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Un meitou ... C'est parfait pour moi.

Petit pas, petit pas. Petite base de la marine sur une certaine ile. Bon, on va arrêter avec les petits, parce que ça devient lourd. Alors Yamashita habillé comme un simple mousse avance. D’un pas lent mais serein il découvre les lieux. Le soleil agresse légèrement ses yeux. Pourtant nous sommes en pleine journée, alors la raison de cela est que le soldat vient juste de faire une sieste pour être en forme.

Avec sa petite casquette de marine sur la tête, l’homme entre dans le domaine. Les locaux semblent propres, c’est déjà un bon point. Conduis dans sa chambre comme les autres recrues, Yamashita dépose ses affaires tranquillement. Une chambre pour quatre personnes avec deux superposée. Son lit lui est désigné tout comme son placard. Un petit sourire de sa part pour remercier son guide.

Le déjeuner est servi à 12h30. L’entrainement pour les nouvelles recrues est à 14h mais vous devrez vous identifiez au bureau du sergent-chef qui désignera un caporal comme tuteur et cela à 13h

A vos ordre!

Rien à dire. Au garde-à-vous. Il ne bouge pas d’un cil et attend les ordres comme un bon petit matelot. Lorsqu’il entend au repos le sabreur peut continuer d’installer ses affaires. Cela est fait rapidement. Il sort sa montre à gousset.

Tik Tak Tik Tak . . . .

Faut faire attention à ne pas sous-estimer un agent du Ciper pole. Certaines histoires mettent du temps à être résolu. D’autre se fond très rapidement. Un homme entre dans la chambre alors que le soldat est allongé. Il attend. Dans trente minutes le déjeuner sera servi. Il calcule, dix minutes avant l’heure pour arriver ni trop tôt, ni trop tard.

Ils ont finalement complété notre chambre. Bienvenue, moi c’est Matuidi.

Enchanter, moi c’est Gamon.

Attention, là c’est marrant. Enfin, pas le fait qu’il dit s’appeler Gamon, ça c’est normal pour un agent infiltré. Mais le sourire amical qu’il lance. Comme s’il voulait vraiment sourire. Ça ne se voit pas, mais c’est pas un vrai sourire. Juste une action parfaite du petit homme parfait. Voir un homme qui vous sourit est plus agréable et ça met en confiance. Les hommes qui partagent la chambre sont une source d’information non négligeable. Il en est bien conscient le petit coquin.

Innocent, blanc comme la neige. On ne le suspecterait pas d’appartenir au CP3. C’est accompagné de sa connaissance qu’il se rend au réfectoire. C’est pas les soldats qui manque, je sais pas toi mais moi j’aime pas trop quand c’est rempli de gens. La moindre erreur et c’est la honte internationale. Imagine, tu trébuches devant tout le monde lors de ton premier jour ? T’es identifié comme le mec qui ne sait pas marcher. Moi ça m’est déjà arrivé… Enfin là on parle de Yamashita. Crois pas que lui c’est le genre de mec à tomber comme ça. Je te le dis clairement. Non. Il fait la queue, prend la nourriture et s’installe. Tout ce passe à merveille sans le moindre problème.  Après tout c’est pas comme si c’est une prison l’endroit.

Tranquille, après avoir fait la connaissance des amis de son compagnon de chambre, il part au bureau. Après trois coups à la porte et pas un de plus, il n’entend rien. L’endroit est-il vide ? Peu probable mais bon. Le soldat retente sa chance. Rien à faire. Après avoir attendu droit comme un I devant la porte, sa montre lui fait signe. Enfin façon de parler, elle ne va pas lui dire t’as vu l’heure faut aller s’entrainer. Mais c’est tellement calme qu’on l’entendait crier tik et tak. Fin bon. C’est dans la cours équipé d’un joli petit bokken que se trouve le sabreur. Il n’a pas oublié le bout de bois comme d’autre novice. Lui marché tranquillement et du coin de l’œil a remarqué une pancarte n’oubliez pas votre bokken. Il faut dire que c’était bien cacher, juste derrière un mur à droite. Le temps passe et l’entrainement ne commence toujours pas.

Encore en retard...

C’est quoi ce bordel, y’en a marre ! J’ai pas rejoint la marine pour me tourner les pouces !

Les gens parlent… Le temps passe.
    … Et là, je lui ai dit « Attention mon gaillard, cette lame est un meitou ! Je vais te briser en deux ». Il m'a pas cru. Il a attaqué et j'ai cassé son sabre, net ! Il est totalement surpris. Je l'ai cogné et on l'a embarqué.

    Vous êtes très fort, sergent-chef !

    Eh oui ! Je mérite amplement ce meitou. J'utilise tout son potentiel. Bref, il est fait pour moi.

    Le vieux sergent-chef vient d'arriver dans la cour, entouré de plusieurs caporaux pris en flagrant délit d'acte de lêche bottes intensif. Mais ils s'en moquent. Ils peuvent monter haut rapidement à brosser dans le sens du poil le vieux sergent-chef Boolder.

    Spoiler:

    Enchainant les sourires heureux, il finit par capter que tout un peloton de marine le fixe. Dans leurs yeux, il sent le défi et le mépris. Il aime pas ça. Alors il s'avance fièrement, le visage transformé en un masque de dureté.

    Vous avez quelque chose à dire, les bleusailles ?

    Il y'en a un qui a l'audace de dire tout haut ce que tout le pense tout bas.

    Vous attendez depuis une demi-heure sous le cagnard ? Mais c'est des enfants de choeurs qu'on a maintenant ? Vous croyez que la marine va vous bichonner pour que vous passiez de bonnes vacances ? Mais vous rêvez, ma parole ! Si en mission, vous vous retrouvez à devoir camper sous le soleil pendant deux jours, il faudra pas venir se plaindre ! Ça sera votre boulot ! Et quand vos supérieurs ont autre chose à faire, faudra prendre votre mal en patience parce que vos supérieurs ont autre chose à faire que de vous occuper de vos jolis yeux. Z'êtes des soldats ? Oui ou non ? On ne gagne pas la guerre contre les pirates avec des mentalités comme ça !

    J'ai été comme vous ! Et j'ai fermé ma gueule pour la cause ! J'ai même servi sous les ordres de Pludbus Céldèborde ! Et même avec ça, on m'a fait confiance. On m'a donné le meitou que je porte maintenant avec fierté. Et je continue à servir la marine de tout mon être ! Vous, vous êtes rien. Z'êtes même pas encore des vrais marines. Alors, bouclez là.


    Il est très énervé. Les caporaux approuvent de la tête avec vigueur, puis avec enthousiasme quand le sergent-chef Boolder regarde leur réaction. Il y'en a un dont la prestation ne semble pas satisfaire le vieux de la vieille.

    Toi. Occupe-toi de l'entrainement. Puisqu'ils ont envie de se dégourdir les bras, qu'ils bossent jusqu'à ce que le soleil se couche. Si j'en vois un qui faiblit, il aura à faire à moi. Se plaindre et être pas capable de s'entrainer une aprèm, c'est une honte.

    Le designé d'office cache sa frustration tandis que ces collègues le méprisent du regard. Boolder s'en va, suivi de sa suite. Le caporal restant semble vouloir exprimer sa frustration en faisant de cette après-midi un enfer pour les jeunes.

    AU BOULOT DEUX PAR DEUX ! LE PREMIER QUI FAIBLIT, IL AURA DE MES NOUVELLES !
      Poua ! C’est quoi ces caporaux. Sans parler du sergent chef. Un grand n’importe quoi. Après on se demande pourquoi la marine est moins efficace dans ce secteur. En tout cas, Yamashita n’a pas bougé. Il ne s’est pas fait remarquer. Un simple soldat qui se met en position. Un bokken à la main, il le saisit à deux mains et se met face à son adversaire. Le mec du ciper pole a un style de combat particulier. Il prend son arme à l’envers d’habitude. Sauf que là, hors de question de se faire remarquer.

      A l’attaque. Il surclasse son adversaire ça c’est sur, mais là si tu regardes le combat t’as l’impression qu’ils ont le même niveau. On a vraiment l’impression que ça se tient. Tu sais pourquoi ? Parce que ce mec est entrainé à faire des mouvements parfaits en combat. Alors là il doit se concentrer pour faire de mauvaise parade, des attaques pas très efficaces.

      Rien de parfait. Mais l’imperfection est parfaitement effectuée. Le problème c’est que l’adversaire n’a pas la même endurance. Un novice qui manque d’entrainement. Le pauvre homme finit par poser un genou au sol au bout de quelques heures. D’autres sont exténués. C’est avec plaisir que le caporal vient lui remonter les bretelles. Il crache son venin comme il respire. Un comportement loin, mais très loin d’être parfait. Ce n’est pas avec des hommes comme ça que le gouvernement va atteindre la perfection.

      Caporal ! Ce n’est pas ce qu’on appelle de l’entrainement ! Les hommes n’apprennent aucune technique. De plus ce que l’on fait n’a pas tellement d’intérêt.

      J’ai pas bien entendu ! T’as dit quoi ? Répète soldat !

      Puis-je prendre en main l’entrainement Monsieur !

      HA HA HA HA ! En plus il se paye ma tronche. Tu te crois plus compétent c’est ça ? Ben montre-moi ça !

      Faut croire que ce caporal a le slip trop serré. Toujours en colère, il attrape le bokken de soldat et défie Yamashita. C’est une leçon qu’il souhaite donner pour montrer sa supériorité. La différence entre lui est les nouveaux. Mais voilà, cet idiot a mal choisi son adversaire. Le seul homme qui n’est point fatigué. Ben, faut pas rigoler avec les mecs du ciper pole. C’est pas ce genre d’entrainement que des soldats de sa trempe endurent. Pas besoin de retourner son arme et d’utilisé tout son talent à l’arme pour montrer la différence de niveau.

      A chaque attaque, l’agent trouve une faille et donne un coup au caporal. Ça devient comique. Le gradé ne comprend pas ce qui se passe. Bien évidemment il s’énerve et tous les matelots ce marre. Le bokken dans les deux mains, un puissant coup est lancé verticalement mais Yamashita pousse avec la pointe du bokken sous le bras de l’adversaire ce qui bloque le bras et le fait reculer.

      Nous devrions nous arrêter Monsieur. Je peux m’occuper des nouveaux et vous pouvez vaquer à vos occupations.

      Irréprochable. Cela dépend du point de vue. En tout cas il n’a pas agi pour simplement se mettre en avant. Si Yamashita a agi c’est parce que c’est la meilleure chose à faire pour que le gouvernement s’améliore. Les nouveaux doivent apprendre la justice et ne pas se laisser faire par des supérieurs, comment dire. Loin de la perfection. Un peu trop loin même. Tellement loin qu’ils font régresser le niveau de la marine. Ça c’est hors de question.

      Nous avons perdu une journée. Le soleil se couchera bientôt. Je propose que vous vous reposiez ce soir. Faisons nos corvées et demain un véritable entrainement aura lieu.

      Toujours la casquette de marine fixé sur sa tête. Il la retire rapidement pour remettre ses cheveux en arrière car une mèche avait déserté sa place. Dans ce mouvement, les trois femmes du groupe tombent sous le charme de cet homme qui n’affiche aucun sourire. Discret, il quitte le lieu comme n’importe quel homme.
        La nuit est tombée. Les gens dorment. Tous ? Non. Dans les couloirs, un petit groupe s'avance et avise une porte. C'est bien la bonne. C'est la tienne. Un homme commence à tambouriner contre la porte.

        Debout là-dedans ! Au garde-à-vous, est qu'ça saute !


        Il laisse trois secondes, puis il entre, allumant la lumière suivie par deux autres hommes. Des sous officiers. Dans les lits, ça grommelle à moitié excepté du côté de Yamashita ou le réveil est parfait. Trop parfait.

        Un soldat de la marine doit être prêt à n'importe quel moment ! Si vous vous faisiez attaquer maintenant, vous seriez morts !


        Il fixe les hommes à moitié endormis qui se mettent en place, mais il ne cesse de jeter des coups d'oeil à Yamashita. Le regard mauvais, il fait la grimace. Puis il le désigne.

        Toi. Dehors.

        Dehors, il y a le sergent chef, arborant une mine austère. Il est entouré par deux caporaux aux mines peu avenantes, les mains sur leurs armes, comme prêts à s'en servir. Le vieux te détaille des pieds à la tête.

        Alors c'est toi la forte tête ?

        Une question qui n'admet aucune réponse. Derrière toi, la porte se ferme pour que tes camarades de chambrée ne puissent entendre.

        On m'a raconté ton petit exploit de l'après-midi. Très fort. Très très fort. Mais mon petit, ici, c'est la marine. Et si t'as quelque chose à redire, c'est que t'es pas fait pour être marine. Un soldat obéit. Et c'était l'but de l'exercice. Obéir. Jusqu'à l'épuisement. Combattre Jusqu'à ne plus pouvoir combattre. Quand c'est la bataille, il faut dépasser ça. C'est de l'endurance et t'as beau en avoir, les autres non.

        Mais non. Monsieur préfère leur gacher leur chance de survivre. Et en plus, il transmet des valeurs de rébellions. Il est beau le monsieur. Elle va être belle la marine si tout le monde désobéit à la chaine de commandement ! Il est beau le petit marine qui fait son fier et qui sabote l'entrainement des recrues !

        Il s'approche et te pointe du doigt, directement entre les deux yeux.

        J'te préviens. Les fortes têtes, elle reste pas longtemps. Un soldat. Ça obéit. Tu veux faire l’entraînement ? Tu vas le faire. Mais tu feras exactement ce que vous avez fait aujourd'hui. Du combat. Juste du combat. Rien d'autre. Et je regarderai moi même. Si tu le fais pas, ça sera de l'insubordination. Rébellion contre l'autorité. Et je compte bien faire en sorte que tu dégages de la marine. Des comme toi, on en a pas besoin. C'est compris ?

        Il lui tapote la tête.

        C'est rentré dans ta tête ? Tu as intérêt. Je t'ai à l'oeil.


        Puis il s'en va sans un dernier regard, suivi par ces deux hommes. La porte finit par s'ouvrir et le troisième individu s'en va. À l'intérieur, tes camarades de chambrée on fait des pompes et sont en sueur. Déjà, ils te regardent d'un mauvais œil. C'est probablement à cause de ta grosse tête qu'ils ont dû faire ça.

          Finalement, le sergent part sans que l’agent fronce le moindre sourcil. Il a tout encaissé sans le moindre problème. Le combat c’est bien, mais sans apprendre ses erreurs, sans apprendre des techniques, cela devient vite inutile. Alors le lendemain, l’entrainement reprend. Que faire pour que les choses changent ? Etre le gentil soldat parfait qui obéit au doigt et à l’œil. Oui mais pas trop. Le pas trop parce qu’il va faire ce que veut le sergent chef mais en exagérant. Les combats commencent et il décide de montrer son talent. Les pauvres recrues qui l’affrontent se trouvent en deux secondes au sol.

          Obstiné. Les pauvres petits matelots encaissent et nombreux sont ceux qui ne peuvent plus tenir debout suite à la violence de Yamashita. Un monstre pour les recrues. Aucune chance de se faire renvoyer pour cela. Il exécute simplement les ordres.

          Rien à faire, si les ordres ne changent pas, il n’en restera qu’un debout. Les combats sont à sens unique et personne ne peut le contrer. Ses adversaires tremblent à l’avance. Le prochain tient à peine son bokken et se demande ce qu’il fait ici.

          Un soldat ne doit pas montrer sa peur. Il a le droit d’avoir peur, mais il doit la surpasser avec son courage. Tu es un homme, j’en suis un. Alors attaque-moi.


          Toute la force dans un coup pour le soldat. Un pas sur le côté et il dévie l’attaque puis donne un coup dans l’épaule qui l’envoie au sol.
            Un à un, les hommes sont tombés sous les parfaits assauts de Yamashita. Et alors que personne n'ose se relever, le sergent-chef Bolder apparaît lui, encadré par deux de ses  caporaux les plus sournois. Le vieil homme se caresse les mains, satisfait.

            C'est du bon travail soldat. Je suis fier de vous. Je ne manquerais pas de vous inscrire dans le haut de la liste pour que vous deveniez un fier sous-officier de la marine. Vous en avez l'étoffe après cette démonstration éloquente. J'ai peine à croire que vos futurs ex-camarades soient des hommes tellement ils ont été pitoyables.

            Le sergent-chef s'approche du plus proche homme à terre, tremblant de tout son long. Il le tape du pied, comme pour voir s'il est vivant.

            Pas terrible tout ça. Vraiment pas terrible.

            Il revient vers Yamashita, un grand sourire aux lèvres.

            Vous êtes dispensés d'entrainement pour le reste de la journée, mon ami, vous le méritez. Les autres, ils vont devoir cravacher deux fois plus fort pour rattraper la pitoyable démonstration de leur incapacité à être des vrais marines.

            Puis, il s'approche tout près de Yamashita, comme pour lui murmurer à l'oreille, faisant exprès à ce que les plus proches marines puissent l'entendre.

            Demain soir, je vous invite au mess des officiers, jeune homme. Nous avons à parler de votre grand avenir.

            Et il s'en va, riant aux éclats, rapidement suivis par ses deux associés. Le mal est fait. Terrible. Dans les yeux de toutes les marines à terre jaillissent les flammes de la haine envers celui qui les a molestés pour se faire bien voir du sergent-chef. Tout ça pour l'avancement. Encore un type totalement inhumain qui préfère monter haut plutôt que de soutenir ses amis. Et dans les heures qui suivent, la rumeur de ton diner avec le sergent-chef fait rapidement le tour des hommes. Le mépris s'installe. Et partout où tu passes, c'est l'hostilité à ton égard qui met tout le monde d'accord.
              Mauvais ou bon comportement. Peu importe. La haine d’autrui ne l’atteint pas. Les sentiments sont une chose que l’on surpasse lorsqu’on travaille pour le gouvernement mondial. Un sourire est lancé au sergent-chef.  Lorsque ce dernier lui propose de venir au mess des officiers, la fin de ces péripéties son perceptible.  Un rapport fort désagréable sur les caporaux  et le sergent-chef risque de voir le jour. Mais les choses peuvent changer. Le rapport est rédigé seulement en fin de mission. Après avoir rejoint Marie Joie. Mémoriser les choses permet d’éviter toutes preuves.

              Il est victime de bizutage. Ses vêtements toujours éclatants de blancheur se retrouvent noirs telle l’ombre. Des écritures sont visibles sur plusieurs de ses vêtements. Des insultes ou d’autre provocations. Sa réaction ? Aucune. Joué les lèche-bottes et balancer amènerer des problèmes au nouveau et ne résoudrais pas ce gros problème de cette base où le niveau des soldats chute. L’agent n’est pas énervé. Il comprend parfaitement les faits et gestes des autres. C’est troublant de voir un homme aussi serein face à toute cette haine.  Avec ses propres mains, il frotte et lave tout cela un par un.

              Suite aux bassesses des autres, l’heure du rendez-vous se rapproche. Des vêtements impeccables sont mis.  Les regards d’autrui ne l’atteignent pas. Le lion ne se préoccupe pas des mouches qui le collent. Il sait qu’elles sont là, mais bon. Ça ne le gêne pas tellement.

              Tik tak, tik tak.

              Sa montre a gousset, toujours à l’heure. L’un des souvenirs de son père. Un père connu dans toute la révolution. Une figure emblématique.  Ne nous égarons pas. Cela lui rappelle ce qu’il a fait. La marche arrière n’est plus possible. Non. Rien ne l’arrêtera. Le gouvernement mondial doit être parfait. Aucune tolérance à l’encontre des énergumènes qui, volontairement la rendent imparfaite.

              Inégalé dans cette base en matières de perfection. Une démarche lente et tranquille. Le dos bien droit. Ni à l’avance, ni en retard. C’est exactement à la seconde près que Yamashita ouvre la porte où se trouve la réunion. L’heure c’est l’heure. Avant l’heure ce n’est pas l’heure. Après l’heure ce n’est plus l’heure. Au CP on est ponctuelle ou en avance. Le retard est très sévèrement sanctionné.

              On entre avec classe histoire de montrer qu’on n’est pas un vulgaire larbin. Les portes sont poussées avec les deux mains tandis que la compagnie le dévisage. Les cheveux en arrière avec une petite mèche qui se promène à l’avant comme d’habitude. Un siège lui est assigné et c’est avec calme qu’il rejoint sa place.

              Bonjour messieurs.

              Ho Matuidi.  Vous êtes. Hum. Pile à l’heure. Prenez place.

              Non vous ne rêvez pas. L’agent effectue une petite courbette pour saluer tout le monde. Les informations vont être importantes. C’est pourquoi le visage de Yamashita est toujours aussi serein.  Comme s’il est fier de sa future promotion dans la marine. Montrer de l’assurance même s’il est détesté par tout le monde. Rien ne compte sauf la mission !
                La première partie du repas se passe sans soucis. Le sergent-chef Boolder trône au milieu de la petite compagnie comme un roi au milieu de sa cour. Et tout le monde essaie de se faire bien voir. Évidemment, certains ne cessent d'observer Yamashita, le nouveau venu qui semble avoir attiré l'oeil avare de Boolder. On le jauge. On le méprise ; c'est un adversaire comme les autres avec, ils le pensent, le désavantage d'être complètement étranger aux petites folies de Boolder.

                La nourriture est bonne. On murmure en riant que des caporaux zélés font tout ce qui est nécessaire pour approvisionner la table du sergent-chef d'une chair gouteuse. Et les sourires du vieillard font les sourires desdits caporaux. Yamashita est un invité, mais c'est à peine si Boolder s'occupe de lui. Pour lui, il est invisible. Un mur comme les autres. Il est parfait dans ce rôle. L'ironie du sort. L'intérêt de Boolder, c'est son sabre qui trône au milieu de la table. Mais gare à ceux qui oseraient le toucher : c'est un crime impardonnable. La moitié des sujets de conversation tourne autour de ce meitou. À en croire qu'il n'a que ça dans sa vie.

                Puis, les premiers commencent à partir : les rares qui n'ont pas envie de plaire à Boolder et ceux qui ont fait des gaffes qu'ils n'auraient pas dû faire. C'est mieux pour eux de fuir en espérant que le vieillard oubliera. Bientôt, il ne reste que Boolder est sa garde rapprochée. Ses fidèles. Et soudainement, l'attention se tourne vers toi. Les sourires sont mauvais. Boolder est triomphant.

                À nous, maintenant … sale petit chien !

                Par-derrière, deux hommes viennent plaquer la tête de Yamashita contre la table. Deux autres viennent aider pour maintenir en place chaque bras. Boolder s'est levé et dresse son sabre contre Yamashita. Les autres font cercle autour.

                Ahah ! Tu pensais vraiment que j'étais un vieil idiot ? J'ai vu dans ton petit jeu !

                Certains félicitent Boolder pour sa clairvoyance.

                Tu es vraiment mauvais ma parole ! Comme si j'allais gober qu'une nouvelle recrue puisse être aussi experte en combat pour s'occuper de tous les nouveaux ! C'est clair que t'es pas anodin ! T'es pas une recrue. T'es autre chose ! Et je sais qui tu es !

                Il regarde ses subordonnées avant de pointer le doigt vers toi.

                Tu es un révolutionnaire !

                Oui !

                Tu t'es infiltré dans cette base en te faisant passer pour une recrue ! Mais t'es beaucoup plus expérimenté que ça, je l'ai vu ! Et je sais ce que tu voulais faire !

                Tu voulais voler mon meitou ! À moi ! Son maitre incontestable ! Criminel !


                L'un des marines frappe Yamashita au ventre comme pour le punir. Boolder ne fait rien et se contente de sourire.

                Maintenant, mon petit, tu vas nous dire qui sont tes complices. Et tout ce que tu sais sur la révolution. Tu auras la vie sauve et tout ton corps sera à sa place. Dis-moi tout, et je te pardonnerais ton vilain désir de me voler. En échange de ma bonté, tu feras de moi un homme couvert des honneurs que je mérite !
                  Enorme ! Les hommes ici n’ont aucune dignité ou quoi ? Les têtes sont basses. Ils s’écrasent tous face au sergent-chef. Pourtant c’est un homme comme tout le monde. Lui aussi va aux toilettes plusieurs fois par jour… En tout cas, Yamashita n’est pas tellement sollicité, alors il reste tranquillement sur sa chaise. Des mouvements lents lorsque l’agent se sert. Ses yeux observent les conversations, les comportements. On pourrait croire qu’il est intimidé, mais pas du tout. Ce ne sont pas des êtres aussi imparfaits qui risque de l’inquiéter. Le problème rappelons-le, c’est ce niveau bien faible de la marine local. Le pourquoi de tout cela. Le voit-ci. Les hommes sont égoïstes.

                  Gare à celui qui fait un geste de travers ou lance une blague qui ne plait pas à l’homme qui semble vivre en seigneur sur ses terres. En tout cas, la soirée passe et les gradés se retirent petit à petit. Seuls quelques hommes restent. Les plus gros lèchent botte. Leur visage son mémoriser et ils finiront probablement dans le rapport. Soudain, une attaque. Comment doit réagir l’agent ? Dégainé et les taillés. Non, cela risque de compromettre la mission. Alors il encaisse. Son visage ne montre aucun sentiment. La froideur à l’état pur en un instant. Yamashita tente de regarder Boolder dans les yeux mais son visage est écrasé sur la table.

                  Un espion ? Félicitations. Vous êtes doué. Mais vous vous trompez sur un détail. Je suis le lieutenant Gamon Gradon. Contacter le QG de Est Blue est vous verrez. On raconte que cette base est devenue moins performante. Je me suis permis de venir pour vérifier ça avant qu’un agent du gouvernement vienne et se moque encore de nous la grande Marine !

                  Oh, la situation semble prendre une tournure intéressante. Parce que les agents du CP3 ont toujours une couverture parfaite pour faire croire qu’ils sont ce qu’ils prétendent être. Dans notre cas, un fichier parfaitement écrit a était donné au QG de Est Blue. Le lieutenant Gamon Gradon. Sournois, c’est bien un coup qui risque de déboussoler les hommes qui l’entourent.

                  Veuillez retirer vos mains maintenant.

                  Ils ne savent plus quoi faire. Obéir à cet homme qui peut très bien mentir ou alors ne pas lui donner de répit. En tout cas, le sergent-chef n’est pas stupide est heureusement.

                  Ne le lachez pas. Je vais contacter le QG. J’espère pour toi que c’est la vérité.

                  Sans un mot de plus, il fait un simple signe de tête et l’un de ses hommes courent chercher un escargophone. Le vieux voulait en dire plus mais il sait se tenir. Pas d’agression verbale car si c’est vrai il peut le regretter. La tension monte chez les marines car la tranquillité de notre agent laisse croire que tout est déjà réglé.

                  Tin, j’en ai marre de le voir se sortir de ce genre de situation toujours aisément. Ces agents du CP sont trop entrainés, trop encadrer, trop dévoué. Ce sont probablement les êtres les plus terrifiants du gouvernement. Leur vie c’est la mission et rien d’autre. Toujours obéir aux ordres sans jamais flancher.

                  Et le petit caporal arrive essoufflé avec l’animal en main. Le coup de fil est effectué.
                    Le caporal qui s’approche semble hésitant, comme si ce qu’il a entendu au travers de l’escargophone l’inquiète. Et cette inquiétude se transmet rapidement aux autres membres de la marine présents dans la pièce. Ça n’annonce rien de bon. Sur le visage du sergent-chef, un masque de peur passe, l’espace d’un instant.
                     
                    Alors ?
                    Qu’est ce qu’ils ont dit ?!
                    Ils … ils …
                    Parle !
                    Ils ont dit qu’ils n’ont personne de ce nom-là dans leur registre.
                     
                    Silence de plomb. Et oui, même si les Ciphel Pol font généralement de très bonnes couvertures, ils ne peuvent pas faire grand-chose face à la gigantesque administration de la marine qui a le chic toujours au courant avec un temps de retard, quand elle ne perd tout simplement pas les informations dans leur merveilleuse usine à gaz.
                     
                    Après, ils ont dit que ça leur disait vaguement quelque chose, il faudra attendre demain…
                     
                    Ce n’est pas grave. Le vieillard a ce qu’il espérait. Un délai. L’annonce de Yamashita l’a surpris et il s’est senti incapable de réagir correctement devant cette situation peu courante. Pour l’heure, cette réponse lui permet d’éloigner à demain le moment où il devra considérer l’homme comme ce qu’il prétend être. Et demain, il sera prêt. Un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres.
                     
                    Et bien, je me vois obligé de vous garder sous bonne garde cette nuit en attendant que l’on ait confirmation de votre identité. Si ce que vous prétendez être est vrai, je suis sûr que vous serez totalement d’accord à ce que nous vous considérions comme un vulgaire espion comme on le ferait d’habitude. Vous êtes là pour ça, non ? Juger par vous-même de nos capacités.
                     
                    Il sourit. Et les subalternes à l’instant apeurés reprennent du poil de la bête. Oui. Tant que ce n’est pas officiel, il reste un espion.
                     
                    Alors, au cachot !
                     
                    Plusieurs individus emmènent Yamashita jusqu’à sa cellule sans vraiment le ménager. Une façon de se venger sournoisement de leur peur passagère et de se faire bien voir du sergent-chef. Ils finissent par le jeter dans sa cellule exiguë en refermant la grille derrière lui. Une sentinelle est désignée pour le surveiller cette nuit.
                     
                    Hélas, celle-ci finit par s’endormir au bout d’une petite heure. Deux autres heures passent quand un homme entre, passant devant le gardien en silence. Il arrive devant la cellule de Yamashita et siffle pour attirer son attention. Une fois gagné, il lui parle en chuchotant. Plutôt petit au visage banal, il arbore un uniforme de caporal.
                     
                    Alors c’est toi l’inspecteur de la marine ? T’as pas d’veines. L’autre vieux t’aime vraiment pas. Mais tu sais quoi ? Je suis pas avec lui ! Je suis du Ciphel Pol, moi ! Ciphel Pol 2 pour être précis.
                    Alors, ça te tente de s’associer pour qu’on fasse tomber ce crétin ?
                     
                    On fait ça réglo. T’as tous les honneurs de déboulonner l’autre vieux, et moi, je récupère le Meitou. On fait croire qu’il l’a planqué quelque part. Hop ! Ni vu, ni connu ! Tout le monde pense qu’il est perdu. Et chacun est content. Ça te branche, l’ami ? Si tu marches, je me débrouille pour te sortir d’ici.
                     
                    Pas besoin de réfléchir, c’est de l’or en barre cette proposition.
                      Qu’est-ce qui prouve que l’homme est réellement du CP2. Mais ce n’est pas réellement le problème. Tout le monde sait que la marine et les agents des gouvernements sont comme chien et chat. Méfiant, Yamashita ne répond pas tout de suite. Le temps d’analyser la situation et de monter un plan parfait.

                      *L’homme n’est probablement pas un agent. Si c’était le cas, il aurait réglé cette histoire de meitou rapidement et sans aide. Sauf si c’est un débutant. Mais c’est peu probable. Deuxième hypothèse. Un caporal qui veut seulement le meitou. Peut-être un réel espion. Et dernière hypothèse. Un fidèle caporal qui teste ma réaction par rapport à l’arme. Même si je ne l’ai pas vu au diner, il se peut que le sergent-chef l’a gardé au chaud. En tout cas, l’arme fait tourner la tête des hommes de cette base… Dans tous les cas, le problème vient de l’hypothèse deux. Avec tout ce que j’ai vu, le sergent-chef va perdre son grade à coup sûr. *

                      Après mure réflexion, l’agent qui était tranquillement assis par terre au fond de la cellule se lève doucement. S’approche des barreaux et passe ses bras autour. Un signe de tête pour montrer son accord.

                      Demain nous aurons accompli nos objectifs. Ils me libéreront et nous terminerons nos missions. Va.

                      Yamashita s’allonge sur le lit et croise ses bras derrière la tête. Son plan d’action est déjà dressé. Lorsqu’il sortira de ce cachot, la fasse d'observation sera terminée et les choses sérieuses commenceront.

                        Le lendemain matin, c'est un deux lignes de marines aux tenues impeccables qui te réveillent, formant une haie d'honneur devant ta porte. Les visages sont crispés. Ce sont ceux des petits nouveaux qui ont pas hésité à se venger de toi, hier, sous les yeux des sous-officiers, histoire de se faire bien voir. Et maintenant que ta fausse identité est révélée, ils ne font plus autant les fiers que ça. Et dire que le sergent-chef a dû prendre un plaisir mesquin pour choisir ces hommes-là. Un unique plaisir qui n'illumine pas son visage lorsqu'il vient te voir, encadré par deux caporaux aux uniformes repassés pour l'occasion. Dans un grognement, il ordonne à ouvrir la grille et c'est presque à contrecœur qu'il confirme ton identité.

                        On a reçu l'appel dans la nuit, mais nous n'avons pas voulu vous déranger pendant votre nuit, Lieutenant Gradon. J'espère qu'elle a été bonne.

                        Son sourire d'excuse sonne terriblement faux.

                        Une chambre vous a été préparée dans le quartier des officiers. Vos affaires y seront transférées dans la matinée. Vous avez rendez-vous avec le chef de la base, le commandant Darlingher.

                        Ça non plus, il n'a pas l'air de l'apprécier.

                        Ils vont vous escorter. J'ai … j'ai à faire.


                        Excuse facile pour éviter de rester en ta présence. Les deux caporaux t'invitent à les suivre tandis qu'ils s'éclipsent d'un pas pressé. Dehors, la nouvelle est connue de tous et tu es observé avec beaucoup de curiosité. Que va apporter ta venue ? Cela semble déranger beaucoup de monde et intriguer les autres. Seul un est imperturbable. Le commandant Darlingher, un homme de taille moyenne au ventre imposant qui aime tailler au millimètre près sa moustache. Quelqu'un de compétent pour gérer une base, mais à la vue un peu étriquée.

                        Mais avant même que tu ne rentres dans son bureau, tu te fais bousculer sans ménagement. Tu reconnais aisément l'homme de cette nuit qui te fait un clin d'oeil. Les caporaux le réprimandent, attirant leur attention sur lui. De ton côté, tu t'aperçois qu'il t'a transmis une dizaine de papiers. Des témoignages. Des dénonciations. Anonymes, bien sûr. Ton allié soutient ton regard un instant avant de fuir les menaces des caporaux.

                        Une minute après, tu es dans le bureau du commandant. Ce dernier est solidement assis dans son fauteuil et il t'observe arriver, le visage amical. Il t'invite à t'assoir.

                        Alors, lieutenant. Que nous vaut votre visite sous le couvert d'un tel anonymat ?