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Sixième chapitre ; Règlement de comptes.


- « Étant donné que le projet du Léviathan est entre d’autres mains maintenant, vous pourrez vous-même former votre propre flotte, blablabla... »

Enfin ! J’avais réintégré l’amirauté en bonne et due forme. Contre-amiral. Ça sonnait pas mal ! A croire que le GM m’avait blanchi de tout soupçon lors de leur enquête sur ma désertion. Un bon point. De toute façon, ce n’était pas comme si j’avais été au contact de forbans. Et ma toute dernière mission effectuée avait apporté entière satisfaction à mes supérieurs. Intérieurement, j’étais plutôt satisfait de moi. Ma retraite sur cette île m’avait fait le plus grand bien et je me sentais fin prêt à reprendre les armes, la mer. Ma motivation principale était cependant toute autre : User de ma position et de mes privilèges pour retrouver mon gosse. L’une de mes raisons de vivre. L’une des raisons qui me poussait toujours à aller de l’avant. Il me fallait aussi retrouver l’autre chipie du Cipher Pol pour lui demander sa main. Depuis la mort de ma première épouse, aucune autre femme ne m’avait fait autant d’effets qu’elle. Et puis, à l’orée de la quarantaine, il était plus qu’important que je fonde un foyer, une famille. Baiser les femmes à tout va et un peu n’importe comment, c’était pas une vie. Pas pour un vioque comme moi en tout cas…

- « Contre-amiral ? »

- « Hmm ? Ah oui ! Désolé ! Je vous rappellerais plus tard pour vous informer de mon départ d’Alabasta. Bonne soirée à vous. »


Sans laisser le temps à mon interlocuteur de placer un mot, je raccrochai le den den mushi. Ma vie prenait un nouveau tournant. Un énième. Mais un tournant qui promettait avec tous les nombreux projets que j’avais en tête. Toutefois, malgré mon optimisme et ma détermination à avancer, je ressentis une pointe de mélancolie compte tenu du fait que j’allais devoir quitter les terres d’origines de ma mère. C’est ici que j’avais échoué, c’est ici que je m’étais relevé, c’est ici que j’étais devenu le moi actuel, le tout nouveau Salem. Cette situation me rendit un peu nostalgie, car j’avais à peu près ressenti la même chose lorsque je quittais les jupes de ma mère. Souvenir qui m’arracha d’ailleurs un sourire avant que je ne me lève. Moins de cinq secondes plus tard, le den den mushi sonna. Encore le gouvernemental qui voulait me parler boulot. Mais n’ayant pas d’ordres à recevoir de lui, je préférai ne pas décrocher. Il était quand même plus de vingt-trois heures et nous aurons tout le temps de parler une prochaine fois. Fort de cette pensée, je m’emparai alors de mon sabre -Pur réflexe-, avant de sortir de ma chambre d’hôtel.

Dehors, il faisait très frais. La brise maritime de Nanohana y était pour quelque chose. Tout de même, les rues étaient plus ou moins animées par endroit. Pas de quoi décourager les noceurs de la région, d’autant plus qu’on était en plein week-end. J’eus un sourire en voyant ces gens heureux. Alabasta était définitivement un royaume formidable. Je me voyais dans une trentaine d’années m’installer ici lors de ma retraite, pépère. De quoi me faire marrer, encore, avant que je ne me décide de me balader tranquillement, clope au bec. Deux ou trois putes -Bien foutues d’ailleurs- m’interpellèrent, mais niet. J’avais poliment refusé. Plus que le respect des résolutions que j’avais prises, c’est surtout que je n’avais pas la tête à m’enjailler dans un pieu. Pas ce soir en tout cas. Je marchai alors longuement. Très longuement. Pendant une heure. Ou peut-être deux. Jusqu’à ce que je débouche sur un ghetto abandonné, au nord de la ville. Un coin malfamé abandonné par des bandits du désert qui venaient rarement s’y installer provisoirement. L’endroit était parsemé de bâtisses inachevées ou détruites. L’endroit était sombre. L’endroit était désert…

Parfait pour un règlement de comptes.

- « Montrez-vous au lieu de jouer à cache-cache ! »

Déboucher sur un tel lieu n’était pas du tout un hasard. Puisque depuis plus d’une heure, j’avais senti que quelqu’un me suivait lors de ma promenade. Mantra oblige. Sous cette pleine lune, un gros combat se profilait. Et je le sentais au plus profond de mon cœur.
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Il y a deux espèces de douleurs. Celle qui rend plus fort, et celle qui est inutile... La douleur qui n'apporte que souffrance.

"Non, je n’ai pas besoin d’amour..."

La figure bariolée et masquée était derrière le Contre-Amiral Fenyang, à 50 mètres de lui.

"J’ai quelqu’un à tous les jours..."

Elle marcha doucement, à un tempo régulier. Une lame sortit de sa manche. Une lame ensanglantée, rendue écarlate par son propre sang, une nuit de scarifications, de pleurs et de deuils. Une nuit pour Karnak, l'homme que Fenyang avait injustement tué.

Une lame sortit de sa manche. Comment une épée d'1 mètre 50 est sortie de là, mystère, mais plus grand était le mystère du "si" parfait que fit l'épée en sortant. Il la brandit, l'éclat de la lune se réverbérant sur l'arme.

"Dans mes bras..."

Il fit tombit sa main. Et avec elle, une lame d'air fonçait à toute vitesse sur l'amiral, une lame au bruit sifflant, fissurant le peu de vitres dont les baraques étaient dotées. Mais la lame d'air n'était pas seule. Quelques fractions de secondes plus tard, une dizaine de lames d'air, jaillissant de tout les côtés. Et le poing gauche de Peyn Aucho qui se retrouve avec une rapidité déstabilisante à quelques centimètres de l'amiral.

"...Un petit, petit bonheur immense..."

    - « Fu… J’ai encore hérité d’un taré… »

    J’avais fini par me retourner sous la voix grinçante qui s’amusait à fredonner je ne sais quoi. Et c’est là que je vis un gars masqué à quelques mètres de moi. Je haussai un sourcil en l’observant pendant quelques secondes. C’est qu’il me disait quelque chose le mec. Mais même pas le temps de réagir qu’il fit sortir ses lames de ses manches comme un magicien. Pas de quoi me faire grincer les dents puisque je m’attendais à un truc du genre depuis le moment où il avait commencé à me suivre. La suite fut par contre plus surprenante. Des dizaines de lames de vents qui fusaient vers moi façon missile. Plutôt déstabilisant. Les lames d’air n’étaient pas mon monopole, mais j’avais l’impression de combattre mon clone. Impression assez particulière.

    N’ayant pas le temps de toutes les éviter, j’avais opté pour une simple solution. Les balayer. Du coup, c’est d’un simple mouvement de coupe dans le vide que j’avais déclenché tout juste devant moi, un gigantesque souffle qui neutralisa les projectiles de mon adversaire en les envoyant bien haut dans le ciel. Ce contre avait été facile compte-tenu de l’instabilité de ses attaques pas vraiment consistantes non plus. En fait, plus une lame d’air est gigantesque, mieux elle fait des dégâts. Parole d’expert. On peut donc dire qu’il faisait diversion pour me flanquer son poing rageur qui volait vers moi. Poing que j’aurai pu éviter. Que j’aurai pu. Je l’avais vu de loin, grâce au mantra. Mais je n’avais pas bougé le petit doigt. Même pas la peine.

    - « C’est bon, tu es content ? Tu es fier de toi ? »

    Malgré ses phalanges écrasées sur ma pommette gauche, je n’avais pas bougé d’un pouce. Mieux même, je le regardais de haut avant de me saisir de son bras pour le retenir. Maintenant que la pleine lune éclairait mieux l’endroit où nous étions arrêtés l’un face à l’autre, je pus enfin le reconnaitre. Peyn Aucho. Atout bien en vue de la révolution. Et là, mon sang ne fit qu’un tour ! Brusquement, ma main de libre tripla de volume avant que je n’écrase à mon tour mon poing sur le visage masqué de mon ennemi. Sous l’impact de mon direct du droit, le corps du revo’ décolla du sol avant de filer façon missile contre un mur à proximité, qui fut le premier d’une longue liste qu’il percuta et traversa violemment. Un point pour moi.

    - « Tsssss ! Manquait plus que ça ! Un emmerdeur ! »

    Je pestai avant de cracher du sang à plusieurs reprises. Il m’avait quand même fait mal le bâtard. Pas de quoi atténuer ma rage croissante. Plus que les pirates, je haïssais franchement les révolutionnaires. Et mes pensées, en l’espace d’une seconde seulement, dérivèrent vers un certain Gabriel. Mon visage se froissa encore un peu plus et je m’élançai rapidement jusqu’à la zone poussiéreuse où mon adversaire sans doute était étalé. L’idée était de le buter, mais bien avant, je voulais connaitre la raison de cette soudaine agression. S’il s’agissait bien de ce à quoi je pensais, je n’aurai aucune pitié, mais s’il s’agissait d’un autre motif, il y avait des chances pour qu’il finisse menotté. Dans le meilleur des cas, comme on dit.

    - « C’est Rafaelo qui t’envoie me tuer, maintenant qu’il sait que je suis en vie, c’est ça ?! T’as intérêt à l’ouvrir si tu veux pas m’énerver ! »
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    Mais l'homme n'écoutait pas, se relevant doucement, terminant de fredonner sa chanson, reprenant son épée, les bras le long du corps mais la pointe de l'épée dirigée vers Fenyang. Le frapper fut satisfaisant; mais ne pas le voir réagir l'était un peu moins.

    "Rafaelo? La seule raison qui fait que je l'apprécie, c'est que son nom rime avec le mien."


    Il leva son épée, et posa la poignée au niveau du nombril, toujours pointée vers le contre-amiral. Il posa sa deuxième main dessus...

    "Et encore, je l'aime pas trop; ce n'est qu'une rime pauvre... Rafaelo, Peyn Aucho..."

    Soudain, il repoussa l'arme brusquement, avant de la remettre en position, comme s'il plantait quelque chose d'invisible devant lui. Une lame d'air d'un autre type fonça vers Fenyang; plus pointue que tranchante, un estoc aérien. Mais cette fois, ce n'était pas un bruit métallique qui se fit entendre, mais un silence; puis le bruit des gouttes de sang qui tachèrent le corps transpercé de l'amiral. Seulement alors, il s'élança vers sa direction droit devant, prêt à en découdre avec l'amiral.

    "Je ne réponds pas de lui. Mais pour avoir tué un de mes frères, par mon âme et celle des opprimées, tu répondras de la mienne ! Fenyang, Fenyang, tu vas mourir ! Fenyang, Fenyang, fini de rire !"

    Il lança une série d'estocs et de tailles diaboliques, bien décidé à le découper en rondelles.

      - « Putain… »

      Je ne m’y étais pas attendu. Mais alors là, pas du tout. Pourtant Aucho m’avait bien eu sur le coup. Comme un vrai salopard. J’avais beau avoir le mantra, mais je savais pertinemment que ce pouvoir n’était pas du tout absolu. De quoi expliquer mon impuissance sur cette action. J’eus tout de même le réflexe de me décaler à temps, sur ma gauche de sorte à ce que son attaque, à l’origine destinée à mon cœur, n’atteigne pas sa cible. La blessure n’était pas aussi profonde que je le craignais, heureusement, mais elle était assez lancinante pour m’handicaper un peu durant le combat. Cependant j’avais vécu pire…

      Et puis, comme avec Makaan, le temps se mit à ralentir. C’est comme si quelqu’un avait réactivé mon haki. Je vis alors la trajectoire de ses nombreux coups d’estocs avant de m’amuser à les parer, voire même les contrer, comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfant. S’il était un atout réputé, j’étais un contre-amiral qui avait trimé pour avoir son grade. Pas le premier con venu qu’il pourrait buter facilement. Cependant, je n’avais pas relevé mon niveau pour l’affronter comme il se doit. Pas encore. Même si je haïssais les révolutionnaires et pas qu’un peu, j’étais un poil hésitant. Pourquoi il m’attaquait en fait ?

      - « On va d’abord se calmer mon pote ! »

      Je profitai alors du fait qu’il soit assez occupé à me porter ses frappes vaines que j’évitais ou contrais aisément, pour faire pousser rapidement mes cheveux qui glissèrent rapidement au sol, avant d’aller nouer ses pieds. Le pauvre ne s’y était sans doute pas attendu. Cette technique était toujours utile pour surprendre l’adversaire, peu importe le niveau. Je le déséquilibrai rapidement, le fit tomber carrément, avant de le soulever par les pattes bien haut dans le ciel. Puis je le fracassai sur le sol, lourdement, avant de recommencer une deuxième fois l’action et ce, très rapidement.

      - « Pour avoir tué l'un de tes frères ? S’il s’agit seulement de ce qui s’est passé à Drum, alors, tu serais venu te venger depuis bien longtemps non ? Me raconte pas ta vie et accouche la véritable raison ! »

      J’avais l’impression de m’amuser avec une poupée. Et dans ce petit manège, j’avais dû lui fracturer deux ou trois os quand même. Mais cernant le loustic, je me doutais qu’il pouvait trouver une parade. Cette intuition me força à faire revenir mes cheveux à leur état d’origine, avant de faire deux bonds en arrière, tout en me mettant en garde. Il ne m’aurait pas deux fois, oh que non. Sa précédente technique qui me faisait saigner ne m’était pas inconnue. Il s’agissait d’une variante de l’aubade coup droit ; Une attaque que je maitrisais moi-même, mais en une version bien plus grande. Mais pas le temps d’y penser…

      - « C’est aussi la dernière fois que je te le demande… »

      Inutile de dire que j’allais m’y mettre à fond. Je les détestais certes, mais je n’étais pas une bête. Durant mon séjour à Alabasta, j’avais appris à me maitriser. La colère était un vice qui desservait bien souvent lors d’une bataille. Rager dans un combat, c’était donner un certain avantage à l’adversaire. Un avantage psychologique non négligeable. Après, il y avait des exceptions comme les berserkers, mais je n’en étais pas un, ce qui réglait l’affaire. Mais si jusque-là, je n’ai encore rien montré d'extraordinaire, la donne allait changer dans les secondes qui suivraient… Je n’avais pas tellement le luxe de m’éterniser ici…
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      Mais Peyn ne parlait pas. Pour la première fois depuis le début du combat, entre deux écrasements, Peyn réfléchissait. Il réfléchissait, car il était au bord du précipice entre conscience et une rage primale de survivre. Peut-être n'aurait-il pas du affronter Feynang seul à seul, mais l'occasion était trop belle. Tout avait laissé pensé que la carrière de cet homme était du à un népotisme obscène. Que son dernier coup avec Makaan n'était qu'un coup de pub pour lui permettre de remonter les derniers échelons. Peyn Aucho, quant à lui, était prêt à réellement lutter contre l'attaque massive de Makaan. Il lui avait fallu quelques jours de plus...

      "Tu n'aurais jamais du venir à Ain Jalout."
      Maugréa-t-il dans son masque. tentant tant bien que mal de se relevé. Il tenta de se propulser encore, mais une douleur foudroyante au talon l'empêcha de le faire. Alheïri lui avait broyé les jambes. Il se contenta d'avancer doucement, s'arrêtant à un mètre de Fenyang. Levant un doigt accusateur.

      "Nous avions de quoi démanteler toute l'opération. Des agents de la liberté. Dont un de MON unité. Tous des frères... Mais pour moi, plus qu'un frère. Et tu l'as tué. Tu n'as jamais voulu aider ces gens, je le sais. Le grand-père avait préparé un coup monté, et tu t'es engagé jusq'au coup.C'est dommage, je t'estimais, Fenyang. Mais ça, je ne le pardonnerai pas. Et maintenant que j'ai une preuve que ce n'est même plus la Justice que tu suis mais une carrière de corrompu, que je sois damné si je te laisse sortir vivant de ce quartier."


      Il ne chantait plus. Amusant, comment l'homme changeait lorsqu'il faisait face à la mort. On pouvait voir dans ses yeux que son regain de sanité ne s'est fait qu'au prix d'un regard encore plus hagard. Le silence avant la tempête.

      La tempête arriva sous la forme des yeux de Peyn Aucho qui s'ouvrirent grand, de la main pointée vers Fenyang qui se contracta, et de la deuxième lame qui en sortit à toute vitesse.


      "Tu sais le problème avec l'Empathie ? C'est quand tu vois la chose arriver, et qu'elle arrive quand même. Tout pour l'éviter... La femme que j'ai regardé..."

        - « Alors, c’est donc ça, hein… Kof kof… »

        Je l’avais écouté sans esquisser le moindre petit geste. Je l’avais compris. Et j’avais aussi encaissé son coup de poignard, presque fatalement. De toute façon, comment aurais-je pu éviter une telle attaque à bout portant ? Néanmoins, j’eus le réflexe de bloquer son poignet avant qu’il ne me transperce le cœur. Toujours est-il qu’il venait de me faire un beau trou dans la poitrine, une deuxième fois. Une attaque qui aurait pu être fatale. Je ne savais pas trop pourquoi, mais la raison de ce type, malgré qu’il soit un révolutionnaire, me touchait. C’était contradictoire, compte-tenu des ressentiments que j’avais pour cette faction chaotique ; mais cette histoire, je l’avais également vécu six ans plus tôt, lorsque l’un des leurs avait tué ma femme. De tous temps, la vengeance demeurait un moteur assez malsain…

        - « C’est sacrément chiant… Finalement, je n’aurai pas du te demander la raison de ton acharnement… Nfufufu… Et quelle ironie… Perdre l’estime qu’un révolutionnaire avait pour moi… BLEUUUURP !!! »


        J’avais fini par vomir une quantité impressionnante de sang. Décidément, mon retour « fracassant » me coutait la peau des fesses. D’abord des pirates et ensuite des révolutionnaires. Trois mecs tous aussi balèzes les uns que les autres. A ce rythme, j’allais véritablement clamser sur ces terres, ce qui serait d’ailleurs bien risible. Ceci dit, maintenant que j’avais des raisons de vivre, de continuer à aller de l’avant, il n’y avait aucun moyen que j’y passe. Pas maintenant. Pas avant d’avoir pu rencontrer mon p’tit gosse. Et rien que pour cette raison, l’éclat de la combativité reprit le dessus sur la soudaine mélancolie qui m’affligeait. J’étais passé d’une colère froide à un moment de doute, mais maintenant, l’hésitation n’avait pas de raison d’être. Peu importe la faction du gars qui se tenait devant moi. Un ennemi reste un ennemi…

        - « Le vieux Nelson n’est pas aussi pervers que tu le penses. Et je n’ai rien à te prouver quant à mon parcours… D'ailleurs, les discussions sont terminées ! »

        Sur ces mots, je dégageai sa main de ma poitrine, avant de lui flanquer un coup de pied bien senti qui l’envoya valser à plusieurs mètres. Et sans attendre, j’accompagnai son vol plané d’une gigantesque lame d’air qui, en quelques secondes seulement, dévasta tout sur son passage dans un grondement sourd. Un voile de poussière envahit automatiquement les lieux. Ne sachant pas s’il était vivant ou mort suite à cette réplique de ma part, je m’évertuai à retirer doucement le poignard qui m’avait transpercé, puis le jetai par terre. Manquerait plus qu’il soit empoisonné. Ce serait bien ma veine. Mais soudain, j’eus un violent vertige. Je m’étalai au sol, sans trop comprendre, avant de me relever difficilement en prenant appui sur mon épée. Je frôlais une putain d’anémie avant tout ce sang que j’avais perdu…

        C’était bien ma veine, j’vous jure…
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        Grinçant des dents de douleur, Peyn réussit à arrêter son vol plané par le peu de force qui lui restait dans les jambes, il ne put éviter la lame d'air qui lui arriva droit dessus, l'écorchant vif et l'envoyant par terre. Le peu de gens qui n'avaient pas quitté leurs cases tout à l'heure l'ont fait immédiatement. Le silence regagna alors dans le quartier, les deux protagonistes allongés par terre.

        Mais ce n'était pas fini. Sa main bougea brusquement. puis ses pieds. Puis ses yeux s'ouvrirent. Et c'était bientôt un Peyn Aucho titubant, mais bien décidé à en découdre, et à en juger par la lame encore dans sa main, pour de bon.

        Par-dessous son masque sérieusement éraflé, il parvint à maugréer une phrase.

        "Tu vois ta mort inévitable arriver, Fenyang? L'Empathie chanter les dernières notes de ta sonate?"


        Et il marchait, boitait, inexorablement vers le Destin de Fenyang.


        "C'est le destin de Fenyaaaaaaang !"(Note de l'acteur qui joue Peyn Aucho : Non les gars, vous me ferez pas dire cette ligne, pas même pour un milliard de dollars)


        Mais brusquement, aux trois quart de la distance qui les séparait, il dut s'arrêter, son estomac se contractant de manière extrêmement violente, et tandis qu'il vomissait son sang, il comprit qu'il n'arriverait pas à couvrir la distance. Que s'il marchait jusqu'à l'amiral, il arriverait à le tuer, mais lui aussi...


        Il mourrait? Peyn Aucho avait toujours entretenu un rapport singulier avec la mort. Mais en être si proche...? Signer son arrêt de mort tout seul? Doucement,il s'assit sur son propre sang... Et se mit en position foetale, réfléchissant, pesant le pour et le contre. Et il pesa longtemps.


        "Je ne veux pas mourir d'amour, non je veux vivre
        Dans un pays où les beaux rêves resteraient quand le jour se lève..."

          - « Ferme ta gueule, c’est bon… »

          Sérieux… Quelle idée de fredonner des airs funèbres au seuil de la mort ? Il faisait flipper ce gars, vraiment. Le combat fut court, mais très intense. Jamais je n’avais eu autant d’hésitations face à un adversaire. Un mec aussi flippant que chiant, je vous jure. D’ailleurs, en réussissant enfin à me redresser de tout mon long, appuyé sur mon sabre comme un vieillard sur sa grosse canne, je pestai. Je m’approchai de lui en claudiquant, avant de l’observer avec un air dégouté. Cette victoire-là avait un goût amer. Très amer. Maintenant qu’il était à ma merci, je pouvais tranquillement le buter. Mais je n’en avais pas la force. Mentalement parlant en tout cas. Je pouvais également le laisser se vider de son sang, mais je n’avais pas non plus cette force. Cependant, comment le transporter dans mon état ?

          - « Ah, et pour te dire la vérité, je ne suis pas la personne qui a tué ton homme... »


          Si son homme faisait effectivement partie de la bande de Makaan lui-même, alors, je ne l’avais effectivement pas tué. Les vrais coupables devraient être Shalyne et ses hommes… Ou bien Thomas. Mais peu importe. Je n’allais pas les vendre à un mourant qui se vidait de son sang. ‘Fin, je pouvais pas non plus trop la ramener, vu comment il m’avait troué comme un gruyère. Mais alors que je pensais à comment quitter cet endroit, je sentis une présence. Plutôt plusieurs. Je puisai alors dans mes dernières réserves pour me mettre en garde. Sauf que contre toute attente, ce sont des gouvernementaux qui s’approchèrent doucement de notre position. Après tout le boucan qu’on avait fait, c’était normal. Surtout moi, avec ma dernière attaque. J’étais d’ailleurs sur le point de tomber lorsque l’un d’eux me rattrapa de justesse.

          - « VENEZ M’AIDER ! IL PERD DU S… »


          La phrase de l’agent du gouvernement qui me tenait se perdit dans le lointain. Ma vue se brouilla tout d’un coup, puis ce fut le néant total.


          Quelques jours plus tard, à l’hôpital général de Nanohana…


          - « Bien dormi, Fenyang ? »

          - « Tssss… »


          C’était la troisième visite du gouvernemental qui avait passé son temps à me filer ces derniers jours. Encore lui. Toujours lui. Faut croire que le GM n’était pas disposé à me lâcher tant que je ne me décidais pas à reprendre mes fonctions. Une forme de pression pour que je quitte l’île histoire de me consacrer à mon boulot. Je l’avais bien compris. Et je trouvais ça casse-couilles. Mais d’un autre côté, il fallait bien que je bouge. Et que je songe sérieusement à former cette flotte, possibilité que m’offraient mes supérieurs. Je repensai au Léviathan, à ses hommes qui devaient pleurer de me savoir toujours en vie et surtout à mes hommes de confiance… Mais comme on me l’avait déjà bien signifié, reprendre les commandes du projet relèverait d’un miracle, carrément. Autant dire que l’idée était morte.

          - « Le Gouvernement tient encore à vous féliciter. Un autre exploit en si peu de temps ! »

          - « Comme je vous l’ai déjà dit, c’était juste de la légitime dé… »

          - « Vous êtes un héros, Fenyang ! Le digne fils de votre père ! »
          M'interrompit-il.

          A quoi bon continuer de parler à ce plouc qui m’encensait pour quedal ? Il allait continuer de m’interrompre comme ça à longueur de journée. J’eus un soupir avant de recommencer à manger comme si de rien était. Je reprenais doucement des forces. Dès les premiers jours de mon hospitalisation, l’homme m’avait expliqué qu’ils avaient réussi, lui et ses éléments, à nous évacuer avant l’arrivée tardive de la police locale sur les lieux du combat. Selon ses dires, ils auraient également réussi à maintenir Peyn en vie, actuellement acheminé vers une prison. Il était bien plus utile vivant que mort, et allait très certainement subir des tortures. Des infos sur la révolution, c’est toujours ça de pris. J’eus un pincement au cœur, mais je préférai ne plus y penser. Il y avait plus important dorénavant :

          Recouvrer la santé et penser à mon départ.
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