Sons et lumières sur l'île aux esclaves

Le commandant Späre souffre d'un problème de surdité sélective : il n'entend pas tout ce qui ressemble de près ou de loin à une insulte ou une critique du moment qu'elle lui soit adressée personnellement, ce qui aurait pu lui donner pas mal de fil à retordre au cours de sa vie s'il ne s'était pas très tôt construit un sens de la probité absolu et incorruptible.
Vétéran de première ligne ayant traversé de bien nombreuses batailles sanglantes, Sourde Oreille est un homme qui n'a jamais perdu foi en sa mission malgré la violence injustifiable desdites batailles, dont la dernière lui coûta un bras. Raison même de sa nomination sur l'île aux esclaves, sur laquelle il a su se faire très rapidement aimer de ses hommes en les aidant à mettre au clair les raisons de leur présence sur l'île. Pour Späre, l'armée doit protéger les côtes ; non pas pour justifier un trafic odieux, mais pour préserver la vie des hommes, qu'ils soient matons ou esclaves. Si des audacieux parvenaient à libérer ces derniers sans la moindre violence, il est très clair pour Späre que rien ne l'obligerait à lever le petit doigt. Et cela, il serait tout à fait prêt à le défendre devant une cour martiale. L'humiliation possible qui en résulterait ne le toucherait pas, de toutes manières. Il est complètement sourd et hermétique aux injures, et la foi qu'il met dans ses actes est infinie.

Ce gothique narcissique et maniaque de la propreté se considère comme un poète incompris. Ecumant les flots à la recherche d'exclus, de désespérés et de misérables, il leur donne l'opportunité de donner un sens à leur existence... en les mettant au service de ces dégénérés de dragons célestes. Ces derniers représentent à ses yeux ce qu'il fantasme d'être : un surhomme haut-perché au pouvoir absolu sur tout être vivant, pouvant transformer en un claquement de doigt un homme libre en son serviteur pour la vie. Un des premiers capitaines à avoir rejoint la WWC, il est aussi l'un des premiers à s'être détachés des tenyuubitos. Trop imbu de lui-même pour accepter la dépendance à une organisation, il veut monter son propre business d'esclaves.

C'est un esclavagiste doué. Bon stratège, il a un sens des affaires aiguisé, et est fin manipulateur. Il n'est pas rare qu'il parvienne à réduire tout un village à l'esclavage sans avoir recours à la force. Prendre en otage les familles, empoisonner les réserves d'eau, brûler les demeures pour que ses victimes n'aient plus nulle part où aller, tout les moyens sont bons pour soumettre un homme à bonne valeur marchande.
Son sens du spectacle douteux est très efficace et il adore jouer à se faire passer pour quelqu'un qu'il n'est pas. Jouer la comédie est son passe-temps favori, au grand dam de son équipage, exaspéré par ses lubies théâtrales. Il est coutume sur son rafiot qu'il se travestisse puis qu'il fasse la revue de ses hommes en leur demandant un à un à quel point il est sexy déguisé en infirmière. Beurk.

Le coquin aime aussi le challenge, et s'attaque régulièrement à de trop gros poissons pour lui. Il se prend régulièrement de grosses roustes, aussi, du coup, mais s'en tire toujours vivant grâce à une chance insolente : y a pas de justice.

Plutôt fort, mais pas tant que ça. Il manipule avec grâce une rapière imbibée d'un poison paralysant. Mais de manière générale, il préfère laisser Helmut donner des pains à sa place. Faudrait pas qu'il se salisse...

Abruti sous stéroïdes à la botte de Philip, Helmut se situe entre l'homme de main et l'esclave. Servant à la fois de faire-valoir, de garde du corps, de serviteur, et d'exécutant de tâches ingrates, il épaule Philip tout en étant perpétuellement rabaissé par ce dernier. Plutôt imposant physiquement, on le voit la majeure partie du temps aux côtés de Philip. La tête de barbare ahuri qui sert les dents avec les pecs à l'air, des peintures de guerre et un collier de dents de requin, c'est utile pour maintenir à distance ceux qui cherchent des gnons à son maître.

Il a très honte quand Philip lui fait des reproches et l'humilie, et se dépasse alors pour rattraper le coup. Ayant toujours vécu pour servir son patron déviant, sa personnalité s'est peu à peu gommée pour le transformer en une espèce de brute-robot qui se plie servilement aux ordres sans sourciller. Et le pire, c'est que ce pauvre bougre est persuadé que son patron est pas si mauvais que ça. Après tout, il lui concède nourriture, eau et heures de repos. C'est ce qu'il faut pour vivre, hein ?