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L'esclave libéré et le chasseur chassé

J’avais enfin eu c’que j’voulais et pourtant, je m’sentais pas encore pleinement satisfait. J’avais l’impression d’oublier un truc, d’avoir manqué quelque chose. Ca semblait trop facile en fait. Depuis des mois maintenant, j’bossais pour la Triade du Lotus Pourpre, la mafia d’Las Camp, sous peine de m’faire percer par les longues aiguilles de Kakihara, l’assassin en chef. Mais maintenant, j’avais fait mes preuves, j’avais montré à la matriarche que j’en avais dans l’caleçon et qu’si elle voulait que j’continue à l’aider, il allait falloir m’donner un peu plus d’liberté. Et alors que j’pensais être arrivé au bout d’ma vie, elle a fini par accepter ma demande. J’étais libre de m’ballader où j’voulais, quand j’voulais, sans avoir besoin de demander la moindre autorisation. La seule condition était de n’pas quitter les Blues tant que je n’avais pas accompli ma mission, détruire une nouvelle drogue fraîchement mise en circulation.

J’avais pris quelques affaires dans mon sac à dos, filé un peu d’thune à Duffy pour qu’il nourrisse mon esclave à la cave pendant mon absence et j’ai filé droit vers l’port. J’savais que madame Sinhg était du genre très versatile. Il fallait que j’me barre d’Las Camp avant qu’elle n’change d’avis et qu’elle décrète qu’ma demande était une trahison. C’est donc d’un pas pressé et l’regard inquisiteur que j’me déplaçais dans les ruelles où je m’attendais à voit un couteau surgir d’chaque coin. En plus, la loi martiale faisait qu’il y avait des marines tous les dix mètres et les éviter devenait de plus en plus difficile.

J’avais rien de particulier à m’reprocher, mais bon, on savait jamais sur cette île. Les pots de vins avaient-ils été payés ? Les Marines s’étaient-ils trouvés un sens moral ? Un petit nouveau fraîchement promu pourrait-il ne pas être au courant des arrangements entre le Lotus Pourpre et la Marine ? Mais avec soulagement, j’ai vu que personne m’suivait. L’capitaine Adoque était là, sur son ponton, comme tous les jours à cette heure. C’type m’rendait des p’tits services d’temps en temps en m’embraquant des esclaves pour des clients hors de l’île. Il a eu l’air étonné de m’voir arriver tout seul pour une fois.


-Ben alors Barracuda ? C’est y pas qu’t’as oublié ta marchandise, boudieu !
-J’en ai pas aujourd’hui Archi, c’est moi la marchandise. Tu peux m’faire quitter l’île quand ?
-Dans trois heures !
-Trois heures ? Tu peux pas genre maintenant ?! J’payerais ce qu’il faut !
-Tonnerre, non ! T’vois bien, la mer est basse, mon navire est même pas à flot, moussaillon ! Faut attendre quelle remonte pour que la coque touche l’eau, à la prochaine marée !
-Et c’est quand ?
-Ba dans trois heures !

Putain, mais qu’est-ce que j’en savais moi de l’heure d’la prochaine marée. J’avais une tête d’marin moi ? Franchement ? Y avait un pompon sur ma tête ? Non ! Bon. Il fallait que j’tienne trois heures alors que j’étais en train de devenir complètement parano. Des Triades ? Des marins ? J’observais chacun des habitants qui s’trouvaient dans l’port. Les vieux en train d’repriser leurs filets, les jeunes en train d’vendre leurs poissons en hurlant à qui voulait l’entendre que tout ceci était frais alors qu’on pouvait voir des mouches entrer et sortir d’leurs yeux, les poufs en train d’baver devant les biceps des marins… Y avait beaucoup d’monde et il fallait que j’trouve un truc à faire en attendant d’pouvoir partir.

Soudain, j’ai entendu du tumulte. Quelque chose approchait. Ou quelqu’un plutôt. Soudain, j’ai repensé à mon erreur ! J’avais dit à Duffy que je partais ! « Duffy les vieux tuyaux », le mec qui craint le plus de Las Camp, le roi des plans foireux, la balance ultime… A tous les coups, l’information de mon départ avait filtré ! Je l’sentais, putain !!!

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Las Camp, une île bien triste de désolation. Mélange sordide de saletés, c'était ici que régnait en parfait exemple la dualité entre les Marines et les Pirates. Chaque camp voulant retrouver ce qui lui appartenait de droit, il n'était pas rare de voir nombres de conflits armés se dérouler un peu partout. Pour ma part, je m'y rendais dans un but précis. Suivis de ma petite compagnie, nous avions pour mission de patrouiller dans le coin afin d'observer des mouvements qui pourraient paraître suspect. Pour le moment, rien n'était à signaler hormis l'arrestation d'un voyou que j'avais pris en train de voler chez un épicier du coin. Oui, j'avais pour réputation d'être intransigeant envers toute forme de violation de la loi et ce n'était pas pour rien. J'crois que même mes hommes avaient peur de moi des fois. Je les entendaient murmurer des phrases peu éloquente à propos de ma rigidité mais je n'en avais que faire. Je ne vivais que pour moi-même et pas pour le regard présomptueux que des inconnus pouvaient porter sur ma personne.

Désormais, nous nous baladions sur les bords du port maritime de la ville. C'était bien entendu l'endroit idéal afin de repérer les pirates en pleine action. Cependant, comme je pouvais le remarquer, nous n'étions pas les seuls représentants de l'ordre à inspecter les lieux puisque plusieurs patrouilles passaient devant nous en nous saluant d'un geste martial, que je leur rendait, non sans grande courtoisie. Les soldats de la 480e division de la Marine n'étaient pas réputés pour leur savoir-faire. Après tout, c'était en parti leur faute si les événements récents avaient eut lieu sur cette île. Et même avec l'arrivée de la Commandante Sissy, l'image que le monde militaire se faisait d'eux n'était pas encore favorable. Pour ma part, je les avait en horreur tant il me semblait incapable de faire quoique ce soit pour que l'ordre soit respecté. Allons bon, capturer des pirates, c'était pas la mer à boire non plus ! Mais bon, à force de trop vouloir leur en demander, j'allais devoir m'occuper moi-même de gérer les récalcitrants à la tâche, et c'était donc pour cela que nous avions décidés, ma patrouille et moi, de partir nous-même à la chasse au criminel. Mon rang de Lieutenant me donnait une certaine autorité qui, bien que légère, me permettait de pouvoir prendre sous mes ordres une dizaine de soldats afin de m'aider dans les recherches. J'avais ordonné une dispersion des troupes afin d'élargir notre périmètre de recherche et, pour le moment, personne n'était revenu. Comme d'hab', j'allais être obligé de me taper tout le boulot tout seul.

Lieutenant Alexander, venez voir !

Ah bon ? Avais-je parlé trop vite ? Un de mes hommes venait de m'appeler depuis un coin de rue non loin des ports. Je m'exécutais donc à sa rencontre, intrigué par le fait qu'il semble presser de m’annoncer une bonne nouvelle. La chasse au pirate allait-elle enfin pouvoir commencer ? Depuis le temps que j'attendais de pouvoir coller mon talon dans la face d'un de ses misérables ! Lorsque j'arrivais près de mon soldat, je l'aperçus en pleine conversation avec une sorte de vieux paysan sénile, fringué de la plus affreuse des façons et qui sentait l'alcool à plein nez.

Lieutenant, cet homme semble avoir des informations qui pourraient vous intéresser !
Mec, cet homme à surtout l'air très bourré tu sais...
Non non, je vous jure que je peux vous être utile !
Dis toujours...
J'ai entendu dire par la poissonnier, qui la lui-même entendu dire par Mr. Malberg, qui le tien de la fille de la boulangère, qui a entendu son petit ami parler avec le fils de Mme.Cougart comme quoi il tiendrait une information de Mr.Alouette qui vient de Duffy les bons tuyaux. Un mec à la peau mâte, l'air louche, pas propre ni rien, semble tremper dans des affaires pas conventionnelle au port.
Vous êtes sûr de vous ?
Personne ne peut tromper Duffy vous savez ! Quand il dit quelque chose, c'est généralement vrai, foi de Michel !
D'accord, merci monsieur, nous allons voir ça !

Nous voilà donc reparti en direction du port. Bien entendu, nous mirent un peu de temps avant de retrouver la personne en question vu le signalement très succin que nous avait fourni le vieil alcoolique. Cependant, non loin d'un embarcadère, j'aperçus notre cible. Il ne me semblait pas très connu, mais il était en pleine discussion avec un autre homme, comme s'ils avaient des trucs à cacher. Il nous fallait intervenir. Si pirate c'était, la prise serait une bonne chose pour ma carrière. Au cas échéant, je n'aurai juste qu'à relâcher la personne et m'excuser. L'heure  d'intervenir était arrivée : suivi par une dizaine de mes hommes, je bloquais sa sortie de l’embarcadère de sorte que la seule issue possible qu'il lui restait était de sauter à l'eau. Puis, mettant mes mains en forme d'haut-parleur autour de ma bouche, je me mis à hurler :

Heyyyy, vous là-bas ! Vous êtes en état d'arrestation, veuillez bien nous suivre dans le calme s'il vous plait !
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Après l'interjection, un grand silence est tombé dans tout l'port. J’ai tourné la tête vers celui qui venait de hurler. La plupart des regards s'sont tournés vers lui d'ailleurs. C’était un marine. Il avait franchement pas l’air commode, mais c’était encore qu’un gamin sans poil sur l’menton. Bref, il était venu effectuer une arrestation. C’était amusant parce que son annonce avait fait fuir plus d’une dizaine de mecs du ponton. L’pauvre capitaine avait encore du en faire de sacrées !

-J’sais pas c’que t’as fait mon vieux Adoque, mais t’es dans la mouise, BWAHAHA !
-‘acré qu’non, mon gars, j’crois bien qu’c’est toi qu’il veut !
-Hein !? Moi ??

Merde ! Un marine m’cherchait ? Un nouveau sûrement, parce que je l’avais encore jamais vu dans l’coin. Et pourtant, j’peux vous dire que j’en avais vu défiler des mecs qui voulaient m’chercher des noises. Mais à chaque fois, le fait d’appartenir à la Triade m’couvrait de tout c’que j’pouvais bien faire, l’argent achète tout d’nos jours. Mais maintenant, j’avais quitté la Triade, j’pouvais plus compter là d’ssus pour m’sortir d’la merde. J’l’ai toisé un moment. Vu les p’tites décorations sur son uniforme, c’était un lieutenant. Et vu qu’elles étaient encore impeccables, il venait d’être fraîchement promu. Hum… Un jeune justicier aux dents longues, comme si j’avais b’soin d’ça maintenant. C’était pas l’moment de m’faire remarquer bordel, j’devais quitter Las Camp l’plus vite possible !

Il s’était ramené avec toute une troupe d’mecs en blanc armés d’fusils et d’sabres. Bon, restons calme. Qu’est ce qu’il pouvait bien m’vouloir au juste. Racket des commerçants, capture et vente d’esclave, meurtre sur place publique… Le choix était vague mais j’devais d’abord savoir ce qu’il savait avant d’commettre une grosse boulette. Je m’suis avancé et j’ai hurlé.


-Moi ? En état d’arrestation ? Il f’rait beau voir ! Et pour quel motif ?

Tout en parlant, j’ai retiré l’poing d’métal d’ma prothèse d’avant-bras et je l’ai remplacé par ma dague. Pas question que j’me fasse arrêter juste au moment où j’retrouvais ma liberté. Mes options n’étaient pas très nombreuses. Ils bloquaient totalement le ponton, à ma droite, il y avait le navire d’Adoque, à gauche et derrière, la flotte qui s’trouvait à au moins quatre mètres en dessous. Il allait falloir parlementer ou combattre.

Mon regard soutenait fixement celui du lieutenant. Il avait l’air très stricte, le genre de type avec qui on négocie pas. Mais j’pouvais y déceler quelque chose d’autre, quelque chose de plus profond. Un regard que j’connaissais très bien… Oooooohhhhh…
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On jouait avec moi. Oui, on jouait avec mes nerfs. D'habitude, j'étais plutôt plein de joie et bout-en-train, mais lorsqu'on commençait à me parler de piraterie, je pouvais péter une durite en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Et le mec, en face de moi, osait me tenir tête ! De plus, il avait même revêtit sur son poing une sorte de lame métallique. Oui, une lame métallique à la place du poing, comme si celui-ci était rétractable. Je me suis alors doutais que c'était une sorte de mélange entre un robot et un humain, mais je ne pouvais tirer de conclusion trop hâtive. De plus, j'ignorais encore si la puissance de mes jambes me permettrait de briser l'acier - ce dont je doutais fortement pour le moment - alors je restais calmement en place, en attente d'un mouvement déplacé. Pourquoi donc fallait-il que les pirates ne se laissent jamais faire et tente constamment de s'opposer au loi du gouvernement ? Après tout, en soit, nous n'étions pas si sévère et nombre de droits étaient accordés aux citoyens du monde : chacun avait le droit d’exercer le métier qu'il voulait, de s'amuser comme il voulait, etc...

Cependant, le pire dans tout ça, c'était que nous étions tout de même des traîtres à notre propre cause. Enfin, quand je parle de nous, je parle plus spécialement de la Marine et du gouvernement mondial. La cause ? Les Capitaines Corsaires. Ces êtres abjects me répugnais. Sous couvert d'être protégé par le gouvernement et donc de ne pas pouvoir être arrêté, ils se permettaient de commettre des actes au-delà de l'imaginable tant que cela n'avait pas de trop grosses répercussions sur l'ordre mondial. Une sorte de carte blanche afin de jouir d'une paix éternelle sur les mers. Pourquoi donc devions-nous nous allier avec de telles personnes ? Le gouvernement n'avait - je pense - pas réellement besoin de la force de frappe de ces pirates. Nous pouvions très bien nous débrouiller tout seul et, s'il fallait, j'aurai même mis la main à la patte tant que la capture d'un pirate se trouvait être à la clé.

Voilà que ce sacré nigot face à moi me fixait désormais du regard, comme s'il ne me prenait pas tellement au sérieux. Et ça, ça avait pour conséquence de me mettre réellement en rogne. Plein de colère, j'ordonnais à mes compagnons d'arme de reculer et de sortir du ponton en bois afin de retourner sur le béton sale du port. Suite à cela, je levais la jambe droite en l'air, prêt à amorcer un Fuerza del Titan. Ce coup n'avait pas pour but de blesser les gens mais plutôt de permettre de faire diversion. Et vu l'endroit où l'on se trouvait, les conséquences de ma technique pouvaient s'avérer plutôt équivoques. Et ça ne loupa pas ! Canalisant toute ma force dans mon coup, le ponton se fissura à l'impact avant de complètement exploser en mille morceaux. Je tombais à l'eau, mettant un peu de temps à immerger à cause du choc de l'eau glaciale sur mon corps. J'ignorais si mon ennemi ainsi que son pote s'en étaient sortis, s'étaient enfuis ou se trouvaient encore devant moi, nageant comme deux poissons dans l'eau ? Car si le combat s'éternisé, je ne serai pas à mon avantage dans cette eau salé. Mais bon, si mon adversaire possédait un fruit du démon, cela me permettrait d'en finir bien vite avec lui. Ne restait plus qu'à attendre ce qu'il ferai.
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Ça été instantané. L’con a l’vé sa jambe en l’air en hurlant un truc et l’instant d’après, j’ai senti les planches du ponton se disloquer sous mes jambes. Il v’nait d’taper si fort sur le bois qu’il avait déstabiliser toute la structure. J’vous l’dis, c’était assez impressionnant. J’comprenais maintenant pourquoi il avait fait reculer ses hommes. C’était un vrai malade, ce type ! Il avait même pas dit c’qu’il m’voulait qu’il était déjà en train d’faire exploser l’port ! C’est ça l’problème avec les jeunes recrues, elles sont insouciantes. Il n’avais surement pas envisagé les conséquences d’son acte. Et j’allais en tirer profit. Je m’suis fait toutes ces réflexions entre l’moment où il n’y avait plus rien sous mes pieds et quand j’ai fait un plat phénoménal en m’explosant comme une bouse dans l’eau en dessous.

J’étais pas très doué en magistrature et toutes ces conneries d’loi, mais s’il y a une chose que j’savais, c’est qu’un marin qui fout trop l’bordel, ça s’fait taper dessus. Soit par ses supérieurs, soit par le peuple. J’ai fermé les yeux pour éviter que l’sel d’la mer n’rentre dedans et j’ai attendu un petit moment sous l’eau. Des débris continuaient à tomber et j’étais bien plus à l’abri là-dessous qu’en surface. Un énorme son sourd a résonné et m’a fait vibrer des pieds à la tête. C’était l’navire d’Adoque qui venait d’toucher l’eau. Après un moment, une fois habitué, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu justement l'capitaine, sous l’eau à quelques mètres de moi. L’occasion parfaite pour moi de soulever le peuple.

En quelques brasses maladroites à cause d’mon avant-bras en métal qui avait tendance à m’attirer vers le fond, je l’ai rejoint. Il se débattait dans un filet d’pêche qui l’gênait. J’ai pas hésité, j’ai attrapé l’filet et j’l’ai tiré, l’emportant avec moi. J’commençais à plus trop avoir d’air. Là où encore une minute avant s'tenait l'ponton, il n'restait plus qu'des poutres verticales, profondément enfoncées dans l'fond d’la mer. J’ai attaché l’filet à la base d’une poutre et j’suis remonté à toute vitesse.


-PPPFFFAAAAAA !!!! Putain, de l’air !

En quelques secondes, j’ai fait un rapide tour d’la situation. Les marines repoussaient les civils qui voulaient voir c’qui s’était passé. L’lieutenant était sur le bord en train d’guetter c’qui r’ssortirai d’l’eau. Il avait encore c’regard. Les yeux d’un homme qui jouit d'pouvoir agir selon ses propres volontés, un homme qui n’accepte pas, ou plutôt qui n’accepte plus d'suivre les règles qu’on lui impose. C’type était un affranchi, ou un évadé. J’en aurai mis mon autre main à couper. Il avait été un esclave. J’en avais vu suffisamment dans ma vie pour en être convaincu.

J’ai foncé jusqu’au navire et j’suis monté par l’cordage, à l’abri des éventuels tirs. Puis, j’suis monté en vitesse jusqu’à la vigie. C’était pas évident, ma lame m’empêchait d’monter efficacement ; j’ai même failli couper les cordes plusieurs fois. Une fois en haut, j’étais à peine à la hauteur du quai. J’ai hurlé à la cantonade.


-Mes amis ! Regardez ! La Marine nous opprime, elle nous ôte notre liberté, à nous, les citoyens de Las Camp ! Après nous avoir imposé une loi martiale, un couvre-feu et un impôt, voilà qu’elle se met à détruire notre cité ! Certains d’entre vous me connaissent, j’suis pas un mec bien, je l’sais ! Mais l’capitaine Adoque était un marin, comme bon nombre d’entre vous ! Et maintenant, il est mort, noyé, par la faute de cet homme !

J’ai pointé ma lame vers l’lieutenant qui m’fusillait du regard. Les badauds réagissaient, on entendait des chuchotements entre eux et quelques exclamations. Surtout les membres de l'équipage d'Adoque. Je m'suis mordu la langue jusqu'à avoir une petite larme au coin d'l'oeil.

-Je l'connaissais bien, c'était un bon gars, il méritait pas ça. Tout ce qu'il voulait, c'était naviguer. Mais celui-là a détruit le ponton du port ! Combien d’entre vous s’apprêtaient à partir à la pêche pour nourrir sa famille ? Toi ? Toi ? Toi aussi, probablement ! Et bien oubliez ça ! La Marine vient même de vous priver de vos revenus et de votre capacité à vous nourrir ! Ne voyez-vous pas qu’ils s’octroient tous les droits en prétendant vous protéger ?! Combien de temps allons-nous nous laisser traiter comme des sous-hommes ?! Nous ne sommes peut-être pas les plus riche des Blues, mais cela ne devrait pas nous donner moins de droit que les nobles de Luvneel ou les bourgeois qui se prélassent à Suna Land !

Là, les réactions s’firent plus intenses. La population en avait ras l’bol depuis bien longtemps d’la loi martiale. Un peu d’poudre sur l’feu n’ferait pas d’mal. Mais la peur des habitants était grande et la peur était une grande puissance. Pour avoir travaillé pour la mafia, je l’savais bien. Il fallait que la peur d’obéir aux marines surpasse celle de leur désobéir.

-J’vais vous dire c’qui va s’passer si vous laisser faire des mecs comme lui sans réagir. Un jour, ils viendront et détruiront votre maison, votre magasin ou même blesseront un membre de votre famille sous couvert de pourchasser un hypothétique criminel. Et si vous tentez d’dire quoi qu’ce soit, ils vous passeront par l’fer sans hésiter pour insubordination, ou pour entrave à leur justice ou une autre connerie dans c’genre. Pour eux, vous n’êtes que des objets qui travaillent pour les engraisser ! Il est grand temps d’dire non ! D’faire valoir vos droits ! Peuple de Las Camp, rebellez-vous contre l’oppression Marine, sinon… VOUS L’AUREZ DANS L’CUL !!!

Là, certains s’ont mis à hurler, quelques citoyens ont commencé à avancer vers les marines qui les repoussaient. Un tumulte à commencer à croître sur la grande place du port. J’ai r’gardé l’ancien esclave devenu lieutenant et j’lui ai fait un petit clin d’œil complice. Tu n’aurais jamais du briser tes chaînes, mon gars.
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Je n'avais jamais eus cette capacité qu'avait certains à rameuter les foules autour d'eux, à savoir formuler de longs et glorieux discours, à porter en préjudice les honnêtes gens. Non, moi j'étais un homme d'action, toujours prêt à riposter et à agir sans prendre en compte les conséquences. Cependant, ce qui était en train de se passer là n'était pas forcément une situation que je pouvais appeler à mon avantage : le brigand, plus rapide que moi, avait réussi à sortir de l'eau et à se hisser sur le bord en béton. Lorsque j'émergeais enfin, trempe et dégoulinant de partout, je pus voir que j'étais pris dans un piège duquel j'allais avoir bien du mal à m'en sortir. Mon adversaire avait réussi à attiser la colère des habitants et des forbans de l'île en faisant passer mon geste pour une action à l'encontre du bon séjour sur Las Camp. Mon sang battait à mes tympans tandis que j'entendais un mouvement de protestation monter dans les foules qui s'étaient rassemblés autour de mon adversaire. Il dégageait une aura... une sorte d'aura que je semblais connaître. Celle que l'on ne rencontre qu'une fois dans la vie d'esclave et qui nous effraie à tout jamais : celle d'un passeur ! Chargé d'emmener les esclaves d'un endroit à un autre, ils avaient pour ordre de nous faire souffrir autant qu'ils le pouvaient. Même si je n'étais pas tout à fait certain qu'il appartienne à cette espèce là, j'étais prêt à mettre ma main à couper qu'il avait quelque chose à voir avec une affaire de marchandage d'humains. Cette manière de parler, de vouloir renverser l'oppression pour mieux la faire perdurer, de manipuler les gens... Oui, cet homme trempait dans un truc bien trop louche pour que ça soit légal.

La question restait de savoir comment j'allais bien pouvoir me sortir de ce traquenard. Car entre ma cible et moi se tenait une foule qui semblait prête à tout pour nous empêcher d'avancer. Avais-je lancé, sans le faire exprès, une rébellion sur l'île de Las Camp ? Cette dernière allait-elle redevenir un lieu de perfidie et de désolation comme il y a quelques années ? Je ne voulais pas cela et je devais surtout l'empêcher par tous les moyens. Usant de mon avantage - à savoir ma réactivité naturelle -, je fis abstraction des retentissements autour de moi pour mettre en place un plan. Devant moi se trouvait de nombreux pirates, mais également - et malheureusement - beaucoup de civils en furie. Comment donc pouvais-je m'occuper de cette cacophonie sans me mettre le peuple encore plus à dos en blessant des innocents ? Je donnais mes ordres à mon escadron.


Retenez la foule pendant que je m'occupe du forbans ! Essayez au maximum de ne pas utiliser la force afin de ne pas blesser les civils mais arrêtez si vous le pouvez un maximum de pirates ! Je-Je vais tenter de trouver un moyen de les calmer !

Je prenais appuis sur mes jambes, prêt à en découdre avec le pirate. Cependant, je devais encore traverser ce mouvement de foule extraordinaire sans me faire arrêter. D'un mouvement ample, je fonçais droit vers le groupe devant moi, évitant habilement les coups d'armes diverses. J'étais bien plus fort, plus rapide et plus agile que tout ces hommes qui n'avaient subit aucun réel entraînement mais leur nombre surpasserait bien vite ma force. Décidant d'accélérer la cadence, je donnais un coup de pied rapide dans le menton d'un homme à mes côtés enfin de l'envoyer valser avant de sauter sur le dos d'un second et, alors qu'il ne s'y attendais, je pris appuis sur lui afin de me propulser haut et loin dans les airs. Survolant la foule tel un ange marin, je retombais en un parfait atterrissage juste devant le pirate qui se trouvait loin de tout mouvement. Les voyous s'étant ralliés de son côté étaient bien trop occupés à se battre avec des marins pour porter attention à moi et nous nous retrouvions donc tout les deux en face, prêt à en découdre.

Cependant, si mon entrée en scène était plutôt belle - magnifique même ! -, il n'en restait pas moins que me battre seul face à un pirate n'était pas non plus une mince affaire. Restait donc à voir comment ce dernier se défendrait. Tendant une jambe, je lui montrais ainsi que j'étais prêt à l'affronter. Et, pour attiser un peu les choses, je décidais de le provoquer :


Tu viens te battre ? Ou bien tu vas te servir de pauvres civils une nouvelle fois pour couvrir tes arrières, sale pirate ?
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J’savais pas qu’la Marine avait engagé des danseuses étoiles ces derniers temps. Ils d’vaient vraiment être en manque d’effectifs les pauvres p’tits choux. D’abord, le petit saut avec entrachat au dessus d’la foule et maintenant, v’là qui m’causait avec la jambe en l’air, en s’faisant des petits assouplissements. Me battre ouvertement contre lui ? Hum… Vu l’grabuge qu’était en train d’exploser sur la place du port, d’ici à peine quelques minutes, un très grand nombre de Marines allaient débarquer et ça allait vraiment être galère pour m’en sortir. J’comptais grandement sur la petite lueur d’intégrité qui pouvait rester tapie au fond des marines et qui les empêcherait de s’en prendre au civil. Ouais, j’sais j’prenais un risque…

-Tu viens te battre ? Ou bien tu vas te servir de pauvres civils une nouvelle fois pour couvrir tes arrières, sale pirate ?
-J’ai pas l’habitude d’accepter les invitations d’un minet qu’écarte les jambes, mais pour toi j’vais faire une exception. Tes potes n’peuvent pas approcher au milieu d’ce bordel. T’es à moi !

On s’regardait sans bouger, chacun campé sur ces positions, prêts à parer le moindre coup qui arriverait. C’était un bordel sans nom qui régnait autour d’nous mais aucun d’nous deux n’accepterait d’détourner les yeux n’serait-ce qu’une seconde. C’était bien plus qu’un combat pirate-marin. C’était l’occasion pour lui d’s’prouver qu’il était libre et l’occasion pour moi d’lui faire comprendre qu’un esclave l’reste pour toute sa vie. Il fallait qu’il se souvienne qu’il n’était qu’une possession, un bien matériel qu’on s’échange contre d’autres biens matériels.

L’occasion d’désamorcer notre situation s’est enfin présentée. Un civil est tombé à la renverse entre nous deux, sûrement projeté par un coup d’ceux qui devaient les protéger. Cette chute à briser notre lien visuel et j’en ai profité pour foncer directement vers lui. Marchant sur l’civil pour m’donner d’l’élan, j’ai sauté droit sur lui, toute lame sortie, prêt à l’embrocher. Mais il était rapide l’asticot, ses jambes bougeaient vite et il a esquivé sans aucun difficulté mon attaque. Je m’suis retourné juste à temps pour éviter son pied qui m’a frôlé l’nez.


-Hola, tout doux gamin ! Un accident est vite arrivé !

Je m’suis reculé et j’ai ramassé l’civil qu’était étalé par terre. Je l’ai bloqué avec mon bras gauche et placé ma lame sous sa gorge.

-Pour répondre à ta question, me battre contre toi et utiliser des civils n’est pas incompatible ! Bwahaha ! TITAN BOWLING MASTER !!

Spoiler:

Ma prothèse métallique nous protégeant, j’ai couru droit sur le lieutenant, la lame vers l’avant. L’civil m’servait d’bouclier humain et s’il ne parait pas ma charge, j’allais foncer droit dans la foule et faire d’sacrés dégâts. A lui d’choisir…
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J'étais vraiment dans la merde. Oui, réellement. Déjà, esquiver les coups de lame de l'autre brigand n'avait pas été aussi simple que je l'avais laissé paraître, mais de plus, il venait maintenant de prendre avec lui un civil en otage et fonçait sur moi. Il ne me restait que très peu de temps pour agir et je ne pouvais vraiment faire quelque chose. En effet, le pirate était en train de courrir sur moi, protégeait par un inconnu bien contre son grè, épée tendue. Si j'esquivais, il toucherait la foule derrière moi et blesserait certainement beaucoup d'innocents. Et si je n'esquivais pas, j'allais me faire empaler tout simplement par sa lame. Enfin, si je tentais de l'arrêter avant qu'il n'atteigne tout le monde, je risquerai de blesser l'otage qu'il avait emporté avec lui dans sa course folle. Meeeeeeeerde ! J'étais totalement pris au piège. Je ne pouvais en aucun cas laisser les autres se faire blesser à cause de mes conneries. Trois mètres. Putain, il se rapprochait de plus en plus et à une vitesse ahurissante pour la masse qu'il semblait faire. Deux mètres. Il fallait que je trouve une solution ! Un mètre. Merde, il était là. Prenant mon courage à deux mains, je décidais de fermer les yeux et d'ignorer tout ce qu'il se passait autour de moi. C'était, en soi, le mieux à faire dans cette situation. Le choc vint.

Je sentis la lame s'insérer dans mon épaule, comme au ralenti. Le temps semblait s'être figé tandis que le contact glacial du métal sur ma chair faisait tordre mon visage de gauche à droite. Un rictus douloureux vint fendre mes lèvres lorsque l'épée dépassait la peau de mon dos. Le sang jaillit, faible au départ avant de couler en un furieux torrent, innondant mon uniforme de marin. Je retenais un hurlement qui ne réussit de toute façon pas à sortir de mes lèvres. La douleur était vive et, bloqué ainsi, je ne pouvais me défaire de l'arme qui me transperçait l'épaule. Au moins, le bon côté des choses, c'était que j'avais réussis à arrêter sa course folle. Je rouvris les yeux pour me retrouver juste en face du pauvre civil qu'il gardait dans ses bras. Le lâche ! Se servir d'un pauvre innocent pour m'atteindre. Mais bon, le code d'honneur des pirates était tellement fourbe et vil que je devais m'y attendre.


Enfoiré ! Tu te sers d'un innocent alors que tu viens de leur faire un discours comme quoi c'était moi le brigand ! N'as-tu donc aucune estime de toi-même ? N'as-tu donc aucun sens moral ? En tant que... que Marin, je ne...ne peux laisser...

Je ne pouvais plus parler. J'étais en train de perdre bien trop vite de sang. La tête commençait déjà à me tourner et je n'avais aucun plan de secours. Cependant, tant que je ne bougeais pas, mon adversaire était piégé à son tour, incapable de bouger avec son arme bloquée dans ma chair épaisse. Je devais donc trouver un moyen de m'en sortir au plus vite avant que la douleur ne devienne encore plus inssoutenable pour mon corps.

Une solution. Oui, elle germa dans mon esprit. Même si c'était un acte pas des plus glorieux, je ne voyais rien d'autre à faire. Après tout, ELLES étaient si près de ma jambe. Baaaaaaaam ! D'un violent coup de pied, je lui frappais violemment ses attributs masculins, tout en prenant soin de bien éviter de toucher le pauvre civil. Suite à ce coup, je pris sur moi afin de glisser en arrière, me détachant ainsi du contact froid de la lame. Déjà habitué à cette douleur, le fait de la faire partir en sens inverse ne me gêna pas plus que ça. De mon bras valide, je compressais donc la plaie avant de me diriger le plus rapidement possible vers une caisse à ma droite afin de prendre de la hauteur. J'ignorais si l'autre me suivait mais j'espérais que mon coup puisse l'immobiliser un certain temps tout de même ! Après tout, je n'y avais pas été de main morte... 'fin, de pied mort.... 'fin, vous me comprenez quoi !

Habitants de Las Camp, cessez cette mascarade ! Vous qui vous pensez opprimés par la Marine, n'êtes-vous pas plus en sécurité depuis que les renforts sont arrivés sur cette île ? Vous, pirates, qui vous sentez prisonniers dans un régime qui ne vous correspond pas, pourquoi ne tout simplement pas vous enfuir ? Vous n'êtes pas obligés de rester ici, pensez aux pauvres familles qui font tout leur possible pour survivre face à vos horreurs, n'en ont-elles pas marre elles aussi ? Et là, aujourd'hui, vous vous battez main dans la main pour affronter ceux qui vous protège d'un côté et vous oppresse de l'autre ? Ne trouvez-vous pas ça plutôt paradoxal ?

Dans la foule, les premiers commencèrent à s'arrêter afin de m'écouter.Ce que je disais semblait les intéresser. Déjà, un premier sentiment d'incompréhension monta en eux.

Et vous qui suivez sans demi-mesure ce pirate là - dis-je en pointant du doigt le coupable -, regardez ce qu'il est en train de faire ! Il s'est servit d'un civil afin de se protéger de mes coups ! Ne trouvez-vous pas ça totalement lâche ? Il vous manipule, il se sert de vous ! Je suis désolé pour votre embarcadère, je m'engage à rembourser les frais pour la reconstruction ! Mais, au nom de la Marine, je m'engage également à mettre un terme aux actes de piraterie qui sévisse ici ! Civils et habitants de Las Camp, révoltez-vous contre vos oppresseurs ! Ce n'est pas la Marine qui vous empêche de vivre normalement, vous vous trompez de cible ! C'est plutôt ces affreux pirates qui nous forcent à coordonner nos opérations ici afin de ne pas causer trop de dégâts en arrêtant un maximum de coupables ! Vous êtes une force bien plus grande que toute celle que pourrons déployer les pirates de ce monde ! VOUS êtes plus nombreux ! Et VOUS devez vivre comme vous l'entendez !

Là, des cris de fureurs montèrent dans les rangs du champ de bataille tandis que deux clans commençaient déjà à voir le jour. Cependant, l'un était en déficit du nombre. En effet, les civils, convaincus pour la majorité par mon discours, s'étaient alliés aux marins afin de faire face à l'assemblée pirate. Bientôt, mes hommes et les habitants de Las Camp en viendrait à bout, j'en étais sûr ! Ne restait plus maintenant qu'à barrer la route à ce pirate afin de ne pas le laisser une nouvelle fois intervenir dans cette bataille. Et même si j'étais grandement blessé, j'étais prêt à me battre de toutes mes forces pour ça. Pour sa propre sécurité, il aurai mieux fallu qu'il prenne ses jambes à son cou et file comme ce qu'il était dans l'âme : un lâche.
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-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!!!!! MES BUUUUUURNES !!!!!!!

Cet enfant de salaud m’avait explosé les valseuses ! Sale crevure ! Sale lâche ! Sale… Sale… ENFOIRE !!! Et il osait m’parler d’sens moral ?! J’étais en train d’me tortiller sur l’sol d’pierre, les mains calées sur mon entrejambe. Comment connaissait-il mon point faible ? La douleur était atroce, mais j’avais même pas l’temps d’souffrir, il fallait que j’me relève et que je l’fasse payer ! Lui avoir transercé l’épaule pourrait sembler suffisant, mais vu que cela s’était passé avant, je n’en retirais aucune satisfaction. Encore une fois, j’étais face à un choix crucial. La vengeance ou la survie. Les soldats arrivaient par groupes, ils étaient des centaines maintenant.

L’lieutenant avait profité d’mon moment d’faiblesse pour faire un discours et rallier pas mal de citoyens d’son côté. Bandes d’putain d’girouettes. Les civils étaient vraiment des gens méprisables qui n’avaient pour seule conviction que d’suivre l’dernier qu’a parlé. Au moins, pendant qu’il parlait, j’ai pu m’éloigner un peu d’l’action pour reprendre mon souffle. J’ai du jouer de ma lame pour m’frayer un ch’min à travers la foule. La douleur était lancinante. J’ai sautillé sur place pour tenter d’faire redescendre les baloches. J’avais peut-être l’air con, mais la douleur s’est mise à diminuer très lentement.

Quand j’me suis r’tourné les citoyens s’étaient séparés en deux groupes, ceux avec moi et les lèches-pompes. Pas difficile de d’viner que tout ceux qui étaient restés d’mon côté avaient quelque chose à se reprocher et voulait voir la Marine s’barrer de l’île. Quelle bande d’idiots, BWAHAHA ! Faire du grabuge était au contraire l’meilleur moyen d’les faire rester pour un lonnnnnnng moment ! Mais vue qu’la foule m’protégeant était constituée d’pirates et d’escrocs, les marins n’allaient pas faire dans la dentelle.

J’ai retiré ma lame tâchée d’sang et j’ai placé l’grappin. J’ai eu l’temps d’le lancer et d’agripper une corniche avant qu’la Marine n’fasse une percée dans mes partisans. La corde s’est réenroulée dans l’mécanisme et j’me suis retrouvé sur l’toit d’un bâtiment. J’ai senti des lames me frôler les jambes alors que j’m’envolais. Juste à temps… A l’abri, j’ai attendu un moment avant de m’risquer à passer la tête. J’avais peur de m’prendre une balle.


-Bande de lâches ! Il suffit qu’un officier minable vous fasse les yeux doux et vous perdez toutes vos envies de libertés ! Vous vous laissez docilement mettre en cage sans vous débattre ! La Marine vous prive de tout plaisirs, vous force à rester cloîtrés chez vous à la nuit tombée, bloque les principaux revenus d’argent de l’île et vous, vous les défendez ! Vous rampez face à ceux qui vous dominent ! Vous êtes donc exactement comme ce lieutenant ! DES ESCLAVES !!!!

A voir la tête du lieutenant, j’avais vu juste. Il était bien passé par là. Un petit remue-ménage a éclaté à l’autre bout d’la place. Un type à ch’val est arrivé sous bonne escorte. Je l’connaissais bien, c’était le lieutenant colonel Matheson. Pauvre débile qui continuait à croire qu’un jour l’ordre règnerait sur Las Camp. Mais ça, ça voulait dire que l’alerte était sonnée dans toute la ville et que donc que la belle « Sissi » allait pas tarder à s’ramener aussi. Et elle, j’avais vraiment pas envie de la voir ou du moins pas dans ces circonstances là. Dans une belle piaule avec une bouteille de champ’, pas d’soucis. Mais être la cible d’sa colère, sans façon, elle était terrifiante. Tant pis, la vengeance attendrai. Arès tout, il paraît que c’est meilleur froid.

-Hey, l’esclave en costume ! On s’reverra, crois moi ! Tu entendras à nouveau parler de Barracuda ! Et je te remettrai les chaînes que tu n’aurais jamais dû enlever !

Sur cette menace, je m’suis retourné. J'connaissais Las Camp par coeur et une planque de la Triade s'trouvait pas loin. En passant par les toits, ils me rattraperaient pas.  j’ai pris mes jambes à mon cou et j’ai filé comme ce que j’étais dans l’âme : un homme libre.
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Que pouvais-je bien dire ? J'étais dans mon pauvre lit d'infirmerie, allongé comme un sot, perdu au milieu de mes pensées. Dans ma tête, les mots se mélangeaient, les images se complétaient, la peur se frayait un chemin dans mon esprit. J'ai eus peur, très peur. Et les dernières paroles que j'avais entendu du brigand continuait de retentir dans ma tête inlassablement. "On s’reverra, crois moi ! Tu entendras à nouveau parler de Barracuda ! Et je te remettrai les chaînes que tu n’aurais jamais dû enlever ! ". Ces mots. Ces ultimes mots qu'il avait laissé avant de s'enfuir et juste avant que je ne m'évanouisse pour cause d'anémie. J'avais donc raison, il faisait parti de cette pègre qui s'occupait du marchandage d'esclaves. Nous étions en quelque sorte comme tous liés les uns avec les autres. D'un seul regard, nous pouvions nous reconnaître, nous comprendre, nous entendre. C'était dans la nature des choses, je le savais bien. Nos yeux d'esclaves trahissaient une douleur et une servitude incomparable, et ceux de nos bourreaux étaient remplis de colère et de haine à notre égard. C'était sûrement ainsi que nos destins s'étaient croisés, liés tout les deux sur une île au beau milieu des mers. Cependant, je ne pouvais ignorer sa menace. La prochaine fois que nous nous rencontrerons, je lui montrerai qu'un esclave qui brise ses chaînes peu être bien plus dangereux que tout au monde. Cela nous renforce, nous endurcis.

Sur une table de chevet devant moi se trouvait un papier officiel ainsi qu'un stylo. Oui, il fallait que je fasse mon rapport pour le quartier général au plus vite. Même infirme de mon bras droit, je devais m’acharner à rédiger avec exactitude les actes de la journée. Bien heureusement, j'étais un gaucher. J'eus bien vite fait de résumer le tout. Cependant, je passais sous ellipse la dernière exclamation de celui qui se faisait appeler Barracuda. Déjà que j'ignorais si mes hommes avaient entendus ces mots, je ne voulais pas non plus que mes supérieurs en soi au courant.


On toqua à la porte de ma chambre d'infirmerie. D'une interjection positive, j'annonçais que j'étais d'accord pour que l'on entre. C'était deux de mes hommes, Eric et Jean, deux bons soldats.


Alors Lieutenant, comment allez-vous ?
Un peu mieux, merci Eric, et vous ? Vous avez été blessés durant la bataille ?
Vite fait, mais rien d'important par rapport à votre bras.
Bohhhhh, vous savez, les bras ne me servent à rien d'autre que de remplir la paperasse. Toute ma force se concentre dans mes jambes, alors tant que celles-ci ne sont pas touchés, je me sens bien !


C'était tout à fait vrai. Je ne pouvais pas me permettre d'être blessé aux jambes. Maintenant, tant que je n'avais rien, c'était le mieux. Je pouvais enfin rentrer chez moi, me reposer et pourquoi prendre une semaine de congés, cela ne me ferait pas de mal !


Spoiler:
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