ROUND I
Petite Fille En Pleurs
Petite Fille En Pleurs
[Yamiko - 16 ans - Dorikis estimés : 450] Un panier remplit de pommes vertes et rouges sur la tête, une jeune fille à la longue chevelure blanche se faufilait à travers la foule s’amusant telle une gamine. Les deux mains tenant le panier en équilibre au sommet de son crâne, elle s’amusait à courir le plus vite plus possible entre les êtres qui peuplaient la place, essayant de ne pas les bousculer. Une distraction qu’elle avait découverte au hasard et digne d’un enfant, chose qu’elle n’était plus, mais qui avait le mérite de faire travailler son réflexe et son corps. Parfois elle usait de ses capacités d’acrobate pour éviter des obstacles et certaines de ses prouesses lui valaient des applaudissements des spectateurs. À force d’effectuer des choses qui étaient naturelles pour elle mais inhabituelles pour le commun des mortels, elle était devenue presque une idole sur les placés publics qu’elle fréquentait régulièrement, dont tous les marchés de la ville. Elle s’était même faite des amis parmi les marchands et riverains, ravis d’un peu de gaieté que la jeune fille apportait dans leurs quotidiens monotones. Il lui arrivait de louper une action, provoquant alors une catastrophe mais si au début ses ratages lui valaient des insultes et sermons voire même des dédommagements qui parfois elle ne pouvait s’acquitter qu’en travaillant pour le créancier, aujourd’hui on rigolait de ses maladresses qui étaient heureusement très rares. Présentement elle avait une mission qui justifiait son empressement : ramener ses pommes le plus vite possible à Madame Hurano, son hôte depuis cinq mois. Son âme d’enfant jovial, malgré ses seize ans, facilitait l’intégration sociale de la jeune fille qui ne mettait jamais longtemps pour se faire apprécier des habitants. Madame Hurano était l’une des premières personnes à tomber sous son charme naturel. La vieille dame n’avait pas tardé à proposer à la jeune borgne un logement gratuit, contre quelques services quotidiens comme faire ses courses ou encore sortir son chien. Proposition que la jeune fille avait accepté sans hésitation car le logement en auberge creusait rapidement sa bourse qui était déjà bien maigre. Aujourd’hui, la vieille Hurano avait décidé de faire un caprice en expédiant la jeune fille au marché dans l’urgence car elle n’avait pas assez de pommes pour sa compote déjà en cours de préparation. Fruits que la coursière tenait à livrer rapidement afin de satisfaire sa cliente qu’elle ne tenait point à décevoir. Une fois sortie de la foule, la jeune fille enleva ses mains du panier qu’elle garda donc en équilibre seul sur sa tête alors qu’elle continuait de courir usant de ses mains comme balancier. Elle ne manquait jamais une occasion de jouer à l’équilibriste. La jeune fille stoppa brusquement sa course, tout en ramenant une main sur le panier au sommet de son crâne, pour éviter que celui-ci ne tombe dans le freinage, puis rapidement elle fit marche arrière jusqu’à un passage qui se trouvait entre deux bâtisses. Non, ce qu’elle avait cru apercevoir n’était point le fruit de son imagination. Une petite tête brune était en train de sangloter, accroupie à un pan de mur. La jeune fille ôta le panier, qui trônait sur sa tête, tout en s’approchant de la petite en pleurs devant qui elle mit un genou à terre avant de lui tendre une pomme. Un fruit que Madame Hurano lui reprocherait gentiment l’absence mais c’était pour la bonne cause. La petite en larmes fixa la pomme qui arborait une jolie forme et une bien belle couleur avant de la prendre et relever la tête pour voir l’ange qui était venu tenter de la consoler. Celui-ci lui offrit alors un beau sourire de consolation. - Pourquoi donc une si jolie princesse comme toi pleure-t-elle toute seule dans un coin ? Ils sont où tes parents ? … C’est très dangereux de rester toute seule pour une petite princesse comme toi tu sais ? Il y a plein de vilains qui pourraient venir te manger ! - Je sais mais … snif … je, je cherche Kaola mais … snif … je ne le trouve pas. - Kaola ? Qui c’est ? - Mon … snif … mon singe. J’étais en train de jouer avec lui dans ... snif … dans le jardin mais il est sorti alors je l’ai ... snif … je l'ai suivi mais tu sais, il court tellement vite que je ... snif ... je n’ai pas réussi à le rattraper. Je l’ai cherché partout mais je n’arrive pas le trouver ! La petite se remit à pleurer à chaudes larmes. Son cri strident résonnait contre les murs et étrangement la jeune fille trouvait le son plutôt agréable. Elle n'aimait guère être témoin de la tristesse d'autrui et encore moins si c'était un enfant mais voir la petite dans cet état lui rappelait tellement de souvenirs. La scène lui ramenait à l'époque où elle avait vécu sur le bateau qui avait servi de maison à sa grande famille de cirque. Elle se souvenait des fois où elle consolait les enfants à bord. Tout doucement, la jeune fille posa une main sur la petite tête qu'elle se mit à caresser tout doucement. - Si tu arrêtes de pleurer, je te promets de retrouver Kaola. Tu sais, je suis une spécialiste en recherche. Je peux trouver n'importe qui et n'importe quoi. L'enfant cessa de crier puis essuya ses larmes avec le bas de sa robe. - C'est vrai ? - Bien sûr ! Tu peux me faire confiance. La jeune borgne avait accompagné ses dires d'un pouce levé afin de rassurer la petite puis elle se releva avant de lui tendre une main dans laquelle l'enfant y glissa sa main libre sans hésitation avant de se relever à son tour. - Je vais te ramener chez toi puis je partirais à la recherche de Kaola. - Je veux venir avec toi ! - Pour trouver Kaola le plus vite possible je dois aller demander de l'aide à un ami mais il n'aime pas les enfants, surtout pas une si jolie princesse comme toi. Il serait capable de refuser de m'aider s'il te voyait avec moi alors que j'ai vraiment besoin de lui pour trouver Kaola le plus vite possible. Il faut donc que j'y aille le voir toute seule. Tu m'attendras chez toi en attendant. D'accord ? Là n'était qu'un mensonge pour obliger la petite à rester en sécurité chez elle alors qu'elle partirait à la recherche de l'animal nommé Kaola. L'enfant hocha la tête en guise d'acquiescement. - Tu sais par où il faut aller pour rentrer chez toi ? - Oui. C'est là ! La gamine avait pointé du doigt une maison qui se trouvait à peine à trois cents mètres plus loin. En réalité, elle s'était contentée de se cacher entre deux bâtiments qui se trouvaient à la première bifurcation. Une chance car elle n'était surement pas en âge de se souvenir comment rentrer chez elle si elle s'était trop éloignée. Une fois devant la bâtisse isolée des autres par une immense cour intérieure, la jeune fille tenta d'inspecter l'intérieur depuis la ruelle. Personne ne se manifestait et elle trouvait cela fort étrange. Peut-être n'avait-ils pas encore remarqué l'absence de l'enfant. - Dis-moi, il est comment Kaola ? Comment pourrais-je le reconnaître ? - C'est facile. Kaola porte un joli petit chapeau et une veste rouge que grande sœur lui a donné. Indices faciles à supprimer donc mais la jeune borgne préféra épargner l'enfant de demande de détails plus précis. - Très bien. Tu peux rentrer maintenant. Je viendrais avec Kaola dès que je l'aurai trouvé. La jeune chasseuse de primes s'assura que la petite fille était bien rentrée dans la maison avant de partir de son côté. Elle se mit à courir sérieusement cette fois-ci, enlaçant le panier de fruits dans ses bras, au lieu de le faire tenir en équilibre sur sa tête. Elle appréhendait l'accueil que lui réservait Dame Hurano car c'était une gentille personne mais qu'il valait mieux éviter de contrarier … |
Dernière édition par Yamiko le Ven 15 Mai 2015 - 12:30, édité 2 fois