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Aventures d'un marine(2)

Alors que le noble surveillait le chantier de sa bibliothèque, son homologue remplissait son devoir administratif. Cela faisait moins d’une  journée que l’élite avait arrêté toute la fricassée de pirates rôdant près du port et déjà les choses redevenaient ennuyeuses. Pourtant, un doute n’avait de cesse de s’immiscer dans ses pensées, il revoyait intérieurement la scène de la veille, sa brillante capture de dangereuses personnes et les traces près du bord de la jetée, les traces. Des traces de pas ou bien de sang ? La réponse ne lui venait pas directement, naturellement ou plutôt instinctivement, un aspect de la chose semblait lui échapper. Mais quoi ? Que pouvait-il bien avoir oublié ? Quelle partie n’avait pas attiré son attention ? Ces empreintes, que dissimulaient-elles ? Que n’avait-il donc pas vu ? Ou n’avait-il pas demandé aux tireurs placés en hauteur ? La scène repassait en boucle dans sa tête, au ralenti comme en accéléré, sans résultat. N’y a-t-il donc rien à découvrir ? Son intuition l’aurait-elle trompé ? Tandis que l’homme aux cheveux noir de jais s’interrogeait, le flot de bruits et paroles des ouvriers lui parvenait : « Plus haut ! Tirez sur la corde ! » disaient-ils. La corde, ces mots sonnèrent comme victoire dans sa tête. Comment avait-il pu omettre ce détail si capital ? Revisionnant la scène, son esprit s’arrêta net sur les premières images de l’assaut puis commença à zoomer sur l’arrière de l’image. Là-bas, quelques mécréants se tenaient au bord près du ponton. Mais ce qui l’intéressait était cette corde nouée et, à coup sûr, reliée à une embarcation, petite mais pratique. La voilà la solution. Laissant la scène se dérouler, il refit un zoom sur une des dernières images mentales pour s’apercevoir que la corde avait disparu et emportait des pirates loin du tumulte,  sans l’ombre d’un doute. Voici donc la clé du « mystère ». Si quelques malfrats ont survécu ont survécu à cette attaque, ils représenteraient un potentiel danger pour la population. De plus, cela signifierait que sa mission fut un échec, chose impensable pour cet implacable justicier. Laissant son bien entre les mains du Contre-Maître, l’héritier des Dark se hâta de retourner à la base marine pour y retrouver le colonel. Remontant à toute allure l’avenue de la victoire, ses pieds se stoppèrent net devant le poste de surveillance marine où deux sous-fifres lui demandèrent de montrer son insigne pour pénétrer dans la « forteresse ». Le contrôle passé et les lourdes portes ouvertes, l’homme se fraya un chemin dans les matelots pour atteindre les appartements du chef des lieux. Celui-ci, prenant des nouvelles du lieutenant après que le portier eut ouvert la porte, fut rapidement interrompu afin de passer directement à l’objet de la venue du richard. L’heure n’était pas aux bavardages. Le vétéran proposa alors dans discuter à son bureau où s’amoncelaient des tonnes de paperasses, malheureusement. De mauvaise grâce, le noble accepta, considérant qu’il lui devait bien cela malgré l’urgence de la situation. Confortablement assis, un secrétaire les séparant, les deux gradés abordèrent le sujet tandis qu’un matelot leur servait un rafraîchissement bienvenu en cette chaude journée.

- Vous me paraissez fort perturbé mon cher ami. Auriez-vous quelque souci ? Quelles étranges choses vous tourmentent ?, demanda le vieux marin.

- Et bien ! Vous avez vu juste. Il y a effectivement un problème. Voyez-vous, des criminels semblent avoir échappé à la purge d’hier grâce à un ingénieux stratagème s’il en est, avança-t-il.

- Oh ! Ma foi…

- Je suis conscient d’avoir fauté et souhaiterait me rattraper en protégeant la population de ces brigands, continua-t-il en ne prêtant pas attention à l’éventuelle réponse du cinquantenaire.

- Je vois. Et bien, pour tout vous dire, je me doutais bien que certains manquaient à l’appel dans le groupe que vous avez supprimé, répondit-il en tendant une feuille comportant des photos juxtaposés à des noms.

- C’est pourquoi j’ai effectué une petite recherche et ai ainsi pu déterminer lesquels restaient encore dans la région. En voici la liste. Vous n’avez aucune raison de vous sentir coupable d’en avoir laissé partir au vu des moyens dont vous disposiez. C’est un exploit d’en avoir arrêté autant, vous m’avez véritablement impressionné. Je vous suggère donc de ne plus vous en soucier. Vous nous avez bien aidé hier en vous occupant de ces flibustiers et je n’ose imaginer ce qu’il serait advenu si vous n’étiez intervenu. Qui plus est, vous êtes mon invité. Je ne puis vous laisser vous charger de notre travail. Ce serait une insulte à ma division, assura-t-il.

- Loin de moi l’idée de vous embarrasser, cependant je ne puis être tranquille tant que je n’en aurai pas fini. J’ai commencé cette tâche, ce serait enfreindre le code marin que de m’empêcher de la mener à son terme, rétorqua-t-il.

À ces mots, comme pris au dépourvu, le vieil homme se mit à réfléchir pour reprendre contenance. Hélas, sa réflexion n’eut pour effet que de lui laisser une seule pensée.

- Bien, vous m’avez convaincu. Vous pouvez terminer cette mission, concéda-t-il.

- Je vous en remercie. J’y vais de ce pas, histoire de vous causer le moins de soucis possible. Je serais un effroyable invité que de ne point vous remercier pour cette hospitalité que vous m’offrez, dit-il.

- Attendez ! Veillez plutôt à remercier votre entêtement. Cela dit, je ne puis vous laisser partir seul. Que vous faut-il ? Même si beaucoup effectuent des missions, je devrais pouvoir vous trouver sans mal une ou deux garnisons. Mais d’ailleurs, quel est votre plan ?, demanda-t-il.

- Votre gentillesse me gêne, vraiment. Pour tout vous dire, je ne pense pas qu’il me faille des moyens démesurés. Votre va me permettre d’en finir au plus vite, annonça-t-il.

- Oh ! Vous donc déjà élaboré une stratégie ? Vous m’impressionnez mon cher ami. Jamais je n’eus réussir à en faire une en si peu de temps. Êtes-vous certain de son efficacité ? Je m’en voudrais de vous voir revenir meurtri. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette tactique ?, questionna-t-il.

- Vous me flattez. À vrai dire, je n’ai pas encore eu le temps de tout prévoir. Cependant quelques acquis me permettent de m’orienter dans la façon de concevoir ce plan d’attaque. Vos hommes surveillant chaque centimètre de cette île, nul pirate ne peut s’y cacher, divulgua-t-il.

- Hmmmm, en effet vous avez raison. Il paraît fort improbable que les forbans d’hier soient encore ici. Mais dans ce cas, où sont-ils, interrogea-t-il.

- La réponse est évidente. Puisque vos soldats patrouillent aussi bien sur l’île qu’aux abords et que les fugitifs n’avaient qu’une embarcation de fortune, ils n’avaient guère d’endroits où aller. Ils ne peuvent que se trouver dans la baie du Caméléon, conclu-t-il.

- Là-bas ? En effet, mes troupes ne s’aventurant jamais jusque là, ils ne peuvent qu’y être. Mais comment allez vous donc faire  pour vous y rendre ? Je ne dispose pas de navires suffisamment petits pour y pénétrer, s’excusa-t-il.

- Ne vous inquiétez pas, j’y ai déjà réfléchi. Il me suffira d’utiliser le même moyen de transport que ces hors-la-loi, s’exclama-t-il.

- Vraiment ?, s’étonna-t-il, le visage inquisiteur.

- Ceci n’est évidemment qu’une partie de ma stratégie. Je vais maintenant vous lister ce dont j’ai besoin afin d’arrêter ces malfaiteurs au plus vite. Si toutefois, vous me le permettez, bien entendu, dit-il.

- Bon et bien, je vous fais confiance.  Vous m’avez donné un bel aperçu de vos talents hier, je pense donc que vous êtes apte. Donnez-moi cette liste pour que je vous prépare ce qu’il vous faut.

- Je vous remercie pour la confiance que vous m’accordez. Voici donc le récapitulatif de ce dont j’aurai besoin.

- Bien, je vais tâcher de vous réunir tout ceci. Souhaitez-vous que tous attendent dans la cour intérieure ?

- Oui, mais demandez à ce que les patrouilles maritimes attendent au port. Cela simplifiera les choses. Précisez juste que tous doivent être à leur poste dans une heure.

- C’est entendu, je vous conseille de vous reposer un moment pendant ce temps.

Ayant une heure à perdre avant que ne commence l’opération, le lieutenant décida d’écouter le conseil du vieux marin et s’installa alors dans le divan des appartements du maître des lieux, une boisson rafraîchissante posée sur la table basse et y entama la lecture d’un traité de physique. Le timing parfait devrait lui permettre de finir l’ouvrage pour l’heure indiquée. Du moins, c’était à espérer. Peu de choses l’agaçaient plus que de ne pas lire d’une traite un ouvrage. Mieux valait donc lire vite. Et à ce niveau-là, on pouvait difficilement mieux faire. Ayant une aptitude extraordinaire à lecture, sa vitesse se situait aux environs de 300 pages par heure. Un sacré record en somme. Toutefois, le nombre de pages de celui-ci étant de 315, ça n’allait pas être chose facile que de le terminer. Autant donc ne pas perdre de temps en bavardages inutile, surtout avec cette pipelette de colonel. Cette lecture s’avérait être un véritable défi. Pendant que le noble se divertissait, le commandant de la base usait de l’escargophone pour tout trouver tout en apposant son sceau sur chaque feuille des piles posées à ses côtés. Un travail bien contraignant que celui de diriger un bâtiment marine. Fort heureusement, ces incommodités ne touchaient pas les élites. Quelle déveine c’eut été pour lui, lieutenant d’élite de son état. En cela, le Gouvernement Mondial avait bien réparti les tâches et les responsabilités. Pour l’héritier des Dark, lutter contre le crime et les félonies demandait bien moins d’efforts que de trier, classer, ranger, ordonner et apposer son sceau sur des documents à longueur de temps. Pour le vétéran, quitter son bureau paraissait nécessiter un effort quasiment surhumain. C’est dire si les différences entre les deux groupuscules étaient marquées. Et pourtant, ils avaient malgré tout quelques points en commun comme le respect des lois édictées par le Conseil des 5 étoiles en personne ou encore la discipline et la rigueur dans le travail quoique le vieux marin lui semblait en manquer cruellement. Mais tout ceci ne l’avançait guère dans son parcours des « lois physiques avancées ». De plus, sa montre affichait que trois quarts d’heure venaient de s’écouler. Désormais, accélérer son rythme devenait plus que nécessaire, c’était obligatoire. 85 pages attendaient encore d’être découvertes par ce féru de lecture en l’espace de quinze petites minutes. Autant dire que cela s’annonçait compliqué voire même impossible. Enfin, si ce mot faisait partie intégrante de son vocabulaire, évidemment. Ce qui n’était point le cas si l’adjectif se rapportait à lui. Tournant les pages avec une fébrilité encore jamais vue, ses yeux semblaient balayer les pages comme un balai courant enlèverait la poussière sur le sol en marbre. Mais, comble du bonheur, son cerveau parvenait à enregistrer le moindre mot vu et à le restituer au moment voulu et ce, même à une vitesse aussi prodigieuse que celle-ci, une perle comme mémoire eidétique. On en venait à se demander pourquoi des concours de vitesse de lecture n’existaient pas. Cela ferait quelques médailles et trophées en plus à son palmarès déjà bien fourni et qui ne cessait de croître. Cependant, l’élite devait bien avouer que cela faisait quelques temps que l’on n’avait pas crié son nom sur une surface de combat ou sur un gazon fraîchement tondu. Sa chasse aux pirates l’accaparait tellement que ses principaux loisirs finissaient par être relayés comme simples occupations occasionnelles ou relégués à d’ultérieures dates voire même oubliés. Il allait falloir y remédier. Qui plus est, rien n’empêchait de cumuler ses loisirs avec son travail, que du contraire. À cette évocation, le gradé redoubla de rapidité. Finir dans les temps le bouquin restait la priorité actuelle et rien ne lui ferait changer d’avis. Tandis que les pages filaient à vive allure, l’heure avançait et n’accordait plus qu’un délai de cinq minutes pour se retrouver dehors devant les soldats convoqués. Le compteur, quant à lui, dénombrait encore vingt pages à lire. Quelques dizaines de secondes plus tard, il n’en restait plus que dix. Plus que cinq. Plus qu’une ! Enfin fini !

Tout ce qui restait à faire était de rejoindre la cour désormais. Pour ce faire, l’officier disposait de deux minutes, un temps suffisant en théorie. Indiquant à son hôte que les matelots l’attendaient, le dernier des Dark se hâta de quitter le logis et de gagner la cour intérieure. Là, comme prévu  des troupes paraissaient l’attendre. Décidément, la discipline à laquelle étaient rompus ces hommes n’avait de cesse de l’étonner. C’était formidable ! Se haussant au-dessus du regroupement en montant sur l’estrade prévue à cet effet, l’homme en costume expliqua de façon détaillée l’opération qui allait avoir lieue afin que tous comprennent bien et effectuent correctement les tâches demandées. Quelques minutes plus tard, le lieutenant d’élite, suivi par la centaine de marins, descendit jusqu’au port où les deux vaisseaux mouillaient. Le groupe se scinda alors en deux, comme prévu, et les navires regagnèrent l’infinité bleue. Sur le pont, le gradé passa aux explications pour les deux équipages qui avaient stoppé leur patrouille pour les faire monter à bord et transmit les informations à l’aide d’escargophones. Lorsque ce fut également chose faite, l’expédition mit le cap sur la baie du Caméléon où la mission allait se passer. Puisque le voyage devait durer aux alentours d’une demi-heure, l’aristocrate décida de peaufiner sa stratégie d’attaque et, pour ce faire, une carte de la région s’avérait indispensable. Dépliant sur une table celle que lui avait donnée le vieux barbu, le stratège commença par analyser la topographie et le relief des lieux. Selon toutes vraisemblances, la baie ne possédait qu’une ouverture assez étroite, rendant l’accès impossible aux bateaux de la Marine, à l’exception des barques. De plus, des falaises abruptes empêchaient toute escalade et ne permettaient pas de voir l’intérieur. En somme, une sorte de château-fort naturel et particulièrement efficace à n’en point douter. Le point de topographie fait, la stratégie restait à élaborer. Effectivement, même si les grandes lignes étaient présentes dans sa tête, le lieutenant n’avait pas tout vérifié et fait les mises au point nécessaires. Maintenant que le relief était connu, plus rien ne manquait, si ce n’est d’en dégager les avantages et désavantages pour savoir où frapper. Mais, avec cette solide défense, le choix de tactique était limité. Envoyer des barques à l’intérieur nous laisserait à la portée des éventuels vigiles, tandis que nous ne pourrions y débarquer qu’un matériel limité et rustique. Puisque cette possibilité ne mènerait qu’à un cuisant échec, une seule solution restait et demandait une importante force de frappe, représentée par les deux vaisseaux. Pour que cela fonctionne, il fallait que la carte nous livre les secrets de la baie, d’où l’importance de déterminer les points forts et les points faibles de cette impressionnante structure défensive naturelle. Dans les défauts, l’importance était de trouver la partie la plus faible pour en profiter. En effet, les formations naturelles comme les falaises sont à l’épreuve de l’érosion ou non selon leur composition minérale. Et si cette baie possède de si haute falaise alors que la mer l’entoure, c’est que forcément le minéral des parois est plus dense que celui du fond des océans. Le fond de l’océan étant composé de silice essentiellement, un élément  plus dense constitue cette forteresse. Sachant cela, seul l’emploi de la manière forte permettrait d’arriver à percer l’épaisseur de ce minéral constitutif. Et selon la carte, l’endroit où la couche la plus fine se trouve est opposé à l’entrée et ne paraissait guère plus étendue que celle-là. Cela n’allait pas jouer en faveur des marins, mais tant pis. L’heure n’était plus aux vaines discussions, mais à l’action. En effet, la traversée touchait à sa fin. La baie grossissait à vue d’œil pour finalement occuper plus d’espace que le champ de vision de l’élite.

À ce moment-là, ce dernier ordonna aux navires de trouver l’entrée puis de faire demi-tour à partir de cette ouverture. Ce lieu ne se situant pas fort loin des côtes, le niveau de l’eau est fortement influencé par les marées, rendant la navigation aux alentours risquée et difficile. Pourtant, malgré ces aspects, la Marine ne devait pas reculer et devait dompter les éléments naturels. Comment traquer le Mal si l’on ne peut braver les intempéries ? Ce n’était donc pas les marées qui empêcheraient l’héritier des Dark d’achever sa mission. Ainsi, une dizaine de minutes plus tard à naviguer prudemment, ils atteignirent la façade recherchée. Ce fut alors le moment de nouvelles explications qui laissèrent bientôt place à une importante agitation sur les ponts des bâtiments de guerre. Les quelques  200 matelots prirent les armes et s’apprêtèrent. Lorsque tous furent prêts, l’ordre d’ouvrir le feu retentit. Alors une pluie de boulets de canons s’écrasèrent en rythme contre le mur de roche éprouvé par les eaux impétueuses de West Blue. Puis plus rien, le calme absolu tandis que le bras du chef des opérations était levé. Cette première attaque paraissait satisfaisante à ses yeux. La roche calcaire résistait mais ne tiendrait pas bien longtemps. L’ordre fut alors donné au second navire de bloquer l’entrée de la baie afin d’éviter toute éventuelle fuite. Le lieutenant, par mesure de sécurité, préféra attendre que l’issue soit bien fermée avant de continuer l’assaut. Cela avait deux buts : en premier, celui de faire croire aux pirates que les tirs étaient anodins et avaient cessés, en deuxième d’éviter que tous se ruent vers l’entrée et s’échappent en voyant la Marine percer la couche de roche. Ainsi, les canonniers attendirent le signal du commandant de recommencer les tirs qui survint une poignée de minutes plus tard, lorsqu’il eut reçu la confirmation par den-den mushi que ses hommes bloquaient le chenal. Un panache de gravats et de poussière s’éleva du mur quelques secondes plus tard. Tout se passait parfaitement bien pour l’instant et il n’y avait aucune raison pour que cela s’arrête. Durant cette séance de tirs, l’épéiste observait la progression de cette phase afin de ne pas rater le bon moment de stopper l’offensive. Même si la modification d’environnements naturels ne faisait pas parti de ses hobbies, une situation comme celle-ci l’exigeait si cela permettait d’éradiquer un groupe de pirates. Quel dommage d’avoir à détruire pareil site naturel, façonné depuis des milliers d’années, en l’espace de quelques minutes. Une grande perte pour le patrimoine mondial. En contrepartie, l’humanité progressait un peu plus vers une ère de paix absolue. La Justice primait-elle sur la conservation et la protection de la nature ? À ce sujet-là, la réponse du Gouvernement Mondial était évidente. Il n’y avait donc d’autres alternatives que réduire à l’état de particules subatomiques cette muraille. Tandis que les tirs se poursuivaient, l’escrimeur s’apprêta à donner un nouvel ordre. Un grand fracas se fit alors entendre quelques secondes plus tard, les derniers blocs tombant dans la mer. Sa voix retentit alors, donnant l’ordre d’attaquer la baie. Le moment qu’attendait avec impatience l’équipage. Le nombre d’ennemis étant inconnu, une attaque de masse pouvait permettre une victoire facile et écrasante. Le navire accolé à la presqu’île, la bataille pouvait avoir lieue. La centaine de marins se rua hors du vaisseau et entamèrent l’offensive. Bien évidemment, le lieutenant n’attendit pas de recevoir une invitation pour se mêler à la foule.

Quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu’un nombre conséquent de hors-la-loi avaient élu domicile ici-même. Visiblement, la pugnacité de ces forbans les poussaient à combattre à faire face plutôt qu’à fuir. Une bonne chose en soi. La victoire ne serait pas savoureuse si tous mouraient des tirs de canons du navire posté à la sortie. Pourtant, son instinct lui intimait que certains avaient quand même essayé de fuir. Un coup dans l’eau pour la piraterie. Leur défaite serait bientôt totale. Tandis que ses hommes se battaient, lui comptabilisait les mécréants des mers. Selon une rapide estimation, plus de 250 pirates se trouveraient réunis en ces lieux. Avec sa centurie, le combat tournerait bien vite à son désavantage s’il ne passait pas à l’action. Ce point stratégique effectué, le fier justicier partit à l’assaut en tranchant tout adversaire potentiel. Les cadavres s’empilaient rapidement sur le champ de bataille sans que personne n’y prête attention, trop pris par le feu de l’action. De son côté, le bretteur volait de victoire en victoire, laissant ses ennemis raides morts. Bien évidemment,  ce carnage ne passa pas inaperçu même dans toute cette cohue. C’est alors que des forbans de la veille l’ayant reconnu informèrent leurs camarades sur le sort qui les attendaient s’ils le sous-estimaient. Alors, comme renforcés par ce destin funeste, une foule de criminels cherchant l’action coururent vers lui sabres en avant, avec la ferme intention d’en découdre. Des inexpérimentés, à coup sûr. Ils allaient apprendre à leurs dépends ce qu’il en coûte de défier le dernier des Dark. Toutefois, voyant bien qu’une cinquantaine d’ennemis lui poserait des soucis, il décida d’aller au devant afin d’éviter d’être encerclé. N’ayant qu’une dizaine de déchets devant lui, passer en force allait se montrer assez simple. Fondant sur ses proies, l’officier leur transperça tour à tour le cœur pour ensuite faire volte-face aux autres groupes qui arrivaient. Une quarantaine restait encore à éliminer. Et cela ne paraissait pas aisé. Pour l’emporter, sa marge de manœuvre restreinte ne lui permettait guère autre chose  que de repasser à l’offensive. Fonçant à nouveau, l’épéiste croisa ses bras tenant ses katanas et les déplia brusquement au contact des hors-la-loi. Tandis que quelques-uns furent tranchés, la première exclusivement, les autres durent reculer suite à l’attaque du marin. Ceci fait, un enchaînement devait rapidement être trouvé pour ne pas perdre l’avantage tactique. Mais que faire ? Le coup n’avait pas eu suffisamment d’impact pour mortellement blesser toutes les crapules touchées. De plus, les boucaniers l’encerclaient progressivement pour lui empêcher toute fuite. Le temps manquait pour agir. Le groupe se resserrait. Bientôt, son corps serait réduit en lambeaux. Tout à coup, un écho de la voix du colonel résonna dans sa tête : « revenez sans blessures ». Il est vrai que son sauveur le lui avait fait promettre. Mais comment se sortir du pétrin ? Si rien n’était fait, c’en serait fini de lui. Et de la promesse faite au colonel, au colonel…. Au…. Colonel ?! La voilà la solution !

Tandis que les malfrats se rapprochaient dangereusement et s’apprêtaient à passer à l’action, l’élite se mit à tournoyer, ses bras tendus, comme l’avait fait durant leur duel amical le vieux barbu, tranchant tout ce qui passait à portée et ce, de façon efficace. Décontenancés par ce mouvement à la fois offensif et défensif, les rescapés ne surent que faire si ce n’est se lancer à corps perdu dans la bataille et tenter d’arrêter cet agaçant marin d’élite. Les morts n’en finissaient plus,  seule une poignée trouva sage de déguerpir au plus vite et de prêter main forte à leurs camarades se battant contre des matelots d’un tout autre acabit. Voyant cela, le noble stoppa son tournoiement et fondit sur les criminels lui tournant le dos, les tuant au passage. Cela faisait un bon nombre d’ennemis en moins. Jetant un bref coup d’œil sur les divers protagonistes se déchaînant, il ne vit arriver son nouvel adversaire et ne put sentir que la douleur de la plaie profonde dans son dos le tenailler. Faisant volte-face pour punir celui qui avait osé le blesser, c’est un déluge de coup de taille qu’il dût affronter et parer, au moins. En face se tenait le pirate le plus recherché dans la fricassée qui s’était enfuie hier avec pas moins de 27 millions de Berry’s sur sa tête. Une personne à ne pas laisser en vie, donc. Cela se remarquait aux sous-fifres morts par sa lame. S’il n’agissait pas vite, ce serait un équipage de cadavres que le commandant de la base verrait à son retour. À coup sûr le moyen le plus efficace pour finir dans les mauvaises grâces. Ses forces ne devaient plus compter qu’une trentaine de soldats alors que l’ennemi paraissait être encore fort d’une centaine de flibustiers. Il n’avait donc le choix. Vaincre ce primé devait être fait rapidement pour ne pas essuyer un cuisant échec. Hélas, la maîtrise et le talent du mécréant étaient bien réels. S’engagea alors un échange violent de coups entre les deux sabreurs, chacun tentant de passer la défense de l’autre. Dans ce genre d’affrontement, seul le niveau de technique pouvait déterminer le vainqueur. Il s’agissait donc de vite montrer ses capacités de bretteur pour que l’autre flanche et ploie. Diminué par sa fatigue et par sa plaie, le lieutenant ripostait avec difficulté, s’attelant à contrer les attaques uniquement, car trop lent pour une offensive correcte. Son adversaire, le capitaine pirate Dimitri Eniezi était apparemment connu pour sa furtivité et sa rapidité dans l’exécution de ses attaques. Ce qui n’avantageait pas le justicier, que du contraire. Battre quelqu’un en étant moins vif semblait impossible. Mais dans ce genre de situation, pouvait-on encore parler de possibilité et d’impossibilité ? Dans cet instant où tout se mélange pour former une réalité qui sera la base du possible. Tout devait être mis en œuvre pour que triomphe la Justice absolue ! Exhorté par ces pensées, l’officier repris courage et s’échina à reprendre l’avantage. Redoublant de vigilance, le marin attendit désespérément qu’une ouverture apparaisse dans la garde du pirate pour le vaincre. Malheureusement, c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Ce criminel se défendait assez bien et attaquait avec une hargne rarement égalée. Une idée lui vint alors à l’esprit. Si ses attaques étaient parées par les armes ennemies, se mettre hors de portée suffisait. S’accroupissant d’un coup net, l’élite balaya ce malfrat avec son pied, puis tandis que son adversaire perdait l’équilibre, l’aristocrate lui donna un coup de sabre ascendant. Impuissant, Dimitri ne put qu’encaisser et fut projeté dans les airs par la force ascendante avant de retomber lourdement au sol.

Prenant le temps de reprendre son souffle en se levant, Showl essaya d’amoindrir la vive douleur dans son dos en ne faisant de mouvement superflu. Pendant ce même temps, le boucanier recouvrit suffisamment de forces pour se relever, une grande et profonde entaille visible sur son torse. À coup sûr, son poumon droit avait été atteint, d’où sa respiration irrégulière et saccadée. C’était d’ailleurs un miracle que sa tête n’eut aucune blessure. La Mort avait dû le manquer, in extremis. Désormais, tout deux cherchaient à retrouver un souffle normal afin de pouvoir en finir. Mais le temps manquait pour l’observation, le moment était venu de conclure. Fondant aussi rapidement que possible sur l’énergumène de la piraterie, lame brandie, prêt à en finir en une seule attaque, ce marin dût se raviser lorsque sa blessure le lan4a à quelques centimètres de porter l’ultime coup.  Saisissant cette chance inespérée, l’homme aux cheveux argentés rassembla ses forces pour continuer le combat en donnant des coups de taille. Voyant cela, l’aristocrate para autant que possible les coups ennemis. L’affrontement semblait s’éterniser et obligeait les protagonistes à parier sur leur endurance plutôt que sur leur puissance respective. Aucun ne voulait lâcher prise. Chacun tentait de remporter la victoire, décisive pour la piraterie et non moins importante pour la Marine. Percevant l’exténuation de son ennemi dû à son poumon déchiré, le noble profita de l’occasion pour repousser la lame adverse et contrer par une attaque de taille finale, entaillant à nouveau le torse du forban et lui faisant perdre ses dernières onces d’énergie. Le mécréant tombé, l’officier regarda la bataille et sa conclusion en cherchant son second souffle. Si cela ne finissait pas rapidement sa vie  pouvait être réellement mise en danger. Mais alors que les matelots n’étaient plus que quinze, les scélérats se vantaient d’avoir le quadruple d’hommes valides. Comment pouvait-il espérer vaincre désormais ? La seule solution consistait au rappel du vaisseau de blocus. Cependant, se faisant, des ennemis pourraient en profiter pour s’enfuir. Que choisir donc ? Sa vie et celle des marins de la base ou bien la mort inéluctable des pourritures de la mer ? Le choix lui appartenait. Toutefois, au vu de ses blessures, sa décision ne fait pas l’ombre d’un doute.

Levant son bras droit sur lequel un mini den-den mushi était accroché, il composa le numéro du second navire pour leur ordonner de revenir. Après quoi, le chef des opérations repartit à l’assaut, du moins autant que le lui permettait son degré d’épuisement. Selon ses estimations, les renforts n’arriveraient que dans sept minutes, le temps à tenir donc. Sept minutes avec une telle différence numérique, cela revenait aisément du miracle s’ils survivaient. Ne se laissant malgré tout pas abattre, le lieutenant jeta ses dernières ressources dans la bataille, tranchant le plus d’ordures possible, méprisant la douleur autant que possible, aidant par la même occasion ses hommes à survivre. Bien entendu, on eut tôt fait de remarquer sa présence et son massacre. Difficile de ne pas voir des corps tomber en abondance. C’est donc une vingtaine qui fonça sur lui, avec l’évidente envie de le réduire à l’impuissance, tandis que les vingt-cinq derniers s’occupaient de la quinzaine de marins. Pour se débarrasser de ces agaçants personnages, une seule idée lui venait à l’esprit : réutiliser la technique du colonel. Il tournoya alors à nouveau, tranchant ses adversaires et se protégeant de leurs coups, enfin en théorie. Effectivement, en pratique son tournoiement n’avait rien d’impressionnant et péchait par son cruel manque d’énergie centrifuge. Les coups l’atteignaient donc et ses tranches ne tuaient pas au premier coup. Constatant ce souci un peu trop tard, l’élite se retrouva au sol, l’épaule droite et son bras droit ensanglantés, face à neuf rebuts de la société décidés à en découdre. Et trois minutes restaient encore avant l’arrivée des secours. Pendant que les pirates ricanaient et se félicitaient mutuellement d’avoir réussi à acculer un officier de la Marine, ce dernier recouvrait ses forces et cherchait un moyen de reprendre le dessus. Pourquoi ne pas tenter une variante de l’attaque originale de son collègue ? L’unique problème consistait à trouver les forces nécessaires à la réalisation de cette tactique. Et à ce niveau-là, la difficulté était bien présente, voire même trop. Mais tout devait être tenté. Sinon, à coup sûr son corps serait dévoré par les remords. Retrouvant un peu d’énergie, l’épéiste fit une rotation au sol et entailla au plus possible les jambes ennemies. Déstabilisés par ce coup traître, les forbans ne purent que voir leurs pieds se détacher de leur corps, impuissants contre cette amputation forcée de masse. Que de sang recouvrait le sol. Les extrémités des neuf sous-fifres laissant en échapper beaucoup alors que ceux-ci criaient en lançant des injures au perfide homme d’affaires. Après ce tour de force, celui-ci se releva et se hâta d’en terminer en faisant connaître le même sort aux têtes qu’aux pieds. À bout de souffle, l’officier se laissa tomber à côté de la mare de sang, incapable de continuer le combat. Son corps ne pouvant accéder à ses désirs. Tandis que les quelques rescapés marins en finissaient avec les derniers flibustiers, les paupières de l’héritier des Dark se fermèrent lentement, malgré que l’aristocrate lutte pour continuer à se battre, comme conscientes que le rideau allait bientôt tomber sur cette bataille.



Quelques heures plus tard, l’homme aux cheveux noir de jais se réveilla dans un confortable lit d’infirmerie semblable à une momie avec son nombre de bandages. À son chevet, trois matelots dormaient, vautrés sur leur chaise, ayant probablement dû veiller. Combien de temps s’était écoulé depuis son évanouissement sur le champ de bataille dans la baie du Caméléon ? Voici la question qu’il se posait tout en observant la pièce rectangulaire de petite taille dans la quelle il se trouvait en tant que blessé. La porte s’ouvrit alors et laissa place au colonel de la base qui constata avec ravissement que son homologue était enfin réveillé. Souhaitant se mettre assis, une vive douleur rappela au lieutenant que sa place dans ce lit ne tenait en rien du hasard. Aussitôt, le commandant de la base Marine prit la parole :

- Vous ne devriez pas forcer, vous savez. Votre courageuse, quoique téméraire, escapade n’a pas été de tout repos. Voyez donc votre état.

- Vous avez raison. Mais au fait ! Comment se fait-il que je sois ici ?, s’empressa-t-il de demander.

- Hahaha ! Vous préféreriez être sur le champ de bataille au milieu de ces cadavres en putréfaction ? Plus sérieusement, les matelots du deuxième navire sont venus vous secourir, vous et les rares rescapés de ce combat, m’ont-ils dit. Après quoi, vous avez été immédiatement admis en soins intensifs dans notre infirmerie. Cela faisait maintenant trente-huit heures que vous dormiez. Une sacrée marmotte, n’est-ce-pas ?

- Quel est le bilan de cette bataille ?, s’enquit-il.

- Oh oui, bien sûr. J’étais certain que vous alliez me le demander à votre réveil, j’ai donc veillé à ce qu’il soit le plus exhaustif. Si ce que m’ont rapporté les survivants de votre vaisseau est exact, 280 hors-la-loi vous ont affrontés dans la baie. De leur côté,  ceux du second navire auraient coulé une soixantaine de pirates qui tentaient de s’échapper sur leur petites embarcations. Cela nous fait donc un total de 340 malfrats hors d’états de nuire. En ce qui concerne les marins, 95 soldats ont péri, tous de votre bateau, annonça-t-il.

- Je vois….. Quel échec ! Vous avoir causé tant de pertes…

- Oh non ! Au contraire, vous avez réussi à arrêter, je dirais même à éradiquer les criminels de la région, ce n’est pas un mince exploit. Certes, je déplore aussi la perte de mes hommes, je ne vous le cache pas, mais j’estime que vous avez pris la bonne décision en menant à son terme ce combat. Jamais je ne me le serais pardonné si un seul des habitants de cette île venait à être attaqué suite à une négligence de ma part. Je considère comme ma priorité absolue le bien-être et la sécurité des citoyens. Aussi, vous n’avez pas à vous en vouloir. Vous avez parfaitement accompli votre mission et avez établi une excellente tactique étant donné le terrain et le temps dont vous disposiez. Mais, assez de discours, je vous laisse vous reposer. Vous en avez bien besoin.
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