Direction : Ailleurs !

Moi, mon tas de couverture, mes épées, mon chapeau récemment acquis et mes bottes en peau de lapin avançons dans ce paysage qui ne semble pas se décider à changer. Des arbres, de la neige et au loin, l’océan. Et du froid. Surtout du froid.
Derrière moi, je laisse le monstre des mythes, la terreur de la montagne, j’ai nommé Migou, dont je peux encore entendre les cris de douleur. Et devant ? C’est ma liberté qui m’attend, et la chaleur d’un foyer. Du moins, c’est ce que j’espère.

Même si ça fait plusieurs jours que je tente d’échapper à cette créature – je dis plusieurs, parce que j’ai malencontreusement perdu la notion du temps à force de rien faire – ça me fais un peu mal de la laisser derrière ainsi. La pauvre bête s’est retrouvée avec une balle dans l’œil et depuis, elle n’arrête pas de crier. Elle n’arrête pas… Tiens, j’n’entends plus rien d’un coup, elle s’est arrêtée ? Ah non, je viens de réentendre un truc, mais c’est différent d’un coup… J’écoute plus attentivement…

IYAAA

Et merde ! Le voilà qui repart à ma recherche ! S’il me retrouve, je n’sais pas si j’aurai la force de le refuir, surtout dans son état… Je culpabilise déjà suffisamment ! Fuu, il ne doit pas me retrouver ! Alors malgré le froid qui gèle de plus en plus la totalité de mon corps, je me remets à courir. Mais comme toujours, sa voix se rapproche de moi. Je ne peux rivaliser avec sa vitesse, surtout dans mon état de glacitude prononcé. Je n’abandonne pas pour autant, je pourrais peux être me cacher dans un buisson ou un terrier ? Plus un terrier, parce que les buissons, j’en ai pas vu des masses dans le coin.

A bien y réfléchir, le terrier, c’est p’t’être pas une bonne idée non plus, vu la gueule des lapins de la région… Nan, ma seule chance serait surement de grimper à un de ces grands arbres. Mais Migou serait capable de déraciner mon perchoir pour m’attraper. Hm…

Alors que pour ma part, j’essaye désespérément d’ignorer les cris qui gagnent du terrain, une autre personne décide d’y répondre. Enfin, je dis « personne », ce n’est pas vraiment le cas. Disons plutôt que la montagne répond enfin à son maître. Oui, je l’avoue, je ne serais pas étonnée que le Migou puisse contrôler les avalanches et ce, même si ça parait aberrant… En même temps, vous avez vu la tronche de cette bête ? Si c’n’est pas de base une aberration de la nature ça… Alors une aberration avec des pouvoirs aussi aberrant… Pourquoi pas, après tout !

Bref, je parlais d’avalanche… D’AVALANCHE ?!!! Oh Bordel de merde ! JE NE VEUX PAS MOURIR !!!

AAAAAAH

Avoir une avalanche au cul, c’t’une bonne motivation pour courir. Et je ne suis pas la seule à mettre faite surprendre ! J’vois pas mal de rennes, renards et autres petites bestioles dévaler plus rapidement que moi le sol enneigé. J’lance un coup d’œil dans mon dos pour voir où en est la tonne de neige qui menace de tous nous engloutir, mais là, mon regard se pose sur une chose étrange : à une dizaine de mètre dans mon dos se trouve un homme tout fin avec un chapeau chevauchant un des énormes lapins qu’on ne trouve que dans ces montagnes.

Décidément, y’a des trucs vraiment bizarre sur cette île…

Alors que le maître vient de sombrer dans les abysses… Non pas celles de la mer, celles de l’inconscience. C’t’idiot prend toute la place sur la barque… Qu’elle idée d’être si grand aussi. Mais bref, je reprends : Alors que le maître vient de sombrer dans les abysses, l’animal lui, devient fou de chagrin. Ne pouvant se retenir, il se propulse vers mon visage, toutes dents dehors. Sans sourciller, je l’attrape au vol, juste derrière la tête. La classe quoi. Surpris, il s’arrête de bouger un instant. Moi, je regarde son maître, affalé comme une larve dans ma barque. Inconscient et mauvais… Le pauvre, il n’a pas été gâté par la nature à la naissance… Approchant mon pied emmitouflé dans de la fourrure de lapin des neiges de son corps, je le tapote un peu pour voir s’il réagit. Mais rien. Ah si, y’a le serpent qui s’agite et réussi à s’enrouler autour de mon bras. Ce même bras qu’il a mordu un peu plus tôt et dont la sensibilité de mes doigts transpercés m’échappe. Son venin n’est clairement pas chose à prendre à la légère, et la force de son corps non plus. Le voilà qui essaye de me broyer les os du bras. Il réussirait surement si je n’avais pas avec moi un sabre n’attendant que de lui trancher la gorge.

Maintenant tu vas te calmer saloperie, où c’est la mort qui t’attend !

Il desserre un peu son étreinte. Un peu. Faut croire que sa vie n’a pas tant d’importance que ça à ses yeux. Je remarque que pendant cette hésitation de sa part, un œil se dirige vers son humain chéri. Bien, ça appuiera mes propos.

Ou sa mort, c’est comme tu le sens.

Un petit sourire narquois au coin des lèvres, je regarde cette créature paniquer sous mon emprise, et bien vite, elle laisse pendouiller son corps sous sa tête que je retiens. Maintenant que les choses sont claires, je peux m’interroger sur ce que je vais faire de ces deux enquiquineurs… Le plus simple serait de les jeter à l’eau. Oui, ça me semble une bonne idée. Tenant toujours le serpent d’une main, je m’approche du corps inerte de ce « démon » comme il a si bien dit. A peine je commence à le pousser vers l’eau que le serpent s’agite une nouvelle fois. Il ne s’enroule mais fait des bruits bizarres et montre clairement son envie de me mordre. J’arrête ce que je suis entrain de faire et regarde le reptile.

Ah ouais, tu veux encore me mordre ?! Mes doigts ne t’ont pas suffit ? Tu es triste parce que tes crocs n’ont pas atteint mon pied lors de ta dernière attaque ?!
Mais, tu sais quoi ? Quand tu mors les gens, ça fait mal et c’est pas poli ! Ton maître ne t’as pas appris ça ? Ou peux être que tu ne t’es jamais fait mordre et que tu te rends pas compte… Attends, je vais corriger ça…

De ma main libre, j’attrape un autre endroit du serpent et l’étend devant moi tout en éloignant bien la tête de mon propre visage. Puis, doucement j’approche ma tête du corps, jusqu’à ce que mon souffle arrive aux écailles. La bête s’agite, a peur, très peur, ça se sent, c’est le but. Puis je relève la tête sans avoir rien fait au pauvre reptile. Nan mais vous avez vraiment cru que j’allais croquer un serpent comme ça ?! J’ai un gros appétit c’est vrai mais de là à bouffer du serpent ! N’importe quoi !

Bref, j’remets la tête de l’animal face à moi. Le pauvre ne fait pas le fier ! Haha, c’est drôle ! Il fait moins le malin là le petit serpent à son papa ! Hahaha !

Bon, t’as compris maintenant ? C’moi qui commande ici et vos deux vies sont entre mes petites mimines de pirates ! Si je veux vous jeter par-dessus bord, je le fais. Si je veux vous manger, je le fais ! Capiche ?! Alors tu te tiens tranquille dans ton coin et tu n’m’emmerdes plus !

Puis je le jette à l’autre bout de la barque, derrière son maître. Apeuré, il s’enfonce sous les vêtements de l’inconscient, pour disparaitre de ma vue…

Et je veux toujours pouvoir te voir !

Un petit bout de queue ressort doucement et se mets bien en vue. Finalement, il n’est pas si con que ça, ce serpent.
J’en reviens donc à la question de « qu’est ce que je vais faire de ces deux intrus ? ». Le discours que je viens de tenir à la bête me fait reréfléchir à la décision prise un peu plus tôt : à bord, je décide. Donc si je les garde et que plus tard ils me font chier, je pourrais toujours les virer. Et puis, avoir un peu de compagnie sur cette grande mer qu’est Grand Line, ce n’est pas si mal. Certes y’a un proverbe qui dis « Mieux vaux être seul que mal accompagné. » Mais franchement, les proverbes, c’est un peu comme les conseils que donne une mère à sa fille -« Sois gentille »-, totalement inutile.

Rames en main, chapeau sur la tête, épées à la ceinture, couvertures sur le dos, je reprends donc ma route vers de nouveaux endroits. Vers l’infini et au-delà !

Mais, surtout, loin de Drum.