Une partie de pêche s'annonçante dangereuse

    Marcher. Vagabonder. Sur le port, trainant des pieds sur un sol plus ou moins poussiéreux. Sous cette atmosphère froide, quelques lampadaires longeant ce chemin, m'éclairent aussi bien que le fait la pleine lune qui brille majestueusement au-dessus d'Amity Island. Une île bien petite, à l'égale de ses récifs montagneux qui se logent en son centre. Des monts pas très hauts, ni très larges. Ils sont cependant entourés d'une sylve bien dense verdoyante. Je m'y suis habitué rapidement, à cet environnement. Je foule l'endroit depuis une douzaine de jours après tout. Et puis, l'île est semblable à beaucoup d'autres. Mais le port reste l'endroit que j'ai squatté, et que je squatte constamment, en espérant l'arrivée d'un homme assez généreux pour m'arracher de cette île. Hélas, rare se fait cette race humaine ces temps-ci.

    Non loin du quai, quelques habitations sont présentes. Un petit village, où règne la solidarité et une bonne entente entre chaque habitants, qui font de leur mieux pour subsister dans ce monde où tout peut arriver inopinément. "Le vagabond du port", me surnomment-ils. Il ne m'a pas fallu énormément de temps pour atteindre l'endroit. Malgré l'heure tardive, quelques personnes demeurent toujours présentes dans la grande rue pavée face à moi. La majorité semblent être sous l'emprise de l'alcool, mais là n'est pas le problème. Je marche, sur ce sol, usé par les traces de roues provoquées par les charrettes qui ont l’habitude de passer dans le coin la journée. La plupart des maisons sont constituées de bois. Certaines plus imposantes que d'autres. Les formes varient, exprimant souvent la richesse, le milieu social de l'habitacle.
    J'ai longuement marché, avant de tomber sur un bar assez spécial, qui propose non seulement des boissons alcoolisées, mais également des menus qui me semblent alléchants. Rien qu'en lisant les noms des plats, ma faim n'a fait qu'augmenter que de la salive me pend aux lèvres. Mais miséreux je le suis. Sans de quoi payer ces mets. Espérant que je pourrais manger les restes, j'entre dans ce gouffre où l'air est imbibé d'alcool. L'apparence est semblable à une taverne classique, bien portant. Un vieux barman, accoudé au bar, nettoie les verres assidument. Il me fixe indifféremment. Le gérant sans doute. Il en a le profil, ce quinquagénaire, vêtue d'un élégant costard noir. Deux hommes complétement ivres semblent toujours présents, assis à une table non très loin. Leur voix flottantes d'hommes bourrés ont l'air d’agacer le barman. Je m'assois sans plus tarder sur une chaise en bois bien haute, face à ce dernier.

    Généreux et aimable, le vieil homme m'a apporté trois plats en métal, semblables à des gamelles. La nourriture n'est pas chaude, mais je n'peux pas m'en plaindre. À vue d’œil ça reste comestible. Je n'ai pas perdu une seconde, et l'ai dégusté à une rapidité hallucinante, tel un ogre n'ayant pas mangé depuis des jours. Le ventre plein, le sommeil semble peser sur moi à présent. Juste quand je décide de me lever, les deux bonhommes enivrés, empestant l’alcool, m'abordent.

    Des heures passent. Allongé dans l'herbe froide, légèrement humide à cause de l’atmosphère de fraicheur ambiante. C'est un endroit calme et agréable pour pioncer, situé entre le port et la forêt. Un lieu fort fréquenté par les gamins quand l'astre de feu brille au-dessus de l'île. C'est ainsi, que je me pose des questions sur cette rumeur dont ont parlé Boule et Bill.

Le temps était légèrement couvert de nuages, cachant une partie du soleil. La demoiselle était au marché faire des courses pour sa mère. Regardant les différents étalages, elle surprit une conversation forte intéressante. Il y aurait sur une île non loin de Ptyx, qui aurait ouvert l'un des plus grand centres commerciaux de South Blue. Cette nouvelle faisait plaisir à Kurumu. Elle savait ce qu'elle allait faire en rentrant chez elle.
*Les courses de la vieille ça va bien cinq minutes, mais moi j'ai une journée magnifique qui m'attend.*

La fillette de quatorze ans quitta précipitamment le marché, n'achetant pas le restes des marchandises. En rentrant, elle vit une paire de chaussure inhabituel.
-"Chui rentrée."
-"Pose le sac dans la cuisine s'il te plaît. T'as rien oublié ?"

Elle posa le sac remplit de produit du marché, sans répondre à sa mère, et se précipita dans le salon. Son père y était installé sur un fauteuil en train de lire le journal. Il tourna la tête vers sa fille.
-"Bonjour Kurumu, comment vas-tu ?"
La môme lui fit la bise.
-"Je vais bien, merci."

Sa mère alla à la cuisine et vida le sac. Elle vit avec stupéfaction qu'il manquait des articles.
-"Dit voir donc Kurumu, il en manque. Pourquoi ne les as tu pas acheté ?
-"Y'en avait plus. En plus, tu devrais le savoir que je ne mange pas les endives, betteraves et compagnie."
-"Dit simplement que tu n'es pas allée voir plus loin que le bout de ton nez."
-"T'as vu ça, tu as raison..." répondit-elle ironiquement. Puis elle s'adressa à son père.
-"Papa, tu pourrais me donner de l'argent de poche s'il te plaît. Il y a un centre commercial qui a ouvert, et d'après ce que j'ai entendu, se serait le plus grand de South Blue."

Il hésita, et donna de l'argent à sa fille. Environ cinq cent mille berrys. Elle le remercia et partit, sans écouter les paroles de sa mère. Il ne lui fallait pas attendre longtemps pour trouver un bateau voyageant sur South Blue, et monta dans le premier, après avoir payé. Le voyage dura près de deux heures, la plage d'Amity Island pouvait être vu. A côté d'eux, deux navires se rapprochaient du quai, avant que l'un d'eux ne sombre dans la mer. Les hommes du bateau qui se retrouvaient dans l'eau se firent manger par une chose. Le navire où se trouvait la môme accéléra pour ne pas finir comme son collègue. Kurumu ne se soucia de rien, étant donné qu'elle était dans une chambre, en train de se reposer. Elle devait être en pleine forme pour sa séance shopping.

Le bateau jeta l'ancre, et la fillette se rua au centre commercial. Elle avait un peu de mal à courir puisqu'elle était en jupette marron clair, et portait un t-shirt beige. Son sac à main en cuire de couleur marron. Pas la peine de demander le chemin au passant, puisque le grand bâtiment se voyait à des kilomètres. Elle y arriva en y entra. Un sonnette retentit. Une foule de personnes s'approchèrent d'elle et l'une d'elle, lui remis un bon de cinquante mille berrys à dépenser dans tout le magasin.
*Il n'y a pas à dire, je suis vraiment la meilleure.*

Elle passa environ trois heures dans les boutiques avant d'aller dans un restaurant qui servait gaufres, crêpes et boissons. Cette petite pause finie, elle reprit ses achats, d'autant plus qu'elle avait déjà une dizaine de sac dans les mains. Marchant tranquillement, elle s'éloigna petit à petit du dernier magasin, quand un homme lui rapporta son sac à main. Elle le regarda, vit qu'il avait un oiseau avec lui et prit son sac sans le remercier. Kurumu voulait continuer d'acheter des vêtements pour sa garde robe, et voulait rentrer chez elle, le soir, pas avant.

    Je me retourne, avant de remarquer de l'agitation. Les gens se ruent vers une direction en commun. Une débandade dans la rue, tel un troupeau de buffles. De l'excitation, de l'impatience, se lisent à travers leur yeux. Et non la peur. Pourquoi donc ? C'est à ce moment qu'une voix atteint mes oreilles. Celle d'un homme. Je me dirige vers cette voix, pour enfin apercevoir, un petit édifice, un petit podium, supportant le poids d'un unique homme blablatant dans un Den Den Mushi, relié à des enceintes. Je le reconnais. C'est le responsable du petit village, le maire. Élégamment vêtu d'un costard noir. Sa calvitie fait briller son crâne, comme une boule de cristal sous les effets d'une lueur. Petite moustache. Un visage anormalement triangulaire, avec un double menton.

Kurumu venait d'entendre le discours du maire. Au début, elle s'en fichait, et continuait de faire des achats. Le nombre de sac ne cessait d'augmenter. Elle avait acheter pas mal de vêtements d'été, nouvelles chaussures, ainsi que des lunettes de soleil, sans oublier les quelques babioles représentant la fameuse grenouille Gekota. C'est les mains chargés de sac qu'elle alla au quai. Il se faisait tard, les boutiques étaient presque en rupture de stock, et c'est pour cela qu'elle voulait rentrer. Elle demanda à toutes les personnes présentent, si elles pouvaient l'emmener sur Ptyx. Toutes les réponses furent les même : c'était un refus. Les capitaines des navires ne connaissaient pas la cause, mais avaient entendu que de nombreux bateaux coulaient sans avoir atteint le quai.

C'était déçue que la fille à papa alla dans un petit hôtel pour y réserver une chambre pour une durée indéterminée. Elle déposa ses affaires et s'allongea sur le lit. Kurumu repensa alors aux paroles du maire Mr. Blague-en-ville.
*Je suis coincée sur cette île... Mais je serais curieuse de savoir ce qui se passe. Les autres du quai savaient rien, mais le maire de cette île est au courant. Si je veux rentrer, et pouvoir dire au revoir à papa avant qu'il ne parte, je n'ai pas le choix.*

C'était d'un pas décidée qu'elle se rendit chez le maire. Derrière elle, Kurumu regarda le coucher de soleil. Ce n'était pas aussi spectaculaire que la première fois, mais c'était agréable. La gamine trouva la mairie, et y entra. Très jolie demeure, blanche, sur les cotés, deux drapeaux représentant Amity Island. Elle poussa les deux portes marrons, et arriva dans le hall. Devant elle, il y avait un panneau d'affichage avec une flèche indiquant le bureau du maire.

Il y avait quelques choses d'étonnant, le nombre de personnes en ce lieu était de quatre. Peut-être que la population s'en fichait de ne plus pouvoir sortir de cette île. Kurumu frappa à la porte, et entra. Il y avait un pêcheur, béret marron, mal rasé, et avec un oeil de verre. Il portait une chemise à carreau rouge, ainsi qu'un short. A ses côtés, la personne qui avait rendu le sac de Kurumu, avec son oiseau sur l'épaule. Le maire avait déjà commencé à expliquer le truc. Il demanda à l'adolescente ce qu'elle faisait là.
-"Tout simplement, je veux rentrer chez moi. Mais les navigateurs refusent pour une quelconque raison. J'attend des explications."

    Cette fille. Je vois... Je savais qu'elle n’était pas d'ici. Quoiqu'il en soit, on est trois maintenant. Notre chance de vaincre le monstre ne fait que s’accroitre.

    Ensemble, guidé par le vieux maire, nous sortons de son luxueux bureau. Mais sans pour autant quitter l'édifice qui lui servait de toit. En sortant du bureau, nous empruntâmes un escalier plus ou moins sombre, qui descendait vers les sous-sols de l'établissement et semblait interminable. Qu'est-ce qui nous attendait là bas ? J'en sais rien. Une fois en bas, le maire ouvrit une porte coulissante blindé, d'un métal glacial. J'étais là, avec les deux autres candidats, à regarder le décor face à nous. L'impression d’être dans les entrailles de l'île, une sorte de caverne. On étais tous debout, sur une plateforme en métal. À une dizaine de mètres, une étendue d'eau. Mais le plus impressionnant, c'est qu'un sous-marin flottait tranquillement à la surface. Je n'aurais jamais cru qu'il existerait un endroit comme ça, ici. Sous la demeure du responsable de l'île.

Kurumu ne croyait pas à cette histoire de monstre marin qui rôderait prêt de la plage, mais ne pouvait pas rentrer chez elle, tant que cette soit disant chose était encore près d'Amity Island.
*Si je ne me mouille pas, cette histoire ne sera jamais finie. Je vais m'en occuper vite fait bien fait. Je n'ai rien contre le pêcheur, mais avec son oeil de verre, je ne suis pas sûre qu'il soit bien utile.*

La demoiselle accepta et jeta un coup d'oeil sur l'oiseau, qui était posé sur l'épaule de Kingsley.  Le maire demanda aux trois valeureux civils de le suivre. La jeune fille regarda l'homme, et ne savait pas quoi penser de lui. Il était charismatique, mais aussi, faisait penser à un sauvage. Ce trait pouvait être appuyé par les dreadlocks, par son teint mate, et plus généralement, à son physique. Seulement, Kurumu trouvait que son manteau vert kaki à fourrure était stylée et voulait le même. Elle hésita à lui demander où l'aurait-il acheté, mais elle ne voulait pas se faire mal voir par cet homme qui l'intriguait.
*Au pire, je retournerais au centre commercial, et je ferais toutes les boutiques que je n'ai pas faite pour avoir un manteau de ce genre.*

Ils marchèrent suffisamment longtemps pour que l'adolescente soit fatiguée. Après tout, passer une grosse partie de l'après midi à arpenter les magasins et à porter une dizaine de sac, était une excuse suffisante, et si des gens n'étaient pas content, c'était la même chose. Plus ils s'enfoncèrent dans les profondeurs de la mairie, et plus il faisait sombre. Le maire leur fit signe que c'était bientôt la fin du corridor et ouvrit une porte métallique. Derrière, quelques lueurs revenaient, et Kurumu distinguait un sous-marin. D'une couleur dorée et orné de hublot, ce véhicule semblait tout de même assez vieux.

Cela ne faisait pas peur à la gamine qui monta en premier. Le sous marin tanguait, mais c'était normal, après tout, il était sur l'eau. Elle s'installa à la meilleur place et dit aux autres :
-"C'est quand vous voulez, j'ai pas que ça à faire. "
Kurumu n'avait qu'une envie, voir les fonds marins, et le plus d'animaux, en espérant voir des dauphins. C'était une fille, il était normal qu'elle aime les choses mignonnes. Mais, elle voulait aussi voir des animaux insolites et super bizarre. Et pour la gamine, la crème de la crème serait de voir un épaulard, ou encore un petit cétacé. Ulyss, qui était le nom du pêcheur, prit les commande et Kurumu lui dit :
-"J'espère que tu ne vas nous faire couler. J'ai un gros doute sur tes compétences en naviguation."

Elle le laissa faire, et regarda à travers le hublot. Voyant qu'Ulyss mettais du temps à entreprendre la plongée du sous-marin, Kurumu lui dit de se dépêcher. Lentement, le véhicule s'enfonça dans l'eau, et la jeune fille regarda Kingsley avant de regarder par le hublot. Le sous-marin n'avait pas de fuite, ou autres problèmes, ce qui la rassurait. Il avançait, et sortit de la mairie, pour se retrouver en plein South Blue. Aux alentours de l'île, il n'y avait aucun animal, excepté des petits poissons sans grand intérêt.
-"Éloigne toi de la côte, sinon on y sera encore demain."

Ulyss écouta la morveuse, et prit le large. Si l'animal devait se trouver quelque part, alors il ne serait pas vers la côte. Kurumu resta la tête collée contre le hublot en attendant de voir un animal, qui pourrait la rendre heureuse. Seulement, il n'y avait rien. Le sous marin navigua plusieurs heures sans rien trouver, et la gamine fut déçue de ne pas trouver ce qu'elle cherchait tant.
-"Mais va plus en profondeur ! Si tu reste à la surface, on y sera encore. Si l'animal doit vivre quelques part, c'est bien dans les tréfonds de l'océan."

Ulyss commençait à râler devant l'ingratitude et le comportement de la gamine, mais ne disait rien. Il ne voulait pas échauffer les esprits, car ils allaient tous devoir se serrer la main, puis il vit une caverne. L'eau était très sombre, la lumière du soleil ne pouvait pas atteindre leur position, mais heureusement que le sous marin avait des feux éclairant les fonds marin.

L'ambiance n'était pas au rendez vous, mais Ulyss pénétra dans la caverne dont l'entrée était immense. Kurumu sentait la peur montée en elle : si c'était un monstre géant qui venait à les attaquer, alors ils pourraient mourir avalé par le monstre, ou alors, le sous marin pourrait se briser, et les corps exploseraient à cause de la trop forte pression. Les premières gouttes de sueurs apparurent sur le front de la jeune demoiselle. Des particules blanches pouvaient se voir à travers le hublot.

Soudain un bruit s'entendit, comme si quelque chose venait d'égratigner le sous marin. L'ado avait peur et se tint fermement à sa chaise. D'une voix hésitante, elle s'adressa à Ulyss.
-"C'était quoi ce bruit ?"
-"Oh rien de bien grave, c'est moi qui n'ait pas assez descendu, et du coup, le toit du sous marin à toucher le plafond de la caverne. Ne t'en fait pas jeune fille."
La demoiselle était rassurée, mais s'énerva auprès du pilote.
-"Que je ne m'en fasse pas ? T'es au courant que tu as ma vie entre tes mains ? Je ne veux pas mourir à quatorze ans."

Il lui dit que tout allait bien se passer, et qu'il faudrait que tous surveillent ou repèrent quelques indices permettant d'en savoir plus. Kurumu approcha sa tête vers le hublot et regardait avec attention la moindre chose susceptible de l'interpeller, quand soudain, une tête fit son apparition.
-"HAAAAAAAAA !! UNE... UNE... TÊTE !!"
Son cri résonna dans tous le sous marin, et l'ado recula du hublot et tomba.
Ulyss se retourna et vit une tête humaine, arrachée de son corps.
-"Bof, c'est rien, tu sais qu'en tant que pêcheur, j'en ai vu des choses" dit-il après avoir tiré sur sa pipe.
-"Et moi, tu sais que je m'en contrefout de ta vie. Je ne veux juste pas subir le même sort que ce gars."
Il ne semblait pas l'écouter, et reconnu la tête du gars.
-"Oh puté c'est Johnny. C'était un brave type jeune fille. Plein d'entrain et de bonne humeur."
Ulyss s'était levé, et personne n'était aux commandes. Kurumu fut choquée.
-"Mais pourquoi tu n'es pas à ta place ? Car là, le sous marin dérive. Putain, mais t'es qu'une merde !"

Il retourna à sa place, et prit les commandes, mais quelques chose arriva derrière eux.

Ce quelque chose donna un coup de museau au sous marin, qui ne répondait plus. Celui ci dérivait, et Kurumu était en panique. La môme s'accrocha fermement à son siège, se retint de crier et de verser des larmes. Elle savait que cela ne rimerait à rien, d'autant plus qu'ils étaient à plusieurs milliers de kilomètres de profondeur. Tout semblait perdue, mais un courant sauva le sous marin, puis Ulyss parvint à en reprendre le contrôle. Maintenant, il fallait sortir d'ici avant de finir dans l'estomac de l'animal.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, ils l'avaient semé, et étaient sortis de la grotte sous marine. Tous remontèrent à la surface, et accostèrent près de la côte. Lorsque la gamine posa ses pieds sur le sable, elle était encore en vie, et ça, c'était bon signe. Elle avait passé tout le temps dans la boîte de conserve à paniquer et à stresser.
-"Mais c'était quoi cette chose ?"
Ulyss s'approcha du sous marin, qui était dorénavant inutilisable et en retira une dent de plus de quinze centimètres haut.
-"C'est soit un Roi des Mers, soit un autre animal. Mais les Roi des Mers sont sur toutes les parcelles d'eau, et je ne pense pas que le maire s'en inquiète. En revanche, il doit plus se soucier des dégâts que pourrait faire le second animal. Nous devons allez à la bibliothèque et informer le maire. Allez les jeunes, c'est partit."
-"Pourquoi je te suivrais d'abord."
-"A la jeunesse, à gerber wala. Si tu veux quitter cette île, on n'a pas le choix. Allons chercher des infos les marmots".

Ulyss avait vu juste sur toute la ligne, Kurumu aurait bien voulu rentrer avant le soir, mais ça ne pourrait pas être possible. Le soleil se couchait, et l'animal rôdait encore. Ils arrivèrent à la bibliothèque, et chacun s'était séparé pour avoir plus de chance de trouver des indices, sur un animal avec une dent de quinze centimètres de haut. La demoiselle se rendit au rayon : Faune marine, mais elle hallucina devant le nombre de bouquins. Il devait y en avoir une trentaine. Elle prit les cinq premiers, s'installa à un table. Quand les pages parlaient de cétacés à petites dents, ou à fanons, la môme les survola, mais lisait de manière attentive, ce qui semblait intéressant. Pas spécialement pour sa mission donnée par le maire, mais pour son désir d'en apprendre plus.

N'ayant pas vu de dauphins, elle était obligée de regarder les images des livres. Les heures passaient, Kurumu en était à son dixième livre, et s'endormit. C'était trop. Vers les vingt trois heures, elle se fit réveiller par Ulyss, accompagné de Kingsley, ainsi que de son fameux perroquet.
-"Alors ma petite, on s'est endormie ?"
-"Si je fermais les yeux, ouais. Arrête de poser des questions comme ça. Fait moi plaisir, et dit moi que tu as trouvé un truc."
-"Cette insolence, à gerber wala. Ouais j'ai quelques trucs."
Il s'installa en face de la môme et reprit :
-"La dent appartient à un mégalodon. C'était un animal terrible, mais je n'aurais pas pensé en rencontrer un. Mais maintenant que savons ce que c'est, nous pouvons nous en occuper. Suffit que nous ayons de bons appâts, et surtout des explosifs. Allez les marmots, vous avez bien bossé. Rendez vous demain, devant la mairie vers les dix heures et demi."

Ce fut sur ces mots que Kurumu rentra à l'hôtel. Elle allait enfin pouvoir dormir et oublier ce monstre, qui sur l'image que lui avait montrer Ulyss, faisait énormément peur.

La nuit fut une horreur. Il y avait une fête sur la plage, surement un anniversaire. La musique était à fond, l'alcool coulait à flot. Les fêtards ne devaient pas avoir quelques milligrammes d'alcool dans le sang, mais beaucoup. Certains se jetaient à l'eau, pour des raisons obscurs, mais ça, c'était leur problème. Ces personnes allaient au large, sans se soucier du danger qui les guettait, et tous perdirent la vie. Les membres étaient arrachés, l'eau de couleur bleu nuit devint rouge sanguin.

Pendant ce temps, la gamine était hantée de cauchemar. Elle rêvait qu'elle était sur un bateau, et celui-ci se faisait attaquer par des requins. Toutes les personnes qui formaient un équipage anti-squale, se faisaient manger les unes après les autres. Un autre cauchemar fut qu'elle était dans son lit, au beau milieu de l'océan, et dans un de ses nouveaux pyjamas qu'elle venait d'acheter. Puis une aileron de requin se dirigeait vers elle, puis ouvrit la gueule, avalant le lit, et la jeune fille. Cette dernière arrêta de dormir, et resta éveillée jusqu'à l'aube.

Au petit matin, elle prit son petit déjeuné, et à dix heures, fit une petite promenade. Quand c'était la demi, la môme se rendit à la mairie. Kingsley et Ulyss y était déjà, et l'attendaient.
-"C'est bon, je suis là, je suis en retard, c'est pas la mort."
-"Bonjour ma p'tite demoiselle. Comment vas tu ? Bien dormi ?"
-"Ma réponse est que je prend un script sur mon visage. Tu vois pas les cernes que j'ai sous les yeux ?"
-"Oh cette jeunesse, à gerber wala."

Ils allèrent au bureau du maire, et Ulyss fit son rapport.
-"Monsieur le maire, nous savons ce qu'est cette bête. C'est un mégalodon. Espèce censé avoir disparu, il y a peu de temps de notre surface des océans. Mais ce requin y rôde encore. Nous devons fermer la plage, et éliminer cette bestiole."
-"Je comprends parfaitement ce que vous me dîtes, mais nous ne pouvons pas supprimer l'unique requin de son espèce. C'est tout simplement impossible. Je préfère qu'il reste aux larges des côtes d'Amity Island, que de le voir mourir."
-"Mais pensez donc aux vies des habitants. Ce matin, je suis passé sur la plage, et les autorités locales ont retrouvé des morceaux de corps humain sur le sable."
-"Que voulez vous. Si ça aurait été un Roi des Mers, je vous aurais dit de vous en débarrasser, mais une espèce unique... Ça ne se fera pas. Vous avez mérité votre salaire. Après tout, vous avez risqué vos vies pour me prévenir de cette fabuleuse découverte."
-"Ce maire, à gerber wala."

Ulyss et Kingsley partirent et Kurumu resta sur place. Hors de question qu'elle vive ici pour le restant de ses jours. Elle se mit face au maire, et frappa la table du poing. Ce coup lui avait fait mal.
-"C'est mort. Je veux rentrer chez moi. Je n'aime pas enlever la vie des gens, mais je n'ai pas le choix. Donc fais quelque chose ! C'est ton boulot !"
-"Jeune fille, vous me semblez à cran. Je ne reviendrais pas sur cette décision, à moins que vous vous débarrassiez de moi."
-"Je ne suis pas une tueuse."
-"De toute façon, il y a des soldats de la marine sur Amity, pour me protéger d'une éventuelle émeute. Une nouvelle élection se prépare, je dois me tenir prêt. Je suis occupé."  

Kurumu comprit qu'il voulait qu'elle s'en aille, chose qu'elle fit. En sortant de la mairie, la fillette y retrouva ses deux complices.
-"Je n'aime pas dire ce genre de chose, mais... à gerber wala. Plus sérieusement, le maire va tout faire pour protéger cet animal. Et nous ne pourront pas prendre de navire. En tant que pêcheur, je dirais bien d'attendre, mais en tant qu'ex-pirate, j'ai un plan. D'ailleurs p'tite brune, c'est de là que j'ai appris à contrôler un sous marin, et c'est aussi de là que j'ai perdu mon oeil."
Il expliqua le plan à la gamine qui était réticente à l'idée de le faire. Kidnapper la fille du maire pour le faire chanter était une mauvaise idée. Mais dans un sens, si elle voulait rentrer chez elle, la gamine n'avait pas le choix. Et ce fut elle qui s'en chargea. Le perroquet de Kingsley allait le faire remarquer, et Ulyss semblait un petit peu rond, et surtout avec un oeil en moins, il risquerait de faire échouer le plan. Tout allait se jouer aujourd'hui.

Ulyss montra à Kurumu la fille du maire, et lui dit de revenir avec elle devant sa maison. Il lui avait donné son adresse au préalable, et lui avait même montré sa cabane qui se situait près du ponton. Sa maison laissait à désirer, mais il avait son propre bateau. C'était un navire de pêche, mais la demoiselle se disait qu'avec ça, ils pourraient venir à bout du grand méchant requin. Il faisait jour, et la marine était déjà sur les lieux. Comment avait elle fait pour ne pas se faire attaquer par le requin, fut la première question que se posa la gamine. Mais comme elle n'avait pas changé depuis, elle s'en foutait, mais avait le trac. Effectuer un kidnapping d'enfant alors qu'il y avait du monde de partout, n'était pas sa tasse de thé. D'ailleurs même l'enlèvement d'enfants n'était pas quelque chose que faisait la gamine. Mais là, c'était pour la bonne cause.

Elle avait le traque, et tremblait. C'était la première fois qu'elle faisait ça, et si elle se faisait prendre, elle finirait en prison, et ne pourrait pas en sortir. La cloche de l'école sonna la fin des cours et Kurumu attendit devant le portail. Sa première idée était de faire cet horrible acte en douceur. Puis si cela ne marchait pas, elle devra utiliser la force. Quand elle la vit sortir, elle s'approcha d'elle. La gamine portait un long t-shirt rouge, qui lui arrivait au début des cuisses. Par dessus, elle portait un débardeur bleu avec un poche jaune. Des chaussures bleus, et des chaussettes qui lui arrivaient aux genoux. L'une était violette, et l'autre rouge rayée de jaune. Elle était rousse, avait des yeux marron, et surtout, conformément aux roux, elle avait des tâches de rousseur. Son prénom était Langkous.

Pipi Langkous:

Kurumu devait jouer la carte de la fille sympa et souriante, chose qu'elle n'aimait pas faire, surtout quand c'était de la comédie. Elle s'avança vers la gamine, pas plus âgée qu'elle, et entreprit une conversation.
-"Salut toi. T'es bien la fille du maire ?"
Pipi marchait et Kurumu était obligée de l'accompagner. Le stress était grandissant, mais la demoiselle tint bon.
-"Oui, pourquoi ?"
-"Heu... Ton père voulait que j'aille te chercher, pour...pour.... préparer les élections. Un truc du genre."
Elle n'était pas convaincante, et Pipi l'avait ressentit dans sa tonalité.
-"Non, je refuse. J'ai des copines à voir. Je crois que j'en ai trop dit, puisque mon papa ne veux pas que je parle avec des étrangers."

La gamine n'avait pas le choix. Malgré qu'il y avait énormément de monde, et quelques soldats de la marine, si elle ne la kidnappait pas par la force, alors ça serait trop tard. Elle transpira, essuya son front avec son bras, et passa un mouchoir imbibé de chloroforme devant le visage de Langkous, mouchoir qu'elle avait reçu de la part d'Ulyss. Quelques secondes avaient suffit pour endormir la môme, qui s'écroula au sol, sous les yeux des passants. A ce moment, Kurumu était en panique. Elle ne pouvait faire qu'une chose : mettre Pipi sur ses épaules et prendre la fuite, chose qu'elle fit.

Les habitants crièrent et demandèrent de l'aide, certains partirent à la poursuite de Kurumu, et les soldats prirent la relève. Maintenant, elle devait les semer, chose qui ne sera pas de tout repos. Pipi n'était pas trop lourde pour la gamine, ce qui lui permettait de garder son avance. Les marines ne cessèrent pas la poursuite et continuèrent de demander à la demoiselle de bien vouloir s'arrêter. Maintenant, elle se trouva au beau milieu de la ville, et prit la première petite ruelle. Seulement, les marines étaient toujours derrière elle, et commençait à flipper, puisque la môme perdait petit à petit du terrain. La demoiselle ne cessait de se retourner pour évaluer les distances et tenter de savoir si elle avait une chance ou non. Elle passa devant les portes d'un bar, et ces dernières s'ouvrirent. Non pas pour la faire entrer, mais un poivrot en sortait, et se jeta sur les marines, permettant à la gamine de s'échapper. Le gars devait avoir trois ou quatre grammes d'alcool dans le sang.

Kurumu ne le connaissait pas, et le remercia, car grâce à ce dernier, elle put se rendre au ponton, pour la suite du plan, qui n'avait pas encore été révélé.

Ulyss était ravi de voir que la gamine avait réussi sa mission : kidnapper la fille du maire. Maintenant, ils allaient enfin passer à la seconde partie de leur plan. Ulyss, avec l'aide de ses deux complices, allaient faire chanter le maire. Kingsley allait se charger de libérer Langkous, qui allait devoir appeler son père pour le prévenir qu'elle était saine et sauve, mais seulement lorsqu'il aura donné son accord. Kurumu et Ulyss devaient se rendre dans le bureau de Monsieur Blague-en-Ville pour le faire chanter. Cette partie du plan allait être la plus difficile, car le maire allait surement avoir quelques gardes à ses côtés. Par conséquent, ils seront surement obligés d'en éliminer quelques uns pour atteindre son objectif, mais ça, la gamine ne le savait pas.

A partir du kidnapping, tout allait se passer rapidement. Le pêcheur donna un escargophone à Kinsgley, et lui dit de relâcher la fille une fois qu'il lui aurait donner le signal. Ce dernier endormit une nouvelle fois la fille, et s'en alla. Le soleil était sur le point de se coucher. La ville préparait les élections, des affiches publicitaires arpentaient chaque coin de rue. L'opposant du maire actuel était un pirate, mais encore actif. Il savait qu'il n'avait pas beaucoup de chance, et se devait d'agir. Il avait déjà été voir son opposant, et l'avait menacé s'il ne déclarait pas forfait. Monsieur Blague-en-ville ne l'avait pas pris au sérieux, et refusa son offre.

Le moment était enfin venu. La demoiselle et Ulyss allèrent chez le maire. Le pêcheur avait également prit une arme à feu.
-"Alors jeune fille, prête ? Tu n'as pas à t'inquiéter, tout se passera bien."
-"Mouais... J'en suis pas sur."
-"A cette jeunesse, à gerber wala."

A la mairie, quelques gardes, et marines étaient au sol, sol qui était couvert de sang. Kurumu était inquiète, car cela n'était pas prévu dans le plan. Ulyss continua et tendit le pistolet à la gamine.
-"Tiens, tu en auras surement besoin. Pour la petite histoire, c'est surement Vlad qui est intervenu. Il voulait la place du maire, mais ce gars est un pirate, et cherchera par tous les moyens à prendre la place du chef d'Amity Island. Du coup, cette arme te permettra de te défendre."

Devant la salle du maire, ils entrèrent. Ce dernier était encore en vie, mais également surpris de les voir à cette heure ci. Contre toute attente, il était seul dans la pièce.
-"Que puis-je pour vous ? Si c'est à propos de ce requin, nous en avons déjà discuté, et je ne reviendrais pas sur cette discussion."
-"Les termes du contrat ont changé. Nous avons kidnappé votre fille. Nous la libérerons une fois que vous aurez signé un mot, comme quoi vous nous donnez la permission d'éliminer ce requin. Ne faite pas de gestes qui pourraient vous coûter la vie."
Le maire appuya sur un bouton, situé en dessous du bureau, pendant qu'Ulyss tournait la tête vers la porte, puisqu'il avait entendu des bruits de pas.
-"Hey la môme ! Prépare toi à faire feu. Tu sais t'en servir ?"
-"Un peu, mais je ne veux pas tuer de personnes."
-"Tu n'auras pas le choix. Les hommes de Vlad, et la marine arriveront surement. Met la pression au maire pour qu'il signe. Pointe lui le canon du pistolet sur la tempe."

Kurumu hésitait. Enlever la vie d'un innocent pour rentrer chez elle, ou le laisser en vie, et rester ici jusqu'à la fin. La gamine fit son choix, et écouta Ulyss.
-"Faîte le papier comme ça on en termine rapidement."
-"Je ne le ferais pas, car vous ne tirez pas."
Dans les couloirs de la mairie, des coups de feu s'entendirent. Ulyss dit à la gamine de se dépêcher d'avoir le papier, et la stressait, alors que le maire lui-même savait qu'elle serait incapable de tirer. L'adolescente avait la pression, la marine ouvrit la porte. Trois s'étaient pointés devant l'entrée du bureau, et l'un d'eux reconnu la kidnappeuse.

Devant la difficulté, Ulyss sauta par la fenêtre, avant de frapper les marines. Le bureau du maire était au rez de chaussé. De ce fait, il ne se fit pas mal, mais prévint la gamine.
-"Si tu veux rentrer sur ton île, alors tu dois te démerder pour avoir la signature du maire. Je te ramènerais s'il le faut, mais récupère le papier."
Kurumu était seule avec les marines au sol. Toujours avec le canon du pistolet sur la tempe du maire, elle appuya sur la gâchette, en fermant les yeux. La tête du maire se fracassa contre la table. Les marines tiraient, et la gamine se cacha derrière le bureau en marbre. Après cet acte affreux, elle jeta l'arme, et tâta la table à la recherche du tampon du défunt maire.

Elle fut sauvé par l'arrivée des hommes de Vlad qui tentèrent un acte désespéré, et furent stoppés par l'arrivé d'une dizaine de marines. Le débarquement qui venait de mettre fin à la tentative du pirate, permit à Kurumu de s'échapper par la fenêtre. Derechef, ils avertirent les autres marins, mais s'était trop tard, la môme venait de se faire la malle et put rejoindre Ulyss.

Quand elle arriva chez Ulyss, la jeune fille tremblait. Elle n'en revenait pas d'avoir tué quelqu'un d'important. Le pêcheur la réconforta.
-"Ce n'est rien, dit toi que cet homme préférait la vie d'un animal dangereux à celle de la population. Tu n'as fait que ton devoir... Mais trêve de bavardages. Tu as la lettre tamponnée par le maire ?"
-"Non... Mais j'ai son tampon. Suffit que nous falsifions une lettre. Mais j'ai l'impression que tu t'en fous de mon problème."
-"Bien vu Lulu. Au boulot petite. Avec mon oeil de verre, je n'y verrais rien."

La petite bourgeoise se mit au boulot car s'était la seule qui permettait une nette avancée dans le plan, permettant d'éradiquer l'unique espèce de squale encore en vie.

Une fois le papier écrit et tamponné par le cachet du maire, dérobé par la gamine, celle ci comprit que cela était inutile, puisque ce dernier était désormais mort. Mais maintenant que s'était fait, elle n'allait pas râler. D'après Ulyss, pour venir à bout du monstre marin, il faudrait quelques accessoires, tel des explosifs et de la nourriture pour attirer le mégalodon. Mais il avait déjà une petite idée de l'endroit où il pourrait se procurer ce dont il a besoin. Sa principale raison était de reprendre son train de vie du pêcheur, mais tant que cet animal rôdait autour des côtes, ça ne serait pas possible. Il demanda aux deux personnes de venir avec lui, mais Kurumu lui dit quelque chose de pas bête.
-"Tu sais que je dois être recherchée par tous les marines de l'île... Je fais comment pour sortir en ville ? Tout ça, c'est de ta faute. De toutes façons, je ne veux plus rien avoir avec toi."
-"C'est ce que tu crois... Tu dois toujours m'aider à éliminer la menace. Mais tout devrais bien se passer."
-"C'est ce que tu avais dit pour la mairie, mais j'ai dû tuer quelqu'un ! Et ça, j'ai l'impression que tu t'en fous !"
Elle lui balança le pistolet, et se mit dos à lui.
-"Si tu veux te promener, met un sac sur ta tête, on ne te reconnaîtra pas."
-"T'es drôle, laisse tomber, et qu'on en finisse vite."

Kurumu et Kingsley suivirent l'homme jusqu'à un restaurant trois étoiles. Ce n'était pas l'heure de manger, mais peut être qu'il voulait les inviter pour le franc succès de la première partie de la mission. Le problème : tout était éteint, mais le pêcheur se rendit derrière le bâtiment. Ils trouvèrent une porte, et Ulyss frappa. Un videur entre-ouvrit la porte et demanda la raison de leur venue.
-"Nous aimerons parler à vous savez qui. Dîtes lui que c'est Ulyss l'oeil de verre. Il devrait comprendre."
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit, et le garde du corps leur demanda de le suivre. Tous marchèrent jusqu'à arriver à une table ronde. Au bout, il y avait Vlad. Ulyss dit à ses alliés de le laisser faire. La demoiselle soupira, et s'assit sur une table, en tête à tête avec Kingsley. Sur la table nappée, il y avait une chandelle allumée. Ce moment embarrassait la gamine, qui détourna le regard. Pendant ce temps, le pêcheur et le pirate parlait.

-"Alors, que me veux tu ? Je n'ai pas de temps à perdre avec toi. J'ai une élection à gagner. Déjà que dans les sondages, je ne suis pas en tête."
-"Justement ! Tu vois cette fille derrière moi ? Elle a abattu ton concurrent. Par conséquent, tu es obligée de gagner. Aucun soupçons ne pèseront sur toi, puisque des marines l'ont vu. Mais pour ça, elle aimerait une cargaison d'explosifs, et des tonnes de viande. Si possible, quelques hommes pour m'aider dans ma quête. Après tout, elle t'offre la victoire, tu lui dois bien ça."
-"Tu mens ? Je ne le crois pas. Une morveuse ne peut pas avoir commis ce que tu me décris."
-"Et c'est la vérité. Tu sais que je ne te dérangerais pas pour des broutilles pareilles."
-"Je vais te croire. Tu auras ce que tu demandes demain soir. En revanche, si c'est un mensonge, tu te retrouveras au fond de la baie d'Amity Island."
-"Il faudra que tu appelles des journalistes pour que les bateaux puissent s'arrêter sur Amity. Et ça, que tu sois maire ou non. Mais ça pourrait t'arranger si tu est élu maire d'Amity. Les journalistes pourront affirmer le fait que la menace qui rôdait près de l'île est vaincue.
-"Ça marche, mais tu n'as pas intérêt à me décevoir."

La discussion terminée, Ulyss dit aux deux personnes qu'ils pouvaient disposer, et qu'ils se retrouveraient demain soir pour l'exécution du squale. Kurumu était enfin seule. Sa journée était pleine de rebondissements et voulait faire les quelques boutiques encore ouverte, pour s'acheter une petite glace du soir. Il était près de vingt deux heures, et la ville était tout de même animée. Vers la plage, elle trouva ce qu'elle chercha, et s'assit sur le sable, repensant à la chose horrible qu'elle avait fait. Le fait que la fille du maire, se retrouvait sans père, la chagrinait. Elle ne voulait pas que ça lui arrive. Entendant des bruits de pas, et croyant que c'était la marine qui la recherchait, et s'en alla précipitamment à l'hôtel. Cette fois ci, elle allait bien dormir, puisqu'elle n'avait pas de rendez vous. La nuit s'annonçait parfaite.

Kurumu devint pâle. Après avoir fini le journal, elle se leva brusquement, puis sortit du bar. Tous les témoignages la désignait comme principale suspecte. Courant dans les rues à la recherche d'Ulyss, elle tomba sur un groupe de jeune, portant chacun une planche de surf sous le bras. L'un d'eux tomba sous le charme de la brunette, dont le visage était rouge et transpirant. Il l'interpella, mais Kurumu préféra l'ignorer, jusqu'à ce qu'il lui dise qu'il connaissait son secret. A cet instant, la jeune fille s'arrêta, la tête baissée. L'individu s'avança, mais Kingsley arriva à temps. Son compagnon de route fit partir le jeune, et dit à Kurumu qu'ils devaient allez chez Ulyss, pour les préparatifs.

Ça, l'adolescente le savait, mais elle cherchait à fuir la population locale et surtout les marines, pour éviter de se faire coincer. Elle laissa son allié sur place, et reprit sa course jusqu'à la petite cabane du pirate. Quant elle arriva, Kurumu se jeta sur ce dernier.
-"Putain ! Mais tout est de ta faute et de tes plans à la con ! Toi et ton pote, avec vos témoignages à deux berrys, je suis dans la merde."
-"Ne t'en fais, tout devrait prendre fin ce soir. A la mort du squale, tu seras chez toi, et je te promets de tout mettre sur la faute d'une autre personne."
Elle le lâcha, Ulyss se releva, et la demoiselle, intriguée, lui demanda :
-"Et comment comptes tu t'y prendre ?"
-"Tout simplement, avec l'aide de Vlad. Je lui demanderais qu'il ramène une fille ayant subi un lavage de cerveau et qui croit que c'est elle qui a tué le maire. Avec ça, on lui fournit l'arme du crime, avec les empreintes de la dite fille. En prime, Vlad pourra la cueillir très facilement, et montrer à Amity Island, qu'il ferait un bon maire. C'est intéressant pour lui et pour toi. Je dois le rencontrer dans trente minutes, je me prépare, et je pars. La fille se rendra à la marine en début d'après midi."

A ces mots, il s'en alla. Kurumu n'en revenait pas. Comment une personne comme Ulyss pouvait mettre au point une stratégie, voire une réflexion si élaborée ? La brunette n'y croyait pas. Soit quelqu'un lui avait soufflé cette idée, soit c'est ce Vlad qui avait tout prévu. Mais bon, ce plan redonna le sourire à la môme. Au moins, elle n'aura plus besoin de se cacher. D'un autre côté, ça lui faisait de la peine qu'une autre personne prenne pour elle. Mais en attendant, que tout se mette en place, la jeune fille regarda la cabane d'Ulyss. La première fois, elle n'avait pas fait attention à l'espadon de trois mètres sur le mur en face du canapé abîmé. Le temps passa et Kingsley arriva. Kurumu détourna la tête et attendit le retour du pêcheur. Seulement, l'homme dans toute sa galanterie, tendit un sandwich à la fillette qui le refusa avec politesse.
*Il en met du temps...*

Ils attendirent longtemps, très longtemps, quand soudain, une porte s'ouvrit. Ulyss était enfin de retour, après avoir passé près de cinq heures dans les rues d'Amity.
-"Pas la peine de me crier dessus petite. Il a adhéré, et le plan est lancé. Maintenant patientons et attendons."
Kurumu qui s'était levée, venait de se rasseoir, et soupira. C'était la désolation. L'ambiance était morte, et l'ado avait faim. Son ventre gargouilla. Elle rougit, détourna la tête, et Kingsley lui retendit le sandwich. Cette fois ci, elle l'accepta et remercia rapidement l'homme. C'était un sandwich de marque repère, de la nourriture de bas de gamme, chose que la brunette ne mangeait pas. Soit c'était du luxe, soit des plats fait maison, avec des aliments de bonne qualité.

Les heures passaient et en début de soirée, un homme frappa à la porte. Ulyss ouvrit, et y trouva un livreur de journaux. Il en prit un, et le lança sur la gamine qui s'était assoupie. Cette dernière se leva d'un coup.
-"Tiens, regarde un peu ça."
L'adolescente ouvrit la première page.


Incroyable mais vrai ! En début d'après midi, Vlad Windworks, candidat pour le poste de maire, vient de livrer celle qui fut à l'origine du décès de Mr Blague-en-ville. La fille prénommé Noriko avoue avoir commis le meurtre. "Ce sont peut-être mes instincts d'ex-pirate qui m'ont permis de retrouver cette ignoble individu, mais maintenant Amity peut vivre en paix. La volonté du défunt maire sera perpétuée. Je vous ai prouvé une nouvelle fois que je suis quelqu'un de confiance. J'ai également des personnes sur le coup pour supprimer la menace qui rôde autour de cette île. Dans peu de temps, les navires pourront enfin accoster ou lever l'ancre. Votez pour moi ! " affirme Vlad...

-"Tu vois, tout ce passe comme sur des roulettes. Pour info, la fille qui s'est rendue avait une grosse dette envers Vlad. Notre rencontre a duré près d'une heure. Il a fallut que je le convainc d'utiliser une fille pour te sauver, mais avec les arguments que j'avais, il était presque obligé d'accepter. Il m'a suffit de dire que tu avais tué le maire, mais aussi que la livraison de la fille allait lui permettre de s'attirer les faveurs de la populace. Mais bon, il ne nous reste qu'une chose à faire : tuer ce poisson."

La demoiselle laissait faire Kingsley et Ulyss pour le chargement du navire. A bord, il y avait des filets, des seaux de sang et de viande afin d'attirer l'animal, des harpons, des fusils, et deux à trois bonbonnes de gaz. Un peu plus tard, les hommes de Vlad arrivèrent sur les lieux avec des armes, mais aussi avec un navire de pêche, qui semblait contenir les mêmes objets que le bateau d'Ulyss. Ce dernier était ravi, et ne cracha pas sur de l'aide supplémentaire. Le pêcheur à l'oeil de verre savait qu'avec la gamine et l'homme au perroquet, la défaite du monstre marin n'allait pas être simple, alors qu'avec les nouveaux arrivants, ça allait être du gâteau... Enfin, il l'espérait.

Kurumu faisait les cents pas dans la cabane d'Ulyss. Elle ne voulait pas montrer une quelconque peur. La jeune fille devenait rouge, et transpirait de plus de plus. Elle repensait à l'ignoble acte commis il y avait peu de temps. Pour tenter d'oublier, la môme se lava plusieurs fois les mains, afin d'enlever le sang du maire, mais aussi, elle se mouilla le visage.
*Peut-être que je devrais en parler à un psy ? Nan, si je lui dis que j'ai tué quelqu'un, je vais finir en prison, et je ne veux pas y aller, je suis trop jeune. Suffit juste que je pense à autre chose.*
-"Hey la sauvageonne, c'est quand tu veux !" s'exclama Ulyss qui était déjà prêt à lever l'ancre.

L'adolescente sortit, et s'installa à bord du navire. C'était un peu une sorte de bataille de finale. La petite savait qu'après cette mission, elle pourrait récupérer ses affaires à l'hôtel, puis rentrer chez sa mère.
-"T'oublies pas que tu dois me ramener chez moi. Et aussi, c'est qui eux ?" demanda-t-elle en pointant du doigt le navire qui les suivait.
-"Se sont quelques hommes de Vlad. Ils ont pour but de nous aider, car avec toi, la fille de riche, et l'autre fou qui parle avec son volatile, on n'est pas sortit de l'auberge."
-"Ah ouais, c'est sûr qu'avec un handicapé qui ne voit que d'un oeil, on allait réussir. Et aussi, faire ça alors que la nuit risque de tomber, est aussi une idée de génie..."
-"Ah cette jeunesse, à gerber."

Au large de la mer d'Amity, les hommes de Vlad lancèrent les premiers morceaux d'appâts saupoudrés de poisons, afin de le détruire de l'intérieur. Pendant ce temps, tout le monde s'était armé de fusil et de harpons, dont les flèches étaient reliées à des bouées, afin que le monstre ne puisse pas retourner dans les fonds marins. Kurumu voulait avoir une arme dans les mains, mais Ulyss le lui avait interdit pour une raison obscure. La fillette attendit donc à la cabine. Au moins, elle penserait à autre chose que la mort du maire. Continuant de répandre du sang frais en attendant l'arrivée du requin, les individus du bateau voisin se firent une partie de carte, baissant leur vigilance. La fillette se doutait de quelque chose. Alors que la lune apparaissait lentement, le bateau de pêche de Vlad tangua. Après vérification, la coque était trouée. Leur temps était compté. Le requin faisait des allers-retours et frappait avec son museau. A ce rythme, leur navire allait sombrer en quelques minutes. Tous armèrent leurs fusils et harpons puis firent feu.

Les flèches des harpons, imbibées pour certaines de tranquillisant, firent mouche, mais les effets envisagés n'était pas ceux attendu. Le bon point était que les bouées empêchaient le requin à prendre de la profondeur, mais la question était pour combien de temps. Sur les cinq personnes travaillant pour Vlad, deux tombèrent à l'eau lors d'un nouvel impact. Malheureusement pour eux, ils finirent dans l'estomac du monstre, et l'endroit où ils étaient tombés devint rouge écarlate. Kurumu avait de plus en plus peur, bien que Kingsley et Ulyss faisait du mieux pour affaiblir le monstre. Ne voulant pas que le navire du pêcheur termine comme celui de Vlad, elle alla dans la cale, afin de regarder si il n'y avait pas de trous dans la coque. Heureusement, il n'y avait rien de cassé, et tout était en règle.

A l'extérieur, ce n'était pas la même. Le squale venait de broyer littéralement le bateau de pêche. Il ne restait que le navire d'Ulyss et ses alliés en vie. L'adolescente était affolée, et accourut vers Ulyss puis lui cria dans les oreilles :
-"Putain ! Mais tu vois pas que c'est de la merde tes armes !! Fait en sorte qu'il avale les bonbonnes de gaz, et tire dedans, comme ça, c'est lui qui finit en morceau."

Ulyss trouva cette idée intéressante, mais comment pouvait-il s'y prendre pour que le requin puisse avoir dans sa gueule les fameux objets qui lui causeront sa perte ? Il regarda Kingsley qui tirait avec l'harpon, et jeta un oeil à la gamine qui paniquait. Le requin retourna à l'assaut et arracha l'arrière du bateau d'Ulyss, qui commençait à prendre la flotte.
-"HAAAAAAAAAAAAAAAAA !! IL...IL EST LA !!" cria la jeune fille en pointant l'animal, qui était d'une couleur gris-bleu, des yeux noirs globuleux, et une immense mâchoire.

C'était le moment, Ulyss demanda à Kinsgley de l'aider à pousser les appâts et les bouteilles de gaz dans la gueule de l'animal, puis de se tenir prêt à faire feu avec un fusil. Le requin était légèrement fatigué de part le nombre de balles reçues, mais aussi par le fait qu'il ne pouvait rester qu'en surface. L'animal était attiré par l'odeur du sang, et mis dans sa gueule deux bonbonnes sur trois puis Kurumu lui lança la caisse où se trouvait la viande. La gamine poussa Ulyss, et récupéra son pistolet. Si il y avait un moyen pour qu'elle oublie le meurtre de Mr. Blague-en-ville, c'était d'être à l'origine de la mort de cet elasmobranchie. Sans réfléchir, elle tira plusieurs coup de feu dans la gueule du poisson. La tête de l'animal explosa, un bruit assourdissant s'entendit, et le corps sombra au fond de l'océan. Cependant il restait une seule chose prouvant l’existence du requin : une dent qui s'était plantée sur le bateau de pêche, qui se trouvait dans un sale état.

Les trois personnes soufflèrent, mais Kurumu se dirigea vers la dent. Elle la voulait pour en avoir un souvenir. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'elle se faisait attaquer par un squale géant.
-"Hey voilà. Tout est bien qui finit bien. Je savais qu'on allait réussir. Bon, on rentre sur Amity, toi la sauvageonne, tu prends tes affaires, et je te dépose sur ton île. Quand à toi Kingsley, tu devras te débrouiller seul."
Avec l'état de leur navire, ils mirent quelques heures avant d'atteindre la terre. Mais lorsque le bateau de pêche jeta l'ancre, ce fut le moment de la séparation. Kinsgley partit de son côté, quant à l'adolescente, elle retourna à l'hôtel en traversant toute la ville, puis fit ses bagages, avant d'aller voir Ulyss.

La fillette avait une dizaine de sac, tous rempli de vêtements en tout genre. Marchant en direction des quais, elle regarda la ville une dernière fois, soulagée. La mort du requin lui enlevait le poids de la mort. Après tout, comme l'avait dit Kal, nul sacrifice, nulle victoire. Une fois aux quais, elle passa sur un ponton, qui craquait à chacun de ses pas et chercha du regard Ulyss.  Dans la nuit noire, il lui était impossible de le retrouver, mais elle entendit quelqu'un crier :
-"SAUVAGEONNE ! KURUMU ! EEEEEOOOOOOH ! PAR ICI !!"

L'adolescente se guidait avec les cris du pêcheur, tout en faisant attention à ne pas tomber dans l'eau. Seulement, avec la chance qu'elle avait, il lui fallut peu de temps avant de se retrouver trempée de la tête aux pieds. Sortant de l'eau, Kurumu trouva Ulyss.
-"Arrête de m'appeler sauvageonne. Je sais même pas pourquoi tu m'as donné ce surnom débile."
-"C'est pas trop tôt, j'ai bien cru que j'allais perdre ma voix. Elle était bonne l'eau ? Quelle température à ton avis ? Dix degrés, un peu moins ?"
-"C'est bon, fout moi la paix. Direction Ptyx."
-"C'est noté, c'est un bateau à un pote, si jamais tu veux le savoir. Au moins, je ne l'aurais pas voler, mais seulement emprunté."

Kurumu quittait lentement Amity Island. Plusieurs heures à naviguer, ils arrivèrent à destination. C'était presque le matin, et la demoiselle rentra chez elle, avant d'aller se coucher, car sur le trajet, elle avait attrapé froid. La môme écrivit sur un morceau de papier qu'elle était rentrée, afin que sa mère ne s'inquiète pas trop, puis alla dans sa chambre, pour ranger son souvenir, mais laissa ses sacs devant son bureau. Quand elle fut en pyjama, elle s'allongea dans son lit, et s'endormit directement comme un ange.