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La Castafiore [Moustache-san ♥]

TITRE SAUVAGE & SWAG


Kaitô ATSUJI | Althéa PANABAKER



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Le grand Opéra de Saint Urea. Placé dans la cité intérieure, c'était la première fois que j'allai poser les pieds là-bas. Et pour cause : j'avais toujours été, depuis mon arrivée dans cette cité gigantesque, une simple barde. Et pourtant, Keran avait vu en moi autre chose qu'une simple clocharde. Il m'avait écoutée, m'avait nourrie et donné un toit alors que je lui offrais ma voix pour chanter le soir. Et mine de rien, ces derniers mois, ma côte avait montée. J'étais devenue, non pas célèbre, mais ce qui s'en rapprochait le plus. Un peu connue, disons. Et j'étais extrêmement fière de pouvoir à présent payer mes repas à Keran, et de pouvoir porter autre chose que ses guenilles. Selène, sa femme, était venue exprès avec moi pour cette soirée particulière. Ma première représentation ! J'en frissonnais de plaisir. J'observais le grand bâtiment blanc, aux fenêtres hautes ornées de vitraux colorés. C'était magnifique, rien à voir avec la frange. J'inspirais, et avec angoisse, portais ma main à mon sac de cuir en bandoulière, pour sentir la présence de mes instruments. Depuis le matin, j'étais paniquée à l'idée d'oublier quelque chose, ou de m'emmêler les pinceaux.

Selène, est-ce que- commençais-je, puis je me tu devant son regard soupçonneux.
Tu vas me faire le plaisir d'entrer et de te préparer. L'ouverture commence dans une bonne heure, et entre te faire belle pour que tu impressionnes tous ces bourgeois et ton angoisse à l'idée de monter sur les planches ...

Je sentais ma bouche toute sèche. Y aurait-il du monde ? J'étais sensée passer en quatrième position. La dernière à vrai dire ; mon temps était également le plus court. Mais devant mon nom inconnu, il était normal que je sois la moins gâtée, non ? Je pénétrais dans l'ombre fraîche du bâtiment. Nous passâmes le grand hall, et je montrais le document m'invitant à faire partie de la représentation de ce soir. Et enfin, je me retrouvais dans ma loge. Ma loge ! Je m'étais toujours préparée dans ma chambre, jusque là ! Certes, la pièce était exigüe, mais le miroir en pied était en verre, la coiffeuse était couverte de fards et de maquillage ; des vêtements à ma taille avaient été préparés. Je restais un instant la bouche ouverte, un peu stupide, devant ce stupre et ce luxe. Si je m'étais douté ! Je sentis l'excitation pointer le bout de son nez, et cette émotion m'enflamma, mâtinée de peur. Et si je n'étais pas assez bonne ? Je relevais le menton, bien décidée à donner tout ce qui était en moi ! Ils allaient voir !

Assis-toi, je m'occupe de tes cheveux. Répètes un peu, en attendant.

Selène était adorable. Et pendant l'heure qui passa, le changement le plus improbable se produisit. Mes boucles passèrent de l'état de chevelure emmêlée à celle de boucles ondulant gracieusement autour de moi comme une cascade sombre ; elle porta un peu de rose à mes joues, mais n'alourdit pas mon visage de maquillage autre que celui-là. Elle alla même jusqu'à brosser mes cornes et me mettre une touche de parfum dans le cou et derrière les oreilles. J'eus un petit rire nerveux devant mon reflet ; je n'avais pas encore revêtu ma tunique, mais je me sentais déjà dans la peau d'une autre. C'était étrange et effrayant.

Quelle tenue tu me conseilles ? fis-je, presque défaillante.

Au-dehors, un brouhaha se faisait entendre. Les gens avaient commencé à entrer. Le spectacle n'allait pas tarder à commencer. J'avais encore du temps devant moi ; Merle, Litanie et Astérie chant-d'oiseau devaient faire leur propres représentations. J'étais la petite dernière, et je me demandai si les personnes présentes auraient la patience d'attendre ma venue. Je déglutis, et pris la robe que me tendait Selène. Blanche, elle était retenue aux épaules par deux broches dorés en forme de tête de mouflon, qui n'étaient pas sans rappeler mes propres cornes d'une jolie couleur terreuse. La tunique me descendait en dessous des genoux, taillée pour quelqu'un de plus grand que moi. Selène fit quelques reprises au niveau des bras et de la poitrine, alors que j'enfilais de petites bottines de cuir brun. J'avais l'impression de me déguiser ; c'était à la fois agréable et étrange. Et puis, quelqu'un toqua à la porte.

Mademoiselle Panabaker ? Vous passez sur scène dans vingt minutes. Je repasse bientôt pour vous demander de me suivre.

Le jeune garçon, que j'avais déjà vu à l'entrée, m'offrit un petit sourire rassurant et s'éloigna. Mon coeur se mit à tambouriner dans ma poitrine, et j'eus envie de m'enfuir. Tous ces gens étaient habitués à entendre de très bons chanteurs. Est-ce que je valais le coup ?

Bien sûr. Tu vaux ce que tu veux valoir.

Je baissais les yeux sur mes doigts ; mes longs cils formaient des ombres sur mes joues roses et ma peau de porcelaine. Je devais donner tout ce que j'avais. Je cessais doucement de trembler, et avec une assurance un peu feinte, je pris mon luth de bois rouge pâle et attendis que le jeune garçon ne vienne me chercher. Nous passâmes par des couloirs cachés aux yeux des spectateurs. A un moment nous surplombâmes la salle et voir tous ces gens assis, qui chuchotaient entre eux pendant cette entracte, me retourna l'estomac.

Tout ira bien.

Je posais mes prunelles d'ambre sombre sur le garçon, qui continuait de me guider. Je me calquais sur son assurance : je ferais tout pour que mes chants leur conviennent. Nous descendîmes un escalier, puis je fus sur la scène. Les rideaux étaient tirés, alors que la lumière était rallumée dans la salle. J'inspirais, le luth dans les bras, et allais m'assoir sur le petit tabouret au milieu.

Il était temps.

Le garçon leva le pouce vers moi, puis ordonna qu'on ouvre les rideaux. Au-dehors, les messes basses se turent, et les lumières s'éteignirent. Et enfin, le rideau s'écarta, dans un chuintement doux et soyeux. Je me retrouvais dans le noir, à peine visible dans l'ombre de la salle. Puis les lumières se firent sur la scène, m'aveuglant un instant. Le garçon hocha la tête, et du coin de l'oeil, je le vis me faire signe de commencer. Mes doigts eurent du mal à trouver leur emplacement logique. Je tremblais un peu ; est-ce que c'était visible ? Mon estomac semblait prêt à s'enfuir en me laissant derrière. Je déglutis, et puis, je fermais les yeux. Tant pis.

Ma bulle se forma, alors que mes doigts aux ongles courts et laqués de noir grattaient et pinçaient les premières cordes. Je me mis à chanter. Ma peur n'était plus qu'un souvenir. Ici, je chantais. Et eux, ils recevaient ce que je leur donnais. Voilà toute l'histoire. Je pris en assurance, et le mince filet de voix claire devint puissance musicale, emplissant la salle, semblant voguer comme si elle était vivante. Harmonieuse et mélodieuse, elle offrait un panel d'émotions qui étaient les miennes. Les paroles s'échappaient de mes lèvres ; mes histoires venaient du mon coeur, et sous mes tons musicaux, celui presque divin de l'instrument que je tenais contre moi. Je ne vivais plus que pour ça ; chanter, et jouer. Mes doigts courraient sur le bois et les cordes, animés de leur vie propre. Je ne pensais plus à rien ; j'étais musique. Je ne pris pas le temps de souffler ; j'enchaînais les chants et les sagas tranquillement. A un moment, une pensée me vint : pourquoi avais-je eu peur, exactement ? N'avais-je pas confiance en ma propre capacité ? Puis cette idée s'échappa, noyée dans le maelstrom de ma voix. Cette dernière continuait de s'élever, sincère, limpide et cristalline. Puis, les lumières se rallumèrent alors que je terminais ma symphonie. Je rouvris les yeux, un instant aveuglée. Je clignais stupidement des paupières, alors que les gens se mettaient à applaudir.

Je déglutis, l'angoisse refaisant surface : il y avait encore du monde ! Diantre ! Je me levais, les jambes flageolantes, et sous l'insistance du jeune garçon qui continuait de m'observer avec les autres chanteurs et musiciens, je fis une révérence assez maladroite, le luth à la main, tremblante de tous mes membres. Je voulus rejoindre ma loge, mais le jeune garçon m'interrompit. Il désigna du pouce le public.

Il est courant que des gens veuillent parler aux musiciens, après la représentation. Vous pouvez rester ici, qui sait, vous pourriez être félicitée.

Il disait ça avec tant de gentillesse que je me sentis émue. Avais-je vraiment mérité des félicitations ? Autour de moi, divers bourgeois étaient allés parler aux trois autres chanteurs. Je les observais avec curiosité, m'étant assise sur mon tabouret ; la scène était envahie de jeunes gens qui voulaient féliciter et offrir des contrats à mes prédécesseurs. Je soupirais, encore un peu choquée par l'émotion. J'inspirais, et réussis à sourire à un petit garçon qui passait avec sa mère devant moi.

Tout s'était bien passé, en fin de compte.


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J’avais passé tout ma jeunesse à Saint-Urea, j’y avais fait les 400 coups comme un paquet de jeunes l’avaient faits avant moi et comme bien d’autres le feront après mon passage. Je connaissais la cité fortifié comme ma poche à force de l’arpenter jour après jour depuis un bon paquet d’années, j’y avais fait mes classes d’armes, connu bien des émotions et chacune de leurs revers et pourtant, revenir ici-bas suscitait toujours un émoi singulier au plus profond de ma carcasse. Elle m’avait vu naître et grandir, mes plus grands espoirs et mes plus grands revers, tout en moi transpirait de cet auguste cité.

Le Cipher Pol m’avait refilé un ordre de mission et je devais à l’aube m’embarquer dans un navire et prendre la mer. Il me restait tout de même une soirée à passer en cette contrée magnifique. Ce soir-là, j’étais empreint d’une certaine mélancolie en déambulant dans l’impétueuse et dynamique cité. Les souvenirs de toute une époque se rappelant brutalement à mon moi profond, des réminiscences lointaines  que je croyais pourtant avoir enfoui au plus profond de mon être.

Le temps avait fait son œuvre, inexorable sans que rien ni personne ne puisse l’empêcher de raviver, aujourd’hui, comme pour parachever son œuvre, les quelques tisons incandescents logé aux confins des méandres de mon esprit. Le crépuscule pointait, un orbe rouge flamboyant, irradiant de gerbes de feu l’azur couchant cédant le pas aux ténèbres de la nuit. Le spleen à l’âme, je battais le pavé sans la moindre ambition, la moindre intention quant à la manière dont j’allais passer la nuitée. Saint-Urea la nocturne, elle, s’éveillait et commençait dés lors à étinceler de son éclat particulier. Oisif de mon état, j’avais finalement gagné les hauts quartiers de la capitale et à mon grand étonnement, un attroupement inhabituel semblait s’ameuter devant les portes de l’édifice du grand opéra de Saint-Urea. Quelque peu interpellé par la nature des évènements, je décidais d’aller glisser un œil nonchalant. Soir de récital pour de nombreux artistes, les imprésarios et autres dénicheurs de perles musicales étaient sur les dents pour mettre le doigt sur le phénomène rare, le prochain Moze Hart du monde entier. La presse aussi avait fait le déplacement pour assister aux récitals des artistes de ce soir. Tout le gratin des nobles et des bourgeois du royaume étaient venus en grande pompe, davantage pour la parure, le clinquant et pour les bonnes mœurs que par véritable goût pour la mélodie. J’aurais pu aisément vérifier cet état de fait en les interrogeant sur le programme des artistes prévus ce soir même bien que je connaissais d’ores et déjà la réponse à cette interrogation. Tout le gotha du beau monde était là et un brouhaha constant autour des artistes se faisait entendre.

« T’as entendu parler du fameux Rossignol de Saint-Urea ? On dit sa voix diabolique tant son chant est clair, fort et émouvant. C’est un véritable phénomène ! »
« Ouais, je suis impatient de l'entendre, elle est incroyable"

Le dit rossignol de Saint-Urea semblait haranguer les foules et être sur toutes les lèvres. On le disait magnifique, précieux et majestueux et j’avais beau ne pas connaître grand-chose à la musique, je savais cependant que rares étaient les artistes qui pouvaient déclencher une telle ferveur, une telle fébrilité, auprès de l’audience bien souvent médusé qu’était celle de Saint-Urea.

Je n’avais guère jamais eu le loisir d’aller à l’opéra. Non pas que j’étais un rustre décomplexé mais je n’avais jamais eu l’audace et le temps de m’y appliquer. Aussi je décidais en cette tendre soirée de franchir le pas du théâtre et d’aller prêter à l’oreille aux douces mélodies de celle que l’on surnommait avec affection «  le Rossignol de Saint-Urea »

Je finis par me positionner dans l’une des loges mis à disposition des invités pour l’évènement et m’assoit confortablement dans un siège de velours rouge rembourré, un planning des artistes en lice nous est confié. Salle comble, le silence se fait, le rideau se lève et les artistes, la peur au ventre, retournent plutôt trois fois leur glotte avant de se produire devant l’éminente assemblée rassemblé pour l’occasion. Certains ne sont guère appréciés et passent aux oubliettes tandis que d’autres se font remarquer et applaudir par le public. Nous arrivons enfin au clou du spectacle, l’heure est à ce que le rossignol gazouille de tout son être. C’est ton heure de gloire petite.

Le rideau laisse apparaître le brin de femme, toute maquillée et préparé pour l’occasion, elle a peur bien sûr, une peur bleue qui lui tiraille l’estomac mais elle se tient fièrement, stoïque, avec une volonté de fer. Sa silhouette n’évoque que charme et tendresse, ses traits fins et son nez aquilin font de ce minois un beau petit brin de femme. Ses pommettes saillantes se teint d’une carmin tandis qu’elle s’apprête à débuter sa mélodie.

Elle distille de merveilleuses chansons, aux rythmes dynamiques et entrainants, les sons s’entremêlent les uns les autres tandis que sa voix harmonieuse se pose parfaitement sur le ton des notes. Sa musique enchante, sa musique égaye toute la salle, la tension se fait sentir sur les épaules de la jeune femme mais dans tout son lyrisme musicale, elle s’accroche à cette opportunité, non pas pour la célébrité ou la renommée, seulement parce qu’elle désire plus que tout faire partager ses émotions et tout le plaisir qu’elle aime à jouer avec ceux et celles qui ont payés pour la voir venir jouer. Elle est magnifiquement naïve, crédule et inoffensive, elle respire l’innocence et la sincérité.

Son récital se conclut par une ovation générale dans l’assemblée, certains s’évertuent même à se lever de leurs sièges tant le chant du rossignol est sublime. Elle se cambre fébrilement et remercie ses hôtes comme l’éminente professionnelle qu’elle est.

De nombreuses personnalités se voient recevoir des autographes tour à tour, la jeune femme embarrassée par tant de manières à son égard est un tantinet gêné par toute l’exaltation qu’elle a suscité. Elle avait fait carton plein et à mon tour, je vins finalement à sa rencontre.

« Mademoiselle, votre mélodie était en tous points magnifique, j’étais totalement subjugué par votre voix que j’en ai perdu tout notion du temps et de la réalité. Vous ferez une grande carrière, j’en suis certain et… »

M’apercevant de la tournure sans doute un peu trop cavalière, je calmais mes ardeurs et reprenait d’un ton plus posé :

« Veuillez excuser ma fougue, je me prénomme Kaitô, Atsuji Kaitô et j’aimerais beaucoup qu’à mon tour, vous me signiez un autographe, Mademoiselle. »
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Kaitô ATSUJI | Althéa PANABAKER



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L'assourdissant chaos d'applaudissements résonnait jusque dans mes os. J'observais avec un intérêt croissant les gens monter sur les planches et venir réclamer leurs autographes, demander des contrats et autres choses. Je voyais mes collègues ravis de l'attention qu'ils avaient capté parmi les spectateurs, mais je dois reconnaître avec gêne que beaucoup de gens se pressaient devant moi, me félicitant et me souriant. J'étais embarrassée par la teneur des évènements : je n'étais pas habitué à tant haranguer la foule par mes chansons. J'étais loin de la taverne de Kéran, et pourtant, en un sens, les clients simples de cet endroit me manquaient. Néanmoins ce n'était pas le moment de jouer les effarouchées. Me levant dignement, et passant une main moite sur ma robe pour en retirer les plis, je me mis donc à converser avec les gens venus me voir. Il y avait des couples, mais aussi des personnes seules, ou avec leurs enfants. Une vieille dame me demanda même mon nom pour le souffler à l'oreille d'un de ses petits-fils qui adorait la musique. Je rougis, et haussais les épaules, après lui avoir donné le renseignement qu'elle demandait. Je voulus m'assoir sur le tabouret, tandis que la foule s'éloignait enfin, me laissant de quoi respirer, mais une silhouette s'approcha, et je me tournais vers elle. Mon luth était posé au creux de mon bras comme un enfant, et il était évident dans ma façon de me tenir que j'y portais une attention particulière et affectueuse.

L'homme face à moi se révéla être d'âge mûr, bien bâti et au visage avenant. Son regard semblait flamboyer, mais ses paroles passionnées firent naître un sourire ravi sur mes lèvres. J'étais toujours extrêmement heureuse de voir les effets que la musique pouvaient avoir sur les gens : il n'était pas rare qu'un malade se sente mieux en écoutant sa chanson favorite, ou qu'on puisse exprimer des émotions en passant par les tonalités musicales d'un instrument ou d'une voix. La musique était universelle, cadeau de dieux cléments et bons. Mes prunelles d'ambre sombre scrutèrent un instant l'homme - Kaitô.

Enchantée de faire votre connaissance, Monsieur Kaitô déclarais-je, avec toute la joie possible dans ma voix.

J'étais réellement heureuse de faire sa connaissance. Il semblait gentil, et ses mots m'étaient allés droit au coeur. Une telle fougue n'avait pas besoin qu'on lui pardonne, au contraire. Je pris un des petits cartons qu'on avait mis à ma disposition, et en signait mon nom d'une jolie encre violette. Je lui tendis donc l'autographe, non sans me départir de mon sourire, et remarquais que la foule s'était dissoute. Il ne restait plus que quelques personnes à discuter avec les chanteurs, en bas de la scène. Je me trouvais un peu sotte, debout au milieu des planches, mais je ne souhaitais pas faire bouger ce monsieur.

Je suis vraiment contente que mon récital vous ait plu. A dire vrai, j'avais une peur bleue en montant les marches de la scène. Mais au fond, je suis convaincue que la musique devrait être partagée. J'ai eu la chance d'apprendre à chanter correctement et à jouer de la musique. Alors, quand je peux faire écouter aux autres personnes ce que mon coeur et mon esprit renferment comme sons et comme notes, je suis toujours très heureuse, d'autant plus si cela leur plait, voyez-vous ?   déclarais-je avec un petit rire gêné.

Je me confiais bien trop rapidement, Keran et Selène me l'avaient déjà dit. Pourtant, ce Kaitô m'avait l'air des plus sympathiques. Sa moustache était une véritable curiosité pour moi ; fournie, elle bougeait à chacun de ses souffles. Rougissant, je baissais les yeux, inconvenante dans ma manière de l'observer. Je vins gratter la base de mes cornes par réflexe, et je retirais soudainement ma main comme si je m'étais brûlée. J'aurais cru qu'ici, sur ces planches, on ferait plus attention que ça à cette difformité. Mais non. Au contraire ; j'avais eu l'impression que les gens m'observaient avec curiosité et non du dégoût. Comparé à la frange où j'étais assez souvent mise à mal et chahutée à cause de ça, ici personne n'en avait rien dit. Sans songer un instant que cela pouvait être de l'hypocrisie, je continuais de sourire à Kaitô.

Pardonnez-moi, j'ai tendance à trop parler quand il s'agit de musique. Je n'étais jamais venue me représenter ici, je faisais plutôt la tournée des tavernes. C'est un autre univers conclus-je d'une petite voix, impressionnée, en laissant mon regard parcourir la salle à présent quasiment vide.

Le plafond était haut, pour laisser se répercuter les sons. Les sièges se comptaient par dizaine, par centaine, et les murs étaient décorés de papier peint coloré et de moulures dorées. Tout ça respirait la grandeur et le pouvoir, et j'en aurais presque pleuré tellement c'était beau et inédit pour moi. Ca me changeait tellement de mon île natale ! C'était un autre train de vie, et j'étais bouleversée à l'idée d'entrer dans un monde pareil.

J'en oublie toutes les convenances, excusez-moi. Je m'appelle Althéa, Althéa Panabaker.

Il était bien le premier à qui je disais mon véritable nom. Les autres en étaient restés au Rossignol de Saint Urea. Bah, pourquoi pas ? C'était un surnom comme un autre, flatteur et élégant, un peu féminin même. Un peu à la manière de Chant-d'oiseau, l'autre femme barde. Je m'étirais discrètement, et fis quelques pas pour me dégourdir les jambes, un peu fatiguée par ma représentation. J'avais soif, et un peu faim aussi. La nuit devait être tombée, et je n'aurais pas dit non à un bon repas. Je me tournais vers Kaitô, avec une assurance en l'humanité qui défiait toute logique. Rien ne pouvait me dire si il n'était pas un tueur psychopathe. Rien, sauf ma naïveté crédule, qui me poussait à toujours croire en les gens.

Seriez-vous d'accord pour aller manger quelque part avec moi ? Oh, je ne ... Je suis désolée d'annoncer ça comme ça, ça m'avait paru une très bonne idée, mais ... ne vous sentez-pas obligé d'accepter surtout.

Et revoilà la maladroite. Partie, la grande chanteuse élégante, voilà la jeune fille un peu tête en l'air et malhabile, qui rougit pour un rien. Et du rouge, en voilà, qui monte à mes joues comme deux roses s'épanouissant, inondant mes pommettes et leur donnant la couleur de deux fruits mûrs. Mes yeux se baissèrent instinctivement ; j'étais trop timide, en cet instant, pour oser regarder dans les yeux ce brave homme que j'embêtais avec mes idioties. Je me triturais les mains, mais pas trop fort, de peur de faire tomber mon instrument.

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Le rossignol de Saint-Urea était aussi attendrissant et conciliant que la rumeur le laissait entendre. J’étais comme un gamin, pénétrant pour la première fois dans une confiserie, ne sachant formuler aucun souhait tant j’étais obnubilé par la douce féérie qui me transperçait. Althéa Panabaker faisait partie de ces gens sincèrement honnêtes qui, bien qu’il vente, neige, pleuve à torrents, garde leur vie durant le cœur sur la main. Une certaine candeur, certes, mais quelle délicieuse bienveillance respirait de tout son être. Nous étions tous deux, étrangement, anxieux de converser l’un l’autre, n’ayant respectivement guère l’habitude d’entretenir pareille relation avec un individu qu’on ne connait ni d’eve ni d’adam. Nous n’osions guère commettre de gestes incongrus et déplacés quant à notre interlocuteur de peur de ternir la beauté de l’instant présent. 2 gamins timides qui, la boule au ventre apprenait à se connaître. Elle avait cette pureté innocente et si singulière que les filles de sa trempe possèdent à leurs débuts, j’espérais de tout mon cœur que le show-business et tout les travers de la célébrité ne terniraient pas ses idées et ses principes et que ce qui était logé au plus profond de son être puisse rester intact à jamais. Un doux rêve que cette idée, sans doute une idylle, une utopie même mais pourtant je me surprenais à lui souhaiter de conserver cette part d’humanité, cette sensibilité sans équivoque qui finit par disparaître au fur et à mesure que chaque jour que dieu fait.

Elle me proposa bientôt d’aller dîner avec elle en ville. Etait-ce seulement possible ? Avais-je bien entendu les paroles de la demoiselle ou étais-je à ce point subjugué par sa présence que des voix s’élevaient dans ma tête ? Etait-ce seulement envisageable ?  Elle s’était illustré ce soir devant tous ces gens et pourtant l’idée de m’accompagner à dîner ne semblait pas la déranger la moins du monde. L’idée était ô combien fort séduisante mais n’avait t’elle pas la moindre peur des ragots qui pourraient vaquer sur son éminente personne si on la voyait le jour de son audition aux bras d’un homme du double de son âge. La presse l’attendait au dehors et j’imaginais d’ores et déjà le scandale que pouvait provoquer ce dîner, les journalistes se donnerait à cœur joie de noircir leurs papelards pour donner dans le sensationnel. Pourtant, d’une certaine manière, je me sentais étrangement bien en sa présence comme si elle apaisait mon âme de tout ce qui la tiraillait et lui faisait oublier toutes les choses et parfois atrocités que j’avais pu commettre pour le gouvernement. Avais-je le devoir de lui éviter pareil supplice ? L’exposer aussi crument au vu et à la su de la presse ?  La douce attention venait de sa part et j’avais foncièrement envie d’accepter l’invitation, peu importe les conséquences.

« C’est que..euh, eh bien, je, j’en serai très honoré Althéa ! «

J’étais empreint d’une timidité qui me collait à la peau. La fille régla quelques affaires, s’empressa bientôt de ranger soigneusement ses instruments dans un sac de cuir et nous sortîmes bientôt du grand théâtre. Sur le parvis, les choses ne manquèrent pas de gâter, elle du faire face à une armée de paparazzis qui sans aucune forme de décence l’interrogèrent autant sur sa vie professionnelle que sur sa vie privée. Elle se sentit obligé de céder partiellement à leurs attentes pour sa première mais resta très évasive sur sa vie privée. Quelques flashs l’éblouirent et des hommes trop fougueux l’incommodèrent. Elle n’était guère âme à se confier d’emblée et ce malgré sa naïveté. Notre sortie ou plutôt la sienne avait presque des airs de bain de foule pour le rossignol. Elle le méritait amplement mais je craignais ce qu’il allait advenir pour la suite de la soirée. Aussi, au vu de la situation, nous avions décider de laisser tout ce parterre de journalistes et de fans pour nous enfuir dans les artères de la capitale, comme deux fugueurs rêvant de vivre d’amour et d’eau fraîche. Dans la précipitation du moment, je n’avais pas encore remarqué les longues et épaisses cornes de la demoiselle, c’était à ce genre de petit détail que je me rendais compte qu’elle m’avait mis dans un état second. En temps normal, je les aurais immédiatement repérées et analysées, autant cette fois-ci, la procédure élémentaire du Cipher Pol m’était totalement sortie du coin du crâne. Je ne pouvais m’empêcher de plonger mon œil dans sa prunelle ambrée comme si je demeurais happé par l’univers tout entier sommeillant dans l’iris de la jeune femme.

Elle avait toujours eu l’habitude d’aller dans des tavernes où elle y avait appris à chanter d’innombrables ballades et chansons. Je ne comptais guère l’emmener dans un restaurant grand luxe, non pas qu’elle ne le méritait mais elle s’y serait résolument sentie mal à l’aise. Tous ces maniérés n’auraient de cesse à zieuter sa façon de manger, de se tenir, de discuter et de se forger encore et toujours une opinion à dominante pessimiste sur ce charmant brin de femme. Je comptais lui éviter cette disconvenue et l’emmener là où elle avait toujours aimé être, là où elle avait grandit et où toute son âme de cantatrice pourrait s’épanouir dans joie et la bonne humeur. Bientôt, il se mit à tomber des cordes, la populace se pressait pour s’abriter sous des porches, dans des masures et autres recoins et nous décidions bien assez tôt de pénétrer dans une taverne authentique de joyeux lurons dont je connaissais le propriétaire. Elle n’aurait à craindre personne ici bas, pas de malavisés, pas de soulards indélicats et dieu sait qu’à « la chèvre et le minotaure », on aime foutrement les mélodies entrainantes et les rythmes endiablées. Elle pourrait pt’et même apprendre deux ou trois nouvelles mélodies pour son répertoire tant le registre était varié. La pluie nous avait foncièrement trempés, l’eau ruisselant sur son doux visage apportait une touche de noblesse supplémentaire à son faciès d’ores et déjà angélique. Je ne comptais pas faire tout de suite part au patron de ses talents de diva, il fallait sans doute qu’elle repose sa voix à l’heure actuelle. Nous nous installâmes bientôt à une table d’angle et débutions une conversation teinté d’appréhension et d’humilité, s’efforçant de prêter attention à la moindre réaction de notre interlocuteur.

« Je suis vraiment ravi d’être en votre compagnie. Je me demande depuis un petit moment, comment vous est venue l’idée singulière de chanter ainsi ? Quel est votre plus grand rêve ? Il faut que vous vous produisiez sur toute la Blue, que dis-je dans le monde entier même. «

Je me devais cependant de lui cacher ma véritable identité, ne pouvant résolument la placer en danger. Mon éventail d’identité était particulièrement étoffé pour ce genre d’occasion et je décidais de choisir le plus avantageux pour cette situation cocasse :

« Je suis représentant de commerce dans la joaillerie ici à Saint-Urea. J’achète, je vends, je négocie et je fourgue toutes sortes de pierres précieuses à quiconque est intéressé de mettre la main dessus. Et si je puis permettre à la couleur de vos yeux, une améthyste semblerait toute indiquée pour votre personne. »
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Kaitô ATSUJI | Althéa PANABAKER



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Kaitô mit fin à mon embarras en acceptant, et je le priais d'attendre un instant, le temps que j'enfile une veste et dise à Selène où j'allais. La jeune femme, d'une bonne dizaine d'années mon aînée, m'attendait derrière les rideaux, et jeta un coup d'oeil à l'homme qui m'attendait patiemment. Alors que je rangeais avec délicatesse mes instruments et m'apprêtais à sortir, ayant enfilé une veste de cuir bleue clair, elle me donna un petit coup de coude amusé. Elle indiqua Kaitô d'un geste du menton, un sourire amusé aux lèvres.

Je sors manger avec lui. Il est très gentil fis-je comme si je m'excusais ; à vrai dire je n'avais pas du tout prévu de sortir, et je me sentais vaguement coupable de la laisser seule, mais le sourire qu'elle avait aux lèvres s'accrut pour devenir complice.
Althéa, quelle coquine tu fais ! A peine ta célébrité commencée, tu trouves déjà un mécène ? Et c'est qu'il est bien conservé, mazette, tu v-
Selène ! grondais-je, outrée, les joues virant au rouge le plus vif, en me mordillant les lèvres d'un air embarrassé et fautif. Ne dis pas de telles choses ! Tu es bête.

Je la quittais, alors qu'elle me couvait des yeux - et dévorait de ces derniers Kaitô. Je ne pus m'empêcher de le détailler un instant, bien malgré moi, mais je me sortis vite tout cela de la tête. Mon ventre était cruellement vide, et je n'aspirais qu'à le remplir, besoin certes terre-à-terre mais vital. Nous sortîmes, et ce fut le bain de foule. Des flashs m'aveuglèrent, et je restais un instant pétrifiée sous la grêle de questions qui m'assaillirent. Je ne savais pas trop quoi dire, et j'évitais de trop m'étendre sur mes relations et ma vie privée ; ça ne les regardait absolument pas. Je rougissais sous leurs assauts verbaux ; ils criaient tous, leurs regards brillants posés sur moi. Je n'avais pas l'habitude, et je me sentis rapidement exténuée et perdue. Kaitô, en bon sauveur, me prit le bras et nous nous éloignâmes. Je courais à une lenteur d'escargot, mais il semblait connaître les ruelles, et alors que la pluie se mettait à tomber sur nous en fines gouttelettes, mon souffle court laissa échapper un rire. Quelles sottises que tout cela ! J'avais l'impression d'être une de ces héroïnes de mes histoires, à m'enfuir ainsi, comme prête à m'enfuir avec un amant. Cette pensée me fit rougir d'autant plus, mais j'espérais qu'il mettrait cela sur le compte de notre course effrénée. Je le suivais, docile et confiante. Nous arrivâmes finalement à un endroit où je n'étais jamais allé, pour cause : je ne fréquentais pas les hautes sphères. Pas avant aujourd'hui. Mais l'endroit était parfait ; il nous abriterait de la pluie, il y ferait chaud, et je sentais déjà du dehors les effluves appétissants du pain chaud et de la viande.

Nous pénétrâmes dans La Chèvre et le Minotaure, et je m'assis pesamment face à l'homme en face de moi. Je ne pouvais décemment pas en parler comme d'un jeune homme, mais au fond, il semblait autant voire bien plus sympathique que les godelureaux que j'avais croisé ce soir. Sa voix retentit, et je décidais que je l'appréciais, lui et sa façon de parler. Il semblait me respecter, et je me sentais précieuse devant lui. Une sensation toute nouvelle, et qui me faisait rougir en même temps qu'elle comblait quelque chose en moi, un creux attendant désespérément. Ses questions étaient aussi douces que du sucre ; alors que les journalistes et autres curieux de tout à l'heure m'avaient embarrassée, ici, c'était presque légitime qu'il s'interroge à mon égard. Tout comme je me posais bien des questions quant à sa personne. Je retirais ma veste et déposais mon sac à côté de moi, et rejetais en arrière mon imposante crinière bouclée, sombre, ornés de reflets bruns à cause de la lumière intérieure. Je ne faisais même plus attention à ma petite monstruosité, tout à mon vis-à-vis des plus agréables.

Je vais vous en dire un peu plus que je ne l'ai fait avec les journalistes. Je suis née sur une petite île, où vivaient uniquement des cornus. Et dès mon plus jeune âge, je me suis sentie attirée par la musique. Elle déchaînait passions et émotions, et je- Je me tus un instant ; je ne pouvais décemment pas révéler qu'au fond de moi, j'avais toujours désiré faire naître grâce à mes chansons des sentiments chez mon public autre que la moquerie. Que je m'étais mise à chanter, parce que j'aimais ça, mais aussi parce que comme ça, les autres m'écouteraient et ressentiraient ce que je leur dictais, plus au moins. Je me repris, en cherchant mes mots, la voix basse et flûtée : Disons que j'ai pris mon enseignement, à l'adolescence, auprès de la barde de mon village. J'ai tout de suite acquis de bons réflexes, et je me suis attachée aux instruments petits et facilement transportables. Et puis, par chez moi, il n'y avait guère d'orgues ou d'autres instruments de ce genre. Mais, cloisonnée sur mon île, j'ai eu envie de partir. Parce que je voulais découvrir ce que cachais le monde, pour voir de mes propres yeux les fabuleuses merveilles que je chantais. Pour y faire ma place.  

C'était assez bien résumé, et je fis un petit sourire timide à Kaitô. Il semblait totalement enchanté par ma musique, et le fait d'avoir trouvé un être si sensible à mes chants me faisait chaud au coeur. D'ailleurs, une douce chaleur se répandait dans tout mon corps, alors que la pluie qui m'avait mouillée s'évaporait. Il faisait bon, dans la pièce, et les odeurs provenant de la cuisine ne cessaient de titiller mes sens. Je l'écoutais, avec curiosité ; j'eus un sourire amusé quand il parla de son métier. Joaillier, donc ? Son compliment, à la fin, finit de me faire rougir, et je baissais timidement les yeux ; les lumières firent naître sur mes joues des arabesques d'ombres, tatouages éphémères qui bougeaient au gré des mouvements qui nous entouraient.

Vous êtes un flatteur, Monsieur Kaitô. Ce doit être extrêmement intéressant que de travailler de telles pierres. J'avoue ne pas m'y connaître énormément ; la plupart des bijoux que j'ai connu jusqu'ici étaient de cuir ou de petites perles d'ambre, ou encore de cuivre.   Comme pour lui montrer, je levais mon bras et le posais sur la table, comme prêt à une analyse au scalpel. A mon poignet trônait un petit bracelet fin, de cuivre martelé. C'était loin de l'artisanat méticuleux dont pouvait faire preuve un joaillier, mais ça venait de chez moi, et j'y tenais particulièrement.

Le serveur vint prendre commande, ce que nous fîmes, et je me tournais pour écouter la musique qui régnait ici comme un bruit de fond doux et agréable. Quelques personnes jouaient de divers instruments, et la musique m'était inconnue ; la voix était celle d'un homme, formant une contrepointe étonnante aux sons plus aigus. Le tout donnait une sensation étrange de légèreté et de caresse auditive.

Je n'en reviens toujours pas, d'être venue chanter ici. Je loge habituellement dans une taverne, et suis devenue amie avec le gérant. C'est sa femme, que vous avez vu tout à l'heure.   Ma voix s'atténua toute seule, alors que je repensais aux paroles de Selène. Je rougis un peu, et toussotais, gênée. Je n'avais jamais jusqu'ici eu de telles idées. La beauté possible des hommes m'était jusque là inconnue, ou plutôt je n'y faisais pas attention. Mais je détaillais chez Kaitô une musculature vigilante, un visage aux traits avenants. Il avait l'air viril, et ça remuait quelque chose en moi. Je soupirais intérieurement, et me traitais d'idiote : je n'allais tout de même pas réagir comme une adolescente face à ses premiers émois. Je me forçais à reprendre le fil de mes pensées et à continuer, en gardant les yeux baissés pour éviter de trop le dévisager. Je n'aurais jamais imaginé que les gens puissent apprécier autant mes chants ... Peut-être vais-je finir par rencontrer l'équipage qui me donnera envie de créer une saga pour lui ?

Je souris doucement, et reposais mes yeux sur son visage entre deux âges. J'allais même jusqu'à poser mon menton sur mes mains, coudes sur la table. Je n'avais jamais eu les manières d'une grande dame ; j'avais été élevée sur une île où la plus grande des distinctions à table pour une femme consiste à manger la bouche fermée. Je ne savais rien des us et coutumes quant à quelle fourchette utiliser, et à dire vrai, je m'en fichais. Je clignais doucement des paupières, appréciant le moment présent. Si la rançon de la gloire était de pouvoir connaître quelqu'un d'aussi gentil, j'en étais particulièrement heureuse. Monsieur Kaitô. J'avais tendance à appeler tout le monde Monsieur ou Madame, suivi de leur prénom. Confusion, chez moi, qui semblait pourtant naturelle ; les gens ne s'en offusquaient pas. C'était une manière très instinctive pour être à la fois polie et me rapprocher des gens.

On vint finalement nous déposer boissons et plats devant nous. Le ragoût était chaud, la mie du morceau de pain était encore chaude et sa croûte croustillante. Le vin et la bière servie étaient de bonne qualité. Je me mordillais la lèvre, indécise : fallait-il faire autre chose que manger ? Bah ! Je souhaitais bon appétit à mon convive et me mis à manger de bon appétit. Dans la frange, j'étais habituée à voir les gens manger pour combler le vide de leur estomac. Il paraissait que certaines femmes, pour garder la ligne, évitaient de boire ou de manger certaines choses. Cela me paraissait extrêmement stupide. Je savourais le goût et la texture de la viande, cuite juste ce qu'il fallait pour répandre l'arôme juteux. Le pain était autant accompagnateur qu'acteur de cette symphonie culinaire, et j'eus bientôt fini mon repas, ravie et repue.

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Nous entamions toutes sortes de conversations et au fur et à mesure nous faisions tous deux preuve de bien plus d’assurance à l’égard de l’autre, le climat se détendait progressivement, la narration de mes quelques histoires semblaient avoir peu à peu décrispé l’anxiété qui était la notre. Althéa était assurément loquasse, elle se confiait en toute sincérité sur des pans entiers de sa vie personnelle, m’expliquant ce qu’il l’avait guidé à devenir barde de renom. Elle n’était aucunement rentrée dans toute cette foultitude de détails avec les journalistes, elle s’épanchait encore et encore et me livrait en toute confidence et en toute confiance des précieux détails sur sa vie. Bien entendu, si j’avais été malhonnête, j’aurais nécessairement pu divulguer et vendre au prix d’or ces informations mais elle m’était beaucoup trop sympathique pour que je m’adonne à pareille vacherie. La soirée allait bon train et nous nouions une véritable relation au fil des breuvages que nous ingurgitions sans la moindre vergogne.

J’étais assez étonné d’apprendre qu’elle avait vécu sa vie durant de tavernes en tavernes. Elle n’était guère le genre de rombière déluré et vulgaire à la voix grasse et rauque qu’on a parfois l’habitude de voir en ces lieux. Elle était aux antipodes de la mégère caverneuse, elle était tout ce qu’il y avait de plus beau que le monde avait à offrir. Il pouvait sembler étonnant que ces lieux, au demeurant viril comme pas un, où la sueur et l’alcool faisaient bon ménage dans une alchimie rocambolesque avait été l’élément déclencheur de toute la fabuleuse et tumultueuse histoire d’Althéa. Une barde l’avait prise sous sa coupe, lui enseignant avec brio les arts mélodiques. Dieu sait que cette femme peut désormais dormir sur ses deux oreilles et passer dans l’autre-monde l’âme en paix, elle avait remplie la mission qui lui incombait en transmettant à Althéa son éminent savoir.

Comme je le subodorais, elle était étrangement intéressée par ma fonction de représentant. Les pierres précieuses et les beaux bijoux restent avant tout l’apanage des femmes et à fortiori des belles femmes, il n’était guère étonnant qu’Althéa soit sensible à la joaillerie. Elle brandit avec une fierté non dissimulé ses propres bijoux dont le teint cuivré exaltait ses longues prunelles dorés. Je profitais de l’occasion pour lui délivrer quelques anecdotes sur les pierres précieuses que j’aurais pu avoir entre les mains, j’aimais l’idée de voir scintiller sa rétine au gré de mes histoires. Elle avait beau ne porter que des ornements d’ambre et de cuir, elle n’en restait pas moins un véritable joyau dans un monde où brutalité et animalité sont monnaie courante. Il vint bientôt l’heure de la collation du soir, le ragout encore bouillante nous dressé sur la table. Je n’avais guère très faim en dépit des senteurs et arômes enivrants émanant de la nourriture, elle seule en était la cause, j’étais toujours plus ou moins séduit par la demoiselle. Aussi, me sentais-je finalement obligé de mettre la main à la pâte et déguster un tant soit peu les victuailles et de ne pas indisposer le bon Hubert, cuistot de la taverne depuis ses 20 balais.
Bientôt le propriétaire de la taverne, Joey, vint me serrer la paluche et s’avertir que tout se passait pour le mieux de ses convives. Joey, était un type infiniment serviable qui avait très tôt découvert sa vocation et avait fini comme le pilier de bar qu’il était par ouvrir sa propre affaire. Depuis lors, il a fait rapidement fructifié son affaire en la rendant plus florissante que jamais et a fait du « Chèvre et Minotaure «  une véritable référence dans le paysage très fermé des brasseurs de Saint-Urea.

« Eh bien, eh bien, que voila le camarade Kaitô avec une bien belle consœur. Alors, Kaitô, toujours à la recherche de l’âme-sœur à ton âge ? Bwahaha, je te le dis, t’aurais dû te poser comme moi et te construire un bon petit nid douillet. »


Joey ne savait bien entendu pas un traître mot sur mes véritables fonctions et mon affiliation au Cipher Pol. Il n’aimait guère le gouvernement, il lui avait mis dans les bâtons dans les roues lors de l’obtention de sa licence d’exercice, s’évertuant à toujours aller chercher la petite bête. Il leur vouait une profonde défiance et à l’époque, c’était moi qui avait manœuvré officieusement pour qu’il se la voit octroyer sans trop d’embûches. Il était évident qu’au regard de mon boulot, je me devais d’avoir aucune sorte de famille ou tout ce qui s’y rapproche. De tels liens, aussi intenses, soient ils n’étaient que des cartes à jouer pour que mes ennemis puissent directement frapper de manière incisive là où ca fait mal. C’était comme donner des verges pour se faire battre mais j’avais sciemment accepté cet état de fait en m’embrigadant pour le gouvernement. Pas de passé, ni d’avenir, c’était un fléau à porter, une lourde croix à supporter sur le sentier tumultueux de l’existence.

« Tu le sais bien, joey, j’ai toujours été un coureur. Moi me poser ? Jamais de la vie. Je dois dire que tu t’es surpassé ce soir, la nourriture était parfaite, tu peux remercier hubert de ma part. Il est encore là d’ailleurs ? »
« Eh pourquoi il ne le serait plus ? haha. Et vous madame, avez-vous apprécié ce rep… »

Joey venait de tilter et de rendre compte de l’identité de notre belle amie ici présente. Il en restait bouche bée, sans voix, d’avoir l’insigne honneur d’accueillir en son modeste établissement la voluptueuse Althéa Panabaker. Joey était sans doute un peu trop exubérant mais il avait l’intime qualité d’être un véritable expansif lorsqu’il avait l’âme enjoué. Il saisit aussitôt la musicienne et la serra fort dans ses bras, comme il avait serré autrefois la grand-mère qui lui était si chère sur son lit de mort. La complaisante Althéa, prit de court par l’évènement, ne put faire autrement que le serrer à son tour avec bien moins de poigne. Pouvais-tu ressentir toute la bonté de cette âme, Althéa ? Commençais-tu à mesurer tout le bien-être et le contentement que tu pouvais susciter auprès des hommes qui suivaient tes progrès ? Joey était tout émoustillé et alla même de sa larme au vu de l’ampleur de l’évènement. Desserrant sa prise progressivement, il déclara alors :

« Je..je suis désolé, mon cœur s’est soulevé par le trop plein d’émotions et j’ai ressenti le besoin vigoureux de vous saisir. «

Il poursuivit aussitôt :

« Hey, les gars, les gaaaaars. Nous avons Althéa Panabaker, le rossignol de Saint-Urea, parmi nous pour la soirée. J’aimerais qu’on lui montre toute l’étendue du répertoire de chansons qu’on a amassé depuis maintenant 30 ans. Vous êtes prêts les meeeeeecs ? «
« OUAAAAISSS »

Joey, monta bientôt sur la table qui était la notre, avant d’afficher un sourire radieux, resplendissant d’un bonheur profond qui égayait son cœur. Il leva les bras doucement et dans un mouvement de phalanges, s’improvisa chef de la chorale des bons vivants de la taverne. Le rideau de l’estrade se leva bientôt avec ferveur tandis que les habituels musiciens prenaient places sur celle-ci.

« 1…2…3...4 »





La chanson populaire de Brook le mugiwara fut aussitôt chantée à tue-tête dans toute l’auberge. Tous les types de l’auberge s’agrippant par les coudes et s’égosillèrent dans toute la tradition et la magie inhérente aux tavernes. Qu’importe que tu sois bourgeois, pauvre, riche, parvenu, ou la pire des enflure au monde, cette chanson c’était la tienne, la musique unissait les cœurs et gommait toute forme de hiérarchie ou de considération sociale. Ecoute Althéa, ils chantent pour toi.
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TITRE SAUVAGE & SWAG


Kaitô ATSUJI | Althéa PANABAKER



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La sensation de satiété m'emplissait totalement. Je n'aurais pu être plus heureuse : j'étais en très agréable compagnie, et je venais juste de réussis mon premier pas vers mon but. Nous discutions doucement, en se révélant ici et là quelques histoires. Kaitô avait une façon presque hypnotique de prler ; je buvais littéralement ses paroles, et ma profonde candeur et mes réactions si sincères à ce qu'il disait m'auraient embarrassée si j'en avais une conscience. Alors que j'observais autour de moi avec curiosité, une silhouette s'approcha. Mes prunelles d'ambre se posèrent sur l'homme ; il semblait amical et il se mit à discuter avec Kaitô. J'écoutais d'une oreille, en essayant de ne pas avoir l'air trop intéressée par ce qui disait. Ce qui se dit sur la vie personnelle de mon "mécène" me fit sourire : il est vrai que beaucoup d'homme de son âge devaient avoir déjà femme et enfants. Je ne pouvais cependant deviner quelle était la vraie raison de son libertinage, et cette idée me le fit paraître un peu moins reluisant dans mon innocence si pure. En ce qui me concernait je ne m'étais jamais intéressé aux hommes ; j'avais toujours eu d'autres idées que fonder une famille. J'avais un but à atteindre, et il me semblait plus simple d'éviter d'encombrer quelqu'un si je ne pouvais rester avec cette personne. Non pas que ça m'intéressât, de toute façon. J'avais pensé ça d'une façon presque boudeuse, et j'avais décidé de les laisser discuter quand je me sentis soulevée de sol.

L'homme, Joey, m'avait prise dans ses bras et me serrait fort. Un peu étonnée, je vis qu'il n'avait aucune mauvaises intentions et tapotait maladroitement son dos. Il me reposa, s'excusa, et tout en grattant ma joue, gênée, je lui expliquais qu'il n'y avait pas de raison d'être désolé. De toute évidence, il était ravi de m'avoir chez lui. Je n'arrivais toujours pas à réaliser que tous ces gens, autour de moi, qui se levaient pour me voir, à la mention de mon surnom, me connaissaient.

Et puis, ils se mirent à chanter. Mes yeux sombres se levèrent vers le chef d'orchestre, Joey ; installé, bien campé sur ses deux jambes sur notre table, sa voix résonnait plus forte que les autres. Et tous, tous, ils y mettaient leurs coeurs. Je fermais les yeux, un sourire ravi aux lèvres. J'écoutais le chant de leurs âmes ; j'aurais été bien ingrate de faire le contraire. Et même si, dans le fond, ils n'étaient pas tous en rythme ni ne chantaient tous justes, je les trouvais bien plus touchants que certains autres bardes de ma connaissance. La mélodie résonnait autour de nous, donnant un rythme et une vie à la taverne toute entière. Quand ils eurent fini, ils éclatèrent tous de rire, et Joey baissa les yeux vers moi. Je lui rendis son regard ; mes paupières débordèrent un instant et je baissais le visage pour essuyer une larmichette. J'étais trop sensible, vraiment. Joey descendit, un peu gêné, ne sachant que faire.

Oh, pardon, mam'zelle Panabaker, je ne voulais pas vous faire pleurer, ahahaha !
Ce n'est rien ; ce sont des larmes de joie, monsieur Joey. Merci beaucoup. Je crois que votre chant m'a appris beaucoup ce soir.

On aurait pu se tromper sur le sens de mes paroles si je n'y avais pas mis autant de douceur. Oui, j'avais appris quelque chose : il ne suffit pas qu'une chanson soit juste ou bien calibrée pour qu'elle soit belle. Des personnes ne connaissant pas grand chose aux accords pouvaient offrir leurs coeurs en musique, et la rendre d'autant plus belle.

A moi, de vous rendre la pareille. Moi aussi, je peux vous montrer mon âme dans mes chants, monsieur Joey.

Et sans plus de chichis, je montais à mon tour sur la table. J'eus un petit rire vers Kaitô, un peu plus bas que moi, puis, en gardant mon sourire, me mit à fredonner pour indiquer aux musiciens quelles notes jouer. Puis à mon tour, je me mis à chanter. C'était moins formel que tout à l'heure, mais j'y donnais encore plus mon coeur. Ma voix s'élevait, claire et limpide, véritable gazouillis débordant d'émotions. C'était une chanson que je chantais peu, et qui n'avais pas le caractère aussi rustique que leur chant à eux, mais il y avait dans les mots qui franchissaient mes lèvres une candeur qui m'était si personnelle que je leur dévoilais réellement tout mon être.



Et puis, ce fut fini, également. Je souris, puis, toujours sans chichis, retournais sur ma chaise. Je n'avais plus rien d'une grande dame : ma robe blanche était froissée sur mes jambes, dévoilant mollets et genoux ; mes cheveux s'étaient emmêlés en une masse bouclée. Mais mes joues roses et mon souffle court, mes yeux brillants montraient mon profond contentement et ma vague excitation.

Oh, Kaitô, garde-là, celle-là ! Peut-être que tu pourrais t'arrêter de courir, si tu es arrivé à bon port, mon vieux !

Il partit d'un rire, et s'éloigna en hélant le nommé Hubert. Je clignais des yeux et rougit vaguement. Un coureur, hein ? Je m'adossais à ma chaise, en repoussant d'un geste naturel, pas du tout contrefait, mon opulente chevelure brune. Je ne faisais même plus attention à mes cornes, en cet endroit où tout le monde semblait m'accepter comme j'étais, et surtout m'admirer pour ma voix.

Vous avez un ami en or, Monsieur Kaitô ! fis-je d'une voix basse, alors que je l'observais - ou plutôt le dévorais des yeux.

Je ne pouvais m'en empêcher. J'avais beau savoir ce petit trait noir de son être, et même si au fond je n'aimais pas cela, je ne pouvais le détester ou le planter là. Par politesse, premièrement, mais surtout parce que je l'appréciais. Ma confiance en les autres avaient toujours été trop candide. Et encore ici, je ne m'imaginais pas un instant qu'il pouvait me mentir.

La musique qui se mit à résonner, je la connaissais, et mon nez se tourna vers l'orchestre, alors que quelques personnes se mettaient à danser - une danse de taverne. C'est-à-dire que ça n'avait rien à voir avec les danses bien ordonnées qu'on pouvait voir dans la haute. C'était chaotique, amusant à regarder et à danser, les gens changeaient de partenaires, en riant, en se déhanchant ridiculement, sur le rythme. Mes prunelles se mirent à briller et je me tournais vers Kaitô, en pressant mes lèvres en une moue envieuse.

Est-ce ... Est-ce que vous voudriez bien danser avec moi ? murmurais-je, avec l'impression d'être une gamine effrontée.

Plus loin, les tables avaient été poussées pour laisser la place aux gens de remuer. La musique était devenue vivante, avec un rythme rapide, et parfois les rires étaient si forts qu'on n'entendant plus clairement les paroles. Je m'efforçais de ne pas trop observer Kaitô - j'essayais de me raisonner un temps soit peu : il avait sûrement le double de mon âge, et il ne voudrait sûrement pas danser avec moi. Je fis un petit geste, pour lui dire qu'il n'était pas obligé d'accepter ; mes joues virèrent au cramoisi. J'avais le sentiment d'être extrêmement maladroite, face à lui, et d'avoir l'air d'une idiote. J'aurais préféré qu'il me voit en mon meilleur jour - mais, après tout, il m'avait entendue chanter. N'était-ce pas ma voix, mon "meilleur jour" ? Alors, un peu effrontément, je lui lançais une oeillade brûlante. Je ne voulais à la base que danser, mais à présent que j'y pensais, je risquais sûrement de devoir le toucher. C'était totalement indécent et pourtant, ici, ça n'avait plus rien d'étrange. J'eus un petit frisson d'impatience en attendant sa réponse, mes iris d'ambre posés sur lui avec une fixité malhabile, tant j'étais hypnotisée par son visage, ses traits, ses yeux.

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Un entrain sans pareille avait gagné la taverne. Les mines enjouées, joviales, presque même euphoriques des larrons en étaient les témoins les plus probants. Joey menait la danse avec un sens du rythme que je ne lui connaissais guère, improvisé maître de cérémonie, il se permit même quelques pas de danse en suivant le tempo déchaîné des sonorités, on reconnaissait aisément le mhoun Wok, entraînant la raillerie de ces fidèles compères. Les chansons et autres balades entonnés en chœur, avait ravivé en moi un frissonnement singulier, le genre de soubresaut particulier à même de vous hérisser le poil tant l’émotion profonde qui vous habite est fameuse.

L’émoi émanant de toute notre petite troupe était éminemment contagieux, les clients qui ne voulaient pas participer à notre petite fête improvisé finissaient tant bien que mal à s’immiscer dans l’allégresse commune. Dans l’engouement collectif, Althéa décida de rajouter sa pierre à l’édifice,  en adjoignant sa subtile et voluptueuse voix à la chorale des vieux loups de mer de la taverne. La petite donnait de la voix, elle avait un coffre éminemment puissant pour une fille de son gabarit, sa voix suave et limpide cristallisait les voix gutturales superposés de tous les ténors du bar et donnait à toute notre mélodie un contraste saisissant. Son chant, transpercait l’âme de toute l’assemblée et je me plus à écouter avec une délectation presque non dissimulé l’expression de sa voix chaste. Bientôt dans toute la ferveur qui avait empli ce lieu chargé d’histoire et de houblon, Althéa m’invita à ma grande stupéfaction le temps d’une danse. J’étais quelque peu embarrassé par une telle proposition, cela faisait bien longtemps que je n’avais reçu une telle faveur à fortiori par une aussi jolie jeune femme. Pour autant, Althéa devait aussi avoir pris son courage à deux mains pour solliciter une telle requête. J’éprouvais une sincère envie d’accéder à cette demande, chose que je fus après quelques brefs instants de réflexion.

Althéa n’était pas une femme de convention, de mondanités ou d’accommodement. Elle exprimait par la sorte son dédain profond pour toute sorte de formalisme et de souci de l’étiquette qu’elle ne voulait se voir imposer. Elle était une femme d’audace et de résolution, elle bousculait l’ordre établi dans toute la sincérité et la naïveté qui lui était propre. On se saisit mutuellement le poignet d’abord, le tour de taille ensuite et bien que nous étions tous deux empruntés par la situation, nous prirent tous deux sur nous même et dansâmes au gré des chants. Je ne voulais guère le reconnaître mais je m’entichais sensiblement au fil des mélodies de cette petite, j’étais séduit en tous points et c’était là une sensation qui ne m’était guère arrivé depuis un paquet d’années. Puisse cette soirée demeurer à jamais, puisse le sablier, inexorable, se figer en cette généreuse soirée, le temps de cette danse, de cette inoubliable soirée. Puisse cette ode éphémère devenir immuable, éternel, immortel même. Si j’étais séduit par le rossignol de Saint-Urea ? Hmmmh. La question serait plutôt de se demander à l’inverse, qui est imperméable à ses charmes ? De sa longue et voluptueuse crinière, s’épandait milles et unes senteurs envoutantes. Dans son sillon, émanaient les effluves d’un parfum élégant, enivrant et délicieux. Aucun homme ne pouvait résister à cette sorcellerie, aucune femme ne pouvait s’empêcher de voir en elle une rivale à part entière.

Dans notre danse, j’essayais tant bien que mal de pas tomber en béatitude devant son joli minois, le tracas de la scène fut bientôt oublié tant elle dansait merveilleusement bien et en rythme et j’avais peine à suivre son accoutumance aux multiples pas de son répertoire. J’oubliais tout forme de malaise provoqué par nos deux corps, se rapprochant tour à tour et me laissait emporter dans le flot continu de rêverie qui s’imprégnait en moi sans que je puisse le réfréner de quelque manière. Je succombais à l’instant présent, je sentais ses mains moites et toute leur tiédeur, toute sa fougue qu’elle s’évertuait à contenir dans son petit cœur, chétif, que je pourrais presque tenir dans mes paumes de main rassemblées.

Bientôt quelques sifflements émergèrent de la part des habitués de la taverne, ils n’avaient guère souvent le loisir de m’apercevoir en pareille situation et ce bien, que je me vantais d’avoir une réputation volage. La soirée battait son plein sans que rien n’y personne ne semblait pouvoir en interrompre la bonne marche…du moins jusqu’à ce que l’impromptu advienne. Un cri aigu retentit dans l’impétueuse taverne, suffisamment haut dans les cordes pour perdurer finalement le cours de la nuit. Althéa en était l’auteur. Nous la scrutâmes tous aussitôt avec grande abêtissement.

« Mes instruments ! Ils ont disparus ! Ils étaient dans mon sac en peaux et et… il s’est volatilisé ! «

Althéa était dans tous ses états. Ses instruments n’étaient pas de vulgaire accessoires, c’était à n’en pas douter toute sa vie, la prolongation de son âme. Des flûtes, un ocarina, une lyre, une petite harpe, une flûte de pan, tous ces instruments revêtaient une véritable valeur émotionnelle pour le rossignol de Saint-Urea. Imaginez donc la castafiore à qui l’on a volé ses bijoux et qui de par le traumatisme engendré par la tragique expérience, ne peut plus donner de la voix. Le cas d’Althéa n’était pas différent et il fallait à tout prix mettre la main sur le petit malin qui s’était rendu coupable du méfait. La fête était malheureusement finie, trop courte, toujours trop courte.

« Vous avez vu quelque chose ? «

« Non ».

Un non franc et massif, personne ne pouvait se douter que quelqu’un pourrait profiter de l’occasion pour perpétrer un tel sévices. Hubert émergea de ses cuisines et s’égosilla devant tous les clients.

« Un mec avec un béret vert et des bretelles vient de me mettre un coup sur la tête avant de s’échapper par la porte de service. Si vous vous dépêchez, vous avez peut être moyen de récupérer sa trace ! «

Les choses se gâtaient et on était loin d’être au bout de nos surprises.
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TITRE SAUVAGE & SWAG


Kaitô ATSUJI | Althéa PANABAKER



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On se lève, et la musique nous entraîne comme la nature déchaînée, folle de musique et ivre de chansons. Je me souviens de ce début gêné, où je n'osais pas le toucher, et pourtant je n'attendais que ça. Puis, contact. Electrisant, grisant, et l'air rythmé qui nous entoure nous fait nous envoler. Je tournoie, mes mains contre celles de Kaitô ; ma chevelure virevolte avec moi, sombre drapé soyeux aux multiples reflets, et mes prunelles se posent sur mon compagnon dès qu'elles le peuvent, pour y lire la joie de cet instant. Mon coeur est gonflé de bonheur, alors que nos pas nous conduisent où ils veulent. Sifflements et moqueries amicales jaillissaient parfois de ceux, rares, restés assis. A mon encontre ou celle de Kaitô ? Je n'en avais cure. Je n'avais d'yeux pour que pour lui, en cet instant où nos corps et nos âmes s'entremêlaient en un ballet envoûtant. Je pouvais sentir la puissance de son être, quand ses mains touchaient les miennes ; je sentais la force et la vigueur qui émanaient de lui comme une aura enchanteresse. Et danser avec lui me donnait l'impression d'approcher d'un ouragan, d'un incendie ; j'avais chaud, ma peau était couverte de sueur, et je riais aux éclats sans retenue. Mon souffle court s'échappait de mes lèvres, et dans ma poitrine cognait mon coeur, tout contre mes côtes. L'excitation et l'animation me rendaient fébrile. Si j'avais cru, tout à l'heure, être pleinement heureuse, cet instant exact me prouvait le contraire en offrant un nouveau barreau à mon échelle.

J'avais oublié la réputation de Kaitô. Je délaissais son passé, son présent proche, pour ne vivre que ce moment pur. Je ne voulais pas commencer à m'imaginer des choses, l'angoisse m'étreignant avec une facilité déconcertante habituellement. Je m'arrêtais enfin, et priais Kaitô de me laisser boire un verre d'eau. Je m'approchais de notre table, et avalais une gorgée. Le liquide frais me fit du bien, alors que je me sentais comme un poêle brûlant. Avec un réflexe découlant de l'habitude, je jetais un coup d'oeil à ma veste. Fronçant les sourcils, je me penchais pour voir dessous - le vêtement était trop plat. Quelque chose n'allait pas.

Mes instruments. Mon sac.

Un cri d'horreur perça à mes oreilles, et je me rendis compte que c'était le mien. Mes mains se portèrent à ma bouche, alors qu'une ruée de larmes engloutissaient toute joie. J'expliquais mon malaise d'une voix vibrante de tristesse, et je me retins d'éclater en sanglots. Sans mes instruments, je n'étais bonne à rien. Personne n'avait rien vu, et j'étais sur le point de m'écrouler sur mon siège, prise de tremblements de panique, quand le cuisinier interrompit les murmures de la salle.

▬   Un voleur ... murmurais-je, les yeux écarquillés, tandis qu'une larme brillante roulait sur ma joue.

Je me relevais, pressée, essuyais ma joue d'un geste négligent, et après avoir remis rapidement ma veste, bondis vers la sortie. C'est devant la porte que je me tournais vers Kaitô. Mon regard n'aurait pas pu être plus clair : je le suppliais de venir avec moi. Toute la détresse possible émanait de ce simple coup d'oeil. Je savais que je ne serai pas assez rapide. J'avais toujours été lente comme un escargot pour la course. J'eus de nouveau envie de pleurer. Puis, accompagnée de mon bienveillant compagnon, nous nous mîmes à la poursuite du voleur.

La pluie continuait de tomber, froide et vicieuse. Elle s'infiltrait partout, et nous ne tardâmes pas à être trempés comme des soupes. Je ne faisais même plus attention où je marchais, hagarde, perdue comme une enfant. Ma robe me collait aux jambes, et mes chaussures étaient couvertes de boue. Ma crinière était plaquée contre mon dos et mon visage, en mèches agaçantes que je ne bougeais pas. Je me sentais froide et la peur étreignait tout mon être. Il y avait à peine quelques instants, tout allait bien, je dansais, et à présent ...

Kaitô remarqua des traces de pas dans la boue, et nous les suivîmes. La pluie effaçait doucement les empreintes, mais mon compagnon dirigeait la marche. Je lui suivais docilement, butant parfois par terre sans autre raison que ma faiblesse face à ma tristesse poignante.

▬   Regardez, les marques de pas disparaissent par ici. Je pense qu'il ne doit plus être loin. Dirigeons-nous par-là, et écoutons.
▬   Merci, monsieur Kaitô.

Ma voix ne portait guère, mais j'étais sincèrement heureuse qu'il soit avec moi. Sous la pluie, à l'instar d'un chien mouillé, je n'aurais pas été capable de me pendre en mains et de chasser moi-même le brigand. Nous filâmes dans les rues, et nous observions aux fenêtres en toute discrétion. A un moment, Kaitô me fit signe de le rejoindre sous une fenêtre : les volets étaient à moitié fermés, mais il avait réussi à en écarter vaguement un battant. Je relevais un peu la tête, et ce que je vis me hérissa littéralement : un homme d'une stature plutôt petite, portant une chemise blanche et des bretelles à un pantalon brun. Je supposais que son béret ne devait pas être loin.

▬   Vous pensez que c'est lui ?
▬   Sans l'ombre d'un doute, regardez.

Il désigna quelque chose de l'index, et je suivis la direction indiquée, non sans graver dans ma mémoire le moindre détail de ce doigt. C'est fou comme dans de telles situations, on peut faire attention aux choses insignifiantes, comme son ongle coupé court, les rides à ses phalanges ou la couleur pâle de sa peau rougie par le froid à maints endroits. Mon regard se riva au-delà de la vitre, et je vis mon sac posé en travers d'une chaise. Il béait comme un cadavre, et ma lyre en dépassait, petit bout de bois doré que je connaissais par coeur.

J'eus un sursaut, et l'envie de me précipiter là-dedans pour récupérer mon sac, mais la main de Kaitô se posa sur mon épaule pour me réfréner. Malgré l'épaisseur fine de ma veste, je sentis ce contact comme une décharge dans tout mon être. C'était comme si tout mon air avait été expulsé de mes poumons, et je tournais vers lui un visage aux traits crispés. Sa présence me rassurait, en un sens, et je savais que seule j'aurais été bonne à pas grand chose. Alors, dans un élan de reconnaissance, je posais ma main sur la sienne. Je sentais sa chaleur sous ma paume, et sur mon épaule. Je lui fis un mince sourire, et enfin, comme sortie d'un rêve, je désignais du menton l'établissement.

▬   Que dois-je faire ?  

Je m'en remettais totalement à lui. Parce que je lui avais déjà donné toute ma confiance. Il m'avait fait passer une agréable soirée, mais se révélait un peu héros sur les bords à venir m'aider ainsi. Il aurait pu rester au chaud, ou bien appeler la milice. Mais je n'aurais sûrement jamais retrouvé mes instruments, alors. Qu'il prenne au sérieux une telle chose me mettait dans tous mes états, mais d'une façon pas forcément négative. Au contraire. J'avais du mal à mettre mes idées au clair, et la pluie qui nous pétrifiait de froid n'arrangeait rien. Ma robe commençait à devenir vaguement transparente sous l'humidité ambiante, et elle collait à tout mon corps comme une seconde peau. Je serrais mes bras contre moi pour combattre les gouttes glaciales. La main de Kaitô avait quitté mon épaule, et je me surpris à espérer un nouveau contact de ce genre.

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Ce larcin avait foncièrement transformé l’optique de la soirée sensationnelle dont nous nous enivrions jusqu’alors. Le forfait perpétré changeait la donne mais n’enlevait rien au bonheur à l’allégresse précédemment vécues. Cette course poursuite dans le dédale des allées de Saint-Urea revêtait un caractère romanesque et poétique, nous nous lancions à tombeau ouvert, les cœurs à l’unisson, en tandem, vers celui qui s’était rendu coupable de l’odieux méfait. L’alliance de deux volontés que pourtant tout opposait sur le papier, une connexion indéfinissable naissait pourtant de ce malheureux évènement, une affinité circonspecte entre celle qui serait amenée à devenir une musicienne légendaire, œuvrant dans la clarté la plus immaculé, et l’homme taciturne, œuvrant officieusement dans les ténèbres pour le bien de tous et le respect éminent de la justice,  condamné à l’anonymat sa vie durant.

J’aimais avoir Althéa près de moi et demeurer à ses côtés et bien que ce malheureux évènement portait préjudice au rossignol de Saint-Urea, j’étais intimement persuadé que cette épisode nous avait sensiblement rapproché une fois encore, un lien indéfectible, immuable nous unissait désormais. Je ne savais guère si l’on pouvait assimiler ce sentiment à une profonde affection, à une véritable passion pour le sort de la jeune femme mais une chose était certaine, j’en étais épris que je le veuille ou non, épris oui mais pour une soirée seulement, le temps que mon âme saigne, que les larmes sèchent et que son souvenir reste à jamais gravé dans mon cœur.

Notre chevauchée sous le déluge des trombes d’eau avait fini par nous faire déboucher sur une impasse où une maisonnée de fortune avait été bâtie. Rendus sous les fenêtres de la masure, nous observions à travers les battants de la fenêtre le spectacle insolite qui régnait dans la cahutte. Quelques lueurs fluettes dansaient cà et là sur des chandails dans la pièce modiquement illuminé. A l’intérieur, sur un vieux parquet miteux ponctué de quelques nœuds de bois, le brigand savoure son forfait, pensant qu’il a réussit un coup fumant en subtilisant à la tendre Althéa ses précieux instruments. Je jette alors un regard plus fouillé, plus poussé sur l’agencement de la pièce.

Sur les cloisons, des photographies du rossignol de Saint-Urea envahissaient l’intégralité des pans de mur si bien qu’on a peine à discerner le motif du papier peint au derrière. Notre mystérieux voleur semble être un fan invétéré de la première heure, un mélomane fanatique qui adule Althéa comme une véritable icône, un monstre sacrée de la musique. Au fond de la pièce, derrière un rideau de velours rouge, je crois apercevoir une sorte de petit autel où le faciès du rossignol a été modelé grossièrement dans ce qui semble être de la glaise. Quelques bougies éclairent l’œuvre primaire et mettent en exergue les traits de la diva. Une douce mélodie éructe d’un gramophone den den disposé sur une table de chevet, je reconnais la voix cristalline d’Althéa.

Il saisit alors le sac d’instrument avec toute la ferveur qui caractérise ce personnage excentrique et caresse avec précaution chaque instrument sur lequel sa main se pose. Je sens la main d’Althéa se crisper fébrilement sur la mienne, je ressens toute sa détresse, tout son désarroi de l’instant présentement vécu. La jeune femme sent son intimité souillé par les paluches suppurant de graisse du malfaiteur, elle est irritée par tant d’ignominie. La pluie malmène la douce et chaste plastique de la jeune femme, elle risque de tomber malade si elle s’expose davantage à cette pluie diluvienne.
J’entrebâille minutieusement le volet de la fenêtre afin d’entendre les propos que semble entretenir l’homme avec lui-même.

« Mouhahaha, Enfin, tous les instruments du rossignol sont enfin en ma possession. Je peux dorénavant affirmer que je suis le plus grand fan d’Althéa Panabaker ! gnéhéhé «
« A moi sa voix harmonieuse, A moi tout ses précieux instruments, A moi encore toute sa gloire ! Je deviendrai bientôt célèbre comme le plus grand cleptomane de Saint-Urea. Demain, je ferai les premières de couverture de tout Saint-Urea et les gens s’arracheront tous les effets personnels de Miss Panabaker ! »

Une bourrasque vint bientôt se glisser dans l’embrasure de la fenêtre et ouvrir brusquement cette dernière avec fracas. Nous avons à peine le temps de nous dissimuler sous la rambarde que l’homme se retourne alors, fiévreux, interloqué. Il accourt avec précipitation et tandis qu’il s’apprête à fermer l’ouverture, son œil entrevoit une forme étrange et finit par palper l’extrémité de celle-ci avec curiosité. Il s’agissait en réalité de l’une des cornes du rossignol de Saint-urea, l’homme finit par prendre conscience de son état mais il est d’ores et déjà trop tard, je lui assène un coup de bourre-pif et profite de l’effet de surprise pour flanquer un uppercut au fanatique. L’homme tombe à la renverse tandis que nous nous engageons dans la chaumière. Le fervent se précipite alors près des instruments et nous menace de les détruire si l’on vient à faire des pas de plus. La dévotion de ce genre de forcené n’est pas à prendre à la légère et il va falloir user de diplomatie pour lui faire entendre raison.

« Allons bon, vous n’allez pas anéantir tout ce pourquoi vous avez commis tant d’efforts ? Hmmh »
« Si vous ne m’en laissez pas le choix, j’en serais obligé, je n’hésiterais guère ! «
« Vous commettriez un tel affront devant celle à qui vous semblez vouer votre vie entière. Regardez-la donc, sentez vous toute l’appréhension lorsque son regard se porte sur vous ? Est-ce ainsi que vous voulez que Althéa vous perçoive ? »

Au Cipher Pol, on apprend rapidement à tirer sur les cordes les plus fragiles de la psychologie humaine, le sentimentalisme, trouve un écho dans chacun de nous à fortiori dans la psyché des désaxés et autres maniaques mentaux. Je comptais jouer la carte émotion dans notre négociation et Althéa en était mon meilleur atout, le centre névralgique de notre petit échange de vues. J’étais profondément navré d’user d’Althéa pour parvenir à mes fins mais elle constituait sans doute le seul salut de cette homme et elle seule pouvait l’intimer à lui faire baisser les armes. Elle saurait trouver les mots justes pour lui faire entendre raison. Elle se tenait là, dégoulinante de toute l'eau, ruisselante sur sa robe de soirée, déterminé et téméraire. Elle affichait un aplomb sans faille, une assurance que je ne lui prêtais guère, stoïque devant l'adversité. L'expression de sa prunelle d'ambre s'était transformé. Althéa, sache qu'il avait sans doute raison sur un point: Il était assurément, à l'heure actuelle et au vu et au su de cette pièce insolite, ton fan numéro 1.
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