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Catwalk Collection


1623 – Grand Amphithéâtre de Marie-Joie, Base Marine

Ça y était. Ce qui avait commencé pour moi comme une bonne blague, avait muté en une corvée et était devenu désormais un défi en était arrivé à ses phases finales. L'élection de Miss Gouvernement n'était pas du tout une ligne que j'avais envisagé d'ajouter à mon CV ; en fait, je n'en voulais pas. Mais puisque j'y étais, autant faire contre mauvaise fortune, bon cœur.
Toutes les jeunes femmes de 18 à 25 ans étaient obligées de participer aux épreuves éliminatoires de ce concours de beauté. Oh, il avait un autre nom, très officiel, très ampoulé, de façon à donner l'illusion que ce n'était pas qu'un concours de beauté. Comme si nos capacités physiques et mentales étaient importantes, hormis celles de savoir marcher en talons haut. Une compétence que je maîtrisais parfaitement et qui m'avait peut-être valu d'être sélectionnée.
Miss Gouvernement connaissait cinq concours locaux, déclinés chacun en son sous-avatar de Miss Marine et Miss CP : un concours pour chacune des Blues et un pour Grand Line. Moi, Shaïness Raven-Cooper, était donc devenue Miss CP Grand Line au terme d'une longue compétition, qui allait se terminer ce soir par la finale. Avec Miss Justice, nous étions donc onze à prétendre à ce titre totalement creux, mais pour lequel nous étions toutes prêtes à tuer. Au bout d'un moment, on ne peut pas lutter contre le système indéfiniment. C'était sexiste, c'était réducteur, mais quelque part, c'était bon de savoir que nous avions été jugées « la meilleure ». On a l'égo qu'on peut.

Le Grand Amphithéâtre de la Base Marine de Marie-Joie n'avait jamais été aussi bondé. Des milliers de Marines et d'Agents, de Membres de la Pénitencière et de la Justice se trouvaient assis dans les gradins. A travers la fente du rideau par laquelle j'espionnais la salle, je repérai de nombreuses femmes. Étrange... mais pas tant que ça, si on prenait en compte l'identité du président du jury. Nul autre que le Vice-Amiral John Scar. Quel pari idiot avait-il perdu pour avoir écopé de cette corvée ? A moins que son nom avait été tiré au hasard ? Ah, j'imaginais bien l’État-major réunit dans le cadre d'une réunion de travail, en train de jouer au loto pour gagner le droit d'emmerder un subalterne. Bref, le président, avec sa gueule d'ange, avait ameuté de la poulette dans ce qui avait été jusqu'à présent une enceinte empreinte de masculinité.

- « En place, mesdemoiselles ! » appela Virgil Bucchanan, le coordinateur de la soirée. Avec son petit foulard au cou, il était choupi. « Lever de rideau dans trois minutes. On fait la choréographie « on the sea » en opening. Et n'oubliez pas... 'on sourit' !! »
Nous avions toutes fini la phrase en cœur. Le fameux « n'oubliez pas, on sourit » avait été une scie depuis le premier jour des répétitions.

Avec un soupir à fendre l'âme, je tirai un peu sur ma robe en laminé pour la remettre en place. Nous avions toutes la même, aux couleurs près. J'avais hérité de l'argenté, ce qui n'était pas trop mal. En tous les cas, je n'étais pas trop moche dedans. On ne pouvait pas en dire autant de Miss Marine East Blue, Sandy Sanhonze, que le jaune poussin ne mettait absolument pas en valeur. D'ailleurs, en passant devant elle, j'eus un sourire angélique, mais un coup d’œil dédaigneux. Elle fit rouge, ce qui clashait avec son maquillage, en plus de la faire briller. Pff, amatrice.

** « Allez, que la fête commence. Et qu'on en finisse.. »** Avec un geste nonchalant, je rejetai en arrière mes cheveux, sans m'apercevoir, vraiment, qu'ainsi, j'allais comme donner une claque à la fille derrière moi. Miss Marine North Blue.

- « Oups. Il faut faire attention aux distances, hein, sinon, la choré' va être ratée. »
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Je me demande encore comment un malheureux concours de circonstances avait bien pu me mener ici. Mon supérieur me trouvait charmante - c'était un fait - mais de là à m'inscrire à l'élection de Miss Marine ? Certes, je n'étais pas la plus désagréable des femmes à regarder et j'aimais bien qu'on prenne soin de moi, mais je ne pouvais accepter d'être jugé pour mon physique plutôt que pour ma capacité à arrêter des pirates. Que devaient penser de moi mes ancêtres, du fond de leurs sarcophages divins ? «Vois te la moi celle-là, à pavaner plutôt que de montrer sa détermination envers les traditions.». Oui, mon grand-père aurai très certainement réagit comme ça. Et pourtant, je fus bien forcée de reconnaître que le fait qu'on me fasse des compliments sur mon physique ne me laissait pas de marbre. Au début, je passais les qualifications au niveau local, puis régional, puis national et tout cela m'emmenait ici, à Mariejoie, pour le niveau mondial. Qui aurait bien pu croire que j'en arriverai là ?
Mon supérieur n'avait de cesse que de m'encourager à continuer, comme si le fait d'avoir dans ses rangs la plus belle femme de la Marine ferait de lui un meilleur commandant. « Vas-y, fonce Cléopâtre ! Tu sais c'que ça fait d'être la plus belle femme du monde ? Ça attire les mecs. Et si y a plein d'mec qui viennent dans notre caserne, ben on aura plus d'hommes.». Criant de simplicité et d'idiotie, mais je n'avais pas su le faire changer d'avis. Les hommes, j'vous jure. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais maintenant plus reculer puisque je me trouvais dans les coulisses du même concours, derrière un rideau de soie qui nous masquait de la foule. J'entendais les cris impatients d'un grand nombre de marins à travers l'étoffe et le stress commençait à monter dans mon ventre. Je n'avais jamais aimé me donner en spectacle ainsi. Virgil Bucchanan, l'animateur de la soirée mais également notre chorégraphe depuis le commencement des répétitions, nous donnait les dernières instructions avant de monter sur scène.

«...On sourit», dis-je d'une voix basse, suivant ainsi la norme qu'il se forçait de nous imposer depuis déjà une semaine.

On m'avait vêtue pour l'occasion d'une robe blanche nacrée de quelques strass qui, je devais m'en douter, brillerait certainement sous les projecteurs lors de ma montée sur scène. Nous étions toutes vêtues ainsi et seule la couleur de nos vêtements pouvaient nous différencier. Je me mis dans les rangs en suivant mes camarades. A nous toutes, nous formions alors un magnifique arc-en-ciel qui allait très certainement faire défaillir les cœurs les plus insatisfaits de l'assemblée. Et pourtant, s'il savait ce que j'avais dû faire pour en arriver jusque là... Traitrise et fourberie avaient été les maîtres mots de tous les concours jusqu'à aujourd'hui. Pour le niveau régional, j'avais dit à une de mes concurrentes que l'on porterait toutes une couronne lors de notre parade. Bien évidemment, c'était un mensonge et le jury l'avait disqualifié dès son entrée sur scène pour se prendre déjà pour la grande gagnante. J'avais fait trébucher une autre de mes rivales en marchant «malencontreusement» sur sa robe. Nous nous toisions toutes simplement parce qu'aucune de nous ignorait la réalité : si on était là, nous onze, c'était tout simplement car nous étions les plus belles femmes du Gouvernement mais également les reines des coups bas.
Derrière moi, une jeune femme blonde, du nom de Clara Mhel (Miss Cp de North Blue si je me souviens bien) était déjà en train de draguer Virgil. Soit elle était totalement débile et ne voyait pas qu'il semblait plus intéressait par l'ingénieur du son que par elle, soit elle avait une idée derrière la tête.
Je me tournais vers elle et sa robe bleue tout en lui adressant un sourire qui se voulait amical, mais dont mon regard trahissait les intentions.


«Fais attention chérie, y a ton mascara qui commence à couler. Sûrement à cause de ton grand front. Y a la place pour faire couler une rivière de sueur très facilement là-dessus.»

Ma pique lancée et certaine de l'avoir un minimum déstabilisée, je me retournais pour prendre place derrière une jeune femme à la robe argentée, tout aussi semblable à la mienne. Elle possédait une magnifique chevelure rousse qui retombait en cascade sur ses épaules mais avant que je ne puisse l'admirer un peu mieux, elle rabattait ses cheveux en arrière, me donnant par la même occasion une petite gifle sur le nez.

«Oups. Il faut faire attention aux distances, hein, sinon, la choré' va être ratée.»

Non mais pour qui se prenait-elle celle-là ? Non non non, je me devais de garder mon sang-froid. Elle jouait tout simplement le même jeu que moi et tricher était notre maître-mot. N'en démordant pas, je m'avançais vers son oreille par l'arrière tandis que le rideau commençait à s'agiter.

«Fais attention ma belle, une robe ça se déchire vite...», lui murmurais-je.

Le rideau s'ouvrit devant nous. Que le spectacle commence.
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Oui, une robe, ça se déchirait. La mienne, la sienne. C'était un jeu qu'on pouvait jouer à deux. Ou à trois. Ou à onze. Une équipe de football, sauf qu'on avait pas d'adversaire. Nous étions là jusqu'à ce qu'il n'en restât qu'une. Et puisse le sort soit toujours en ma faveur.

La musique commença et comme mues par un ressort – ou une semaine de répétitions intensives – nous ondulâmes dans le rythme. Les pas étaient assez simples, mais le 'hic' venait que nous dépendions toutes les unes des autres, puisque nous prenions place chacune à notre tour sur le devant de la scène. Cela nous amenait à nous croiser et recroiser et si l'une de nous devait se planter. Je vous laissais imaginer la scène. En fait, pas besoin de le faire : ouvrez vos mirettes. Miss CP West Blue venait de chuchoter à Miss Marine West Blue un  très peu discret – pour moi, en tous les cas -  « à gauche, à gauche ! » alors qu'elle devait aller à droite. Un moment d'hésitation, et avec le stress du concours, Nath Urelle, prit la mauvaise décision. Et PAM ! Elle heurta de plein fouet Miss Justice, dont je n'avais pas retenu le nom, tellement elle m'indifférait.
Pour éviter les deux nunuches qui, en pleine panique, n'arrivaient même pas à redresser les guibolles, j'eus une petite virevolte, avec une belle envolée de cheveux, et je fis un clin d'oeil taquin à la foule. Quelque part dans les gradins, j'entendis en écho des hurlements quasi bestiaux. Ça c'était les CP de Marie-Joie qui « m'encourageaient ». Marrant, puisqu'en temps ordinaires, nous nous ignorions dans le meilleur des cas. Le pire ? Bah, c'était l'élection de Miss Gouvernement au quotidien. C'était peut-être pour ça que nous, les cinq CP, semblions plus à l'aise pour le moment. Par contre, il nous manquait cet esprit de corps : alors que les Miss Marines se serraient les coudes face à  nous – et cette pauvre Miss Justice – nous étions des individualistes au dernier degré.

Ce fut pour ça que je me penchai ver Miss Marine West Blue, lui offrant ma main pour l'aider à se relever. Ce geste de « camaraderie et de fair-play » fut salué par de nombreuses exclamations et  Laurie Kulère profita de l'occasion pour prendre la pose à mes côtés. Venant de toute autre, je me serais aussi méfiée qu'elle voulût me couper la bretelle ou autre, mais là ? Je venais de gagner une alliée, et peut-être venais-je de sonner le glas de l'union Marine.

Finalement, ce n'était qu'un jour comme les autres, comme au Bureau.
Et à ce petit jeu, j'étais très bonne...
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