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Dans le port d'Amstramgram

Dans le port d’Amstramgram, les mouettes chient sur les passants sans sommation. Tu passes et tu changes de couvre-chef. Le matin, il caille encore plus que le reste du temps, et ça, Drum sait y faire. Y a de la neige partout, tout le temps. J’n’ai jamais vu un climat aussi merdique.

Faut être un gros bourge pour n’pas claquer d’une pneumonie ici. Tu t’allonges pour roupiller une seconde et tu n'te lèves plus. Y a même des gars de la municipalité qui ramassent, il paraît. Les charognards.

Remarque, depuis que la révolution est ici, ils ont tenu leurs promesses, à savoir que rien ne changerait. Je n’sais pas si c’est pire, je ne m’en rends pas compte. Depuis les quatre semaines que j’ai passées ici, je me sens abruti par le froid. Le simple faite de n'pas perdre mes orteils me demande un gros effort. Alors, me chier la bite avec leurs histoires de prolos, très peu pour moi.

Sauf que l’pognon, ça n’pousse pas sur les arbres, si encore y en avait ici. Y en a peut-être par là dans la forêt, mais faut voir les engins. C’est ce que m'raconte un collègue, un gros type avec une barbe de trois jours et une forte haleine de soupe de poisson. Y m’fait les couilles en sorbet de dinde avec ses histoires. Il me propose un job, un truc facile, j’entre, je me farcis une prime et je sors.

Mais oui, y en a des tas des gus qui proposent à d’autres dix millions de biffetons gratos. Il ne la ferme jamais, on dirait. Je me demande ce qu’il fait quand il est entre les cuisses d’une femme, s’il lui analyse les bienfaits médicaux du sexe ou une connerie dans le même parfum.

Bon, y a pas moyen de bouffer tranquille. Et comme j’n’ai plus un rond, je veux bien y aller avec lui. Je le laisse payer ma note et il m’explique sur le trajet ce qu’il sait sur la cible : une trajectoire et une date. Rien de plus. Ça promet, le paquet surprise en pleine mer, et pas n’importe laquelle. Dans Grandline, ça chauffe. Ça ne m’ferait pas de mal, d’ailleurs.

Mais, j’ai déjà dit oui.

Deux jours plus tard, je suis armé et paré à l’assaut. Je le rencontre à quatre heures dans une crique. Il a des hommes avec lui, ils sont moches et ils puent, une sorte de tradition chez les péquenauds.

Le capitaine, le gars lourd de l’aut’jour. On quitte le sol et on décolle pour zigouiller du révo, ces têtes de veau.

C’est nul, je m’arrête là.

Le bateau n’est pas bien grand. À peine trente mètres et les vingt gars sur le pont se bousculent, des fois. On est partis au lever du jour, si bien qu’il fait assez sombre. Ça n’a pas l’air de gêner qui que ce soit dans le périmètre. Ils fonctionnent bien ensemble.

« Si tu veux garder ton bateau à flot, faudrait que tu perdes du bide, capitaine. »

Il m’envoie chier. Ça y est, il n’a plus besoin de me lécher le cul pour que je vienne à sa thérapie de groupe. Et on dirait qu’il veut me faire voir son côté hargneux.

« La ferme, le vieux. Garde ton énergie pour n'pas nous ralentir »

Ça n'sert à rien de continuer, il ne m’intéresse déjà plus. Plus loin, on voit un autre navire approcher. Le ciel se fait de plus en plus clair et il est difficile de n’pas percuter qu’on va se mettre sur la gueule.

J’me prépare dans ma tête. La peur, c’est la même, des années après. Je fais mon p’tit rituel : je regarde les têtes de ceux autour de moi, je sens l’odeur de l’embrun. Je grave en moi les sons de roulement. C’est comme une machine qui s’met en marche, mes sens que j’aiguise avant de me jeter sur l’autre. La tension dans mes muscles aux premiers boulets échangés, trop imprécis pour faire du dégât.

Enfin, le choc des vaisseaux. Mes genoux tremblent, mais j’ai les guitares qui collent au pont. On saute tous chez les nouveaux copains. J’ai à peine le temps de m’poser que je passe déjà ma lame en travers de la gueule d’un larbin.

Y aura à becter pour les corbeaux, ce soir.


Dernière édition par Julius Ledger le Sam 17 Nov 2012 - 23:47, édité 1 fois
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Elza ouvre son petit livret. Première feuille. Beaucoup de mots. La lecture est trop longue. Et puis, c'est pas ça qu'elle cherche. Elle déchire, proprement, envoie derrière son épaule et continue de chercher. Devant, ça s'impatiente. Quinze hommes. Tout l'équipage sans compter les cinq autres constituant le minimum vital pour diriger le navire. Ça s'impatiente. Les plus optimistes ont estimé que, vu la qualité du navire, faut bien quinze hommes pour s'en occuper. Quinze, pas cinq. Du coup, ça prie pour que les autres fassent bien leur boulot. Elza continue malgré un vent d'agitation qui gagne tout ce beau petit monde.

Heu … Cap'taine ?
Minute. J'suis sûr que Marli m'en a parlé.

Il insiste pas. Pas le genre de la maison de trop insister avec Elza Lacastagne. Elle est sympa, mais, parfois, elle en a marre. Les infirmeries de la révolution connaissent bien ses sauts d'humeur. Des pauvres types aussi. Elle arrache la moitié de son bouquin ; il reste plus qu'une dizaine de pages. Elle lit à moitié. Ou pas. Sait-elle lire ? Personne n'osera demander. Finalement, elle tombe sur ce qu'elle veut.

Ah ! Voilà ! « La plus grande arme de la Révolution, c'est sa capacité à échapper aux regards de ses adversaires».

Elle semble contente d'elle. Les autres cherchent la signification profonde de cette phrase. Pas tous, genre tout le monde, pense à s'esquiver pour aider les potos à pas faire de gaffe avec l'antiquité qui leur sert de rafiot. Devant l'absence de réaction enthousiasmée, Elza explique.

Donc, il faut faire profil bas pour pas se faire prendre. Paraître le moins suspect possible.

Suspect. Pas évident quand on voit Elza. Une montagne de muscles qui ne transpire aucune élégance. Une masse de chair à en dégobiller son quatre heures. Mais une capitaine qui sait tenir ses hommes. Pas vraiment par le bon bout comme on pourrait l'espérer. Ou pas, vu le spécimen. Heureusement, la séance culture révo prend fin et tout le monde pense revenir à son poste. Sauf que la vigie voit un truc louche. Coquille de noix fonçant dans leur direction. Elza sniffle l'air, mais elle sent rien d'anormal ; elle a jamais eu l'instinct du danger. L'appréhension, ça lui parle pas. Les autres s'en chargent et les autres lui signalent que les gus sur le navire viennent surement pas parler chiffon. Ce à quoi rétorque Elza sans faiblir.

Chiffon ?! Quelle bonne idée ! Souvenez-vous ! Discrétion !

Ça donne des ordres et ça bouge sur le bateau. Pendant ce temps, ça s'approche et ça cogne la coque du bateau. La moitié pense qu'ils vont couler sous le choc. L'autre pense qu'ils sont déjà morts. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Ça semble tenir le coup, mais les invités montent à bord. Chasseurs de primes, limite truands. Ça gueule et ça arrive sur le pont, prêt à charger. Sauf que la situation surprend.

Un gus a transpercé un type, mais ça en est pas un, finalement. C'est juste un mannequin recousu à de multiples endroits, habillé de vêtements qui devaient être à la mode au millénaire dernier. À côté, c'est une Elza mimant la surprise avec un amateurisme certain que l'on trouve habillé d'une robe bien trop grande pour elle, malgré ses imposants biceps et autres joyeusetés bodybuildesques. À ses côtés, sept hommes, habillés de vêtements d'hommes ; heureusement ; mais dont personne n'aurait jamais voulu. L'un tient un mannequin à moitié habillé ; ils ont pas trop eu le temps de préparer leur couverture. Parce que, la révos, c'est discrétion, comme dit l'autre bouquin d'Elza. Faut se passer pour quelqu'un d'autre. Coup de peau, ou l'inverse, l'ancien possesseur du navire était antiquaire. Des trucs de vieux. Des meubles. Mais aussi des vêtements. La solution d'Elza ? Styliste. Sérieusement. Évidemment, ça reste sur ses gardes. Les sabres et les fusils sont pas loin. Et ce qui se cache sous le gros tas de tissus au centre du navire, ce n'est rien d'autre qu'un canon chargé et prêt à envoyer bouler l'invasion, sans mauvais jeu de mots. Évidemment, la comédie seule ne marche pas. Il faut parler. Et Elza tente sa chance. Recalée à l'examen de théâtre dans son enfance, mais elle a toujours été certaine que le jury était vendu. Forcément.

Oh non ! Mon dieu ! Vous avez abimé ma superbe robe rose fuchsia aux paquerettes jaunâtres de soufre. C'est une pièce unique ! Vous êtes des rustres !


Rustres. Quel vilain mot.
    Faudrait pas que j’devienne binoclard, moi. Je m’dis parce que le truc que j’ai embroché est un truc en toile. En plus, il porte un de ces trucs hideux que se foutent les gonzesses pour montrer d’la cuisse. En même temps, je n’suis pas critique de mode.

    J’vais pour dégager la saloperie de truc que j’ai en travers de ma lame pendant qu’un pachyderme en chaussons se met à faire le baltringue sur le pont. Comme quoi, on est des rustres, j’ai envie de dire oui, carrément.

    Non, mais, ça me choque un peu. J’me demande ce que ce con de gros lard aux joues fessues pense en nous emmenant à l’abordage de cet étron flottant.

    Sauf qu’il n’y a que moi qui est perturbé, les autres, rien à foutre. Ils ont de l’assurance et leurs têtes de cons expriment leurs envies de saccages. Des fois, j’me demande s’il y a vraiment un bon et un mauvais côté. Si ces trouducs qui m’ont engagé ne sont plus nocifs que les demeurés du combat pour la liberté.

    Le combat pour la liberté, génial comme concept. Faudrait inventer le viol pour la vertu pour que ça ne se sente pas seul.

    Mais v’la que notre seigneur et maître Puduc décide de n’pas se laisser faire et de se foutre de la tronche de notre absurde hôtesse qui, au demeurant, a l’air d’un ridicule consommé.

    « - On m’la fait pas à moi ! Moi, rustre ?
    - Chef !
    - Pas maint'nant, Grudu.
    - Mais, chef !
    - Ferme ton cul ! Tu vois bien que j’cause à la dame ! Enfin, dame, c’est vite dit.
    - C’est urgent, regardez ! »

    On s’est attendu à tout, mais pas à ça. Grudu, éjaculateur précoce de réputation, n’a pas failli à sa tâche de fouteur de boxon. Le cadeau du jour : une sorte de boulet de canon portatif avec une mèche largement entamée. Y en a que ça occupe d'apporter ça en mer pour tuer du révolutionnaire. Et ça brûle, et ça brûle.

    « - Éteints ça, abruti !
    - Je ne sais pas y faire, boss, tenez »

    Et là, c’est le drame, parce que Grudu, n’est pas plus agile des doigts que de la queue. Il laisse tomber l’explosif devant les yeux ébahis de l’assistance. Le roulement macabre s’accompagne d’un silence de cathédrale. On entendrait une mouche qui pète.

    Justement, ça pète, fort, et deux fois même. Mais je ne suis plus sur le pont. J’m’en suis fait gicler comme un as. Au revoir les losers, je me suis accroché à un pan de la coque du bateau avec mon épée et mon couteau dans chaque main. C’est sûr que c’n’est pas du luxe, mais ça fera l’affaire pour passer le mauvais moment.

    Et ça craque de partout. Les oreilles me font mal en deux coups. Après, je suis resté accroché pendant une bonne minute. J’essaye de me remettre l’ouïe en place à m’en décrocher la mâchoire, mais rien n’y fait. Ça bourdonne dans mon crâne et j’ai du mal à m’accrocher au navire. Finalement, ça passe tout seul.

    Il ne me suffit pas de survivre, faudrait que je vérifie que j’n’ai pas merdé. Du coup, j’épluche un bout de la coque et je passe un bout de face dans la fente. À ne pas sortir du contexte.

    Faut que je sois super fort pour n’pas perdre un œil. Y a un mec planqué qui me met une balle et je m’éloigne au dernier moment. C’est ma joue qui prend, et le gars, lui, se fait servir mon épée dans les côtelettes à travers la coque du bateau. Une belle brochette de connard servie bleue.

    M’enfin, ça me fait une occasion de me faire un passage pour entrer à l’intérieur d’une grosse bonne réserve d’armes. Comme quoi, les tailleurs de l’époque ont assez de matos pour faire cramer la moitié de l’île.

    Sur ces faits, j’entends des pas derrière la porte et m’apprête à m’castagner sévère.
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    Explosion. Première réaction, d'Elza, c'est de se retourner vers ses hommes, toujours engoncé dans leurs vêtements tout aussi moche que de mauvais goût.

    J'avais pas encore donné l'ordre de tirer au canon !

    Et vas y qu'elle gueule bien fort. Et vas-y pour la couverture qui part en cacahuète. Comment vont-ils continuer à se faire passer pour d'honnêtes ; mais complètement taré ; marchands, maintenant ? Elza déchire le vêtement qui la recouvre, exposant à la vue de tous ses muscles. Au diable la discrétion. Visiblement, c'est pas son équipage qui a tiré. L'autre ? Surement. Bien équipé. Ils pouvaient pas se tromper de cibles ; ils les avaient attaquées en connaissance de cause. Et Elza, elle aime pas ça. On l'attaque pas comme ça. Et surtout, elle aime pas que l'on abime son bateau, même si celui-ci est pourri. Au travers de la fumée, c'est un trou béant à l'endroit où se trouvaient les assaillants qui est maintenant visible. Y'en a quelques-uns qui sont toujours sur le pont. Elza donne le signal de la charge. Ça sort les engins et ça se fritte. La capitaine fonce sur l'un des gus qui venait à peine remonter sur le bateau. Un coup de pied dans la gueule et c'est le home run de l'autre côté de l'autre coquille de noix.

    Barney ! Caloun ! Descendez en bas voir si y a pas de trous dans le bateau. Vérifier aussi la réserve de munitions qu'elle soit pas en danger, on s'rait mal.


    Les deux larbins foncent direct à la cale. Pendant ce temps, c'est une Elza en colère qui porte le canon à bout de bras pour le poser près du bord du bateau. En amatrice totale, elle se foire dans la mise au point, mais le préposé au canon vient l'aider. Ça arme tout de suite plus vite. La mèche est allumée. Ça va péter. Objectif ? Le mat adverse.

    OEIL POUR OEIL ! DENT POUR DENT !


    Et Boom. Ça part. Et Boom. Ça pète.

    Sauf qu'en fasse, ça répond. Y'en a encore ? Un boulet part vers la coque du navire, ça va traverser, ça peut faire du dégât.

    Parce qu'en bas, là où le boulet va approximativement arrivé, y a Barney et Caloun qui ouvre la porte de la réserve de munitions. Et ils sont pas seul. C'est la suite de trois hommes et un couffin : trois hommes et un boulet.
      Parce que je suis discret et qu’ils débarquent comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, j’ai l’ascendant sur eux quand ils poussent la porte. Je me mets de côté et j’éclate la gueule du premier sur le mur. Le second sort son arme et essaye de me faire une nouvelle coiffure. Je roule sur le sol et me remets en face de lui pendant que son pote se relève péniblement. Décidément, ce sont de bons clients ces deux-là.

      L’un est armé d’une longue massue qu’il manie à deux mains et l’autre se coltine deux épées courtes. Moi, de mon côté, j’ai ma lame dans une main et mon couteau dans l’autre. Je les attends puisque dans un espace aussi restreint, ils ne vont pas être libres de m’attaquer à deux. Ils se décident enfin à me tomber sur le râble même si le mec que j’ai cogné a encore des étoiles plein les yeux. Le bourrin abat son gourdin à la verticale en direction de ma tronche et je fais un pas derrière pour le laisser péter le plancher. Puis, je profite de ce moment pour le désarmer et lui foutre mon poing dans sa sale face de con. Je remarque que ça barbe amorti mon attaque. Je n’ai pas le temps de lui enfoncer mon couteau dans la gorge que son complice, ayant fait le tour, se jette sur moi avec hargne. Pris en sandwich, je me trouve obligé de sauter sur les étagères et ça, ça leur coupe le sifflet à mes ennemis. D’ailleurs, j’en profite pour les écraser sous le poids de celles-ci.

      Je ne vérifie pas qu’ils sont morts parce que je n’en ai rien à foutre. Il s’agit maintenant de mettre le feu à tout ça et de finir la mission.

      Attends, attends. Si j’explose le tout ? Je m’en sors comment ? C’est peut-être une connerie, finalement.

      Le truc embêtant avec la réalité, c’est qu’elle ne demande pas souvent ton avis avant de te mettre la tête dedans. Du coup, un boulet fortement chargé en explosifs traverse la paroi de la salle dans laquelle je me trouve.

      Sans prendre le temps de réfléchir, je plonge dans la mer par là où je suis entré. L’eau est glacée et son contact m’engourdit les sens si bien que je perds mon épée. Je nage sous l’eau comme un forcené pour m’éloigner, mais l’explosion finit par me rattraper. Une telle quantité de poudre fait mal. Elle m’éclate le crâne sur notre bateau.

      Avant de perdre connaissance, j’arrive à me saisir d’un grand morceau de bois cylindrique qui dérive. On dirait qu’on n’a plus de mat. Et c’est moi qui dérive.
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      Tout va bien. Elza s'est vengé. Le bateau d'en face fait plus trop le malin. Les bandits ont plus trop envie de monter à bord. Limite, elle s'apprête à ordonner de repartir. Dans l'équipage, on semble confiant. Trop confiant. Faut jamais avoir trop confiance quand Elza est à bord. Et c'est à ce moment-là que ça pète. Sec. Fragilité du bateau obligé, l'explosion de la réserve de munitions se passe à l'horizontale. Ça explose de part et d'autre du bateau, crachant tout ce qui a pas cramé et tout ce qui a été arraché par le force de l'explosion. Sur le pont, ça tangue grave. Le bateau a perdu plus de la moitié de sa coque. Ça fait un trou béant dans le bateau, on pourrait faire passer une barque dans le passage sans problème. Le navigateur jette un coup d'oeil et se rend compte du gros merdier. Il finit par éclater de rire.

      Capitaine ! Capitaine ! Ahahah ! C'est plus un bateau ! C'est un Pont qu'on a !

      Et il s'effondre. De rire. Excès d'émotions. On l'assomme rapidement, parce que, ces rires hystériques, ça va compliquer la réflexion d'Elza. Et on a déjà assez parlé de sa réflexion pour ne pas en rajouter une couche. Heureusement, faut pas être devin pour deviner que finir le voyage avec ce qui reste du bateau, c'est tendu. Surtout que le reste de la structure commence à plier tandis que le bateau dérive. Ça craque. Ça grince. Il est temps d'évacuer.
      On change de bateau ! Et au trop ! Prenez pas vos affaires ! C'est foutu !
      L'un n'écoute pas et va chercher sa peluche avec laquelle il ne peut pas dormir. Le reste suit les ordres. Ça prend ce qui semble important à portée de main et ça saute sur le bateau adverse. Personne ne pense à parler des explosifs. Vu l'explosion, il doit pas en rester grand-chose. Tout le monde arrive sur la coquille de noix des assaillants. À temps. À côté, le bateau révolutionnaire se brise en deux. Les deux bouts s'écrasent dans l'eau, éclaboussant copieusement le pont et faisant des vagues un poil coriaces. Il serait con de dériver sur un mat dans ses conditions. Les deux coulent pas tout de suite ; c'est parfois le miracle avec les bateaux tout vieux, ça coule pas direct. Elza pense à aller récupérer du matos si ça reste comme ça.

      Là, il y a autre chose à penser. Bandits d'un côté. Révolutionnaires de l'autre. Pas l'inverse. Elza s'avance.

      On réquisitionne ce bâtiment. Termes nautiques !

      Pourquoi termes nautiques ? Elle en sait rien. L'intuition lui a dit que ça sonnait bien. Pas besoin de plus de réflexion de toute façon, ça se charge des deux côtés. On envoie des gus à la mer. Le bateau dérive sans trop qu'on se soucie de ceux qui sont dans l'eau. Un bateau dans la poire, c'est jamais très gentil. Quelle idée de rester dans l'eau, non ?
        De toute évidence, je ne vais pas avoir bien le temps de me reposer sur ce bout de bois. Il pèle, dans la flotte. J’me réveille comme si j’avais à peine fermé les yeux. Un simple évanouissement passager dû au choc sur ma caboche.

        Elle en a vu bien pire.

        Bon, c’n’est pas qu’il s’fait tard, mais je m’emmerde un peu à mariner dans l’eau salée. J’aurais tout le loisir de me gratter les couilles, demain. En attendant, j’ai des têtes à faire valser. Je suppose que les pétoires et la poudre qu’ils ont convoyées ne vont pas servir à des fins louables. Il est l’heure de leur mettre une bonne raclée. Façon, Julius.

        Et ça commence par se manier le fion à grimper sur le pont. Un bateau sans mat est comme un repas sans frometon, ça n’a aucun sens. Ça part dans tous les sens, même. Cependant, il n’y a que moi que ça fait chier. Je dois être mal foutu de naissance. Du coup, je rentre dans la valse, un peu d’exercice me réchauffera et si ça peut me payer ma journée, pourquoi pas ?

        En tout cas, il semble que tout le monde partage mon envie de m’castagner et ça envoie sec. Pas d’pitié dans chaque camp. Cette douche froide m’a bien réveillé. Alors, les connards d’en face dérouillent. Ils me prennent pour de la petite friture et m’attaquent un par un.

        Faute grave.

        J’crois qu’ils s’rendent compte que j’suis dangereux au bout du cinquième mec que j’dézingue. D’un autre côté, les copains commencent à se faire rares. Le capitaine, le nôtre, rassemble ses gars pour préparer un dernier assaut. Les autres font pareil. Je m’rends compte que c’est la grande gueule tout en muscle qui est leur chef. Ouais, c’n’était pas évident pour moi. Ça sent la purée pour nos zgegs. C’est là que le merdeux qui m’a entraîné dans cette galère sort le mot magique :

        « Si tu t’occupes d’elle, tu gardes toute sa prime. Tu t'souviens ? Elle vaut dix millions, cette gonzesse ! »

        Comme je suis pas mal court en pognon ces derniers temps, j’fais un pas en avant en lui criant à la gueule :

        « Viens te battre si t’es un homme ! Euh non, je n’sais pas comment dire. J’vais t’éclater les valseuses ! Toujours pas. Hum. »

        La situation me trouble un peu, déjà que je ne suis pas fortiche en langue, faut qu’elle se montre bien pute avec moi. Je laisse mes poings parler à ma place. Eux savent. Tous les deux, on se saute à la gorge comme deux chiens bien mastoc. Il va y avoir de la danse, j’le sens.

        Je ne suis pas déçu, elle a beaucoup de technique. Et quand j’dis beaucoup de technique, c’que je veux dire c’est qu’elle me renvoie d’où je suis venu façon ninja, ou lutteur. J’n’en sais rien. Bref, c’n’est pas du toc c’que j’ai en face. D’un autre côté, si j’ai trois fois son âge, c’est que j’ai un minimum de savoir-faire. J’empoigne un morceau du mat brisé qui finit en lambeau avoir rencontré le front de la dame. Elle titube, mais ça ne l’assomme pas pour autant. Elle a la niaque et j’aime ça. On s’tourne autour tels deux prédateurs qui se jaugent. Les regards se croisent, ils pétillent d’un élan de vie exacerbé. On est deux flammes qui vont se cogner et faire des étincelles. C’que j’dis est beau, ça m’fait triper.

        C’est elle qui fait le premier pas, et ça vaut pour un saut avec les deux jambes, direction ma tronche. J’ai à peine le temps de m’éloigner qu’elle se relève déjà. Elle bouge étonnamment vite pour un gabarit comme le sien. C’est ça, un combattant d’élite. Elle décide de passer sur un thème plus classique, une farandole de marrons dans le bide sur son lit de baffe sur la courge. De mon côté, je lui rends l’honneur en lui faisant mon spécial : délice de claques dans le pif avec comme cerise un écrasé de foie, le sien.

        Y a pas à dire, on déguste.

        Toutes les bonnes choses ont une fin, même notre souffle. On a déjà largué les autres, on n’sait plus où ils en sont. Il faut dire qu'y a pas moyen de penser à son repas de midi quand t’as un tel fauve en face. Dans la distance qui nous sépare, on sent qu’il y a là matière à faire une dernière joute. Les membres lourds et le regard hagard, on n’se perd pas de vue. Ces quelques instants de répit, on les engrange pour se donner la force de rétamer l’autre. C’est sale comme lien, mais c’est fort. Y a du respect, de la crainte et d’la joie dans nos mirettes. Puis, y a un moment où on a l’intuition que la pause a trop duré. On se fout l’un sur l’autre avec l’énergie du désespoir. Sa main, saisie d’une soudaine faiblesse passe à quelques centimètres de ma mâchoire ; la mienne, plus sûre, l’envoie mordre la poussière. C’est fini, ça n’a tenu qu’à un fil. Un coup d’chatte de mon côté, mais l’essentiel est que j’ai gagné.

        « Tu n’as pas cru à ma promesse, j’espère. »

        Tu connais l’histoire de Plouf, le chasseur de prime ? C’est l’histoire d’un chasseur de prime sur le bateau d'un enfoiré et plouf, le chasseur de prime.

        Par contre, Plouf s’accroche à l’embarcation et pendant que les rameurs se mettent en place, il attend. Il se hisse hors de l’eau et se colle contre la coque, il lèche ses blessures et reprends doucement son énergie. Le Karma est une belle petite salope.


        Dernière édition par Julius Ledger le Lun 19 Nov 2012 - 13:09, édité 1 fois
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        Marli lui avait dit que faire la mort, ça pouvait être utile. Stratégie de révolutionnaires. Très efficace pour sauter à la gorge d'un adversaire qui croit avoir fini son combat. Très efficace pour survivre alors que l'adversaire s'en va, croyant le travail accompli. Bah ouaip, quand on utilise ce genre de technique, c'est qu'on est pas forcément à la hauteur pour régler son différend avec le monsieur comme des gentlemen, c'est à dire, à coup de mandales et de coups de putes. Attaquer dans le dos en faisant le mort ? Coup de pute aussi. Du coup, ça entrait dans ses cordes. Bon, c'est vrai, elle s'est pris une mandale dans la gueule, mais c'est pas ça qui va l'amener à l'hosto. Elle en a vu des gnons dans sa jeunesse. C'est juste que ça tombait pile-poil pour appliquer la stratégie de Marli. On tombe. L'autre est content. On se relève. Et plouf, le chasseur de primes. Une beigne. Une grosse. Et vas y qu'on envoie le type valser à la mer. Il aime tant ça.

        Une nouvelle fois, on pense que l'affaire est réglée. Elza se laisse pas faire. Elza est pas du genre à se laisser dominer facilement. À ses côtés, on relève les blessés et on ferme les yeux des morts. Bien fait pour sa gueule et c'te chasseur de primes. Faut pas tuer les potos. Les derniers chasseurs de primes ? Ils ont pas trop kiffé le dernier passage. Le plouf. Ils se sont rendus. T'en as bien quelques-uns qui sont d'avis de venger les copains, mais on est pas de ce bord là chez les révolutionnaires. Un type qui se rend, c'est un prisonnier. C'est marqué dans le bouquin. On respecte le bouquin. Du coup, les types sont mis dans leur propre cellule. Un gus surveille et, si ça donne pas le mot de passe, c'est du plomb bien lourd dans la face. On rigole plus. Sur le bateau, en l'absence de mat, faut utiliser l'huile de coude. On sort les longues rames. Elza d'un côté, cinq types barraques de l'autre. Et ça permet d'avancer tout droit. Équilibre des forces parfaites. Les blessés sont soignés directement sur place. Le transport fait déjà assez de dégât, alors transporter sur le transport ; on veut pas les tuer. Chacun trouve un pistolet ou un fusil à ses côtés. Non, ce n'est pas une balle pour se faire sauter la caboche, c'est au cas où d'autres invités viendraient encore faire mumuse. Ils seront bien accueillis. Aucun angle mort. Celui qui passe la tête ne la passera plus jamais.

        Dans la tête d'Elza, ce qui compte maintenant, c'est d'arriver en vie. La réserve de munition, c'est pas trop ça. Le bateau non plus. Autant faire avec ce qui reste. Opération survie. Ça paye pas de mine. Y a aussi c'te coup de l'autre gus. Il a fait mal. Heureusement qu'elle va plus le croiser, elle serait limite inquiète de l'affronter à nouveau. Elza inquiète, ça fait peur.
          Le temps passe d’une manière particulière dans ma position. Le froid rabote peu à peu ma conscience. Elle sombre dans le ressac des flots. Elle émerge lorsque l’on quitte le creux d’une vague. La mer mordante de froid enlace ma perception du reste du monde. Le temps, l’espace, les faits perdent toute leur substance pour ne laisser place qu’un à un balancement rituel, une berceuse qui accompagne les morts dans l’au-delà. On nait, on s’agite, on pense qu’on est exceptionnel. C’est la fin de la route qui nous rappelle que rien n’est vrai. Il n’y a pas de place pour qui que ce soit dans l’autre monde, seulement un gouffre. Un abysse à l’appétit gargantuesque qui engloutit pareillement les riches et les pauvres, les grands et les petits, les forts et les faibles. Il émousse les différences, il noie les disparités. Dans quelques instants, si tant est que le temps ait encore une quelconque importance, le glas va sonner. Il ne sert à rien de lutter contre l’inéluctable. Le résultat sera le même, que je m’en sorte cette fois ou pas. Alors, pourquoi lutter ? Pourquoi ne pas s’abandonner à la douceur de lâcher prise ? Dans la renonciation, il y a une forme de soulagement. La camarde telle une mère aimante me tend les bras et je n’ai pas la force de la repousser.

          « Ah, putain, ma tête ! »

          Tous mes os me font mal. Sur cette plage, enfin, le tas de neige qui finit à ras de l’océan, mon corps se réveille dans la douleur. J’me d’mande quelles conneries j’ai pu m’dire. Saloperie d’eau glacée. Si j’ai les articulations qui s’bloquent les dents qui claquent, c’est qu’il pèle et rester trempé comme une nymphomane au festival de la bitte va m'faire clamser aussi sûrement qu'un plomb en travers de la caboche. Je m’traîne comme une loque vers un creux formé par un rocher. Dedans, il y a les restes d’un feu allumé pas récent. Comme il y a là peine de quoi redémarrer la fiesta, j’me r’trouve face à une petite flambée. Ça tombe bien, je n’sais pas où s’trouvent les autres cons et j'n'ai pas envie de m'faire gauler à cause de la fumée. Je m’sèche les vêtements et les tifs. J’laisse la chaleur pénétrer mes membres engourdis. La vie circule à nouveau dans mes veines. Faut pas qu’je sois trop gourmand. Du coup, j’éteins le feu et sors mon pif de ma cachette.

          Les débiles ont allumé une grande flamme. Forcément, ils ne craignent personne. Ce sale type va m’le payer. Je vais lui passer ses couilles au karcher. Je vais lui apprendre le désespoir ; un de ceux qui font désirer de crever.

          Je m’approche, je suis furax. Pour qui se prend ce sale type ? Je vais lui montrer pourquoi on m’appelle le boucher. Tapi dans l’ombre, je m’approche du camp. L’après-midi est déjà largement entamé, ça veut dire que je me suis gelé les noix pendant des heures. La marche, la colère me font du bien. J’suis comme ça, un mec à mécanique simple.

          Autour du bateau, je mire des gus qui se réchauffent les paluches sur un feu grand comme mes couilles. Profitez, les mecs. Ce sera votre dernier. Je les regarde brailler tels des porcs, les proies rigolent à haute voix. La bataille a fait des victimes, mais ceux qui n’y ont pas laissé la vie se sentent comme des Dieux. Ça m’arrange, ça vous fera baisser votre garde. Y en a qui s’détache du groupe. Il en a les commissions dans l'slibard ce salaud. J’le suis à distance respectueuse. La chasse, c’est mon élément. Je suis silencieux comme un pet qui glisse sur une plaque de verglas. J’le vois avec dégoût prêt à démouler un cake. Il fait le fiérot, mais l’action lui a filé la chiasse. Avant qu’il commence sa petite affaire, je lui passe mon couteau en travers de la gorge. Je lui prends son épée et ses couteaux, il en a cinq. Comme quoi, y a quand même un truc qui va bien, aujourd’hui. Puis, je le balance à la flotte un peu plus loin. Le courant le porte au loin. T’inquiète petit, je t’envoie tes potes dans pas trop longtemps.

          Faire une première victime m’a calmé. Pendant combien de temps, vais-je pouvoir les liquider sans qu’ils commencent à me chercher ?
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          Vous savez où on est, capitaine ?
          Sur Drum.
          … Et … où exactement ?
          Sur une plage de l'ile de Drum.

          Celui qui pose les questions comprend rapidement qu'Elza en sait pas plus. Du coup, il retourne se réchauffer à côté du feu de bois. C'est pas très cool, puisque la chaleur dégagée fait fondre toute la neige dans le coin, transformant le sol en un terrain boueux où chaque pas peut conduire à une chute. C'est pas la mort, mais ma gadoue, c'est pas cool. Derrière lui, Elza observe devant elle. Pas de signes distinctifs d'une présence révolutionnaire. Ils doivent être dans le coin paumé de l'ile. Le genre où personne ne passe. Tant pis. Heureusement, Elza a toujours un moyen de communiqué dans ses conditions et elle tente à nouveau d'entrer en contact avec ses amis. Sauf que le petit escargophone n'apprécie guère la froideur de l'ile et c'est avec difficulté qu'il parvient à nouer un contact avec Marli. C'est juste un contact, mais c'est déjà beaucoup. Impossible de vraiment se faire entendre, l'escargophone est au bord de la rupture. Enfin, c'est pas comme si une description des lieux allait aider les révolutionnaires à les trouver. Elza en sait rien. Une mer. Une plage. Une ile. Rien d'autre en vue de particulier. Le seul signe distinctif, c'est le grand brasier. Et le bateau qu'ils ont échoué sur l'ile. Ce n'est qu'une question de temps pour que les révolutionnaires trouvent la petite bande amputée de sa cargaison et d'une moitié de ses éléments. Pas sûr qu'ils soient très heureux.

          Faute de pouvoir papoter, Elza retourne vers ses hommes pour se réchauffer. Non loin, les bandits survivants ont été parqués. Ils ont un petit feu, plus modeste, pour eux. Ainsi que deux gardes avec des fusils prêts à faire feu. On est jamais trop prudent. Pourquoi les amener avec eux ? C'est pas des bêtes, les révos. Ils vont pas laisser crever de froids des types en cellule. C'est sûr qu'avec ce temps, ça s'approche facilement du zéro dans le bateau. Niveau bouffe, c'est plus difficile à tenir. À bord de l'épave, les crapules n'avaient pas amené de quoi faire de la grande gastronomie. Ni de quoi nourrir pas mal de monde en fait. Faut aussi penser aux blessés. Ça mange grave, un blessé. Bouche inutile, mais bouche qui doit pas mourir. Valeur révolutionnaire, tout ça. Et puis, Elza veut pas. Ça dit pas grand-chose autour du feu. Ça se chauffe juste. Finalement, quelqu'un soulève une question qui va s'avérer épineuse.

          Il est où, Pélu ? Ça fait une paye qu'il est allé … Enfin, qu'il avait la taupe au guichet.


          Ça approuve. Ça gueule pour savoir où il est. Mais ça répond pas. Et c'est à ce moment-là qu'on se dit que ça sent le sapin. Du coup, on sert les rangs. Tant pis pour les chasseurs de primes, ils ont plus d'escortes. En même temps, ils vont pas se risquer à fuir leur feu de camp. C'est bien leur seule arme contre l'animal qui doit s'être occupé de Pélu. Le feu fait peur aux animaux sauvages, c'est ce qu'on dit. Au niveau des révolutionnaires, ça attend. Encore quelques pertes et ils seront définitivement dans la mouise.
            Le sang qui coule d’une blessure au cou gicle comme un puceau après l'acte. Ça m’a toujours scié les pattes de voir qu’il en sort autant aussi vite. Du coup, je me suis fait une technique, une astuce personnelle pour ne pas tracer une route qui mène vers ma cahutte. Il suffit de les laisser saigner comme il faut, puis d’entourer leur cou avec un linge, qu’ils fournissent, évidemment. Une fois ces réflexions expédiées, je m’suis retrouvé avec une bonne fringale. Et comme le jour n’allait pas durer indéfiniment, je m’suis décidé à m’faire un petit casse-dalle.

            L’hiver, la nature est plutôt décevante, y a pas de quoi se faire un festin. J’ai quand même déniché des tubercules qui, cuits, ont à peu près un goût correct. Avec ma portion de viande séchée que j’me trimballe toujours pour pallier aux emmerdes du quotidien et une bonne rincée d’eau, je m’suis bien calé l’estomac. Le temps pour que le crépuscule laisse place à la nuit et que la rigolade commence.

            Le premier type n’est qu’un avertissement. J’ai besoin de les garder éveillés. Le mec qui veut s’taper un bon roupillon avec un de ses potes qu'est disparu, je lui tire mon chapeau. À nouveau, je m’approche du feu en évitant au mieux de l’regarder en face. La lumière leur donne des airs blafards. Ça n’taille pas l’bout d’gras. Une bestiole pas très loin de moi grogne un peu. Tout d’suite, le sursaut. Comme un animal, je sens l’odeur de leurs craintes, ils sont à cran, ils sont mûrs pour la cueillette.

            Je m’suis toujours d’mandé pourquoi les gens croient que la vie en communauté est naturelle pour l’être humain. Je ne me sens jamais aussi inhibé que parmi d’autres gus. Il faut toujours se contrôler pour n'pas filer une mandale à tous ceux qui te frôlent, il faut faire abstraction des mecs qui portent la main à leurs armes soi-disant que c’n’est pas forcément pour toi. Comment quelqu’un peut-il se trouver à l’aise avec tous ses instincts réprimés ? Il faut qu’on m’explique.

            À l’heure actuelle, l’instant T, je suis parfaitement dans mon élément. La nature, la solitude, les ennemis environnants font tourner mes rouages de prédateurs. C'est comme une machine parfaitement huilée qui s’met en marche. Y a pas d’accroc, pas de grincement. Les sens en éveils et la vigilance accrue, j’me sens libéré des contraintes que j’m’impose. Tout est sujet à plaisir dans la chasse, du repérage jusqu’à l’exécution en passant par la traque. C'est presque aussi bon qu'une bonne partie de jambes en l'air. Enfin, presque, c'est vite dit.

            Mais, c’n’est pas l’moment de s’accorder des moments de réflexion. Chez les zouaves, y a du mouvement. Deux silhouettes s’éloignent du groupe dans une direction pas loin d’la mienne. Le vent est idéal pour couvrir mes pas et mon odeur. Mes yeux, habitués à l’obscurité voient mieux que leurs mirettes cramées par la flamme qu’ils fixent depuis des heures. Apparemment, il y a un homme et une femme. Le mec cause des grivoiseries et la pimbêche glousse. On sent qu’ils ne sont pas partis jouer aux échecs. Je m'suis presque mis en mouvement quand l'amas de muscle prétendument féminin leur gueule de ramener leur fion dans l'périmètre vite fait avant de s'y prendre son pied. Le message est clair, pas de festin pour les corbeaux, ce soir. Au moins, j'apprends que ce n'sont pas mes enfoirés de commanditaires qui sont aux commandes.

            Tout s'illumine dans mon crâne de vieux salaud. Les sales types abandonnés, c'est forcément eux. Une puanteur comme la leur se r'connaît. Faut vraiment que j'aie une bouse dans l'crâne pour pas percuter direct. Vu qu'ils ont les culs collés serrés les uns contre les autres, j'ne vais pas pouvoir me les farcir un à un. Il faut que j'fasse participer ces glands de traines-savate.

            Comme ils sont gardés par mon cul, je les libère vite fait et j’leur dis des mots doux d’amour :

            « Écoutez les enculés, au prochain coup d’traviole que vous m’faites, je vous beurre votre fente et je vous encule avec mon épée, c’est clair ? »

            Pédagogiquement, j’assure. Bref, ils semblent capter que ma main dans leurs faces si complications. Du coup, j’enchaîne.

            « Ils sont là, pas très loin. On va récupérer des merdes par-ci par-là pour vous armer. Puis, dans l’feutré, couik. Je frappe en premier et vous marchez devant moi que j’puisse vous surveiller. »

            Me v’là avec une compagnie de débiles armés avec des gourdins et autres tuyaux en métal nous approchant silencieusement des ennemis. Je lance deux couteaux en direction d’Elza, c’est l’signal de départ de la troupe.

            Surpris de voir un fantôme ?
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            Le carnet dit qu'il faut pas abuser de la violence sur ses subordonnés. Les révolutionnaires sont des gens pleins de convictions qui luttent contre l'autorité arbitraire du despotisme représenté par les monarchies du Gouvernement Mondial et contre l'usage abusif de la force et de la brutalité pour assoir l'autorité du Gouvernement. User des armes de ceux contre lesquelles on lutte, c'est mal. Toutefois, un coup de pied dans le cul de ceux qui vont pas tout droit quand c'est pas le moment, c'est toujours efficace. Elza sait frapper quand c'est utile. Elza frappe. Les guignols reviennent dans le droit chemin et à portée des flammes.

            À part les conneries de ceux qui savent pas contrôler leurs pulsions, ça se toise mutuellement. On se chauffe. On boit un coup. On attend. Y a que ça à faire. Les sentinelles dorlotent déjà. Elza a bien envie de roupiller. Chef oblige, elle peut pas ; faut montrer l'exemple. Du coup, elle lit son carnet. Elle apprend des trucs. C'toujours bien d'apprendre. Elle fait la leçon à d'autres. Ces autres-là n'ont qu'une seule envie. Un bon lit bien chaud avec un grand bol de soupe pour les réchauffer. Ça fait beaucoup d'envie, ouaip, mais c'est des envies simples de révolutionnaires. Faut bien compenser quand on veut changer le monde ; rien que ça, ça fait un peu mégalomane. Du coup, ça semble pas trop s'attendre à ce qui va suivre. Sauf Elza. Parce que le sixième sens des bonnes femmes, c't'une saloperie tout aussi dingue que le mantra.

            En face, t'as le survivant qui s'approche. Derrière, y a ces nouveaux potes. Avec leur bout de bois, ils font pas trop les malins. Ils se sont quand même fait dérouiller avec des armes, c'est pas avec ça qu'ils se sentent les rois du monde. La plus sage des décisions aurait été de fuir. En même temps, l'objectif est atteint. Cargaison de munitions détruites. Et l'histoire de l'autre prime, c'était pour attirer l'autre taré qui les mène à nouveau à l'assaut. C'est plus vraiment de leur ressort. Pourquoi le suivre ? Il fait peur, le sagouin. Et il a une arme, lui. Du genre à tuer plus facilement qu'un bout de bois. Ça gamberge dans les esprits. Ça a pas encore éclaté, mais ça ne tarderait pas à le faire.

            Et puis ça attaque. Larbin contre larbin. Chef contre chef ; match retour. Elza est en bonne condition. Le froid et le sol glissant la dérangent pas. À côté, les révolutionnaires sont aux prises avec les autres brigands qui en mènent pas large. Ils sont assez pour résister, mais pas pour vaincre. Heureusement que Julius trucide ce qui passe. Du côté d'Elza, on zieute un coup au loin et on voit un truc. On se met à gueuler un gros coup. Tout le monde s'arrête un peu. Pas tous. Et nan gamin, t'arriveras pas à la trucider. Et bim, Elza renvoie son agresseur.

            Vous voyez cette lumière là-bas ? C'est les révolutionnaires de l'ile. Ils sont nombreux. Ils arrivent pour nous. Rendez-vous ! Et vous aurez la vie sauve. Sinon, même si vous nous battez, vous finirez en morceau après que l'armée révolutionnaire vous soit passée dessus.

            Ça gambergeait déjà dans les têtes; et l'idée de se faire spartiates est pas très alléchante. Les brigands se regardent. Ça semble tomber d'accord. Mais qu'est ce qu'il va faire l'autre ? Seul contre le reste du monde, il y a plus enviable.

              Dans ma précipitation, je n’ai rien vu arriver. Le temps de faucher deux ou trois clampins de passage, je m’en suis pris une bien méchante. Une large entaille au niveau du torse laisse couler une giclée de sang sur la neige jusque-là immaculée. La douleur, fulgurante, m’a coupé le souffle un court instant avant que je ne me reprenne en main. Après le combat de ce matin, le froid et la frugalité du repas, je ne me sens pas très bien dans ma peau.

              C’est con parce que j’aurais dû voir venir cette claque. Chaque fois que je me lance dans mon trip, je frôle la mort bêtement. Cinquante-sept ans à m’faire casser la tronche ne m’ont pas appris la sagesse. Je dois avoir un truc qui n’tourne pas rond dans ma caboche.

              Elle a raison, mademoiselle Musclor, ça sent la fin des haricots. Les autres sont plus nombreux, mieux armés et elle a l’air physiquement plus fraîche que moi. En plus, la cavalerie arrive et ça m’étonnerait que ses potes soient aussi vertueux qu’elle. Trop blasé pour croire qu’il y a plus de deux personnes par lopin de terre à agir avec droiture. Il faut que je tente un dernier coup pour renverser la vapeur. Décidément, c’est un adversaire trop valeureux pour que je le laisse filer sans conclusion.

              Je fais rouler mes épaules comme pour en tester la vigueur. Ça va, j’ai encore un peu d'jus. Ma blessure tiraillée par le mouvement m’électrifie. Il faudrait voir à ne pas la négliger, celle-là. Pendant que j’appuie dessus avec mon poignet, je m’adresse à la cheftaine :

              « Il est inutile de faire plus de victimes. Ce combat doit se régler entre nous deux. Éloignons-nous d’eux. »

              Comme si j’en avais quelque chose à foutre de ces sales traîtres. En plus, maintenant que leur capitaine est mort, je ne peux pas prévoir comment ils vont agir. Elle acquiesce. Apparemment, ça lui parle d’épargner des vies. Première décision pas stupide du jour pour ma part, il a fallu attendre que la nuit tombe pour qu’elle vienne.

              Nous faisons quelques pas loin de la troupe. Les révolutionnaires se sont mis à se soigner entre eux sous les ordres précis de mon futur bourreau. Sans un mot, on s’éloigne dans l’obscurité. Et puis, il vient le moment où on sait qu’il faut y aller. On se fait face avec la ferme intention de mettre un point final à cette situation. Mes yeux bien accommodés à l’obscurité me donnent un léger avantage par rapport à une personne qui a passé son temps devant une jolie braise. Alors, comment vont ces mouches devant tes jolies mirettes ?

              Pas l’temps de lui d’mander ça. J’embraye en espérant finir notre petit tête-à-tête avec une victoire. Cette fois, je suis avec mon copain le tranche-jarret et ça n’va pas être la même. Chaque instant compte parce qu’elle va finir par y voir aussi bien que moi, parce que sa forme physique va prévaloir et qu’en plus, ses potes vont débarquer par paquet de douze, comme j’les connais. Bref, le temps joue pour elle.

              En chargeant, je lui lance un couteau qu’elle esquive avec talent, ça fera le troisième pour une nuit. De toute façon, je compte plus sur le fait d’ouvrir une faille. Elle se trouve sur son pied gauche, mon épée y tranche un sillon carmin. Elle réplique par un pain sur mon poitrail. J’accuse le coup et lui fout un coup d’boule. Mes dents claquent et je titube légèrement. Elle saute déjà sur moi pour me désarmer et me met un gros crochet dans la truffe. Mon nez craque comme une biscotte. Elle insiste avec une seconde couche sauf que j’arrive à lui planter mon avant-dernier couteau dans le flanc. Puis, je me dégage de son étreinte avec un coup de pied dans la poitrine.

              Péniblement, je me relève. Elle aussi. Elle dégage ma lame avec résolution pendant que je ramasse ma lame. Je souris. A-t-elle encore de quoi m’impressionner ?


              Dernière édition par Julius Ledger le Sam 1 Déc 2012 - 11:37, édité 1 fois
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              Le carnet indique qu'il ne faut jamais suivre de raisonnement illogique et faire de mauvais choix. Là, Elza vient de faire le mauvais choix. Les combats ont tout juste commencé, mais c'est clair que c'est les révolutionnaires qui vont gagner. Le capitaine des brigands est mort. Ces larbins sont pas franchement très motivés par poursuivre le combat. T'en as même un qui s'est enfui, pensant rejoindre la force de la marine sur l'ile. Il a plus de chance de crever de froid qu'autre chose. Ceux qui restent, il savent pas trop si on peut faire confiance aux révolutionnaires quand même. C'est le gros foutoir pour tout le monde. Elza, elle a encore une troupe raisonnable. En face, t'as que Julius pour s'opposer à la masse. Et c'est le Julius qui propose un combat singulier. Pour éviter d'autres morts. Ouai. Ou pas. Parce qu'un duel avec Elza, ça se fait. Et le gus a beau être balaise, il serait pas capable d'éviter les balles que les autres révos s'empresseraient de faire pleuvoir sur sa gueule d'amour. Y aurait bien eu une perte. Voir deux. Dont Julius. On fait pas d'omelettes sans casser d'oeuf. Sauf que c'pas dans le carnet ça. C'est pas bien du tout. Elza, elle suit le carnet et elle veut protéger ses hommes. Pourquoi c'est pas dans le carnet ? C'est du bon sens quoi. Du coup, pour le duel, elle accepte. Elle fait un dernier coucou avant de s'éloigner. Parmi les blessés, on salue son courage.

              Évidemment, c'pas juste de l'inconscience qui la motive. Y a poil de prestige dans l'affaire. Faut bien s'occuper soit même du blanc-bec qui les emmerde depuis le début. C'est son rôle de chef. C'est à elle de zigouiller la plus forte tête. C'toujours comme ça. C'est les lois de la nature. Le plus fort contre le plus fort. Et puis, elle a fait la morte l'autre jour. C'était pas très héroïque. Faut survivre, ouai, mais faut aussi foutre des gnons et crier sa victoire de temps en temps. Du coup, ça s'éloigne des autres et ça finit par se coller des marrons dans la gueule. Que pour Elza. L'autre fait sa chiffe-mole à vouloir user de ses lames. Il veut y aller au corps à corps aussi, mais il est pas fait pour ça. Ou qu'il est trop fragile. Elza sourit intérieurement. Elle sent la victoire facile. Sauf que t'as le moment d'inattention qui fallait pas avoir et c'est le couteau dans le côté. Sévère. Elza grimace. Elza est pas content. Plus de carnets. Plus rien. On revient au classique qui l'a fait connaître. On charge sans réfléchir. Et c'est ce qu'elle fait. Comme un buffle fou, elle s'élance contre Julius. Rien à foutre de se faire planter, elle rentre dans le tas histoire de le plaquer au sol et de le mitrailler de coups de poing de brutes et de coups de coude. T'as du couteau ? Ça fait mal de chien, mais ça la tuera pas. Quand on gagne à coup de poing, on s'habitue à encaisser les coups de surins. Elza gueule. Sauvage. Pas de douleur. Ça fait froid dans le dos.

              Et puis il finit par s'échapper. Elle se relève difficilement. Ça pisse le sang. Les deux combattants sont pas dans le meilleur état. Pas loin, ça fait du bruit. Ça tire même. De la compagnie ? Aucune idée. C'est pas ça qui arrête la révolutionnaire qui se met à roder autour de l'autre, se déplaçant telle une bête blessée, mais tout aussi vive. La neige la gêne. Le froid ? Elle s'en fou. Ça gèle les blessures au pire. Et puis une nouvelle charge. Pile au moment d'un gros éclat de lumière dans la direction opposée. Du genre gros. Elza est aveuglé. Ça nique les yeux alors qu'elle était habituée à l'obscurité. Tant pis, elle fonce et bourine au hasard. Là où devrait être Julius. Ou pas.
                Je suis essoufflé, tanné, tatané, même. La gonzesse me meule la tronche depuis une bonne vingtaine de minutes. Il n’y a plus aucune partie de mon corps qui n’soit pas en sang. Je n’vais pas pouvoir t’nir plus longtemps à c’rythme-là. Pourtant, je suis encore debout. Je n’ai aucune envie de finir en purée de pois chiche. Et la donzelle s’rait bien foutue de m’buriner la gueule jusqu’aux os. Des coups d’paluches à décalquer un ours. Et cette hargne qui l’anime me scie les jambes, littéralement.

                Elle aussi a l’air de pas mal souffrir. Ça ne lui a pas fait que du bien notre combat. Mais putain c’qu’elle a d’endurance dans les pattes. Elle respire fort et me r’garde avec des yeux de damnée. Elle me tourne autour comme un prédateur qui cherche ma gorge pour me finir. Dans le décor refait en carmin pour l’occasion retentit le son d’un échange de balles. Non, ils ne jouent pas au tennis, mais plutôt au jeu : qui va finir en passoire ?

                Je m’demande s’il n’est pas temps de lâcher prise et de se barrer. Après tout, si je m’acharne sur elle, c’est que je m’comporte encore en crétin. Si je n’ai pas compris ma leçon, c’est que j’agis sans réfléchir. Pourtant, je ne peux pas me soustraire à son attraction. Son corps m’appelle de ses poings. Une idylle sur fond de conflit militaire, ça fait toujours propre sur un curriculum vitae. Elle aussi, si j’ai bien compris, tient à conclure notre combat en apothéose. Il faut bien que ça finisse par un vainqueur et une perdante.

                Hinhin, je suis plutôt mesquin, ce soir.

                N’empêche, elle a bien raison de ne pas prolonger la pause. Il n’y a plus rien que le temps puisse faire pour nous. L’ivresse du moment est notre seul moteur et c’est pour ça que la magie de l’instant doit être conservée. On vit une intense histoire destinée à finir dans une fraction de seconde. Pourtant, cette vie éphémère ne diminue en rien le précieux de cette romance. Un vrai guerrier sait la valeur d’un adversaire à sa taille.

                Au décours de ces réflexions, je m’immobilise bien planté sur mes guitares. Je laisse v'nir vers moi. Mes deux mains se crispent sur mon épée. Et puis, son visage s’illumine intensément. Juste au moment où elle arme son poing, elle est enveloppée dans la lumière. Surpris, j’arrive quand même à esquiver son assaut. Elle a perdu en précision à cause des connards v'nus nous surprendre. D’un bond de côté, je me r’trouve dans une position idéale pour lui planter toute la longueur de mon épée dans le flanc. Elle est agitée d’un léger soubresaut avant de me claquer dans les bras.

                C’est triste de gagner à la faveur d’une aide externe. Mais, si ça s’était passé différemment, c’est peut-être moi qui aurais fini embroché comme une pintade. Con, va ! C’est pas comme ça que c’est censé se finir. Foutus branleurs de mes deux. Personne ne vous a d’mandé de v’nir foutre vot’ merde.

                « Alors ? vous allez peut-être finir par me dire qui vous êtes, non ? »

                Si ce sont ses potes, je suis dans la merde. Mais, ça m’étonnerait, il n’y aurait aucune raison qu’ils se tirent dessus entre amis. Un homme en imper se profile derrière un long faisceau lumineux. Quitte à crever, autant être rapidement fixé. De toute façon, je n’ai déjà plus la force de m’tenir debout.
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                L'homme fait un signe de la main. Aussitôt, une vingtaine de soldats entourent Julius sans un mot. Un entrainement militaire se ressent dans leur mouvement. À moins d'avoir affaire à des alliés, Julius n'a aucune chance. L'homme en imperméable ne bouge toujours pas. Derrière lui, on peut voir qu'une centaine d'hommes s'affairent autour des autres survivants. Les derniers bandits sont capturés. Les premiers soins sont donnés aux révolutionnaires. On leur offre à boire et du réconfort. Pas de doute, la troupe est révolutionnaire. L'homme semble te regarder, mais, en réalité, il fixe Elza. Après un temps à ruminer ses pensées, il s'approche du cadavre sans même regarder Ledger qui ne tente rien vu la situation critique. Il interpelle bien l'homme, mais il s'en fiche, pour l'instant, de lui répondre. Il continue de regarder Elza, baignant dans son propre sang. Finalement, il finit par marmonner entre ces lèvres.

                Elza… Je t'avais dit de suivre le code…

                Instant de silence chez le révolutionnaire. Puis, brusquement, son regard se porte sur Julius. Un regard froid. Un regard accusateur. Il sait qu'il est le responsable de la mort d'Elza. Sans aucun avertissement, il frappe Julius d'un coup de pied circulaire aussi brutal que puissant. Le rodeur décolle du sol pour atterrir plus loin, aux limites de l'évanouissement. L'homme s'approche et le jauge du regard. Maintenant certain que tu ne représentes aucun danger, il fait signe à ces hommes de s'approcher.

                Emmenez-le. Et faites qu'il vive. Je l'interrogerai moi-même quand j'en aurai l'occasion. Allez au campement de la vieille route et mettez-vous sous les ordres du chef du campement en attendant d'autres ordres.

                Oui ! Chef Marli !

                Sans guère de ménagement, plusieurs soldats de la Révolution emportent Julius. Marli le regarde s'en aller un instant avant de diriger son regard vers le bateau échoué. Le révolutionnaire a attendu une cargaison d'arme, il a eu finalement obtenu la mort d'une amie et la perte de plusieurs hommes de la révolution. Une mission très peu bénéfique. C'est ennuyeux. Toutefois, cela ne remet pas en cause les objectifs de la révolution sur Drum. Au moins, Elza n'est pas morte en emportant la ruine de la cause avec elle. Lentement, il s'abaisse au côté d'Elza afin de la prendre dans ses bras sans trop d'effort, sans réclamer d'aide et il l'emmène vers la sépulture qui lui revient de droit.