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[L]e Roi des Rois.

Pulupulu, pulupulu


Moshi moshi ?
Ah ! Lilou ! C'est toi ? C'est bien toi ? C'est pas la pizzeria cette fois ? La forme tout ça ? Non en fait on s'en moque la, écoute, c'est très import...
Attends deux secondes, je suis occupée ! Je reviens tout de suite ! TU VOIS PAS QUE JE SUIS AU TELEPHONE, LA ?!
Non, mais j'hallucine ! Ton denden peut attendre, on se bat bordel de merde !
J'ai un ami dans le besoin, ça n’attend pas !
: Oh... Oh bah ça, c'est mignon... Ok, on te laisse deux secondes.
Tu disais ?
Bah en fait j...
Kssssssss !
Kss ?
Non, An, c'est pas le moment… Non, arrête An, je... Quoi ? Oui, je l'ai vu ta mouette, et alors, on s'en fiche la et........ SALE BÊTE, ARGH, NON, LÂCHE MOI !
Mais qu'est-ce que tu fous ?
On a dit deux secondes, faudrait pas voir à abuser là !

*Bruit d'oiseau, de sifflement, et quelques insultes puis un "CRACK".*

Crack ? Non mais, les mecs, je crois qu'il ne va pas bien. Il a dit "crack", ça veut dire quoi, "crack" doc ?
Peut-être qu'il est mort.
MORT ? ENZOOOOOOOOO ?!
Mort ? Enzo ? OH MON DIEU ENZO EST MORT... Hé mais... OH MON DIEU JE SUIS ENZO ! OH DAME FORTUNE JE SUIS MORT ?! NON ! C'PAS POSSIBLE! COMMENT ?! JE... Attendez une minute.... Mais non je suis pas mort, qu'est-ce que tu me racontes ? Tu sais, c'est méchant de faire des blagues comme ça...
Non, laissez tomber les gars, il est juste con.
Je n'ai pas de traitement contre ça.
Bon, qu'est-ce que tu veux ?
Qu'est-ce que je veux ? Heuuuuuu..... AH ! Ça me revient ! C'est extrêmement important : Je connais l'identité du traître !
... Mihai ou Gabriel ?
... Je ne devrais même pas être surpris que tu aies déjà autant compris... Gabriel... Gabriel le tripoteur, c'est un membre de la révolution. Je l'ai rencontré après qu'il se soit fait attaqué par quelqu'un de très puissant.... Ou un pirate, ou le capitaine Fenyang qui a découvert le pot au rose lui aussi... D'ailleurs, j'ai une mauvaise nouvelle à propos de Mihai... Quelqu'un a retrouvé son chapeau dans la neige, mais pas lui... Où il s'est perdu, où il est...
Avec nous. Mihai a été pris dans une sorte d'avalanche. Nous l'avons retrouvé à moitié congelé et beaucoup moins alcoolisé. L'affrontement a été rude. Je ne sais pas sur quoi il est tombé, mais ça ne devait pas être beau. Et j'imagine que la rencontre avec Old Lando ne s'est pas bien passée... Bordel... Si je trouve Gabriel, je le charcute… Pourras-tu récupérer le chapeau de Mihai ?
Mihai va bien? Bon, parfait alors, un mort en moins dans notre camp, c'est une bonne chose. Et son chapeau, c'est pas moi qui l'ait la, mais la jeune femme qui l'a trouvé et qui m'accompagne, Iya. Un joli brin de fille, avec des cheveux de feu. Mais elle est un peu bizarre... En fait, elle est totalement louche, c'est bien pour ça que je la garde avec moi, si jamais j'obtiens la preuve que c'est une ennemie, hé bien.... je ferais mon boulot. Quand à Gabriel, sa vraie identité c'est, attend, laisse-moi chercher...
Auditore ?
Auditore? Hum.... Oui oui, c'est ça, "Rafaelo Di Auditore".
Hinhin... Hinhinhin… Je vais le tuer.
Hahaha ! Elle est drole, comme si elle en était capable, l'autre !
Hahahahohohohuhuhu... Beuarg !

*Bling, bang, aie, crack, Bzzzzzz, frrrrrr*

Au moins elle ne change pas... Va falloir faire quelque chose à son sujet... Et mais attend, Mihai était allé affronter Old Lando non? S'il a été pris dans la même avalanche que moi... Qu'est-ce qu'il faisait jusque-là ?!
Il a été récupéré par des révolutionnaires qui l'ont conduit au château sans savoir qui c'était...
Sympa de leur part..... Et il n'a rien découvert pendant ce temps? On a jamais trop d'information...
Mh... Rien de bien folichon... L'idiot qui est allé au pilier, c'est Oswald, il a affronté Staline, il veut le réaffronter. Salem va se mettre en mouvement bientôt pour aller jusqu'au pilier central et casser du révolutionnaire. Nous, nous nous chargeons d'évacuer le château pour éviter toute rencontre avec Krabb et son équipage... Ce que je crains, c'est qu'en envoyant Gabriel et Mihai voir Lando, on ait fait qu'attirer les foudres de Krabb sur le GM... Après les négociations avec Salem, la situation semblait tendu, mais bon... Je ne perdais pas espoir qu'il ne s'en prenne pas à nous... Si Gabriel a attaqué Lando, il n'aura aucune pitié...
Et il y a toutes les chances que le Gaby, ou plutôt le Rafy se soit amusé à faire ça... C'est pas bon, c'est pas bon du tout...
Comme tu dis... Note par contre que l'équipage de Noriyaki est de notre côté : neutralité forcée entre les Rhinos et les Truands, donc si tu en croises... ne les attaque pas.
Noriyaki ? Section pirate ça... Satoshi Noriyaki.... Il est de notre côté ? Comment ça se fait ? Ah moins que... La rumeur sur sa parenté avec Salem, elle est fondée ?
Totalement fondée. C'est le cousin de Salem.
Hé bah... Drôle de famille, hein Anko ?
Sssssssssssss
Toi, des infos ?
Pas vraiment... J'ai eu quelques soucis avec un camp de révo, plus les patrouilles trainant sur l'île, mais j'm'en suis sorti... Ah, et j'ai été attaqué par un Yeti ! Et NON ce n'est pas une blague. T'auras qu'à demander à Iya quand je la ramènerais !
Iya ? C'est ta bonne femme ? Iya ? ça me fait penser à Izya, tiens.
Izya? Ça me dit quelque chose tiens....
Faudrait bien, pour un agent du CP, que ça te dise un truc. Du genre, Izya Selindé, c'est quand même la bonne fille des Shinos, hein.
Ah, oui, Izya Selindé ! Bah, ça a l'air facile pour toi mais moi je dois connaitre par cœur les avis de recherches pirates, révolutionnaires, les tronches et noms des mecs louches au GM, à la marine, alors bon j'ai bien le droit d'oub...
Oub ? Enzo ? Ça va ? Doc ? Il répond plus.
..............
Il est peut-être mort.
Ah ! Non ! PAS ENCORE !
..... Ké........ Kéhéhéhéhéhé....... Kéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhé... Kéhéhéhéhéhéréhahahahahahahahaha !
Enzo ?
Lilou... Lorsqu'on se reverra, tu pourras me frapper un grand coup s'il te plait ?
Volontiers, mais pourquoi ?
Parce que je viens de me faire avoir en beauté. Et je déteste qu'on se paie ma gueule... Excuse-moi, mais j'ai un petit problème de pirate à régler, je reviens !
Euh... D'accord...
Je vais la buter... Je la buter cette Iya... Cette Izya !

*Clic*
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Pulupulu, pulupulu

Oswald ? Faisons vite : Enzo a retrouvé le chapeau de Mihai. Il est entre de bonnes mains. ALORS VOUS ARRÊTEZ VOS CONNERIES IMMEDIATEMENT, COMPRIS ?! Terminé !

L’air fâché de l’escargophone a vite fait de convaincre les deux gusses avant que je raccroche. Je me tourne vers numéro quatre, qui termine de soigner les deux révolutionnaires que j’ai malmené tout à l’heure. Il arbore toujours un air constipé, mais semble content d’avoir soigné mes deux premières victimes. J’en profite pour me rapprocher de lui, en le regardant toujours. Sa mine blasée m’indispose : je ne sais pas comment réagir. A la fois, il me fait étrangement pensé à mon ancien toubib et ça me met en confiance. Peut-être son sérieux, sa méticulosité, ce silence religieux qu’il instaure rien que par sa présence. Je ne sais pas trop pourquoi il est toujours là, d’ailleurs : notre vague conversation à propos du cas Alleyn et de mon propre cas l’a fait rester jusqu’ici, à cet affrontement. Il est pourtant libre de partir…

Dites voir, un vieux copain médecin m’a un jour endormi en me plaçant le pouce dans le cou, là… Comme ça !
Je-euh… Qu’est-ce que vous faites ? Mh… Ah, je vois. Ça.
WAAAAOUH ! Vous l’avez tué ! Bee ! Bee ! IL EST MOOOOORT ! MAIS VOUS ÊTES DINGUE OU QUOI ?!
Non, il est juste inconscient…
Kwak…
Ah… Ouf. Et pour le réveiller, on fait comment ?
Comme ça.
Kwak !
TROP FORT ! Apprenez-moi, s’il vous plait !
On a pas vraiment le temps pour ça…
Oooooooh ! S’il vous plaaaaait !
Humpf…
Vous en faites un de ses bordels…

Nous nous retournons dans seul homme vers le possesseur de cette voix dans ce large couloir. Un type, petit avec des lunettes en demi-lune, nous regarde par l’entrebâillement de la porte. Je m’arme immédiatement de mon arc pendant que Bee lève brusquement les ailes au ciel pour se faire inquiétant. Numéro quatre regarde l’animal et roule des yeux avant de soupirer bruyamment :

Tiens… Salut Numéro 8.
Numéro 4…
Bonjour Numéro 8 !
Salut…

Numéro huit nous invite à rentrer dans sa pièce, une petite salle d’eau, où il monte sur un tabouret pour se grandir et commence à laver et ranger méthodiquement ses outils de travail. Se rinçant les mains, il tourne la tête vers numéro quatre pour s’adresser à lui :

Qu’est-ce que tu fiches ici ?
Je te retourne la question.
Je l’ai posé en premier.
Mh. Elle a une ostéogénèse imparfaite.
Oh ! Intéressant !

Le petit homme m’observe attentivement, derrière ses lunettes qui grossissent étrangement ses yeux. Gênée, je regarde numéro quatre qui ne bronche pas :

Pourquoi avoir dit ça ? ça n’a aucun rapport avec la question et maintenant, il me fixe vraiment bizarrement…

Il me fait taire d’un regard glacial et reprend sur le ton de la conversation :

... Donc ?
La princesse a attrapé une vilaine grippe.
Ah. C’est dommage.
Elle va mieux.
Ah.
Elle est où ?
Dans la tour, près de la chambre du Roi.
Elle peut sortir ? Genre… Traverser la cour et tout le pays ?
Euh… Pas trop.
C’est dommage… Et lequel serait le plus doué pour recoudre un type coupé en deux ?
Numéro six ?
Ouais. Numéro six.
Et il est où le Numéro six ?
Très bonne question.
Bon… Trouver le Roi, les civils, les mettre à l’abri et ensuite, trouver numéro six ! On bouge ?
Euh… Ouais.
Kwak !

Quatre et Bee se retournent pour sortir de la pièce, tandis que huit me regarde toujours attentivement. Je m’apprête à sortir de la pièce lorsque la petite voix nasillarde du médecin m’interrompt dans ma lancée :

Ostéogénèse imparfaite ?

Je me stoppe et regarde autour de moi. Puis, je fixe numéro huit avec les sourcils froncés :

…. C’est à moi que vous parlez ?
Oui, qui d’autre ?
Lilou.
Lilou. Qu’est-ce que vous faites là ?
Oh… J’évacue le Château, en fait. Mieux vaut prévenir que guérir ? D’ailleurs, d’ici une heure ou deux, ça vous dérangerait d’aller jusqu’au navire dans la cour, là ?
Ça peut se faire.
Merci bien ! A plus tard !

*


C’est normal qu’il n’y ait personne dans le château ?
Pourquoi je vous donnerais ces informations ?
Vrai, vous ne fraternisez avec personne. Je m’interroge. Il me semblait qu’il y avait plus de monde à la base… Peut-être que l’offensive de Salem approchant, ils ont bougé dans la vallée ?
Qu’est-ce que vous voulez que je vous réponde…
Et bien, je trouve ça bizarre, c’est tout. Mais je me parle à moi-même, en fait. Juste que si Krabb décide de venir chercher un médecin, qui va protéger l’académie ? Eux occupés sur un front, ils ne pourront pas gérer celui-ci… Et je pensais vraiment qu’ils chercheraient à garder cette place forte…
C’est à votre avantage, ne vous en plaignez pas…
Je ne m’en plains pas, je m’inquiète. C’est trop étrange, ça sent le piège à plein nez, non ? La seule chose qu’on entend, c’est le tintamarre des autres rigolos que vous avez vu tout à l’heure… Et concernant les troupes révolutionnaires, elles sont peu nombreuses, et peu régulières. Nous nous rapprochons de la chambre du Roi et personne n’est là pour veiller au grain. Je pensais que le roi était pris en otage, et j’ai presque l’impression qu’il peut circuler comme il le souhaite… Avouez que c’est quand même louche. Il pourrait en profiter pour s’enfuir, se mettre à l’abri ? Non, il reste dans sa chambre. Je veux bien qu’il soit Roi, mais là…
Hum…

Je tends l’oreille et regarde devant moi. Personne à l’horizon, pas un bruit de pas. Des centaines de cachettes possibles si des hommes venaient à passer. Depuis les deux derniers gusses que j’ai tabassés, aucun autre n’a pointé le bout de son nez. Ou si, une troupe, mais nous avons choisi de continuer à être discret en nous planquant dans un placard… Les bruits viennent d’en bas. Le combat semble féroce. Julius et Rikkard donnent d’eux-mêmes, dans cette histoire. Quant à Mihai et Oswald, j’imagine que c’est la même chose. Pas de nouvelles d’eux, d’ailleurs, pour l’instant… Mais pas de nouvelle, bonne nouvelle, c’est ce qu’on dit…

Remarque, avec le boucan qu’ils font… Pas étonnant qu’on soit seuls…

Nous ne sommes pas loin de la chambre du Roi, et à peine je dis ça que des bruits de pas se font entendre. Une demi-douzaine, peut-être plus. Je pousse numéro quatre vers une porte et le force à rentrer dans la pièce. Bee ne se fait pas prier pour suivre le mouvement :

Cachons-nous…

Numéro quatre glisse que moins je tape, mieux il se porte avec une voix ferme, en tentant certainement de faire de l’humour. Moi, je lui rétorque de se taire. Je me glisse à mon tour dans la pièce et laisse la porte entrouverte pour pouvoir regarder à l’extérieur. Huit hommes passent et se dirigent au pas de course vers le fond du couloir. Le son de leurs pas s’éteignent peu à peu, jusqu’à ne plus être percevable.

Qu’est-ce qu’ils font… ?
Kwak…

Je rouvre la porte qui émet un petit grincement. Je presse mes accompagnateurs en tournant pour atteindre les marches qui mènent jusqu’à la chambre du Roi. Nous avalons les marches relativement rapidement, en tentant de rester discret. Le bruit de nos pas est étouffé par les tapis au sol. A quelques mètres de la fin, un bruit de ferraille se fait entendre, accompagnant une brève conversation entre ce qui semble être deux personnes. Je stoppe les autres d’un geste de la main, et je me tourne vers numéro quatre pour lui demander l’autorisation. L’homme se contente d’hausser les épaules en me demandant de les épargner. Immédiatement après ce feu vert, je me rue vers l’étage et bondis sur le premier homme qui n’a pas le temps de me voir arriver. Mon pied s’imprime violemment dans son faciès et l’arrière de son crâne rencontre le mur contre lequel il s’appuie. Son corps n’a pas le temps de glisser vers le sol que le second s’arme pour me contrer. Il esquive un premier coup avant que mon poing chargé au Haki ne rencontre son ventre et le plie en deux, et que mon coude n’épouse sa colonne. Il s’effondre en suffocant.

Ce à quoi je ne m’attends pas, c’est au troisième type qui passe son arme autour de mon cou avant de me ramener contre lui. Prise au dépourvu, je sens l’arme contre ma chair et l’air commencer à me manquer. La panique commence à me prendre les tripes en même temps que l’adrénaline grimpe en flèche dans mes veines. Je me propulse en arrière et en profite pour me libérer de sa prise. L’air commençant à me manquer reprend doucement sa place dans mes poumons. Mais je n’ai pas le temps d’être contente de ça, j’attrape donc un vase et l’écrase sur le sommet du crâne de mon adversaire. Il me regarde, titube un coup et s’écrase au sol, épousant la tapisserie dans un bruit sourd…
Des pas me poussent à me retourner, mais je me stoppe dans mon mouvement lorsque j’aperçois Quatre et Bee qui me tempèrent dans mon geste. Quatre file s’occuper des Hommes, leurs apportant les premiers soins, pendant que je me dirige vers la porte qui donne sur la chambre du Roi…

Comment s’appelle le Roi ?
Marcel.
Marcel, Marcel, Marcel…

J’attrape la poignée et ouvre en grand…
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    -ll est clair que vous ne maitrisez plus rien. Allez vous nous dire ce qui se passe ?
    -Bien sur que non, et vous le savez très bien. Vous n'avez qu'a continuer à imaginer que tout est sous contrôle.
    -Alors laissez moi sortir !
    -Ben voyons, vous allez courir partout éteindre les incendies avec vos petits bras musclés ? Soyez pas ridicule... Vous allez continuer a faire exactement ce que je vous dis, et je vous dis de rester ici et d'attendre.
    -J'ai assez attendu, cette fois je...

    En fait de chambre il s'agit plutôt d'une antichambre. Le genre de pièce attenante a une pièce de vie privée et qui peut servir aussi bien de bureau tranquille que de salle de réunion pour des conseils qu'on veut plus productif que décoratif. Une vaste et haute salle carré aux murs recouverts d’étagères chargés de bouquins ou de cartes et de plans. Dans le fond deux portes doivent en toute logique déboucher sur les appartements de sa Majesté Marcel.
    Au milieu de la pièce une massive table de bois réussi à faire paraitre la salle plus petite. Attablés autour, trois personnes viennent d'interrompre une discussion visiblement juste assez animée pour n'en être pas encore au stade ou on se lance des objets dans la gueule pour se retourner de concert vers toi. Sur les visages un panel d'émotions diverses, surprise et méfiance chez le type qui ressemble au portrait avec couronne dans la galerie, impassibilité de façade pour le petit gros bizarre, et, pour le type a la coupe partagé et au crane brulé un léger amusement mitigé d'une once de réflexion...

    -Vous êtes qui vous ?

    Marcel, a priori Roi de Drum et présentement debout juste devant toi te regarde avec l'air excédé du tigre qui tourne en rond dans sa cage de zoo, et qui commence à en avoir ras le bol de croiser des touristes lanceur de cacahuètes...

    -Marines...

    Le grand brulé, assis tranquillement à même la table et qui semble toujours partagé entre deux décisions compliqués. Un révo sans aucun doute, en tout cas il porte le même équipement hivernal que tout les types croisés sur le chemin...

    -Cette fois je sors...

    Le Roi ne t’accorde pas vraiment un regard mais marche sur la porte en te tendant la main au passage. Une main pas vraiment menaçante qui ne t'atteint jamais, intercepté par un canard garde du corps toujours aux aguets..

    -Kwak

    Une vague de froid soudaine te fait frissonner, comme si on venait d'ouvrir une fenêtre sur un courant d'air glacial. Et a coté de toi, à la place de la silhouette jaune familière de Bee se trouve maintenant un énorme bonhomme de neige. Trois grosses boules de neiges empilés les unes sur les autres dont ne dépasse qu'un bout de bec, deux bouts d'ailes et un couinement étouffé... Ce type vient de transformer ton canard cyborg en canard bonhomme de neige !
    Bee ?!

    J’hallucine… Ce mec…
    Ce mec a transformé mon canard en bonhomme de neige ! Les yeux exorbités, je sais une chose maintenant : ce Roi ne doit surtout pas poser la main sur moi. Me retrouver transformer en bonhomme de neige ne me sierait pas vraiment… Je sais également que je ne vais pas tarder à péter une durite…

    RAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

    Ou alors, c’est déjà fait.

    Ce cri, je ne l’ai pas vu venir moi-même. Je sais juste que je suis très en colère, que j’ai depuis longtemps perdu patience. Cette île, son climat, sa neige, ses habitants, ses montagnards… Tout ça commence sérieusement à me faire suer. Je n’en peux plus des comportements des uns, et des autres, des demandes, des exigences, des pièges mesquins… Et ça ne fait que deux jours que nous avons posé pied. Merde ! On ne pourrait pas tout simplement se mettre sur la gueule, tout bêtement ? ça irait beaucoup plus vite et ça réglerait bien des soucis.

    JE COMMENCE A EN AVOIR MA CLAQUE DES REVENDICATIONS DE CHACUN ! VOUS COMMENCEZ TOUS A ME FAIRE CHIER ! Moi je veux sortir, moi je veux pas de mort, moi je veux pas de marine ici, moi je, moi ci, moi ça, moi OOOOOOOOOH ! MOI, JE VEUX QUE VOUS ARRETIEZ DE ME LES BRISER, OK ?!

    Mais pour en revenir au sujet, le Roi s’est stoppé pour m’écouter geindre. Maintenant à mon niveau, je l’attrape par le col de sa veste royale et le soulève d’une main avant de l’écraser au sol. Le bras chargé au haki, l’air déterminé, je me relève l’instant d’après et pose mon pied sur sa poitrine pour lui couper la respiration. Pas question de me laisser avoir. Un œil au aguet, des fois que les deux autres se décident à bouger, je le maintiens le roi un instant à terre. Puis, je me relève en vitesse : mon arc télescopique s’ouvre de lui-même d’un bracelet sur mon poignet et j’attrape deux de mes flèches. Elles se plantent dans les manches de sa veste et l'immobilise. Mes doigts frôlent une troisième tige, remonte jusqu’à l’extrémité ou j’active dans un petit « clic » discret un bouton.
    Maintenant que tout le monde à revendiquer ses désirs, c’est à mon tour, aussi, de dire ce que je veux :

    TOI ! Roi de Drum ou pas, j’en ai rien à foutre ! J’en ai connu d’autres, des rois, et ça ne m’a jamais empêché de leurs mettre une tannée ! Donc… Le seul endroit où tu iras, c’est sous MON commandement et MA protection, la seule personne que tu écouteras, ça sera MOITU PIGES ?!

    Relevant un temps les yeux pour les rebaisser immédiatement après vers le gros dodu qui siège sur le trône, je lui dis avec une voix beaucoup plus calme :

    Maintenant, je te laisse deux minutes pour que mon canard reprenne sa forme normale ou je te fais sauter le cigare.

    Je dis ça, flèche tendu vers sa tête, l’air parfaitement décidée à la lui coller entre les deux yeux. Où on peut se poser des questions, c’est qu’une tête ne saute pas lorsqu’elle est seulement fendue. C’est à ce moment-là que le petit boitier à la droite de la pointe rentre en jeu. Et la lumière rouge clignotante a de quoi le faire vivement réfléchir sur la véracité de mes propos. Bee en profite pour rouler bouler vers lui, dans un petit « bwak » sonore.

    VOUS !

    Je m’intéresse enfin aux deux autres. « Enfin », disons plutôt. Parce qu’ils me perturbent plus qu’autre chose. Qu’est-ce qu’ils font là ? La surveillance n’a pas l’air d’être leur fort, sans parler de l’autorité… Même s’ils ont à faire à un roi, lorsqu’un plan est bien monté, mieux vaut se faire respecter, même par les plus hautes instances. Ils m’attendaient ? Potentiellement… Enfin, nous ne sommes pas non plus là depuis spécialement longtemps. Une heure, plus ou moins. Mh. Je les considère un instant du regard, gardant le roi en visée. Roi lui-même attentivement regardé par Bee qui ne le quitte pas des yeux.
    Un grand à moitié cramé, un petit gros impassible. Et j’en fais quoi, moi, de ça ? Rien ne perce sur leurs faciès, rien qui pourrait me renseigner sur eux. Et à vrai dire, j’ai plutôt envie de me tirer d’ici en vitesse.

    Je ne sais pas qui vous êtes, et j’en ai strictement rien à cirer. Je vais gentiment vous convier à m’aider à évacuer le pilier et on en restera là pour cette fois. C’est votre chance, saisissez-la.
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      -C'est bon c'est bon, inutile de s'énerver...

      Bee se rapproche en se dandinant, Marcel tend à nouveau la main et pouf, en un instant ton canard bien aimé est revenu a sa place, un peu grelottant certes mais a priori tout à fait intact et en bonne santé...

      Ce qui fait au moins un aspect de la situation qui semble sous contrôle. C'est vrai que ça fait plaisir de tomber sur des gens compréhensifs pour une fois... Hélas, Marcel est le seul qui semble disposer à t’obéir sans rechigner. Peut être qu'il te faudrait plus de flèches pour menacer plus de gens en même temps ?

      Pendant que Marcel s’exécute les deux autres écoutent ta proposition sans bouger d'un cil, et sans oublier de se lorgner l'un l'autre du coin de l'oeil. Tu as l'impression de regarder une partie de barbichette ou le premier qui va rire risque de se prendre une grosse claque dans la gueule...

      -Kwak

      Soulagée tu détournes un instant ton regard du boulet et des deux muets pour vérifier que ton alter ego va mieux et évidemment c'est le moment qu'ils choississent pour réagir enfin...

      Difficile de dire lequel tente de dire un truc et lequel réagit... Mais l'un des deux prend une inspiration, les deux bougent de concert, et quand tu tournes la tête c'est pour t’apercevoir qu'ils étaient visiblement tout les deux très rapides...

      Le petit gros vient de se lever et de tomber sur la table en y lâchant le pistolet qu'il a sorti d'on ne sait ou... Il a le regard écarquillé du type qui ne comprend ni ce qui lui arrive ni comment il est arrivé la et il pisse le sang a gros bouillon par une plaie ouverte sur tout le coté du cou...

      Ouverte évidemment par le type à la cicatrice qui tient encore le scalpel qu'il vient d'utiliser pour saigner le petit gros comme un goret... Type qui reste très calme et prend soin d'essuyer sa lame sans faire de geste brusque et sans te quitter des yeux toi et ta flèche avant d'expliquer...

      -C'était le révolutionnaire chargé de nous surveiller. Il allait vous abattre...

      Prenant toujours grand soin de ne pas se montrer menaçant, le tueur au scalpel pose lentement son arme sur la table et écarte largement ses mains pour montrer qu'il n'en a pas d'autres...

      -Je suis Numéro 1. Du cercle des médecins de Drum... Et voici Marcel Chalier, Roi de Drum... Nous y allons ?
      Ah ouais.

      Je regarde le Numéro 1 avec des yeux exorbités. Rapide, inflexible, expéditif. Drôle de mélange pour un médecin. Je suis pour l’instant sans voix, et même Bee n’ose pas faire de commentaire. Pour le coup, il se contente de se tourner pour regarder ce que fait numéro quatre, toujours en train de bosser. Je déglutis péniblement, le gardant toujours en joue. Quelque chose au fond de moi me dit de ne pas lui faire confiance. En même temps, quand un type comme lui tranche la gorge d’un autre sans ménagement, ça ne donne bizarrement pas envie de trop faire confiance. Allez savoir pourquoi…

      Numéro 1 ? Enchantée… Excuse-moi, mais après t’avoir vu trancher la gorge à ton grand copain, je préfère te garder en visu. Sans vouloir te vexer, bien entendu…

      J’ai à peine le temps de finir ma phrase que des cris se font entendre dehors. Des cris et des coups de canon, mélangés à d’autres sons barbares. Je fronce les sourcils tandis que numéro un s’attèle à libérer Marcel de sa prise. Toujours armée, je pointe ma flèche un temps vers l’une des vues de la pièce pour demander gentiment au Roi de s’y rendre :

      Marcel ? Qu’est-ce qu’il y a par la fenêtre ?

      Il s’exécute sagement, se penchant pour regarder attentivement. Loin d’être inquiet, il énumère :

      Des poulpes gonflables géants, des révolutionnaires, des géants et des poissons.
      … Sérieusement ? Les révos étaient cachés ou ?
      Je crois dans ces gros bateaux volants, là.
      Bateaux volants ?!

      Mon regard se porte sur Bee qui lui non plus n’en revient pas. Des bateaux ? Des poissons ? Des révolutionnaires ? Un avant-gout de l’apocalypse de 1625 ? Je déglutis péniblement et tente de rester calme, mais il faut dire les choses comme elles sont…

      Ok… Là, je suis prise au dépourvu...

      Ma respiration se fait plus sifflante sous la pression. Je pensais pourtant avoir assez de temps pour faire évacuer le pilier. Pour mettre la majorité des gens à l’abri. Ou est-ce que j’ai trainé ? Avec cette arrivée impromptue, que j’avais prédite pour plus tard, je ne sais plus où donner de la tête. La peur me gagne alors et je me perds dans mes pensées. Trop d’éléments et de vie en jeu, trop de pion à prendre en compte. Je ne suis pas une grande joueuse d’échec : Je ne sais plus quel pion avancer, ni lequel sauver. Protéger le roi ? Oui, commençons par là. Et tous les pions autour du roi qui n’ont rien à voir dans cette histoire. Les yeux perdus dans le vide tandis que Marcel et Numéro un me fixent pour savoir quoi faire (obéissant surtout parce que j’étais celle armée), je prends une grande inspiration avant de lâcher :

      Non. Non, tout va bien. Combien de personnes dans l’académie ?
      Mh… deux cents, environ.
      DEUX CENT ?! Putain de merde !... Bon, et le château ?
      Une trentaine…
      QUOI ??!! MAIS J’EVACUE CA COMMENT ?!! Non. Reprend-toi. Tout va bien. Zen... Très bien. Premier temps de la mission : évacuer les civils du château et de l’académie pour éviter qu’ils soient pris dans le combat. Nous les conduirons vers les navires volants pour les charger dedans. Ensuite, nous réquisitionnerons (ou volerons) ces bâtiments et nous partirons du pilier.

      Avisant mes deux nouveaux compères, je m’écarte pour leurs laisser la place en poursuivant :

      Dans un second temps… Nous verrons le second temps plus tard.

      Numéro un et Marcel sortent tout deux pour tomber sur Numéro quatre qui rafistolent mes deux victimes de tantôt. Marcel avale péniblement sa salive en constatant le sang autour de l’un des blessés. Je sors aussi, Bee sur mes talons, et me stoppe pour regarder le médecin se démener comme un beau diable pour rendre son chef d’œuvre :

      Numéro 4 ! Vous terminerez les finitions plus tard.

      Je dis cela en sortant la porte de ses gonds, de la placer à terre, d’en démonter la poignée et de m’en prendre à un meuble en bois. En quelques minutes, un chariot prend forme. Un chariot de fortune, certes, mais qui tiendra la descente et le chemin jusqu’au navire.

      Chargez-les là-dessus.

      J’aide numéro quatre rapidement. J’y fixe une corde à rideau qui servira à les trainer et l’attache à Bee, aider par numéro quatre qui veille au grain à la santé de ses patients. Nous avons à peine le temps de faire quelques mètres que déjà une silhouette se dessine au fond du couloir, près des escaliers. Je stoppe l’escorte d’un geste de main et lui fais signe d’attendre jusqu’à mon signal. Bee acquiesce d’un geste de la tête et se tourne pour fixer tour à tour Numéro un, le Roi et Numéro quatre.
      La distance vers la silhouette est vite avalée. Si vite que je distingue déjà les caractéristiques physiques de mon vis-à-vis. Grand, musclé, le teint halé, les cheveux noirs, vouté. L’odeur du sang parfume l’air autour de lui. Ses traits sont tirés, son regard noir. Mais il en faut plus pour m’impressionner, et sa blessure lui enlève suffisamment d’aplomb pour que je me sente à mon aise.

      J’esquisse un sourire.

      Ça faisait longtemps, hein…

      Mh.

      … Rafaelo.

      Salut, toi.
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      Les escaliers s'enchaînaient à l'infini et les bombardements n'en finissaient pas. Dès qu'il les avait entendus, il s'était douté que quelque chose allait de travers. Les piliers qui tiraient sur eux ? La Marine était-elle venue en nombre ? Et si Salem était arrivé jusque là. Non, impossible, Rafael était encore plus rapide. Quant à Envy ... On le disait d'une rapidité incroyable, était-il déjà sur les lieux ? Trop de questions, pas de réponses. Et ce fichu den den qui essayait de le mordre. Dans quel ordre définir les priorités ? Il avait laissé les hommes en bas et leur avait donné des consignes, toutes relatives certes. Dehors, c'était certainement un avant goût de la bataille entre Michel et Lucifer. Ah ah. Et lui, Rafael. Gabriel. Ironique. Il était là, posé contre un mur, à reprendre son souffle. Monter les marches une à une était épuisant, éreintant. Sa blessure le tiraillait, mais il ne pouvait s'arrêter. Il devait trouver la source, remonter la piste. Il avait remarqué que son escargophone avait essayé de fuir, quitte à se jeter dans le vide. Il l'avait attrapé et maintenu dans sa main, puis avait suivi la direction qu'il pointait. Il aurait voulu prévenir Mafaele, ou Staline mais il n'avait aucun moyen de les prévenir. Il se doutait que le premier était pas loin du Roi, mais peut être était-il déjà aux prises avec les hommes de Salem. Quant au second, il était au coeur de la bataille, et il serait stupide d'aller s'y jeter la tête la première sans un plan bien ficelé. Et pour son plan, il avait besoin des communications. Dans son état, Il Assassino ne pouvait faire qu'une chose. Dieu savait de quelle envergure elle serait.

      Le révolutionnaire leva la main, la tenant à plat. Le mollusque blanchâtre avança, tout en essayant de le mordre. Vers le haut des escaliers. Mais cet endroit ne pouvait mener qu'à une seule pièce. C'était trop étrange pour qu'il passa à côté. Il enferma la créature dans sa bourse, et serra fermement la lanière. En montant, il avait croisé plusieurs des siens qui tentaient de remettre de l'ordre dans leurs effets, qui cherchaient vainement à contrôler leurs escargophones. Ils avaient à peine relevé la tête en le voyant passer. Il était à moitié transformé en fumée, ce qui lui coûtait moins d'efforts que grimper les cent milles marches de cette maudite citadelle. Il était à présent acquis que le nuage de fumée était l'un des leurs. C'était au moins ça. Ils semblaient autant perdus que lui par cette perte soudaine des communications. Cela ne pouvait être qu'un coup de la Marine. Evidemment, l'idée que ce fut une manœuvre savante de Mafaele lui était passé par la tête, mais il n'y croyait pas. Cela les mettait trop en difficulté, et rien n'avait été prévu pour palier à ce désavantage. C'était donc un fait de la Marine. Mais pourquoi donc le point central semblait émerger de cette partie du palais ? Il trouvait ça suspect. Et ses vieux doutes ne tarderaient pas à refaire surface. Ombre lui avait confié que Mafaele était en charge du palais et, de facto, du Roi. Ainsi, l'assassin l'avait supposé dans ses plus proches parages.

      Il n'y avait personne, là où était sensée se tenir une bonne tripotée des siens. C'était étrange, le calme qui régnait ici était la parfaite antithèse de ce qu'il se tramait dehors, et en contrebas. Rafael posa une main inquiète sur le pommeau de son arme et gravit difficilement la dernière marche de l'escalier, puis tourna dans le couloir, faisant face à la porte menant aux quartiers du Roi. Et à la fine équipe qui s'était rassemblée autour de lui. Il vit en premier le canard. Il sut automatiquement qui le suivait, qui était la personne qui avait été chargée de monter jusqu'ici pour s'emparer du bon Roi de Drum. Lilou. Un frisson lui parcourut l'échine, mais ce n'était pas rapport à leur passif. Il venait de distinguer le troisième larron du petit groupe. Au milieu de ceux qu'il ne connaissait pas. Il porta la main à sa bourse, où son Den den s'agitait toujours dans la même direction. Un instant il eut un doute. Enfoiré de balafré. Son coeur manqua un battement et il réprima un grognement de rage. Qu'est ce que ça signifiait. Il serra les dents, enleva la main de sa blessure. Et se redressa. Il réprima sa colère et les toisa de toute sa taille. L'équipe se stoppa à sa vue, Lilou s'avança. Quant au balafré, ce fut à peine s'il esquissa un geste. Dans quel camp jouais-tu Mafaele ? Une autre de tes manipulations ? Et de qui te jouais-tu ?


      "Oui, moi." fit-il, se mettant ostensiblement au travers de leur route.

      "N'aies crainte, je ne suis pas venu vous empêcher de partir. Il y a des problèmes plus graves que la vie d'un seul homme." poursuivit-il, rivant son regard sur le Roi de Drum.

      "Bonjour, votre majesté." lui adressa-t-il, sans une once de respect.

      Son regard revint vers Lilou, la scrutant droit dans les yeux. Elle transpirait l'assurance. Preuve qu'elle le connaissait encore moins qu'il le pensait. Mais la croiser ici n'était pas pour lui plaire. Il n'avait aucune envie de lever son arme contre elle. Autrefois, il n'aurait pas hésité. Mais aujourd'hui, il ne savait que penser. Le maelstrom de ses pensées ne cessait de tourner autour de Mafaele et de ses plans ridicules. Pourquoi ne pas le mettre dans la confidence ? Ce n'était pas une preuve de trahison, non. Il lui avait semblé homme de la cause. Il avait fomenté tout ça. Staline lui faisait confiance. Il n'avait donc aucune raison de mener cette organisation à sa perte ! Ombre lui même avait demandé à Rafael de suivre ses directives. Et l'assassin n'était plus à même de réfléchir calmement. Il inspira un grand coup. Il n'y avait que deux manières de faire les choses : confondre Mafaele ou lui accorder le bénéfice du doute. Mais son regard se porta sur le scalpel ensanglanté qu'il tenait en main. Hum.


      "Je suppose que c'est toi qui est à l'origine de ceci." fit-il, regardant Lilou droit dans les yeux.

      Il s'adressait à Mafaele, bien entendu. Mais il lui accordait une chance. Une chance de prouver qu'il avait raison de lui accorder ce bénéfice du doute.


      "Je n'ai eu qu'à remonter la piste pour vous trouver. Alors peut-être m'expliquerez-vous ..." commença-t-il, lorsqu'un explosion vint faire trembler les murs du couloir.

      L'assassin vacilla mais tint bon, puis regarda dans la cours intérieure. Krabbs. Et merde. Putain. Son regard revint vers Mafaele, puis s'arrêta sur Lilou. Les pirates d'un côté, la Marine de l'autre ... Merde. Putain. Et Envy qui allait pas tarder à se radiner ! C'était foutu d'avance, ça sentait le roussi. Deux Corsaires, un Contre-Amiral, sans compter toute la tripotée de gradés du Léviathan ! Staline était fort, certes. Ombre. Cette enflure, aucune idée de sa position. Quant à Mafaele ... Rafael avait trop de doutes pour l'incorporer dans une quelconque stratégie.


      "Putain de pirates. Merde !" lâcha-t-il.

      Il y avait une décision à prendre, et cruciale. Soit il se battait avec eux, soit il faisait autre chose. Pour l'heure, la Révolution était prise entre deux fronts et elle ne tarderait pas à céder. Alors, que faire ? Continuer à oeuvrer pour la vie d'un seul gars, ou tout faire pour protéger le maximum de vies ? La question ne se posait pas. Enfoiré de balafré. Restait à espérer qu'il savait ce qu'il faisait.


      Tu ne me présentes pas tes amis, Lilou ? les toisa Rafael, avec un sourire en coin.
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      Non.

      La réponse est cinglante. Je ne lui dois rien. Je n’ai rien à lui offrir. Il n’a rien a exigé de moi. Nous ne sommes pas des vieux amis qui se rencontrent par hasard pour prendre un café. Nous ne le serons jamais. Et il n’y a aucun hasard sur Drum. J’en oublie le reste pour faire abstraction de tout, prend une grande inspiration pour garder mon calme. J’ai tellement l’impression d’être oppressée, de devoir donner tellement en si peu de temps. De devoir calculer tellement de paramètre pour avoir une issue qui offre le plus de chance de survie à tout le monde. Le temps joue contre nous, tout joue contre nous, et nous sommes là à papoter du si je dois lui présenter mes collègues.
      Alors non. Là, non. Il n’en est juste pas question. Je n’ai pas ces précieuses minutes là à lui offrir. Je n’en ai juste pas envie. Il ne m’en faut pas plus pour réagir. Avant même qu’il ne puisse réagir ou souffler, mon arc est déjà ranger dans mon bracelet, et avant même qu’il ne puisse en être impressionné, j’ai avancé vers lui pour planter dans sa blessure mes doigts. Assez longtemps pour lui faire perdre momentanément l’équilibre, pour le faire un peu tourné de l’œil. Pas assez pour qu’il tombe vraiment dans les pommes. A moi, après, de le rattraper :

      Calme-toi.

      Mon bras entoure sa taille et le soulève sur mon épaule. Je le hisse sans trop d’effort, le maintiens à l’aide de mes deux bras en tentant d’épargner sa blessure.

      Nous n’avons pas besoin d’un blessé, nous n’avons pas le temps pour ça. Tu ne ferais que nous ralentir. Numéro quatre ?

      J’appelle. L’homme écarte les deux autres blessés sur le chariot pour faire de la place. Et j’avance à un rythme un peu lent, parce qu’il pèse son poids. J’ai porté pire. Un sourire qui se veut rassurant s’accroche à mes lèvres, tandis que Bee rapproche le chariot en se dandinant.

      Et tu te trompes sur tellement de point, Rafael. Dans tout ce foutoir, je n’y suis pour rien du tout. C’est toi. Toi et tes hommes qui avez fait ça. Krabb, il n’est là que par votre faute, pas la mienne. Et Krabb ne demande qu’une seule chose.

      Mon regard se pose sur les deux médecins. C’est eux, qu’il veut. Eux. Leur talent. Pour quoi ? Pour qui ? C’est la question à laquelle il faut répondre si on veut retrouver une forme de paix, au moins momentanément. C’est un aspect sur lequel on peut potentiellement jouer. Potentiellement. Je pense à en parler à numéro quatre. A voir avec lui ce qu’il compte faire. Les médecins, à l’instar des montagnards de Drum, sont de fortes têtes, avec un libre arbitre. Un atout comme une plaie, lorsqu’on y pense. Encore un paramètre à prendre en compte dans ce fouillis généralisé. Dehors, les canons tirent encore, les cris de même. Je n’imagine pas le sang. J’en ai déjà sur les mains. Je pose Rafael sur le chariot et numéro quatre s’attèle à examiner la plaie. Numéro un reste stoïque, à mon grand étonnement. Je reste méfiante, les pousse d’un regard à se remettre en marche, tous.

      Vous pouvez le soigner ?
      Oui, ça devrait aller.
      Mh.

      Je marche en retrait, derrière le chariot en surveillant tout ce beau monde. J’ai l’impression de me promener avec un cocktail explosif près à me péter entre les mains. Au passage, je pousse les portes que l’on croise pour vérifier qu’il n’y a personne. Et j’en profite pour parler à Rafaelo, lui expliquer ce que je fais, et lui offrir la plus belle opportunité de sa vie :

      Nous évacuons l’académie et le château. Tu as un choix à faire : soit tu nous aides, soit je te botte tellement le cul que tu pourras plus t’assoir sans penser à moi. C’est aussi ton unique chance de t’en sortir vivant et libre.

      Une pause, sans un regard pour lui, les yeux rivés sur numéro un qui avance sans faire d’histoire et m’imite pour se montrer bienveillant, nous entamons la descente vers l’étage inférieur par les escaliers. Numéro quatre me fait un signe pour me signaler qu’il n’en aura pas pour longtemps pour arrêter l’hémorragie, colmater la plaie, et que peut-être il pourra donner sa pilule magique au gusse.

      Ne la laisse pas passer.
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      Oh la garce. L'assassin ouvrit de grands yeux, et senti les doigts s'enfoncer dans sa chair. La douleur le fit hoqueter un bref instant. Un bref instant seulement. Celui d'après, il souriait légèrement. Puis la douleur le rattrapa. Il se laissa tomber, perdant son sourire. Une légère volute de fumée s'échappait de ses pieds. Et il vit dans le regard de Mafaele que celui-ci n'était pas dupe. Hé hé. L'instant de vérité mon gars. Alors comme ça elle n'avait pas besoin d'un blessé ? Elle osait lui dire qu'elle avait besoin de lui ? Ah ah, la pauvre petite, elle n'imaginait même pas dans quel engrenage elle avait mis les doigts. Elle pensait qu'il avait besoin d'elle pour marcher ? Elle l'avait pris par surprise, certes. Mais une surprise calculée, il n'était pas le premier des imbéciles non plus. Il l'avait vue sur le Léviathan. Il s'était pris un coup, avait fait quelques tours dans les archives du navire. Il savait pourquoi elle était là, qui elle était. Il ne prétendait pas tout savoir de la jeune femme. Il en savait juste assez. Oh, mis à part ce satané canard. Il y avait un truc pas net avec lui.

      "Sale garce." grogna-t-il, alors qu'elle le posait sur le chariot.

      Depuis quand son ostéoporose allait mieux d'ailleurs ? Elle avait les os fragiles aux dernières nouvelles, et ce n'était pas le genre de pathologie à mystérieusement guérir. Bref. Elle s'était renforcée. Il n'aurait pas pensé jusqu'au point de le prendre de vitesse, mais ce n'était pas un combat qu'il comptait remporter. D'autant plus qu'il avait un atout dans sa manche. Un atout qu'il gardait discrètement dans un recoin de sa cervelle. Ce petit pressentiment qui lui disait qu'il n'avait pas encore découvert le fin mot de l'histoire. Comme toujours, ses plans volaient en fumée, mais il avait soin d'en conserver le canevas. Il laissa le médecin ausculter sa blessure. Ce n'était pas la peine de se leurrer, il ne pourrait rien remporter par la force ici, il n'était pas en état. Mieux valait jouer de cet instant, profiter de ce petit laps de temps. De nombreuses vies en dépendaient. La faire parler, cracher ses plans. Un nouveau regard vers Mafaele. Que faisait-il, bon sang ? N'entendait-il pas les canons dehors ? Rafael faisait tout pour le pousser à se révéler, à faire la bourde qui le renseignera sur un camp ou l'autre.


      "Tu ... me fais soigner ? Je rêve, ça doit être de l'inconscience." fit-il, serrant les dents sous le traitement du médecin.

      "Vous faites partie du cercle, non ? Et pourtant vous prêtez main forte à la Marine. Les mêmes qui ont engagé ce fumier de pirate qui est en train de faire brûler ces terres." grogna-t-il, alors que le médecin tirait un peu plus fort sur la suture.

      "Moins il y a de morts, mieux je me porte gamin. Quelqu'un t'a déjà soigné. C'était un sagouin." répliqua-t-il, coupant le fil d'un coup de ciseau.

      L'assassin approuva d'un hochement de tête, ne pouvant faire autre chose après tout. Il avait bien raison. Il y avait des hommes de valeur dans la Marine, des hommes qui avaient simplement fait le mauvais choix. Lui, il les tuait. Certes, ils auraient mérité mieux, mais c'était un champ de bataille. Rafael appréciait assez la valeur de la vie pour éviter trop de culpabilité. Tuer un petit nombre pour en sauver un plus grand. Certes, il en était capable. Mais cela dépendait des situations. Ses ennemis, sans hésiter. Des innocents, ça jamais. Quant à définir le seuil de l'innocence, ça c'était autre chose. Lui ne l'était pas. Pas plus que son frère. Mais un monstre chassant les monstres valait mieux que pas de chasseur du tout.


      "Mon unique chance ? Ne me fait pas rire rouquine. Je voulais t'épargner que pour le souvenir de ta candeur, au fin fond de ce bagne. Rien de plus. J'ai eu tout le loisir de t'observer, tu sais. Je pense que tu sais déjà que Gabriel n'a jamais existé." grogna Rafael, inspectant sa blessure.

      "Salem ne t'a jamais dit comment je l'avais tiré des griffes de ce foutu pirate ? Ah ah. Quand j'y pense, j'aurais mieux fait de le laisser mourir. Mais, vois-tu, je sais faire des compromis : mieux valait Fenyang en vie que ce pirate. Les pirates sont vils et perfides, ils massacrent et pillent sans vergogne. Tu vois où je veux en venir ?" commença-t-il, regardant tout à tour les médecins, le Roi et Lilou.

      Ce bon Marcel ne pipait pas un mot. Pour sûr qu'il avait reconnu l'assassin. Et sa réputation parmi les gens de la haute n'était plus à faire. Certains notables en avaient fait les frais. Il n'attendait qu'une occasion pour rajouter une tête couronnée à son tableau de chasse : tout aussi sanguinaire qu'il était, ses intentions étaient toujours dirigées au nom du peuple. Justifiées ou non.


      "J'en viens au fait que vous avez laissé le champ libre à Krabbs. Que ce Corsaire en devenir était votre allié. Que ce criminel est de mèche avec vous. Mais de là à dire que ce sont mes hommes qui ont engendré tout ça ... tu me désoles, rouquine." grogna-t-il, dardant son regard océan dans celui de la jeune femme.

      "Je t'ai déjà donné la définition que j'ai du mot folie ?" fit-il.

      "La folie, c'est refaire sans arrêt exactement la même connerie, sans arrêt. Mais en espérant que ça change. Voilà ce qu'est la folie. Mais la première fois qu'un type m'a dit ça, j'sais pas : j'ai cru qu'il se foutait de ma gueule et boum, je l'ai abattu." poursuivit l'assassin, s'asseyant confortablement dans le chariot.

      "Le truc c'est que ... Hé hé hé ... Ok. C'était vrai. C'est là que j'ai commencé à voir, partout partout, ces pauvres connards qui se remettait à faire encore et encore la même putain de chose. Encore et encore et encore et encore, sans arrêt. En se disant : cette fois, ça sera différent." continua-t-il, illustrant la scène de ses mains.

      "Non, non, non. Pitié, CETTE fois, ça sera différent. Explique moi. Pourquoi voudrais-tu que je change ?" lui demanda l'assassin, un léger sourire sur le coin du visage.

      Il plaqua soudainement sa main contre le bois du chariot et s'évapora en une fraction de seconde, ne laissant qu'un voile de fumée. Trop confiante Lilou ? On pensait avoir attrapé le loup dans la bergerie. C'était l'instant crucial, celui où il saurait à qui faire confiance. On entendit un bref chuintement, puis un cri étouffé. Un bras grisâtre se matérialisa autour de la nuque du Roi, ainsi qu'une écharde métallique qui lui chatouillait la jugulaire. L'assassin apparu dans une gerbe de fumée, la lame sur la gorge du Roi. Il avait pris soin de se mettre dos à une fenêtre, on ne savait jamais. Il offrit un sourire mesquin à Lilou, puis tourna son regard vers numéro Quatre, un regard étrange. Avant de revenir à Mafaele. Maintenant, Rafael avait l'attention de tous. Et plus particulièrement du rang souverain.


      "Pas de bêtises, il sera mort avant même que vous ne pensiez faire un mouvement. De même pour vous, mon bon Roi." grogna-t-il.

      "Tu pensais sincèrement que trois paroles me feraient oublier la cause et mes frères ? Sincèrement, je suis déçu." se moqua l'assassin, chatouillant la gorge du souverain.

      "Dis moi, Lilou. Est-ce que je t'ai déjà expliqué la définition que j'ai du mot folie ?" demanda-t-il, un sourire carnassier aux lèvres.

      Alors, dans quel camp te situais-tu, enfoiré de balafré ?


      Hum ... Soit. L'assassin recula d'un pas, mettant sa main sur la bouche du bon Roi. Un léger filet de fumée s'échappa de sa main, et le bedonnant personnage commença à rouler des yeux. Ne pas le laisser parler, hein ? Juste avant que quiconque n'ose intervenir, Rafael explosa en une gerbe de fumée, et la vitre vola en éclat. Lorsque la brume se dissipa, quelques secondes plus tard, il n'y avait plus trace ni de l'assassin, ni du Roi. Rien qu'un nuage un peu plus sombre qui disparaissait au loin, avec une forme un peu plus sombre à l'intérieur. Mais juste avant de s'envoler, il avait glissé trois mots inaudibles à l'oreille du souverain, caché par la fumée. Lilou avait pu le voir, mais concernant Mafaele, ça c'était moins certain. Et le Roi s'était laissé faire.
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        Se laisser faire ? Quand on s'appelle Marcel et qu'on est roi du coin le plus froid et le plus inhospitalier de cette partie de Grand Line, non ! On ne se laisse pas faire !

        Et surtout pas quand un assassin vous menace en vous susurrant dans l'oreille qu'il ne va pas vous tuer. Marcel s'y connait assez en escrocs pour reconnaitre quand on lui monte une belle embrouille, et celle la sent l'arnaque à dix pas...

        Pouf, Rafaello pars en fumée comme il sait si bien le faire, empoignant le roi pour l'emmener avec lui par la fenêtre, mais le révo n'est plus le seul dans le coin a faire joujou avec des pouvoirs démoniaques. Et pouf, boule de neige !

        Une grosse d'abord qui recouvre toute la fumée de Rafaelo... Enfermant le pauvre intangible comme s'il venait soudain de se faire happer par une avalanche, bon, la neige n'est pas assez épaisse pour retenir la fumée et il ne faut guère de temps au révo pour en sortir, mais assez pour être déjà a mi chemin du sol quand il se libère enfin.. Et sans le Roi...

        Parce que la haut, pouf, boule de neige aussi... Marcel disparait en même temps que raphaello; comme s'il avait subitement enfilé un costume de bonhomme de neige géant, et le révo dans sa neige n'a le temps que d'embarquer la boule qui forme la tête et dans laquelle il n'y a pas la moindre trace de Marcel...

        Et pouf boule de neige... Marcel sort la tête du corps du bonhomme de neige comme un poussin de sa coquille et pointant ses bras sur le reste de l'assemblée il mitraille à tout va, boules de neiges pour tout le monde !

        Et comme la situation devient décidément trop tendue et de moins en moins claire pour lui comme pour les autres. Il se met à son tour en marche pour sauter par la fenêtre...
        ARRETE CA !

        J’ai à peine le temps de tirer le Roi en arrière avant qu’il ne saute. Il tombe sur le dos en continuant à bombarder de boule de neige. Ça ricoche dans tous les sens, je m’en prends même plusieurs qui m’aveuglent un instant, mais je sors mon bouclier pour me protéger. Numéro un et Bee s’y rangent aussi, pendant que Numéro Quatre se planque près du chariot. Un mouvement sec plus tard, l’acier rencontre le nez du Roi qui se calme presque immédiatement en se tenant les narines. On attend un temps avant de sortir de derrière ma ligne de défense, et timidement, je m’excuse auprès du Roi Marcel en l’aidant à se relever :

        Cet idiot s’étouffera un jour en ravalant son égo. Et si ça peut te faire plaisir, je lui casserais deux ou trois vertèbres en le recroisant… ça te va, là ? Tu es calmé ?

        Le roi grogne. Il n’est pas très content, mais ça pourrait être pire. Rafael est du genre à garder plusieurs atouts dans sa manche. Je ne sais pas ce qu’il attendait vraiment de cette entrevue. Ni a qui il s’adressait vraiment dans cette histoire. Moi ? Un autre ? Mon regard se pose sur numéro quatre, puis Numéro un qui reste étrangement impassible. Alors que nous reprenons la route en tentant d’oublier cet échec cuisant et cette rencontre qui n’a fait que nous retarder d’avantage, Numéro un se penche vers moi pour me poser une question.

        Je peux partir ?

        Je pose un temps de réflexion, avant de répondre :

        NON.

        Et la réponse n’a pas l’air de lui faire grandement plaisir. Elle est cinglante, froide, directe. A fait écho dans les longs couloirs du château. Nous descendons les marches tandis que je trifouille dans mes poches, sacs. Je finis par me stopper pour bricoler sur une plaque en fer que je tords et roule en une sorte de tube. Numéro un se penche au-dessus de moi, regarde attentivement, tandis que les autres continues de descendre en poussant les portes :

        Vous faites quoi ?
        Du tricot.
        Sérieusement ?
        NON. Je construis un mégaphone.

        Numéro un rit doucement, s’accoudant juste à côté pour continuer sur le ton de la conversation. Une chose est sûre, il ne lâche pas prise si facilement.

        Vous me faites vraiment penser à mon Cousin Paul.
        Qu’est-ce que… Quoi ?
        Il est cul de jatte. Il a une jambe qui le démange encore.
        Vous…

        Je me stoppe et le regarde. Cousin Paul ? J’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça quelque part. Mais plus je cherche, moins je trouve. Je reprends timidement ma manœuvre, soudant une poignée de fortune. Et d’un coup, c’est le flash : Enzo. Pourquoi est-ce que je pense à Enzo ?

        Mh… Votre nom ?
        Christian Pattison…
        Vous épelez ça comment ?
        CP.

        Parce qu’Enzo. CP. Cipher Pol. Il m’en avait parlé avant d’arriver sur le Léviathan. Des phrases qui n’ont pas vraiment de but dans une conversation normale, qui ne veulent rien dire, mais qui permettent de reconnaitre les siens. Causer souvent d’handicap, d’anecdote…

        Ok. Partez.

        Il ne se fait pas prier et dévale les marches avant de disparaitre. Le Roi m’interroge mais je me charge de rapidement le faire taire. Nous suivons les traces de l’agent pour nous planter dans l’entrée. Mégaphone en main, brandi vers les étages, je prends une grande inspiration avant de gueuler de toutes mes forces :

        ICI LES RHINOS STORM ! TOUS LES CIVILS PRESENTS DANS LE CHATEAU SONT PRIES DE ME REJOINDRE DANS L’ENTREE ! NOUS EVACUONS LES LIEUX, JE REPETE : NOUS EVACUONS LES LIEUX !

        Et dans les étages, des portes claquent dans tous les sens, on dévale les escaliers, on crie. Je repasse une seconde annonce, mais très vite, les silhouettes d’une dizaine, puis d’une vingtaine de personne se présentent à nous. Elles vont vers le Roi, vers numéro quatre, posent des questions. L’attroupement s’agrandit. Trop. Assez pour que je me dise qu’il est temps de bouger. J’accroche le mégaphone à ma ceinture et temporise :

        On reste calme ! Nous évacuons. Nous allons passer par la porte de derrière et rejoindre l’un des navires révolutionnaires présent près des piliers. Vous grimperez à l’intérieur, TOUS. Et vous évacuerez, c’est bien compris ?

        Je lance un lourd regard vers numéro quatre. Lui n’a pas l’air décidé d’obéir. Numéro 8 nous retrouve également. Il s’avance vers nous avec la mine curieuse.

        Suivez-moi !

        Au pas de course, je me lance vers la sortie. Nous franchissons en rang quelques pièces, avant que je ne défonce brutalement une porte.

        Dehors, la neige. Dehors, le froid.

        Et face à nous, un immense navire qui flotte et tire à vue sur des pirates qui s’agglutinent. Je préfère ne pas y penser. Pas encore. J’avance à pas de géant vers la passerelle, suivi de près par ma joyeuse troupe de civil qui se pressent pour éviter les tirs. Tous se poussent pour monter dans le téléphérique qui nous attend. Tous, sauf numéro quatre et numéro huit qui attendent dans la neige en regardant le combat au loin. Leur choix est fait apparemment. Moi ? Je tombe nez à nez avec un révolutionnaire qui ne sait pas ce que je fais là, qui ne comprends pas trop, qui tente de calmer les civils vainement. Mais j’ai vite fait de le ramener sur terre rapidement :

        Ecoute-moi bien. ECOUTE-MOI ATTENTIVEMENT ! Ces gens que tu vois là, ceux sont tous les civils du château. Ils sont une vingtaine. Il y en a une centaine dans l’académie. Je me charge de les évacuer, tous. Et toi, tu vas très attentivement m’écouter, et surtout, faire en sorte qu’ils se tirent VIVANT sur ton putain de téléphérique, t’as bien pigé ?!
        Mais mais… Vous êtes qui ?
        QU’EST-CE QUE J’AI DIT ?!!!!! Ces gens n’ont rien à voir avec ce PUTAIN DE CONFLIT ! RIEN ! ALORS TU LES METS EN SURETE IMMEDIATEMENT, C’EST CLAIR ?!
        O-Oui…

        Je me retourne et pousse les civils à rejoindre la cabine, à se tasser pour se mettre un peu plus à l’abri. Puis, je descends en bondissant sur la neige avant de me relever près des deux docteurs qui n’ont pas bougé.

        Je ne sais pas ce que vous comptez faire, vous deux. Je ne sais pas et je m’en fous. Faites juste très attention à vous, c'est le seul ordre que je peux encore vous donner... D’accord ?

        Pas besoin de mot pour la suite.
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