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Le choc des cultures. [FB]

#1 : Intro’

Les ruelles crasseuses et gangrénées de Las Camp ( Putain mec t’as fumé c’est pas Las Camp la section où t’as posté le rp – TG bâtard on y vient ). Donc ouais, les ruelles elles sont pas cool, elles devraient se laver ou j’sais pas quoi moi. Mais j’m’y suis habitué, en une quasi vingtaine d’années. Encore une journée à rien foutre, ou au pire à tabasser des p’tits racaillons ( Mec t’inventes des mots ou quoi sérieux, non mais faut pas compter sur un récompenseur pour passer sur cette merde là – Mais ta mère en tongues Birkenstock sérieux laisse moi terminer  ).

Mon œillade céruléene longe l’architecture répetitive et pas très sobre du quartier. Quand j’vois une tâche de vomis, ou d’hémoglobine, je presse le regard. Regard rêveur qui essaye de s’échapper, mais qui rebute face au mur. Encore un mur. Encore un tache. Encore une. Une tâche de vomis immaculée d’hémoglobine, même. Tâche. Tâche. Tâche. Tâche. Affiche. Tâche. Tâche. Affiche ? La tête pivote, tandis que j’lorgne le pseudo-écriteau (Non, je vois que tu essayes d’ouvrir ta gueule pour dire que pseudo-écriteau, c’est moche et ça rime à rien, ne fais pas ça.)

Spoiler:

***

Eh, tu t’doutes que j’ai accepté comme un nigaud, non ? En plus ma gueule, 20000 dorikis c’est quasiment toutes mes économies, tu vois. J’regarde autour de moi, y’a rien. Absolument rien. J’me retourne et me questionne plus à moi-même qu’autre chose (ouais tournure de phrase fausse et aberrante MAIS J’EN AI RIEN A CIRER J’AI MON CAP KEBAB OK ?)

- C’est quoi encore ce trou perdu…

- Bah misié, c’est Troop Erdu…

J’sursaute, et zieute le zig qui m’a dit ça. La barbe (j’ai été tenté de mettre la bombe, vous savez) qui tombe, tout ça…

- Mais t’es qui toi ?

- Ji suis Ben. Ben Landen, votre hôte et guide. Enchanté.


- MEC C’EST TOI BEN ? MAIS QU’ON ME REMBOURSE PUTAIIIIII…

- LANDEN !  TABARNAK LAISSE MON CLIENT TRANQUILLE !

- Disoulé misié Caribou, mais c’est bien mon client. Vous êtes bien misié Akira, non ?

J’acquiesce, le faciès hébété.

- Oh mais que vois-je ! Un nouveau bateau arrive. Ca doit être votre client misié Caribou.

En effet un nouveau paquebot fendait l’océan. On devait être deux nigauds, héhé. Ou alors il a été assez intelligent pour négocier et faire descendre le prix à dix berrys, ou j’sais pas moi.

- OSTI QU’TU FAIS SEMBLANT D'ÊTRE AMICAL LANDEN ! ENTRE NOS DEUX ENTREPRISES FAMILIALES, VOYAGE GRATUIT ET VOYAGE D’ERABLE LA GUERRE EST SANS MERCI !

- Non mais  Caribou j’t’explique. Amina elle a fait Tajine cet aprèm’ tu veux pas ramener les gosses et ton hôte et venir manger chez moi au lieu de crier ?

- Hmm du tajine… Calisse qu’on peut bien faire une trêve pour cette fois, et j’m’invite avec mon hôte volontiers tu vois. Ils pourront même discuter  et faire connaissance entre étrangers, ‘faut pas compter sur moi pour lui taper la discu’ le gonz que m’envoie l’agence de voyages. J’fais ça pour rendre un coup de pouce au couz’ Albert c’tout. Et parce que j’reçois des biftons en retour, aussi.


    Living in Alabasta ! Aouh ! ...Hm, matelot, c'est quand qu'on arrive ?
    Euh ...
    Non parce que, j'ai carrément les crocs et pas qu'un peu moi.
    Ben ...
    Autant d'habitude j'dis pas, se nourrir de bons délires et d'eau fraîche, ça m'semble purement envisageable, autant là ben ... l'eau elle est salée.
    Hm... disons ...
    Mais oui, bien vu ! Faudrait la faire bouillir un bon coup pour la rendre potable. Mais là, jte réponds, j'sais pas si on a déjà inventé le réchaud, mec.
    Ah ?
    Ouais, ça parait aberrant, j'sais bien mais il faut regarder la vérité en face : on vit vraiment dans un monde paradoxal, quand même. D'un côté, on a des mecs carrément calés niveau recherche, qui te montent sur pattes - hm, pâtes, faim, argl - euh ... ouais, des robots avec des super-pouvoirs de dingue, qui chaque jour te dénichent de nouvelles des inventions lumineuses style le papier calque ou les verres de couleur ... Car ouais, j'considère ça comme hyper-important, d'avoir la chance de vivre en jaune, en vert ... Pas toi ?
    ...
    ... et de l'autre, on est pas foutus de commercialiser certains objets basiques qui te faciliteraient la vie au quotidien. C'est ça le hic de nos jours. Tout pour l'avancée technologique dans ce qu'elle représente de plus sensationnel, dans l'armement principalement. Soit-disant faut parer à toute éventualité, faut être prêt à répliquer en cas d'invasion martienne ou pire, de raid pirate. Mais on s'en fout de ça, man ! En attendant, y'a pas un zigue pour se soucier du bien-être commun des populations. Et les gens, ils seraient déjà moins susceptibles de venir foutre le bordel si leur quotidien était plus rose. Parce que, faut pas se voiler la face, hein, les sales boucaniers qui embauchent, ils visent quelle frange de la population, d'après toi ?
    ...
    Way, les déçus, bien évidemment. Ceux que la vie a laissés de côté, a ignorés sciemment parce que ceux qui décident du cap qu'on va suivre à l'échelle mondiale les ont considérés comme négligeables. Faut une remise en question intégrale du système, parce que là, on part à vau-l'eau. Sitôt arrivé sur Hinu Town, j'vais monter une pétition et recueillir un max de sign'...
    Euh ... Hinu Town ?
    Ben...yup. D'ailleurs ça m'fait penser ... on arrive quand en fin de compte ? Parce qu'on cause, on cause, mais, s'agirait pas d'oublier ce dont on parlait à la base, pas vrai ?
    Hé bien, on ...
    C'est ça la magie du cerveau humain quand même. Cette faculté inexplicable qu'on a de pouvoir se laisser conduire par nos idées, notre ressenti, et de s'échouer très loin sur un rivage méconnu sans avoir en aucune sorte tenter quoi que ce soit pour atterrir là-bas. Les méandres de l'esprit te guident toujours vers ce à quoi tu aspires en vérité, et c'est justement quand tu le laisses prendre les commandes que tu découvres la nature de ce que tu poursuivais tout ce temps. Alors que cette vie matérialiste t'en avait peut-être éloigné. Tu vivais dans une éclipse perpétuelle, sans jamais voir la lumière, tes réflexions accaparées par quelque pensée utilitariste qui aura absorbé jusqu'à la dernière goutte de liberté de raisonnement inconscient dont tu étais doté. Tu m'suis ?
    Hm...
    Et c'est cette morosité de l'esprit qu'il faut combattre, sinon, plus jamais tu verras la vie en couleur. Tu seras un fantôme parmi tant d'autres, un automate sans saveur, tout sage dans son petit enclos, perdu loin de la clarté de la vie. Alors reste éveillé man. Crie, mange, joue, aime ! ... Zéfaim Zéfaim ... Arf, que j'ai la dalle ! Sans rire, on arrive quand ?
    Terre ! Terre !
    Terrible ! Hé bien l'ami, c'était une bonne discussion. L'en faudrait plus des gens à l'écoute comme toi, attentifs. C'est ça le défaut qu'on retrouve chez beaucoup trop, de nos jours : manque d'écoute. Chacun trace sa petite route, avec des boules quies, sans se préoccuper de ce qui se passe autour d'eux. Ils ont leur petit environnement figé, et faut surtout pas le troubler sinon c'est la cata'. Triste mond' ... hm ? Ouais, j'descends, bien vu. Faut pas faire durer les adieux. J'm'en vais donc t'abandonner à ton quotidien de houle et d'écume. Profite bien de la berceuse de la nuit, c'est un luxe. Hinu Town, me voilà !
    Bonjour Missire ! Bienv'nue à Troop Erdu !
    Non, moi, c'est Eustache Ier, pas Tr'...
    V'nez avec moi, y'a Tajine.
    Mais c'est qui Tajine ?
    Yalla, yalla, faut pas faire attendre la patronne.
    Oh, maan.
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    Bon, 'faut voir le bon côté des choses. J'suis pas le seul nigaud sur cette terre. Et entre écervelés on doit bien pouvoir s'entendre. J'm'approche du quidam presque aussi bien fringué que moi et j'lance :

    - Rastafari, yeah man !


    J'sais pas trop c'que ça veut dire hein, j'ai entendu ça une fois j'sais plus où. Mais y'a man dedans, donc bon.


    - Landen, osti qu'on s'met en route ! J'dois récup' mes gosses oublie pas.



    - Oui oui Caribou, je reviens je dois remplir mon quota de vol quotidien.


    Quoi ? J'vais être ban pour racisme si ça continue ? Mais enfin non ! Par vol, Landen entendais bien sûr sa consommation quotidienne de cannabis. Vol=Planer, vous voyez. Parce que dire ça ouvertement devant ses clients ça se fait pas. Bon après qu'il la vole ou pas, j'peux pas dire hein... PUIS C'EST DE L'AUTO DERISION OK ?

    On s'met en marche pendant que j'lorgne les environs. Bon après tout c'est pas si mal, 'vais pouvoir me reposer un peu dans tous les cas, espérons juste que la bouffe est pas dégeu.
    Caribou ravale soudainement son humeur grincheux tandis qu'un nouveau quidam fait son apparition.

    Le choc des cultures. [FB] American-Stereotypes-2

    -Salut Donald, bien belle journée non ?



    -En effet Caribou, je m'en vais d'ailleurs remplir mon quota de liberté quotidienne chez Burgaire Kingue.


    -Tabarnak qu'tu voudrais pas m'accompagner chez Landen, il fait du tajine et puis j'vais m'ennuyer avec lui tout seul. J'pourrais te parler de ma nouvelle assurance santé. FREE HEALTH CARE REPRESENTE. En plus y'a tajine quoi.


    - Hmm... La liberté peut attendre encore un peu finalement. En plus y'a tajine quoi. D'ailleurs j'me demande ce que ça donnerait le tajine avec du ketchup. Sinon j'ai commandé une nouvelle arme, encore un pas de plus vers la liberté ! On pourra encore se taper des délires avec ce bon landen avec ça, genre, l'attaquer puis attendre qu'il en fasse de même avec nous, pour tout aller répéter à notre grand chaman, Lo Nu, comme ça il sera inculpé, et on obligera sa femme à nous faire du tajine tous les jours !



    - Fais attention par contre, y'a son client qui écoute.


    - T'inquèt', ils pigent pas grand chose ces étrangers.



    - Lol.


    - Ça veut dire quoi ?


    - J'sais pas.


    - Ok. Tous des voleurs ces bougnouls t'façon.



    -Hmm. Comment ça Mac ?



    Le susnommé Donald (Vous avez compris ? Mac, Donald, Mac Donald... c tro drol mdr ^^ xd ptdr nn ?) sursaute tandis que le zig enchaine sur un ton théatralo-dramatique :

    - Tu oses critiquer notre grande famille, Mac ? Tu oses ?


    - Non mais non, c'est à cause de votre cousin...


    - Que ce soit la famille Landen ou Pittroll (pétrole pitrole Pittroll lol mdr xptdr xd ^^ ta compri ? Oui bon ok j'arrête.), n'oublie jamais que nous faisons partie de la même grande famille, la famille bougnoul. JAMAIS. Maintenant j'ai entendu qu'il y'avait tajine. Je viens. Samira, Mounira, Nabila, Salima, Hamida, Halima ramenez Samir, Mounir, Nabil, Salim, Ahmed, Halim et venez !


    Caribou chuchotte à l'oreille de son camarade Nord Américain :


    - Il t'a bien calmé quand même.


    - Grr, attends juste que je lui pompe son argent, et je lui roulerais dessus de toute ma liberté.



    - Cibon on peut y aller ! J'espère y'aura assez de tajine pour tout le monde walay.



    J'sais pas trop quoi penser de ce cirque, pour le coup. J'essaye de taper la discu' avec le gars d'à côté :

    -Tu fous quoi dans la vie à part te faire arnaquer sinon ?


    Oui, j'ai rien trouvé de mieux.
      Yesh la question qui peut t'envoyer nulle part ou partout. Dépend de l'humeur, de la compagnie aussi, du feeling pur et simple. Là, c'est un drôle de p'ti coco qui m'dit ça, et on peut pas dire qu'il jure dans l'décor parce que la troupe réunie de tous ces bonzes aurait très bien pu être sortie du carnaval de Rio si ça existait. Ptetre bien qu'ça existe, faudrait avoir tout visité pour vraiment savoir et s'il y a bien une conviction dont j'me dépars pas, c'est qu'on a jamais fini d'faire le tour du monde. Si Shurik'n était là, sans doute que lui serait plus à même de répondre. Ouais, l'ancêtre, il a un vécu de dingue quand même. 'fin bref, j'vais éviter d'digresser tout seul en mode silencieux sinon ça va faire un blanc un peu trop long genre " d'où tu m'parles toi ? " ou limite afficher le côté perché qui m'lâche pas d'manière un peu trop évidente et là, ça pourrait tuer dans l'œuf cette tentative d'interaction. Et ces occazes là sont précieuses. Hm ... J'disais quoi moi ? Yeh, leur look. Dans l'genre éclectique, tu tapes difficilement mieux. Mais, z'ont l'air drôle et à fond dans leur truc, c'qui leur accorde au moins un certain crédit dans l'sens où y z'en savent plus que moi. Paske là, moi, j'entrave que dalle de c'qui s'passe.

      Qu'on va voir Tajine, qu'on croise des bonhommes qui s'jettent du poisson pourri et des invit' à bouffer à la gueule en même temps. J'espère juste que c'est pas ça qu'y vont retrouver dans l'assiette sinon c'est pas franchement rock n' roll comme menu. J'zieute le gars qui veut en savoir ou trop, ou pas assez d'un coup sur moi, genre j'prends la température avant d'me jeter à l'eau pour savoir si ça vaut l'coup d'tenter un plongeon. Y tire la trombine du mec bien emmerdé, et si j'en crois ma puissante faculté à lire entre les lignes, il s'est fait pigeonner. Seulement, si j'en crois le reste, qu'est plus évident à décrypter, ben moi aussi. Mwah, à la bonne heure, être dans l'arnaque, ça te place quelque part où tu devrais pas être. Où tu t'attendais pas à être. T'es dans un cadre qui sort de tes prédictions, ça amène l'inconnu, l'imprévu. C'est classe.

      Mah. Mikado, musique, voyage du corps et d'l'esprit. Ravir mes sens et entretenir l'âme du vagabond qui sommeille en chacun. Fumer. Prendre des bûcherons pour des barbus. La vie quoi. S'quoi l'deal ici ?

      Parce que ouais, de base, c'est bien d'être dans un cercle méconnu, mais y'a un aucun intérêt à rester dans l'noir. Ça cache toute la splendeur du tableau. Faut lever l'voile de mystère pour mirer à sa juste valeur la peinture. Ça fera une nouvelle précieuse et unique saveur qui viendra flatter ... hm ? S'quoi que j'entends au loin ? Parole on dirait ...

      C'est moi qui capte pas tous sur les bonnes ondes ou bien y'a des rires d'enfants par là ? que j'dis en demandant confirmation même si j'ai déjà bien envie d'aller mirer cette bulle de bonheur d'plus près.

      Y'a un gars qui doit être guide ou quoi qui dit que là-bas, c'est un parc mais qu's'pas sur la route, y'a Tajine qui attend et qu'il faut pas déconner avec la bouffe.

      Toi, t'es un mec bien. T'as d'bonnes valeurs, faut respecter c'que nous offre la Terre. Harmonie, reconnaissance, c'est l'spirit. Mais Tajine, il a qu'à s'ramener s'il veut pas poireauter des plombes. Moi j'dis, on va là-bas.

      Et vu qu'l'autre gusse est aussi genre client, ben j'le prends à parti.

      Et toi, tu dis quoi ?
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      - Starfoullah mon frère, le tajine c’est sacré comme le kebab.


      - Bsahtek habibi les true savent.


      - Bon apparemment les gosses viennent avec nous, tout le monde est gagnant au final.


      Ouais ouais c’pas tout ça mais j’veux bien du tajine aussi en fait.

      - Sinon t’as de la beuh ? Du teushi ? De la marijuana ? ‘fin bref t’as compris quoi.


      - Eh mon fwew ! J’ai entendu que tu voulais fumer de la gaaanja. Ca tombe bien j’en ai un peu, tu veux pawtager ?


      - Non Bob pas maint…


      - Yé man ! Bien sûr tu viens ! En plus y’a du tajine avec du hachich et tout tu verras !


      Nan mais ça déconne pas avec mon teushi là quoi, eh. J’ai des priorités dans la vie, faut respecter un peu nan mais oh.
      Bon sinon, la maison un peu baroque hein. Y’avait des photos de missiles et de barbes un peu partout tu vois. Moi j’trouvais ça un peu bizarre au début, mais au final ça correspond un peu à mon habitât naturel. Et puis y’a l’odeur du tajine qui sort, ça fait exotique, manque plus qu’le thé à la menthe.

      - Hé c’est quoi du thé à la menthe ?


      Parfois je pense à des trucs que je connais même pas lol. Mais sérieux prendre de l’eau de la menthe et les faire chauffer, ça pourrait être un super concept. Après je foutrais ça dans des bouteilles soi-disant stylées et je les vendrai pour une fortune. Ohlala mais quel génie cet Akira.


      - Amina il vient ce tajine ou je m’inerve walah.


      Spoiler:
        Mec, j'me suis jeté dans un traquenard. Une embuscade assez phénoménale où j'calcule pas un yota de c'qui s'passe. Ou alors, j'suis en plein white d'un genre nouveau où la situation joue à m'faire valdinguer dans tous les sens. Faut pas exclure cette éventualité. Mais ce serait étonnant, j'ai pas souvenir d'avoir abusé niveau herbes médicinales tout récemment. Au pire, si j'me réveille en sursaut à un moment donné, tout baigné d'sueur et les synapses en vrac, j'saurai d'où venaient les bugs dans la matrice au moins. En attendant, on va faire comme si ici, c'était la réalité, parce que déjà, ben, c'est ptetre le cas et qu'en plus sinon, j'risque de trouver le temps long à rien capter de bout en bout. Vas-y l'cerveau, lance le programme de secours. Fais un premier bilan. Et arrête de taper une tronche de tox en manque, y'a déjà des gosses qui t'dévisagent et t'font bien sentir qu'ils te trouvent chelou.

        Hm. Bon, beh déjà, y'a les gosses. Check. Et y'a aussi un paquet de gusses avec nous, venus se greffer à l'affaire en mode sortis de nulle part. Check. Et on s'retrouve tous ensemble, attablés dans c'qui doit être la salle à manger d'une cave aménagée en baraque – dans un genre tout à fait novateur et audacieux qui rend bien soit dit en passant. Check. Bon bah maintenant, t'analyses, tu prends en compte tous ces indices, et tu t'remets à flot. Hm ... Y'a un gars qui dit à un petit d'attendre son tour pour bouffer. Hm ... oh okay ! J'recadre. On est sans doute chez les scouts. Sais pas comment j'en suis venu à m'immiscer dans cette affaire, mais peu importe. J'suis un des animateurs, et faut que j'assume mon statut. Ici, c'est notre QG manifestement, et il s'y cache sans doute pas mal d'ateliers pratiques accessibles. Alors, sitôt le ventre rempli, j'lance un truc qui tiendra la marmaille active et occupée. J'ai vu deux-trois machins qui ressemblent à d'la TNT en entrant, j'vais leur apprendre à en confectionner quelques bâtons. Ouais, pure idée, ça. Ça y est, t'es d'retour dans l'jeu mec.

        Les autres adultes leur enseigneraient sûrement tout un tas de trucs inutiles, genre allumer un feu de camp ou pisser dans l'sens du vent. Mais ça vaut pas tripette tout ça. Alors que moi, c'que je vais leur montrer, ça servira toujours. Mieux, ça peut sauver des vies même. Beh ouais, on sait jamais quand on va s'retrouver pris dans un éboulement en cherchant à escalader le toit du monde, pour finir prisonnier sous des tonnes de gravas et rien d'autre que son matos de petit dynamiteur sur soi. Et là, y s'ront bien heureux de s'en être sortis, et d'avoir appris à faire voler en éclat tout cet amas rocheux qui les retenait captifs. Heureusement que j'pense à tout moi. Un visionnaire, voilà c'que j'suis. Tout ça grâce au p'ti coup de pouce de mes addictions. Ça m'donne bien envie d'me rouler une tige tout ça. Mais ici, on est cernés par des merdousels de pas treize piges, alors j'vais éviter d'me la jouer comme ça, en mode trop facile. Et puis, y'a un énorme plat qui trône au milieu de la table, et tout l'monde a déjà commencé à piller la boustifaille sans prévenir alors faut qu'j'me taille une part du lion rapidos avant qu'ce soit trop tard. J'avance une paluche nonchalante pour piocher un morceau de barbaque, mon voisin de droite me siffle la priorité. J'retente ma chance auprès d'un autre morceau, un peu plus p'ti çlui-là en m'disant qu'il aura échappé à la vigilance de tout l'monde ... perdu, c'est l'mioche à ma gauche qui le décroche.

        Dites ... que j'commence, un peu contrarié. Vrai quoi, où est passé l'bon spirit que je humais avec délectation en arrivant ?

        Personne relève. Tout l'monde fait haro sur la volaille. Il règne un boucan de mastications, de coups de dents féroces et de gorgées avalées sans délicatesse. Et c'est tout. Même plus moyen d'approcher une mimine du plat. C'est un total chacun pour soi. Soit.

        'ff ... Ok, vous l'aurez voulu.

        Je passe en mode Warrior. Désolé d'avance, vous autres les morfals, mais si la puissance du Mikado m'a bien enseigné une chose, c'est la dextérité. Des doigts de fée alliés à la vivacité de la mangouste. Feintes, crochets, attaques, mouvements illisibles. J'ai appris du meilleur. Dix ans que je travaille mon style. Dix ans que je me préparais pour cette journée. Z'avez pris de l'avance ? Z'avez bien fait. Maintenant, j'entre dans l'jeu. Meet Eustache Ier.

        Mes doigts fusent. J'pioche le plus gros morceau de bouffe restant au nez et à la barbe des trois loustics qui le convoitaient. Un petit tourbillon de vent, une bouchée, et il a disparu. Croc. Un second dans la foulée. Glouc. Et tout d'un coup, l'atmosphère change. Les regards pivotent. Un frisson les parcourt. Et point en eux une lueur de doute. Ça y est. Ils prennent conscience de la menace. Oui, le danger vient de moi. Pas pour rien que mon troisième blaze, c'est Zaïtsev. J'suis l'sniper des wok. Le Fléau des plats. L'équarrisseur des casseroles. Mais c'est trop tard. Vous l'avez cherché. Et si je n'ai pas déclaré cette guerre, je la remporterai. L'assaut est lancé. Les allers-retours s'abattent dans une tornade. Schromp. Miom. Slurp. Je réclame mon dû. Je serai le seul, l'unique, triomphant.

        Je serai ... le Roi du Tajine.


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        Starfoullah aucun respect ces gens là tout de même. J’arrive même pas à chopper une p’tite part, pourtant, j’suis pas un bourge des villes hein, j’suis un dur qu’a tout appris dans la rue et la violence, qui a acquérir sa dextérité en regardant les voleurs de Las Camp, mais là, ouh. Ca doit être genre, une discipline nationale. M’enfin, si même l’autre invité parvient à avoir une ou deux parts, moi aussi j’le peux. Et puis merde, j’passe pour une tapette là.


        - Oh, un hamburger volant !



        Tout le monde détourne les yeux vers là où j’pointe mon doigt, le pseudo-ricain en premier. J’profite pour lui subtiliser la part de tajine des mains et je la gobe. Mh, c’est tout bon. Ouais bon non en fait j’ai tellement avalé vite que j’ai pas eu le temps de goûter.


        - Landen espèce de voleu… Quelle espèce de volaille tu élèves dans ton poulailler ?



        Pittroll l’a fustigé du r’gard ça l’a bien calmé. Ouh, il les tiens bien en laisse tout de même. C’est peut être Fantomas à côté de lui qui leur fait si peur. N’empêche que de clichés sur cette île, hein, j’imagine si quelqu’un écrivait ça en l’an 2014 dans un univers parallèle au notre, sur une sorte de grande place virtuelle mise en place grâce à l’avancée technologique et appelée forum il serait dans de beaux draps, mais c’est pas le cas hein, oh. Non, ça ne sera jamais le cas. D’ailleurs ce que tu viens de lire n’a jamais existé. Parce que sinon c’est pas logique étou tmtc.



        Bref, le plus important, c’est que les invités ont pris le dessus. Entre les techniques barbares et rapides de l’autre et mes petites subtilisations furtives, les gars ont  assez vite lâché l’affaire. J’crois même qu’ils apprécient pas trop pour le coup. Genre ça lâche des regards noirs, ouh. Bon je savais que sur cette île on aimait pas trop les étrangers, mais là c’est du manque de respect total. C’est pas comme si on leur volait leur bouffe oh. Quoique. ‘fin si mais bref, de toutes les façons là n’est pas la question, c’est Eux qui ont commencé, la prochaine année j’me paye des vacs au club Mayd walah !



        La salle à manger se vide peu à peu, ne laissant que moi, la dernière part de tajine, moi, la dernière part de tajine, moi et… bah l’autre là, l’autre vacancier. VA MANGER DU COUSCOUS ET LACHE MOI BORDEL !

        On se jauge, puis on regarde la part. Puis on se rejauge. Puis on reregarde la part. Moi perso j’le regarde plus parce que après ça devient chiant et puis c’est assez gênant aussi faut dire, c’est pas un truc de mâle alpha ça. Cette bataille là, ça sera une bataille d’égo, une bataille d’hommes de vrais ! Ca se fera dans la sueur peut être dans les larmes. Peut être tout ça en même temps. L’instant final approche, la tension monte…

        QUI SERA LE ROI DU TAJINE ?
          Nuée d'attaques en piqué sur le plat, qui fait pas l'malin. Les challengers cèdent un à un, gavés par la cadence infernale tant des va-et-vient que masticatoire mais pas repus comme ils y aspiraient. M'étonnerait pas qu'ils aient une dent contre moi mais ils n'en font rien savoir. Normal, on a changé de braquet et finalement, leur sixième sens aiguisé les avertit qu'ils ne sont pas de taille face à ce mode super sayen; alors autant ruminer froidement sa frustration à défaut de s'envoyer de vrais morceaux de barbaque. Y'a pourtant un p'ti malin qui n'en démord pas, et préfère plutôt se tailler la part du lion en adoptant la stratégie du rat. L'autre touriste. Il tend des embuscades, distille habilement les stratagèmes pour arriver à ses fins, et quand les autres rongent leur frein de ne faire qu'entrevoir la bouffe qui leur passe sous le museau, lui se pourlèche les babines de leur avoir ôté le tajine de la bouche.

          Et on s'retrouve au face à face final, comme ça, par la simple magie de la sélection naturelle. Lui, Moi et un ultime morceau de volaille, qui trône seul, au milieu d'un plateau déchu de tout sujet par les rapaces impitoyables que nous sommes. Echange de regards et j'change de cible, s'élance le renard, suspense indicible. Il part plus tôt, moi j'vais plus vite, ma victoire s'invite quand il tire le plateau. Merde. Mes doigts caressent le vide, il s'empare du trophée, mais son appétît avide ne se voit rassasié. J'ai brisé sa prise, pichenette habile, il ramène sa c'rise, et rattrape le souper.

          On est là, tous les deux, à pas vouloir lâcher notre proie suspendu au dessus de la nape, simplement retenue par nos griffes gourmandes. La tension est à son comble, alors j'décide d'arrêter les rimes, tout mon esprit investi à l'instant présent auquel je dois faire honneur. S'en suit un duel de volonté et de regards déterminés un brin surjoué, pour rajouter une dimension dramatique supplémentaire à une scène qui de base, trempe plutôt dans le cocasse. Pourtant, personne ne loupe une miette du spectacle, autour de nous. À défaut d'avoir graillé à sa faim. Chacun prend parti pour l'un ou l'autre des deux touristes, Landen tente une reconversion en Bookmaker - considérant l'échec cuisant de son agence de tourisme c'est ptetre pas une bête idée - et les Berrys transitent d'une pogne à l'autre. 100 balles sur le gamin sournois à gauche, 200 sur le grand déguingandé à droite. Et ça monte, ça monte...

          On se retrouve pris dans cette confrontation abstruse de laquelle chacun veut sortir grand vainqueur quitte à s'en faire péter la rate tellement on a déjà bâfré, alors on lâche pas l'morceau. Littéralement. Un temps, on essaye de manœuvrer de sorte à faire céder l'autre, à lui faire échapper la bouffe des doigts, tentatives hasardeuses et soldées d'un échec prévisible qui n'en soulèvent pas moins des clameurs enthousiastes du public. Y'a guère que les gamins les plus jeunes qui se passionnent pas pour notre choc des tyrans d'la ripaille, et faut avouer, z'ont sans doute plus de bon sens que n'importe lequel des adultes agglutinés autour de trente-huit point cinq fières calories qui demandent à c'qu'on achève leur agonie depuis l'outre tombe. L'un de nous pourrait jeter la serviette, c'est vrai. Mais on s'y refuse. On pourrait couper la poire en deux. Mais ce serait bien mal récompenser l'engouement qu'on a involontairement suscité. Alors, on lâche pas l'affaire. Pourtant, faut trouver un moyen de sortir de l'impasse. À ce rythme, les oracles du tajine auront pas rendu leur verdict avant l'heure du souper. Et si on doit r'mettre ça dans la foulée, j'suis pas sûr d'être partant.

          Bon... que j'dis avec l'air de celui qu'a pas b'soin d'en tcharer plus pour se faire comprendre.
          Bon... qu'il me répond.

          On s'est compris. Quand deux adversaires de niveau équivalent s'affrontent, quand la volonté de l'un ne peut prendre le pas sur celle de l'autre, quand toutes les alternatives ont été épuisées, il n'y a plus qu'un moyen de trancher. Je le sais, et lui aussi. Inutile de tergiverser plus longtemps, tout ceci se règlera...

          ... au Shi Fu Mi.
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          Ce ne sont plus deux hommes, mais deux bibendums qui s'affrontent dans ce choc au sommet. Deux spécimens ovoïdes hors-normes suintants de graisse et de transpiration, toujours animés d'une férocité implacable incrustée dans leurs loupiotes. Devant eux, le précieux césame transcende les ardeurs, décuple énergie et résolution. L'audience est impressionnée, tant de dévotion et de combativité réunie devant eux pour ce spectacle unique les subjuguent. Pourtant s'éveillent aussi quelques lueurs inquiètes chez les plus petits : faudrait pas se mettre à la bourre pour le cours d'initiation aux explosifs prévu pour cet après-midi. Je sais les enfants, rassurez-vous, ce sera plus bien long. Je suis à un cube de viande de la victoire ultime.

          Celles qui endurent les pires tourments restent les chaises, qui ploient docilement sous notre masse et implorent pour une cessation imminente des hostilités. Elles me renvoient un constat accablant dans les gencives : va me falloir perdre au moins cent trente-cinq kilos pour retrouver ce corps svelte de rockstar à peine sous l'emprise de la coke qui me vaut toutes ces fans déchainées. Et ce d'ici à la prochaine tournée qui est prévue sous huit jours. Rien de trop alarmant en soi, avec la ration létale de harissa qu'on s'est injectés dans les circuits au fur et à mesure que la transe nous gagnait, je vais bientôt expulser sur le trône un bon deux-tiers du surpoids vaillamment amassé, et ce sous cinq minutes. À ce rythme, retrouver mon taille d'antan sera un jeu d'enfant. Il me suffit de mettre en déroute cet amateur - valeureux certes, mais à la technique si rudimentaire - qui a cru bon de jouer à qui a le meilleur coup de fourchette avec moi. Mais tout d'même, il est vrai, je me sens un peu étranger à moins même, maintenant que j'ai triplé de volume. C'est décidé, je vais en finir en un mouvement avec le pugnace petit affamé et trouverai sitôt après quelqu'un compétent dans l'art de raccommoder les sutures de costard craquées.

          Je fixe l'insatiable musaraigne. Il a relevé sans trembler mon défi et ne semble attendre qu'une chose lui aussi, qu'on en découse. Sans doute est-il aussi pressé que moi d'aller faire un tour du côté des commodités. J'espère qu'il y en a deux dans la baraque sinon je te dis pas la guerrila que ça va être là aussi. Pourtant, malgré cette détermination inflexible que je lis sur ses traits, je vois sa défaite, aussi vrai que je m'appelle Eustache Placide Zaïtsev Ier. Dans ma tendre jeunesse, avant que je ne décide de m'aligner dans les compétitions officielles de Mikado qui m'ont valu d'être sacré champion des Blues en 1617, puis champion unifié en 1618, ajoutant le bâton-trophée 50 points spécial Grand Line à ma vitrine, je m'étais un temps orienté vers une carrière professionnelle dans le Shi Fu Mi. Un art qui requiert à la fois astuce, patience, sagesse et, dans une infime mesure, chance. J'étais loin d'être un manchot, même si ce sport émérite ne se pratique qu'à une main, au même titre que cette activité solitaire mondialement reconnue depuis la nuit des temps et qui suscite une jouissance libératoire à tous ces adeptes et pour laquelle je me défends pas trop mal non plus : la fumette, bien sûr. Alors, quand bien même l'autre m'a forcé à dévoiler mon coup fétiche, je sais ma victoire assurée.

          Je peux même lui dévoiler tout le conflit mental qui va précéder le dénouement. Relax.

          Okay ma caille, voilà comment ça va s'passer. Tu vas dans un premier temps vouloir faire ciseaux, parce que c'est le choix naturel de tous les niais profanes dont tu fais partie. Ce qui m'inciterait donc à miser sur un caillou, pour te clouer l'bec mais prévoyant comme tu es, tu vas tenter la feuille pour contourner l'obstacle. Hé bien figure-toi petit gredin que cette même feuille était mon premier choix, prise de risque certes mais à ne pas fustiger, il est prouvé que devant fort parti, le joueur aura tendance à opter pour l'image qu'il jugera la plus menaçante pour écraser son opposant - à savoir bien entendu la pierre - et donc jouer en adéquation avec cette injonction à la prudence à laquelle son corps entier l'appelle.

          Je devrais donc jouer feuille, en définitive et comme je le prévoyais initialement, mais t'ayant dévoilé le scénario du duel, tu pourrais être tenté de te raviser, et donc de remonter d'un degré dans l'analyse pour te contenter de la feuille, sécuritaire, qui laisse entrevoir un re-match direct, ou bien monter encore d'un cran dans l'esbroufe et relancer toi-même sur les ciseaux pour forcer la décision avec un audacieux tout pour le tout. Tu es d'un tempérament vaillant, tu n'as pas froid aux yeux, c'est l'option que tu envisageras la plus férocement. Quant à savoir si tu vas persister dans ce choix, le transformer en une décision plus extrême encore ou te contenter de laisser ton feeling s'exprimer maintenant que ta stratégie a été percée à jour, nous allons très bientôt être fixés.


          J'ai dit ça tout vite. Et personne n'a rien pigé. Ahlala, ces mécréants. Seule la matrone, reconvertie en arbitre pour les besoins du match, ne s'est pas laissé démonter par ce speech qui détenait pourtant la clef du combat. Elle réclame le silence, entérinant les ultimes paris lancés autour de la table à manger. Déjà, sa voix annonce, sentencieuse :

          Shi... Fu...Mi !!

          Nos bras s'abattent en même temps.

          Wa-taah !!
          Hoyooo !!

          Et le verdict tombe, annoncée par notre cuisinière-commentatrice :

          Pierre à ma gauche. Feuille à me droite. Le vainqueur est Eustache !
          Eustache Ier, je précise.
          Le vainqueur est Eustache Ier !

          Clameur générale, je m'empare de mon trophée, la dernière pièce de ce plat tout bonnement succulent. Mon adversaire s'incline. Moi je m'éclipse à toute vitesse, me faufilant entre les visages réjouis pour aller remplir une course extrêmement urgente.

          [...]

          Deux heures dix plus tard, je ressors, visage blême mais corpulence de dandy retrouvée. Toutes les coutures de mon costard sont à refaire et j'ai des crampes d'estomac terribles maintenant que j'ai expulsé toute cette bouffe. Mais je suis zen. J'ai passé un bon moment en compagnie de ces gens pour lesquels l'hospitalité signifie encore quelque chose. Dans la salle de réception, tous les convives, affalés sur des coussins, s'adonnent à la sacro-sainte sieste de digestion que mes tripes m'ont refusée. Les petits veinards. Y'a juste un gamin silencieux qui me dévisage de ses grands yeux muets. Je fais une grimace, puis souris. Il m'imite. Après un dernier au revoir en sa direction, je quitte l'endroit sans réveiller personne.

          Sitôt dehors, je remonte en direction du port. M'est avis que Shurik'n m'attend déjà depuis belle lurette sur Hinu Town, il me faut embarquer à bord du prochain navire à s'y rendre. J'aurai tout le loisir de composer un nouveau tube génial pendant la traversée. Un truc qui donne la pêche, un truc qui me ressemble : " Welcome to the Crumble " ? Hoho, pas mal... " House of the rising Gun " ? Oh, ouais, c'est bon ça... Y'a du projet, j'le sens. Eustache Ier est de retour.
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