- Bondurant, prends c'que tu veux pour les réparations. Laisse au moins le nécessaire. Trois gars pour l'accompagner, l'reste ici. On traine pas. Moins j'reste sur c'te île, mieux j'me porte. Voyez tous ces marines ?
J'crache dans la flotte dans laquelle j'pourrais plus m'baigner. Dans cette même flotte que j'respecte plus que tout.
- Allez, on s'bouge.
J'siffle pour donner l'ordre. Comme d'hab', c'est ma façon d'faire.
- Tout le monde a son escargophone ?
- Oui, Capitaine.
- Ouais, Mahach.
- Hoy, faudrait un peu pomper pour Bondurant. C'est Capitaine, capice ?
L'invité sourit légèrement, un peu gêné, pis j'm'éloigne dans l'port. J'gueule mais j'suis pas méchant. Enfin, j'suis plus méchant avec mes hommes. Eux aussi ont la vie dure. "Chien qui aboit ne mord pas" t'façon.
J'm'ébahis pas d'vant l'inconnu parce que déjà, j'ai déjà visité c'te ville avec Melchior plus jeune, mais t'façon, j'aime pas c'te ville. En général, c'est ici qu'tout finit, j'ai pas envie d'y passer. Alors j'vais m'chercher des cigares, et direction le bateau.
- Ah, au fait, Capitaine, il me f...
- Arrête de m'appeler Capitaine, t'es même pas l'uns des notres et même mes hommes ne m'appellent pas capitaine.
- Pourtant, je croyais. Enfin, c'est tout comme. Et puis j'aime bien.
J'soupire en haussant des épaules. Qu'est ce que tu veux que j'dise à ça ?
- Bref, Mahach, j'en aurais au moins pour deux jours à réparer tout ça. Tes hommes sont efficaces mais il y a du travail.
- Eh merde.
J'r'craille par terre, dégouté.
- Ouais, ben, fais.
Ce s'ra cigare et auberge du coup. Hors d'question que j'bouge de là. J'veux vraiment pas attirer d'emmerde ici. J'veux pas croupir en prison ou finir au billot.
Bref, j'me faufile dans les rues comme un rat, tête baissée. J'sais où j'vais, j'sais c'que j'veux. Personne n'a l'temps d'm'aborder pour m'chercher des noises. J'tombe face au magasin d'cigares préféré d'mon mentor. L'bon temps. J'aimais bien tyranniser avec originalité. Faut croire que j'me ramollis. J'vais y croire à force de m'le répéter. Mais putain qu'c'est vrai.
J'pose ma main sur le vieux bois noueux peint et repeint d'la porte. C'est l'image de mes débuts qui m'revient. Un soir pluvieux où j'ai tenu la porte à c'te filou d'Melchior, les ongles crasseux d'ma chasse d'la veille.
A peine la porte poussé qu'j'sens la fumée des cigares allumés m'encombrer les poumons. Putain, mon premier cigare. Récompensé par l'capitaine. J'me souviens d'avoir trouvé qu'ça sentait les pieds. J'arrive à m'dérider et à décrocher un sourire à ma vieille face de renfrogné. Putain quel connard, c'était donné de la confiture aux cochons.
L'vieux commerçant a pris une sacrée calque dans la gueule. Pas sur qu'il soit encore là à mon prochain passage. Il peine d'jà à t'nir debout ... Il a toujours les mêmes habits. Enfin, même si j'vois qu'son haut. Ch'mise bleue rayée et bretelles. Lunettes presque carrées. Gros foyers. Ch'veux tirés en arrière. L'oeil encore vif malgré tout.
- 'Jour.
- Ah ! J'me souviens d'tout mes clients ! T'es le p'tit merdeux du Melchior, hein ?
P'tit merdeux ? Sérieux papy ! D'l'eau a coulé d'puis !
- Euh ... ouais.
- Alors ? Toujours dans les emmerdes ?
- J'voudrais éviter.
- Hahaha ! Tu y crois, toi ? Toi la p'tite terreur !
- Code d'honneur des pirates ...
- Mais tu risques rien mon gars ! Tu donnais d'jà des coups d'poing ils têtaient les seins d'leur mère !
- Les pirates j'm'en fous. C'est la marine que j'crains.
- Hahaha ! Le jeu du chat et de la souris hein. Bon, qu'est ce qu'il te faut ?
- Une boite de douze. La bonne odeur avant l'Grand Line.
- Ha, haha ! Tu te jettes dans le grand bain, hein. Tiens, cadeau de la maison.
- Non, j'peux pas !
- Tais toi, dis toi que c'est mon cadeau d'adieu. Tu sais bien que personne n'est immortel et on ne revient pas de Grand Line comme ça !
- Merci !
J'prends sa main et la pose sur mon coeur. Ca, j'respecte. L'vieux en pleure, moi j'me tire avant qu'j'fasse de même. Putain, j'en ai vécu des choses chez lui.
J'me bouge direction l'auberge. Elle est belle quoique miteuse, j'm'en fous, ça donne un genre. L'important, c'est qu'elle est vide et c'est tant mieux, j'peux m'coucher sans histoire.
J'monte dans ma chambre, j'pose sur mon lit, avachi sur l'dos, l'cigare allumé au bec, les mains derrière la tête, sur l'oreiller. Putain qu'j'étais bien comme ça.
J'crache dans la flotte dans laquelle j'pourrais plus m'baigner. Dans cette même flotte que j'respecte plus que tout.
- Allez, on s'bouge.
J'siffle pour donner l'ordre. Comme d'hab', c'est ma façon d'faire.
- Tout le monde a son escargophone ?
- Oui, Capitaine.
- Ouais, Mahach.
- Hoy, faudrait un peu pomper pour Bondurant. C'est Capitaine, capice ?
L'invité sourit légèrement, un peu gêné, pis j'm'éloigne dans l'port. J'gueule mais j'suis pas méchant. Enfin, j'suis plus méchant avec mes hommes. Eux aussi ont la vie dure. "Chien qui aboit ne mord pas" t'façon.
J'm'ébahis pas d'vant l'inconnu parce que déjà, j'ai déjà visité c'te ville avec Melchior plus jeune, mais t'façon, j'aime pas c'te ville. En général, c'est ici qu'tout finit, j'ai pas envie d'y passer. Alors j'vais m'chercher des cigares, et direction le bateau.
- Ah, au fait, Capitaine, il me f...
- Arrête de m'appeler Capitaine, t'es même pas l'uns des notres et même mes hommes ne m'appellent pas capitaine.
- Pourtant, je croyais. Enfin, c'est tout comme. Et puis j'aime bien.
J'soupire en haussant des épaules. Qu'est ce que tu veux que j'dise à ça ?
- Bref, Mahach, j'en aurais au moins pour deux jours à réparer tout ça. Tes hommes sont efficaces mais il y a du travail.
- Eh merde.
J'r'craille par terre, dégouté.
- Ouais, ben, fais.
Ce s'ra cigare et auberge du coup. Hors d'question que j'bouge de là. J'veux vraiment pas attirer d'emmerde ici. J'veux pas croupir en prison ou finir au billot.
Bref, j'me faufile dans les rues comme un rat, tête baissée. J'sais où j'vais, j'sais c'que j'veux. Personne n'a l'temps d'm'aborder pour m'chercher des noises. J'tombe face au magasin d'cigares préféré d'mon mentor. L'bon temps. J'aimais bien tyranniser avec originalité. Faut croire que j'me ramollis. J'vais y croire à force de m'le répéter. Mais putain qu'c'est vrai.
J'pose ma main sur le vieux bois noueux peint et repeint d'la porte. C'est l'image de mes débuts qui m'revient. Un soir pluvieux où j'ai tenu la porte à c'te filou d'Melchior, les ongles crasseux d'ma chasse d'la veille.
A peine la porte poussé qu'j'sens la fumée des cigares allumés m'encombrer les poumons. Putain, mon premier cigare. Récompensé par l'capitaine. J'me souviens d'avoir trouvé qu'ça sentait les pieds. J'arrive à m'dérider et à décrocher un sourire à ma vieille face de renfrogné. Putain quel connard, c'était donné de la confiture aux cochons.
L'vieux commerçant a pris une sacrée calque dans la gueule. Pas sur qu'il soit encore là à mon prochain passage. Il peine d'jà à t'nir debout ... Il a toujours les mêmes habits. Enfin, même si j'vois qu'son haut. Ch'mise bleue rayée et bretelles. Lunettes presque carrées. Gros foyers. Ch'veux tirés en arrière. L'oeil encore vif malgré tout.
- 'Jour.
- Ah ! J'me souviens d'tout mes clients ! T'es le p'tit merdeux du Melchior, hein ?
P'tit merdeux ? Sérieux papy ! D'l'eau a coulé d'puis !
- Euh ... ouais.
- Alors ? Toujours dans les emmerdes ?
- J'voudrais éviter.
- Hahaha ! Tu y crois, toi ? Toi la p'tite terreur !
- Code d'honneur des pirates ...
- Mais tu risques rien mon gars ! Tu donnais d'jà des coups d'poing ils têtaient les seins d'leur mère !
- Les pirates j'm'en fous. C'est la marine que j'crains.
- Hahaha ! Le jeu du chat et de la souris hein. Bon, qu'est ce qu'il te faut ?
- Une boite de douze. La bonne odeur avant l'Grand Line.
- Ha, haha ! Tu te jettes dans le grand bain, hein. Tiens, cadeau de la maison.
- Non, j'peux pas !
- Tais toi, dis toi que c'est mon cadeau d'adieu. Tu sais bien que personne n'est immortel et on ne revient pas de Grand Line comme ça !
- Merci !
J'prends sa main et la pose sur mon coeur. Ca, j'respecte. L'vieux en pleure, moi j'me tire avant qu'j'fasse de même. Putain, j'en ai vécu des choses chez lui.
J'me bouge direction l'auberge. Elle est belle quoique miteuse, j'm'en fous, ça donne un genre. L'important, c'est qu'elle est vide et c'est tant mieux, j'peux m'coucher sans histoire.
J'monte dans ma chambre, j'pose sur mon lit, avachi sur l'dos, l'cigare allumé au bec, les mains derrière la tête, sur l'oreiller. Putain qu'j'étais bien comme ça.