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Sauf que ça ne marche pas comme ça.

Shalyne avait vu la fin de sa permission avec un soupçon d’appréhension. Depuis sa promotion en tant que Caporale d’élite, elle attendait sa nouvelle affectation comme l’on attendait une tempête de sable.

Les fesses sur une chaise, les pieds nus sur le bastingage, la cigarette à la bouche et les lunettes de soleil sur le visage, Shalyne attendait sur son affectation, relaxée. ‘La petite princesse à Papa’, frégate de transit de la marine régulière, faisait régulièrement le tour des Blues pour y déposer officiers et soldats en fonction de leurs missions. En de rares occurrences, des marines d’élite pouvaient s’en servir comme navette discrète, ou s’il n’y avait pas de vaisseau d’élite dans le coin.

L’espace entre ses deux jambes lui permettait d’entrevoir une partie de la mer. C’était beau, la mer. Ça lui rappelait la corniche de Marijoie, les promenades avec son grand-père... Elle haussa un sourcil. Quelque chose clochait. Elle leva négligemment ses lunettes de soleils pour avoir une vue plus claire du point noir, avant de se lever et signaler la chose au capitaine, occupé à discuter navigation avec son second.

« Mon capitaine, venez voir ça. »


A la longue vue, on pouvait voir un espèce de petit bateau... Avec des arbres sur la dunette. Le capitaine murmura :

« Est-ce que c’est une blague ? Regardez ça...»

Un pavillon noir familier. Très familier, même. Un pavillon noir, avec une tête de mort ornée d’un chapeau de paille. Le capitaine jura.

« Ca m'emmerde, mais vaut mieux leur couper l'herbe sous le pied avant que ça ne finisse comme avec l'affaire Saloude.»


«L'affaire Saloude?»

Le capitaine fixait le vaisseau, observant les étranges arbres semblant pousser sur la dunette du petit navire.

«Il y a 50 ans, un gars, le capitaine Saloude, a décidé de prendre pour modèle le tristement célèbre Monkey D. Luffy. Au début, on le prenait pas au sérieux, mais quand il a prit d'assaut une base militaire avec le fruit du démon -comme par hasard- du Caoutchouc... Ben y'a eu des centaines de morts, dont la sienne. C'est l'exemple typique du petit feu de bois qu'on laisse sans surveillance, et puis sans même s'en rendre compte, on se retrouve avec un incendie de forêt incontrôlable. »


Le capitaine soupira.

«Quels cons... Pourquoi n'ont-ils pas baissés leur maudit pavillon noir ?
(il s’éclaircit la voix et s’adressa à tout le monde sur le pont).Tous à vos postes, branle-bas de combat, allez, allez, allez ! (il se tourna vers Shalyne). Et dites à votre ami de se mettre en état de combat. On a un sergent et un caporal d'élite à bord, mieux vaut s'en servir, hein? »

La caporale haussa un sourcil, avant d'acquiescer.Elle savait bien qu’il y avait autre membre de l’élite dans le vaisseau, mais de là à dire qu’ils étaient amis... Un salut bref et une poigne d’acier trempée furent les seuls contacts entre la caporale et le sergent d’élite Edwin Morneplume. Elle avait déjà traité avec des gens de son acabit. Taciturnes, ils n’étaient pas peau de vache, pour peu que l’on ne dérange pas leur espace vital.

C’est pour ça que, lorsqu’elle frappa à la porte de sa cabine puis entra, elle avait cette désagréable impression d’avoir donné un coup de pied dans un nid de guêpe.

« Sergent Morneplume ?
Fit-elle, saluant au garde-à-vous. Le lieutenant Pratt vous attend sur le pont. Nous allons aborder un navire pirate. »


Dernière édition par Shalyne Nelson le Dim 18 Jan 2015 - 1:00, édité 1 fois

    Hm. Ce voyage s'avérait justement à être des plus ennuyeux.

    Dans la pénombre de sa cabine, la silhouette faiblement éclairée par la lumière filtrant par un hublot crache une nouvelle bouffée de cigarette. Un long bras se tend vers un haut-de-forme posé à même une table. Des jambes croisées se tendent alors qu'une haute stature émerge des ombres. Regard d'acier, air impassible, cigarette fichée entre les lèvres, Edwin Morneplume dans toute son éprouvante antipathie. Ses iris acérés foudroient un instant la Sergent Nelson. Seule autre membre de l'Élite sur ce navire au nom puéril. "La petite princesse à papa"… Un nom ridicule pour un esquif à la tâche plus que questionnable. C'est faute d'une logistique acceptable qu'il s'est retrouvé sur cette navette de la Régulière, ne pouvant emprunter un vaisseau de l'Élite pour rejoindre au plus vite son supérieur, le Commandant Méphis Toffel, au QG de North Blue. Et à force de passer des jours en compagnie de ces laxistes de la Régulière, de leur meneur, le Lieutenant Pratt -un pleutre n'ayant plus jamais osé lui parler suite à leur première poignée de main- une chose s'est faite claire à l'esprit de Morneplume.

    Il déteste les vacances.

    L'idée-même de se savoir inactif. De savoir son devoir remis à plus tard, la Justice comme "mise en attente". Il y a quelque chose de pénible, pour lui, que d'être à la charge d'un mauvais officier en guettant paresseusement l'arrivée au lieu de sa prochaine prise de fonction. Il se sent inerte, faible, infidèle envers la Justice, sa capricieuse amante. Alors il s'est réfugié dans sa cabine, fumant cigarette sur cigarette en attendant l'hypothétique moment de son débarquement. Et pouvoir être actif à nouveau est une bénédiction pour lui qui ronge son frein depuis trop longtemps déjà. Nelson, elle, il n'en a rien eu à faire, depuis son arrivée sur La petite princesse. Une homologue comme une autre, moins gradée que lui, de surcroit. Il constate néanmoins un certain laissé-allez chez elle, en la suivant sur le pont. Lunette de soleil, odeur d'écran solaire. Elle est néanmoins membre de l'Élite, elle peut toujours faire ses preuves.

    Lieutenant Pratt. lance posément Edwin en s'avançant sur le pont où se déroule un véritable branle-bas de combat. L'homme qui se reconnait a les cheveux poivre et sel, une barbe de quelques jours de la même teinte, une mâchoire carrée et des iris bleutés. Son manteau d'officier n'est même pas repassé, constate Morneplume qui s'est assuré d'avoir son costume en parfait état, le matin-même.

    Oh… euh… Morneplume ! répond-il avec hésitation, surpris par le regard acéré que braque sur lui l'imposant Sergent.

    Un syndrôme de Saloude ? demande déjà Edwin qui a rivé ses yeux vers le navire à l'étendard du chapeau de paille. Navire avec lequel La petite princesse a déjà réduit une bonne part de distance, amenant le vaisseau pirate à portée de canon.

    O… Oui, Sergent Morneplume. Quelle bande d'idiots que de pas avoir baissé le drapeau noir dans une zone patrouillée.
    Lieutenant Pratt.
    M-Morneplume ?
    Puis-je vous demander pourquoi vous vous êtes donné la peine de me convoquer moi, ainsi que la Caporale Nelson ?
    Pardon ?
    Vous n'avez pas besoin de l'aide de l'Élite pour envoyer un navire pirate par le fond, dites moi ?
    Eh bien… c'est-à-dire que… j'ai pas voulu laisser de place au hasard…
    Pour la peine, évitez donc de vous empêtrer dans de pénible manœuvre d'abordage. Vos hommes sont tous, pour la plupart, rouillés ou loin d'être prêts à un affrontement. J'irai seul, en compagnie de Nelson, sur le vaisseau ennemi arrêter les clowns qui ont cru bon de reproduire un navire légendaire. Sommez vos hommes en cale d'attendre que nous ayons nettoyé le bâtiment ennemi avant de le livrer aux abysses. Quant aux autres, sommez les d'accélérer cette pénible manœuvre d'abordage.
    O-O-Oui Sergent Morneplume… Allez ! On s'magne les gars ! Du nerf ! Du nerf ! Je veux voir La petite princesse pivoter d'au moins soixante degrés babord de plus ! Et qu'ça sauuute !

    Il l'a écrasé comme le simple pion qu'il était. Probablement un fils de politicien ou un homme ayant des amis au gouvernement s'étant dégoté une belle place à l'école des officiers, loin de faire partie d'une lignée militaire de premier choix. Un simple larbin galonné facile à écraser, trop habitué à être mené plutôt que meneur. À tout le moins, il semble se débrouiller lorsqu'il est question d'agir en simple contremaître irréfléchit, ce qui évite tout de même à Morneplume de s'égosiller lui-même pour mener l'opération. Le navire adverse ne semble pas vouloir changer de trajectoire et assume pleinement la tentative d'abordage, voulant probablement faire ses armes sur un menu fretin comme un croiseur faisant la navette sur North Blue.

    Nelson, je vous invite à me suivre.

    Il lui lance ça, Morneplume, puis prend un confortable élan avant de s'appuyer sur la rambarde et de bondir sur le navire du chapeau de paille. Il atterri lourdement sur le pont, notant une figure de proue à visage d'ovin. Ajustant son chapeau, il se relève de toute sa hauteur en notant la présence de quelques silhouettes sur le vaisseau, notamment celle, bien plus petite, qui se tient à quelques pas de lui.




    Voix aigue et provocante, cri de guerre poussé par un prépubaire gonflé à bloc.

    Nyhihihihihiiiii ! JE SUIS LE NOUVEAU MONKEY D. LUFFY ET JE SERAI ROI DES PIRATES !
    Ma parole…

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    Spoiler:
    Shalyne suivit le sergent massif. Le laissant couvrir son dos tandis qu’elle couvrait le sien, elle tenait en joue la partie arrière du vaisseau. Une fausse rousse, aux racines de cheveux clairement brunes, paralysée par la scène des deux marines d’élite sautant sur le navire avec une facilité incroyable. Un homme aux cheveux verts s’approcha et fit face à Shalyne.

    « Bon. D’après l’histoire, t’es le sabreur, c’est ça ? »


    Sauf que ça ne marche pas comme ça. 1421381606-rp-shalyne-3

    « LE sabreur ? Jamais je ne serais à la hauteur du grand Roronoa Zoro. Mais je peux y tendre. Et je peux t’assurer que je serais à la hauteur. »


    Shalyne haussa un sourcil. Hein ? Je rêve où il vient juste de se contredire ?

    « Fais pas le con, gamin. »


    Elle tira son sabre d’abordage.

    « Fais pas le con, et réflechis à ce que tu vas faire. Là, je vais juste t’arrêter pour port de pavillon noir et piraterie. Range ton arme et n'aggrave pas ton cas...Et euh... Qu’est ce que tu fous avec une épée dans la bouche ? »


    Le jeune homme perdit son sang froid. Fût-ce le calme de la femme, d’une huitaine d’année son aînée, ou le goût du défi, ou simplement la provocation qui l’avait précipité, on ne le saura jamais.

    « Silence ! Tu vas mourir... Demon Slash ! »


    C’est tout ce que t’as trouvé, comme nom de technique ? Merde, quand même.


    Toujours est-il que Shalyne évita le coup maladroit du simili-Roronoa, et le fit tomber par terre, lamentablement. Mais au moment ou le blond en costard et la rousse en minijupe et l’abruti au long nez foncèrent vers elle, un coup de feu retentit, les paralysant tous d’horreur, éclaboussant Shalyne du sang du jeune homme.

    Le corps de l’ex-futur sabreur lâcha un dernier spasme tandis que Shalyne posait un pied sur sa poitrine.

    « Et voilà, tout le monde. Nous y sommes. Le moment où vous vous rendez compte qu’on ne rigole plus. Le moment où vous vous rendez compte que les marines ne sont pas des gens que vous pouvez battre d’une fessée. »


    Elle pointa son arme sur la rouquine et arma son pistolet en un ‘clic’ menaçant.

    « On ne vous laissera pas passer. Vous ne tuerez pas plus de marines, vous ne pillerez pas de civils durant votre trajet sur Grand Line. C’est fini. Alors Baissez. Vos. Putains. D’armes. »

    La caporale expira profondément.  Au bord de la rage, tant contre elle-même contre les autres, elle se détestait déjà pour ce qu’elle avait fait. Il fallait immobiliser les autres avant qu’ils ne se fassent du mal.

      Elle l'a tué, si simplement et rapidement. Elle a inculqué sa Justice à ces rêveurs et ces gamins à problème qui ont pris la mer dans un espoir d'aventure. Elle l'a descendu sans aucun problème, avec l'efficacité et le flegme de l'Élite, sans un regard, sans une arrière pensée. Edwin pose sur elle son regard glacial, mais empreint d'un certain respect. La Caporale Nelson est définitivement un bon élément, cette vérité n'est plus à prouver. Le problème n'est pas totalement enterriné, cela dit, car déjà, les cris de colère et d'horreur fusent. Le Chapeau de paille se relève, le visage ensanglanté suite au premier coup que lui a envoyé Edwin. Ses yeux se noient de larmes, sa face se déforme dans un rictus horrible de désespoir mélangé à une rage sans nom.

      Z...Z…ZOOOORRRROOOOOOOO ! MON NAKAAAMAAAA ! VOUS ALLEZ ME LE PAYEEEER !
      VOUS ALLEZ PAS VOUS EN TIRER COMME ÇA BANDE DE MÉCHANTS MARINES !



      D'un côté, c'est le Chapeau de paille qui s'élance vers Edwin, avec toute la fougue de sa haine, alors que de l'autre, le cuisinier lui saute au visage en armant un coup de pied. Morneplume réagit, se décale et frappe, ses deux poings fusent et s'écrasent dans les côtes des deux pirates, les envoyant valser au sol en les paralysant de douleurs.

      Il trouve ça pathétique, voire ridicule. Ils n'ont rien des pirates de légende. Ils ne sont qu'une bande de fanatiques, des vauriens lancés sur les mers dans un espoir de marquer l'histoire. Ils sont sans le sou, impuissants face au vrai monde qui, lui, est plus cruel que jamais. Il se voit pratiquement leur rendre un service en les achevant ici et maintenant. Sa botte plaque le nouveau Luffy au sol, ce dernier remuant toujours, en larmes et en sang.

      Nelson, neutralisez les deux autres… Hm ?

      Au centre du pont, c'est cette fois Roronoa qui se relève, comme dirigé par une formidable règle historique le poussant, même au seuil de la mort, à se relever malgré ses blessures pour donner une nouvelle attaque décisive.

      À vrai dire, Nelson, faites plutôt attention à celui-ci.

      Tu vas… me le… payer !



      Dernière édition par Edwin Morneplume le Sam 31 Jan 2015 - 20:05, édité 1 fois
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      Shalyne bougea sentit quelque chose bouger sous son pied droit. Le jeune homme homme chassa brusquement le membre, se fit violence et se releva d’une galipette mal exécutée, grimaçant de douleur à cause de la balle.

      « Balle à l’estomac, vieux. Tes propres tripent te dévorent au moment même où j’te parle. Mais tu veux pas te-»


      Merde.
      Profitant de la distraction du simili-sabreur, la rouquine horrifiée de tout à l'heure semble avori repris du courage, et lui avait sauté dessus. Sauf que ça ne marche pas comme ça. 1421381606-rp-shalyne-5

      «Ne touche pas à mes nakamas, espèce de monstre !»

      Shalyne la lapida à coup de poings dans le ventre, lui coupant tout son souffle. Elle avait quoi, cette fille ? 17 ? Je peux pas lui donner plus de 20. C’est pas possible. Je suis en train de tabasser des gosses. Et ça me fait chier. Parce que...

      « J’ai... »

      Elle souleva la fille par la gorge, lui coupant le souffle, enfonçant ses yeux brûlants de colère dans ceux vitreux de la rousse.

      « Pas... »


      La caporale la souleva comme un poids mort par dessus le bastingage défiant des yeux le sabreur qui la chargeait en titubant.

      « Que ça... »


      Laissant tomber la rouquine, elle sortit son sabre dans le même élan et le vers le sabreur qui chargeait, signant son arrêt de mort en s'empalant droit dessus. Droit dans son coeur. Ses grands yeux, surpris par la vitesse de Shalyne, lui jetèrent un dernier regard surpris, avant de perdre de leur couleur sans perdre en intensité.

      « A FOUTRE. »

      Il mourut avant de toucher le sol.

      Le voir crever devant elle lui fit un drôle d’effet. Des mousses pirates, elle en avait vu plein crever. Mais celui là... C'était comme un rêve qui ne se réaliserait jamais.  Un enfant qui n’avait jamais grandit. Et les grands yeux vitreux qui le fixèrent à la dernière minute... Elle chassa ses mauvaises pensées, pour voir le colosse Morneplume immobilisant posément les deux autres gars de l’équipage.

      De l’air. Il me fallait de l’air. Shalyne sortit un briquet de son soutien gorge et une cigarette de sa poche. Elle fut calmée après quelques bouffées. Des marines débarquèrent, menottes à la main et fusils en joue. Elle aida un des marins à monter le bastingage, et lui souffla la fumée de sa cigarette au nez.

      « Il en manque un. Le connard au long nez, si on suppose que vous n’avez pas réussi à vous dégotter une archéologue capables de lire des ponéglyphes, ou un cyborg charpentier. Fouillez les cales. Et vérifiez si l’autre conne est encore vivante. »


      Elle rechargea son arme et la pointa vers les deux antagonistes, flanquée des marines.

      « C’est bon sergent, on peut s’en occuper à partir de là, si vous le voulez. »

      La manière dont il la fixait la déstabilisait au plus haut point. Son regard était vide, désertique, blasé. Un regard effroyablement familier. Elle recula d’un pas sans même s’en rendre compte.

      « Sergent ? »


      Dernière édition par Shalyne Nelson le Jeu 12 Mar 2015 - 0:18, édité 2 fois

        Efficace, presque autant que lui. Elle en a abattu un, a tué l'autre, sans cérémonie, sans remords. Impeccable, pense-t-il alors que cette femme forte aux cheveux sombres se tourne vers lui. Une gamine intéressante, pense-t-il comme elle lui adresse la parole. De quoi faire un très bon élément de l'Élite. Néanmoins, avant de passer aux compliments, il faut terminer de régler ce problème de syndrôme de Saloude. Briser les rêves de pauvres idéalistes, chose à laquelle Edwin est désormais passé maître.

        Hm. D'abord, Nelson, vous allez m'envoyer ce navire par le fond, moi je vais m'entretenir avec le Lieutenant Pratt.

        ***

        Cabine exiguë, bureau bien en ordre, cendrier plein, hublot projetant une vive lumière d'après-midi.

        Vous voulez mon avis, Lieutenant Pratt ?
        Euh… ben pas vraim-
        Je crois que ce navire pirate est un problème de trop sur la route de La petite princesse à Papa.
        J'imagine que vous avez raison, mais-
        Ce ne sont même pas des criminels à part entière, ce sont plutôt des pirates de pacotille ayant tenté de faire entrave au Gouvernement Mondial. Idée ridicule, voire complètement stupide, qui s'est néanmoins soldée par une intervention de la Marine en eaux patrouillées. Vous me suivez ?
        Euh… non ?
        Tss… Ce que je pense utile de vous préciser, Lieutenant Pratt, c'est qu'en vertue de la loi sur les Mesures de Guerre, il est de mon ressort de me débarrasser expressément de ces trouble-fêtes avec la même efficacité que la Caporale Nelson l'a fait face à cette pâle réplique du Chasseur de pirates.
        V..v…vous voulez tuer ces gamins ?!
        Écoutez bien, Pratt. Nous savons tous les deux que vous n'êtes responsables que d'un pathétique navire de croisière. Que la dernière fois où vous avez eu à remplir un rapport sérieux de mission, vous n'étiez probablement qu'un frêle et servile sous-officier. Si vous préférez continuer à prendre de paisibles vacances sur ce navire plutôt qu'avoir à expliquer les raisons de cette capture en vous embourbant dans un procès controversé et très certainement médiatisé à travers tout North Blue, vous avez  affaire à suivre mes conseils. Je connais personnellement le Juge Howard Turner et je peux vous affirmer que s'il bouge, les journalistes de Manshon jusqu'à Boréa se jetteront sur ce nouveau syndrôme de Saloude. Une belle tâche au dossier pour un officier de patrouille qui prenait simplement des vacances, non ?
        …J… J'imagine que oui… Qu'est-ce que vous proposez alors ?
        Vous obtempérez un léger détour sur une île abandonnée des environs… Vous me laissez nous débarrasser de ce malencontreux problème dans les règles de l'art, et ce en vertue des Mesures de Guerre. Les cadavres sont oubliés, voire jetés à la mer.
        Aucun rapport à remplir…
        Ni vu…
        Ni connu…
        Il y a un rocher nu et assez gros, léché par les vagues depuis quelques milliers d'années, au prochain méridien ouest.
        Nous y serons dans deux jours !
        Heureux de voir que vous êtes un homme compréhensif, Lieutenant Pratt.
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        Les deux jours suivant passèrent presque comme un rêve et une hallucination. Elle ne bronzait plus. N’allait plus dans la cale que pour dormir, restant assise à fumer sur le pont, cigarette sur cigarette, fixant intensément un point à l’horizon. Elle ne savait pas quoi penser, pis encore, elle ne savait plus penser. Shalyne repensait à l’instant où les marins repêchèrent la navigatrice noyée aux lèvres bleuies, le corps flottant et gorgé d’eau. Ou lorsque le sabreur tomba à terre, le coeur percé par un sabre d’abordage, pompant un sang qui s’échappait de son corps, asséchant ses yeux et son cerveau.
        Elle n’avait pas commis un crime horrible. C’était des pirates. Elle était au délà du fait de s’en convaincre. La jeune femme avait fait son boulot, un boulot honnête. Son grand père a failli mourir à la faille d’Hobber parce que quelqu’un n’avait pas eu le courage de faire la même chose. De tuer un pirate qui était encore inoffensif avant qu’il ne provoque de gros dégâts. Ce n’était pas ça qui l’accablait tant.
        C’était le regard des autres. Pas une seconde le lieutenant, ni aucun des sergents n’avait voulu s’approcher d’elle. Les marines du rang se disaient qu’elle n’aurait pas du faire état de zèle et tuer les gamins; les sous-officiers, quant à eux, reprochaient à Shalyne le fait d’avoir cafté à Morneplume pour avoir gain de cause. Ce n’était même pas du réconfort qu’elle cherchait, mais une confrontation. Elle voulait que quelqu’un vienne la blâmer pour ce qu’elle venait de faire. Elle voulait que quelqu’un vienne l’insulter, pour qu’elle puisse lui casser les dents.

        Sauf que ça ne marche pas comme ça. On n’emmerde pas un caporal d’élite qui vient de montrer qu’elle pouvait tuer des gosses de sang-froid. On en a peur, on cause sur sa gueule. On jette des regard d’appréhension et on ne lui fait ni salut ni bonjour.

        Pour la première fois depuis plusieurs jours, elle se leva et admira la lune. Elle commençait à comprendre certains de ses collègues, les défenseurs de la “Justice Absolue”. Il y en a qui passent leurs nerfs sur leurs subordonnés, profitant de leur aura pour être encore plus opprimant. Certains se consolaient en pensant à leur famille, envoyant des lettres à leur gosses, à leur épouse qui ne savent rien de la réalité de la guerre. Certains encore, brisés, dans un élan de rédemption illusoire, rejoignent la Révolution, pensant que faire la même chose mais de l’autre côté pourrait sauver leur hypothétique âme. D’autres se jetaient corps et âme dans leur combat, impitoyables, rachetant quelque horrible acte commis par le passé en faisant preuve d’une sévérité terrifiante.

        Elle jeta sa cigarette dans la mer.

        D’autres se suicidaient.

        Shalyne monta sur la poupe. Dans l’aube naissante, l’on pouvait distinguer un fil blanc d’un fil noir; le contour du soleil naissant. Le timonier, vigilant, tenait la barre, jetant un regard en coin au caporal d’élite à vif.

        “Un problème, marine?”

        Il déglutit. Ca se voyait, il regretta son regard, préférant fixer sa barre.

        “Non, mon caporal. Désolé, mon caporal.”


        Elle haussa un sourcil. Shalyne voulait la confrontation. Elle s’approcha de son visage, bien au-delà de la zone de confort.

        “Désolé? Auriez-vous fait quelque chose de blâmable, qui mériterait des excuses?”


        “Laissez le tranquille, il a rien fait.”


        C’était un sergent qui avait dit ça. Un sergent de la marine, un jeunot, qui ne valait pas tripette en face d’un caporal d’élite de la marine.Mais elle ne bougea pas, attendant la réponse du timonier. Le sergent monta également sur le pont arrière, sans la toucher, ne lui donnant surtout aucun prétexte de piquer une crise de nerfs.

        “Caporal... C’est un ordre. Reculez.”

        La bureaucratie voulait que l’élite suive la hiérarchie classique.Le raisonnement était plus adapté pour les relations entre officiers marines et sous officiers d’élite. En effet, il était très rare, et mal vu, qu’un sous officier à peine plus gradé commande à un caporal d’élite. Mais c’était légalement possible, et en cours martiale, elle n’aurait pas eu gain de cause si elle désobéissait à un ordre direct. La situation était particulièrement tendue, et le sergent aurait juré avoir vu les poings de Shalyne se serrer pendant une fraction de seconde.

        Elle obtempéra.

        “J’ai appelé Pratt pour les manoeuvres d’amarrages, s'expliqua-t-il. M’étonnerait qu’il eut été content de vous voir brutaliser nos gars. Vous devriez me remer-”


        Vive comme un serpent, elle leva sa main sur lui, avant de poser un doigt sur ses lèvres contre toute attente..

        “Mon grand-père est amiral, espèce de fils de pute. Dis encore un mot de plus et je te fais muter si loin sur
        Grand Line que le mec qui te retrouvera sera sacré Roi des Pirates.”


        Il déglutit, laissant passer la furie qui se posa à nouveau sur sa chaise, attendant que le vaisseau touche terre. Elle était en colère, mais au fond d'elle, satisfaite.

        Shalyne se demanda alors si ça ne faisait pas d'elle ce que les vieux briscards appelaient "une salope de première".

        ...

        En tout cas, c'était vachement gratifiant.
          Les soldats descendirent du bateau, mais Shalyne remarqua quelque chose. Ou plutôt, l’absence de quelque chose.

          « Où est Morneplume ? »


          « Il y a eu un transfert avec un autre vaisseau. Il est parti depuis plusieurs jours maintenant. »

          La sergente acquiesça et alluma une cigarette. Morneplume était parti, Shalyne était la seule élite, séparée de tous. Aussi seule que le jour où son unité fut entièrement annihilée. Terriblement seule.

          Les pirates descendirent. ‘Sanji’, ‘Luffy’, les seuls survivants.

          « Toi ! Rends-moi mon chapeau de paille ! »
          éructa le gamin, enragé, malgré la fatigue visible sous ses yeux.

          C’est alors qu’elle se rendit compte que le couvre chef n’avait pas quitté sa main depuis presque trois jours. Et qu’elle n’avait pas dormi non plus durant tout ce temps. Elle regarda le chapeau de paille, et asséna un crochet violent au petit pirate pour simple réponse. Elle se tourna alors vers l’île. Elle n’était pas inhabitée, une maison trônait au loin. C’était une cache à rhum, où les contrebandiers faisaient tourner les substances les plus frelatées sans crainte de se faire attraper par la marine. Mais ce n’était ni de la juridiction des marines d’élite, ni de celle d’un navire ravitailleur, aussi décida-t-elle de terminer cette histoire au plus vite. Devant eux trônait deux cocotiers en avant sur le sable, par rapport au reste de la jungle, un peu plus en arrière de la plage. Les marins accrochèrent les deux pirates aux arbres, avant de reprendre place dans la formation, armes dégainées.

          Mais ils avaient mal. Mal pour leur âme, mal pour leurs coeurs, et mal pour les deux gosses qui commençaient à pleurer, se rendant enfin compte de ce qui se passait. Et lorsque le capitaine avait ordonné de mettre les armes en joue, Luffy mouilla son pantalon.

          « Pitié ! Non, je ferais tout ce que vous voulez, j’ai rien fait, je vous jure ! »


          L’un des soldats rompit la formation, les yeux rouges. Ce n’était même pas un nouveau. C’était un vieux briscard, un loup de mer qui avait parcouru les blues depuis 20 ans maintenant, prenant sa retraite après ce voyage. Les histoires des aventures de Luffy, c’était des contes d’enfance qu’il racontait aux gosses le soir. Son boulot, c’était d’aider les gens quand y’avait des tempêtes et des bandits. Pas de tuer des enfants qui ont décidé de réaliser leurs rêves.

          « Désolé m’sieur, mais on me paye pas assez pour faire ce boulot. »


          Shalyne était resté en retrait, tirant nerveusement sur sa cigarette. Les autres marins ne tiraient pas ; le capitaine n’avait donné aucun ordre. Parce que le capitaine était d’accord avec le vieux sergent, et ça se voyait. Mais la menace de Morneplume était conséquente. Il se tourna vers elle, désemparé :

          « Madame... »

          « Qu’est-ce qu’il y a ? »
          fit Shalyne. Son ton froid ne recelait aucun soupçon d’interrogation. Juste du dégoût, et une colère qui montait bien trop vite.

          « Je suis désolé, je peux pas faire ça à mes hommes. Et mes hommes ne le feront pas non plus. »


          Pour toute réponse, Shalyne braqua son arme sur la tête du sergent mal rasé.

          « Vous connaissez le vice-amiral Onigumo, sergent ? »



          « Euh... Non. »


          La jeune femme tira une dernière fois sur la cigarette, et la jeta sur le sable, s'avançant vers le sergent, son haleine de tabac empestant progressivement les environs, tandis que sa voix de velours articulait lentement ses mots.

          « L’amiral Onigumo était un homme bien. C’était, voyez-vous, un type qui n’avait pas peur de se salir les mains, et un type qui faisait ce que le Gouvernement Mondial lui ordonnait de faire. Et un jour, un marine refusa de suivre son ordre. Onigumo l'exécuta sur le champ d'une balle dans le coeur. Sans conséquences aucune. Car il avait refusé de suivre la Justice Absolue. Et en ce jour, c'est bien la Justice Absolue que je vous demande d'appliquer.»

          Elle se tourna vers le capitaine.

          « C’est pour ça que je vais utiliser ce précédent judiciaire mis en place par l’amiral pour trouer la tête de votre subordonné si vous ne donnez pas immédiatement l’ordre de tirer, et ce en toute légalité. »


          « Vous ne le feriez pas. Vous serez traduite en cour martiale, et vous n’êtes pas amirale. »

          Elle posa son doigt sur la gâchette. Elle ne comprenait même pas pourquoi elle y mettait un tel zèle. Elle haïssait les pirates, mais elle n'était pas une personne de ce genre, à prôner d'une manière aussi ignobles des actes aussi horribles. Mais tandis qu'elle parlait, elle se convainquit de ses mots. Elle suivait les ordres de Morneplume. Elle suivait la Justice Absolue.

          Et la Justice Absolue était une raison suffisante pour accomplir ce qu'elle faisait en ce moment même.

          « On parie la vie de votre sergent ? »

          Une minute interminable, entrecoupée par les supplications des prisonniers, se déroulait sous les yeux du capitaine, posé devant un tel choix. Il poussa alors un long soupir.

          « Sergent d’élite, Madame, vous êtes une fieffée saloperie.»


          Il leva le bras et cria le signal.

          Les oiseaux quittèrent leurs nids, effrayés, s’envolant vers l’horizon, couvrant l’écho des coups de feu. Les yeux humides, les soldats furent contraint par Shalyne de tirer une autre salve. Puis une autre. Puis une autre.

          Il y eut une éternité avant que le capitaine, ému, arrive à sortir une phrase.

          « Je suppose qu’il va falloir les enterrer. »


          « Non, »
          fit simplement Shalyne. «Cet île est une plaque tournante du marché noir pirate.  Lorsqu’il passeront ici, ils feront passer le mot. Et ils sauront que personne ne peut défier le Gouvernement Mondial. »

          Le capitaine n'en pouvait plus. Il pointa un index rageur vers la sergente d'élite, toujours aussi inexpressive.

          « Vous êtes sûre de vous ? Tuer des gamins ne suffit pas ? Il faut aussi montrer ça à tout le monde ? C'est ridicule. Soldats, enterrez moi ces pirates, qu’on n’en parle plus. »

          La jeune femme se crispa, fixa un instant le capitaine, puis les marins qui s’approchaient du poteau.

          « Touchez-les, pour voir. »


          Le lieutenant Pratt hocha la tête doucement.

          «  Vous êtes une grande malade. Mais juste parce que je n’ai pas envie d’affronter l’autre plus grand malade barbu, je vais obéir. La seule raison pour laquelle j'vous ai notifié de la position de ce navire, c'était pour prendre les abrutis sous le bras, les mettre dans une cellule deux trois jours et puis voilà. Mais il fallait que Morneplume vous ordonne des merdes pareilles. Mais vous inquiétez pas; je présente ma foutue démission dès que j’arrive à Logue Town, et je ficherai un rapport sur vous. Vous êtes une tarée, ma vieille. On a assez de tarés à la marine comme ça. »


          Mais elle ne l'écoutait plus, fixant de nouveau le chapeau de Paille.

          « Soldats, vous avez entendu la dame. On rentre au bercail. »


          Aucun grognement, rien. Les marins accablés remontèrent sur le navire, laissant les cadavres de l’équipage du pirate sur les poteaux, sans sépulture, fixant la sergente d'élite avec des regards de haine et de rancoeur indicibles. Shalyne, le chapeau de paille dans la main, le regarda une dernière fois, avant de  s’avancer vers les morts et le poser sur la tête du Luffy aux yeux vitreux.

          Elle remonta alors à bord du vaisseau à son tour, qui la déposa à West Blue avant de terminer leur voyage. Plus tard, elle attribua les raisons de tels actes à cause du manque de sommeil. Ou à cause de l'émulation devant Morneplume. Mais au plus profond d'elle, elle savait la véritable raison de son acte.

          Shalyne voulait être détestée. Elle voulait que le peloton d'exécution tourne son arme vers Shalyne et tire sur elle. Elle voulait que le Sergent se défende. Elle voulait que le capitaine protège son sergent... Et elle voulait que l'équipage, au retour, la jette par dessus-bord. Elle n'a jamais changé, Shalyne. Toujours la même petite fleur fragile... Sans pétale, attendant une mort qui aurait du venir en même temps que celle de ses anciens amis.

          Mais la mort ne venait pas. Peut-être fallait-il essayer encore.


          Dernière édition par Shalyne Nelson le Jeu 14 Mai 2015 - 15:50, édité 2 fois
            Épilogue.

            « Quatre personne mortes. Mes amis. Alizea, Hermi, Jude, et Nino. Nami, Sanji, Zorro, et Luffy. Même noms, même symboles. Ils voulaient recréer l’Histoire, la terminer bien. J’ai suivi, je les ai aidés. Je leur ai dit de porter les noms du passé, car les noms du passé ont un Pouvoir. Le pouvoir de faire peur.

            Mais c’était un pouvoir bien trop grand pour de si jeunes gens. J’aurais du rester avec eux. J’aurais du accepter de jouer le rôle que le capitaine m’avait donné. D’accepter le nom d’Usopp et de les rejoindre. J’ai dit que j’y réfléchirai, que je les rejoindrais à Ohara. C’était vrai. J’allais les rejoindre. Mais eux n’ont pas pu. Ils ne sont jamais arrivé à Ohara. Mes amis. Mes seuls amis depuis si longtemps, des gens qui m’ont vu comme leur ami, et pas comme un moyen d’établir leur pouvoir. J’étais Usopp. Mais Usopp est mort. Il est mort lorsque j’ai appris que le Chapeau de paille pourrissait devant la plage l’île Morte. Mort lorsqu’il a enterré ses amis à la peau dessechée par le soleil. Il ne reste plus que lui. Moi.


            La petite Princesse à Papa. Joyeux nom, pour une terrible mission. Pour une triste destinée. J’ai failli rater leur escale, Le bateau quittait déjà le port. Courru jusqu’à la pointe de l’île pour avoir une vision claire, et tirer ma balle explosive. Le bateau a explosé sur le champ. Aucun survivant à bord, j’en suis sûr. Grâce à ma lunette, j’ai vu deux personnes sortir du navire à la nage. Deux balles. Deux morts. Des gens sont peut-être descendus durant l’escale, mais c’est pas très grave. Le capitaine est mort. Les autres, que des suiveurs d’ordre.

            Devrais vraiment prendre une retraite. Des vacances. Alabasta, bonne idée. »