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The Sound of Silence

Hello darkness my old friend,
I‘ve come to talk with you again,
Because a vision softly creeping,
Left its seeds while I was sleeping
And the vision that was planted in my brain
Still remains within the sound of silence.

Des cris, toujours des cris.
Des rues sombres, un pavé humide.
Une nuit sans lune, le froid qui s’infiltre.
Toujours ce froid malgré l’été.

Un cuir qui claque.
Diaphane.

Et puis des cris, toujours des cris.
Ces cris.
Ces vies qui hurlent et que personne n’entend.

Que personne n’entend…

Des épaules nues sous la pluie.
Cauchemar.
Lambeaux, haillons. Fuyant.
Ses traits tirés, fatigués. Usés.
Vision d’horreurs. Venues. Venant.

Sauf elle.

Sauf elle, blanche. Blême.
Livide.

Un éclair. Tonnerre.
Deux battants s’ouvrant. Des gens.
Rires et chants, tus, tués dans les gorges.
Insultes, ravalées.
Chiques, oubliées.
Yeux, concentrés.

Des bouteilles qui glissent. Luisent.

Apparition fracassante.
Silhouette fascinante.
Jeux d’ombres.

Roide. Frêle.
Comme un fétu, balayée.
Son énergie. Disparue. Sur le sol étalée.

Ses pupilles. Eperdues.

Quelqu’un.
A l’aide.
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In restless dreams I walked alone,
Narrow streets of cobble stone
‘Neath the halo of a street lamp,
I turned my collar to the cold and damp
When my eyes were stabbed by the flash of a neon light
That split the night, and touched the sound of silence.
And in the naked light I saw

Une chambre chaude. Tableau suivant.
Des draps rêches, un matelas sans fond.
Le dos tendu, les lombaires meurtries.
Couvertures carrelées. Douceur retrouvée.

Une femme s’éveille.

L’odeur du chaud, la soupe qui tiédit.
Navet, patates.
Faim sourde, gargouilles aiguës.

Les doigts brûlent sur le bol en terre.
Jadis si beaux ses ongles sont si sales.

Echancrés, cassés.

Un regard sur elle. Le miroir en face.
Mine horrible.
D’autres yeux que les siens. Un châle vert sur des cheveux gris.
Prunelles vides.
Bienveillance, inquiétudes. Questions.

Une femme veille.

Sa tignasse est lourde. Crasse jusqu’aux pointes.
Un doigt se tend vers une bassine.
Un broc d’eau et du savon.
De l’or dans la basse-fosse humaine.

Et puis s’en va, pas lourd et porte qui se referme.
Seule avec elle-même.
Et la lumière du jour naissant.

Un fantôme se lève avec Las Camp.

Du rouge revient aux joues qu’arrose le bouillon.
Mais le front reste pâle.
Mais les orbites restent creuses.
Et il fait froid, il fait si froid sur le plancher qui craque.

Dans un coin, ses affaires.
Le manteau troué, le bustier déchiré.
Pelotonnée, rien ne réchauffe assez.
Des bouts de peau nue toujours mordus. Par l’air saturé.

Mais du courage qui renaît. Un peu de forces qui ressortent.
Pas assez pour penser, assez pour se lever.

Débarbouillée, peignée de mains qui tremblaient.
Elle sort. Sort au monde mauvais.

Pas si mauvais ?


Ten thousand people maybe more,
People talking without speaking,
People hearing without listening,
People writing songs that voices never share
And no one dares disturb the sound of silence.

Pas si mauvais peut-être…

Mais alors pourquoi les entend-elles encore.
Pourquoi cette brume sur ces gens qui la toisent à nouveau.
Qui la toisent depuis leurs chaises de bois dans la grand-salle.

Avinés, éthérés déjà. Toujours. Encore étonnés.
Les mêmes que la veille.
Ou l’avant-veille.
Les mêmes que le soir où elle est arrivée.

Les mêmes que partout. Que toujours.

Nuages gris au plafond. Nuages de colères, de haines, de vices.

Le brouhaha reprend. Elle tient debout. C’est inintéressant.
Et puis la nuit a été dure, on a perdu aux jeux de la vie.
Une fillette mal en point, et alors.
Un éternuement la soufflerait, mais la pitié est passée.

La pitié, instinct trop cher.
L’indigent ne se le permet pas. Refoule.

Et observe du coin de l’œil en même temps que son as.
Qui le sauvera.
As de pique et trois valets, gagné.
Le nuage au plafond se fend un peu. Le nuage gris des haines aigries.

Il se fend un peu, se fend de là à là. Change de sens.
Qui gagnait déteste à présent et qui gagne désormais aime.
Aime tout et chacun. Tournée générale.
Et toi ma belle, que boiras-tu ?
Tu ne parles plus ? Eh ! C’est bien dommage, si ton ramage se rapportait à ton plumage…
Allons, un lait pour la pucelle !

Ricanes et regards en coin.
Babines qu’on pourlèche.
Les crocs couleur charbon brillent d’envie.
Poètes de l’horrible quotidien.

Mais, heur de l’heure matinale, on la laisse.
On la fixe, avides. On la souhaite. Explicites.
Mais on lui cède la solitude.

Miracle.


“Fools!” said I, “You do not know
Silence like a cancer grows.
Hear my words that I might teach you
Take my arms that I might reach you.”
But my words like silent raindrops fell
And echoed, in the wells of silence.

Le lait n’est pas bon. Est-ce du lait ?
Il est tiède pourtant, comme une rosée d’espoir.
Mais le froid revient sitôt la timbale rendue.
Le froid, ce froid, cet imbattable froid à l’intérieur.

Ce froid des gens faibles que ploie le chaos.
Du chaos. Partout.
Ici dedans.
Dehors, là-bas.
Hors les gens. Et entre. Et en.

Du vert. Espoir.
Retour du chaperon.
Lèvres gercées par l’âge. Paupières plissées.
Fardées de la sécheresse du monde.
Silencieuse derrière le comptoir.
On lui devine du souci pour la santé de la vagabonde.
Elle ne sait pas l’exprimer.

Le silence. Comme le froid.
Comme le gris.
Comme les cris.
Partout. Toujours.

Echange tacite.
Courants d’air.

Mère-grand, mère-grand, que vous me semblez vieille.
C’est la fatigue, mon enfant.
Ailleurs je serais mûre seulement.
Mère-grand, mère-grand, que vous êtes racornie.
C’est l’air, mon enfant. L’air d’ici.

Moi je n’ai pas fui. Pas réussi.
Mais toi, mais toi n’attends pas.

Va-t-en !

Tintamarre. C’en est trop.
D’abord le bruit dans les verres. Le choc du liquide contre la surface dure.
Puis le craquement du bois et le craquement des êtres.
Qui se perdent.
De son être.
Qui appelle.

Elle qui soigne, qui efface. Qui la panse ?
Une fois, rien qu’une fois.
Ne pourraient-ils pas chasser l’orage ?

Mais ses suppliques ne touchent que le lustre aux faux cristaux.
Ils ne peuvent l’entendre.
Ne peut entendre celui qui n’écoute pas.
Et son cri n’est qu’un soupir dans leur vacarme.
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And the people bowed and prayed
To the neon God they made,
And the sign flashed out its warning
In the words that it was forming.
And the sign said:
“The words of the prophets are written
On the subway walls and tenement halls”
And whispered in the sounds of silence.

Un ponton. Dernier acte.
Le froid de l’eau qui dort.
Les cris enfin éloignés.
Qu’ils restent entre eux.

Elle a souffert, à traverser la ville.
Cachée, tant bien que mal cachée. Dans son trousseau troué.
Paria parmi les parias.

Que peut-elle en ce monde si noir ? Elle, noircie aussi.

Sur l’eau qui l’apaise. Ondine.
Réflexions. Images réfléchies.
Une brise dans les voiles, un léger souffle dans son crin.

De loin, elle voit mieux.
Les particuliers dans le tout. Les individus au milieu du marasme.
L’orage permanent, somme des nuages de chacun.
Au-dessus de la ville, qui plane. De la cité perdue.
Chacun son mal propre. Chacun son illusion.
Fardeau à soulager.

Un par un, pourquoi pas.
Rien de neuf, déjà pensé.
Avant de venir ici.

L’ancre remonte. Pavillon qui claque.
Diaphane.

Revenir.
Ici.
Réessayer.
Ou là.
Assistée.

Ils existent. Les gens de bien.
Les autres gens de bien.
Ils doivent exister.
Elle ne peut pas être seule.

Impossible.
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Poème original par Paul Simon & Art Garfunkel.
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