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Fuite

    Bringueballée, usée, abusée, je suis une Reine, je suis forte. Puissante sur ce vaste terrain bigarré, cruelle presque, mais encore plus terrible lorsque c’est à Elle que je sers. Alors qu’elle se targue de vouloir m’imiter, elle ne peut que disparaître dans mon ombre. Pauvre petite fille qui tente de rejoindre ce pays des grandes dames, tu n’es qu’un pion insignifiant sur le sol de ma grandeur.

    Tu peux te mouvoir Louise, toujours l’ombre du Roi pèsera sur toi. Toi, pauvre folle en quête d’une majesté qui jamais ne sera tienne. Regarde-moi, petite idiote. Admire-moi. Déteste-moi. Nous ne serons jamais égales, tu le sais. Prendre ma place sur un plateau ne fera jamais de toi une Reine. As-tu jamais renversé aucun roi ? Comment le pourrais-tu lorsque tu
    la laisses te détruire ?

    Tu es lâche. C’est un fait. Mais tu es également faible.

    C’est répugnant.

    Pauvre souillon indigne, comment peux-tu seulement oser te montrer alors que tu es incapable de résister à l’incandescence de son regard ? Tu ne t’es pas seulement liée à elle. Tu t’y es attachée. Enchaînée. A chaque pas que tu fais, ces entraves t’épuisent et marquent ta chair à vif, brident ton esprit. Quand ton regard ensorceleur se pose sur une prochaine conquête, n’est-ce pas son sourire à elle que tu vois ? Lorsque tes mains dessinent les formes d’un amant, ne sens-tu pas le galbe des seins de Wakajini ?

    Tu l’aimes. C’est dégoûtant.

    Crois-tu vraiment encore pouvoir le nier ? Même Hisoka l’a deviné d’un regard. Tu aurais dû la tuer. Pour toi, pour elle. A mesure que tu t’approches d’elle, c’est de ton Roi que tu t’éloignes. Comment pourras-tu rattraper William si tu te fais traîner en arrière par une vengeance qui n’est pas la tienne. Qu’a fait Hisoka sinon te montrer ta faiblesse ? Cet homme, ce révolutionnaire abhorré, il t’a fait un cadeau, Louise. Un cadeau plus précieux que ce que tu ne pourras jamais recevoir. Et toi, imbécile heureuse, tu l’as refusé.

    Un mois déjà que tu es repartie avec elle. Un mois entier durant lequel rien n’a changé. Tu n’as cessé de te perdre dans les incertitudes de ton propre esprit. Et moi, moi je vois tout ça. Tu n’es plus une reine, Louise. Tu as été renversée. Tu as perdu.


Dernière édition par Louise Mizuno le Lun 25 Nov 2013 - 1:33, édité 5 fois
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    Le cœur battant à tout rompre, Louise s’éveille brusquement. Sa respiration rapide et irrégulière fait écho à une angoisse qui résonne dans chaque fibre de son être. Dans la petite chambre d’hôtel, elle entend encore la voix désincarnée de son rêve.

    Tu as perdu.

    Sans pouvoir contrôler ses tremblements, elle se lève, trébuche, jusqu’à atteindre une cruche d’eau. Sans s’embarrasser, elle boit une longue rasade à même le récipient. Trop vite. Elle s’étouffe, tousse et crache quelques secondes. Elle ne se contrôle plus et elle entend le rire moqueur de la Reine qui l’observe.

    Idiote. Pauvre folle.

    La blonde ferme les yeux, tente de se ressaisir. Ce n’est qu’un cauchemar. Un simple cauchemar.

    Faible.

    Louise ouvre à nouveau les yeux, les pose sur Waka. La rousse dort profondément, inconsciente de la tempête qui s’agite dans la chambre, insensible à cette impérieuse voix qui la maudit. Elle dort sans bruit, immobile, sa respiration imperceptible. Comme si elle était morte.

    Tu l’aimes.

    Louise ne l’aime pas. Bien sûr que non. Elle s’est jurée de ne plus aimer personne. De ne plus jamais laisser quiconque avoir la moindre emprise sur elle. Et elle y est parvenue.
    Vraiment.
    Il n’y a aucune douceur dans le regard qu’elle pose sur sa compagne. Juste une vague indifférence. N’est-ce pas ?

    N’est-ce pas ?

    La blonde interroge le miroir des yeux, mais le silence seul lui répond. Le silence pesant d’une nuit trop calme dans une auberge tranquille.

    Elle a envie de hurler.

    « Ramène-moi la tête de ta charmante amie. »

    Le ton moqueur d’Hisoka s’empare du silence. S’insinue doucement dans les pensées de la jeune femme.

    Il t’a fait un cadeau.

    Un cadeau empoisonné. Un présent de mort. Si beau. Si terrible. Louise peut-elle accepter ce cadeau maintenant, ce soir ? A-t-elle seulement le droit de poser la main sur une telle créature ? Doucement, elle s’approche du corps endormi. Légère comme un soupir, elle effleure la joue de Waka, descend imperceptiblement sur sa gorge. Sa main n’est qu’un songe lorsqu’elle descend plus bas, frôlant à peine la peau pour sentir le cœur de sa compagne.

    C’est dégoûtant.

    Louise remonte sa main sur la gorge de sa partenaire. La vulnérabilité de cette gorge offerte la fait frémir. Il serait si simple de serrer les doigts. Bloquer sa respiration. La voir suffoquer. Succomber.

    Si simple d’accepter. De renoncer.

    Tu aurais dû la tuer.

    Ombre parmi les ténèbres, Louise s’éloigne finalement. Silencieuse, elle s’empare de ses quelques affaires, les fourre dans un sac et quitte la pièce. Comme cette pauvre sirène qui n’a pu se résoudre à se retourner contre celui qui l’a détruite, elle fuit, lâche, préférant s’évader au cœur des océans.

    Tu as perdu.
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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;


    A l’horizon, tout est noir, aucune étoile n’illumine le désert et les dunes sombres se font menaçantes. Ce soir, aucun poète ne chantera la beauté si particulière de ce paysage sauvage. A mesure que la nuit reprend ses droits, la température chute. Rapidement. La chaleur étouffante d’Hinu Town laisse place à l’air glacé de l’obscurité. Dans les rues, les badauds se pressent pour retrouver leur abri, pestant contre leurs vêtements trop légers. Beaucoup sont des touristes, des voyageurs, des ignorants. Comme beaucoup d’autres avant eux, ils se laissent prendre par les caprices du désert.


Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

    Devant l’immensité aride de ce paysage, une silhouette, pourtant, reste immobile. Aux portes du désert, elle ne peut se résigner à partir. La liberté est sa nouvelle prison, plus sûre encore que cette fuite perpétuelle qui l’enchaînait aux sombres recoins de sa conscience. Dissimulée dans l’ombre de l’enceinte de la Ville des Sables, la jeune femme prostrée contemple l’horizon d’un regard vide. Le regard ordinairement si vif de Louise est éteint, les yeux dépareillés si déroutants ne sont plus que le reflet des doutes de la jeune femme.


Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

    Une semaine déjà. Une semaine qu’elle a quitté Wakajini. Sans un mot, sans une excuse. Lâchement. Comme toujours. Une semaine et pourtant Louise se trouve toujours dans la capitale d’Hinu Town, incapable de se résigner à partir vraiment. Malgré elle, elle espère que la rousse la retrouve, la retienne, définitivement. Louise s’est engluée dans une toile dont elle ne peut se dépêtrer. Comme un pauvre insecte, elle a laissé Waka l’attirer dans ses filets, tisser son infâme cocon autour d’elle, la prendre au piège dans une gangue de sentiments qu’elle avait cherché à éviter jusqu’à présent.


Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

    Mais alors pourquoi ? Pourquoi ne peut-elle pas en venir à haïr celle qui se trouve responsable de son état ? Au lieu d’être animée par la haine, elle s’engonce dans un flot de doute et de questionnements. Elle s’enferme dans un sentimentalisme ridicule qui lui donne envie de frapper tous ces idiots qui portent sur elle leurs regards désolés. La souffrance est-elle donc un spectacle si plaisant qu’il pousse le premier venu à le contempler avidement, à succomber à un voyeurisme morbide ? Qu’ils s’en aillent tous ! Qu’ils se préoccupent de leur vie paisible tant qu’ils le peuvent. Que connaissent-ils de la souffrance ? Ont-ils seulement fait face à la trahison ? Ont-ils seulement trahi…


- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


    A l’horizon, tout est noir, aucune étoile n’illumine le désert et les dunes sombres se font menaçantes. Ce soir, aucun poète ne chantera la beauté si particulière de ce paysage sauvage. Ce soir non plus, Louise ne quittera pas Hinu Town.



[ ~ Charles Beaudelaire ~ ]
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    « Mademoiselle. Mademoiselle ! »
    « Hein ? »
    « Vous allez faire une insolation si vous restez là. »

    Sans comprendre, Louise cligne plusieurs fois des yeux, éblouie par le soleil éclatant. Elle ne se souvient pas s’être endormie. A croire que ses sombres pensées l’ont conduite vers un sommeil lourd de cauchemars. Au final, éveillée ou non, cela ne fait guère de différence. Elle est seule.

    « Vous allez bien ? »
    « Casse-toi. »

    Le jeune garde qui l’a trouvée là reste interdit. Lui, tout juste engagé, ne cherche qu’à aider son prochain en espérant pouvoir s’illustrer par quelque fait d’arme. Cette demoiselle en détresse n’a-t-elle pas besoin d’être secourue ? Le regard noir de la blonde le dissuade de faire une nouvelle tentative.

    « Bien. Euh… Soyez prudente… ? »

    Est-ce une injonction ou une interrogation ? Sa voix s’est perdue dans le troublant regard de Louise. Sans s’en formaliser, la chasseuse de prime se relève et regagne la ville. Le soleil n’est pas encore à son zénith, aussi la blonde suppose qu’il est encore tôt dans la matinée. Ca et là des commerçants sortent leurs marchandises, exposent leurs articles, achalandent le client. Bientôt, dans les rues, ce sera l’effervescence. Peu désireuse de s’exposer à cette animation, Louise bifurque dans une ruelle peu fréquentée. Rapidement, ses pas l’éloignent du centre de la capitale pour rejoindre les bas quartiers. Là, la nuit se termine à peine pour quelques ivrognes qui tentent vainement de rentrer chez eux en titubant. Dans l’air alourdi par la chaleur, les relents d’alcool et d’urine se font plus prégnants et tirent une grimace à Louise. L’endroit est idéal pour se perdre, mais l’air y est trop vicié pour la blonde. Avec un soupir agacé, la jeune femme tourne une nouvelle fois les talons, se décidant finalement à regagner ses quartiers.

    Après quelques minutes de marche, la blonde aperçoit la devanture de l’auberge dans laquelle elle loue une chambre. Semblable à de nombreuses autres dans lesquelles elle et Wakajini ont séjourné, Louise ne peut s’empêcher d’espérer qu’elle y trouvera sa compagne attablée devant un verre.

    Idiote.

    Machinalement, Louise plonge la main dans la poche de sa jupe pour y sentir le contact de la reine qu’elle a toujours sur elle. Le touché de la pièce d’échec l’a toujours rassurée jusque là. Aujourd’hui, il rappelle à la jeune femme qu’elle n’est qu’un pion. Chaque fois que ses doigts effleurent le bois lisse du petit objet, l’impérieuse voix de ses rêves se rappelle à elle, implacable et criante de vérité.

    Faible et lâche.

    Louise retire la main de sa poche et entre dans l’auberge.  


Dernière édition par Louise Mizuno le Jeu 28 Nov 2013 - 2:34, édité 1 fois
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Je crois que ma main me dit d'aller me faire foutre. Je la comprends. Ça ne m'étonne même pas, mais j'aurais cru qu'elle y était habituée depuis le temps. Je veux dire, c'est pas nouveau que je cogne dans un mur pour évacuer cette torpeur de l'esprit dont je ne peux me départir. Je dois pas être le genre d'homme à me faire à une idée. Je suis toujours pas habitué à me faire suivre comme mon ombre par un Cormoran bleu et aux yeux trop ronds pour être honnêtes. Sérieux, il ressemble à un putain de chibi sans expressions. Et puis je me suis toujours pas remis de la mort de ma femme. Je veux dire, ça non plus c'est pas nouveau, je le sais depuis presque trois ans, qu'elle est morte, que c'est de ma faute, que je suis qu'un bon à rien qui mériterait de crever la gueule ouverte entre les poubelles d'un troquet pour alcoolos, le nez plein des odeurs de poisson pas frais et d'urine acide. Mais non, je continue à errer dans des lieux louches, entre paires de nibars insipides et eaux de vie létales. Et à fracasser mon reflet quand je le croise. Quand je croise mes yeux qui me regardent de travers, qui me jugent. J'ai horreur des gens qui me jugent. De ces pauvres types pas mieux lotis que moi qui me prennent de haut pour me rappeler que je suis qu'un connard sans rêves ni avenir. Et mes phalanges ne se sont toujours pas faites à ces miroir. Au pire des types. Le pire d'entre tous. Celui qui peut porter un regard dégouté sur moi, me regarder droit dans les yeux et me cracher à la gueule que je suis qu'un sale con. Et mes phalanges ne se sont toujours pas faites à ces éclats de verre qui percent alors ma peau. J'en ai pourtant que faire, du sang qui perle. Des os qui craquent. Des morceaux qui entrent, tels des shrapnels. De la chair qui crie. Ce n'est qu'une juste vengeance.

Espèce de flagellant.

Ta gueule.

La porte des toilettes s'ouvre. J'en sors. Les gens me regardent bizarrement. Je n'en ai vraiment rien à foutre et ça non plus ne me surprends plus. Je remets mes lunettes sur mon nez avec un geste précautionneux. Ce serait con de faire des traces de sang sur les verres. Déjà qu'ils sont pas adaptés à ma vision. À peine à la taille de mon crâne. Sur ma droite, y'a un type qui me fixe avec un rictus mauvais. Il aurait pu me traiter de lopette, se foutre de la gueule de ma mère ou tendre un mouchoir que je l'aurais ignoré de la même manière. Alors je l'ignore. Plutôt bien d'ailleurs. Il détourne le regard. Il fait bien, mais je garde cette remarque pour moi. Je suis vraiment pas d'humeur. Je sens encore les muscles de mon épaule droite qui se contractent en de brusques spasmes saccadés. L'aubergiste me regarde comme si j'étais possédé. Je l'aurais bien ignoré, mais faut que je lui commande un autre verre. J'ai pété le précédent à cause d'une des nombreuses insultes mentales que je me balançais. Je serai jamais allé aux toilettes sinon. Je connais trop bien ça. Règle numéro 3.


Je suis l'ombre.

Tu es la lumière.

Une putain de grognasse blonde qui entre. Les cheveux rayonnants. Mais le teint maussade, la mine basse et le regard patibulaire. Comme les dizaines d'autres types dans ce rade. Comme moi. Mais pour ma décharge, moi j'ai un cormoran qui est la raison de mes coups d'oeils mauvais. J'suis pas un mauvais bougre de nature comme certains autres. C'est en tout cas ce que je me complais à penser parfois, quand que mon verre est vide et que j'ai plus une thune pour le remplir. Tout le monde ici est un peu violent, à une histoire un peu glauque. Ils sont pas tous habitués du coin, ces gars là, qui te regardent entrer comme on aurait pu admirer une danseuse en sachant pertinemment qu'elle laisserait jamais leur queue s'approcher à moins de trois mètres d'elle, même en payant le triple. On est pas forcément mauvais, on est pas forcément crades, on est pas forcément pauvres et sans domiciles. C'est juste qu'on nous accepte pas souvent dans de plus grands établissements. Ceux qui auraient plus semblé de ta prestance à toi, qui entres, comme tu entrerais n'importe où ailleurs.

Je croise ton regard.

Une putain de blondasse.

Je me détourne pour me laisser tomber sur le tabouret que le comptoir tient à offrir à ses déchets. Aussi sûr que s'il y avait une pancarte dessus qui disait qu'ils étaient réservés aux poivrots et aux moins que rien. Putain. Je ne m'étonnais même plus d'être bloqué dans cette impasse que d'autres nomment vie ; puisque je m’asseyais sur ces foutus sièges moins confortables qu'un cul de noble. Hé. Voilà une riche idée. S'assoir sur le cul d'un noble.
Toi, tu continues de t'approcher. Évidemment. Je te regarde comme on admirerait un lion en cage. De ma main gauche, j'attrape un paquet de clopes à moitié écrasés. À moitié mouillées. A moitié ensanglantées. J'en plaçai une entre mes lèvres, sans ménagements et l'allumai en grimaçant. Putain de main. Je laissai le paquet sur le comptoir. C'était chiant à attraper une fois. Je le ferai pas une deuxième. À mes pieds, une gamelle dans laquelle mon cormoran picore des graines de sésames. Je plains les portes qu'il croisera. Je l'avais même pas vu se ramener. Il se gratta le dos avec son bec -sûrement à cause d'une des nombreuses tiques du client local- et éternua. Je commandai une bouteille au ventripotent marchand d'alcool qui avait décidément la gueule de l'emploi et du stéréotype. J'ai pas la foi de me fouler à créer un lieu original. J'ai des putains de bouts de verre dans les doigts, connard.
La bouteille vient. Toi aussi.
Je lève un peu la main droite, trop rouge pour être naturelle.

Des doigts fins ou un pince serait pas de refus.


Dernière édition par Diele Timberwhite le Jeu 21 Nov 2013 - 10:32, édité 1 fois
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    Un regard mordoré. Aperçu. A peine un instant.

    La détresse. Infinie. Identique à la sienne. Sans pouvoir se maîtriser, Louise se laisse happer. Une seconde, elle se sent basculer, perdre pied, s’effondrer.

    Déjà, la sensation de vertige se dissipe. Les regards se détournent, l’un gagnant le bar, l’autre hésitant encore.

    « Tu vas bouger ton cul, pouffiasse ? »

    Sursaut. Dans son dos, une voix bourrue, un homme qui l’est tout autant. Sans ménagement, il bouscule la blonde qui bloque la porte. Louise trébuche et se reprend, laissant ses pas la guider jusqu’à Diele. Sans un mot, elle s’assoit à côté de lui, commande un verre. Dans le regard de son voisin, elle lit l’agonie de la culpabilité. Sur ses phalanges ravagées, elle comprend la violence de l’abandon. En cet illustre inconnu, elle ne peut s’empêcher de se retrouver. Misérable et détestable.

    Le verre arrive, mais ses mains tremblent lorsqu’elle tente de s’en emparer. Il ne fait pourtant pas froid. Pour avoir froid, encore faudrait-elle qu’elle puisse ressentir autre chose que sa propre médiocrité.

    Des doigts fins ou une pince serait pas de refus.

    La main se tend. Ensanglantée. Est-ce une demande ou une réponse ? Louise relève les yeux pour trouver ceux de l’inconnu. Ce regard doré qui lui rappelle le sien. Ce regard doré qui lui rappelle Waka.

    « J’ai… »

    J’ai quoi ? Les mots peinent à sortir, sa voix refuse de lui obéir.

    Rien. Elle n’a rien. Plus rien depuis Las Camp, depuis la Révolution, depuis son frère. Juste les ténèbres et le désespoir. Et la colère. Colère contre quoi ? La Révolution ? Conneries.

    « J’ai pas de pince. Démerde-toi. »

    Alors quoi ? C’est à ça qu’elle en est réduite ? Une agressivité gratuite pour palier à l’angoisse qui lui broie le cœur ? C’est d’un pathétique à pleurer. Presque autant que ce stupide cormoran, dont la présence incongrue ne parvient qu’à peine à alléger l’ambiance sinistre de l’auberge. Conne de bestiole.

    De nouveau, Louise baisse les yeux, les pose sur le poing amoché de Diele. A-t-il oublié le reste lorsqu’il a senti la chair s’arracher ? Est-ce que la douleur d’un os qui se rompt dissimule la souffrance d’un cœur qui se brise ?

    Presque à contrecœur, la jeune femme finit par détourner à nouveau les yeux. La soudaine tentation apportée par cette vision morbide l’effraie. Serrant son verre dans son poing tremblant, elle le porte à ses lèvres et l’avale d’une traite. Elle sent à peine la brûlure de l’alcool dans sa gorge. Ce remède inutile, elle en a bien trop abusé pour espérer y trouver encore un quelconque salut.

    Merde.
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Bordel, je dois bien avouer que tu es un sacré numéro derrière tes ongles longs. T'as beau avoir cette tignasse de cheveux blonds bien trop beaux pour l'endroit, t'es yeux bigarrés et tes doutes d'addict qui s'assume pas te classent direct dans le groupe des filles paumées qu'ont besoin de rien d'autre qu'un bon verre de liqueur pour chasser les torpeurs d'un esprit qu'elles n'ont pas envie d'apprivoiser. J'ai la main toujours levée lorsque tu détournes les yeux pour la deuxième fois, entre fascination et dégout. Je sais pas bien ce que tu regardes et encore moins ce que tu y vois. Mais y'a des trucs qui me font salement tiquer. Je peux supporter qu'on m'ignore. Faut dire, je le fais à tout le monde à longueur de temps et c'est le Cormoran qui doit être le plus à plaindre. C'est limite si j'oublie pas sa bouffe, certains soirs. J'suis certain qu'il se fait un petit complément alimentaire à base de détritus de poubelles et de bières vides trouvées dans le caniveau. Une boisson que même moi j'oserais pas toucher ; et Dieu sait à quel point je suis pas regardant.

J'peux supporter qu'on m'ignore, disais-je. Mais qu'on me regarde avec dégout, je t'avoue que ça me fait à peine moins mal que si je m'étais percé la poitrine avec un des tessons de verre que j'ai dans la paume. Un frisson me prend des épaules jusque dans le bas du dos et mon poing déjà meurtri se serre un peu plus sur cette blessure béante que j'arbore aux yeux de tous et surtout aux miens. Je suis pas d'humeur. Il me semblait l'avoir déjà dit. Et s'il y a une chose que je veux bien reconnaître, c'est que t'as pas le sens de l'observation. Je dois faire trois tête de plus que toi, j'ai une main éclatée et un regard sombre de ceux qu'on dégueulé leur quatre heures aux toilettes parce qu'ils l'ont mal digéré. Le genre de type qu'on évite de contrarier, surtout lorsque leur clope se consume à la vitesse de l'éclair comme chacune de ses inspiration brasse des litres cubes d'air.
Ok, je veux bien le reconnaître, c'était pas forcément ton intention, de me contrarier.

Mais y'a des trucs que je supporte pas.

Y'a des trucs que je supporte vraiment pas.

Je me redresse de toute ma hauteur, le regard sombre, la surplombant d'une bonne tête taille kingsize. Le Cormoran a disparu. Y'a de l'orage dans l'air et ce Con de Cormoran l'a vu venir. J'suis pas un violent de base, mais y'a des trucs qui m'horripilent. Putain. Encore un mot trop compliqué pour moi. Même sobre je dois pas être capable de bien le prononcer ç'ui-ci.

Si tu veux me juger regarde moi droit dans les yeux salope.

Je crache à l'aveugle le mégot qui n'a plus aucun intérêt. À mes pieds, la flaque de sang s'agrandit bien plus vite que je ne l'aurais cru. Avec un peu de chance, j'allais me taper une carence en fer. Si je pouvais en crever... J'y croyais même pas.
Mes yeux plongés dans les siens si étranges, les ombres se meuvent dans ma vision périphérique. Dans le fond de la salle deux trois types me hèlent. Comme quoi je fais des esclandres de rien du tout. C'est peut-être vrai, mais eux, on leur crache pas à la gueule d'un regard qu'ils valent pas triplette et que leurs mains détruites, on en a rien à foutre. Bordel, j'avais pourtant été aimable. Et j'étais même pas bourré. Pas trop.
Mais au moins, tu me regardes bien. Là, faut le dire, tu me lâches plus des yeux.

Je te dirai en retour que j'en ai rien à foutre de tes déboires de maniaco-depressive qui s'est faite tromper par son mec parce que ses gâteries valaient pas celles de la voisine.

Avec tout le respect que je te dois.

Et après on pourra repartir sur des bases saines.
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    Je te dirai en retour que j'en ai rien à foutre de tes déboires de maniaco-dépressive qui s'est faite tromper par son mec parce que ses gâteries valaient pas celles de la voisine.

    Le tabouret se renverse alors que Louise se redresse. Au fond de la salle, des voix s’élèvent à l’encontre de Diele. Elles tentent de calmer le jeu. Trop faibles. Derrière le comptoir, le propriétaire des lieux recule. Il tient son auberge depuis trop longtemps pour ignorer les conséquences de ce soudain éclat de violence. D’un geste de la main, il intime le silence aux autres clients. Pas besoin d’être un agent du gouvernement pour comprendre que si les deux autres en viennent aux mains, personne dans l’établissement ne pourra les arrêter.

    Et après on pourra repartir sur des bases saines.

    Le mot de trop. Sans pouvoir se maîtriser, Louise envoie son pied dans la rotule de l’homme avant de laisser son poing s’écraser contre son bas-ventre.

    Connard.

    Alors qu’elle recule pour prévenir une riposte méritée, Louise sent l’adrénaline monter en elle. Pour la première fois depuis trop longtemps, elle se sent vivante. La torpeur languide de la semaine passée s’efface au profit d’une rage terrible et simple. Si simple. Plus de tourmente, d’angoisse ou de cauchemar. Plus de voix implacable et de remords. Juste la colère.

    « Va te faire foutre, connard ! »

    Qu’est-ce qu’il croit savoir ce grand con avec son cormoran ? Avoir la main amochée et le cœur éclaté ne donne pas la science infuse. Il est le seul à juger ici, le seul à parler de ce qui ne le concerne pas.

    « T’as pas été capable de te garder la salope frigide qui te servait de vide-couille alors tu t’en prends à la première gonzesse venue ? »

    Louise aussi peut s’amuser à ce petit jeu. Elle ne connaît que trop bien la douleur de l’abandon pour en reconnaître les stigmates chez son interlocuteur. Pourtant, loin de susciter la compassion qu’on pourrait attendre, la blonde se sent de plus en plus furieuse à la vue de cet homme incapable de passer outre les épreuves de la vie. Il n’a pas le droit de se présenter à elle ainsi, de s’afficher dans sa misère totale comme si tout espoir de guérison était vain. Alors elle laisse la colère l’emporter, l’impulsion primer sur la raison. Elle oublie que, la première, elle a été chercher la présence de Diele dans cette auberge lugubre.

    « Tu veux pas que j’juge ta grande gueule d’alcoolo ? Alors commence par aller te torcher la gueule à l’acide, t’auras moins l’air d’un trou du cul. »

    Elle crie, elle se laisse aller, évacuant brutalement des jours d’une atonie malsaine.


Dernière édition par Louise Mizuno le Mer 27 Nov 2013 - 0:03, édité 1 fois
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Putain de grognasse.

À tous les coups t'as tes règles.

Je comprends pas comment un simple saignement peut-être si dévastateur pour votre entourage. Comme si tout le monde cherchait à vous piquer votre goûter dans la cour de récré ou que tous les mecs dans la rue tentaient de vous refiler leurs conneries imprimées sur papier à l'apologie de telle ou telle salle de sport. La vue du sang tous les jours ? Je sais que ça peut en chambouler plus d'un, mais bordel, toi qui doit avoir deux fois l'âge d'enfanter, tu as dû en voir du sang. Surtout au vu de la baigne que tu m'as envoyée et que j'ai pas eu ne serait-ce que le temps de penser qu'il vaudrait mieux que je l'esquive. Alors quoi ? C'est juste la sensation ? C'est n'importe quoi. Je sais bien qu'on est pas fait du même bois, vous et nous, hommes, mais j'ai la main droite qui pisse le sang, et je suis pas à cran pour autant. Enfin, pas plus à cran que d'ordinaire... Tout le monde dans cette auberge te dirait que je suis comme ça dès qu'on me marche sur ne serait-ce que un orteil. Il reste plus que deux solutions. Voire peut-être trois. C'est que c'est hormonal. Et là, je peux rien dire, j'ai pas assez d'œstrogènes dans le sang pour te dire à ta place ce que ça fait de se sentir femme qu'une seule fois par mois. Et c'est peut-être là le souci. Avoir ses règles c'est pour vous comme une piqûre de rappel de votre infériorité sur ces hommes qui ne saignent qu'après s'être foutu sur la gueule pour savoir qui a la plus grosse, comme dirait le Jack. Ou alors, c'est juste toi qu'est gouine jusqu'au sein comme une de ces pauvres filles dans les couvent et qui supporte pas ça. Peut-être même que ça fait mal, va savoir. Moi je me suis pété la main et j'ai toujours des échardes de miroir dans les doigts, je suis pas si vulgaire. Enfin, pas tant.
Et sinon y'a la dernière solution, celle que j'aime pas trop mais que je sais vraie.

Je suis qu'un connard.

Alors tu permets que je reste un peu prostré là, presque à tes genoux, tentant vainement de pas m'écrouler suite à tes frappes bien senties comme je les aime pour ne pas perdre totalement la face. Parce que merde je viens de me faire bazardé par une connasse dont je pourrais être le père. Navré de te dire ça, mais je crois que j'ai un égo qui saigne. Et bordel ouais c'est vraiment pas cool, du genre à me faire grossir les veines sur les tempes. Une putain d'hémorragie. J'crois que je saisis un peu ce que c'est que d'avoir ses règles, même si les mienne pour le coup ne sont que métaphoriques.
Et en attendant, j'ai les bourses qui se mettent en grève. Conditions de travail bla bla. Bordel de merde. T'aurais pu frapper n'importe où, hein, sérieux, j'suis vraiment pas contrariant à ce sujet. Des balles dans l'épaule ou des couteaux dans le ventre pour avoir exhalé des vapeurs d’éthanol à la tronche des mauvaises personnes, sans soucis. Mais un coup de poing dans une virilité -qu'a quelques années de retard- par une tête blonde -au sens propre comme au figuré- C'est vraiment pas mon trip. Bordel. J'sais bien que t'es une pauvre et faible femme et que t'as deux chromosomes X à compenser, mais mince, pourquoi est-ce que c'est toujours là que vous visez merde ! Est-ce qu'on vous frappe dans les seins que vous portez si haut pour qu'on louche dessus pendant que vous prenez bien le temps de viser, nous, hein ? Bordel de merde non ! Aubergiste, me regarde pas comme ça et sers moi un godet...

« T’as pas été capable de te garder la salope frigide qui te servait de vide-couilles alors tu t’en prends à la première gonzesse venue ? »

Ok.
Visiblement, le coup de couteau trop proche du cœur tu maîtrises aussi.

Non.
Tu viens juste de retirer le couteau qu'a toujours été là. Que j'avais fait exprès de laisser là pour pas que mon cœur saigne. Que je me dessèches avec les sentiments qu'auraient dégouliné pour tarir cette source qui inonde ma tête et mon corps. Cette langueur que j'entretiens depuis tant d'années à coup de remords et d'acides violences à la gloire d'anciennes amours. Ma boite de pandore personnelle où tourbillonnent les pensées, les images et les souvenirs de ma femme. De ma fille. Bordel. Niveau hémorragie tu te poses là, salope. Autant je t'aimais pas beaucoup depuis ton regard en coin que j'ai peut-être mal interprété, autant là, t'es passée dans le top direct avec ces connards de Tempiesta. Y'a avoir mal à l'égo. Y'a avoir mal aux burnes. T'as bien joué ton rôle, j'ai les deux qui me martèlent les tempes avec l'impression que chacun veut se faire la belle. Et te fais pas d'illusions, la belle c'est toi. Un compliment gratuit parce que c'est le seul que t'auras de la soirée. Parce qu'à côté, y'a avoir mal à l'âme. Oh, tu as l'air de connaître vu le ton que tu emploies face à un « trou du cul ». Je ne peux qu'approuver, j'en suis un, pas besoin de toi pour me l'apprendre, mais j'ai l'âme fragile, ma donzelle. Tu viens de me la briser.
Et toujours métaphoriquement.

Je me lève. Parce que j'ai plus vraiment d'autres alternatives. Et fini la tête de plus, laisse-moi te dominer de toute la hauteur de mon buste. Tes yeux vairons doivent se lever vers les cieux pour pouvoir soutenir mon regard orageux. Des yeux jaunes sous un toit noir. Je suppose que t'as l'impression d'avoir à faire à des éclairs. Je sais juste pas s'ils vont frapper ce soir. Et je préfère pas. J'ai encore jamais cogné de dame, Je m'en voudrais de commencer aujourd'hui pour une histoire de couilles que tu n'as même pas. Pourtant ma main se lève, immuable pour te chopper au col. Tu peux sentir l'odeur du fer jusque dans tes narines et le poisseux du sang jusque sur ta gorge que j'effleure. Et sans efforts, je te soulève avec une puissance et une violence toute maîtrisées. C'est pas forcément la plus intelligente des réponses que je t'offre, parce que tout mon corps est à ta portée, mais visiblement, j'ai choisi de t'intimer ces paroles que je te destine tout particulièrement. Il manque pas grand chose pour que l'ire emplisse mes mirettes, mais j'suis pas encore à ce stade là. J'suis un connard mais pas trop tout de même.

Ouais. Je suis un trou du cul qu'a juste été capable de laisser crever sa femme, pétasse. Une frigide qu'aurait pu te faire jouir d'un seul regard...

C'est du vécu. Je prends un simple instant pour bien sonder ton regard au moins autant empli d'émotions que le mien. Le temps que tu comprennes bien que ce que je raconte, c'est pas des conneries. J'en ai du moins pas la tronche et mes lunettes parlent presque pour moi. Dans le fond, y'a des voix qui se lèvent. Je saurais pas bien les interpréter, mais visiblement, ça retient sa respiration.

Et j'ai pas besoin d'avoir une pouffiasse dans mes pattes pour m'en prendre à quelqu'un.

Ma main l'atteste, tu le comprends.
Tes pieds doivent te sembler bien trop loin du sol. Le cormoran, non loin, t'observe avec ces yeux du cocker qu'a rien compris à la situation. Moi non plus je te lâche pas du regard. Et je retrouve dans tes yeux dépareillés une certaine beauté que la colère et la rage semblent embellir. Et bordel, j'avais dit un seul compliment.
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    « Alors j’ai visé juste. »

    Avec un rictus mauvais, Louise sent le tissu de son haut craquer dans la poigne de Diele. Dans son étreinte de fureur, l’odeur du sang l’enivre de colère. Les paroles de Diele sont dures, rongées par une culpabilité qu’elle ne connait que trop bien. Pourtant, au-delà des mots, c’est dans ce regard orageux qu’elle distingue les fêlures d’un homme brisé. Et alors qu’elle pend misérablement, ses pieds ne touchant plus le plancher, Louise se sent envahir par la satisfaction morbide de savoir qu’elle peut ruiner cet homme, qu’avec de simples paroles, elle peut le pousser à ramper devant elle en implorant le pardon.

    « Ca fait mal, hein ? Savoir que tu l’as abandonnée, que tu l’as laissée crever comme une merde. Pire. Qu’elle a souffert en t’attendant et que, jusqu’au bout, elle aura eu l’espoir de te voir débarquer. »

    Chaque mot est craché avec violence et dégoût, la voix grave de la blonde vibrant d’une émotion qui dépasse la simple rage. Elle lutte contre les mots, s’accrochant à la misère de Diele pour ne pas sombrer elle-même. Le cœur à vif, elle se débat avec son esprit, tente de garder la tête hors de l’eau comme si elle avait encore un espoir de s’en sortir. Mais elle ne se fait aucune illusion. L’espoir ce n’est pas pour les gens comme eux, encore moins pour les filles comme elle. Les salopes ne dominent pas les autres. Elles trainent dans la fange de la honte et du dégout avant de mourir comme des chiennes. Visibles par tous, ignorées par chacun. Alors elles vivent, enserrées par une lassitude qui ne demande qu’à les étouffer.

    « Maintenant, soit tu me cognes, soit tu me lâches, connard. Parce que tes histoires avec ta connasse de femme, j’en ai rien à foutre. »

    Elle ne tente pas de se défaire de la prise de Diele. Elle attend qu’il réagisse, qu’il la renverse ou qu’il abandonne. Elle n’a cure du regard avide de la foule ou de l’air abruti du cormoran. Elle sait que personne n’interviendra, trop couards pour tenter de les séparer. Peut-être se sentent-ils eux-mêmes concernés par l’histoire de Diele ou par la détresse de cette blonde dépravée. Combien ici ont sombré dans l’alcool pour oublier les épreuves de la vie ? Combien sont aussi lamentables que ces deux protagonistes en proie à leurs démons ? Louise s’en fout. Elle reste là, immobile, son regard haineux plongé dans celui de Diele.

    Cogne-moi jusqu’à ce que j’en crève.


Dernière édition par Louise Mizuno le Mar 26 Nov 2013 - 3:14, édité 1 fois
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Je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
À l'image d'une litanie qui revient toujours à moi ; comme la pédale dans le tibia. J'essaie de ne pas penser à cette question qui me déchire dans une lancinante satisfaction que j'éprouve et qui m'efface tout autant qu'elle me soulage. Qui m'étreint à tel point que j'ai l'impression d'imploser. D'éclater. Je me redresse lentement, la main plus douloureuse que jamais, les doigts tremblants d'avoir trop serré, et je tourne ces mots dans ma tête, cette prière absurde, cette onction qui jamais ne saura me protéger contre la pire des engeance, celle que j'incarne moi-même. Mais je continue de tourner cette question en boucle entre mes deux hémisphères en lutte brutale. Et ce sont pourtant ces mêmes mots qui lentement me consument. Mon foie s'embrase, puis mes tripes se tordent dans un haut le cœur nauséabond. Et mon cœur s'entredéchire. Sous ces mots que je m'intime avec ce sadisme que je connais si bien chez moi, celui que je me destine. Celui qui me dit, quand je croise mes yeux jaunes dans un miroir trop prétentieux, que je ne vaux pas plus que ces graines que j'achète pour ce Cormoran. Que je ne mérite pas ces putes que je m'offre certains soirs dans l'espoir de la faire revenir, quand je me fais poivrot. Que j'ai autant de scrupules dans le regard qu'un prêtre a de mensonges. Je me redresse toujours mais je m'effondre sous mon propre poids que je ne supporte pas et je vomis ma bière à la seule pensée pour cette question empoisonnée.

Est-ce ton nez ou ta pommette qui a cassé en premier lorsque j'ai fracassé ta tête contre le comptoir ?

Combien de fois ai-je frappé... Bordel combien de fois ai-je cogné? REPONDEZ MOI ENFOIRES DE MERDE !!!

Mais je suis trop occupé à vomir mes tripes et ma bile. Toi tu gémis, tu trembles un peu aussi toujours là, encastrée. Là. Et t'entendre râler ne fais qu'augmenter un peu plus cette rage et ce dégout que j'ai de moi-même. J'ai envie de hurler. Je hurle. Mon cri est étouffé dans un nouveau rejet silencieux. Sur ma main, ton sang a rejoint le mien. Je le vois et prends peur. Sans raisons. Autour de nous les gens se sont approchés mais sont encore trop effrayés pour faire un ou deux pas de plus. Certains sont partis appeler les secours. Toi tu cherches à te relever. Je trouve enfin ma voix et hurle encore. Et lorsqu'à genoux j'enfonce mon poing droit dans le sol de l'auberge pour l'y briser une énième fois, tous reculent un peu plus. Tous me redoutent. Tous me craignent.

Pas autant que moi

Pas autant que moi

Pas autant que moi

Pas autant

Que

Moi

Tous me haïssent pour ce que je suis, ce que j'ai fait.

Pas autant que moi

Tous me jugent.

Pas autant que moi

Pas autant que moi

Pas autant que moi

Pas autant que moi

Je ne le supporterai pas.

Je me lève, titubant. Le Cormoran a perdu toute sa superbe comique et me regarde avec ces yeux emplis de détresse. Je l'attrape par le col et laisse tomber une liasse de berrys bien trop grosse pour ma consommation. J'ai la gueule sèche. J'enjambe ce qu'il reste du comptoir éventré et vide une bouteille de la première chose qui passe à ma portée. Du Lafayette, encore. Le truc à déboucher des intestins et qu'on utilise pour faire des lavements pour les vaches. J'ai l'impression que me faire récurer tous les organes internes à la soude, mais je n'ai jamais éprouvé autant de soulagement à me détruire à l'alcool. Une drogue qui n'aide pas à faire taire cette petite voix qui me répète sans discontinuer qu'elle avait raison, que j'avais raison, et que j'étais la pire des ordure dans ce monde en proie au chaos.
Tous me regardent interdits franchir une seconde fois l'obstacle dont tu cherches à t'extraire avec l'aide d'un homme ou deux. Je n'ose même pas te regarder. Il est pas dit que j'ose regarder quelqu'un avant quelques années. Il est pas dit que j'ose pas aller me crever les yeux dès maintenant. Il est pas dit que j'aille pas chercher le premier pont pour m'y balancer. Hé. Un pont dans le désert, compte-y espèce de raclure. De crevure. D'enflure. Si j'avais une balle... Je m'éradiquerais. Si j'avais une balle.

Je choisis donc de fuir cette place détruite. Je choisis donc de fuir. Et ma litanie a changée. Les questions ont laissées place à des affirmations. Des vérités immuables. Et alors que j'enfonce la porte vers la sortie sans un regard pour le Cormoran, pour ma main en miette ou pour la jeune gouine baignant dans son sang, toute droit sortie d'un Tarantino, mes pas se calent sur un nouveau rythme.

Je me hais

Je me hais

Je me hais

Je me hais

Je me hais

Je me hais

Je me hais


...
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    Louise ne se défend pas.

    Elle a mal. Mal au cœur, mal à l’âme.

    Pas au visage. Nez éclaté, mâchoire fracturée, et alors ? Le sang coule entre les échardes et les larmes. La léthargie de l’inconscience tente de l’emporter. Elle ne maîtrise plus rien. Son corps engourdi refuse de répondre à ses ordres. Elle essaye de se relever, elle veut faire face à Diele à nouveau. Trop tard. Lui aussi a choisi la fuite. Louise n’aura pas eu le temps de le remercier.

    Elle ne va pas mourir. Les coups n’ont pas suffi. Cette chienne de vie n’en a pas fini avec elle, pas encore. Alors la blonde git là, au milieu des débris, des éclats de bois et de voix. Sur sa langue, elle reconnaît le goût d’un sang qui n’est peut-être même pas le sien, mais qu’importe.

    Elle a mal. Mal à en crever.

    « Allez mam’zelle. Z’avez pris une sacrée dérouillée mais pouvez pas rester là. L’patron va pas être content si vous continuez à r’peindre le sol en rouge. »

    Il n’y a aucune compassion dans la voix de l’homme qui l’aide à se redresser. Ses gestes ne sont pas bienveillants. Il sait. Il a compris qu’elle ne mérite pas de traitement de faveur. Avec des mouvements bourrus, sans chercher à la ménager, il la relève, la traine jusqu’à sa chambre et la laisse tomber sur le lit.

    « J’veux pas m’mêler de c’qui m’regarde pas, mais vous l’avez bien cherché quand même. »

    Elle ne peut pas répondre. Le seul son qui parvient encore à passer ses lèvres est un faible gémissement. Et même en étant expressif, un geignement ne peut pas dire va te faire foutre. Il ne peut pas non plus dire je sais, ni même pardon. Elle pourrait lui renvoyer sa misère à la gueule en un regard, mais elle n’en a pas la force. Alors elle ferme les yeux et attend que l’homme s’en aille. Que tout s’en aille. Que les ténèbres emportent la douleur et le ressentiment. Que l’inconscience lui apporte l’oubli dont sa lâcheté se nourrit.

    « Si vous avez b’soin de quelque chose, vous pouvez crier. Mais j’pense pas qu’on vous répondra. »

    La porte se ferme. L’homme s’éloigne. Elle n’en est pas tout à faire certaine. Sur le lit, la silhouette malingre de Louise se recroqueville avec douleur. Elle est seule, encore une fois. Pour toujours sans doute. Mais elle ne mourra pas aujourd’hui. Elle a encore une dernière chose à faire, une dernière personne à faire souffrir. Et après, après elle pourra s’écrouler. Sombrer pour ne plus se relever.

    Elle a mal.

    Si mal.
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