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Qui pouvait croire que ces deux-là se seraient plu ?

Tout un périple !

Tout un périple avait finalement conduit Cameron à quitter le navire qui lui avait permis de voyager au cours des dernières semaines. Des mois peut-être ? Sa notion du temps se faisait de plus en plus défectueuse. La chose dont elle était certaine, fut qu’il était grand temps d’en finir ! Non, il ne faut pas entendre là : en finir avec la vie de ces marchands, qui malgré leurs défauts avaient eu la gentillesse de l’accueillir à bord de leur bateau pendant tout ce temps. Jolie, jeune naufragée qu’elle était. Ils ne la trouvaient pas bien bavardes et certains tentèrent de lui délier la langue, en vain. Ils eurent surtout de la chance de ne pas manger  sa main, ou pire encore…


Oui, il commençait à y avoir urgence ! Cameron devait absolument se séparer de cet équipage ! Sa terre salvatrice se révéla être une île au climat s’annonçait particulièrement glacial. Le vent soufflait. Sa fraîcheur mordit la chair de la jeune femme lorsqu’avec ses compagnons de voyage, elle entra dans le port. Partout, un manteau et étincelant recouvrait le sol et les toits des habitations. Elle entendit les marchands pester après cette « foutue » neige en amarrant le navire. La belle ne disait mot. Elle observait le paysage qui s’offrait à elle, tachant de dissimuler son émotion et son enthousiasme du mieux possible. De la neige ! C’était la toute première fois de sa vie qu’elle en voyait de ses propres yeux ! Jamais il ne neigeait sur Shimakuma, les températures y étaient trop douces pour que la population soit confrontée à ce phénomène météorologique. Néanmoins, Cameron ne devait pas me laisser éblouir trop longtemps. Dès lors que les hommes s’en étaient allés sur le port, laissant leur sage « gamine » seule à bord, elle récupéra ses affaires personnelles qu’elle avait soigneusement rassemblées au préalable dans l’intention de s’enfuir.


Cape sur le dos, toutes ses armes sur elle, seul son fusil dans le dos demeurait apparent. Un fusil de chasse, il n’y avait rien de suspect à en posséder un. Quant au reste de ses affaires, elles tenaient dans son encombrant sac bandoulière en toile. Au fond d’elle, elle avait espéré que le serpent n’aurait pas remarqué son départ et qu’il resterait sur le bateau. Sa désillusion ne tarda pas dès lors qu’elle glissa ma main dans mon sac et que ses doigts entrèrent en contact avec son corps froid et visqueux. La jeune fille se mordit la lèvre pour contenir un gémissement d’effroi. Il semblerait qu’elle ne s’y ferait jamais…


Et Cameron regarda le monde tout autour d’elle. Un univers entièrement peint en blanc. Des individus tous si chaudement vêtus. A peine un regard qui se posait sur sa silhouette, excepté comme quelques uns qui sans doute s’étonnait de la voir si légèrement vêtue. Il vrai qu’ils ne semblaient pas sensibles au froid, la jeune femme par contre…
L’intrépide aux yeux d’un bleu pur s’enfonça dans la ville. Sa priorité fut tout d’abord de s’éloigner le plus possible du port. A Chacun de ses pas, elle avait l’impression de ressentir d’avantage le froid. Cameron commença à grelotter, à claquer des dents. Son chemin passa devant les fenêtres d’une auberge. Comme elle aurait aimé y rentrer pour s’y réchauffer, mais elle n’osa pas. Sans argent pour commander à manger et son expérience au cours de ses précédentes escales sur d’autres îles lui avait appris qu’on obtenait rarement quoi que ce soit, pas même un petit emplacement au coin du feu, sans payer en échange. La femme en fuite ne savait si les gens de cette île étaient plus hospitaliers que d’autres. L’air bourru que leur conférait les conditions de vie difficiles de ce climat donnait l’impression du contraire, peut-être à tort.


Celle qui prétendait répondre au nom de Cameron réalisa alors que si elle ne voulait pas dormir dehors cette nuit, épreuve à laquelle elle ne survirait certainement pas, elle devrait gagner un peu d’argent. Le seul moyen en sa possession pour y parvenir se trouvait dans son sac de toile, sous le serpent et se nommait violon.
Cameron s’avança encore un peu le long des rues, puis, sur ce qu’il ressemblait à une place relativement fréquentée, s’installa. Révélant son visage, la jeunesse et la candeur attisant la sympathie et la charité, elle sortit son violon afin de se mettre à jouer, un monceau de tissu posé sur la neige pour que les passants y jettent quelques pièces. Dire qu’elle en était réduite à faire la manche pour survivre… La fierté de son sang royal en prenait un sacré coup !
Noble et fière, oui, la belle l’était, mais elle savait aussi la ravaler si sa vie en dépendait. La loi de la survie est la plus forte ! Cameron ne pouvait se perdre de mourir maintenant, et certainement de la morsure du froid telle une mendiante dormant dans les rues, alors elle saurait faire les sacrifices nécessaires pour être témoin de la prochaine aube.


La jeune femme joua du violon, à l’angle d’une rue, tantôt un morceau plein d’entrain pour attirer l’attention et la curiosité des passants, tantôt, un refrain mélancolique pour éveiller la compassion en eux, que l’image de la pauvre violoniste se calque avec leur propre chagrin, qu’un élan de culpabilité force leur générosité. Certains passèrent sans lui prêter la moindre attention, d’autres prirent le temps de ralentir, d’interrompre leur marche. Bientôt, tout un petit groupe se forma autour de la violoniste et les pièces se multiplièrent peu à peu à ses pieds.  Si elle jouait ainsi en différents emplacement, jusqu’à la tombée de la nuit que les rues soient désertes, peut-être pourrait-elle espérer pouvoir se payer une chambre dans le plus bas de gamme des hôtels. Peut-être… Mais déjà, la sensation de ses doigts engourdis à cause du froid auquel ils n’étaient pas habitués, se faisait ressentir. Un nuage de brume s’échappait d’entre ses lèvres gercées à chacune de ses respirations. Ses joues perdaient de leur couleur pour se pâmer timidement et lentement d’une teinte bleutée. Peut-être n’était-il pas trop tard pour retourner sur le bateau des marchands ? Cameron eut le pressentiment que son coeur cesserait de battre en cette terre, gelé, si elle ne trouvait pas une meilleure solution et ce, assez rapidement…
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Qui pouvait croire que ces deux-là se seraient plu ?  528-large_imagesia-com_qau9
Soirée du nouvel an sur Drum

Quelqu'un d'étranger trouverait les Drumos bourru, pour ma part, je sais qu'ils sont joyeux. Nous sommes à quelques heures de la nouvelle année. Une bonne ambiance s'est emparé des villages de l'île, on plaisante, on rigole, on prend le temps de discuter de tout et de rien. Certains chantent déjà, la lumière dans les foyers fait plaisir à voir. Cette nouvelle année est le signe d'un nouveau départ, pour l'île, pour moi. Voilà quelques jours que j'ai débarqué, j'ai de l'avance, tant mieux, j'ai des choses à faire avant que mes collègues débarquent. Comme d'habitude, les cheminées crachent une fumée dont l'odeur suffirait à vous réchauffer. Une neige fine s'abat sur l'île ce soir, permettant aux gens de se déplacer facilement. Il y a du monde, du monde que je connais et que je salue sur mon passage. Depuis la destruction de l'académie, j'ai planté mon campement dans l'immense grotte découverte en 1624. C'est loin et surtout, niveau compagnie, c'est plutôt calme... Au mieux, je pouvais espérer passer mon réveillon du nouvel an avec les montagnards mais avec eux, tu ne sais jamais comment ça se fini alors j'ai préféré descendre en ville. Je déambule, à la recherche d'un truc sympa à faire en cette soirée de fête. J'ai beaucoup de travail qui m'attend mais je n'ai vraiment pas la tête à ça ce soir, je veux m'amuser, profiter un peu. J'pense à mes collègues de la Division Géante qui doivent être en train de retourner Marin Ford en beauté pour fêter la nouvelle année. Je pense à ma famille sur Erbaf qui doit cuisiner un bon plat pour le partager avec les voisins et amis. Je pense à mes collègues des Toubibs 20 qui sont sûrement en route pour rentrer sur Drum suite à ma convocation. La cérémonie n'est que la semaine prochaine mais pour certain, le trajet est long.

Après une petite séance de patin à glace Gyasta je me retrouve à Bighorn à la recherche d'une taverne ou d'un restaurant servant encore un truc chaud à cette heure avancée. Malheureusement, beaucoup sont clos bien avant l'heure prévue avec un petit mot pour s'excuser du désagrément mais que fête du nouvel an oblige. Chacun se dépêche de Manger pour aller à Gyasta au milieu de la nuit voir le cerisier géant dans le ciel. En général, il y a un bal populaire après mais je n'ai pas eu le temps de vérifier si cette année cette animation était reconduite. Bref, je déambule et je me mets à chantonner un petit air sympa, un restant de noël surement. D'ailleurs, les copains de la division m'ont gâtés en m'équipant de la tête au pied de chauds vêtements. J'marche, toujours avec précaution histoire d'éviter d'écraser malencontreusement quelqu'un, surtout quand la pénombre tombe. Un petit air de musique vient chatouiller mes oreilles, je le trouve sympa alors je m'en approche. Ce n'est qu'une joueuse isolée, surement quelqu'un qui a envie de partager de la belle musique en ce soir de fête. Je l'écoute quelques minutes, en restant caché derrière la maison où elle joue puis je reprends ma route. Un docker que je connais me paye quelques bières, enfin, juste de quoi m'humecter le gosier mais je le remercie sincèrement, c'est le geste qui compte. J'avais calmé sa douleur quand il s'était fait une fracture ouverte il y a quelques années sur le port.

Mort de chez mort, les gens sont tous désormais chez eux ou chez leurs amis. Les rues sont presque vide, je zone seul ou presque. L'air de violon est encore là et le calme plus le vent en ma direction aide à propager la mélodie. Je m'en approche, je l'écoute quelques minutes pas plus, après j'file à Gyasta, j'trouverai bien un truc à boire là bas en attendant le Cerisier. Plus je m'approche de la joueuse plus le volume sonore diminue. Je me penche pour la regarder en lui faisant un petit geste amical et en tentant de pas trop l'effrayer. Normalement, je n'effraie plus personne sur Drum, tous me connaissent mais bon, de nuit, ça peut semer le doute dans les esprits des gens. Ils ont encore peur du Migou, eux.

La violoniste n'a pas l'air en grande forme, j'dirais même quelle nous couve une petite hypothermie la naine. Je m'assoie sur la neige devant elle, heureusement qu'il y a un lampadaire à bec de gaz à côté pour nous éclairer. J'ôte mon bonnet et je l’emmitoufle dedans. J'essaye de pas trop l'étouffer quand même. L'épaisse laine de Roi des Mers velu est une bonne couche isolante. J'ai les oreilles qui rougissent un peu mais ce n'est pas grave, j'ai connu pire.

Comment te nommes-tu ? Il se fait tard, tu devrais rentrer, c'est le nouvel an, ta famille doit t'attendre, je peux te déposer si tu veux. Belle musique au fait, tu as du talent. Moi c'est Eugène, enfin, peut être que tu sais qui je suis, enchanté en tout cas, je ne t'ai jamais vu.
    Dans le froid de l’hiver éternel, Cameron continuait de jouer du violon, mais les mouvements de son bras engourdi se firent de plus en plus lents. La caresse de l’archet sur les cordes ne se fit plus qu’effleurement, et comme étouffée par la morsure gelée de la neige, la mélodie elle-même s’estompa peu à peu. Oiseau migrateur qui fuit vers la chaleur des doux rayons du soleil, au pays de la glace, elle se tut.

    La violoniste elle n’entendait même plus. Elle ne ressentait plus que le picotement du sang se gelant dans ses oreilles. Ses paupières commencèrent à se faire lourdes. L’espace d’un instant, elle rêva du soleil, d’une île à la végétation luxuriante, d’un petit paradis dont l’océan était si brûlant de désir qu’il l’avait condamné à devenir sienne ou à ne pas être. Non ! Elle ne devait pas se bercer d’illusions passées. Péniblement, la jeune fille tenta de rouvrir ses yeux, mais les particules de glace formées au bout de ses sourcils le maintinrent à un état de mi-clos. Il n’y avait plus personne, n’est-ce pas ? Et pourtant, si ! Dans la brume de son esprit, elle aperçut une masse importante se mouvoir. Qu’est-ce ? Quelques secondes avant que sa vue ne s’affine, et elle bondit soudainement, ouvrant grands ses yeux bleus, brisant la glace. Son cœur se souleva dans sa poitrine, un sursaut d’afflux sanguin parcourut à nouveau tout son corps. Ses doigts lâchèrent son violon qui tomba dans la neige.

    « Un… Un… UN MONSTRE ! » s’effraya-t-elle en pensée.

    Tandis que le monstre à l’apparence d’un homme d’une taille démesurée s’assit dans la neige en face d’elle, Cameron eut pour réflexe d’effectuer un pas en arrière, mais elle ne pourrait que difficilement reculer d’avantage, son dos rencontrant la surface du mur de la bâtisse devant laquelle elle jouait. La musicienne regarda furtivement autour d’elle, à droite et à gauche : personne ! Les rues semblaient définitivement désertes. Nul passant pour venir interrompre son tête-à-tête avec le monstre. Peut-être qu’ils se cachaient tous ? Peut-être en était-ce toujours ainsi, à la nuit tombée les habitants n’osaient plus sortir de chez eux car l’abominable homme des neiges venait rôder à l’affut des malheureux inconscients ou ignorants dont il ferait son repas ? Il est vrai que le décor se prêtait bien à une telle histoire ! Cependant, la vagabonde n’allait certainement pas se laisser dévorer de la sorte ! Elle n’avait jamais envisagé l’estomac d’un monstre comme dernière demeure ! Ah, elle se serait bien munit de son sabre pour le dissuader – même si du fait de la différence de taille, il était fort peu probable qu’elle parvienne à l’impressionner -, ses muscles n’avaient pas été trop endolori par le froid pour se mouvoir assez rapidement, et ce avant que l’immense créature ne la capture en se servant de son bonnet en guise de filet. L’étrangère se sentit restreinte dans tous ses mouvements, noyée par cette épaisse toison de laine, pourtant, elle ne put restée insensible à cette si douce sensation…

    « C’est si chaud… » soupira-t-elle intérieurement.

    Cameron se serait laissée aller au plaisir du délice de cette chaleur si elle n’avait pas senti sa taille être lentement enserrée. Le serpent ! Ou comment lui rappeler de ne pas baisser sa garde ! Elle redressa alors la tête pour soutenir le regard du géant avec aplomb. Le visage de ce dernier éclairé par la lueur du lampadaire, elle ne put lui accorder des traits doux, néanmoins, il ne lui apparut pas foncièrement méchant. Ne devait-elle pas se laisser duper par les apparences ? Mais de ses gestes ne transparaissaient aucune intention malsaine, à moins que… Peut-être n’aimait-il pas viande froide ? Et s’il la réchauffait juste pour que sa chair soit plus tendre ? Une friandise moelleuse plutôt que  croquante ?

    Complètement obnubilée par ses divagations, Cameron n’écouta pas de suite les paroles du géant. Quand il eut fini de parler, tout ce qu’elle trouva à lui répondre ce fut :

    « Ne me mangez pas ! »

    Puis, comme un écho à retardement, les paroles du monstre qui n’en était peut-être pas un se répétèrent dans sa tête. Là, une légère teinte pourpre réussit à remonter jusqu’à ses joues tant elle se sentit ridicule :

    « Alors vous n’allez pas me manger, Eu-Eugène ?! » balbutia-t-elle totalement hallucinée.

    La situation lui semblait tellement irréelle, peut-être était-ce le cas d’ailleurs ?! Et si le froid avait fini par avoir raison de son esprit ? Qu’elle s’était assoupie d’un sommeil mortel dans la neige et qu’elle était en train de rêver ? Dans le doute, elle ressentait la nécessité de s’en assurer. Plutôt que de se pincer comme n’importe qui aurait sans doute eut le réflexe, voire de se gifler, Cameron se saisit de son serpent juste à l’arrière de sa tête, le dégageant de son corps contre lequel il s’était réfugié à la recherche de chaleur lui aussi. Elle ouvrit la gueule du reptile, ses crochets bien en avant vers son bras pour qu’il la morde. Si ce n’était qu’un rêve, elle n’avait rien à craindre de toute façon. Par contre, si tout ceci était réel… Finalement, elle se ravisa jugeant que ce n’était peut-être pas la meilleure idée du siècle, d’autant plus qu’elle l’imaginait assez fourbe pour ne pas se contenter de lui infliger une morsure sèche. Or, le venin de ce serpent, ce taïpan, était sans doute le plus dangereux au monde. Vingt-cinq fois plus puissant que celui de son cousin le cobra royal, une si petite créature pourrait bien infliger une morsure mortelle même à un géant, au bout de quelques heures si personne ne faisait rien pour le sauver.

    Les yeux bleus de la jeune musicienne se relevèrent à nouveau vers le géant. La peur s’était totalement dissipée et la lueur dans son regard ne laissait plus place qu’à une pétillante curiosité enfantine. Pour le masque froid et inflexible, elle repasserait.

    « Vous… Vous êtes un géant ? Comme dans les contes ? Alors ça existe vraiment ?! Waouh ! C’est géant ! »

    Elle se mordit la lèvre inférieure suite à cette exclamation on ne peut plus sincère. Cameron se ressaisit et tâcha de paraître plus mature, ce qui était loin d’être gagné…

    « Pardon ! Je vous prie de m'excuser pour ce mauvais jeu de mots, Monsieur Eugène. »

    « Euh, non, là j’en fais peut-être un peu trop … »

    « Je vous remercie, mon brave ! Euh, Monsieur ! Eugène ?! Enfin, je veux dire, merci pour votre bonnet et pour le compliment… » baissa-t-elle les yeux, embarrassée et surtout dépitée d’elle-même de ne savoir faire preuve de plus de sang-froid et de crédibilité.

    Et puis, elle repensa à ce qu’il avait dit : le Nouvel An. Un voile de tristesse se répandit sur son âme. Il y avait si longtemps qu’elle ne l’avait pas fêté, qu’elle n’avait plus personne avec qui le fêter… A quoi bon ? La vie pour elle, comme pour les siens, s’était arrêtée en 1620. Depuis lors, tout n’était plus qu’errance. Elle était un fantôme qui avait une mission à accomplir sur terre avant de rejoindre les siens. Non, elle se refusait d’être triste. Chaque larme est une faiblesse. La joie du monde ne devait faire son chagrin, simplement, son indifférence, faire en sorte que plus rien ne puisse l’atteindre.

    « Si vous voulez me déposez chez moi, alors autant que vous me jetiez à la mer directement, nos retrouvailles ne seront qu’autant plus rapides… » murmura-t-elle plus pour elle-même pour s’adresser à lui.

    Cameron commença à essayer de se dégager de la toison de laine. Bien que son étreinte chaleureuse soit des plus agréables, la jeune fille ne pouvait se permettre de s’y prélasser plus longtemps. Par réflexe instinctif, elle tendait encore à fuir quelque peu les gens qui l’approchaient, mais jamais bien pour longtemps…

    « Au fait, je me nomme Cameron, répondit-elle pour la première fois aussi spontanément lorsqu’on lui demandait son identité. Enchantée d’avoir fait votre connaissance Eugène, à présent, je dois… »

    Elle devait quoi ? Peut-être aurait-elle du réfléchir avant de se lancer dans un prétexte mensonger auquel elle ne savait quelle suite donner. La musicienne s’était extirpée du bonnet prête à repartir mais déjà, elle le regrettait. Elle maudit le froid et son ventre lui manifesta également son mécontentement en gargouillant. Même le taïpan ne semblait pas être de son avis à la perspective de retourner errer dans le froid. D’ailleurs, lui, il se lovait toujours dans la laine du bonnet. Son corps tout tremblant, ses dents claquantes les unes contre les autres, Cameron observa le géant. Au fond, sa taille démesurée la fascinée, et puis, à sa vue, son cœur fut pris dans un vague sentiment de solitude. Elle se sentait seule dans ce monde car elle se savait en un sens différente d’eux, le sentiment de ce géant ne devait-il pas être d’autant plus fort que le sien ? Et si le cœur est plus grand, la douleur l’est-elle également ?

    « Et vous, Monsieur le Géant, pourquoi êtes-vous seul dans cette ruelle au soir du Nouvel an ? Pourquoi n’êtes-vous pas avec votre famille ? » lui demanda-t-elle, sans mauvaise intention mais certes, avec une certaine maladresse.
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    Mes pas maltraitent la neige, elle craque, elle agonise, sur mon passage, je tasse, j'entasse. Je fends la bise comme personne, je suis une montagne vivante, je marche, on s'écarte. Les flocons de neige par milliers m’assaillent pour venger le millions que j'écrase avec mes pas surdimensionnés. Je suis robuste, imperturbable, je suis un géant d'Erbaf. Dans le creux de ma main, un humain, petit chose fragile et docile avec qui j'aime discuter. Et en ce soir de nouvel an, celle que je porte est franchement rigolote. Elle me pose un tas de questions. Quand elle me demande si je vais la manger, je ricane. Ça ne doit pas la rassurer mais après tout, ce ne sont pas nos aptitudes qui définissent ce que nous sommes, ceux sont nos actes. Et pour l'occasion, elle ne termine pas dans ma bouche donc elle a sa réponse. Quand je l'ai attrapé, elle semblait là aussi inquiète mais au final, je ne lui fait rien de mal. On marche, moi le regard dans le blizzard, elle au chaud dans mon bonnet et à l'abri dans le cocon de mes paluches. J'sais pas pourquoi, je me sens mieux, moi mélancolique. J'arrive même à sourire. Il m'est traversé une idée alors je marche et je continue la discussion.

    Enchanté Cameron, si je suis seul, ce n'est pas parce que je manque d'amis mais plutôt car je ne rentre pas dans les chaumières. Avant, je pouvais déambuler dans notre vaste académie, là haut, au sommet du pilier central, tu le vois ?

    Mais désormais, il n'est plus, c'est d'ailleurs pour ça que je suis là en ce moment. J'attends mes amis, j'attends qu'ils terminent les fêtes puis nous allons nous mettre au travail et bientôt, du ventre d'un pilier, rejaillira la fantastique académie de médecine de Drum. Celle qui a fait qui je suis et celle qui fera la médecine de demain. Je te montrerais les plans si tu veux, si ça t’intéresse. En attendant, c'est un soirée de fête alors alors festoyer. Je t'amène à Gyasta, c'est une station touristique, on y trouve une vaste piste naturelle pour le patin à glace. C'est une ville charmante en bord de lac. Tu vas voir, c'est super, on ne voit pas le temps passer et ça réchauffe. Mais je resterai au bord car la dernière fois que j'en ai fait, je suis passé à travers la glace et je me suis retrouvé dans une immense grotte dans les entrailles de l'île, j'y ai rencontré le Migou. Tu connais le Migou ? Il est doux.

    Dans cette ville, chaque année, il y a un bal populaire qui commence après minuit, chacun peut y jouer, il y a des braséros et les musiciens ont la boisson offerte. Et il y a une surprise à la fin, une spécialité chez nous.
      Le géant l’emmena alors avec lui, tandis que l’épaisse couverture de neige sur le sol craquait sous ses pas, tenant la jeune fille qui se sentait ridiculement petite en comparaison. Où l’emmenait-il ? D’ailleurs, elle ne se souvenait pas lui avoir formulé son consentement quant à le suivre ! Un enlèvement ? Elle pourrait toujours appeler à l’aide, d’une part, il n’y avait plus personne dans les alentours, d’autre part, qui oserait défier un géant ? Cameron réfléchit au fait qu’il ne devait pas être chose aisée que de tuer un individu de cette taille. Non pas qu’elle projette d’abattre l’homme qui venait d’avoir la bonté de la secourir – bien qu’en soit, ce ne soit pas un véritable problème pour sa conscience -, juste par curiosité. De plus, il est vrai que si elle n’avait consenti à le suivre, la jeune fille ne lui avait nullement exprimé le contraire non plus. Au fond, elle était bien contente qu’il l’emmène, mais trop fière pour le reconnaître. La particularité gigantesque d’Eugène l’intriguait au plus haut point. Cameron brûlait d’envie de lui poser mille et une questions sur son espèce mais pour le moment, elle faisait encore l’effort de se contenir. Pour combien de temps ? En parlant de se contenir, Cameron s’efforçait de ne pas lui dévorer le visage de son regard étincelant d’une curiosité débordante à l’égard de son bienfaiteur en cette soirée de la fête du nouvel an. Afin de ne pas se trahir dans sa prétendue nature impassible, et de ne pas paraître trop impolie non plus, la jeune femme n’osait le regarder directement, jetant incessamment des coups d’œil en coin dans sa direction. Des flocons de neige se déposèrent sur la peau de ses joues rosies par la chaleur de la laine. Là où ils se cristallisaient quelques instants auparavant, ils fondaient à présent pour rouler telle une goutte de pluie, une larme peut-être, le long de sa joue. Un léger mais gracieux sourire avait  été peint sur ses lèvres. Nul ne saurait l’en déloger.


      Ce n’était pas simplement son corps mais aussi son cœur que le géant était parvenu à réchauffer. Il semblait l’emmener avec lui tout naturellement. Cameron ne sentait plus seule. N’était-ce pas la plus douce des sensations ? Pour elle, la solitude incarnait probablement le plus effroyablement des maux. Elle avait  dû s’y accoutumer, cependant, la douleur ne s’était jamais tue. Lorsqu’on naît jumeaux, même s’il ne s’agit que de « faux jumeaux » comme diraient certains, s’ancre dans nos esprits, dans tout notre être jusqu’à la moindre petite cellule qui compose notre organisme, qu’on ne peut être entier sans être compléter par une autre personne. Andréa, car en cet instant la petite fille décédée par un jour de pluie sur son île natale jaillissait à nouveau dans son esprit, parce qu’elle faisait entendre sa voix, ne se considérait pas comme un être à part entière. Elle n’était qu’une moitié. Il est déjà éprouvant pour un homme de rester seul, alors supporter cette solitude lorsque nous ne sommes nous-même entier ! Cameron se maudira pour avoir laissé de telles pensées, si laborieusement enfouies tout au fond de son cœur, remonter en premières lignes. Néanmoins, juste pour ce soir, la jeune fille souhaitait se laisser transporter par le délice de cette douce chaleur au cœur du froid si vigoureux de l’hiver. Pour une nuit, elle voulait oublier sa mission macabre et simplement profiter de l’instant. Cette sensation de paix qu’elle n’avait plus connu depuis si longtemps, Cameron la devait à ce géant qui, malgré le fait qu’ils soient tous deux de parfaits inconnus l’un pour l’autre, l’avait sauvé de cette mort revêtue de son manteau blanc hivernale. Osera-t-elle un jour lui exprimer sa reconnaissance ? Encore faudrait-il qu’elle apprenne à ravaler sa fierté. Ce trait de caractère que la jeune femme s’était forgée dans son enfance afin de faire entendre sa voix, de trouver sa place au milieu de ses amis d’enfance, ou plutôt de sa fratrie à laquelle s’ajoutait également son cousin qu’elle considérait comme un grand frère bien qu’elle ne le lui eut jamais avoué. Voilà, le sixième réveillon qu’elle ne passait déjà plus avec eux. Ils lui manquaient tous tellement. Mais ils n’étaient plus là. Excepté son jumeau. Quant à son cousin, Cameron perpétuait son existence en portant son nom. Elle espérait lui faire honneur. L’heure n’était certainement pas aux lamentations. Ce ne serait pas de sitôt qu’une personne la verrait verser des larmes qui ne seraient ni de joie, ni d’hystérie. Le chagrin avait été banni de son cœur, emportant avec lui ce sentiment nommé culpabilité.

      Alors, pour s’extirper de ses méandres spirituels, la jeune femme accorda toute son intention à son sauveur. D’ailleurs, l’idée lui paraissait plaisante de l’appeler Monsieur le Héros, plutôt que Monsieur le Géant, si impersonnel ! Là encore, son esprit ne manqua pas de tergiverser sur les moindres dires du généreux géant qui était très certainement loin de se douter sur quel étrange phénomène il était tombé.


      Enchanté Cameron, si je suis seul, ce n'est pas parce que je manque d'amis mais plutôt car…
      *Je les ai mangés ?!!* termina-t-elle cette phrase dans sa tête sans en attendre la suite. *Non, il a dit qu’il ne mangeait pas les humains… Rectification ! Il n’a jamais dit une telle chose ! J’en ai déduis toute seule du fait qu’il ne m’ait pas encore monté jusqu’à sa bouche mais qu’est-ce qui me dit qu’il ne m’emmène pas tout simplement chez lui pour me cuisiner à son goût ? Et si je n’étais qu’une pistache à l’heure de l’apéritif ?!*
      …je ne rentre pas dans les chaumières.
      *Ah … ? C’est un argument qui se tient… N’avais-je pas dit qu’il ne mangeait pas les gens ! Franchement, qui oserait douter de ses bonnes intentions *


      Au moins pour cette fois, la jeune femme avait eu la retenue de ne pas exprimer toutes ses pensées à haute voix. Le géant lui parla ensuite d’une académie qu’il désigna au loin. Cameron dut plisser les yeux et se concentrer pour apercevoir au cœur de l’abondante chute de neige, la sombre silhouette d’un imposant pilier, excentrée de la ville. Cette île aussi lui apparut bien étrange. Cependant, pour l’heure, elle ne conférait guère d’intérêt à cette académie qui ne représentait rien à ses yeux. Elle n’en avait même jamais entendu parler auparavant. Et si elle avait été témoin d’une conversation où cette académie de médecine aurait été évoquée, sans doute n’avait-elle pas écouté. L’attention envers autrui n’était pas non plus une de ses qualités premières. Pour autant, Cameron ne manqua pas de noter quelques éléments particuliers. Eugène serait donc un médecin. Géant et médecin, elle n’était pas au bout de ses surprises ce soir ! Ensuite, il lui proposa de lui montrer les plans. Certes, la jeune femme ne se sentait franchement pas concernée, néanmoins, une telle suggestion lui fit aussi plaisir qu’elle la désorienta. Une femme pouvait être impliquée dans un quelconque projet ? Créer ? Elle qui avait l’impression de ne connaître plus que la destruction.

      Ses pensées ne s’attardèrent pas plus longtemps sur ce point, d’avantage attirées par la suite de ces paroles. Festoyer ? Bien sûr ! Sur une terre où il faisait aussi froid que cette île, le brasier du nouvel an devait être somptueux ! Peut-être même que les bûchers de sa terre natale en pâliraient de jalousie à leur vue. Un bal ? Cameron imaginait déjà les couples de danseurs donner un magnifique spectacle au rythme d’une valse envoûtante, superbe ballet flamboyant ! Cependant, tout ceci  n’était que fruit de son imagination. Pas un seul instant, il ne lui sembla que le géant fasse allusion à la moindre flamme. Quelle déception ce serait pour elle. Une surprise ? Peut-être feu de joie y aurait-il quand même ? Dans son dos, elle croisa les doigts. Ne serait-ce qu’un modeste bûcher lui donnerait l’illusion d’être encore chez elle…


      Eugène la transportait donc malgré la neige jusqu’à la fameuse station de Gyasta, et ayant omis de garder sa langue dans sa poche, la jeune femme ne manqua pas de lui faire la conversation tout le long du chemin. Le Migou ? Bien sûr qu’elle en avait déjà entendu parler ! Pour qui la prenait-il ? Une étrangère totalement en marge de la société ? Bien sûr qu’il aurait raison de penser ainsi, tout autant que Cameron ne savait absolument pas ce que pouvait être ce migou ! Sauf qu’elle refusait de l’admettre. A la qualification de « doux », dans son esprit, elle se demanda s’il ne serait pas plutôt bon à manger. Oui, la faim commençait à se manifester au niveau de son estomac, mais une fois de plus, la jeune femme n’en dirait rien.

      D’autant plus que dès lors qu’ils furent arrivés à destination,  que Cameron découvrit cette immense patinoire naturelle se déployant devant elle, la demoiselle en oublia toute autre contrariété pour ne plus que trépigner d’impatience. Les gens qui patinaient sur la glace semblaient tant s’amuser. Elle aussi, elle voulait essayer ! La jeune fille pressa son acolyte du soir de la poser au sol. La faim comme la sensation du froid s’envolèrent loin de son esprit et de son corps. Cependant, elle ne put courir directement à son objectif car l’apparition du géant provoqua tel un mouvement de masse tant le nombre de personnes venues le saluer fut important. Vraisemblablement, Eugène était plutôt populaire dans le cœur des habitants. Cette aura dépeignit sur Cameron dont la venue avec le géant fut l’objet de quelques curiosités. On ne lui parla guère directement pour autant. Néanmoins, une femme vint lui proposer aimablement un bonnet pour protéger des oreilles, une peau de bête pour la maintenir au chaud tout en étant libre de ses mouvements ainsi qu’une paire de patins à glace. Cameron avait dans l’idée que la générosité qu’on lui témoignait alors ne devait pas être étrangère au géant. Quelle aubaine !


      Une fois parée et équipée, l’intrépide étrangère n’avait donc plus qu’à se jeter à l’eau ! Ou plutôt,  s’élancer sur la glace. Cameron s’avança avec prudence tout d’abord. Rappelons que n’ayant encore jamais vu la neige de ses yeux, il va de soi que la demoiselle n’ait encore jamais patiné non plus auparavant. Bah ! A regarder tous ces manants faire, cela n’avait pas l’air bien compliqué ! Regain d’aplomb, après quelques pas microscopiques sur la glace, la jeune fille effectua une foulée plus franche. Un, deux… Et un dérapage parfaitement pas contrôler, la voilà qui se retrouva les quatre fers en l’air et les fesses sur la glace ! Plus que son derrière, ce fut son égo qui en prit un sacré coup ! Quelle honte ! Pourvu que personne ne l’ait vu. Bien sûr qu’on l’avait vu… Il y avait-il seulement une personne sur cette patinoire qui n’aurait pas été témoin de la cascade grotesque effectuée par l’étrangère ?

      *Garde la tête haute, Cameron ! Fait comme si tu ne les entendais pas ricaner !*

      La jeune fille se redressa, comme si de rien n’était. Elle manqua de peu de se rétamer une seconde fois dans l’instant mais conserva son équilibre à temps. C’était reparti ! Une, deux, trois… Oui ! Cette fois-ci, elle y était arrivée ! Eh ! Mais qu’est-ce qu’il faisait là celui-là ?!

      *Qu’est-ce qu’il attend pour dégager de mon  chemin ????!!!*

      Trop tard ! Deuxième chute et avec un bonus accompagnateur cette fois-ci. Cameron s’attendait à se faire insulter et avait déjà préparé sa répartie mais l’homme se mit à rire. Etait-il ivre ? Ce dernier se releva sans cesser de rire et lui tendit la main, non pas seulement pour l’aider à se relever mais également pour la guider sur la glace. Cameron se laissa faire. Elle passa de mains en mains au milieu de personnes toutes plus souriantes et riantes les unes que les autres. Etaient-ils donc tous ivres ? Ou simplement joyeux en cette nuit de fête ? Quoi qu’il en soit, leur félicité était communicative, et, du fait de ses capacités physiques plus développées que la normale, la jeune fille trouva rapidement ses marques. De plus en plus à l’aise sur la glace, elle prit plaisir à patiner, tantôt avec un partenaire, tantôt avec une autre. Elle riait. Son cœur devenait si léger tandis qu’elle s’adonnait en toute simplicité à ce moment de liesse. Glisser sur la glace était également une sensation exaltante. Certes, elle effectua encore quelques atterrissages sur glace incontrôlés, mais elle ne s’en offusquait plus. Les gens ici ne se moquaient pas d’elle. Quand bien même ils le feraient, cela ne pourrait pour entacher son plaisir.


      Combien de temps s’amusa-t-elle de la sorte ? Peut-être seulement quelques minutes comme une heure. Cameron avait perdu la notion du temps. Soudain, ce fut la vue d’Eugène sur le bord de la patinoire naturelle qui la stoppa nette. Dans son allégresse, elle en avait oublié le géant. Cameron se mordit la lèvre inférieure de bout de ses dents. Quelle ingrate ! Même si les habitants de l’île ne manquaient pas de sympathie à l’égard du géant, n’est-ce pas elle qui avait décrété qu’il serait son héros du soir ? Etait-ce ainsi qu’elle lui démontrait sa reconnaissance, à défaut d’être capable de lui dire ? L’humaine patina sur quelques mètres afin de rejoindre la rive couverte de neige. Elle déchaussa ses patins et vint se planter devant Eugène, les mains sur les hanches, s’adressant à lui avec aplomb pour exprimer une pensée qu’elle avait déjà eu auparavant mais qu’elle avait tu, sauf qu’à la vue insupportable de la solitude du géant, ce fut plus fort qu’elle cette fois-ci :

      « Je ne connais peut-être pas grand-chose en amitié, même assurément rien, mais je ne peux me défaire de l’idée que si tes amis étaient vraiment ce qu’ils prétendent, ils auraient fait en sorte de ne pas te laisser tout seul ici ce soir ! »

      Cameron laissa retomber ses bras dont elle avait posé précédemment les mains sur ses hanches, soupira en baissant brièvement le regard avant de redresser la tête et d’ajouter avec un sourire facétieux :

      « Heureusement que je suis là pour te tenir compagnie ! Mais ne me remercie pas, nous considérerons là l’expression de ma gratitude pour mettre venu en aide dans la rue ! »
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      A notre arrivée à Gyasta il y a déjà plus de monde que tout à l'heure, la scène est monté, les braseros allumés et il y a même déjà quelques jeunes qui comblent le vide sonore en attendant les têtes d'affiches pour le milieu de la nuit. J'pose la jeune fille qui est directement prise en charge par les concitoyens venus à ma rencontre. Je discute avec eux et je me propose même pour aider à tendre les lampions qui éclaireront la fête. Quoi de plus facile quand on dépasse presque tous les arbres du coin. Je discute aussi avec les habitants et on m'offre un verre de vin chaud, enfin, un tonneau qui fait office de dé à coudre pour moi. Tout en m'affairant à la décoration, je garde un oeil sur Cameron. Quand elle chute, je glousse discrètement et je détourne le regard pour faire croire que je n'ai rien vu. Quelques secondes après, je m'enquiert quand même de sa santé et rejetant un coup d'oeil mais tout va bien, elle est débout et les patineurs aguerris s'occupent d'elle. Une fois la décoration terminée, je rencontre le roi qui arrive pour inaugurer la fête. D'ici une demi heure, il sera minuit et l'année 1625 débutera. Le monde commence à arriver. Je m'isole un peu en bord de lac et j'admire les étoiles, jusqu'à ce que ma nouvelle amie débarque et m'interpelle. Ce quelle me dit est vrai, un point pour elle. Cameron est franche et directe, je reste à la regarder quelques instants, le visage figé.

      Rharararara

      C'est pas faux ! Tu as raison mais pour être franc, c'est moi qui est laissé mes amis dans d'autres lieux, voilà pourquoi je suis seul ce soir. Enfin, que j'étais seul car comme tu le fais très justement remarquer, tu es là.

      Rharararara

      Il était de mon devoir de t'aider, tu as du le voir, les gens sur cette île sont gentils, véritablement gentil. D'ailleurs, le discours du Maire ne va pas tarder, ensuite, on ira grignoter au stand de nourriture. Chaque année, on me réserve un super morceau de viande importé directement depuis Little Garden, tu vas voir, c'est un régal. Et après, on fera ce que bon te plaira, c'est ta soirée, je suis ton humble serviteur. Il y a le bal et j'ai discuté avec le régisseur, il te laisse un créneau, c'est l'occasion de te faire un peu connaître des habitants, ça devrait te permettre de jouer dans les auberges et restaurants de l'île plutôt que dehors. Allez viens, Marcel va clore cette année.


      La scène a carrément accaparé l'attention de la foule, comme chaque année. Il y a beaucoup de têtes que je connais et que je salue. Les gosses viennent aussi à mon encontre, je sais pourquoi alors j'pose la main contre le sol et j'attends qu'ils grimpent dessus. J'invite également Cameron à la faire. Une fois tout le monde à bord, je fais grimper tout ce petit monde à hauteur de ma vision. Ils se disperse tous sur mes épaules, mon bonnet, ils adorent. De là haut, la vue est imprenable pour eux, ils ne manqueront rien du discours  et surtout de ce qui arrive à la suite, car il faut bien le dire, Marcel n'est pas vraiment le genre de souverain que les enfants aiment à entendre. Son discours est bien ficelé, comme chaque année, emprunt d'une légère poésie et d'une bonne humeur. Pas d'annonces, pas de promesses, simplement des faits et généralités sur l'année écoulée et celle à venir. J'écoute attentivement, tout comme la délégation de la Marine qui s'est invitée à la soirée. Ceux du navire en restauration. Marcel fait du politiquement correct, il se sait épier, je le comprends. Il achève l'année dans un décompte joyeux, toute la foule scande le décompte avec lui et au zéro, il hurle un bonne année à toutes et à tous et le pilier central de l'île s'embrase d'un feu d'artifice à couleur unique, le rose du cerisier. C'est l'embrassade générale, la foule est en liesse et moi je suis heureux. Heureux de pouvoir être là et partager ce moment avec les Drumos. Au loin, je perçois quelques silhouette dans la montagne. Surement des Montagnards trop fiers pour venir s'amuser avec nous mais tout aussi enthousiaste de voir le cerisier fleurir. Les gosses demandent à descendre dès que la musique résonne. Marcel a laissé la scène aux artistes et le bal ainsi que la fête va désormais battre son plein. Nous sommes en 1625 et nous ne sommes pas prêts de dormir. Je tourne légèrement la tête et j'admire la gracieuse silhouette de ma nouvelle amie qui se trouve sur mon épaule.

      Bonne année Cameron, que celle-ci te soit profitable et agréable, que la santé et la prospérité veillent sur toi. Maintenant, à table !