Au commencement, il n’y avait rien. Rien excepté l’immensité imperturbable de l’océan. Une infinie étendue bleue. Le néant. A peine quelques timides vagues à la surface. Pas un oiseau dans le ciel. Et sous l’eau ? Toujours rien. Pas un poisson. Si on s’enfonce dans les profondeurs ? Ça pullule ! Ils sont là, gigantesques et impitoyables ! Des monstres marins, des rois des mers. Ces eaux leur appartiennent. Ils sont seuls souverains. Ce serait sans compter sur notre véritable maître, à tous, sans exception: Le noyau de la Terre. Et un jour, il fut en colère. De sa rage, il fit s’embraser toute une chaîne de volcans qui reposaient sous l’océan. Une éruption en entraînant une autre. La face de cette petite partie du monde en fut changé. Un monceau de terre émergé. Une île née au coeur du cataclysme.
Tout d’abord sombre et terne, habitée de micro-organismes. Un micro-climat favorable. La vie s’y développe, la terre prend forme. Une montagne volcanique, des falaises, une forêt, des champs et deux plages qui prendront forme avec le temps. Les végétaux prennent tout d’abord leur droit, puis la faune se déploie à son tour. L’île est sauvage. L’île est superbe. Tout y est d’une cruelle beauté. Magnifique et redoutable à la fois. L’île est devenue souveraine au milieu de l’océan. Soleil incandescent, elle est bordée d’un croissant de lune, barrière de corail, sur son flanc sud, qui rend l’île inaccessible aux futurs navires depuis ce que les hommes nommeront un jour West Blue. Face à cette barrière naturelle, une petite plage qui remonte sur une colline verdoyante,au pied de la montagne, et bordée de toute part par des falaises. Ces falaises qui forment tout le pourtour de l’île jusqu’à son flanc Nord où s’étend à l’opposé de la première, la plus vaste des deux plages de sable fin: Une vue imprenable sur Calm Belt. D’une part, la montagne volcanique ensommeillée, de l’autre les plaines propices à la culture de la terre sur le plateau jalonné de quelques collines. Et entre les deux, l’implacable forêt où des animaux de toutes natures rodent, prédateurs affamés.
Une île imprenable et inaccessible ? Juste une faille dans la falaise, une petite crique à l’est où les marins les plus habiles pourront réussir à s’engouffrer. Le fond est profond mais il est possible de jeter l’ancre tout de même. Par endroit. Prenez garde à ne pas rester coincé dans les rochers car une fois la nuit tombée, les animaux de la montagne s’éveillent. Entre majestueux charognards qui semblent anticiper la mort de leurs proies et suceurs de sang, vous feriez mieux de ne jamais les rencontrer. Si cela devait advenir, vous ne pourrez jamais en témoigner.
Une crique au coeur de la façade rocheuse, mais toujours nul point d’accès pour poser un pied sur l’île. Montez à bord d’une chaloupe. Observez. Voyez-vous ces cavités qui s’enfoncent dans la chair de la falaise ? Aventurez-vous à l’intérieur. Attention, ne vous trompez pas. Une seule vous mènera jusqu’au chemin qui permettra d’atteindre la surface. Pénétrez dans la mauvaise, et vous y serez prisonnier jusqu’à ce que la marée monte et qu’elle vienne vous avaler de son insatiable appétit, petits lapereaux effrayés et condamnés que vous faites.
Pour ceux qui auront trouvé la voie, le chemin au coeur de la roche est encore sinueux et escarpé pour atteindre enfin la lumière du jour. Le monde extérieur. Une colline verdoyante. Et un comité d’accueil. Les animaux sauvages ont faim. Un troupeau de mouton inoffensif vient de leur être apporté sur un plateau. De la toute première exploration qui fut envoyée sur cette île, nul homme ne revint. Seule une bouteille à la dérive fut découverte un jour, quelques années plus tard. Entre temps, on y avait envoyé d’autres émissaires, suspectant les premiers d’avoir découvert un eldorado qu’ils ne voudraient partager, ou alors tout simplement un autre royaume avide de s’emparer d’une nouvelle terre. Et des bouteilles qui se perdirent en mer…
Des dizaines, sans doute des centaines d’hommes furent envoyés à la conquête de cette terre, vaincus par l’océan, la terre ou les animaux, seule une poignée en revint sur des années de tentatives. Ces derniers à jamais marqués par le traumatisme de cette expérience où ils eurent filtrer avec la mort à chaque instant.
Ainsi, on en vint à nommer cette terre hostile et imprenable, celle dont on ne revient pas : Shimakuma, l’île du Démon…
Tout d’abord sombre et terne, habitée de micro-organismes. Un micro-climat favorable. La vie s’y développe, la terre prend forme. Une montagne volcanique, des falaises, une forêt, des champs et deux plages qui prendront forme avec le temps. Les végétaux prennent tout d’abord leur droit, puis la faune se déploie à son tour. L’île est sauvage. L’île est superbe. Tout y est d’une cruelle beauté. Magnifique et redoutable à la fois. L’île est devenue souveraine au milieu de l’océan. Soleil incandescent, elle est bordée d’un croissant de lune, barrière de corail, sur son flanc sud, qui rend l’île inaccessible aux futurs navires depuis ce que les hommes nommeront un jour West Blue. Face à cette barrière naturelle, une petite plage qui remonte sur une colline verdoyante,au pied de la montagne, et bordée de toute part par des falaises. Ces falaises qui forment tout le pourtour de l’île jusqu’à son flanc Nord où s’étend à l’opposé de la première, la plus vaste des deux plages de sable fin: Une vue imprenable sur Calm Belt. D’une part, la montagne volcanique ensommeillée, de l’autre les plaines propices à la culture de la terre sur le plateau jalonné de quelques collines. Et entre les deux, l’implacable forêt où des animaux de toutes natures rodent, prédateurs affamés.
Une île imprenable et inaccessible ? Juste une faille dans la falaise, une petite crique à l’est où les marins les plus habiles pourront réussir à s’engouffrer. Le fond est profond mais il est possible de jeter l’ancre tout de même. Par endroit. Prenez garde à ne pas rester coincé dans les rochers car une fois la nuit tombée, les animaux de la montagne s’éveillent. Entre majestueux charognards qui semblent anticiper la mort de leurs proies et suceurs de sang, vous feriez mieux de ne jamais les rencontrer. Si cela devait advenir, vous ne pourrez jamais en témoigner.
Une crique au coeur de la façade rocheuse, mais toujours nul point d’accès pour poser un pied sur l’île. Montez à bord d’une chaloupe. Observez. Voyez-vous ces cavités qui s’enfoncent dans la chair de la falaise ? Aventurez-vous à l’intérieur. Attention, ne vous trompez pas. Une seule vous mènera jusqu’au chemin qui permettra d’atteindre la surface. Pénétrez dans la mauvaise, et vous y serez prisonnier jusqu’à ce que la marée monte et qu’elle vienne vous avaler de son insatiable appétit, petits lapereaux effrayés et condamnés que vous faites.
Pour ceux qui auront trouvé la voie, le chemin au coeur de la roche est encore sinueux et escarpé pour atteindre enfin la lumière du jour. Le monde extérieur. Une colline verdoyante. Et un comité d’accueil. Les animaux sauvages ont faim. Un troupeau de mouton inoffensif vient de leur être apporté sur un plateau. De la toute première exploration qui fut envoyée sur cette île, nul homme ne revint. Seule une bouteille à la dérive fut découverte un jour, quelques années plus tard. Entre temps, on y avait envoyé d’autres émissaires, suspectant les premiers d’avoir découvert un eldorado qu’ils ne voudraient partager, ou alors tout simplement un autre royaume avide de s’emparer d’une nouvelle terre. Et des bouteilles qui se perdirent en mer…
Des dizaines, sans doute des centaines d’hommes furent envoyés à la conquête de cette terre, vaincus par l’océan, la terre ou les animaux, seule une poignée en revint sur des années de tentatives. Ces derniers à jamais marqués par le traumatisme de cette expérience où ils eurent filtrer avec la mort à chaque instant.
Ainsi, on en vint à nommer cette terre hostile et imprenable, celle dont on ne revient pas : Shimakuma, l’île du Démon…
******
Shimakuma… N’est-ce pas le nom d’une certaine île prospère, oubliée du reste du monde comme si elle avait déjà sombré ou plutôt jamais existé, dont une demoiselle aux yeux cyans serait originaire ? Alors comment une île inaccessible aurait-elle finalement pu être peuplée ?
L’histoire de son peuple commença un peu comme celle de toutes les populations qui émergèrent en terres hostiles. Puisque l’île refusait de se laisser conquérir, puisqu’elle n’appartiendrait à personne alors elle serait terre de bagne. Les différents royaumes, à l’heure où le Gouvernement Mondial n’avait pas encore étendu son joug par-delà le monde - existait-il seulement ? - décidèrent d’envoyer sur Shimakuma tous les indésirables. Mais ce ne fut pas des criminels, des brutes, ni même de quelconques individus malfamés qu’on y envoya. Non, la vermine, elle croupissait dans des cellules ou on l’exécutait sur la place publique à titre d’exemple. Ceux qu’on exila sur l’île démoniaque étaient de ces gens qui dérangent, ceux qui pensent, qui réfléchissent un peu trop. Ceux dont l’intellect les conduisaient parfois à douter un peu trop de la légitimité des ordres des seigneurs tout-puissant. Des juristes, des historiens, des médecins, des écrivains, des archéologues, des architectes, des ingénieurs de toutes sortes, des individus qui avaient eu la désobligeance d’ouvrir leur esprit à une autre conception du monde que celle qu’on voulait leur imposer ! Des humains a priori pas très résistants, ils n’étaient pas les mieux parés pour survivre dans des conditions extrêmes.
Certains étaient peut-être des révolutionnaires avérés dans l’âme, d’autres simplement supposés, mesure de prévention. Prévenir vaut mieux que guérir, il fallait enrayer la gangrène de la société avant qu'elle ne se propage. Tous ces gens qu’on ne pouvait faire exécuter, qu’on ne pouvait arrêter au risque de les victimiser, d’accélérer encore plus le processus de remise en question au sein des populations érudites. Alors, on les a fait disparaître, mystérieusement. Isolé ou parfois en famille entière, on venait les chercher de la manière la plus discrète possible, ou pas, faisant croire à un enlèvement par un groupuscule indépendant, et on leur mettait des chaînes avant de les charger dans les cales des bateaux, certains ne survivraient même pas jusqu’à la première étape du périple. Peut-être était-ce mieux ainsi, ils n’auraient eu aucune chance par la suite.
De toutes parts des mers, ces infâmes convois se réunissaient sur une seule et même île afin de les rassembler le plus possible sur le moins de navire possible. Pour les marins qui les conduisaient à ce qu’on pourrait appeler une mort certaine, le voyage n’était pas sans risque non plus. L’accès à la crique demandait une très grande habilité : un peu trop au sud et la coque du bateau serait saignée par les coraux, un peu trop au nord et le courant vous porterait cruellement sur calm belt où il vous abandonnerait là où ne le vent ne souffle plus.
Lorsque vous êtes enfin dans la crique, vous pouvez respirer, mais ne perdez pas trop de temps. N’oubliez jamais de scruter le ciel et mettez les voiles avant que le soleil n’atteigne la ligne d’horizon. Sinon, cette île sera votre terminus à vous aussi. Les bagnards et leurs familles dans des chaloupes, à eux de ramer jusqu’aux grottes. Souvent, ils se séparent, choisissent une voie différente. Nouvelle sélection, une seule est la bonne. Pour les rares survivants de la toute première expédition de condamnés qui parvinrent jusqu’au plateau de l’île, à l’instar des explorateurs avant eux, la faune sut leur faire part de son plus charmant comité d’accueil. On aurait pu les croire tous morts dans les quelques heures qui suivirent le débarquement, mais il y avait parmi ces hommes et ces femmes des individus plus coriaces qu’on pouvait le penser, des gens physiquement et moralement, de fins stratèges. De plus, ils bénéficièrent d’une aide inattendue. Quelques humains vivaient déjà, ou plutôt survivaient tant bien que mal sur l’île. Des survivants des dernières missions d’explorations, des hommes que leurs camarades lâches et fuyards avaient laissé pour mort derrière eux tandis qu’ils ne pensaient plus qu’à sauver leur peau.
Et on en envoya, des exilés politiques, en provenance des quatre coins de la planète, persuadé qu’ils périssaient tous sur cette fameuse île qu’on avait d’or et déjà pris l’habitude d’appeler communément l’île du Démon. Un présage inconscient qui pourtant se révèlerait un jour porteur de sens …
Un grand nombre de bagnards perdirent effectivement la vie, mais au fil des années, le groupe des survivants commença à se faire de plus en plus important. La vie s’organisa peu à peu sur l’île et notamment sur la plage nord, relativement éloignée de la forêt où la vie se faisait, à défaut d’être paisible, la moins périlleuse.
L’histoire de son peuple commença un peu comme celle de toutes les populations qui émergèrent en terres hostiles. Puisque l’île refusait de se laisser conquérir, puisqu’elle n’appartiendrait à personne alors elle serait terre de bagne. Les différents royaumes, à l’heure où le Gouvernement Mondial n’avait pas encore étendu son joug par-delà le monde - existait-il seulement ? - décidèrent d’envoyer sur Shimakuma tous les indésirables. Mais ce ne fut pas des criminels, des brutes, ni même de quelconques individus malfamés qu’on y envoya. Non, la vermine, elle croupissait dans des cellules ou on l’exécutait sur la place publique à titre d’exemple. Ceux qu’on exila sur l’île démoniaque étaient de ces gens qui dérangent, ceux qui pensent, qui réfléchissent un peu trop. Ceux dont l’intellect les conduisaient parfois à douter un peu trop de la légitimité des ordres des seigneurs tout-puissant. Des juristes, des historiens, des médecins, des écrivains, des archéologues, des architectes, des ingénieurs de toutes sortes, des individus qui avaient eu la désobligeance d’ouvrir leur esprit à une autre conception du monde que celle qu’on voulait leur imposer ! Des humains a priori pas très résistants, ils n’étaient pas les mieux parés pour survivre dans des conditions extrêmes.
Certains étaient peut-être des révolutionnaires avérés dans l’âme, d’autres simplement supposés, mesure de prévention. Prévenir vaut mieux que guérir, il fallait enrayer la gangrène de la société avant qu'elle ne se propage. Tous ces gens qu’on ne pouvait faire exécuter, qu’on ne pouvait arrêter au risque de les victimiser, d’accélérer encore plus le processus de remise en question au sein des populations érudites. Alors, on les a fait disparaître, mystérieusement. Isolé ou parfois en famille entière, on venait les chercher de la manière la plus discrète possible, ou pas, faisant croire à un enlèvement par un groupuscule indépendant, et on leur mettait des chaînes avant de les charger dans les cales des bateaux, certains ne survivraient même pas jusqu’à la première étape du périple. Peut-être était-ce mieux ainsi, ils n’auraient eu aucune chance par la suite.
De toutes parts des mers, ces infâmes convois se réunissaient sur une seule et même île afin de les rassembler le plus possible sur le moins de navire possible. Pour les marins qui les conduisaient à ce qu’on pourrait appeler une mort certaine, le voyage n’était pas sans risque non plus. L’accès à la crique demandait une très grande habilité : un peu trop au sud et la coque du bateau serait saignée par les coraux, un peu trop au nord et le courant vous porterait cruellement sur calm belt où il vous abandonnerait là où ne le vent ne souffle plus.
Lorsque vous êtes enfin dans la crique, vous pouvez respirer, mais ne perdez pas trop de temps. N’oubliez jamais de scruter le ciel et mettez les voiles avant que le soleil n’atteigne la ligne d’horizon. Sinon, cette île sera votre terminus à vous aussi. Les bagnards et leurs familles dans des chaloupes, à eux de ramer jusqu’aux grottes. Souvent, ils se séparent, choisissent une voie différente. Nouvelle sélection, une seule est la bonne. Pour les rares survivants de la toute première expédition de condamnés qui parvinrent jusqu’au plateau de l’île, à l’instar des explorateurs avant eux, la faune sut leur faire part de son plus charmant comité d’accueil. On aurait pu les croire tous morts dans les quelques heures qui suivirent le débarquement, mais il y avait parmi ces hommes et ces femmes des individus plus coriaces qu’on pouvait le penser, des gens physiquement et moralement, de fins stratèges. De plus, ils bénéficièrent d’une aide inattendue. Quelques humains vivaient déjà, ou plutôt survivaient tant bien que mal sur l’île. Des survivants des dernières missions d’explorations, des hommes que leurs camarades lâches et fuyards avaient laissé pour mort derrière eux tandis qu’ils ne pensaient plus qu’à sauver leur peau.
Et on en envoya, des exilés politiques, en provenance des quatre coins de la planète, persuadé qu’ils périssaient tous sur cette fameuse île qu’on avait d’or et déjà pris l’habitude d’appeler communément l’île du Démon. Un présage inconscient qui pourtant se révèlerait un jour porteur de sens …
Un grand nombre de bagnards perdirent effectivement la vie, mais au fil des années, le groupe des survivants commença à se faire de plus en plus important. La vie s’organisa peu à peu sur l’île et notamment sur la plage nord, relativement éloignée de la forêt où la vie se faisait, à défaut d’être paisible, la moins périlleuse.
Dernière édition par Cameron Edward le Mer 5 Nov 2014 - 15:37, édité 1 fois