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La Toile Maudite




1623

– Qu'est-ce que…
– Hmph.
– Qu'est-ce que c'est… censé… représenter, au juste ?
– J'en ai aucune idée.
– C'est…
– Grand ?
– Hum, oui, et…
– Détaillé ?
– Oui. Mais surtout…
– Oh ! « Bordélique ? »
– Exactement !

Ils se tenaient devant un grand tableau accroché sur un solide mur décoré par une tapisserie aux motifs simples mais élégants. Sur la peinture, on pouvait distinguer une forêt, une rivière, une ville, un château fort, un navire, une femme, un enfant, un soleil, et ce en même temps. En plus de tout un tas de formes indistinguable.

– Tu es sûr que ton patron va bien ? Enfin… Au niveau de la vision, je veux dire.
– Je crois, oui.
– Et il l'a acheté d'un coup, sur un coup de tête ?
– Il a dit qu'il était tombé amoureux. Ça lui arrive souvent.
– Et… Il en a eu pour combien, au juste ?
– Cher, très cher. Sûrement trop.

Les deux hommes restèrent debout ainsi pendant quelque temps.

– Il faut bien avouer que le niveau de détail est assez exceptionnel.
– Effectivement.
– Hinhin, regarde là dans le reflet de la vitre !
– Oui ?
– Une femme nue.
– Y'a un bon millier de détails et c'est celui-là que tu remarques en premier ?
– Hinhinhin. Bon. Passons aux choses sérieuse.
– Oh, oui.

Les deux hommes sortirent quelques piécettes de leurs poches.

– Je paris que dans… hum… Allez, dans deux jours, ton patron en aura marre de ce tableau.
– Tu sous-estimes son entêtement. Je pars pour une semaine.

Ils n'avaient pas prévu que le tableau serait volé le soir même.


* * * * *


1626

– Oh la vache !

Les yeux révulsés et un mince filet de sang coulant de sa bouche, l'attaquant s'écroula devant le marchand, inerte. Une petite flaque de sang se forma lentement. Le capitaine tenta de se reculer, mais il se trouvait déjà dos au mur. Une main se tendit vers lui pour l'aider à se relever.

– Oh la vache ! Répéta-t-il

Il tremblait mais réussi tout de même à reprendre ses esprits rapidement, lâchant la main de l'homme qui se tenait face à lui.

– Et beh. On dirait que j'ai bien fait de vous accepter à bord finalement, Matthew.
– On dirait, oui, répondit calmement le concerné.

Son pourpoint noir était salit par le sang, mais pas autant que son épée. D'un simple mouvement, elle se rétracta sur elle-même, avant de disparaître totalement pour laisser place qu'à un petit manche noir.

Il n'y avait pas qu'un seul cadavre sur le pont du navire. Déjà, les marins qui n'étaient pas trop blessé les traînaient jusqu'au navire pirate qui les avaient abordé quelques minutes plus tôt. Le combat avait fait rage, mais avait été rapide. Les assaillants avaient visiblement largement surestimés leur force, et en avaient payé le prix. Le peu de survivant étaient amené dans les cales, là ou des cages de fer les attendaient.

– Bien trop téméraires, ces maudits pirates. Pour qui ils me prennent ? Fit le capitaine, passablement énervé.
– De loin, vos hommes n'ont pas l'air très coriaces, fit Matthew avant de prendre appui sur la rambarde et d'observer le navire ennemi.
– De loin, oui. Mais sachez que je ne m'entoure que des meilleurs.
– J'ai vu ça, oui.
– Et…

Le capitaine, qui d'ailleurs se prénommait Bodrik, s'avança vers son interlocuteur et lui tendit sa main aux doigts boudinés.

– Vous en faites visiblement parti. Merci.
– Pas de quoi. Voyez ça comme une rétribution en échange de ma place à bord.
– Boah, c'est rien. Mais je vous revaudrai ça, Matthew. Pouvez être sûr que j'parlerai de vous à mon patron !

Il prit une lente inspiration, avant de reprendre.

– Vous n'avez toujours pas répondu clairement à la question que je vous pose depuis que nous sommes partis. Z'êtes qui au juste ? Enfin, z'êtes quoi ?
– Je vous l'ai dit, un simple voyageur.
– Meh, vous voulez vraiment pas me dire, hein ?
– C'est surtout que je n'en suis pas vraiment sûr moi même.
– Voyez-vous ça ? C'est pourtant pas compliqué. Vous vous baladez armé, et vous hésitez pas à frapper ( Il désigna le cadavre non loin ). Honnêtement, vous pouvez m'dire, vous versez dans quoi exactement ? Mercenariat ?
– Non.
– Hum. Vol ? Contre-bande ?
– Non.

Bodrik soupira.

– En tout cas, pas en ce moment même, reprit Matthew, en souriant légèrement.

Le marchand souffla du nez avant de repartir aider ses hommes à nettoyer le pont, d'entasser les cadavres des pirates sur leur navire et d'y mettre le feu, car il fallait, selon Bodrik, leur accorder au moins ça.

Il était maintenant temps de continuer le voyage vers Saint Urea, qui n'était plus très loin.


* * *



Felix Rigan était habitué à faire des boulots de bas étages mal payé. Il avait abandonné il y a bien longtemps l'idée de réaliser de grandes œuvres digne de ce nom. Il vivait comme il pouvait en offrant ses talents à qui le souhaitait. La vie n'avait pas été tendre mais il s'en était toujours sorti, et éprouvait une certaine fierté pour ça.

Il n'avait pas prévu l'offre que l'on lui avait faite. C'était impensable pour lui. Inespéré.

Enfin. Enfin un travail digne de mon talent !

Quand le riche homme âgé était venu le voir, il n'en avait pas cru ses yeux. Mais il savait rester professionnel, il n'avait pas le choix. Il avait accepté, après avoir habilement négocier le prix.

Avec ça, non seulement je pourrai augmenter d'un cran mon train de vie, mais en plus, ma réputation va grandir…

Felix n'avait pas vu venir la charge de travail. Le nombre de chose à reproduire. Mais ce nombre s'en était vu réduit par le client, qui avait pris soin de lui préciser certaines choses. Ce n'était pas qu'un simple travail de reproduction. C'en était même suspect, mais il n'avait pas posé de question. Il n'en avait pas envie et dans ce genre de métier, on évite d'en poser. Dans ce genre de métier, on fait attention. Très attention.

Malgré toutes ses précautions, Felix ne semblait pas avoir prévu que son paiement, bien qu'en or, ne se loge dans son crâne.


* * *



– Bienvenu à Saint Urea, messire Tennant, fit joyeusement Bodrik, après avoir posé le pied à terre.
– Évitez de m'appeler Messire, s'il-vous-plaît, fit Matthew en suivant le capitaine du navire. Ça me met mal à l'aise.
– Oh ! Désolé. Z'avez besoin de rien ? 'Comptez aller où ? Si c'est pas indiscret.
– Hm. Vous pouvez m'indiquer la direction du Chaudron Croustillant s'il-vous-plaît ? Enfin, si vous connaissez.
– Bien sûr que j'connais ! On y sert la meilleur gnôle !
– Vraiment ? Demanda tranquillement Matthew, qui ne semblait pas convaincu.
– Oh oui ! La patronne est un peu rustre mais bon…
– Oui, je la connais. Ça sera tout, merci Bodrik.
– Pas d'quoi. Oh, et repasser vers chez Julian & Co, c'est là où j'travaille. J'vais parler au patron je suis sûr qu'il vous filera un p'tit quelque chose.

Après avoir remercié d'un signe de tête le capitaine du navire qui l'avait conduit ici, Matthew suivit la direction indiqué. Il se trouvait sur un des plus petits ports de l'île d'Urea. Celle-ci était divisé en trois grande franges : l'extérieur, le quartier pauvre, le second, le quartier noble, et enfin le dernier quartier, au centre de l'île, là où les plus grands vivaient. Matthew se trouvait donc actuellement dans la première frange. Ses habitants, pour la plupart très pauvres, étaient tous en plein travail. Le pirate vit un boucher accompagné de sa femme qui s'affairait à déplumer un poulet. Il vit, juste à côté d'un mendiant, un artisan tentant de remettre en état une maison, ou plutôt une cabane de fortune. De l'autre côté, il vit une dame, qui n'était visiblement plus dans la fleur de l'âge, tenter de vendre ses charmes. Au loin, il pouvait entendre un plus grand brouhaha, provenant sans doute d'un marché quelconque. Une forte odeur de poisson lui parvint d'une ruelle proche, dans laquelle trois sans-abris tentaient de faire cuir leur prise. Il se dit qu'il n'aimerai pas du tout se retrouver à leur place, avant de se souvenir que comme eux, il était actuellement sans le sou.

Une bonne chose que ce Bodrik m'en doive une.

Il arriva finalement, après avoir marcher un bon quart d'heure en suivant le bord de l'île, à sa destination. Un petit établissement qui d’extérieur ne payait pas de mine, mais qu'il savait chaleureux. Il n'y était jamais entré, et il n'avait d'ailleurs jamais posé le pied sur cette île, mais il connaissait la propriétaire de la petite auberge nommé « Le Chaudron Croustillant ». Une dame âgé dont il avait fait la connaissance lorsqu'il travaillait alors pour un riche marchand nommé Solomon. Il espérait pouvoir y séjourner en s'acquittant de la somme habituelle. Il poussa la porte.

L'endroit était calme à cette heure, et seuls quelques clients silencieux s'y trouvaient. Ils buvaient et chuchotaient tranquillement dans leur coin. L'endroit n'était pas très grand, mais propre et il y régnait une agréable odeur de fruits.

Matthew s’avança d'un pas nonchalant vers le comptoir, derrière lequel se trouvait une femme âgé d'une cinquantaine d'année. Elle avait déjà le gris pour couleur de cheveux. La patronne, qui répondait au nom d’Hélène, s'arrêta de ranger l'étagère.

– Et bien, on ne t'attendait plus, fit-elle lentement.
– Salut, Hélène. Chouette auberge.
– Cette vieille bâtisse ? Bah. Je te sers quelque chose ?
– Non merci, je dois voir quelqu'un.
– Je sais.

Une des portes menant à une chambres s'ouvrit à la volée. Un léger sourire se dessina le visage fin de Matthew, contrairement à celui de la patronne, sur lequel on pouvait maintenant voir un petit rictus. L'homme qui passa la porte resserra la ceinture de son pantalon, réajusta son chapeau à plume puis renifla bruyamment. Une jeune femme au visage rougit sortit alors de derrière lui comme un courant d'air, avant de saluer timidement la patronne.

– Salut, Jaskier.

Matthew serra la main de son plus vieil ami.

– Salut, Matthew. T'en a mis du temps à venir.
– Désolé, je pouvais pas faire avancer le bateau plus vite.
– Je t'inviterai bien à venir discuter dans ma chambre mais…

Les deux regardèrent d'un même œil la jeune serveuse qui en était sorti un peu plus tôt.

– Mais non merci, conclu Matthew.

Ils passèrent la soirée à discuter du bon vieux temps autour d'une table.


* * *



– Regarde moi ça ! Fit Jaskier, avec entrain.

De l'endroit où ils se trouvaient, le toit d'une des nombreuses maisons de la frange extérieur, ils avaient une vue imprenable sur le reste de l'île. Une île urbanisée, délimitée et organisée. La différence entre les trois quartiers était clairement visible.

Jaskier reprit.

– Des pauvres, des marchands, des artisans, des nobles, des banques, des gens de passage, des escrocs, des révolutionnaires, et je pourrai continuer longtemps ! Ce n'est pas les opportunités qui manquent, on trouvera bien vite quoi faire.
– J'aimerai quand même éviter de me retrouver encore à travailler pour quelqu'un, tu sais, rétorqua Matthew.
– Il faut bien commencer quelque part.

Matthew leva la tête puis regarda sur le côté. Il ne voyait que des toits difformes et quelques ruelles en plus de la rue principale. Pourtant, au loin, un des toits accapara son attention.

– Je sais justement où commencer.


* * *


– Bienvenu chez Julian & Co ! Fit Bodrik, en souriant un peu trop aux deux hommes qui venaient d'arriver. Je savais que vous ne tarderiez pas à venir Messire Te- Matthew.
– Merci, Bodrik, répondit Matthew.

Jaskier salua nonchalamment le capitaine du navire qui avait amené son ami à bon port, tout en observant le bâtiment en face duquel ils se trouvaient. D'apparence, il ne payait pas de mine, contrastant ainsi avec le fait que beaucoup d'hommes et de femmes allaient et venaient et s’affairaient à leur travail. C'était visiblement une affaire qui marchait. Car la boutique n'était bien banal et modeste qu'en apparence. Une apparence que le patron, Julian, semblait vouloir conserver.

Bodrik les fit tout deux entrer, puis les invita à le suivre le long des petits couloirs, jusqu'à déboucher à un bureau bien plus cosy que le reste de l'endroit. Sur un grand siège en cuir était assis un homme enveloppé, qui avait le cheveu brun et une barbe drue.

– Voici l'homme dont je vous avais parlé plus tôt, monsieur.
– Ah, oh, je vois, fit Julian d'une voix grasse.

Il ne s'attendait visiblement pas à une telle visite.

– Hum. Je suppose que vous êtes venu chercher une… récompense.

Matthew lui adressa un faible sourire en guise de réponse. Il n'était pas friand du fait d'aller venir quémander une quelconque récompense, mais il ne pouvait pas vraiment se permettre de passer à côté. De son côté, Julian n'avait pas non plus l'air ravi. Il balaya rapidement le bureau du regard, indiquant ainsi qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait, ou plutôt voulait, accorder à deux jeunes inconnus. Finalement, il pris dans l'une de ses mains deux papiers d'un blanc éclatant, et les tendit devant lui.

– Hum. Voilà pour vous.

Matthew et Jaskier en prirent un chacun. Les deux papiers étaient deux invitations à une grande réception qui se déroulerait dans le quartier riche de l'île. Ils se regardèrent, étonnés mais surtout…

– Déçus. Je le vois bien et je m'en doutais. Bodrik vous a sûrement fait quelques éloges à mon sujet, du genre je récompense les services rendus, ou ce genre de chose. Et il a raison. Mais vu vos mines, ( il se pencha en avant sur son bureau pour se rapprocher des deux hommes ) il a sûrement oublié de préciser que je suis assez proche de mon argent.


Dernière édition par Matthew Tennant le Dim 21 Juin 2015 - 19:55, édité 1 fois
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