir en lui demandant ce qu'il voulait dire par là, mais quelque chose qu'il vit le stoppa dans son élan.
Il vit son regard.
Les autres prisonniers l'avaient remarqué aussi.
Les sourcils froncés, la veine qui palpitait sur la tempe.
Les chaînes grincèrent une nouvelle fois.
Des gouttes de sang tombèrent au sol.
Il essayait à nouveau d'arracher ses chaînes.
Il voulut lui dire d'arrêter, mais les paroles de Robb le stoppèrent.
Et ce regard que les deux sauveurs partageaient tous deux.

[D]own the Road 356671imageinrp25
« Cinq jours. Elle a cinq putains de jours avant que j'aille défoncer Loki ! »
Spoiler:


Dernière édition par Robb Lochon le Lun 10 Déc 2012 - 1:42, édité 3 fois (Raison : Petit point à changer + des menues corrections de fautes.)
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« Cinq jours. »

J’étais assise dans un fauteuil de fortune, les yeux dans le vide en me demandant ce que je devais faire. Je venais à peine de quitter Robb, qui avait été relativement clair sur son message. J’étais à la fois pressée et angoissée par le temps qui passait. Trop lent. Trop rapide. Cinq jours, ce n’était rien…

« Cinq jours pour ?
- Le libérer. »

Thor lâcha un petit rire qui résonna dans la petite pièce.

« Avant quoi ?
- Mh… Qu’il mette votre royaume sans dessus-dessous. »

Un autre rire. Depuis son départ et sa réintégration dans son Royaume, il semblait avoir repris confiance. A n’en pas douter qu’il était heureux d’être de retour, de pouvoir se fondre parmi la masse, de quitter son marais malodorant. Il se tourna vers moi, jovial à souhait, le bras accoudé au rebord d’un mur mal-fait de la petite église de Jean.

« C’est absurde… »

Je l’interrogeai du regard, plongeant mes yeux noisette dans ses mires océan. Absurde ? En connaissant le loustic et ce qu’il était VRAIMENT capable d’accomplir pour foutre une fessée à un bambin trop capricieux, il n’y avait plus rien de forcément absurde. On pouvait même dire qu’il était capable d’accomplir l’incroyable ou l’impossible. Thor se remémora les maigres instants passés en sa compagnie, fit une moue, puis leva les épaules en se disant que, certes, Robb Lochon n’était pas le plus tranquille de la bande, mais…

« Mon frère, ou Scar, arrivera à déjouer vos plans et motivations avant même que vous n’ayez commencé à les mettre sur pieds. C’est peine perdu, surtout lorsque vous l’offensez. Et votre ami l’a réellement atteint.
- Votre Scar est un psychopathe, et votre frère un idiot.
- Ne soyez pas médisante envers notre Roi légitime… »

Légitime ? Un rire sortit de ma gorge. Un rire nerveux. Notre entrevue et repas de tout à l’heure avait rapidement annoncé la couleur du personnage. Cet homme était narcissique, pervers à souhait. Et son second très peu fréquentable. Non, décidemment, ce pays était fou à la base, il y avait un réel souci.

« Votre ‘Roi’ n’a rien de légitime, Thor. Votre Roi, on l’appellerait « Criminel » là d’où je viens, un tyran, un brigand. Dans le monde extérieur, il y a des lois, et ces lois devraient elles-aussi s’appliquer à l’intérieur de l’estomac d’une Baleine géante !
- Il n’y a plus d’extérieur ! Rendez-vous à l’évidence !
- Me rendre à l’évidence ?! Mais enfin, un peu de bon sens !
- Vous, un peu de bon sens ! Ne commencez pas à blasphémer !
- Put… Quoi ?! Blasphémer ? Mais… Vous le croyez VRAIMENT ? Vous êtes persuadés qu’il n’y a plus RIEN ? Vous êtes… SERIEUX ?
- Dieu est tout puissant, ma chère.
- Oui, et Dieu est bon, c’est aussi pour ça que c’est Dieu. Et quel Dieu « bon » vous enverrez à la place d’un messie un gamin capricieux, tyrannique et fantasque qui bannit son propre frère parce qu’il l’a repris sur une tournure de phrase ? Quel Dieu charitable lui donnerait comme acolyte un sociopathe probablement primé à l’extérieur ? Quel Dieu, sain d’esprit, vous laisserez endurer ce calvaire pendant DIX LONGUES ANNEES ? »

Ils me fixèrent, tous deux, sans savoir quoi répondre. Le Père Jean était énervé, à la fois, il prenait conscience peu à peu de ce que je lui disais. Oui, Dieu n’aurait pas permis ça… Mais alors ? Alors, tous ces raisonnements le ramenaient à une seule réponse : Ce n’était pas possible, je devais mentir. Jean tenta de reprendre la parole, mais je le coupai précipitamment :

« Non ! Pensez à une chose, réfléchissez bien. Nous ne sommes pas des anges. Robb n’en a jamais été un, je n’ai jamais eu la prétention d’en être non plus. Bee est un CANARD. Et si nous ne sommes pas des anges, si nous ne pouvons pas voler, si nous ne venons pas du paradis… D’où venons-nous ? A votre avis ? Je ne sais pas ce que c’est que le Paradis. Je n’en ai pas la moindre idée, je ne suis même pas sûre qu’il existe. Je ne crois pas même pas en Dieu. Mais s’il existait, et s’il était aussi bon, aussi fort, aussi miséricordieux qu’on ne le décrit, jamais il ne vous aurait donné Loki comme meneur. JAMAIS. »

Je m’avançai. Dieu devait parfois bien rigolé dans son fauteuil à nous regarder. Mais j’avais l’espoir qu’il protégeait les âmes innocentes. Le Père Jean s’offusqua lorsque je déclarai ne pas avoir la foi. Puis, il songea un temps : nous étions forcément envoyés par Dieu, car en effet, puisqu’il était incroyablement bon, il faisait en sorte qu’une tête blonde et une rouquine viennent les sauver de ce terrible royaume.

« Vous traitez mon frère de menteur…
- J’appelle un chat, un chat.
- Je vous conseille de vous taire !
- Sinon quoi ? Vous allez faire quoi, Thor ? Me punir ? M’enfermer ? Me frapper ?… Le dire à votre frère ? Hahaha… Mais votre frère est déjà au courant qu’il ment comme un arracheur de dent, il le sait mieux que personne. Et il… Va faire quoi ? M’enfermer ? Et puis ? Me condamner à mort ? Le temps que vous arriviez au château, j’aurais déjà rependu la rumeur de son mensonge comme une trainée de poudre, ou trouvé un moyen de partir d’ici. Sans Robb. Tant pis. Mais une rumeur, c’est comme une gangrène qu’on ne peut soigner. Combien temps ça va mettre pour que ça germe dans l’esprit de son peuple et qu’un jour, un type, sortit de nulle part décide de renverser son gouvernement ? Pour qu’un de ses Asgardiens ne le poignarde dans le dos ? »

Une voix sortie de nulle part retentit de la pièce. Nous nous retournâmes vers elle d’un seul homme, fixant sa barbe bleue et son air engageant. Ses yeux pétillaient dans la pénombre de la pièce d’une soif retrouvée, comme deux lumières au milieu des limbes.

« La rumeur est déjà lancée. Et ses prochains ont déjà le poignard en main. »

*

« Je n’ai jamais cru Loki.
- Il faut être idiot pour le croire. »

Thor me jeta un regard méchant, puis croisa les bras sur son torse. Archie me fit un sourire qui en disait long et repris son récit :

« Certes… Mais à force, ma volonté s’est estompée. Les persécutions, les menaces… ça brise son homme, je vous l’assure. Vous êtes une femme maigre et mélancolique. Votre cœur est aussi sec que votre corps. Mais vous êtes notre seul espoir d’un jour revoir la lumière du soleil…
- Archie ? Mais que dis-tu ? Tu… tu crois cette Bonimenteuse !?
- Plus que notre Roi. Plus que l’idée que l’apocalypse a surgit et balayer le monde. Je n’y ai jamais cru, parce que je veux revoir ma famille, ma fille. Ils sont ma seule chance de pouvoir sortir un jour d’ici…
- Tu es… Tu es fou à lier ! Ta famille est morte, comme la mienne, comme les pères de l’église de la Juste Violence ! Accepte-le, mon frère ! »

Archie croisa les doigts, baissant la tête en fermant les yeux. Il était courbé, les bougies éclairaient une partie de son visage fatigué et vieilli. Sa voix était roque, profonde, mais pourtant intimidante.

« Je ne veux pas accepter. Je ne veux pas que Loki gagne, qu’il continue à nous casser. Je ne veux pas que les humeurs de Scar nous brisent encore plus les vertèbres. J’en ai assez, de ça, de ce Royaume d’Asgard qui n’a pas lieu d’exister. Ton frère te déteste, Thor. Il te hait du plus profond de ses entrailles, et la seule raison pour laquelle il ne t’a pas tué, c’est parce que le Père Jean est là, derrière-toi, pour te protéger, et parce que tu es tellement idiot et aveuglé par son charisme que tu en deviens docile et utile pour lui !
- Je sais…
- Alors… Pourquoi tu ne luttes pas ? Si encore ça avait été toi, à la tête d’Asgard, si tu nous avais guidés, tous… Notre vie aurait été tellement mieux. Jamais nous n’aurions connu la prison, la faim, le silence, l’oppression… Tu n’aurais jamais laissé faire ça. Pourquoi Loki le fait ?
- Archie… Calmez-vous, mon fils. L’espoir est un poids, il vous corrompt. Vous pensez mal…
- Non ! Rendez-vous compte ! Elle a raison : Aucun des trois ne vient du paradis. Ils sont trop fous, trop aigris, trop… Jaunes.
- Et les roux n’ont pas d’âmes…
- OH !
- Désolée ma fille, déformation professionnelle. Bien sûr, Archie, qu’ils ne sont pas des anges,…
- Vous admettez ça volontiers, Jean. Alors d’où viennent-ils sinon du monde ?
- Je vous crois. Mais je ne veux pas d’effusion du sang, je ne veux pas de révolution. Je veux que mes fils et filles continuent à vivre, c’est ce qui compte. »

Archie afficha une mine résolue, se levant de son siège pour faire pleinement face à son interlocuteur. Le Père Jean eut un sursaut de surprise, fixant l’homme à barbe avec une certaine appréhension. Thor et lui étaient perdus. La liberté avait un prix, et l’homme de foi n’était pas prêt à payer n’importe quoi pour tirer ces gens du joug de ce Roi méprisable. Une vie était précieuse.
Mais une vie sans liberté, était-elle vivable ? Non. Le doute n’était pas permis. D'ailleurs, Archie était résolu à bien faire les choses.

Nul sacrifice, nulle victoire.

« Il n’y aurait pas d’abnégations. Encore moins de compromis. Je déferai Loki et nous sortirons TOUS de cette baleine. Qui me suit ? »

Il y eut un silence lourd dans la pièce. Jean fit un signe du visage, affirmant sa position. Oui, il suivait. Car après tout, Archie était un homme de parole en qui il avait confiance, et lorsqu’il promettait quelque chose, il s’y tenait. Tous deux se tournèrent vers Thor, qui n’avait pas bougé d’un pouce, et qui semblait renfermer sur lui-même, en proie à mille tourments innommables.

« Thor ? »

Il les regarda un temps, désemparé. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Rien. Rien de concret. Il ne savait pas, et je comprenais.

« C’est mon frère… Je… Je ne peux pas…
- Alors… tu veux le laisser continuer ?
- Je suis un guerrier, je me bats pour l’honneur… Pas pour des causes perdues. »

Il tourna les talons, allant rapidement vers la porte qu’il ouvrit à la volée. Je regardais le plafond, respirant doucement en réfléchissant. Puis, je pris doucement la parole, exprimant quelques mots parmi tant d’autres, mais des mots qui faisaient sens :

« Je déteste les guerriers. Ils ont l’esprit étroit et n’ont aucune finesse. Pire, ils se battent pour des causes perdues, pour l’honneur. L’honneur a fait des millions de morts mais n’a jamais sauvé qui que ce soit… »

Thor s’arrêta brusquement, pour me regarder. Je ne pris pas la peine de le fixer, mais les autres ne le lâchaient pas. Que devait-il faire ? Il n’en avait aucune idée. Et il avait ses raisons. Nous ne pouvions forcer personne, ce n’était pas le but. Mais Thor était un allié de choix, malgré sa naïveté, sa candeur et son léger retard mental. C’était un guerrier, et même si l’honneur ne sauvait personne, son appuie était précieux.

Il finit par sortir, claquant la porte derrière lui.

*

« Je sais que ce n’est pas vos affaires, mais… Pouvez-vous nous aider ?
- Non. »

Ma déclaration était catégorique. Il n’en était pas seulement question.

« Je sortirai Robb de prison et nous partirons. Mais je préparerai le terrain pour que vous puissiez agir. Dans cinq jours, après notre départ, vous aurez le champ libre pour vous libérer de vos chaines. Vous aurez un chemin balisé vers la sortie. Mais je n’ai pas envie de me battre pour des idiots qui ont accepté de se soumettre pendant dix ans, sans se soulever. C’est épuisant. Et surtout, c’est votre guerre, pas la mienne. »

Archie acquiesça du regard, Jean eut l’air gêné.

« De quoi avez-vous besoin ?
- Je veux un plan du château. C’est l’ancien ‘Poséidon’, ça devrait se trouver.
- Loki garde ça dans sa bibliothèque personnelle.
- Comment y accéder ? »

Archie me fit un sourire qui en disait long.

« Je vous conseille de rassembler un maximum de sympathisant. Les membres de votre église doivent progressivement être mis au courant de ce que vous comptez faire. Mais assurez-vous que le message passe en laissant une ambiguïté, pour ne pas éveiller les soupçons des Asgardiens. Si le message passe, vous aurez des adeptes pour vous soutenir. Et ce n’est jamais de trop. Il faudra aussi vous armez, d’une façon ou d’une autre. Eux le sont, vous devez l’être. Au moins pour vous protéger. Je pourrais vous forger et fabriquer quelques outils et épées, mais ça ne sera pas suffisant. Discrétion et organisation sont les mots d’ordres, surtout sur un temps aussi court. Compris ?
- Compris.
- Vous êtes bénie, ma fille.
- Si vous le dites. »

*

Le deuxième jour, Archie revint tôt dans la nuit avec sous le bras un large papier qu’il me donna sans sommation. Nous nous installâmes tous deux à une table pour le décortiquer et comprendre comment était agencé le Poséidon. Le Navire/Château était immense, sur une dizaine d’étage, avec des centaines et des centaines de salles. L’homme à la barbe bleu fit intervenir à plusieurs reprises sa mémoire pour m’aider à mieux visualiser l’endroit. Nous parlâmes ensuite de comment il avait réussi à obtenir ses plans, il mentionna une entrée secrète qu’il connaissait depuis longtemps, menant d’une chambre jusqu’à la bibliothèque ainsi qu’au bureau du Roi. Ces pièces étaient à l’origine pour le Capitaine du Navire, et Archie était un ami de ce vieux Capitaine. Ainsi, cette relation l’avait amenée à être sur le Poséidon le jour de son naufrage. Tout ne s’était pas passé comme prévu, mais jamais il n’en avait voulu à son camarade, qu’il souhaitait faire sortir de prison.
Le Père Jean, lui, s’activait pour rallier des membres à notre cause. Sa discrétion était discutable, mais c’était efficace. Je fus très vite surcharger de commandes pour des épées et autres armes par les Hommes de l’ile qui voulaient, eux aussi, prendre part à cette Révolution. Le prêtre savait se faire convaincant tout en restant passablement « discret ». L’on ne parlait de cela que lors des messes, à demi-mots. Un langage codé se construisait progressivement entre les partisans et leur meneur, qui prenait soin de sélectionner les membres au préalable. Nous n’étions jamais trop prudents, comme il aimait le répéter. Il avisa ainsi les plus sages.

Petit à petit, la rumeur prit de l’ampleur, se rependant comme un murmure sur les ailes du vent. Les Asgardiens étaient de plus en plus refoulés à l’entrée des maisons. Quelques actes de résistances furent perpétrer, pour montrer cette détermination à s’en sortir. La crainte s’installa au bout du troisième jour sur le trône et Loki demanda à son bras droit d’agir en conséquence. Il y eut des interrogatoires éthiquement discutables, mais on nous certifia qu’aucun n’avait pipé mot. Tous s’arrangeaient pour être groupés lors de ces interventions, et pour pouvoir prévenir la maison suivante pour mieux se défendre. Lorsqu’interrogatoire il y avait, le Père Jean et Archie déboulaient dans la minute pour défendre les fidèles, faisant repartir la queue entre les jambes les quelques Asgardiens venus nous tirer les vers du nez.

Les mots étaient des armes puissantes dans notre situation. L’intimidation ne marchait plus, il n’était plus question de plier. Et petit à petit, l’espoir renaissait parmi les habitants d’Asgard, pourtant toujours tiraillés entre le mensonge et la vérité.

*

Le matin du quatrième jour, l’on frappa à la porte de ma forge provisoire qui se trouvait chez Archie. J’étais épuisée, cela faisait des jours que je travaillais en dormant deux-trois heures. Mais ça valait le coup. J’enlevai mes gants et ma protection, allant en boitant jusqu’à la porte que j’ouvris.
Devant moi, Scar me faisait face. Il se tenait noblement dans une tenue longue et d’un rouge sombre équivoque. Son sourire était terrifiant, notamment parce qu’il avait presque l’air sympathique :

« Nous avons des raisons de croire que vous… êtes en train de monter une Révolution, mademoiselle Jacob.
- ça alors, quelle drôle d’idée.
- J’ai des sources qui affirment que vous êtes à la tête de cette machination diabolique.
- Moiiiiii ?! Mais, c'est absurde. Je n'ai rien fait. Et de toute façon, qui pourrait-en vouloir à votre si bon Roi ? Il est tellement honnête et bon, il protège votre peuple de... de... de quoi d'ailleurs ? Ah, oui. Du monde extérieur. C'est fou qu'on puisse vouloir lui faire du mal... »

Scar sembla désarçonner. Il passa sa langue sur ses dents tranchantes avant de reprendre la parole avec un petit sourire forcé :

« Je voudrais rentrer.
- Je ne vous y autorise pas. Ceux sont mes quartiers, mon espace. Au paradis, on a le droit à de l’intimité.
- Hinhinhin… Vous n’êtes pas au paradis, ici. Laissez-moi passer. »

Il voulut me forcer en essayant de me pousser. Mais je m’imposai à mon tour, lui barrant le passage de ma main. Il y eut un bruit sec. Son regard se transformant en un masque de haine et de sadisme, et sans doute ne devait-il pas penser des choses très charitables à mon égard :

« Je sais qui vous êtes, mademoiselle Jacob. Je sais aussi ce que vous savez, et ce que vous projetez de faire. Le cambriolage, tout ça… c’est vous, n’est-ce pas ? Je sais tout.
- Oh ?
- Oui. Vous êtes une fouine grande gueule et trop faible pour sérieusement se battre. J’ai remarqué que vous étiez chétive et fragile, et c’est tout à mon avantage. Je vous briserai tous les os du corps, juste pour le plaisir. Jusqu’à ce que vous me suppliez d’arrêter. Et une fois cela fait, je continuerai. Encore et encore, et encore. Je trouve ça grisant, qu’on me supplie. Et une fois cela fait, je vous couperai la langue. Et je ferais tant d’autres choses. Vous ne savez pas tout ce que je peux imaginer pour vous briser. Et rien que d’y songer, j’ai hâte d’y être.
- Je n’ai jamais vu un Homme aussi enthousiaste à l’idée de faire votre travail ! On prend rendez-vous ?
- Tsss… Faites la fière, mais une fois à ma merci, vous n’aurez aucune chance. Aucune rédemption possible.
- En parlant de rédemption, il serait temps d’y songer pour vous. L’enfer vous attend… Et c’est pour bientôt. Moi aussi, je sais qui vous êtes, Scar. Un pervers psychopathe. Et c’est tout à mon avantage.
- Vous parlez beaucoup. Une grande gueule, comme je disais. Mais vous serez morte d’ici ce soir.
- Peu probable. Par contre, mon ami sera libérer d’ici… demain.
- Hinhinhin… Il sera exécuté. Pendu, en place public. Ou… Jetez dans l’antre du diable. Et s’il le faut, je le tuerai de mes propres mains… ça, c’est une promesse, mademoiselle Jacob. »

Il me regardait droit dans les yeux avec un sourire pervers. J’avais du mal à soutenir le regard, mais je ne devais pas lâcher. Il n’avait pas un centimètre à gagner durant cette bataille. J’étais pourtant inquiète de ce qu’il savait.

« Scar, qu’est-ce que tu fais ici ? »

Nous nous retournâmes vers le demandeur. Un grand blond se trouvait juste devant nous dans une armure neuve. Il avait à sa main un immense marteau qu’il tenait précieusement. Son regard était ferme, il attendait une réponse, et sans détour. J’eus un sourire : Finalement, la panoplie lui allait à merveille, lui donnant un charisme impressionnant, en plus de l’embellir. J’avais, comme des dizaines de femmes, remarqué sa beauté, mais ainsi, il me plaisait encore plus.

« Thor… Je suis ici pour mener une enquête.
- Une enquête ?
- FAUX ! Il me harcèle sexuellement !
- Hein ?
- Il m’a fait des propositions malsaines, il disait vouloir me payer pour coucher avec moi !
- QUOI ? Mais vous mentez ! Je n’ai jamais…
- Si, vous l’avez ! C’est dégoutant, je suis offusquée !
- Scar… Pars d’ici immédiatement. Et n’importune plus jamais notre invité.
- Mais, mais…
- Scar… »

L’homme du roi sembla pris de court, autant par mes déclarations que par l’autorité de l’ainé. Thor s’approcha de lui et lui indiqua le chemin à suivre d’un geste de main. Scar fut rapidement obligé de s’écraser devant tant d’assurance. Il fit volte-face, frémissant de colère. Ça allait certainement jouer des tours à Robb, qui allait probablement devoir subir le fureur du psychopathe, mais la bonne nouvelle, c’est que je sentais qu’on avait un nouvel allié dans nos rangs… J’étais contente de le voir.

« Thor ?
- Je cherchai le père Jean, mais je ne l’ai pas retrouvé. Alors, j’ai pensé venir te voir… »

Je notai pour moi le tutoiement, avec un sourire. Il marqua une pause, et susurra en me regardant droit dans les yeux.

« J’ai réfléchi. Je veux me joindre à vous. »
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[Re-Bon anniversaire en retard !]
Écris sur et inspiré par ça (jusqu'aux étoiles).

Il regarda l'image que le miroir lui montrait. Il esquissa un geste, le même geste que toutes les autres fois et que toutes celles d'après. Ses doigts la caressèrent doucement, presque avec une vénération morbide, puis se firent plus insistant, repassant plus rapidement sur elle qu'avant. Et comme à chaque fois qu'il la regardait, les souvenirs arrivèrent : brûlants, impavides, faisant peser sur sa main un tremblement fébrile. Il revoyait le jeune Alexander King et son frère, Clifford et sa foutue maladresse, Cliff et sa gentillesse à gerber. Il revoyait l'occasion qui s'était présenté, la falaise, ses yeux verts à lui qui suppliaient, qui ne comprenaient pas. Il se souvenait avoir souri à l'époque. Puis il y avait eu le dernier sursaut désespéré, la main vorace mû par l'adrénaline et le feu sur sa peau. Le petit bâtard avait emporté un souvenir avec lui. Le souvenir commençait avec la cicatrice et se finissait par elle. Toujours... elle. Ce fut son premier meurtre, presque un accident. Presque. Mais ils ne le crurent pas. Alexander n'aimait pas Clifford, c'était connu. Ils ne l'aimaient pas non plus. Par la suite, tant qu'il vivrait, cette marque, cette cicatrice serait là pour désigner aux autres ce qu'il avait fait. Alors, les gens commenceraient à le désigner par elle.
Alexander L'balafré. Alex La cicatrice disent-ils.
Scar.
"Il s'appelle Scar..."

Le Chef des Asgardiens laissa choir sa main et se retourna, émettant un petit ricanement sinistre avant de recommencer à siffler joyeusement. Le stigmate de sa violence sembla sourire de paire avec son maître lorsqu'il s'approcha, bouche tordue en un rictus siffleur, un grand surin dans la paluche.

Le Père Jean savait qu'il faisait cela quand il était excité.
Il tenta de se débattre, mais les liens étaient trop solides.
ça va être une loooongue nuit hinhinhinhin...
Nous étions le soir du troisième jour.
***

Foutue gamine ! Mademoiselle... j't'en foutrais moi, des mademoiselles. Hinhinhinhin, ça va lui faire tout drôle quand elle apprendra pour son petit cureton... quant à Thor... eh bien, c'est le problème de Loki. Les idiots, s'ils savaient... Le Second se remit à siffloter, croisant sur son chemin les regards mi-effrayés, mi-déterminés de la population. Certains baissaient la face, d'autres au contraire le dévisageaient en murmurant tout bas leur mécontentement. Scar reconnaissait chacun de ceux-ci : des membres de leur famille avaient déjà été interrogés. Son regard se détourna, fixant avec de plus en plus d'intensité sa destination. Le Poséidon au loin l'attendait, figure massive se découpant sur les parois ventrales de la baleine, monstre gargantuesque et oppressant, dont la coque bleue foncée évoquait la puissance de la mer et de l'ancien Dieu des Océans. Une résidence qui allait bien à Loki. Le Roi des rois l'attendait sur son trône, un sourire aux lèvres.

« Alors ?
- Tout se passe comme prévu. Les crétins m'ont même laissé voir que Thor était comme vous le pensiez avec eux.
- Mon frère est si prévisible que c'en est consternant. Tout est en place ?
- Oui, Majesté.
- Alors, débutez le plan. Ah et Scar...
- Oui, votre Majesté ?
- Tu peux faire couler le sang. Et torturer Lochon un peu avant.
- Avec grand plaisir, votre Majesté. Ah, une dernière chose : "mademoiselle" Lilou était quant à elle exténuée et elle lorgnait votre frère d'une drôle de façon.
- Dois-je me sentir inquiet Scar ? Moi qui pensait que notre repas s'était passé à merveille...
- Oh, ne vous inquiétez votre Majesté, nous savons tous les deux la fin prochaine de ce... problème... hinhinhin.
- Lhéhéhéhéhéhéhéhé.
- Hinhinhinhinhinhinhin.
- Nan, mais c'est bon maintenant mon brave, barrez-vous. »

Les pas de Scar laissèrent place au silence dans sa salle de trône... mais qu'ourdissaient-ils donc ces deux-là ? Quel était DONC LEUR PLAN MACHIAVÉLIQUE ?


« Asgardien, si vous n'arrêtez pas ces conneries, c'est six jours de cachot sans manger, ni boire.
- ! Je veux dire, pardonnez-moi mon roi, cela ne se reproduira plus !
- Damné soit mon amour du beatbox, je savais que je n'aurais pas dû vous engager. »

***
Plus les jours avaient passé et plus l'échéance s'était rapprochée, telle une guillotine qui allait finir par trancher sa fiole. Le Montagnard gardait sa bonne humeur habituelle face aux autres, mais il avait peur de ce qui s'tramait dehors. Comme un piaf de mauvaise augure, Scar était plusieurs fois venu lui gazouiller des nouvelles terribles : les rues allaient charrier du sang par sa faute, la rébellion grandissait parmi la population et bientôt une bataille pour renverser Loki allait poindre. Des gens mourraient à cause de lui, à cause d'un seul homme. Des gens mourraient à cause de Lilou. Dans sa cellule, ce n'était plus le manque de bectance qui assaillait Robb Lochon, mais bien ce qu'il avait fait. Il avait transformé de paisibles villageois en guerriers, tout comme lui. Stearc. L'homme-guerrier qu'il était par son sang et son peuple, toujours confronté au Docteur qu'il voulait être. Héraut du changement, qui ne pouvait même pas aller contre les propres contradictions de son Destin. Et qui n'aurait sans doute pas une mort des plus paisibles... les chaînes grincèrent encore, tandis que le Montagnard se relevait, se tendirent à l'extrême une énième fois alors que la bouille du Papa virait au cramoisi.

Il avait jeté tout le monde dans ce merdier, il avait pris l'parti d'intervenir dans la vie d'une ville qui n'lui avait rien demandé et il était temps qu'il fasse ce pourquoi il était venu. La sueur perlait sur sa peau parcourue de cicatrices et se mêlait au sang qui s'écoulait sur le sol, mais le Montagnard cette fois-ci tint bon. Ses jointures blanchirent, il entendit ses bras craquer et tous les muscles de son corps rugirent dans un dernier assaut rageur. Mais le Destin est rieur parfois et c'est pour cela qu'il ne comprit que trop tard ce qu'il se passait. Quand le bâton d'un des Asgardiens vint rapidement le cueillir au ventre, lui faisant vomir son dernier maigre repas et le poussant contre le mur, Robb ne comprit pas. Enfin, jusqu'à ce que, malgré sa vision trouble, il reconnaisse la silhouette qui tenait l'arme : Scar, vêtu de rouge sombre. Presque noir.

« Tes efforts sont inutiles, vraiment.
- Qu'est-ce que vous foutez ?! Hé, ne me touchez pas avec vos mains sales !
- Laissez-nous tranquilles, JE NE PERMETTRAI PAS DES SÉVICES SUR DES PRISONNIERS !
- LAISSE-LES !
- Oh ? On a encore du souffle ? Cela en serait presque admirable, si tu n'étais pas aussi stupide. Tiens, reprend ton bâton toi et donne-moi plutôt les ustensiles.
- Des ustensiles ? Tu vas m'faire à manger ? Oh, c'vraiment gentil tout plei-
- De torture.
- Fous-lui la paix chacal d'eau douce !
- Je vous ferai des tartes à la myrtille si vous lui faites pas de mal, promis, elles sont comme mes blagues, elles sont excellentes kéhéhéhéhé !
- Je t'interdis d'en faire alors.
- Quoi ? De la tortue ? J'en ai jamais vu, ça ressemble à quoi ?
- C'est un reptile avec une cara- MAIS ON S'EN FOUT DE CA ! De tortuRE. Je vais te torturer. Te faire mal. Comme à ton copain, le Père Jean. Je me demande combien de temps, toi, tu tiendras.
- Ah non, c'pas mon copain le Père Jean. C'est un salopiot d'infidèle qui croit en un seul Dieu. Nan mais l'aut' quoi ! Un seul dieu, la blague !
- Commencez la séance d'interrogations sur les autres prisonniers, Asgardiens.
- ESPÈCE D- »

Le fouet de Scar siffla avant que Robb ne finisse sa phrase. Un geste et deux Asgardiens relevaient leur victime, tandis que les hurlements des cellules voisines vrillaient l'air. Le Chef des Asgardiens claqua des doigts et deux autres "correcteurs de bonnes manières" vinrent déplacer les liens qui entravaient Robb. Les chaînes cliquetèrent en allant d'au-dessus de lui à deux autres emplacements qui étaient de part et d'autre de la cellule, pendant que deux séides l'empêchaient d'se jeter sur leur maître. Un sourire torve était sur le visage de Scar, alors qu'il relevait la caboche cabossée du Montagnard en lui agrippant sa tignasse albinos.

« T'endors pas, c'est pas encore l'heure de mourir. Tu vois, notre Roi est un homme miséricordieux : il te prépare pour ce qui va arriver demain. Ensuite, je ferais ça à Lilou et à son putain d'canard. Encore... et encore et encore et encore ET ENCORE ! Il essaie vainement de faire un mouvement, mais seul un rire vient accueillir sa tentative. Hinhinhin... ne t'inquiètes pas Blanche-Neige, je vais te dorloter, tu seras plus capable de bouger. Asgardiens, rompez. Exécutez l'opération Sorgue et Écume. Hinhin, tu te demandes ce que c'est, hein ? Sachez une chose, messieurs les rebelles, c'est que Loki n'aime pas qu'on le sous-estime. VRAIMENT pas... vous arrivez trop tard les angelots. »

Un coup de poing-argument vint conclure son monologue, des ombres passèrent devant Robb et Scar se retrouva derrière lui, lâchant son fouet momentanément pour se tourner vers une paire de gants affublés de petites pointes. Scar aimait infliger aux autres des cicatrices. Le son d'un sifflement strident venu d'un sourire dans la pénombre réveilla la conscience meurtrie du prisonnier pour qu'il profite des délices de la maison de correction.

***

Combien de temps avait passé depuis qu'ils avaient commencé ? Plusieurs minutes ? Plusieurs heures ? La tête dodelinante du Docteur retomba après un nouveau coup, bullant du sang comme bébé bulle de la salive. Son front saignait et avait coloré ses cheveux. Papa n'avait pourtant pas encore souvenir qu'il était en pleine crise de la quarantaine et qu'il avait besoin de se mettre au roux. Après les coups de poings hérissons, étaient venu le retour aux bonnes vieilles valeurs ancestrales : les coups de fouets avaient lardés son dos comme s'il était une pièce de bœuf qu'il fallait attendrir et Scar s'était montré fin cuisinier lorsqu'il avait mis du sel sur ses plaies. Les réjouissances avaient continué avec les grands classiques : eau glaciale (qui avait juste rappelé au pater la natation de son enfance), brûlures de cigarette, tabassages à l'aide de divers instruments, rasage de la voûte plantaire de pôpa et marche salée (quel manque d'imagination !). Le dos lézardé, le bocal fissuré, les membres vannés, la vision trouble, Robb Lochon se redressa pourtant une dernière fois face à Scar. Tenir. Tenir envers et contre tout.

« Même... MÊME PAS MAL !
- Toi... on continue. »

Cette fois-ci, le Montagnard ne flancha pas. Il résista. Il devait penser à eux... à tous les autres. Leurs hurlements s'étaient tus il y a longtemps et seul Scar continuait à le torturer. Le Docteur se raccrocha à un maigre souvenir partagé avec la bande du SPEAPLES pour surmonter la douleur dans les premiers jours...

« T'as pas parlé de toi encore Robb !
- Kéhéhéhéhé, t'as vraiment pas l'air d'ici toi tu sais !

Les Montagnards étaient de ces peuplades rudes et bourrines qui se faisaient normalement comprendre en peu de mots, mais parfois, parfois en certaines occasions, venait l'heure du Conteur. Robb Lochon sourit, se remémorant ces temps à l'orphelinat Snowtown avec les premiers enfants dont il s'était occupé. Alors, sa voix se fit plus rauque que d'habitude, presque murmure et pourtant nul ne pouvait nier qu'il chantait ; et le Montagnard parla du Royaume Blanc :

- Je suis Robb Lochon, fils d'Eddard et Katherine Lochon, je suis un Montagnard de l'île de Sakura sur GrandLine. Mon peuple est guerrier, mais nous vivons sur l'île aux meilleurs médecins du monde, alors nous avons crée notre propre médecine. Je suis un Docteur-Montagnard et je combats la Mort. Je suis le Docteur. Le père de millions d'enfants. Je viens d'un village qui s'appelle Winterfell. La personne qui nous trouverait découvrirait les quatre tours de glace, larges comme des arbres, enserrant notre ville. Puis il verrait les chaumières blanches, taillés dans la neige. Il trouverait peut être ça beau. Mais ce n'est pas Winterfell. Winterfell, c'est la lumière d'un fugace soleil qui se lève et qui transperce les quatre Tours d'Ivoires, donnant milles et une couleurs sur nos maisons blanches, c'est la neige qui brille comme des diamants à la lumière de la Lune. C'est le jardin des bonhommes de neiges, qui font des ombres de géants et qui nous protègent. C'est le vent qui siffle, la neige qui hurle et qui ne laisse voir que des oasis fantomatiques dans la toundra. Cela est Winterfell. C'est l'endroit d'où je viens.
- Eh bah mazette.
- Bon, maintenant dodo les enfants ! »

***

« Dis, gars... tu trouves pas que...
- Scar ?
- Ouais, Scar. L'opération... et puis le reste, je sais pas... je sais plus.
- Moi aussi. On est beaucoup dans ce cas-là.
- Vrai ?
- Si j'te le dis.
- Je croyais que y avait que moi qui se sentait mal à propos de tout ça. Je... avant, c'était pas ça qu'on devait faire.
- Si, justement, c'était ça. C'est ça l'pire. Mais t'as entendu les rumeurs nan ?
- Bah ouais, ma femme est une civile après tout.
- Elle est au courant pour le fait que tu sois un Asgardien ?
- Non. Elle croit que je suis cuisinier au Poséidon, comme avant.
- Ce que tu fais aussi, nan ?
- Ouais, c'pas faux. Ta famille ?
- Perdue y a 10 ans. Si... si vraiment le monde existait encore, tu crois que je pourrais les revoir ?
- Peut être, je sais pas.
- ...
- ...
- On peut pas les laisser tuer Robb. Il a été super sympa avec nous.
- Ouais. Je l'ai passé à tabac y a trois jours et bah, le mec, il a pas bronché, m'a calé un sourire colgate en retour et m'a demandé tout de go comment allait femme et enfant. Il m'a même donné des conseils pour mon mioche.
- Kwaaaak !
- Ouais, comme tu dis ! Attends, quoi ?
- Ah bordel, c'pas le piaf qui accompagnait la fille là ?
- Putain, t'as raison...
- ...
- On a rien vu, hein ?
- Je vois pas de quoi tu parles. Mais, oh, mince, le frigo est ouvert.
- Diantre, j'ai fais tomber des pansements et des bandages des étagères.
- Ciel, que tu es maladroit.
- A qui le dis-tu...
- Kwak. »

***

Si Bee avait été dès le départ envoyé en infiltration dans la prison pour veiller à ce que le Daddy Cool et le SPEAPLES survivent, rien n'aurait pu prévoir qu'il aurait un rôle clé dans leurs plans. Grâce à sa petite taille, le SPEAPLES put ainsi être pourvu le dernier jour en nourriture et en eau suffisante, de même qu'ils purent tester la viabilité de leur tunnel. Voilà dix ans qu'ils voulaient s'échapper, dix ans qu'ils avaient lentement construit leur passage vers la liberté, mais comment être sûr de pouvoir l'emprunter au bon moment ? Savoir où étaient les patrouilles ? Et comment se défaire de leurs entraves ? Bee avait répondu à toutes ces questions et à bien plus. Il les avait soigné de leur désespoir et pour cela, Robb Lochon était aujourd'hui le père le plus fier du monde. Nous étions le cinquième jour, le dernier jour. Le Destin avait décidé que c'était précisément aujourd'hui que tout devait arriver.

Aujourd'hui était le jour de la mort de Robb Lochon et sa renaissance.
Aujourd'hui avait enfin lieu l'évasion des prisonniers.
Aujourd'hui les Asgardiens eux-mêmes doutaient.
Une chance inestimable s'offrait à tous.

Quand Scar vint prendre son prisonnier, il fut étonné de la flamme qui brillait dans ses yeux. Il lui fit monter les escaliers que Lilou avait emprunté à ce moment-là, mais le Montagnard ne chercha pas à s'enfuir. Il aurait pu pourtant tenter quelque chose, mais il n'en fit rien, ce qu'il fit cependant était à noter : il se redressa.

« Content de voir que tu es en forme pour l'intestin. Ah, aufaite, vu que tu vas mourir, tu ne voudrais pas savoir ce que c'est cette opération ? Hinhinhin, on répond pas ? Oh, je vais te le dire quand même, au cas où tu essaierais de monter un plan ou que tu croirais que votre pathétique rébellion marche : l'opération Sorgue et Écume consiste à aller dire coucou aux gens pendant qu'ils dorment, la plupart du temps amis, famille ou même rebelles eux-mêmes et puis... SCHLICK SCHLICK, émincé de rebelles au petit déjeuner. Comment on a pu faire ça ? Très simple. Tous les Asgardiens ne sont pas tout le temps encapuchonnés et tenus à garder leur identité secrète. Aaaah, ça y est, je vois enfin le trou, oh regarde le Roi est là pour cracher sur ton cadavre ! Elle est pas belle la vie ?
- Nous sommes tous rassemblés ici pour l’exécution du Bonimenteur appelé Robb Lochon. Il a trompé la vigilance de notre prêtre, le Père Jean, en lui faisant croire qu'il était un Ange, mais il n'en est pas un ! Comment un ange aurait pu attaquer le Père Jean ? Comment aurait-il pu semer la discorde entre nous qui étions autrefois si proches ? Je vous ai sauvé il y a dix ans. Je vous ai sauvé et je vous ai offert un toit, je vous ai offert un nouveau monde où vous pourriez vivre, vous et vos familles. Ai-je rompu ma promesse de vous protéger ? Non. Je devais vous protéger de vous-même et c'est pour cela que la loi des Asgardiens prévalait sur tout le reste. Que sa mort... soit le dernier signe de ce bref instant où vous avez douté de Moi. Et que commence une nouvelle ère où régnera à nouveau la Confiance et la Vérité ! »

Doctor Who OST~~The Doctor Theme 4 (Robb Lochon's Theme 2)

Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. On dit que lorsque l'on voit sa dernière heure se pointer, on voit sa vie défiler devant ses mirettes. Robb Lochon qui se tenait debout silencieusement, les yeux fermés depuis sa sortie de prison, lui, n'avait rien vu. Devant la population, devant tous ses bambins fous furieux et avides d'en découdre, la solution lui était venu naturellement. Tandis qu'il le menait sous les yeux d'une foule encadré des Asgardiens vers le lieu de sa mort, le Docteur était serein. Robb Lochon n'a pas peur. Robb Lochon doit être un exemple pour les enfants ! Il ne trembla pas des genoux. Il respirait lentement, posément, attendant son heure, attendant qu'il passe assez près d'eux, que leur cortège les suive. Dix minutes passèrent à marcher. Le sifflotement de Scar était à peine audible, le cœur du prisonnier battant plus fort. Puis, un autre son couvrit celui du palpitant : une marche. Des cliquetis d'armes contre des hanches, contre des cuisses. Robb Lochon sourit, sa part guerrière reconnaissait les tambours de guerre quand il les entendait.

L'horizon était saturé de guerriers.
Loki et Scar eurent un sourire mauvais.

Dans la foule de rebelles qui se présentaient à l'horizon et qui marchaient vers la défaite de Loki, Robb Lochon ne pouvait pas le voir, mais il y avait un homme. Un homme qui avait autrefois perdu tout espoir de liberté, tout en sachant la vérité. Un homme à la longue barbe bleue qui pleurait.

Puis il ouvrit les yeux.
[D]own the Road 547443imageinrp25

Il brisa ses menottes violemment, se détacha de l'emprise du Chef des Asgardiens à la stupéfaction de celui-ci et de son Roi.

Yeux verts et marrons. Et tous les deux, la bouche grande ouverte, mais pas pour les mêmes raisons.

« JE SUIS ROBB LOCHON, LE DOCTEUR ! JE VAIS DÉFAIRE LOKI ET SCAR ! hurla-t-il.
- TU VAS MOURIR !
- JE VAIS RENVERSER LEUR MONARCHIE !
- TU VAS MOURIR !
- ET ENSUITE, ENSUITE JE VAIS TOUS VOUS SAUVER ! dit-il en pointant le ciel.
- FAIS-LE TAIRE, SCAR !
- LE MONDE EXTÉRIEUR EXISTE ! ET LILOU, BEE ET MOI NOUS ALLONS VOUS Y RAMENER ! »

[Pas de désolé pour le long post, ce coup-ci. C'est spécial anniversaire, faites avec !]
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« Vous devez partir ! »

La voix inquiète de Thor vint trancher le silence de la forge. Il était rentré brutalement dans ma pièce, affolé comme pas deux, m’attrapant par le bras et sifflant le canard pour qu’il nous retrouve. Bee s’était levé soudainement de son coussin, nous avait rejoint, un peu surpris. Ni lui ni moi ne comprenions ce qui se passait. Thor me traina à l’extérieur, tournant dans une petite ruelle pour ne pas que l’on puisse nous voir. Il faisait de grand pas, comme poursuivit par le démon, et j’avais du mal à le suivre. Mais des cris me parvenaient, par-delà la ville. Des cris d’angoisses, des cris de morts.

« Qu-… ? Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Nous devons vous mettre à l’abri ! Lilou, je… Mon frère a donné l’ordre de tuer les opposants… Tous ! Vous… vous êtes forcément sur sa liste ! Ne vous arrêtez pas ! »

Le roi ? Lui ! Il avait osé ! Je n’en revenais pas ! Il tuait son propre royaume, il laissait faire ça… Il n’avait aucun cœur, aucune morale… Je… Et Robb ?

« Mais ! Mais non ! Et Robb !?
- Ils tuent leurs propres frères, leurs amis ! Mes amis ! Mon peuple ! Pensez-vous qu’ils garderont Robb Lochon en vie ?! Je ne peux pas trainer là, je dois vous mettre à l’abri et tenter de sauver les miens… On ne peut pas grand-chose pour lui, mais pour vous, nous avons encore le temps ! Vous devez vous enfuir, retrouver l’extérieur !
- Je ne partirai pas sans lui ! C’est mon ami ! Je dois le sauver !
- Ecoutez-moi ! C’est trop tard : Ils vont l’exécuter ! »

Je me stoppai net, complètement prise au dépourvu. Vrai que l’échéance approchait dangereusement, mais il n’était pas encore temps. Et quand ? Et où ? Je n’arrivai pas à poser ces questions. Je ne pensais pas d’ailleurs qu’on pouvait sérieusement faire tuer quelqu’un pour de simples mots proférés au détour d’une conversation. Je n’en revenais pas…

« L’exécuter ?! »

J’étais éberluée. Pire encore. Je ne savais pas quoi dire. Ma bouche s’ouvrit pour laisser échapper quelque chose, mais finalement, rien n’en sortit. L’exécuter. Le tuer. En finir avec lui. Le faire disparaitre. Mes poings se refermèrent, j’avais du mal à réaliser. Tout s’était passé beaucoup trop vite, nous n’étions pas préparer à une attaque aussi rapide et furtive. Nous avions sous-estimé leurs compétences, probablement. Mais même devant les portes de l’enfer, nous ne pouvions pas reculer. Nous n’avions pas le droit d’abandonner. En fait, je ne pouvais pas fuir, ni laisser mon ami dans cette panade. Parce que Robb Lochon était mon frère d'arme, et que je lui devais la vie.
Thor chercha à me faire avancer, mais je me retirai rapidement de sa prise. Il me regarda avec des yeux ronds, se demandant ce qui me prenait. Avant qu’il ne puisse prendre la parole, je le coupai sèchement :

« Préparez-vous à l’affrontement. Préparez-vous à être bientôt libre. »

La tête basse, la voix froide, j’étais furieuse. Loki allait le payer très cher, Scar n’échapperait pas à la sentence non plus…

« Nous devons sauver Robb. Nous devons renverser cette monarchie. »

Pas de détour : tous les crimes se payaient un jour, et il était temps pour ces deux zouaves de passer à la caisse. On ne faisait pas ce qu’on voulait, on ne jouait pas avec la vie des autres. Surtout pas avec celle d’un de mes coéquipiers. Surtout pas ainsi. Surtout pas pour des bêtises de ce genre. On ne pouvait pas malmener un peuple entier sans en subir les conséquences un jour : Ils étaient allés trop loin. Ils avaient dépassé les limites depuis très longtemps, assez en tout cas pour que je m’y implique volontairement. Pas de quartiers, pas d’issues heureuses. S’ils voulaient la guerre, j’étais prête à la leur donner :

« On attaque de front. »

*

Nous avions passé le reste de la nuit à aller sauver nos semblables, nos « frères » comme les appelaient Thor. Déboulant dans les maisons, repoussant l’ennemi avec une brutalité sans pareille, avec force et rage, avec l’envie de vivre. S’il suffisait d’être mauvais, nous avions dans nos cœurs assez de haine pour les mettre à mal. Les quelques envoyés furent capturés, enfermés. A trois, nous les avions repoussés, joignant à nous les autres hommes de notre trempe qui voulaient protéger leurs semblables. Et l’exécution de Robb avait été annoncée quelques heures après, comme une guillotine qui s’abat sur nos têtes. Et les réactions avaient été les mêmes : S’il fallait y aller, alors tous irait durant cette exécution. Et tous irait pour faire chanceler ce gouvernement, ces grands discours, ces faux-semblants. Il n’y aurait pas une nuit de plus sous le joug de Loki, la coupe était pleine, elle débordait. Archie Mède s’était désigné pour mener les troupes, lui, le scientifique, lui, le barbu, en avait assez. Il serait le chef de l’expédition, il organiserait, il serait sur le devant de la scène.

Alors, au petit matin, ou ce qui semblait être le petit matin, tous s’était préparé au pire, armé pour l’occasion. D’objets de fortune, allant de l’épée à la poêle. Même les femmes avaient décidé de venir. Thor m’avait aidée à préparer Bee, à l’équiper pour que je puisse le monter pour pouvoir facilement voler. Il m’avait dit être confiant, certain que les choses changeraient. Qu’il n’était pas fier de s’en prendre à son frère, que cela allait être dur, mais que pour le bien de tous, il était prêt. A tout.

Le jour J, les troupes avaient pointé le bout de leurs nez, à l’horizon, avançant d’un pas lourd dans le tintement des armures, en direction de l’Antre de la Mort. Lieu craint pour son nom, lieu où la bataille aurait lieu. Au loin, je voyais l’estrade se dessiner, devant la foule, devant le peuple, devant les Asgardiens qui regardaient sans savoir quoi faire. Je voyais la silhouette de Robb, distinguant les quelques blessures, ses cheveux blancs, ses chaines à ses mains.

« Il est temps…
- J’y vais… Ne trainer pas trop… »

Le discours de Loki allait se terminer, l’exécution allait avoir clairement lieu. Plus d’échappatoire, nous devions agir rapidement. Je ne savais pas vraiment quoi faire, enfilant l’arc que j’avais créé dans la nuit, arme qui me donnait confiance, qui me faisait penser à lui. L’inconnu, l’Archer. Je grimpai sur le dos de Bee et lui ordonnai de s’envoler. Il le fit, battant brutalement des ailes pour décoller à toute vitesse. Archie manqua de se faire souffler, mais Thor le retint.
Je m’approchai à toute vitesse, entendant les voix porter sur les ailes du vent qui soufflaient à mes oreilles. Je ne pouvais plus reculer, je ne pouvais pas abandonner. Je n’avais qu’une idée en tête, qu’une image, qu’un nom qui revenait sans cesse à mon esprit. Une dette inscrite au fer rouge.

Lui.
Robb Lochon.

Et au même moment, il brisa ses chaines, à quelques dizaines de mètres de moi. Un sourire perça mon visage : nous pouvions le faire.

« LE MONDE EXTÉRIEUR EXISTE ! ET LILOU, BEE ET MOI NOUS ALLONS VOUS Y RAMENER ! »

Sa voix transcendait tout. Elle était le moteur de nos actions, de notre volonté. Les hommes qui approchaient pour en découdre avec un tyran ; moi, qui survolais la distance qui nous séparer pour sauver mon ami des griffes d’un monstre. Mon cœur battait si fort que les cris de habitants m’arrivaient comme étouffé. Il frappait à mes tempes faisant que même les ordres proférés par les quelques Asgardiens ne m’arrêtèrent pas. Je ne pouvais plus faire machine arrière. En fait, il n’y avait rien qui ne pouvait me retenir, m’empêcher d’agir. Robb Lochon avait besoin de moi. Tout comme j’avais besoin de lui. Les ailes immenses de Bee happèrent au passage quelques cagoulés, qui furent éjectés. Nous arrivâmes très vite devant l’estrade, sous les yeux ahuris des personnes présentes. Je bondis du dos de Bee, atterris souplement sur le sol en épargnant ma jambe encore endolorie. J’étais à quelques mètres du Roi, quelques mètres qui allaient être franchis par une flèche aiguisée. Ma main se tendit brutalement, l’arc en sa possession. Mon autre main vint l’armer d’une aiguille affilée et en quelques secondes, le projectile partit dans la direction de Loki.
Scar ne savait plus où donner de la tête. Pris de fureur, il voulut s’en prendre à moi. Pris de surprise, il voulut protéger son bon roi. Pris de folie, il voulut éplucher le jeune Lochon de sa peau. Il constata pour son plus grand bonheur que Loki eut le temps de se protéger, plaçant un Asgardien sur la trajectoire de la flèche qui lui était destiné. Il remarqua aussi que l’Homme était prêt à en venir aux mains, pour faire taire l’insolente rouquine que j’étais. Un sourire carnassier perça son visage l’instant d’avant paniqué par la tournure que prenaient les choses. Plus rien ne le retenait, maintenant, lui non plus. Ses chaines étaient brisées, plus de bien séance, plus de manières : il allait participer au carnage. Ce fut pour cela qu’il leva son arme au ciel, puis me désigna de cette dernière, et qu’il hurla de sa voix grave et tremblante d’excitation :

« Asgardiens, occupez-vous d’elle ! »

D’un seul homme, les sbires du Roi voulurent m’atteindre. Je me retournai en vitesse, perdant de vue mon objectif de base. Ça sentait le pâté pour moi :

« A L’ATTAQUE ! »

Barbe-bleue, comme le surnommait les enfants d’Asgard, avala la distance qui séparait sa petite armée de fortune du lieu du conflit. Il avait séché ses larmes, il était résolu d’en finir, de retrouver sa famille, de revoir ses amis. De se tirer du Joug de Loki. Comme les autres, qui le suivaient, aussi déterminés que lui : Les Hommes, les femmes, les vieux, munis d’instruments de combat, se ruèrent sur les Hommes du Roi, faisant éclater cette guerre civile. Première révolution depuis longtemps. L’on avait plus peur du lendemain. Car le lendemain serait forcément meilleur. Tout se jouait sur l’instant présent. Sur leur maintenant. Ils reprenaient le contrôle, de leurs vies, de leurs destins.

Un coup me manqua de peu, mais je l’évitai en m’abaissant. Mes yeux se posèrent sur l’auteur, qui n’était autre que le Roi, armé de son sceptre tranchant. Scar voulut s’en prendre à moi aussi, mais Robb lui bondit dessus, lui infligeant un violent coup de poing. Mon cœur manqua de défaillir, je n’étais pas taillée pour maitriser deux hommes à la fois. J’étais distraite, voulant veiller à la sécurité de mes amis. Loki avait un avantage certain : il ne faisait pas dans le sentiment. Je voyais la tête blonde de Thor se ruer sur les Asgardiens qui s’en prenant aux civils. Intransigeant, il balayait d’un violent coup de son marteau les sbires de son frère. Sans une once de regret dans le regard. Loki le remarqua, fut distrait. Assez pour me permettre de lui porter un coup. L’homme se prit le coin de mon arc sur la figure, lui entaillant la joue. Il recula sur le coup, constata le sang qui perlait sur sa peau pâle, faisant naitre sur son visage un sourire sadique :

« Je pensais que nous nous entendions bien… Il m’a même semblé vous plaire, durant notre repas… »

Il dit cela en se projetant vers moi, manquant de m’embarquer. Il manqua aussi de se casser la figure alors que j’avais roulé sur le côté pour l’éviter.

« J’envisageai de faire de vous ma reine, si vous êtes d’accord ? Pensez-y, c’est plutôt avantageux… »

De nouveau, une attaque de front, ou il manqua de me couper en deux avec son arme gravée d’or. Je m’éloignai de quelques mètres d’une roulade habile, prenant appuie avant d’attraper une flèche et de le viser. Le projectile partit en sifflant, passa près de son épaule et le manqua de peu. Loki était rapide, combattant de surcroit. J’étais mal partie. Passer dix ans sur un trône, ça ne ramollissait pas forcément, observai-je pour moi.

« Mh, ça veut dire « non », je suppose… Puisqu’il en est ainsi, ma chère… »

Un échange de coup entre lui et moi, entre arc et Sceptre, échappant de justesse à quelques coups qui auraient pu m’être fatal. Je ne pouvais que noter que le Roi maitrisait à la perfection son art, et que si j’arrivai à m’en sortir, ce n’était que grâce à une habilité particulière à tirer avantage du terrain. Pour sûr, nous nous valions, mais j’avais un handicap de poids, dans ma jambe pas tout à fait remise, que je forçai à être viable. Loki le remarqua, et un sourire mauvais barra son visage. Ses yeux bleus brillèrent d’un éclat tout autant mauvais, avant qu’il ne tente de s’en prendre à cette jambe que j’avais brisée quelques semaines plus tôt à Las Camp. Un bruit sourd attira mon attention et celle du Roi, lorsque le pied de Scar rencontra le plexus de Robb, pour le projeter vers le trou noir qui se présentait à nous. J’étouffai un cri voyant disparaitre la silhouette de mon ami dans « l’Antre du Diable ». Loki laissa échapper un petit rire, saluant le geste de son second. Mais Bee piqua violemment dans ce trou et attrapa le montagnard, pour le remonter tout aussi vite

« Tirez-vous ! Je vous rejoindrai ! »

Le Canard salua l’ordre et pris son envol jusqu’à l’horizon, Robb sur son dos qui ne savait pas comment se mettre.

Je me retournai vers mon… mes adversaires. Scar me tourna autour, comme un lion tourne autour de sa proie. Loki, lui me faisait face, regardant son second avec une risette dont il avait le secret. Et avant même que je ne puisse dire ouf, les deux se jetèrent sur moi, à coup de bâton renforcé à l’or et de poings. J’évitai comme je le pouvais, me baissant, tentant de sauter, me cassant la figure, roulant-boulant pour ne pas me faire enfoncer dans l’estrade. J’attrapai de nouveau une flèche en visant le second, qui arrêta le projectile à main nue. Il brisa l’objet et tenta de m’enfoncer son pied dans le ventre. Je parai avec mon arc, qu’il cassa sur le coup. Surpris pourtant, son mouvement s’arrêta. Les deux morceaux de bois n’étaient tenus que par la corde. Je me relevai en vitesse et attrapai le second, faisant un saut pour me retrouver dans son dos. La corde passa autour de son cou et se resserra alors que mes pieds rencontrèrent son dos. Mes mains tenaient fermement les morceaux de bois, appuyant sa gorge, commençant presque à l’entailler. Loki voulait venir au secours de Scar, envoya son Sceptre rentrer au contact de mon plâtre. Il entailla la matière, mais pas assez pour avoir ma cuisse. Je manquai de perdre l’équilibre, mais d’un jeu de jambes habile, je lui collai mon pied sur le coin de la figure. Et alors qu’il tenta de reprendre l’ascendant, que Scar se libéra de l’étranglement pour revenir sur l’avant de la scène, Thor déboula sur l’estrade et assena un violent coup de marteau dans les côtes du second d’Asgard. Puis, d’un mouvement puissant, il détruisit partiellement l’estrade de l’Antre de la Mort. Le bruit stoppa tous les combats, il faisait mouche… Le Royaume allait tomber, par tous les moyens… et s’il fallait en détruire tous les symboles, Thor n’hésiterait pas :

« POUR LA LIBERTE ! »

D’un seul homme, les civils répondirent par la positive. Mais Scar, fou de rage, ne l’entendit pas de cette oreille-là. Il se projeta violemment contre Thor, envoyant un violent coup de poing rencontrer son armure. Leblond fut soufflé par la manœuvre et projeté en arrière. Puis, il se tourna vers moi avec l’air méchant, et rapidement me saisit par le cou, me souleva au-dessus de lui, et me projeta dans les planches déjà brisées de l’estrade. J’en eu la respiration coupée, impossible de pouvoir avaler de l’air.

« Majesté, prenez la tangente, retournez dans le château ! »

Loki hocha la tête et d’un mouvement noble, rabattant sa cape sur ses épaules, s’enfuit à toutes jambes vers le Poséidon. Scar en profita pour ordonner de nouveau :

« Asgardiens ! Calmez immédiatement cette émeute, ou je vous tue… TOUS ! »

Mais l’ordre ne fit qu’attiser les foudres de la population déjà en train de se battre. L’émeute dégénéra encore plus, forçant le second à s’enfuir à son tour pour protéger sa vie… Alors que la silhouette de Scar disparaissait dans la foule, perçant à travers celle-ci en tuant ceux à portée, une voix rauque à la barbe bleue vint vers moi et m’aida à m’extirper des planches. Mes côtes me faisaient atrocement souffrir. En ce simple coup, il avait probablement réussis à m’en casser plusieurs. J’avais du mal à respirer, avec ces bêtises… Thor se releva à son tour, et vint m’aider à me sortir de là. Chancelante, il me prit sur son dos.

« Ça va aller ?
- Nous devons nous rendre au Poséidon… »

Archie hocha la tête. La masse avait presque eut raison des Asgardiens. Mais il restait encore deux têtes à faire tomber, et les plus importantes dans cette histoire…

*

Bee mit quelques minutes avant de se poser sur le toit du château, ou ce qui était tout du moins ce toit, et pour faire redescendre Robb de son dos. Il regarda l’homme avec la tête penchée, soucieux de son état de santé. Il lui demanda d’un « kwak » sonore s’il avait besoin de soin, mais Robb refusa doucement, reprenant appuie sur ses jambes. Il n’avait pas encore eut l’occasion de faire un tour sur le dos d’un canard géant. Maintenant que c’était chose faite, il n’en gardait peut-être pas une très bonne impression. Lorsqu’il nota que tous deux se trouver sur le toit du Poséidon, Bee prit sa forme hybride, demanda à Robb de se pousser. Une fois cela fait, le robot jaune envoya son énorme point à la rencontre de la taule, et dans un fracas immense, fit un trou d’un bon mètre de diamètre. Puis, il invita l’albinos à y rentrer…

« Kwak ! Dit-il en reprenant sa forme animale. »

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Écris sur et inspiré par ça.

Aujourd'hui était le premier jour de bon nombre de changements. De vies et d'évènements. Peu de monde le savaient, mais il y avait un couple qui s'était fait assassiné la veille dans l'opération Sorgue et Écume de Scar ; ils avaient un enfant. Timmett, âgé de six ans avait vu toute la scène lorsqu'il s'était caché dans la penderie. Timmett, qui, dans le futur, deviendrait Marine et gravirait les échelons pour devenir un officier respecté et admiré par tous. A cause de ce jour. Dans la bataille qui faisait rage sous ses yeux, il y avait aussi un homme qui perdit son bras et qui, durant toute sa vie, chercherai à aider les personnes avec un handicap, créant un organisme humanitaire. Des Asgardiens qui s'étaient rendus ou qui avaient changé de camp finiraient leurs jours avec une vie minable, ou tenteraient de se racheter. Certains mourraient en essayant de sauver des personnes de la noyade ou en s'opposant à ce qu'une rixe dégénère. Et peut être, peut être que cette personne qu'ils avaient sauvé se souviendraient d'eux à ce moment-là. Réactions.

Une réaction en chaîne interminable provoqué par eux. C'était ce qu'ils étaient. C'était ce qu'il venait de faire aujourd'hui. Robb était l'épicentre d'une foule de changements qui allaient s'opérer à cause de lui. A cet instant, le Docteur sut qu'il avait touché tant de vies qu'il ne pourrait jamais faire marche arrière. Pendant que le petit monde à l'intérieur d'une baleine se battait et agonisait en bas, le Montagnard levait les yeux vers le ciel-intérieur, son esprit à la dérive. Pour l'accepter, il avait besoin juste d'une petite minute... rien qu'une minute. Il avait couru et s'était battu toute sa vie sans perdre rarement haleine, brandissant son sourire, dansant sans cesse et il sentait que bientôt tout cela allait devoir recommencer. Alors, lentement, Robb ferma les yeux et s'endormit, un sourire sur les lèvres. Ce ne fut qu'un bref instant et cela dura longtemps pourtant.

La taverne de son enfance et le blizzard qui souffle dehors. Les batailles dans le Bar. Une main qui ébouriffe ses cheveux. Puis la castagne, encore et encore. Les Docteur-Montagnards. Les avalanches qui se succèdent. Apprendre à se battre. Brandir la pelle de son père pour la première fois. Les heures passées devant les photos de lui et les heures à écouter sa mère qui lui raconte des histoires avant de s'endormir. Et les Lapahns. La guerre contre Sakura. Se battre. Se battre. Se battre. Se battre même si c'est impossible, se battre surtout parce que c'était impossible ! Les cicatrices, le sang, les défaites, mais toujours sentir cette flamme dans son ventre.

Et ne pas renoncer.


Le Docteur s'éveilla une fois presque arrivé, à demi groggy ; le vol de canard n'arrangeant rien. Y avait pas à dire, la Bee Airline c'était spécial quand même. Heureusement, il avait l'habitude autrefois de dormir avec sa pelle dans les montagnes et avait réussi à se cramponner tout du long. Enfin, il distingua leur destination et son fiston volant entama une descente bienvenue. En posant le pied sur le toit du château, quelque chose commençait. Robb laissa la place à Bee qui fit un trou dans la chaumière et en s'engouffrant dans celle-ci, il sut ce que c'était. C'était une décision. Il acceptait désormais ce qu'il avait fait et ses ambivalences. Son rôle dans toute cette histoire et dans toutes celles qui suivraient. Robb avait toujours voulu devenir Pirate et vivre des aventures passionnantes, mais l'ambition ne l'avait pas effleuré. Pas une seule fois. Il était temps que cela change. Pas un héros, mais quelque chose de bien aussi. Et pas besoin de mots pour l'exprimer, mais seulement de la détermination. Une foule d'Asgardiens les entourait, bouches bées, leurs armes dardées sur eux, ne sachant pas comment réagir à leur intrusion. Mais le Papa comprenait enfin son rôle et ces hommes qui hurlaient à l'ambition. Alors, il leur sourit tendrement.

« Mes bichons, l'armée rebelle arrive. Rendez-vous s'il vous plaît ! Je vous conduirai tous dehors !
- Qu'est-ce que... te fous pas de notre gueule !
- Loki est notre Roi, il peut pas...
- Ouais ! Et Scar nous a confié la suite, on savait que vous alliez venir. Bouge pas !
- Je vais à la cuisine, c'par où, fiston ?
- Euh, vous tournez à droite, puis à gauche, puis vous longez le couloir jusqu'à la dernière porte. La bleue, pas la blanche, hein, beaucoup de gens font cette erreur.
- Mais pourquoi tu lui as dit crétin ?!
- Eh béh, parce qu'il me l'a demandé mec ! Et puis c'est qu'une cuisine, on va pas en faire tout un fromage !
- Vous avez du fromage ?
- Raaaah... ouais.
- Quel genre de fromage ?
- Du... roquefort pour quoi ?
- J'aime bien le roquefort ! Quoi d'autre ?
- Bah... je sais pas moi... euh...
- QUOI D'AUTRE ?!
- DE L'EMMENTAAAAAL ! Ah... ah... merde.
- T'as tout déballé. Comme toujours. Franchement Earl, je sais plus quoi f-
- Oh, c'est bon, on verra ça avec le conseiller conjugal Mercredi ! On va pas exposer nos problèmes devant lui, si ?
- Oh vous êtes... c'est bizarre. C'est vraiment super bizarre, mais j'aime ça ! Allez, au revoir ! Non Bee, toi va les rattraper, je te rejoins plus tard ! Papa doit recharger ses batteries bwo ho ho. Ah, demande aux messieurs où se sont enfuis Scar et Loki. Tabasse-les si nécessaire hihihi !
- Hahaha, qu'est-ce que pourrait faire un ca... un ca... Earl ?
- Oui Frank ?
- Je t'aime.
- Oh, on va pas mourir Frank... PARCE QU'ILS SONT PARTIS PAR LA ! Vous longez ce couloir, vous tournez à gauche, vous passez la porte rouge, allez jusqu'au bout du corridor, montez les escaliers, descendez les escaliers que vous verrez au milieu, puis tourner sur votre gauche et après c'est facile droite, droite, gauche, bas, haut, porte ronde, porte carrée, droite, gauche, gauche.
- Putain... Earl...

- Merci les gars ! Allez, tu les as entendus Bee ! A tout à l'heure ! »

Ils sont toujours braves. Tous. Quelque soit leur camp. Mais c'était lui le Papa... c'était lui qui devrait prendre les risques, jamais eux... et c'était lui qui devait arrêter Scar et Loki même si pour cela il fallait payer l'Ultime Prix.

Mais d'abord le p'tit déj'.
***
Écris sur et inspiré par ça.

Des fesses se suivaient dans un couloir obscur, à ramper en quête d'une liberté trop longtemps oubliée. L'attaque des rebelles leur avait donné la latitude nécessaire pour enfin faire leur sortie et ce n'était pas quelques heures de visionnage de fessiers se dandinant devant eux qui allaient les effrayer. Tout le monde retenait son souffle cependant. Certains Asgardiens étaient restés fidèles à Scar et Loki et l'armée séditieuse n'avait pas encore pris d'assaut toutes les infrastructures et les représentants du pouvoir ; il fallait éviter le plus de gardes possibles. Les membres du SPEAPLES ne comptaient cependant pas être sauvés comme une bande de p'tites morveuses par le premier gus venu, s'réveillant après dix ans d'une monarchie à la con ! En tout cas, le fier Cap'tain Machab n'était pas le genre d'homme qui attendait sagement que les autres viennent à sa rescousse, mais plutôt le genre de bougre qui s'échappait de lui-même et devenait le héros de l'histoire. Si le travail de Robb, Bee et Lilou étaient de renverser la monarchie, il s'était figuré que le travail du SPEAPLES était de régler les derniers détails et de mettre un point final à toute cette histoire.

Kevin Calvin ricana en pétant pour la sixième fois quand enfin, le signe de croix peint maladroitement par Bee et son bec leur montra leur voie d'sortie. Envoyant voler la plaque d'un coup de pied, les prisonniers se coulèrent en dehors de leur cachette, satisfaits que leur plan conçu depuis une décade ne foirait pas. Aucun Asgardien n'était dans la salle des gardes qui contenait également les effets personnels des prisonniers. Cap'tain Machab avec un sourire empoigna son précieux harpon et sa pétoire, tandis que les autres récupéraient les affaires de Robb Lochon. Machab se tourna vers Kevin, Fred et Jeremiah et dans leurs yeux ils pouvaient lire la même tempête que dans les siens. Ce jour-là était la journée de tous les possibles, la journée où Francis Machab retrouvait sa fierté de capitaine.

Ouvrant la porte d'un nouveau coup de pied, les quatre prisonniers se déversèrent telle la mer qui avait fait rage ce fameux jour de navigation où le Poséidon avait été avalé. Engloutissant dans un élan vengeur les quelques Asgardiens restés défendre la prison, s'engouffrant dans les cellules pour sortir les oubliés du régime de Loki, brandissant les armes comme tant de récifs tranchants, ils changèrent dix années de servitude en un instant. La colère du Capitaine au harpon ne s'arrêta qu'à la dernière porte, qu'au dernier cliquetis d'une clé et au dernier regard plein d'espoir que lui lança le prisonnier. Son manteau d'officier était devenu crasseux à cause de son séjour en cellule, mais lorsqu'il sortit de la prison pour la première fois depuis une décennie et que l'on vit celui-ci claquer au gré de ses pas, tous se remémorèrent leur passé. A la tête d'une armée de prisonniers, brandissant son harpon dans la bataille, Francis Machab détruisit ou fit prisonnier les restes des Asgardiens. Et quand tout cela fut fait, il ne se reposa pas, ni ne déposa les armes. Il ne fit que se tourner vers le Poséidon, un sourire féroce sur les lèvres.

Prends garde, le Cap'tain Machab vient reprendre son navire, pourriture de roitelet !

***
(à répéter jusqu'à la fin du post si nécessaire)
Doctor Who OST ~~ The Majestic Tale (Of A Mad Man in A Box) / Robb's Theme n°1

Le Montagnard avait fini son petit déjeuner. Et son déjeuner également. Sans parler de son dîner ou de son souper. Rempli, son énergie était au maximum. Il sortit tout en faisant craquer son cou, avançant en s'étirant les bras, puis la taille, avant qu'il n'écarte les jambes et qu'il les campe fermement au sol. Dans sa ligne de mire, il y avait des murs. Des murs entre lui et Scar. Des murs entre lui et Loki. Robb Lochon sourit.

Avait. C'est parti mon kiki !

Il s'élança, les quelques personnes restées dans le navire-château, ainsi que ceux à proximité pouvant entendre distinctement :

« SCAR ET LOKI, PRÈS OU PAS, J'ARRRIIIIIIIVE BWO HO HO ! »

Sa musculature puissante se mit en branle, sa tête rentrée, ses bras brassant l'air avec force, ses jambes martelant le sol dans une course terrible. Si Robb n'avait jamais été rapide, il était fort ; c'était la première fois qu'il se jetait de lui-même entièrement dans la bataille -tant pour les autres que pour lui, tant pour lui que pour prouver quelque chose au monde- et ce n'était pas la dernière. L'homme simple qu'il aurait pu être mourut en ce jour ; les pas bruyants qui éclataient le sol fragile du château de Loki étaient les premiers d'une légende. Celle d'un homme qui ne s'arrêterait jamais, jusqu'à son dernier souffle. Et cet homme-là, contrairement à l'autre pouvait accomplir des choses impossibles :

Robb Lochon passa à travers le premier mur tel un boulet de canon, accélérant.
Puis le deuxième vola en éclats, tandis qu'il accélérait encore, jusqu'aux limites que pouvait accomplir ses pieds blessés par les sévices de Scar.

Le second de Loki s'était arrêté, attendant dans un état de stupeur et d'excitation qu'il n'avait jamais connu jusqu'ici, son adversaire. Il aurait été stupide de tenter de s'enfuir, car il savait qu'il arrivait. Ses tripes le lui hurlaient.

Son monde s'écroulait autour de lui et Scar sifflotait, goguenard, les yeux exorbités.
Cependant, jamais il ne pensa à ce qui lui arrivait dessus : un homme en colère.

Et tout son corps tendu en un bélier surpuissant après une course qui l'était tout autant.

Le Chef des Asgardiens fut soufflé par l'impact, vomissant du sang et allant s'écraser dans le mur en face, véritable torpille de douleur. Le Docteur savait qu'il devait en finir maintenant, ayant vu la force du Second pendant le combat sur l'estrade. C'était tout ou rien. Alors, il reprit appui sur ses pieds blessés, offrit un rictus de douleur et dévora la distance entre son ennemi et lui. Posant avec toute la violence dont le Pirate était capable ses pieds sur ceux de son adversaire, la vision obscurcie par la fumée dû à son précédent coup, mais sentant le Second se redresser pour contre-attaquer, Robb Lochon frappa. Tombe ! Frappa comme il ne l'avait jamais fait jusqu'alors, d'une énergie furibarde et désespérée, multipliant les coups de poings en une vraie rafale où chaque coup était dévastateur, agitant ses bras d'ours dans l'espoir que son ennemi tombe une bonne fois pour toutes. La fumée commençait à se dissiper, ses phalanges dont la peau étaient entrain de s'écorcher cognant encore dans un dernier élan destructeur. Tombe ! Sur son visage. Tombe ! Sur son torse. Tombe ! Sur son ventre !

Le mur de pierres derrière le bourreau se fissura et le Montagnard vit cela comme un signal.

TOMBE !


Délaissant ses poings malmenés pour empoigner le visage de Scar, poussant de toute sa force vengeresse une ultime fois, Robb Lochon explosa la cloison et passa à travers avec sa victime.

« DANS TA MOUILLE, MORVEUUUUUUUUX ! »

La paroi s'éparpilla autour de lui en un tourbillons de gravats, tandis que de leur choc giclait le sang dû à ses attaques. Basculant tout son poids sur ses talons, le Docteur chancela quelques secondes avant de s'écrouler sur son dos.
Nouveaux hurlements, mais cette fois-ci de douleur.
Souriant faiblement, les séquelles des tortures qu'il avait subi l'élançant de plus belle, le Montagnard tenta de se mettre à quatre pattes pour se redresser, mais il chancela face à la douleur.
Le sang de Scar avait aspergé tous les... le sang de Scar ?

Robb comprit.
Il tourna la tête et observa Scar qui se relevait, amoché et pissant du carmin par le nez et la bouche, mais toujours en état, un sourire sur les lèvres.

Ses mains étaient gantés et portaient de longues griffes métalliques.
Robb baissa la tête, comprenant à présent : deux trous ornaient sa poitrine. Surpris par son déluge de coups, les griffes n'avaient pas eu le temps de s'enfoncer trop profondément, mais pas besoin de toute son expérience en médecine pour savoir qu'elles n'étaient pas sans conséquences.
Se relevant difficilement, ruisselant de sang, il tenta une attaque vers son ennemi qui ne fit que s'effacer pour le laisser rouler au sol.

C'est à cet occasion que le Papa put remarquer deux choses : qu'un autre combat se déroulait entre Loki et Bee et que le canard en mode robot était lui aussi esquinté, mais également qu'un navire était appareillée et prêt à partir.

C'était ça leur plan... d'puis le départ... ils avaient prévu de les abandonner... les enflures.

« Fumiers !
- Hinhinhinhinhin... tu vas mourir cette fois. Pas d'échappatoires, toi et moi, tandis qu'Asgard se délite. Délicieux, tu ne trouves pas, hein, ROBB LOCHON ?! »

Scar fondit sur lui et lui décocha un coup de pied qui lui fit cracher d'son rouge maison.

Robb était au sol. Sur les rotules. Les blessures dû aux tortures le lançait, certaines s'étaient rouvertes, ses pieds saignaient dans ses chaussures...

mais Robb se releva une dernière fois, en garde, le visage baissée, ahanant.

Ne pas renoncer.

Crachant du sang, le teint blafard, son regard croisa celui de Scar.

Intact et insoumis.

« Viens prendre ta raclée, gamin. »
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« PLUS VITE !
- Mais ! Je fais aussi vite que je le peux !
- CE N’EST PAS ASSEZ ! ROBB NOUS ATTEND !
- Mais, je suis aussi épuisé, moi !
- Archie ?! Archie, est-ce qu’il va vite, là ?!
- Euh… Oui… Enfin, il est blessé !
- JE N’EN AI RIEN A FOUTRE !
- RAAAH ! Je ne sais pas ce qui me retient de te reposer par terre !
- … Mon pied dans ta tronche, Thor !
- La bienséance m’a appris à ne pas frapper les femmes, mais ça pourrait changer !
- Mais enfin, vous allez arrêter vous deux ?!
- Il ne court pas assez vite !
- C’est parce que t’es grosse !
- GROSSE ?! JE NE SUIS PAS GROSSE !
- Oooooh ! La ferme ! *bim ! bam !*
- Pardon… »

Devant l’immense porte creusée dans la coque du Poséidon, pharamineuse et sculptée par endroit, nous nous arrêtâmes, à bout de souffle. Thor se posa sur un tas de bric et de broc censé remplacer une pierre, et m’installa à côté de lui. Archie, lui, avança jusqu’à la porte et la tâtonna un instant, poussant un temps, puis, revint vers nous avec la mine dépitée…

« Bon, là, on passe pour trois cons.
- Personne n’a prévenu quelqu’un pour nous ouvrir la porte ?
- Non…
- Mais… Mais… MAIS VOUS ÊTES DEBILES !
- Roh ! Hé, ça va hein ! T’aurais pu y penser aussi !
- C’est mon royaume ou ce n’est pas mon royaume ?!
- Gnagnagna.
- J’entends bien, oui ! Bon… HE OH !? Y’A QUELQU’UN ?!
- Mais ! Mais ! Mais t’es trop bête ! Tu vas attirer les Asgardiens !
- J’te rappelle qu’on est devant la porte d’entrée, qu’on les attire ou non, ça revient un peu au même !
- Mais t’as qu’à toquer pendant que tu y es !
- »

Toc toc toc.

« AH PUTAIN ! AH PUTAIN ! J’HALLUCINE ! »

Thor s’enfouit le visage dans ses mains, tandis que je reculai en sautillant, regardant de gauche à droite, en haut également, pour essayer de voir quelque chose. Puis, des bruits de lutte nous sortirent de notre torpeur, alors que nous étions sur le point d’abandonner l’idée de rentrer par la porte officielle. S’en suivit un son métallique et strident, comme si deux aciers se frottaient l’un contre l’autre. Je relevai les yeux et vis apparaitre un type avec de longs cheveux blonds ondulés, un nez crochu, avec une longue barbe, par une petite trappe servant de judas…

« JEREMIAH ZELSIUSS, AU RAPPORT !
- Zelsiuss ? Qu’est-ce que vous foutez là ? Pourquoi vous n’êtes pas dans votre cage ?
- … Votre nom est imprononçable.
- Je vous emmerde ma petite dame, bien cordialement ! Et vous aussi, Thor ! Tiens, salut Archie !... Bref ! Et c’est bien parce que vous êtes les copains de Lochon que je vous pète pas la gueule !
- D’accord, mais vous nous ouvrez la porte, plus tôt ?
- Ah oui ! Je suis là pour ça ! »

Et dans le son des rouages mécaniques, l’immense porte du Poséidon s’ouvrit, émettant un raffut sans nom, nous forçant à nous boucher les oreilles. Les boulons avaient besoin d’être graissé, notai-je pour moi-même en me relevant péniblement et en avançant vers l’entrée fraichement ouverte. Jeremiah nous retrouva bien rapidement, armé jusqu’aux dents, un petit sourire fier sur les lèvres. Puis, il nous évalua, comme un gradé évalue ses troupes, et fronça les sourcils :

« Vous êtes dans un sale état, les amis.
- Parlez pour vous, ouais.
- WAH L’AUTRE HE !
- Qu’est-ce qui s’est passé ici ?
- Bah, on est en train de reprendre le pouvoir, en fait. Mais Machab m’a dit d’venir vous ouvrir, au cas où vous seriez assez con pour passer par la grande porte…
- Ok... Bon, vous avez un médecin ?!
- Ah, ouais ! Fred ! Mais là, il est occupé à passer à la Javel tous les murs du château pour tuer les microbes. Il brique tellement bien le sol qu’on se casse la gueule dessus.
- Vous êtes sérieux ?
- Dix ans dans une cage dégueulasse, ça use les nerfs de certain. Puis, Fred a toujours été un peu tendu dans sa tête.
- Déjà sous les ordres de mon frère, il était bizarre…
- Et sinon… UN MEDECIN ! »

Il y eut comme un silence de plomb. Robb était le seul autre médecin, et surtout en proie avec les deux autres zigotos. Jeremiah haussa les épaules nerveusement, et comme pour s’excuser, un grognement contrarié sorti de sa bouche.

« Bon, vous savez quoi ? Oubliez-ça ! Robb, Loki, Bee, Scar !
- Ouais ! Suivez-moi ! »

Tout le monde se releva d’un coup, puis se rua vers l’un des couloirs, suivant Jeremiah sans se soucier du reste. L’homme tenait entre ses mains une épée, dans son dos, une carabine rouillée. Il courrait vite, allant et venant dans les couloirs quasiment tous identiques du Poséidon. En dix ans, et même s’il ne faisait que râler après ses camarades d’infortunes, Jeremiah avait eu le temps de retenir les accès et issus du navire. Fier comme un paon, il tourna à une intersection, Archie, Thor et moi sur ses talons. Et c’est alors qu’apparu le crâne chauve et luisant de Fred Fallenight, les mains dans une bassine d’eau, armé d’une pseudo-éponge, en train de laver les murs et le sol avec une efficacité déconcertante…

« Salut Fred ! Attention, ça glisse !
- HAAAAAA ! CASSEZ VOUS DE LA AVEC VOS MICROOOOOOBES !
- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Blang ! »

*

La chute avait été terrible, mais plus de peur que de mal. J’avais testé le patin sur plâtre, et étais maintenant sûre que je n’aimais vraiment pas ça. Dans notre progression, nous croisions par endroit des prisonniers, des Asgardiens fait prisonniers, et autres combats. Et plus nous progressions vers les étages inférieurs, ou était censé se trouver Loki et Scar, plus les bruits d’un affrontement terrible nous parvenait. Un doute me prit. Un doute, aux tripes. Est-ce que Robb Lochon allait bien ? Est-ce qu’il s’en sortait ? Plissant les yeux, j’espérai par la même occasion que Bee se débrouillait... Nous étions à quelques lieux à peine du combat, quelques lieux, et tonna alors dans les escargotparleurs encore en vie après dix ans :

« JE DECLARE CE NAVIRE SOUS LE COMMANDEMENT DU CAPITAINE MACHAB, BANDE D’ASTICOTS ! »

Jeremiah ricana, Archie laissa échapper un sourire, et une fois l’annonce passée, l’homme en tête envoya un violent coup de pied dans une porte mal fermée qui sortit de ses gonds. S’enfonçant dans l’air, elle rencontra sur son chemin un des combattants, Scar, qui, pris au dépourvu, ne l’évita pas. Il s’imprima dans un mur avec véhémence, ainsi Robb eut un moment de répits dans sa lutte acharnée contre le second. Alors que nous pénétrions tous dans l’immense pièce, qui n’était que l’ancienne salle des machines laissés à l’abandon, mon regard s’aventura partout : Sur Robb, en sang, sur Bee, épuisé, sur cette barque qui trônait près d’un immense trou censé la faire passer, sur cette chair à vif que j’avais l’occasion d’admirer, la chair même de la baleine dans laquelle ils avaient creusé pour s’enfuir…
Et de l’autre côté de la pièce, par une autre entrée, l’on entendit des pas arrivés à toute vitesse, enfonçant la porte à leurs tour qui tomba à terre, armés comme des tanks : le Capitaine Machab surgit tel un lion affamé, bondit sur Loki, harpon en avant :

« SUUUUUS A L’ENNEMI ! »

Au même instant, Thor se rua vers son frère, prêtant assistance à Bee et au capitaine Machab, tandis que Robb et Jeremiah se démenaient comme des chefs face à un Scar de plus en plus remonté par la situation.

Le nombre avait raison d’eux. C’était prévisible. La colère, la volonté, prenait le pas sur tout le reste. Le pouvoir n’existait plus ici, ni hiérarchie, ni supérieur. Ni rien. Juste cette soif de liberté intangible, qui avait rongé marins et civils durant près de dix ans. Dix ans, c’était long. Ça avait eu largement le temps de fermenté, de pourrir, de ronger de l’intérieur. Les choses avaient été montées de telle façon que ça aurait cédé, un jour ou l’autre. Les voix de la souffrance se faisaient toujours entendre. Cette souffrance engrangeait forcément le changement. La colère était un moteur intarissable, qui jamais ne s’épuisait, mais qui usait profondément les cœurs. En dix ans, Archie avait eu le temps d’être en colère. Comme Machab, comme Jeremiah. Fred en avait perdu la raison, d’autres la parole. La violence qui faisait barrage se brisait aujourd’hui, ne pouvant plus retenir le tas de haine, de rage, qu’elle avait retenue jusqu’à aujourd’hui. La violence, comme la peur. Elles n’existaient plus dans la chair de ces gens qui se battaient pour plus que leurs vies : pour leurs libertés.

Robb et moi n’avions été qu’une allumette.
Tout le reste, la mèche, le baril de poudre, tout ça… tout ça était en place depuis des années, depuis le commencement. Scar et Loki avaient eux-mêmes créé un cocktail qu’ils ne pouvaient maitriser. Au début, ils jouaient allégrement avec, sans se soucier du danger que cela représentait. Mais ils avaient simplement oublié qu’au contact du feu, le cocktail était instable, fragile… Explosif.
Dans cet amalgame de chose, nous n’étions rien. Qu’une simple allumette qui avait mis à mal un empire, un royaume.

Ça, Scar s’en rendit compte. Soudainement, il réalisa que cette vie qu’il avait tant aimé, ou on lui avait donné légalement le droit d’être ce psychopathe qu’il avait toujours été à l’intérieur, allait soudainement s’arrêter. Il réalisa que la volonté de Jeremiah, celle de Machab, celle de Robb, surpassait sa propre volonté de continuer à vivre comme le premier des enfoirés. Asgard n’était plus. Cette cité ne serait plus jamais. Et même s’il appréciait Loki plus que quiconque, il s’aimait d’avantage.
Scar colla une droite magnifique à Jeremiah, repoussa l’assaut de Robb d’un coup qui le renvoya en arrière. Prenant son élan, il fonça vers la barque. D’un saut divin, il retomba dedans. La barque se mit en mouvement, d’un transfert de force, et glissa dangereusement vers le trou…

« MWAHAHAHAHA…

Un rire tonitruant perça dans l’ancienne salle des machines, coupant court à tous les combats. D’un seul homme, tous se tournèrent vers Scar. Lui. Le Traitre.

…HAHAHAHAHA…

Loki le fixa, outré, troublé, pris au dépourvu. A côté de son frère, le visage horrifié, il voulut lui dire d’attendre. A lui, son second depuis dix ans… Lui, son ami depuis dix ans… Son seul ami depuis sa naissance…

…HAHAHAHAHA…

La barque prit le chemin de ce trou, étroit, mais pas trop. Elle s’enfonça rapidement dans ces profondeurs abyssales. Et tandis qu’il s’enfonçait, un cri rauque, puissant, venant de l’intérieur de ces terres, venant de la bête elle-même. Un cri de douleur, d’une douleur inégalée jusqu’ici, comme poignardé par ses propres organes… Déchirant.

…HAHAHAHAHA…

Et le rire s’éloignait, sous les yeux outrés de ceux encore présent. Loki lâcha son arme, tomba dans les bras de son frère de sang. La défaite, pour lui. L’abandon était cuisant. Il fulminait, mais la surprise le saisissait en plein cœur. Et enfin, la tristesse prit le pas sur le reste…

…HAHA ! »

BLOUPS.

Il allait être seul face au châtiment, face à la justice.
Alors, il rendit les armes.

Et il ne ferait plus croire à personne que l’apocalypse se résume au ventre d’une Baleine…
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L'homme chancèle, mais se fait rattraper par Machab. Tout tourne... si froid... première fois qu'j'ai si froid... première fois d'puis si longtemps... d'puis. Le sang est chaud. Mon sang. Tout ça, c'est... mon sang ? Scar enfui... Loki 'rendu... on a gagné ?

On a gagné Lilou ?


« Lilou, tu vas bien ? »

Bwo ho ho, c'quoi cette tête ?
J'vais pas mourir Lilou.
J'vais pas mourir...
pas maintenant.
ça là ?
Une égratignure Lilou.
Une estafilade Lilou !
Un bobo.


Bah Lilou, pourquoi tu tires la gueule ?
Lilou pourquoi tu rigoles pas ?

Woooh, mes pieds c...lanchent là.
...
J'ai pe...du Lilou.
D'solé.

Hey Lilou, Lilou ! On t'as déjà dit que t'avais une gueule de flou ?

J'ai pas pu venger ..., ni tous les autres.
Tu m'en veux pas, dis ?
Roooh, tu pourrais me rép..ndre .... ...
M'fais pas ... yeux tristes.
Pourquoi ... m'matez ... ... ... ?

Z'... ... sur le bobo h... ?
C'est rien.
...
Rien ..'un bisou magique peut réparer...

Les enfants. Souriez. S'il vous plait. On a gagné non ?









Les yeux chancèlent, le cœur vacille.
Le beat est faible. Le danseur a un faible pour l'immobilisme.
Funambule sans cordes qui s'agite dans l'vide.
Gigote.
Tomb-saute.
Montagnes vertes.
Cœur d'acier.

Yeu marron.
Yeux marrons !
Voile de la faucheuse. Elle l'a oublié quand elle est allé(e) s'acheter une glace avec le Berry de Robb.

***

Se réveiller après être mort, c'est un peu mourir à l'envers enfaite.
Y fait très mal, y fait mieux, y fait froid, y fait chaud, y fait débile ; il l'a toujours été.
La douleur, c'est la vie.
La Mort n'a qu'à aller se faire cuire une omelette au bacon-merguez-lardons-champignons. P'tite emmerdeuse. Un Docteur ça a pas le temps de mourir pute borgne !

Bwo ho ho...


***

Hmmm..?

Paupières-papillons.
Silhouettes flous.
Je crois bien Lilou que je redeviens fou ! BWO HO HO !

Le sais-tu ? Il est facile de réparer les corps, mais il n'y a qu'un seul remède pour réparer les cœurs.
Le cadavre vivant à l'âme maigriotte de revenant ne gigote toujours pas.
Mais sur son masque de semi-songe quelque chose a bougé.

C'est l'ombre d'un sourire-soleil.

***

Les mots grésillent et s'évaporent.
Se heurtent et se détruisent.
Les sons vont et viennent et ne restent jamais.
Tons ; brouhahas indistincts.

Mais le sourire ne le quitte pas. Il s'agrandit.

Il reconnait ces voix.

***

L'odeur emplit l'air et son nez à chaque respiration. Il peut sentir son torse bandé se soulevait régulièrement, à présent.

Lilou, ça fait vachement mal de respirer. Vous avez intérêt à me garder de la bouffe pour quand je serais opératioZzzzZzzzZZzz...

***

Chez les Montagnards, le Temps ne passe pas. Il ne se perd pas non plus. Il galope. Slheipnirr, le cheval géant de Neij et de Flokkon fend les cieux sans jamais s'arrêter pour représenter l'errance des fondateurs des Montagnards. Il n'y a qu'un seul moment où sa course se stoppe, un seul moment où il prend un repos bien mérité : lorsque le monde touche à sa fin. Et comme le Temps courre sans cesse et ne peut être rattrapé par de simples mortels, les Montagnards vivent simplement, comprenant que tôt ou tard leur trépas viendra. Alors, ils se retournent une dernière fois sur leurs vies passées et peuvent être fiers d'avoir honoré leurs ancêtres, ayant vécu une existence sans regrets. La Course de Slheipnirr peut paraître cruel, mais ceux qui tentent de s'y dérober sont récompensés. Dans son sillage, nait les vents d'hiver et nait la Destinée.

Parce que les légendes et les mythes ont tous en commun une chose : l'immortalité.
Par delà la fièvre des habitants du monde et ses changements, à travers les ères et les évènements qui s'entrecroisent et explosent pour former l'Histoire, reste, inexpugnable, une trace des êtres légendaires qui ont vécus.
Leurs noms ne meurent jamais.
Leurs exploits perdurent.
Et des anecdotes font leur renommée.

En voilà une toute simple. L'infirmière Kyaa Hii s'était un jour occupée d'un homme qui les avait sauvé lors de leur rébellion et comme beaucoup, sans le dire, elle ne pensait pas qu'il pourrait s'en tirer. Son état s'était grandement amélioré au fil des jours pourtant, comme si... comme s'il ne pouvait pas mourir ici. Et puis un beau jour, il avait souri. Même ouvert les yeux quelques instants. Et on avait pas pu lui retirer son damné sourire depuis. Même si ses constantes s'amélioraient, même si des patients mourraient autour de lui, son sourire invaincu jusqu'aux oreilles était toujours là, semblant narguer la Mort et redonnant courage à ceux qui l'attendaient. Aussi, quand l'infirmière vit cet homme complètement nu se tenir les poings sur les hanches devant la fenêtre, elle lâcha son plateau de stupeur.

Robb Lochon se retourna, nullement gêné et tout sourire lui tint à peu près ce langage :

« Je ne suis pas mort. ET J'EXIGE UNE TARTE A LA MYRTIIIIIIIIIIIIIIIIIILLE BWO HO HO ! ET JE VEUX LILOU ET BEE ! ET TOUS LES AUTRES ! Et il faut faire la fête aussi ! Pourquoi vous pleurez ? C'quoi c'te tête ? On a pas le temps ! J'ai faim ! J'ai soif aussi ! Apportez du rhum, on va s'en foutre jusqu'aux cimes bwo ho ho ! Allez, allez, ALLEZ ! PAPA S'EST JUSTE REPOSE LES YEUX BWO HO HO !»

Et son nom ne fut jamais oublié.

***

One Piece OST~~We Did it ! PARTY ! (répétez jusqu'à la fin)

« Dépêche-toi bon sang !
- Et ça recommence...
- Faites place pour le Capitaine Machab, moussaillons !
- Kwak !
- ça va pour toi aussi méca-poulet !
- Kwaaaaaak !
- Vous êtes sûrs que c'est parfaitement sain d'aller voir Robb ? Pas d'infection, pas de microbes ? Il est complètement guéri ?
- Vous en avez pas marre de dire des conneries ?
- Héhéhé, je lui ai préparé mes p'tites tartes aux myrtilles, il va a-do-rer.
- Je t'avais dit pas de pas le faire !
- Mais elles chont chuper chavoureuzes, vous savez pas che que vous ratez fwanchement.
- J'EN VEUX ALORS ! J'EXIGE, JE COMMANDE, J'ORDONNE ! PAR ICI LA BECQUETANCE !
- Mais c'est quoi ces morfales ! Vous avez déjà eu droit à un banquet en plus !
- Bordel...
- Ah non, on ne se vautre pas dans la bouffe comme des gros dégénérés ! Pas tant que je serais là !
- ET VOUS ARRÊTEZ DE FAIRE VOTRE FIER ET MANGEZ ! On entend votre estomac depuis le marais !
- Je ne tolérerai pas ces calomn*GRRRROUUUUUUUUUUUUUAAAAAW* !
- Oh putain, un kraken !
- Vous m'avez piqué ma blague... plus de tartes à la myrtille pour vous.
- Hein qwach ?! Ah béh naw, ch'est vachement bon en pluche !
- Ch'vous l'avais.... J'vous l'avais dit !
- ...
- Je n'accepterai pas de partager ma pitance AVEC DES CRIMINELS ! J'AI MA FIERTÉ DE MARINE !
- ...
- Techniquement mon cher, vous vous êtes aussi évadé. Ainsi, vous êtes un prisonnier en fuite.
- ... *GRRAAAAAOUW*
- ...
- ... *RWWOOUUAAARRW*
- ...
- Vous êtes lavés de toutes charges qu'il y avait sur vous, si ça peut vous rassurer.
- ... pourrais-je avoir une tarte s'il vous plait ?
- Kéhéhéhéhé ! J'attendais ça depuis si longtemps !
- ...
- ...
- Oh le marin d'eau douce, il lui a foutu dans la tronche...
- Kéhéhéhéhéhé. Alors, elle sont pas bonnes mes tartes ?
- Faites avec des myrtilles poussées près du marais, élevés avec-
- C'est pas l'moment Thor !
- 'Pour ça que j'en ai pas voulu... des tourtes aux fruits des marais... berk, berk, berk.

- MAIS VOUS ALLEZ LA FERMER OUI MAUVAIS HARANGUEURS ! Les éclopés devraient pouvoir dormir dans la quiétude et le silence ! »

Les leaders de la rébellion contre Loki entrèrent tous penauds dans l'infirmerie que les habitants avaient bâtis pour accueillir tous les blessés de la guerre contre le régime. Vociférant en se hissant dans sa chaise roulante, le Père Jean les toisa de ses yeux morts, ce qui eut pour réaction de faire gueuler à tout le monde de façon quasi-synchrone qu'il devait porter absolument ses lunettes de soleil. Le Père avait été retrouvé par les troupes des rebelles avec d'autres suppliciés de Scar et sauvés in-extremis de l'Antre du Diable, mais les sévices qu'il avait enduré le marqueraient à vie : on lui avait pris ses jambes, en plus de le rendre aveugle. Pour lui, c'était un signe que Dieu l'avait puni d'avoir cru en un faux prophète, pour d'autres, les immanquables sacrifices et blessures que chacun avait enduré dans cette guerre. Nombreux avaient été ceux ayant perdus leur famille à cause de l'opération Sorgue et Écume ou à la bataille, mais cela faisait déjà deux semaines et demie que leur petit monde s'organisait et se reconstruisait lentement.

« Si vous êtes venus voir Robb Lochon, il est déjà parti.
- Hein ? Où ça ?
- Apparemment, il veut aller voir le véritable bonimenteur.
- Le véri- LOKI ? Il est allé voir Loki ?
- Il va aller défoncer l'roitelet ! Il avait dit qu'il le ferait !
- Tous : HEEEEEEEEIIIIIIN ?!
- Vite, avec moi tout le monde ! Thor, allez, porte-moi !
- Mais t'es bientôt remise...
- On a pas le temps pour ça Thor !
- Hmmmppfff... »

Il n'y a qu'une seule façon pour qu'une guerre meure définitivement.
Et Robb la connaissait.


Quelques minutes plus tard et des tartes à la myrtille en moins. Cabane faisant office de prison temporairement pour le nouveau régime.


Enchaîné et sous bonne garde pour éviter les représailles, Loki darda l'un de ses yeux bleus vers les arrivants.

« Quelle charmante visite... vous êtes venus me narguer vous aussi ?
- Te..? Bordel, il nous a encore distancé !
- Que t'as-t-il dit ?
- Oh, mais voilà le ton royal de mon frère. Votre... "Excellence"...
- Pas de ça ! Parle !
- Si ennuyeux comme toujours...

Il bougea un peu plus, histoire d'apparaître en pleine lumière, montrant un visage tuméfié et dont le sang séché flattait la peau d'albâtre de l'ancien Roi des rois à l'arcade, au nez et à la bouche. Le Montagnard ne l'avait pas raté.

- Il est venu me coller un pain votre laquais... et aussi me dire qu'il... qu'il me pardonnait de l'avoir foutu en prison.
- Tous : HEIN ?
- Mais il a bien spécifié "mais pas pour le reste. Je t'aurais bien foutu une fessée, mais je récupère encore, alors ce sera à Jeremiah de le faire". Je ne connais pas ce Jeremiah... qui est-ce ?
- C'est moi. Une fois que le bateau sera prêt, je t'emmène illico dans une bonne geôle bien Marine où tu pourras repenser à tes forfaits, misérable.
- Ce fut un plaisir, messieurs-dames. Si vous pouviez me laisser à présent, j'ai apparemment une longue route à faire bientôt et j'aimerais me reposer pour être frais et disponible...
- Tsssch.
- ...
- Allons-y Thor.
- Oui. »

***

Après avoir retrouvé Robb qui dansait sur le toit du Léviathan, les Insurgés repartirent vers le village où tous les attendait. Le Montagnard se fit bientôt entouré par une foule d'enfants pour son plus grand bonheur, tandis qu'on dressait à nouveau des tables et qu'on amenait ripaille et boissons. Des musiciens défilèrent, heureux enfin de pouvoir jouer librement et tous s'attablèrent une nouvelle fois pour fêter leurs héros.

Le reste ne fut plus que rires et larmes, que chants et danses, tartes à la myrtille et pièces de viandes, chocolats et friandises. Robb servait du rhum à Lilou qui riait aux éclats à une blague de Thor, Bee essayait de fuir une horde de gamins à ses trousses, Machab était entouré d'une foule d'admirateurs, brandissant son harpon et racontant le récit de son combat homérique contre les éléments lors d'un voyage précédent. Archie faisait la démonstration d'inventions plus rocambolesques les unes que les autres, tandis que Jeremiah et Père Jean étaient copains comme cochons à parler de religion et de justice tout en déchirant d'un bon coup d'dent des morceaux de monstres marins. Kevin se moquer de Fred qui tentait vainement de commencer à nettoyer la fête et tous beuglaient, riaient, chanter, danser ; poussant des cris à s'en décrocher les amygdales, remplissant leurs bides en s'en faire péter la panse !

« J'EN VEUX ENCORE ! PLUS D'ALCOOL ! DONNE-MOI CETTE PIZZA, MOUSSAILLON ! BWO HO HOOOOO ! AH BORDEL VOUS EN FOUTEZ PARTOUT, BANDE DE GROS DÉGUEULASSES ! JE VEUX CES ÉCLAIRS AUX CHOCOLATS ! DU PARMESAN HMMMM ! DE LA MIMOLETTE HMMMM !! DU REBLOCHON BWO HO HO ! SAVOUREUX CE FRUIT ! ATTENTION, C'EST UN FRUIT DE LA PASSION CHER PRÊTRE KEHEHEHEHE !QUELLE MUSIQUE ! HAHA !KWAAAAAK ! »

On monta sur les tables à la suite de Robb qui dansait frénétiquement, faisant vibrer tout le royaume libre d'Asgard, faisant des grimaces, jouant avec les enfants, hurlant et souriant.

Et dans la mer, sans que les autres poissons ne sachent jamais pourquoi une baleine sourit de tous ses fanons et se mit à danser tout en remontant à l'air libre.

Le sais-tu ? Un sourire est un triomphe en soi. Un triomphe de soi.

[D]own the Road 886469imageinrp27

Le royaume libre d'Asgard ne perdrait plus jamais le sien.




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