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#Forgive me

"Myrdin,
Je t'en prie, ne m'en veux pas. Je me doute que tu savais que tu recevrai bientôt cette lettre, mais je ne pense pas que tu t'y attendai si tôt. Sache que je suis désolé de devoir te quitter ainsi. Tu le sais, je n'en peux plus de cette vie de gueux. Je me morfonds chaque jour dans l'espoir de retrouver cette gloire auquel le destin m'avait promit. Je n'ai plus rien depuis la destruction d'Avalon, plus aucun pouvoir, plus personne à assujetir. La seule chose qui me reste, c'est mes rêves. Si je trouve ce trésor dont parle les légendes, le One Piece, je pourrais devenir le Roi des Pirates. Roi... Voilà un statut dont j'ai depuis bien longtemps perdu la responsabilité. Je me dois d'honorer la mémoire de mes parents Myrdin. Mais tu dois savoir que ce n'est qu'un au revoir. Je sais bien que tu n'as pas le profil pour devenir pirate, c'est donc pour cela que je ne t'en ai parlé. Lorsque j'aurai réalisé mon rêve, je reviendrai te chercher, je te le promet. Et je ferai de toi ma reine.
"

Je m'asseyais dans la petite barque sur laquelle je naviguais, pensif. Avais-je été trop démonstratif en avouant à Myrdin que je voulais en faire ma reine ? Selon les codes d'honneurs de notre royaume, il était totalement interdit à un homme de stature royale d'épouser quelqu'un n'ayant pas accès à ce rang. Cet ''amour'' inavoué était donc à proscrire à Avalon. Mais Avalon n'existait plus. Et, théoriquement du moins, je n'avais plus mon statut de prince puisqu'aucun royaume à prendre pour succession.

Je décidais de laisser au Diable les démons qui me tourmentaient pour me concentrer sur le début de mon épique voyage à travers les océans du monde. J'étais déjà un combattant surpassant la moyenne en matière de puissance. J'étais capable de mettre à terre un bon paquet d'hommes sans le moindre mal. Cependant, je n'étais point dupe. Dans ce monde, il existait de nombreux pirates et marins qui pourraient me briser chaque os du corps avant que je n'ai le temps de m'en apercevoir. J'étais puissant, mais c'était bien loin, beaucoup trop loin, d'être suffisant pour me défaire de la majorité des pirates qui trainaient sur les quatre mers. Alors je n'imaginais même pas ce qui pouvait m'attendre lorsque je me rendrai sur cet océan dément que l'on appelle GrandLine, la Route de tout les périls. D'ici là, je me devais de devenir plus fort.

Mais pour le moment, je devais me concentrer sur mon but principal, à savoir faire connaître au Gouvernement mondial mon existence. Le moyen le plus simple serait de m'en prendre aux forces armées de ce monde, la Marine. Cet organisme était la première défense contre la menace pirate sur toutes les îles des mers du globe. Et nous, mécréants anti-conformistes et preneurs de partis pris que nous sommes, notre combat perpétuel a pour but de se défaire de ces organismes qui nous gachent la vue, mais également nous voilent la prochaine découverte de ce fabuleux trésor qu'est le One Piece.

Une île en vue ! OUI, une île en vue ! L'horizon au loin présente un petit port dans lequel je pouvais me permettre d'accoster. Je ne pouvais plus me permettre de me laisser emporter par le courant comme je le faisais jusqu'à maintenant. Les flux marins divaguaient vers le large et je dus donc sortir mes rames pour me rapprocher de cette île. D'après la petite carte que m'avait sommairement dessiné Myrdin lors d'un de nos voyages en mer, je me dirigeais droit vers Shell Town. L'île n'était pas très grande mais il y avait apparement une bonne base de la Marine. L'endroit idéal donc pour commencer à me faire remarquer.

Ma petite barque amarrée entre deux bateaux de pêche, je mis enfin pied à terre. Le ciel était dégagé, la mer calme, le moment tout à fait propice et enclin à semer les graines de chaos sur mon passage. Je regardais devant moi. Les habitants se prélassaient paisiblement à leurs activités de rebus de la société. Je n'étais pas comme eux. J'étais différent. Du sang royal coulait dans mes veines. J'annonçais ma venue.

"Le Roi Arthur débarque sur vos terres, pitoyables gens du peuple."

Mon cri résonnait comme un glas de guerre sur les murs Shell Town mais personne ne sembla y porter attention. Bien, j'en avais l'habitude. Les désillusions de la perte de prestige sûrement qui me hantaient depuis la chute d'Avalon. J'allais tout retrouver. Retrouver ma gloire. Forcer le destin à redorer mon blason divin.

Je partais en direction de la place publique, les mains dans les poches, un air supérieur trônant sur mon visage. J'en appelle à la haine, à la tuerie, à la barbarie et aux massacres. Je détruirai tout autour de moi, je le promets. Le début de mon règne est arrivé.
    Ce n'était pas la première fois que je me rendais dans une ville mais étrangement, cela me surpris avec une intensité beaucoup plus forte que les autres fois : l'amassement de cette basse populasse exalhait un dégoût certains pour chacun de mes cinq sens. Ma vue fut la première à être agressée. Les couleurs se mélangeaient sur les vêtements de ces gens du peuple qui n'avaient aucune gêne à se démarquer eux-même des autres, droit normalement réservé à une limite d'une prestance bien plus importante que la leur. Comme toujours, les Hommes de rang inférieur avaient pour ambition de surpasser le divin qui les surplombait de toute sa splendeur. Pitoyables rêveurs de pacotille. Les magasins eux aussi affichaient des articles tous articulés de magnifiques paysages florissant de couleurs, attirant le regard des plus misérables désireux de ce monde. Une propagande de la beauté pourtant inaccessible à ces pauvres gueux. Triste réalité.

    Mon odorat fut le second à être assaillit par ces gens de sous-espèce. Il était affolant de voir comment, même au sein d'une classe basse en soi, les différences existées également. Quand l'un me frôlait, il sentait tour à tour le parfum des mandarinier de Kokoyashi tandis que l'autre profanait mon nez royal de sa pestidentielle et répugnante sueur humaine. Je crachais sur le sol, incapable de refouler mon envie de faire ressortir le dîner de la veille tant l'idée de devoir cotôyer des gens de la sorte avait entâché mon moral et mon esprit guerrier. A coup de coudes acharnés, je réussissais à me dégager de cette masse informe que formait les pauvres hommes afin d'emprunter une ruelle beaucoup moins fréquentée mais aussi plus sombre. Bien, j'aimais les ambiances lugubre.

    La place publique devait bientôt se trouver dans mon champ de vision si le plan de la ville à l'entrée était exact. Je devais tourner à gauche à la prochaine intersection, prendre le chemin tournant à l'angle d'un petit magasin de bibelot et j'arriverais à mon fameux lieu de ralliement. J'avançais, les mains derrière la tête, m'amusant à bousculer toutes les personnes qui osaient s'approcher un peu trop près de ma magnifique prestance. Bizarrement, les gueux se contentaient de me regarder d'un air consterné mais ne réagissaient pas plus que ça. La douceur maline et incongrue de ces misérables me faisait sourire tant la passivité était inscrite dans le moindre de leur gêne d'humains de bas étage.
    Un homme cependant se démarqua au milieu de cette cohue bien moindre que dans la rue voisine : encapuchonné d'une toge vert sombre, il déambulait d'un air morne, si différent de ces personnes bien trop lointaine de moi. Lui paraissait vivre dans un encombrement épineux juste en dessous de mon trône d'or. Supérieur à la basse populasse, mais encore loin d'être mon égal en ce monde. Ahah, douce ironie : personne ne pouvait m'égaler ici bas ! Cet étrange personnage dégageait une aura des plus calme et sereine qui attira l'attention de mon regard sanglant. Pourquoi se donnait-il cette stature ? Il passait à côté de moi. Je le bousculais, d'un coup d'épaule, comme je m'amusais à le faire avec tout ces êtres infâmes de la populasse. Comme dans un moment hors du temps, nos regards se croisèrent. L'éclat d'amusement que je perçus me fis monter le sang.

    Un défi, voilà ce que ce regard signifiait. Et j'allais donc le ravir de ma plus grande prestance. Mon premier carnage allait commencer. Je fis un tour sur moi-même, me laissant porter par l'ivresse du combat, et tendait la jambe pour lui porter un coup. Je frappais l'air. L'homme avait disparu. J'observais un peu partout. Rien. Comment avait-il pu bien faire ? Aussi rapide que le vent, il avait filer à une allure si exceptionnelle que seul le temps de mon premier mouvement lui avait permit de s'enfuir ? Impossible. Il était là, je le sentais.

    Un sifflement de l'air strident derrière moi mit tout mes sens en alerte. Merde, c'était quoi ça ? Me référant au bruit, je baissais la tête. Juste à temps. Une flèche venait de se planter dans la plainte de la fenêtre devant laquelle je me tenais. Ah, il était donc encore bien là. Je levais la tête, calculant approximativement la trajectoire que cette flèche avait pu prendre pour repèrer mon adversaire. Et je le vis, souriant à grandes dents blanches, postait sur un toît au-dessus de la rue piétonne. Je n'avais plus de temps à perdre. D'un mouvement vif, je m'accrochais à la la gouttière de la maison d'en face,m'aidant de mes avant-bras pour me projeter sur le toît face au sien. Nous étions désormais seulement séparés par la rue, nous fixant chacun de notre perchoir.

    - Comment oses-tu m'attaquer, vil mécréant ? Moi, le Roi Arthur, j'ordonne de suite ton pardon pour ce péché avant que je te fasse payer cette infamie de ma force.

    Aucune réponse. Il sourit. Mon sang bouillonnait à l'intérieur de chacune de mes veines, de chacun de mes muscles. Il tentait de me mépriser, de me prendre de haut. Moi, l'homme-divin ? Quel affront ! Je concentrais mon énergie dans mes jambes, comme chaque fois lorsque je combattais. D'un bond, je franchissais l'écart qui nous séparait et me retrouver à moins de deux mètres de lui. Il ne bougeait pas ? Quel étrange homme.

    Je levais bien haut la jambe droite vers le ciel et tentait de l'asséner sur son crâne. Il esquivait d'un saut en arrière. L'agilité semblait être sa prédilection. Il affichait toujours ce sourire moqueur qui rendait ma rage d'un point culminant vers sa personne. Je repris mes appuis, tout en fougue, puis frappais en direction de son crâne à l'aide mon pied gauche. Une nouvelle fois, il me prit de court en se baissant et sortit rapidement une dague qu'il fit pivoter près de mon abdomen. Diantre. Je crachais une coulée de sang lorsque la lame se glissa dans mon ventre. Le contact du métal hurlant me fit lacher un cri sourd, le son se bloquant à mes lèvres afin de ne pas révéler l'importance d'une blessure à mon ennemi. Je reculais avant qu'il ne me blesse à nouveau.

    C'était un brave ennemi. Je devais donc lui montrer toute ma valeur de combattant et la puissance du sang royal qui coulait dans mes veines. J'activais ma Vitesse Lumière. Cette technique, je l'avais dévelloppé lors de mes nombreuses années sur cette pauvre île, après la destruction de mon glorieux royaume. Les Hommes de bas étages avaient beaucoup de faiblesses. L'une d'entre elles était leur manque d'accuitée visuelle totale. Un homme normal est seulement capable de voir à l'intérieur d'un champ de vision de cent-vingt degrès sur trois cent soixante. Il y avait donc un bon paquet d'endroit - même aux plus proches côtés de l'ennemi - pour se dissimuler. Les flux énergétiques de mon corps se mirent à circuler à pleine vitesse, analysant comme je le pouvais ma situation. Le meilleure angle à prendre était celui sur sa gauche.

    Profitant d'un court instant durant lequel il baissait les yeux pour regarder sa dague - erreur impardonnable au passage en plein combat - je me profilais telle une masse informe de ténèbres pour prendre la place de son ombre. Je l'avoue, cette technique peu étonner la première fois que l'on s'y confronte. Voir son ennemi disparaître. Savoir qu'il est encore là, mais ne pas être capable de savoir où. J'étais si proche de lui. J'aurai pu lui trancher la gorge si j'avais un couteau sur moi. J'aurai pu lui tirer une balle si j'avais un revolver dans ma poche. Mais je ne m'abaissais pas à user d'armes pour augmenter ma puissance d'assaut. Non, c'était mes jambes ma seule assurance de victoire.

    Centaure

    La respiration d'un homme est la chose la plus importante et la nécessité première à sa survie. L'en priver était donc la chose que je préférais faire en plein combat, car cela me permettait une victoire rapide et dans laquelle je n'avais pas besoin de me salir les mains. Crack. Mon pied droit venait de s'abattre sur sa trachée. Par reflexe, purement humain, il se mit les mains à la gorge. Après la gorge, la seconde réserve d'air dans le corps d'un être vivant était le ventre. Je levais le pied, qui frappa son ventre avec énormément de force. Il était au sol, vaincu.

    Je resserais les pans en lambeaux de mon tee-shirt, détruit par le coup de dague. Diantre, la plaie continuait à saigner, mais sans que cela ne puisse mettre ma vie en danger. Bien, mon ennemi était à terre, je n'avais plus rien à faire sur ce toît de Shell Town. Je remettais mes mains dans mes poches et partait en direction de la place publique.
      - Si seulement j'avais eus mon arc, j'aurai pu te défoncer le crâne sans la moindre peine.

      Quel insolent. Je me retournais, le regard noir.

      - Les excuses sont les armes des lâches.
      - Tu ne me crois pas ?

      Je doutais.

      - Sors le ton arc alors.
      - J'peux pas. On me l'a volé.
      - Comme par hasard...
      - C'est la vérité. Un commandant de la Marine. J'connais pas son nom, mais il est sur cette île encore.
      - Pourquoi s'en prendrait-il à ton arc ? Il a une quelconque valeur ? Est-ce une arme d'excpetion ?
      - Non. C'est simplement un arc travaillé pour être souple et permettre des traits d'une précision imparable.
      - Une arme banale donc.
      - Ouai.
      - Pourquoi te le prendre alors ?
      - J'sais pas. Il m'a dit que se balader avec une arme devant lui était une offense. Et il m'a foutu une beigne qui m'a mis K.O. Quand j'me suis réveillé, mon arc avait disparu.

      Je réfléchis. Je sentais qu'il ne mentais pas. Le défi me tendait-il la main ?

      - Tu pense être en mesure d'être un ennemi plus redoutable avec ton arme ?
      - Bien évidemment. Je t'aurai exploser la tête d'une flèche si...

      Mon pied se rapprochant de son visage le fit taire. Il n'était pas en bonne posture pour proférer des insultes à mon égard et il le savait.

      - Si je t'aide à retrouver cet homme et qu'on récupère ton bien, tu m'accordera l'honneur de te battre avec toute ta fougue ?
      - Tu parle comme un bourge, arrête, ça fait peur... Mais ouai, j'te l'accorde.
      - On a donc un engagement.

      Je ne l'aidais pas à se remettre debout. Hors de question de toucher de si près un sang impur, même s'il m'avait prouver sa valeur en réussissant à me blesser en combat singulier.

      - Suis-moi, on va l'retrouver ce commandant. Je vais lui montrer de quel bois se chauffe le futur roi des pirates. En plus, ça me permettra de me faire remarquer.
      - Le futur quoi ?!!!
      - Tais-toi et suis-moi.
      - C'est quoi ton nom au fait ?
      - J'te l'ai dis tout à l'heure, c'est Roi Arthur pour toi.
      - Moi c'est Lancelot. Roi Arthur ? Ca fait pompeux quand même. Tutur ça te vas ?
      - Appelle-moi une seule fois comme ça et j't'en fou une.
        Je marchais donc en compagnie de cet homme qui disait se prénommer Lancelot. L'alliance que nous avions conclue était bien évidemment temporaire : hors de question que je m'allie à cette personne plus longtemps que le temps nécessaire à défaire le Commandant de la Marine. Car même s'il semblait se démarquer de la basse populasse par sa prestance et son sourire ravageur, il n'en restait pas moins un pauvre gueux qui, sans ascendance divine, n'avait aucunement le droit de me cotoyer durant une trop longue période. Myrdin était à la seule à avoir ce privilège, et simplement parce qu'elle avait été éduqué dans la même famille et la même tradition que la mienne.

        Mon coeur était calme mais mon cerveau agissait à toute allure. Si j'en venais à me battre contre ce fameux commandant de la Marine, ma réputation grimperai sûrement en flèche sur cette île, et peut-être un peu partout autour de nous. Et, le cas échéant, je serai enfin reconnu comme un pirate à part entière par le Gouvernement Mondial. Pirate... Pirate... quel doux mot à l'oreille. Le Roi des pirates... Voilà une ambition des plus courantes sur les mers du globe. Mais la majorité des Hommes n'avaient que cette ambition en tête. Voilà ce qui me différencié d'eux. Je n'étais pas seulement un être d'ambition. Non, comme tout être divin, j'avais un atout qui surpassait tout les pauvres misérables autour de moi : la force de mes rêves. Trouver le One Piece, trouver Excalibur. Voilà ce qui me motivait : le rêve de retrouver ma gloire d'antan, la puissance de ma pure destinée.

        On arrivait enfin sur le place publique. Il y avait beaucoup de passants ici. Mon corps m'envoyait des signes de danger : j'allais devoir passer au milieu de cette foule, salir mon corps de l'air respiré par ces infâmes gens. Ca me révulsé, mais l'envie de pouvoir combattre un ennemi encore plus fort était bien assez aléchante pour me faire oublier la présence de la basse populasse. J'étais vêtu de ma cape royale, je rabattais donc la capuche sur ma tête. Pas moyen de me coller à eux.
        Bien, nous devions donc maintenant rechercher ce fameux commandant. Je n'avais aucune information sur lui et j'avais vraiment pas envie de m'attarder dans une conversation inutile avec Lancelot. Il me suffisait simplement de chercher les uniformes de la Marine si reconnaissable au milieu de cette foule. Un coup d'oeil expert m'avertit d'un rassemblement d'hommes portant justement ce même uniforme, à quelques dizaines de mètres de moi, près d'un petit étalage de vente de confiture. Je fis un rapide examen de leur effectif : un homme semblait se démarquer au milieu de ce groupe. Plus grand, plus musclé et le regard plus sévère que celui des autres, il affichait sur son visage une étrange cicatrice en forme de croix. Ses cheveux commençaient à se faire grisonnant et ses mains caleuses démontraient une expérience en matière de combat exceptionelle. Avec lui, exactement neuf marins qui s'affairaient telle de petites mouches tapageuses, consciente qu'exécuter les ordres de leur supérieur leur permettrait un jour d'égaler ce rang.

        Lancelot semblait l'avoir lui aussi remarquer puisque, d'un coup d'oeil, il me fit remarquer la présence de ce groupuscule au loin. Nous nous en rapprochions rapidement, accélerant la cadence pour les approcher le plus vite possible. Lancelot posait sa main sur mon épaule. Je faillis lui en foutre une d'oser approcher de si près mon corps mais je retins mes démons internes, non sans me mordre l'intérieur des joues pour résister.

        - Faudrai mieux qu'on y aille avec un plan. C'est un commandant, il doit être fort. Et il a une dizaine d'hommes avec lui en plus. A nous deux, on fera jamais affaire.
        - T'as raison. J'y vais seul.
          L'adrénaline dans le corps d'un être humain est l'hormone qui se déclenche lors d'une action, d'un stress ou en réponse à un danger imminent. Dans mon cas, je n'aurai pu choisir parmis l'une de ces trois vu la situation. Les passants me laissaient la voie libre, soudainement bousculés dans leur paisible vie de gens de la basse par un homme un peu trop pressé de mettre à terre le commandant. Dans une autre situation, j'aurai pu trouver cela extrêmement flatteur de voir cette sorte de "haie d'honneur" s'ouvrir devant moi mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur de tels détails. Une dizaine d'hommes m'attendaient pour me battre. Les marins me remarquèrent environs lorsque j'arrivais à cinq mètres d'eux. Ils ne semblaient pas trop réactifs pour des hommes censés protéger les mers du globe... Je m'attardais sur leurs armes : chacun d'entre eux avait en sa possession un sabre -dont il devait savoir se servir bien évidemment - ainsi que, pour trois d'entre eux, un fusil. Si les sabres me paraissais faciles à esquiver en combat, les balles un peu moins.

          Mais je ne pouvais plus perdre plus de temps. Cinq des hommes de main du Commandant formaient dejà un mur devant moi, sabres à la main. Tentative inutile pour m'arrêter. Cependant, je n'avais que la force de mes jambes, et si elles étaient plutôt puissantes, ma peau, elle, n'était pas assez résistante pour arrêter une lame. Je devais donc faire bien attention à ne pas me faire toucher. C'était le principe même de mon jeu de jambes et de mon combat à coups de pieds et même si la divine personne que j'étais été plutôt confiante en ses capacités, je me devais tout de même d'être prudent face à des ennemis qui me surpassaient en nombre. J'étais près. A l'assaut.

          Deux des sabres s'abbatirent dans un fracas lorsque j'arrivais près d'eux. Je réussissais à esquiver mais un troisième percutait mon épaule droite, l'entaillant légèrement. Diantre alors, quelle infamie ! Je me retournais, assénant un coup de pied dans le ventre du fautif, le mettant au sol sur le coup. Bien, un en moins. Un mouvement rotatif me permit d'éviter la fine lame d'un soldat sur ma gauche que j'envoyais valser au loin. Le problème, quand on se bat avec ses jambes, c'est qu'on est obligé d'être proche de ses ennemis pour les attaquer. Et quand ils sont armés, ça fais un peu tâche.

          J'étais encerclé. J'avais vaincu deux ennemis, mais les huit autres s'étaient regroupés autour de moi, créant un cercle de trois mètres de diamètre avec aucune issue possible. Ils pointaient chacun leur arme sur moi, près à charger sur le seul ordre de leur commandant, qui se trouvait être à l'arrière du groupe, observant d'un sourire narquois la scène. Il n'était pas vraiment agréable au regard avec cette affreuse balafre qui lui parcourait le visage, sûrement en héritage d'un combat un peu trop acharné. Un parfait piège. Si je tentais quoique ce soit, je me prendrai une rafale de coups de sabre et de balle qui se mélangerai en plein concert, tel une belle symphonie qui exploserai mon corps royal.

          - Eh bien mon p'tit gars, en voilà des manières de s'en prendre à l'autorité comme ça ! Tu sais qui nous sommes ?

          Le commandant venait de parler, d'une voix rauque et tranchante comme une lame de rasoir. Ce coprolithe m'agressait l'oreille avec ses beuglements de vache marine.

          - Oui, des gens de bas étages qui, sous peine de se savoir sous la protection d'un organisme mondial, pense avoir des droits supérieurs au commun des mortels.
          - En voilà une étrange façon d'nous qualifier jeune homme.
          - Rendez-moi l'arc que vous avez chapparder à un garçon tout à l'heure ?
          - Un arc ? Tu sais mon gars, j'ai beaucoup d'armes sur moi... regarde !

          De son doigt, il me montrait un sac ridiculement énorme derrière lui, duquel débordait des armes en tout genre : des fusils, des massue, des sabres. Je crus même apercevoir une louche de cuisine. Ce mec était barge : il semblait s'amuser a récolter toutes les choses pouvant blesser autour de lui et à les dans ce sac, qui devait faire plus de deux mètres de haut sur trois de large. Ridicule.
            - Mais j'me souviens en effet avoir foutu une mandale à un type y a quelques heures parce qu'il voulait pas me passer son arc et ses flèches. T'es là pour ça ?
            - Oui. Rends-moi ses armes. Il est nul sans et il n'est pas un adversaire à ma hauteur.

            Le commandant brisa le cercle formait par ses hommes en en repoussant deux vers l'arrière pour se faire de la place. Bien, le cercle qui restreignait mes mouvements venait de se briser, mais l'ennemi le plus dangereux venait de se rapprocher de moi par la même occasion.

            - As-tu la moindre idée de qui je suis ?

            Il avait rapproché sa tête si proche de la mienne que nos nez se touchaient presque. Je reculais, gêné par son haleine pestidentielle mais également car le fait d'être à si peu de distance d'un homme de la basse populasse me révulsait.
            - Un homme qui a besoin d'un bon lavage de dents ?

            Ses yeux se firent haineux et devinrent rouges de colère. J'avais réussis mon but premier, à savoir l'énerver. Un ennemi en colère est toujours plus distrait qu'un adversaire trop calme et calculateur.

            - JE SUIS LE COMMANDANT BERFIELD, ENFOIRE !!!!

            Et son poing s'abbattit sur mon crâne. Je ne l'avais, mais alors vraiment, pas vu arrivé et je me retrouvais la face contre terre. Mon nez s'était brisé sous l'impact et un filet de sang coulait de ma bouche. Diantre, ma troisième blessure aujourd'hui. Ma tête me faisait un mal de chien et j'hésitais à me relever. Allait-il me refrapper avec une telle force ? Comment ce gueux avait-il osé ? Non, il ne fallait pas que je montre qu'il m'avait blessé. Mais qu'est-ce que ça faisait mal putain ! Il était encore au-dessus de moi, me surpassant de sa carrure immense. Impossible. IMPOSSIBLE !! Personne n'avait le droit de me surplomber de sa masse. JE suis le futur Roi des Pirates. JE suis l'être divin qui ré-habilitera son royaume. JE suis le Roi Arthur !!

            Hors de question laisser le destin me martyriser plus longtemps. D'un mouvement habile de la jambe, je me retournais sur moi-même en prenant appuis sur mes mains afin de lui faire un croche-patte. Si cela ne réussit pas à le faire tomber à cause de son imposante masse, ça eut tout de même le mérite de le déstabiliser assez longtemps pour que je puisse me relever et m'éloigner de ce monstre de puissance. Plus question de rigoler. Je faisais face à un ennemi de poids, je ne pouvais pas m'amuser avec lui. Mon rythme de combat devint beaucoup plus sérieux. J'étais toujours encerclé et je devais donc en premier me défaire de ces marins de bas étage qui pouvaient me gêner pour la suite du combat.

            Petite Ourse.

            Deux des huit soldats restant furent projeter par un coup de pied dans le ventre qui les projetèrent sur la table du pauvre marchand qui se trouvait derrière, détruisant l'étalage au passage. Je repris mes appuis lorsqu'une ombre se profila derrière moi. Je fis un bond sur le côté, juste à temps pour esquiver un coup de poing du commandant Berfield qui vint fracturer le sol à l'endroit sur lequel je me trouvais quelques instants plus tôt. Diantre, il n'allait pas me laisser vaincre ses soldats sans agir, comme je m'en doutais.

            Arghhh !

            Un cri de douleur.

            Voilà la chose à laquelle je n'osais plus croire. Lancelot, cet homme pour lequel je me battais, venait d'entrer dans le jeu. D'un coup de poignard habile, il venait de se défaire d'un des soldats ennemis. Bien, je le laissais donc s'occuper des hommes inutiles pour me concentrer sur le plus gros morceaux de nos adversaires. La formation de nos ennemis venait de se briser, les soldats se concentrant sur Lancelot tandis que je me contentais d'esquiver les coups de poing surpuissant de Berfield. Bien heureusement, sa masse corporelle en faisait un homme fort mais peu rapide, me donnant un léger avantage sur lui. Cependant, si j'essayai de m'approcher pour le frapper, il aurai assez de temps pour m'asséner une droite qui me mettrait certainement hors d'état de nuire.

            Je tentais une approche en frappant d'un coup souple de la jambe droite vers ses côtes. Bon, apparement, il était plutôt résistant puisque cela ne lui fit aucun mal. Au contraire, ce fut ma cheville qui claquait à l'impact. Diantre, j'espérais qu'elle n'allait pas se briser. En combat, c'était ma pire crainte. Je reculais. Entre le coup de poignard dans le ventre, le coup de sabre dans l'épaule et le coup de poing sur le crâne, le listing de mes blessures commençaient à se faire assez impressionant en une seule journée. J'avais perdu beaucoup de sang et, si je n'écourtai pas le combat au plus vite, une anémie sévère allait pointer son nez. De plus, cette nouvelle blessure à la cheville ne jouait pas en ma faveur. Le niveau supérieur. Je devais passer au niveau supérieur.