Ta mère aussi adorait le chocolat. Et la viande.
Cette femme, devant moi, me regarde avec tellement de bienveillance… On dirait presque le regarde qu’avait Malia, ma mère adoptive. Mais il y a quelque chose en plus dans ses yeux, quelque chose que je n’arrive pas à identifier.
Tu dois avoir des tonnes de questions à me poser, mais, avant de commencer, tiens, prends un peu de gâteaux.
Merci…
C’est assez intrigant les manières qu’elle a à mon égard. Comme si elle me connaissait depuis toujours. Est-ce parce que je ressemble à ma mère ? Peut être… Je ne sais pas. Mais je suis en face de la seule personne sur terre qui puisse me le dire. Alors… par où commencer ? J’ai des centaines de questions en têtes ! Laquelle poser en premier ?!
Pourquoi j’existe ? Pourquoi ai-je été conçue ?
Par celle-ci, oui. Celle dont la réponse me fait le plus peur…
Je sais que Tahar, mon père, n’était pas au courant de mon existence jusqu’à il y a peu. Et je sais aussi que ce n’était qu’une aventure d’un soir ! Alors pourquoi ?! Était-ce un simple accident ? Mais comment Red aurait pu savoir que je suis la fille de Tahar ? Je ne comprends pas… Comment… ?
Irysia m’interrompt en apposant sa main sur mes lèvres.
Ce n’était pas un accident. Il fallait que tu existes alors ta mère ta conçue.
Quoi ?!
Le ton de sa voix a changé, le voilà maintenant lourd et sérieux. Mais avec sa réponse, un tas de nouvelles questions surgissent dans mon esprit. Mais je n’ai pas le temps de parler plus qu’elle reprend la parole.
Écoute, je vais te raconter notre histoire, à ta mère et moi et j’espère que tu comprendras mieux nos choix.
Saches tout d’abord que nous ne venons pas de la terre. Nous sommes des anges qui vivions dans les cieux, sur une île nommée Stymphale, gouvernée par quatre lignée : l’eau, la terre, l’air et le feu. Ta mère était l’héritière de la lignée du feu. Et moi, je la préparais jour après jour pour sa monté en chant.
En champ ? Comme un champ de fleur ?
Héhé, non. Ici, sur terre, vous avez des rois, des maires et le Gouvernement Mondiale. Nous, nous n’avons que quatre voix. Et lorsque les voix accèdent à la tête de l’île, on dit qu’elles montent leur chant.
Ah, d’accord… Mais…
Chut, chut, chut, tu me laisses finir et tu poseras tes questions après d’accord ? Et prends des notes, tiens.
Elle me balance un calepin vierge et un stylo juste devant moi. L’angoisse… Dans quel pétrin je me suis fourrée moi ?!
Bon, avec une madeleine, tout passe mieux.
Notre histoire commence donc le soir de la mort de ta grand-mère. Si tout c’était bien passé, ta mère aurait récupérer la pierre de cors symbolisant sa monté en chant, mais tout ne s’est pas bien passé. Une grande partie du peuple, jaloux des privilèges et pouvoirs des voix, décida d’éradiquer les quatre familles vocales et ainsi, supprimer la supériorité de leur faculté.
Attendez, ‘tendez, ‘tendez.
Qu’est ce que je t’ai dis ?
Oui non mais là, je ne comprends pas votre histoire. C’est quoi c’est faculté dont vous parlez ?
Tu ne devines pas ?
Je la regarde, perplexe. Comment pourrais-je le deviner ? Elle est comique, elle. Et puis, d’un coup, je la vois qui attrape une bougie, attrape ma main et me colle la flamme sur la paume.
Aaaah, ça. Mais, et les autres voix ?
Ça importe peu, non ? Car malheureusement, ta mère a été la seule à échapper au massacre barbare. Nous avons réussi à fuir en descendant sur cette terre et en nous cachant parmi les humains. Mais certains anges de la rébellion étaient plus tenaces et plus cruels que les autres. Et malgré leur répugnance pour la race humaine, ils nous poursuivirent au-delà de nos frontières.
Pendant des années nous avons été contraintes de fuir. Et à plusieurs reprises, ils ont bien faillit nous avoir. Notamment le jour où ils m’ont fait ça.
Irysia se tourne et soulève son tee-shirt pour me montrer l’état de son dos. Et, là, à hauteur d’ailes, je peux voir, choquée, deux pauvres moignons à plumes, à moitié déplumés.
Ce jour là, seul un homme et beaucoup de chance nous permis d’en réchapper. Mais, finalement, sans le reste de mes ailes, il m’était bien plus facile de me camoufler et me fondre dans la masse. Et malgré toutes les réticences de Séléna, je réussis quand même à la convaincre de se couper ses ailes. Et je crois que c’est à se moment précis qu’elle abandonna l’espoir de retourner un jour sur Stymphale pour faire ce qui devait être fait. Et avec cet espoir, c’est aussi son désir de vivre qu’elle abandonna.
Je l’ai surprise plusieurs fois tentant de mettre fin à ses jours. Ou simplement laissant des traces pour facilité la tâche de nos poursuivants. Mais elle ne devait pas mourir. Pas ainsi. Car elle était le seul espoir pour l’avenir de Stymphale.
Euh… Pourquoi ? A priori, si le peuple voulait sa mort, c’est qu’il n’avait pas besoin d’elle, non ?
Il existe une salle dans le palais des voix, une salle secrète qui ne s’ouvre qu’avec les quatre pierres de cors réunies. Et sur la porte, il est écrit : « Lorsque le peuple criera et que le divin saignera, alors je serai là pour apaiser toutes offenses causées et libérer ceux qui se sentent prisonnier. »
Elle marque une pause, là ? Où elle a vraiment fini son explication ? Pourquoi elle me regarde avec insistance comme ça ? Je dois parler c’est ça ? Bon, d’accord.
Euh… Et ?
Me revoilà ! Ah, c’était compliqué ! Tous les gens du village étaient complètement halluciner de me voir débarquer comme ça ! Mais du coup, je suis bien embêter… Y’a plusieurs rumeur à mon sujet. La première étant que je me serais allié avec Izya ! Bon, c’est vrai, mais j’ai pas envie qu’on me prenne pour un pirate ! Après, y’en a des plus glorieuses… Euh, vous allez bien toutes les deux ?
Comment ça « Et ? » ? Tu ne comprends pas que tu dois ouvrir cette porte pour rétablir l’équilibre et délivrer tout le peuple qui croit encore en les voix originelles ?! C’est pour ça que tu as été créée !
Quoi ?! Moi ?! Non mais vous êtes folle ! J’ai rien à voir la dedans moi ! Je sais même pas où c’est Stymphale !
Ah, s’il n’y a que ça, j’ai la solution. Avant de partir, j’ai pris soin de prendre une vivre card qui mène directement là où se trouve la pierre de cors de feu que seul toi, grâce à ta faculté, peux récupérer.
Elle se lève et va fouiller dans un tiroir. Moi, je suis sous le choc. Devoir m’occuper d’un pays que je ne connais même pas ! Et puis quoi encore ?! Comme si j’avais que ça à faire !
Non mais non ! Y’a pas que ça ! J’ai rien à voir la dedans moi ! Et maintenant que je sais que des gens veulent ma mort juste parce que ma mère était ma mère et qu’elle m’a légué son pouvoir, j’ai encore moins de raison de vouloir y aller ! Alors désolé mais c’est niet !
Et tous ces gens qui comptent sur toi ?! Tu vas les laisser mourir en vain ?!
Comment ça « comptent sur moi » ?! Parce que vous leur avez dis que j’existai en plus ?! Ah bah bien ! Bravo ! Ça veut dire que je peux avoir une bande d’anges frapadingues qui me tombe dessus à tout moment dans le but de me tuer ?! Merci ! J’suis trop heureuse ! Youpi youpi !
Mais c’est pour ça qu’on a choisit Tahar Tahgel comme père ! On a consulté une voyante et elle nous a dit que c’était cette homme qui avait le plus de chance de te léguer force et courage !
Parce que vous m’avez formatée en plus ?! Et mon libre arbitre à moi, il est où la dedans ?! Hein ?! Pourquoi ma mère ne m’a pas conçue juste parce qu’elle voulait un enfant, comme tout le monde ?! Ça aurait été tellement plus simple ! Nan au lieu de ça, elle m’a conçue juste parce qu’elle avait la flemme de faire ce qu’elle devait faire ! Et bien désolé mais non, je marche pas là dedans.
Ta mère était loin d’être une flemmarde. Elle n’était juste… pas assez forte pour remonter la pente après la perte de tous ceux qu’elle aimait. Et au final, même si elle ne t’avait pas désirée, elle t’aimait au point de reprendre goût à la vie mais elle a tout de même choisi de mourir pour te protéger.
Un nouveau silence s’installe. Même si ma mère est morte pour me protéger, elle m’a quand même légué sa merde. Et, non, je n’en veux pas. J’ai mieux à faire ! Sans doute…
Tu sais, Izya, c’est Séléna qui a choisit la famille dans laquelle elle t’a laissé. Pendant près de trois semaines, elle les a observé dans l’ombre pour s’assuré qu’elle ne te mettait pas dans de mauvaises mains. De plus, elle a insisté pour que ce soit une famille avec un forgeron. Car la forge était toute sa vie et elle voulait à tout prix te transmettre ce savoir. Et je crois qu’elle ne s’est pas trompée, si ?
Hm.
Si elle croit qu’elle va me faire changer d’avis en m’amadouant de la sorte, elle se fourre le doigt dans l’œil !
Oh, allez, Izya ! Tu es la seule à pouvoir le faire ! Le seul espoir qu’il nous reste, à nous, pauvres anges qui n’avons rien demandé et qui avons du subir la jalousie des autres ! Ils ont besoin de toi Izya !
Nous avons besoin de toi.
Besoin de moi… C’est fou ça. Ces gens, ils ne me connaissent même pas et ils ont besoin de mon aide. Mais pour qui me prennent-ils au juste ? Un super héros ? Non ! Moi je suis une pirate ! D’accord, je suis peut être pas forcement contente de l’être, mais c’est ce que je suis ! Et grâce à ça, je fais ce que je veux, quand je veux !
Et puis, tu sais, j’ai lu tes exploits dans les journaux. Je suis sûr que ça sera rapide et sans risque ! Après tout, tu t’es échappée d’Impel Down ! La plus grande prison du monde ! Alors qu’est ce qui pourrait t’arriver là bas, hein ?! Les anges de Stymphale ne savent rien à la vie terrestre, ne connaissent rien de la piraterie, des combats et des crimes qui peuvent se dérouler sous leurs pieds !
Alors Izya, s’il te plait, aide nous !
Pfff… Hm….Ffff…
Vous êtes sûre que c’est sans risque hein ?
Qu’est ce qui pourrait arrêter un dragon comme toi ?
Euh, au hasard, un amiral ?!
C’est sans risque, ne t’en fais pas.
Pfff… ffff… Hm.
Très bien, j’irai. Mais n’oubliez pas, je suis une pirate ! Alors faudra pas se plaindre des dommages collatéraux !
J’attrape la boîte dans laquelle se trouve un bout de papier qui n’arrête pas de gigoter et me lève en direction de la porte. Derrière moi, Irysia est complètement folle de joie et me remercie à tut tête.
Puis au moment de franchir la porte, j’ai l’étrange impression d’avoir oublié quelque chose… Je me retourne vers les deux protagonistes, regarde plus attentivement Ronan, puis sa bouche, et finalement, ça me revient.
Alors je fais demi-tour et me rassoie, au plus grand désespoir de l’autre ange.
Par contre, je partirai pas d’ici sans mon chocolat !