« Bonsoir, Judas. »
D’un rayon de Lune, un homme à la peau d’ébène s’est imposé à toi. De la façon dont les hommes de ton cher pote Auditore se font voir. Il a une vieille capuche élimée sur le coin de la trogne. Mais pas de doutes. Tu reconnais les mains, tu reconnais ses tatouages rituels. Tu l’as déjà vu à Goa, mais qu’est-ce qu’il fout là ? Il t’a suivi ? Un envoyé des autres empaffés d’assassins ? En tout cas, il ne démord pas. Il se pose à côté de toi, te fait glisser une chope qu’il a dû prévoir pour t’attendrir la couenne. Ça sent bon la gnôle du coin. Forte et qui assèche le gosier. Il aligne quelques osselets devant toi. Manière de dire que c’est la magie qui l’a mené là. Mais toi comme lui vous savez que c’est faut. Ce gars est un agent de Vengeance. Si tu en doutais à l’époque, maintenant tu le sais.
« Il paraît que tu cherches Rafaelo. »
Qu’il te lâche ça d’un trait, sans sourciller. Pas un petit regard arrière pour voir si on vous écoute. Sûr de lui. Quand à savoir ce qu’il t’avait tiré de la caboche pour savoir qui tu cherchais … Quoi que les bouts étaient peut-être pas difficiles à relier, après tout. Surtout pour quelqu’un qui connaissait toute l’histoire. Et pas de toute, lui il la connaissait.
« Qu’est-ce que tu lui veux ? Je suis curieux. Curieux que mes arts ne m’aient pas révélé ton destin dans la fumée. »
Des phrases sibyllines. Comme toujours. Grosso modo ? Il veut savoir ce que tu fais là et ce que tu lui veux à Rafaelo. Pas plus, pas moins. Mais chez les assassins de la Confrérie, c’est toujours le phrasé qui fait défaut. Pas moyen de dire clairement ce qu’ils veulent et ce qu’ils te veulent. Parce qu’à ton avis, si le gars en face de toi est bien celui à qui tu penses, il ne te veut pas du bien. Pas du tout. D’aucun trouverait ta présence ici louche, et une âme éclairée s’en méfierait. Surtout quand on connaissait la teneur de la mission dudit Hebieso. Chose, encore une fois, que lui seul connaissait.