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"Parrrrce que le sucrrre, ça donne des carrrries !"


1624 -  « Affaire de la sucette volée »

Mouetteman & Superjuriste



Tu mouettepenses que c'est ici ?

En verrrrtu des inforrrrrrmations rrrrreçues, et vu l'arrrrrrticle 7 de la Déclarrrrrrration Mondiale des Drrrrrroits du Peuple et du Plancton disposant que la bonne foi est prrrrrésumée, c'est sans doute ici, oui.

Superjuriste venait de sortir son énorme code civil, véritable grimoire qu'il avait lui-même complété et qui recensait l'intégrale de toutes les lois, de tous les décrets, de tous les réglements et de toutes les chartes qui avaient eu le malheur de lui tomber sous la main. Tout cela également accompagné des jurisprudences et éventuels revirements qui y étaient attachés.
Ne vous méprenez pas, j'avais déjà essayé de lui faire comprendre que me sortir un texte normatif à chaque situation n'était pas nécessaire, mais ça n'avait pas fonctionné. Au lieu de ça, j'avais même récolté un sublime "selon la Loi Mondiale de 1481, il apparrrrrtient aux hommes de se fairrrre leurrrrr prrrrroprrrrre opinion et d'agirrrrrr comme bon leurrrrr semble, tant que cela ne trrrrrouble pas l'orrrrdre public, n'enfrrrreint pas une autre rrrrrègle, ou ne va pas à l'encontrrrrre du gouverrrrrnement mondial". Et autant vous dire que me taper le roulement de R de mon coéquipier m'avait suffisamment refroidi pour que je ne tente plus le coup une seconde fois. Voilà pourquoi aujourd'hui je prenais sur moi et tentais de faire comme si de rien n'était. Dans la mesure du possible.
Nous étions sur le toit de l'usine Choupy Chou, scrutant en-dessous de nous la ville de Luvneel qui s'agitait, préparant la fameuse Grande Fête du Sucre : une attraction qui prenait place tous les dix ans. Pourtant, aucun de ces habitants n'avait l'air en mesure de se douter que l'objet même de cette grande fête, à savoir la Sucette Géante, avait des chances de ne pas être au rendez-vous après-demain. Oui, je me suis moi aussi demandé comment un bonbon de quinze mètres pouvait disparaitre comme ça, au beau milieu d'une usine truffée de systèmes d'alarme et autres mécanismes sécuritaires.

Hum... Tiens Superjuriste, tu mouettesens cette chose, là ? On dirait de... L'eau...

Effectivement, le décrrrrret 724-52 de North Blue dispose exprrrrressément que les liquides les plus rrrrrrépandus et susceptibles d'êtrrrrrre rrrrencontrrrrrés sont de l'eau, généralement salée.

C'est quand même étrange, tu ne trouves pas ? Qu'est-ce que de l'eau vient mouettefaire ici ?

Pour une obscure raison, c'est en me rapprochant de la bouche d'aération du toit de l'usine que j'ai senti une étrange goutte me tomber sur le bout du front. Mes talents de détective ont tout de suite flairé que quelque chose clochait. Et, en effet... Il s'est soudainement mis à pleuvoir.
Un costume mouillé n'étant que rarement confortable à porter, nous avons décidé sans discuter trop longtemps qu'il valait mieux quitter le toit, avec une classe de superhéros, évidemment.

Entrrrrrer parrrr effrrrraction est interrrrdit, Mouetteman.

Effraction ? Heu... C'était de la légitime mouettedéfense ! La pluie nous a attaqués !

Après un moment à essayer d'expliquer à mon coéquipier que passer par la cheminée de l'usine Choupy Chou était nécessaire pour l'enquête, et entrait également dans les actes obligatoires d'un héros - qui, selon les règles, ne devait jamais passer par la porte - nous avons enfin pu commencer notre travail ; sans risque de nous faire à nouveau attaquer par la pluie, et ses mystérieux préludes. L'ambiance était affreusement calme, comme quand, sur Gotham Island, on m'avait tendu une embuscade dans l'usine de chaussettes de la famille Veine. D'ailleurs, le décor était presque identique. Un sol et des murs d'un blanc glacial, et cet hottible cliquetis métallique retentissant constamment. Devant nous s'étalaient des rangées d'imposantes cuves grises à l'intérieur desquelles se trouvaient d'énormes louches. C'était sans doute dedans qu'étaient façonnés les bonbons... Une fois de plus, mon esprit de déduction m'impressionnait.

Mouetteman ? Je crrrrroyais que l'usine était trrrrruffée de systèmes d'alarrrrrme, et nous n'en avons déclenché aucun. Le mensonge est interrrrrdit, selon l'arrrrticle 8 du Code Civil !

Superjuriste n'avait pas tort. Dans ma précipitation et ma fougue mouettehéroïques, j'en avais complètement oublié les systèmes de sécurité présumés de l'usine. Pourtant, alors qu'on venait d'y pénétrer en sautant depuis l'une des cheminées facilement accessibles au niveau du toit, aucune sirène, aucun piège n'était intervenu. C'était comme si...

Les systèmes d'alarme ont peut-être été désactivés ? Ou alors, l'été vient...

INTRU ! ALERTE ! INTRU !

Apparrrrrremment non.

Le sol s'est mis à trembler, des sirènes se sont enclenchées et les fenêtres se sont recouvertes de renforcements en acier. Dans un grincement métallique particulièrement insupportable, les énormes cuves se sont faites littéralement avaler par les socles sur lesquels elles se trouvaient, immédiatement remplacées par ce qui ressemblait à...

Des canons ?

INTRUS DETECTE ! PROCEDURE... ELIMINATION !

Dis-moi Mouetteman, qu'est-ce qu'il entend parrrr le mot élimination ? Parrrrce que porrrrrter atteinte à la vie d'autrrrrrui, est INTERRRRDIT !

La machine n'a, semble-t-il, pas vraiment pris en compte les menaces juridiques de mon équipier. Pire, on a entendu ce qui ressemblait à l'activation d'un rouage, rapidement suivi par le déplacement des canons qui se sont mis à viser. Nos têtes.

Heu... Superjuriste...

Oui, Mouetteman ?

Je crois qu'il faut qu'on... COURRE AAAAAAAAAAAAAAH !

Tellement mal-élevés ces canons qu'ils n'ont même pas attendu que j'arrête de parler pour nous tirer dessus. Superjuriste a eu du mal à se remettre de ses émotions, constatant que même le droit et les règles de bienséance n'avaient aucune emprise sur ces machines. D'ailleurs, c'est le prétexte qu'il a utilisé pour justifier la rapidité avec laquelle il s'est fait toucher par un des boulets de sucre envoyés à pleine vitesse pour nous neutraliser. Mon coéquipier s'est fait happer dès les premières salves, projeté violemment contre le mur et englué dans ce qui était sans doute une pâte à chewing-gum absolument dévastatrice.
De mon côté, je dois avouer que je n'avais pas vraiment ce problème, et ce n'est strictement pas le fait que je vous raconte ma propre histoire qui me pousse à la rendre plus classe. Les enseignements de la Ligue du Soleil m'ont été particulièrement bénéfiques. C'est d'ailleurs uniquement grâce à eux que j'ai pu devenir un héros pareil, annonciateur de l'été et héritier des préceptes de justice parfaite. Oui, Mouetteman était là, paré à sauver la situation.
J'ai esquivé le premier boulet par une roulade des plus efficaces, le laissant s'écraser avec violence au sol. Balancé à toute vitesse, le second boulet a failli me surprendre, mais c'était sans compter sur mon mouettegrappin qui m'a sorti d'affaire sans problème. Et puis c'est là que les choses ont commencé à vraiment se compliquer.

ALERTE ! PHASE 1 INEFFICACE, PASSAGE EN PHASE 2 !

De nouveau, mon brillant esprit de déduction m'a fait comprendre en à peine trois minutes que la phase 2, due à l'inefficacité de la phase 1, serait sans doute plus compliquée à gérer. Le sol s'est soudainement mis à se retourner, remplaçant les carreaux et la dalle de béton par une immense patinoire de caramel congelé. Pas besoin d'en appeler à nouveau à mes compétences de grand détective pour me rendre compte que courir sur un truc aussi glissant risquait de ne pas être de la tarte. Ha ! Ha ! De la tarte, vous avez compris ? Hein ? Quoi ? Comment ça ça n'a rien à voir avec les bonbons, une tarte ? L'été vient, d'abord.
Bon, bref. Les canons se sont remis à me tirer dessus, et la fréquence des salves s'est accélérée. Sauter, rouler, glisser, filer avec le mouettegrappin et planer avec la mouettecape. Seule une excellente utilisation de mon Mouettecostume 1 pouvait me sortir d'affaire ici, et c'est évidemment ce que j'ai fait. Jusqu'à ce qu'un élément extérieur ne vienne me déconcentrer, moi, l'ultime héros envoyé annoncer l'arrivée imminente de l'Eté.

Hé ! Mouetteman ! T'attends quoi pourrrrr me tirrrrer de là, hein ? Selon l'arrrrrticle 9 de la Déclarrrrrrration Mondiale des Drrrrrroits du Peuple et du Plancton, tu dois porrrrrter assistance aux perrrsonnes en danger ! JE suis en danger !

Ca a été une diversion suffisante pour relaxer mes réflexes et retarder le mouvement d'esquive que j'ai eu. Suffisant pour que je sois purement incapable d'esquiver correctement le tir de chewing-gum suivant. Suffisant pour que, cette nuit, Mouetteman tombe, happé et englué, et finisse emprisonné contre le sol dur et froid de l'usine Choupy Chou.








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1624 -  « Affaire de la sucette volée »

Mouetteman & Superjuriste



JE CROYAIS QUE VOUS ETIEZ DES PROFESSIONNELS ! ET EST-CE QUE VOUS VOULEZ UNE FRAISE TAGADOU ?!

J'ai essayé de me justifier auprès de M.Chougare, mais celui-ci donnait l'impression d'avoir passé un contrat l'obligeant à débiter plus de hurlements que de paroles audibles.
La nuit précédente, après avoir été malencontreusement écrasés par les boulets de chewing-gum, nous avions eu droit à un comité d'accueil dont je me serais sans doute passé. Apparemment, les usines de bonbons de Taraluvneel étaient tellement importantes que, en plus de posséder des systèmes de sécurité perfectionnés, déclenchaient des alarmes qui alertaient automatiquement la garde de Luvneel. Et autant dire que c'était pas de la tarte que de traiter avec des soldats pour qui un simple doigt sur une confiserie était l'équivalent d'un blasphème. Ha ! Ha ! Vous avez compris ? Pas de la tarte ! Ha ! Ha ! Hein ? Toujours pas ?... Bon.
C'est la raison pour laquelle on s'est fait traîner de force jusqu'ici, la maison de M. Chougare, propriétaire des usines Choupy Chou et président du comité de la Sucette Géante cette année. Un type bien, ce M. Chougare. Si on exceptait sa tendance à crier constamment et à proposer des bonbons par la même occasion, bien sûr.
On a évidemment essayé de lui expliquer que tout cela n'était qu'un horrible malentendu, résultant de notre honnête volonté d'enquêter sur les différentes possibilités qu'avait eu le criminel pour s'emparer de la sucette et que, finalement, on s'est rendu compte de la grande efficacité de la sécurité, rendant donc comme conclusion que le voleur, à moins d'être un ninja surentrainé, n'avait pas eu à se frotter aux systèmes sécuritaires. Brillante déduction superhéroïque, à nouveau. M. Chougare s'est pourtant de nouveau énervé, a commencé à nous postillonner dessus avant de nous demander en aboyant si on voulait bien manger un marshmallow.

Non.

QUOI ? POURQUOI VOUS VOULEZ PAS UN MARSHMALLOW ?!

Parrrrce que le sucrrre, ça donne des carrrries !

M. Chougare s'est de nouveau mis à hurler, avant de crier que si on ne se débrouillait pas pour retrouver la sucette dans les plus brefs délais, il s'arrangerait pour que l'on n'ait plus jamais de contrat à passer et qu'on se fasse prendre nos licences de chasseur de primes. Autant dire que ça nous a tout de suite remis d'aplomb pour qu'on se remette à enquêter.

Il y a au moins un bon point dans cette histoire.

Ah oui ? Lequel ? Parrrrrce qu'à parrrrt le fait qu'on rrrrrisque de se fairrrrre enlever notrrrrre licence et que ça, même l'arrrrrrticle 14 de la Convention Interrrrrocéanique du Trrrrravail Abusif pourrrrrra pas l'empêcher, je vois RRRRRIEN !

Eh bien je suis presque mouettesûr à cent pour cent que le voleur n'a pas subi les systèmes de sécurité de l'usine. Et l'été vient, c'est un bon point ça. L'été vient.

...

On était de retour sur la Mouettemobile, accostée dans une petite crique à l'écart du bruyant Port de Norland. Superjuriste et moi-même étions en train de refaire le plein d'équipements. J'ai remplacé mon Mouetteocostume devenu tout gluant après ma mésaventure avec le canon à chewing-gum, récupéré des mouettegrappins, des mouettegrenades et des mouettarangs, puis j'ai commencé à écrire frénétiquement sur mon bloc-notes.

Bon alorrrrrs rrrrésumons. Une sucette géante forrrrrme l'attrrrrraction de Tarrrrraluvneel tous les dix ans. Cette année, c'est M. Chougare qui est charrrrrgé de superrrrrviser le prrrrrrojet qui est censé fairrrre trrrravailler toute l'île ensemble. Sauf que, dans son usine rrrrrréputée inviolable – sachant que la bonne foi est prrrrrésumée – la sucette qui mesurrrrre plus de dix mètres disparrrrraît.

Hum... On a vu l'efficacité du système de sécurité, et, même si c'est dur de le mouettereconnaître, je n'ai pas tenu plus loin que le niveau 2. Pourtant, M. Chougare nous a dit qu'il existait cinq niveaux de difficulté, croissants selon la résistance de l’intrus.

J'ai vaguement tracé plusieurs schémas sur mon petit calepin officiel Mouetteman™ – avec un logo dessiné sur la couverture, une de mes grandes fiertés. Si on réfléchissait bien, plusieurs éléments commençaient à se racoler.
D'abord, seul quelqu'un d'extrêmement expérimenté aurait pu s'en sortir face aux systèmes d'alarme à difficulté croissante. Et pour ça, je doutais réellement qu'une personne avec de telles qualités songe à s'embêter avec une simple sucette, alors qu'il y avait tellement d'autres moyens de gagner de l'argent. Admettons toutefois que le voleur ait pu résister aux différents systèmes de sécurité lancés pour l'arrêter, comment est-ce qu'il aurait réussi à soulever une sucette de dix mètres de long et à partir avec elle, toujours avec les systèmes d'alarme activés ?
D'autant plus que j'avais moi-même vu que les fenêtres et les portes, dès que la sirène avait retenti, s'étaient recouvertes de renforcements et blindages d'acier. Il restait évidemment la solution de la cheminée, puisqu'elle m'avait elle-même servi à pénétrer dans l'usine. Mais je doutais fortement qu'une sucette géante et lourde ait pu passer à travers un espace aussi étroit.

Je crois bien avoir mouetteflairé une piste, Superjuriste.

Ah bon ? Laquelle ?

La sucette géante s'est peut-être levée d'un coup, s'est mise à marcher, s'est contorsionnée, puis a sauté par la cheminée ?

Non, je ne pense pas. Surrrtout que la Convention de Norrrrrth Blue interrrrrdit, dans son arrrrticle 8594-301, je cite de « conférer des jambes et des bras aux bonbons de plus de six mètres ». Et je ne pense pas qu'une attrrrrraction aussi imporrrrtante que celle de Luvneel ait prrrris le rrrrisque d'enfrrrreindrrrre la Loi.

Hum... Bizarre, ça me paraissait pourtant être l'hypothèse la plus mouetteplausible.

Je savais que Superjuriste ne se trompait que rarement dans ses analyses. S'il jugeait qu'enfreindre une telle Loi était inenvisageable, alors je lui faisais confiance. Mais je dois avouer que ça ne m'aidait vraiment pas dans l'affaire maintenant. Comment la sucette aurait-pu être enlevée si elle ne possédait pas elle-même des bras et des jambes ? Cette prise en compte m'a décontenancé. D'ailleurs, je dois avouer que mon ego de superhéros à l'intuition phénoménale en a pris un coup à ce moment-là.
Et c'est alors que tout espoir semblait perdu, que le légendaire Mouetteman était à deux doigts de craquer, que la solution s'est imposée à moi. En un regard presque désespéré lancé à l'immense gribouillis qui trônait sur mon Mouettecalepin, j'ai distingué, telle une écriture de lumière et apparue de façon providentielle, cinq lettres : « ECIVTA » qui, rangées dans un ordre cohérent, donnaient : « ACTIVE ».

Waouh... Incroyable.

Qu'est-ce qu'il y a ?

Le voleur n'avait pas besoin de résister aux systèmes de sécurité, ni de passer par la cheminée, si l'alarme ne s'est pas mouettedéclenchée !

Tu veux dirrrre... Qu'on l'aurrrrrait désactivée ?

Bien sûr !

Mais je crrrroyais que l'alarrrrme était impossible à désactiver... Sauf...

Sauf pour quelqu'un qui s'y connaîtrait suffisamment dans ces systèmes d'alarme sophistiqués, conçus spécialement pour protéger les usines à bonbon de Tarluvneel. Pour la première fois depuis le début de l'enquête, je sentais que j'avais réussi à toucher un point critique, capable de me mener à la solution tant espérée. J'ai griffonné de nouveaux éléments sur mon bloc-notes, bougé les bras à toute vitesse comme si j'avais des ailes de mouette pour me donner du courage, puis j'ai repris ma réflexion. Pas besoin de se frotter aux systèmes de sécurité si on savait par quel moyen s'y prendre pour les désactiver.
M. Chougare avait été clair : la robotisation protectrice des usines de bonbon était une innovation propre à Luvneel, conçue par les meilleurs ingénieurs de l'île, et ce, afin d'éviter justement ce genre de désagréments. Afin de la désactiver, il était nécessaire de s'y connaître, de savoir avec précision comment fonctionnait la sécurité. Par conséquent, n'importe quel profane n'était purement pas en mesure de s'introduire dans l'usine après avoir neutralisé l'alarme.
Ce qui réduisait fortement la liste des possibilités.

Prépare-toi Superjuriste. On sort ce soir.








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1624 -  « Affaire de la sucette volée »

Mouetteman & Superjuriste



Puis-che chavoir qui vous chêtes ? Hihihihihihi !

MOUETTEMAN !

Hum... Charmant ! Puis-che vous propocher un bonbon ? Hihihihihihi !

Selon l'alinéa 7 de l'arrrrticle 49 du Code des Conventions des Hommes Bizarrrrrrres, il semblerrrait que M. Bouche ici prrrrésent rrrressemble à M. Chougarrre.

Abcholument pas ! Je n'ai rien à voir avec chet inculte petit porchin de Chougare ! Hihihihihihi ! Puis-che tout de même vous propocher un chewing-gum ?

Hum. L'été vient, M. Bouche. Et il semblerait que vous soyez du genre à lui entraver la route. Chose que moi, Mouetteman, ne suis guère en mesure d'accepter !

L'été vient ? Hihihihihihi ! Ch'est fort peu probable M. le cochtumé. Néanmoins, che dois pouvoir vous propocher une de mes pachtilles à l'orange, qui rechemble vraiment à un cocktail echtival ! Hihihihihihi !

Non. En revanche, si vous me mouetteproposez une sucette géante... Disons, longue de dix mètres, comme celle qui constitue l'attraction de Luvneel, là, je ne refuserai pas.

Hihihihihihi ! Che vous trouve bien préchomptueux, M. Mouetteman. Et qu'ech-qui vous fait pencher que j'ai un tel objet en ma possession ?

Eh bien... Disons que, comme vous l'avez volée, j'ai espoir que vous la mouetterestituiez avant de me forcer à employer la manière forte.

Che ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler, M. Mouetteman... Hihihihihi. Sinon, ch'ai une petite chucette dans mon chapeau, peut-être voudriez-vous ch'y goûter... ?

Jorj Bouche a sorti de son chapeau haut-de-forme une petite sucette de couleur noire, avec une tête de mort sur l'emballage. A priori, il ne s'agissait certainement pas ici de celle que j'étais venu chercher. C'est pourquoi j'ai baissé ma garde, que je n'ai pas fait attention quand le sucrier me l'a lancée dessus, et que j'ai été très largement surpris quand elle m'a explosé à la figure, carbonisant une partie de mon Mouettemasque et de ma Mouettecape.

Oh ! Quel vil perrrrsonnage ! Ca va, Mouetteman ?

Je vais te mouettezlataner les dents, moi, tu vas voir !

Mais... Qu'ech- qu'il raconte, votre ami ? Hihihi...

Je n'en ai aucune idée, crrrroyez-moi...

Pas le temps de m'occuper des messes-basses de mon coéquipier. J'ai immédiatement attrapé deux mouettarangs sur ma ceinture et les ai lancés à toute vitesse sur Jorj Bouche. Ce dernier a, dans un saut des plus efficaces, réussi à me prouver sa souplesse et son agilité. Après tout, sa taille longiligne et filiforme avait l'air en mesure de lui permettre d'aller absolument partout.

Hum... Dites-moi, qu'ech-qui m'a démachqué, au fait ? Hihihihihi !

Le fait que vous me mouettattaquiez. En fait, vous étiez le suspect n°9 sur ma liste, et comme vous étiez le plus proche, je vous ai interrogé en premier. Celui que je pensais vraiment être le coupable était le chat de M. Chougare, Kitty, il m'avait l'air fourbe à miauler constamment. Mais que vous m'attaquiez comme ça m'a apporté la mouettevérité ! MOUETTEMAN !

C'est une blague, n'est-ce pas ? Hihihihihi !

Non monsieur. Non. L'été vient, j'apporte la justice.

M. Bouche a commencé à faire tournoyer sa longue canne, sans doute en guise d'avertissement. D'après mes observations, il semblait expérimenté dans ce domaine, ce qui m'a conduit à me mettre sérieusement en garde. Je venais de me faire surprendre une fois, et pour résultat maintenant, mon Mouettecostume sentait le brûlé. Hors de question que ça se produise à nouveau.
J'ai hurlé un beau « Mouetteman » avant de foncer vers mon adversaire. A mes côtés, Superjuriste avait sorti son Code Civil de Combat, et commençait à l'asséner dans tous les sens, à la manière d'une masse d'armes destructrice. Pourtant, Jorj Bouche nous a fait une véritable démonstration d'agilité, esquivant chacune de nos attaques en sautillant et en se permettant même de rire à gorge déployée. Autant vous le dire tout de suite, c'était pas de la tarte. Ha ! Ha ! Vous avez comp... Quoi encore ? Ouais, bon.
Ce n'est que quand Superjuriste a tenté une attaque frontale en bourrinant au Code que Jorj Bouche a laissé sortir sa botte secrète. La dévastatrice puissance du Sucre d'Orge. Un coup, un seul coup, et mon coéquipier s'est fait soulever du sol puis projeter contre le mur. En réalité, la canne de notre adversaire, une fois un petit bouton actionné, s'était soudainement élargie et colorée, jusqu'à libérer la véritable grandeur de sa puissance de bonbon géant. Je connaissais suffisamment Superjuriste pour savoir qu'un coup pareil, s'il n'avait pas mis sa vie en danger, venait tout de même de le neutraliser pour un bon moment. J'étais donc seul. Seul face à la cataclysmique puissance d'un sucrier.

Pourquoi vous faites ça, M. Bouche ? Je ne vous ai suspecté que parce que vous étiez l'un des seuls à connaître le fonctionnement des systèmes de sécurité des usines, puisqu'ils protègent aussi votre propre usine de sucre, Bouche-Trou.

Hihihihihi ! Vous voyez, vous ne chavez même pas pourquoi che le fais ! Cha prouve bien che que che penchais... Tout le monde ! Ils chont oublié mon nom ! Ils ne chavent même pas que ch'est moi qui ai invechti le pluche d'archent dans chette hichtoire ! Vous voulez une pâte de fruit ? Hihihihihi !

Je ne comprends pas...

Il n'y a rien à comprendre... Hihihi... Ch'avais tout fait dans chette chuchette, tout ! Du déchin orichinal à la fabrication. Et puis Chougare, mon hooorriiiiible couchin, il me l'a volé ! Chans moi, la chuchette n'aurait jamais chété finie à temps ! Mais chuchte parche que je voulais mettre le déchin d'une bouche sur la chuchette, en hommache à ma famille qui a touchours été charchée de la conchevoir, ils me l'ont volééééeee ! Hihihihihi ! Ils che chont même arrangés pour faire dichparaître mon nom de la lichte des créateurs, pour ch'accaparer toute la gloire eux-mêmes !

Son histoire avait le mérite d'être triste, mais en volant cette sucette, il risquait de priver les pauvres enfants de Taraluvneel de la joie de voir la Sucette Géante. C'était un événement qu'on ne pouvait apprécier qu'une fois dans sa jeunesse, et il était hors de question qu'il n'ait pas lieu.
J'ai sorti le mouettegrappin de ma petite bourse, tout comme une mouettegrenade. L'heure étaut venue de prouver à Luvneel à quel point Mouetteman était héroïque ! J'ai foncé à toute vitesse vers Jorj Bouche, prêt à lui montrer à comme l'arrivée de l'été était imminente. J'ai envoyé un premier coup de pied qu'il a esquivé sans encombre, avant d'enchainer par un coup de Mouettebec qui se voulait dévastateur. Cette fois, le sucrier a été incapable d'éviter et s'est pris le choc frontal de plein fouet. Contrairement aux apparences, frapper avec un coup de boule en utilisant le Mouettebec ne perçait pas, c'était une de mes grandes fiertés, d'ailleurs. Neutraliser sans tuer, telle devait être la logique d'un véritable héros.

Abandonnez, M. Bouche. Ne me forcez pas à vous mouettefaire du mal.

Au lieu de déposer les armes, Jorj Bouche a sorti un chewing-gum de son chapeau et s'est mis à le mâcher frénétiquement. Puis, au bout d'un long instant, il a réussi à faire apparaître une énorme bulle rose qui grandissait à chaque seconde. Mon instinct de Mouette me dictait de rester à l'égard, mais mon envie d'en découdre me poussait à avancer. Résultat, je suis resté planté là, comme un imbécile, à réfléchir. Suffisamment longtemps pour que la bulle de chewing-gum devienne littéralement gargantuesque, avant d'éclater violemment et de me projeter contre le mur.
Je sais ce que vous devez vous dire. Que je dois être sacrément naze pour m'être fait emprisonner deux fois dans une même mission par du chewing-gum ultra-collant. Et à ça, je vous répondrai que j'aurais bien aimé vous y voir à ma place. Comment ça vous auriez bougé ? Vous vous prenez pour qui, d'abord, hein ? Je suis un héros, moi !
Toujours est-il que je venais de me faire jeter en arrière et englué contre l'immonde papier peint du bureau de M. Bouche. Ah, je ne vous avais pas dit où est-ce qu'on était ? Unité de lieu, de temps tout ça... Ah bah d'accord, si vous vous y connaissez tant que ça, allez-y, racontez-la mon histoire !

Vous chavez perdu ! Le chucre, ch'est la vie ! Hihihihihi !

Non. Le sucrrrrre, ça donne des carrrrriiiiiiies !

C'est ce moment qu'a choisi Superjuriste pour sortir de sa torpeur et asséner un terrible coup de son Code Civil dans le front de Jorj Bouche. Mon coéquipier arborait une immense bosse qui recouvrait à la fois son front et sa joue, mais il était debout, et c'est tout ce qui comptait. Il a rapidement essayé de me libérer de ma prison de chewing-gum, mais, de toute évidence, c'était un exercice compliqué. Surtout quand on avait pour seul équipement un épais livre rouge. M'enfin, question de point de vue ici.

Non ! Che ne vous laicherai pas faire ! Chette chuchette me revient de droit ! Elle est à moi ! Hihihihihihi !

Le sucrier s'est relevé à toute vitesse et, sans passer par la case formalités, a mis Superjuriste à terre d'un coup de matraque. J'ai regardé la scène en tant que spectateur impuissant, puisque ma prison de chewing-gum était toujours là... Enfin... Pas tout à fait. Le sacrifice héroïque de mon coéquipier n'avait pas été totalement vain puisque je venais de retrouver un usage relativement acceptable de mes bras. Et je n'ai pas attendu longtemps pour en profiter.

MOUETTEGRENADE !

J'ai lancé la petite bille explosive directement au visage de Jorj Bouche. Le mouettéquipement, qui cumulait les effets d'un fumigène et d'une boule puante, s'est alors répandu sur mon adversaire qui s'est mis à cracher ses yeux et à gratter ses poumons. Ou l'inverse. Oui, l'inverse c'est mieux. Immédiatement, j'en ai profité pour attraper un de mes Mouettarangs - un shuriken boomerang en forme de mouette - et m'en suis servi pour découper du mieux que j'ai pu l'épaisse colle rose qui me retenait prisonnier. Il fallait que j'en finisse maintenant, je le savais. Pas de pitié dans un combat de superhéros. Dès que j'ai réussi à me dégager suffisamment, je lui ai sauté dessus et l'ai fait tomber d'une mouettebalayette redoutable. Malheureusement pour moi, le chewing-gum qui m'avait retenu prisonnier était peut-être en grande partie décollé, mais il en restait tout de même quelques morceaux au niveau des endroits stratégiques : notamment entre les cuisses et sous les aisselles. Si bien que je me suis retrouvé avec l'épaule complètement scotchée à mon tronc, incapable de bouger.

Aaaah ! Mais c'est mouettepas vrai !

Hihihihi... Un problème ? Kuf... Vous voulez peut-êt... Kuf... Peut-être une pachtille à la menthe ? Hihi... Kuf !

Il s'est étouffé de nouveau avant de lancer un mystérieux bonbon blanc directement au fond de sa bouche. Bizarrement, sa pastille a eu l'air de lui avoir rendu un second souffle, puisqu'il s'est mis à sourire et à respirer correctement, avec en plus un effet fraîcheur. Jorj Bouche s'est ensuite relevé d'un coup, retombant sur ses fines et longues jambes avant de se mettre à sautiller tout autour de moi. Je devais sans doute avoir l'air fin ainsi statué, avec le bras complètement collé à mon tronc. Mais il ne faut pas oublier que j'avais mon Mouettecostume et que, par conséquent, j'étais forcément plus stylé que n'importe qui. Effet supermouettehéroique obligeant, assurément.
Au bout d'un moment, à force de tirer sur mon bras, j'ai enfin réussi à plus ou moins le dégager de la colle du chewing-gum. Plus ou moins parce que ça n'est pas arrivé sans que mon costume ne soit déchiré, laissant donc mon aisselle et sa jungle dense à la vue de tous. Mais, au moins, ça m'a permis de recouvrir un semblant de liberté de mouvement, ce qui, mine de rien, était important dans un combat.
Et ce n'est qu'à partir de là que le combat a vraiment commencé à devenir sérieux.

Je balance le premier coup de poing en visant la mâchoire, mais Jorj Bouche le pare sans difficulté d'un mouvement rapide de sa matraque sucre d'orge. Je continue avec l'adrénaline qui m'anime, faisant se succéder Mouettebec, gifles rapides, coups de coude et high-kicks, mais aucun d'eux ne parvient à faire mouche. Il enchaîne alors par un genou qui vient me cueillir au ventre, m'envoyant me rouler au sol. J'ai le temps de lâcher un petit cri de rage et de souffrance, les deux cumulés parce qu'un héros ça le vaut forcément bien. Le sucrier me saute ensuite dessus et commence à m'écraser son sale bonbon géant dans les côtes. Les gens pensent toujours que taper au visage est ce qu'il y a de plus douloureux, eh ben moi, je vous assure que c'est faux. Se faire exploser les côtes ça fait carrément plus mal. Et, croyez-moi, si sa matraque n'avait pas été qu'un simple sucre d'orge géant, je ne serais sans doute pas ici pour vous raconter mon héroïque existence.
Au bout d'une trentaine de secondes à ne rien faire d'autre que subir mon adversaire, je parviens enfin à le repousser par la vicieuse technique du chatouillis dans les côtes, un classique, certes, mais qui a toujours fait ses preuves. Jorj Bouche vacille et tombe en arrière, et les positions s'échangent. Je lui saute dessus et, sans faire dans le détail, je frappe pour neutraliser. Les volées de coups fusent des deux côtés jusqu'à ce qu'on se retrouve tous les deux, debout, face à face. La fatigue que je lisais dans ses yeux, je savais qu'il la revoyait dans les miens.

Arrêtez... M. Bouche... Vous n'êtes pas un criminel... Rendez-moi la Sucette et je vous mouettelaisse tranquille.

Hihihihi... Après che que vous chai fait, à vous et à votre ami ? Hihihihi... Au point où ch'en chuis de toute fachon... Hihi...

Je me suis laissé le temps de reprendre mon souffle. On en était à une phase qui ne se gagnerait qu'à l'usure, désormais. Patienter, attendre que l'autre fasse le premier pas pour contre-attaquer. C'était sans doute l'unique solution à présent. Sauf que... Sauf qu'un superhéros ne pouvait parier sur une issue dont il ne connaissait pas parfaitement les conditions. Et j'avais un but, un objectif. On m'avait chargé d'une mission : j'étais l'héritier de la Ligue du Soleil, l'annonciateur de l'Eté. Non, je ne pouvais pas prendre le risque de perdre aujourd'hui. A la Ligue, on m'avait appris à user de tous les moyens disponibles pour remporter la victoire, que ce soit par la mise en scène ou par... La ruse.

Mouettedites-moi... M. Bouche... Est-ce que je pourrais avoir un... bonbon ?

Hihihihi... Evidemment...

Et tandis que Jorj Bouche s'est mis à fouiller dans son chapeau, j'ai attrapé mon mouettegrapin et le lui ai lancé à toute vitesse dessus. Il n'a évidemment rien vu venir et s'est retrouvé ligoté en à peine une dizaine de secondes. Littéralement saucissonné, le sucrier est tombé à la renverse en lâchant plusieurs noms de bonbons qui, pour lui, devaient sans doute avoir l'effet d'injures. Au bout de plusieurs minutes, le temps qu'il finisse enfin par s'essouffler et que je réveille Superjuriste, je suis retourné le voir.

Hihi... Vous ne valez pas mieux que che chale voleur de Chougare... M'avoir en mentant...

Je vous mouettesignale que c'est vous qui avez commencé les cachotteries avec votre sucette explosive !

Hihihihi... Oui, ch'est vrai. Alors, vous chavez gagné... Vous challez faire quoi maintenant, me vendre à Chougare ? Il chera bien content d'avoir enfin une excuse pour récupérer mon uchine...

Ca peut s'arranger, ça. Dites-moi juste où vous avez caché la sucette géante.

A quoi bon ? Hihihihi... La fête a déjà commencé... Regardez, le choleil che couche. Ils n'auront pas la chuchette à temps, et ils l'auront bien mérité ! Che ne demandais pas de l'archent, chuste que l'on rechpecte mon travail...







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1624 -  « Affaire de la sucette volée »

Mouetteman & Superjuriste



Toujours plus vite. Superjuriste et moi pédalions à fond sur les espèces de vélo-remorque qu'on avait mis à notre disposition - comprenez par là qu'on les avait "empruntés". Evidemment, c'était loin d'être le plus simple pour transporter un objet long de dix mètres et carrément lourd, dont la présence était existentielle pour la réussite d'une grande fête, mais en tant que superhéros, on se devait de faire le maximum. Virages serrés, dérapages alambiqués, freinages désespérés. En fait, c'était à une leçon de style qu'on s'adonnait à présent : moi, dans mon costume en partie brûlé et ensanglanté, mon nez cassé et rougi, une lèvre enflée et déchirée ; Superjuriste, une énorme bosse sur la tête, et ses lunettes brisées. Autant le dire tout de suite, on avait la grande classe de guerriers héroïques rentrant d'une dure bataille. Une dure bataille, conclue par la victoire tant attendue. Le seul souci étant qu'on était légèrement en retard pour ramener la Sucette disparue... Légèrement voulant en fait dire carrément. En même temps, je pense que si on n'avait pas commencé à nous raconter nos vies après la bataille, on aurait peut-être moins eu besoin de se presser. M'enfin, question de point de vue, évidemment.
Les gens se sont poussés sur notre passage, s'écartant vivement en se jetant au sol et en hurlant aux fous, ce à quoi je répondais uniquement par un "L'été vient" ou un "Mouetteman !", selon les circonstances et mon humeur. De nombreux feux d'artifice avaient commencé à parsemer le ciel en ce début de soirée, symbolisant l'ouverture de la Grande Fête du Sucre. Des orchestres s'étaient mis en place un peu partout dans les rues de Taraluvneel, chargés de préparer une ambiance festive avant le grand moment.

Hum... Au fait... La place de Taraluvneel, t'as une idée de l'endroit où ça mouettepeut être, toi ?

Heu...

Tout droit... Hihi...

On a débarqué sur la place publique de Taraluvneel dans un dérapage complètement détonnant. Les pneus de nos vélos ont crissé sur plusieurs mètres, laissant une longue trace noire sur la route pavée. A en juger la tête du public présent ici, ils avaient compris que quelque chose clochait avec la Grande Fête du Sucre. Peut-être même que M. Chougare, debout sur une estrade et dégoulinant de sueur, leur avait annoncé qu'il avait perdu la Sucette de dix mètres qui avait subi de nombreux investissements de la part de toute l'île ces dernières années.
Superjuriste et moi sommes descendus de nos vélos et nous sommes posés devant la grande remorque qu'on tractait depuis tout à l'heure. Debout, dans nos costumes déchirés et le sale état dans lequel se trouvaient nos corps, on regardait la foule fièrement, tels les superhéros venus apporter calme et prospérité sur Luvneel, prêts à protéger la Grande Fête du Sucre de leur aura éblouissante. Quoi ? Un problème d'ego ? Qu'est-ce que vous y connaissez, vous, hein ?
On est restés là pendant une bonne minute, à uniquement regarder les gens autour de nous, à subir l'oeil courroucé de M. Chougare qui semblait à deux doigts de l'infarctus. Puis, une fois que j'ai décidé que le suspens avait été suffisamment long, j'ai sifflé, et il est sorti.
Jorj Bouche nous a regardés d'un air presque honteux, alchimie qui se révélait d'ailleurs des plus singulières avec son sourire enjoué qui ne disparaissait jamais. Derrière lui, tiré par sa seule force, avançait le chariot sur lequel était fixée l'immense sucette. Superjuriste et moi nous sommes approchés, avons chacun attrapé un harnais, et nous sommes nous aussi mis à tracter le Bonbon tant attendu jusqu'au sommet de l'estrade, passant en plein milieu de la foule qui n'en croyait toujours pas ses yeux. Tous les trois, dans un état physique déplorable, le corps écorché et parsemé de nombreux ecchymoses, on a avancé sans ciller jusqu'à rejoindre enfin M. Chougare.

EH BIEN ! JE DOIS DIRE QUE J'AI FAILLI ATTENDRE ! VOUS VOULEZ UN BATON DE RÉGLISSE, PEUT-ÊTRE ?

Si on est aussi en retard, c'est sûrement grâce à vous.

QUOI ?! ET QU'EST-CE QUE CET INCAPABLE DE BOUCHE FAIT ICI, HEIN ?

Cet incapable de Bouche, comme vous dites, a...

J'ai marqué une courte pause, regardé Superjuriste et Jorj Bouche. Ce que je me préparais à faire n'était peut-être pas dans les compétences habituelles d'un superhéros, mais elles correspondaient à mes attentes. J'annonçais l'Eté, j'étais l'émissaire de la Justice. C'était à moi d'agir à présent. J'ai pris une profonde inspiration, exécuté une série de gestes héroïques, bougé ma cape, tortillé mon Mouettebec, puis me suis finalement mis à parler.

C'est grâce à lui que Taraluvneel retrouve, aujourd'hui, la sucette que VOUS avez perdue. Il nous a mouettetransmis des informations capitales sur la localisation des voleurs et nous a même aidés à les combattre. Voyez l'état dans lequel nous sommes tous les trois, moi, Mouetteman, mon coéquipier Superjuriste, et notre allié de dernière minute, M. Jorj Bouche ! En plus d'avoir investi une immense part de son argent dans la confection de la sucette, son altruisme l'a poussé à s'effacer aujourd'hui, au profit de son cousin qu'il a toujours surélevé. C'est pour cette raison, parce que sans lui, nous n'aurions sans doute pas retrouvé dans les circonstances actuelles la Sucette Géante, que je vous demande à vous, habitants de Luvneel, de faire un triomphe à M. Bouche pour le discours d'ouverture !

La foule a applaudi après mon mouettediscours, donnant du courage à Jorj Bouche et son intervention totalement improvisée. D'ailleurs, la Grande Fête du Sucre retiendra M. Bouche comme seul véritable maître de cérémonie, apportant avec classe la Sucette Géante et célébrant le discours d'ouverture. Le public a même expressément demandé que ce soit lui, qui passe la première langue symbolique sur la Sucette.
M. Chougare, dans une colère noire, a refusé de nous payer après ce "coup monté". Pourtant, nous sommes bien repartis de cette mission avec les poches grossies de 6 millions. Six millions généreusement offerts par M. Bouche pour lui avoir permis de réaliser son rêve et honorer sa famille. Mais, surtout, pour lui avoir montré la voie, pour l'avoir préparé.

Parce que l'été vient.








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